Gauche républicaine de Catalogne
La Gauche républicaine de Catalogne (en catalan : Esquerra Republicana de Catalunya, ou abrégé en ERC) est un parti politique indépendantiste catalan de gauche créé en 1931 pour défendre l’instauration d'une république indépendante en Catalogne et sur l'ensemble des Pays Catalans. Elle est membre de l’Alliance libre européenne.
Gauche républicaine de Catalogne (ca) Esquerra Republicana de Catalunya | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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Présidente | Marta Rovira (intérim) |
Fondation | |
Siège | Calàbria, 166 08015 Barcelone |
Secrétaire générale | Marta Rovira[1] |
Coordonnateur national | Pere Aragonès[1] |
Secrétaires généraux adjoints | Marta Vilalta (ca) Juli Fernàndez (ca)[1] |
Positionnement | Centre gauche[2] à gauche[3] |
Idéologie | Catalanisme[4] Nationalisme de gauche[5],[6],[7] Socialisme démocratique[8] Indépendantisme catalan[3],[8],[9] Républicanisme[3] Fédéralisme européen[10] |
Affiliation européenne | Alliance libre européenne |
Couleurs |
|
Site web | esquerra.cat |
Présidents de groupe | |
Congrès des députés | Gabriel Rufián |
Sénat | Mirella Cortès |
Parlement de Catalogne | Josep Maria Jové (ca) |
Parlement européen | Philippe Lamberts et Rebecca Harms (Verts/ALE) |
Représentation | |
Députés au Congrès (Sièges catalans) | 7 / 48 |
Sénateurs (Sièges catalans) | 4 / 24 |
Députés catalans | 20 / 135 |
Députés européens | 1 / 61 |
Conseillers municipaux | 2895 / 9077 |
modifier |
Fondé en 1931, c'était le parti des politiciens comme Francesc Macià et Lluís Companys, jouant un rôle central en Catalogne pendant la Seconde République espagnole et la guerre civile. Retrouvant une position clé au cours des années 2000, elle devient partenaire de coalition dans divers exécutifs catalans, et a la tête du gouvernement catalan depuis 2021 pour la première fois depuis 1939 après la nomination de Pere Aragonès comme président de la Généralité.
Histoire
modifierDu 17 au , lors de la Conférence des gauches en vue de la préparation des élections municipales du 12 avril, ERC est créée à partir de la fusion de trois organisations : Estat Català, le Parti républicain catalan, L'Opinió, ainsi que d’autres forces mineures.
Seconde République espagnole (1931-1936)
modifierDirigé par Francesc Macià et Lluís Companys à partir de 1931, le parti proclama le même jour l'instauration de l'État catalan le . Cette déclaration sera à l'origine de fortes tensions, un statut d'autonomie provisoire sera accordé par le gouvernement du comité révolutionnaire.
Lluís Companys, est élu président de la Généralité de Catalogne en 1934, déclare à nouveau l’indépendance pendant la révolution des Asturies de 1934. L’intervention de l'armée ordonnée par le gouvernement central, entraîna l'arrestation des dirigeants du parti jusqu'à l'arrivée du Front populaire espagnol en 1936 (le parti intègre le Front des gauches le 4 février 1936). Lluís Companys est alors nommé président de la Generalitat pour la seconde fois.
Guerre d'Espagne et franquisme (1936-1977)
modifierLe soulèvement d'une partie de l'armée contre le gouvernement républicain échoue en Catalogne et le conflit dérive en guerre civile. Le parti est déclaré illégal par Francisco Franco en 1939 qui obtient des nazis allemands l'arrestation de Companys, réfugié en France occupée, et le fait fusiller dans le château de Montjuïc à Barcelone en 1940.
Retour de la démocratie
modifierUn petit parti indépendantiste (1975-2003)
modifierL'ERC est de nouveau autorisée à la fin du régime de Franco pendant la période de la Transition démocratique espagnole.
Montée en puissance
modifierEn 2003, l'ERC obtient 23 sièges et devient la troisième force du Parlement catalan. Elle intègre alors le gouvernement de Catalogne et fait partie du gouvernement de la Généralité de Catalogne, en coalition avec le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) et les éco-socialistes d'Initiative pour la Catalogne Verts (ICV). Peu après la formation du gouvernement, Josep-Lluís Carod-Rovira, président de l'ERC, provoque une crise en rencontrant secrètement des dirigeants de ETA et il doit quitter son poste. Aux élections générales de 2004, ERC dispose de huit députés au Congrès des députés à Madrid et déclare son appui au gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. La même année, ERC obtient un député européen.
ERC participe à la rédaction du projet d'un nouveau statut d'autonomie pour la Catalogne, que son secrétaire général Joan Puigcercós i Boixassa présente aux Cortes en 2005. Cependant en janvier 2006, les dirigeants de l'ERC annoncent la possibilité de ne pas voter pour le texte négocié entre le PSOE et la formation nationaliste modérée de CiU.
Aux élections catalanes de 2006, ERC obtient 21 députés et renouvelle le gouvernement tripartite avec le PSC et ICV en votant l'investiture de José Montilla au poste de président de la Généralité de Catalogne.
N'ayant su rentabiliser électoralement son implication au gouvernement catalan et étant victime de la bipolarisation politique PSOE & PP, ERC n'obtient que trois députés aux Cortes à Madrid lors des élections législatives espagnoles de 2008. ERC enregistre un net recul aux élections catalanes de novembre 2010, avec 10 sièges, mais réussit à garder ses trois députés à Madrid en .
En , l'ERC double son score et obtient 21 sièges au Parlement catalan, lors des élections anticipées, devenant la deuxième force représentée.
En , lors des élections européennes, l'ERC obtient son meilleur score depuis la République en gagnant les élections en Catalogne avec 23,6 % des voix, devançant pour la première fois CiU et le PSC.
Ensemble pour le oui
modifierÀ l'occasion des élections au Parlement de Catalogne de 2015, l'ERC s'allie avec la Convergence démocratique de Catalogne (devenue le Parti démocrate européen catalan - PDeCAT - en 2016) et plusieurs petites formations politiques et organisations au sein de la coalition Ensemble pour le oui (Junts pel Sí). La victoire de cette dernière permet à l'ERC de réintégrer le gouvernement de Catalogne.
Aux élections générales de 2015, l'ERC obtient neuf députés : Gabriel Rufián, Joan Tardà, Joan Capdevila i Esteve, Ester Capella i Farré, Xavier Eritja i Ciuró, Teresa Jordà Roura, Joan Olòriz Serra, Jordi Salvador i Duch et Ana Maria Surra Spadea.
À la suite de la dissolution du Parlement de Catalogne, l'ERC annonce le qu'elle ne reconduit pas la coalition avec le PDeCAT pour les élections régionales prévues le [11].
2019
modifierLors des élections générales espagnoles d'avril 2019, l'ERC réalise son meilleur score en Catalogne depuis le retour de la démocratie, devenant la première force politique avec 15 sièges[12].
2021
modifierEn 2021, Pere Aragonés se présente aux élections au Parlement de Catalogne et accède au poste de président de la Catalogne avec pour principaux objectifs d'obtenir l'amnistie des indépendantistes emprisonnés ou exilés, et la tenue d'un nouveau référendum.
Idéologie
modifierSes principes politiques ont été définis par une déclaration d’idéologie approuvée lors du XIXe congrès organisé en 1993 sur trois axes qui, selon ses partisans, répondent aux trois termes de son nom : Esquerra (social), República (soutien à la communauté) et Catalunya (soutien à la nation catalane).
Organisation
modifierGouvernance
modifierPrésidents
modifier- Francesc Macià (1931 – 1933)
- Lluís Companys (1933 – 1935)
- Carles Pi i Sunyer (1933 – 1935)
- Lluís Companys (1936 – 1940)
- Heribert Barrera (1993 – 1995)
- Jaume Campabadal (1995 – 1996)
- Jordi Carbonell (1996 – 2004)
- Josep-Lluís Carod-Rovira (2004 – 2008)
- Joan Puigcercós (2008 – 2011)
- Oriol Junqueras (2011 – 2024)
- Marta Rovira (2024 –) par intérim
Secrétaires généraux
modifier- Joan Lluís Pujol i Font (Mars 1931 – Avril 1931)
- Josep Tarradellas (Avril 1931 – Mars 1932)
- Joan Tauler (March 1932 – 1938)
- Josep Tarradellas (1938 – 1957)
- Joan Sauret (1957 – 1976)
- Heribert Barrera (1976 – 1987)
- Joan Hortalà (1987 – 1989)
- Àngel Colom Colom (1989 – 1996)
- Josep-Lluís Carod-Rovira (1996 – 2004)
- Joan Puigcercós (2004 – 2008)
- Joan Ridao i Martín (2008 – 2011)
- Marta Rovira (2011 –)
Structuration territoriale
modifierL'ERC est divisée en 12 fédérations régionales[13] :
- Hautes-Pyrénées
- Barcelone
- Camp de Tarragona
- Catalogne centrale
- Catalogne Nord
- Èbre
- Gérone
- Îles Baléares
- Lérida
- Pays valencien
- Pénédès
- Région métropolitaine de Barcelone
Fédération Gauche de Catalogne du Nord (Esquerra Catalunya del Nord)
modifierGauche de Catalogne du Nord (Esquerra Catalunya del Nord) est l'une des douze fédérations régionales, constituée dans le département français des Pyrénées-Orientales, appelé également Catalogne Nord par les catalanistes.
Gauche républicaine du Pays valencien (Esquerra Republicana del País Valencià)
modifierLa section valencienne d'ERC au Pays valencien est Esquerra Republicana del País Valencià (ERPV). Fondée dès la Seconde République espagnole, elle concourt avec Esquerra Valenciana aux élections au Congrès espagnol de 1936, qui s'avèrent un succès[14].
Résultats électoraux
modifierÉlections générales espagnoles
modifierAnnée | Congrès des députés | Sénat | ||
---|---|---|---|---|
% | Députés | Rang | ||
1931 | 73,5 | 24 / 53 |
1er | |
1933 | 42,7 | 17 / 54 |
2e | |
1936 | 59,1 | 21 / 54 |
1er | |
1977[15] | 4,7 | 1 / 47 |
6e | 1 / 16 |
1979 | 4,0 | 1 / 47 |
5e | 1 / 16 |
1982 | 4,2 | 1 / 47 |
5e | 2 / 16 |
1986 | 2,7 | 0 / 47 |
6e | 0 / 16 |
1989 | 2,7 | 0 / 46 |
6e | 0 / 16 |
1993 | 5,1 | 1 / 47 |
5e | 0 / 16 |
1996 | 4,2 | 1 / 46 |
5e | 0 / 16 |
2000 | 5,6 | 1 / 46 |
4e | 1 / 16 |
2004 | 15,9 | 8 / 47 |
3e | 3 / 16 |
2008 | 7,8 | 3 / 47 |
4e | 3 / 16 |
2011 | 7,1 | 3 / 47 |
5e | 0 / 16 |
2015 | 15,9[16] | 9 / 47 |
2e | 6 / 16 |
2016 | 18,2[16] | 9 / 47 |
2e | 10 / 16 |
avril 2019 | Gauche républicaine de Catalogne-Sobiranistes | |||
novembre 2019 | Gauche républicaine de Catalogne-Sobiranistes | |||
2023 | 13,2 | 7 / 48 |
4e | 3 / 16 |
Élections au Parlement de Catalogne
modifierAnnée | Chef de file | Voix | % | Rang | Sièges | Coalition | Gouvernement |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1932 | Francesc Macià | 269 550 | 52,6 | 1er | 56 / 85 |
Macià, Companys I, II, III | |
1980 | Heribert Barrera | 240 871 | 8,90 | 5e | 13 / 135 |
PSDC (ca) (1 député) | Soutien |
1984 | Heribert Barrera | 126 943 | 4,41 | 5e | 5 / 135 |
Opposition | |
1988 | Joan Hortalà (ca) | 111 647 | 4,14 | 5e | 6 / 135 |
Opposition | |
1992 | Àngel Colom (ca) | 210 366 | 7,96 | 3e | 11 / 135 |
Opposition | |
1995 | Àngel Colom (ca) | 305 867 | 9,49 | 4e | 13 / 135 |
Opposition | |
1999 | Josep-Lluís Carod-Rovira | 271 173 | 8,67 | 4e | 12 / 135 |
Opposition | |
2003 | Josep-Lluís Carod-Rovira | 544 324 | 16,44 | 3e | 21 / 135 |
Catalogne 2003 (ca) (2 députés) | Maragall (2003-05/2006), opposition (05-11/2006) |
2006 | Josep-Lluís Carod-Rovira | 416 355 | 14,03 | 3e | 21 / 135 |
Montilla | |
2010 | Joan Puigcercós (ca) | 219 173 | 7,00 | 5e | 10 / 135 |
Opposition | |
2012 | Oriol Junqueras | 498 124 | 13,70 | 3e | 19 / 135 |
CatSí (2 députés) | Soutien |
2015 | Oriol Junqueras | JxSí | 20 / 135 |
CDC, DC, MES | Puigdemont | ||
2017 | Oriol Junqueras | 935 861 | 21,38 | 3e | 28 / 135 |
DC (2 députés), MES (2 députés) | Torra |
2021 | Pere Aragonès | 603 607 | 21,30 | 2e | 33 / 135 |
Aragonès | |
2024 | Pere Aragonès | 431 128 | 13,66 | 3e | 20 / 135 |
Soutien |
Élections européennes
modifierAnnée | Coalition | % | Mandats | |
---|---|---|---|---|
Espagne | Catalogne | |||
1987 | Europe des peuples | 1,70 | 3,70 | 0 / 60 |
1989 | Pour l'Europe des peuples | 1,51 | 3,29 | 0 / 60 |
1994 | Pour l'Europe des peuples | 1,29 | 5,52 | 0 / 64 |
1999 | Coalition nationaliste + Europe des peuples | 2,90 | 6,06 | 1 / 64 |
2004 | Europe des peuples | 2,45 | 11,80 | 1 / 54 |
2009 | Europe des Peuples - les Verts | 2,49 | 9,20 | 1 / 50 |
2014 | La Gauche pour le droit de décider | 4,01 | 23,69 | 2 / 54 |
2019 | Ahora Repúblicas | 5,58 | 21,21 | 2 / 59 |
2024 | Ahora Repúblicas | 4,91 | 14,81 | 1 / 61 |
Notes et références
modifier- (ca) « Qui som », sur esquerra.cat (consulté le ).
- Catalan trial turns into pro-independence show of force. Politico. Author - Diego Torres. Published 2 February 2017. Updated 9 February 2017. Retrieved 4 August 2017.
- « Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) », sur europe-politique.eu,
- Montserrat Guibernau, Catalan Nationalism : Francoism, transition and democracy, Routledge, , p. 82
- (en) Sonia Alonso, Challenging the State : Devolution and the Battle for Partisan Credibility, Oxford University Press, , p. 77
- (en) Luis Ramiro et Laura Morales, European integration and Spanish parties : Elite empowerment amidst limited adaptation, Routledge, , p. 146
- (es) Luis Moreno et César Colino, Kingdom of Spain, McGill-Queen's University Press, , p. 299
- (en) Wolfram Nordsieck, « Catalonia », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
- (en) « European Social Survey. Appendix A3 political parties », sur europeansocialsurvey.org, (consulté le ).
- https://www.esquerra.cat/ca/una-republica-catalana-en-una-europa-federal
- (es) « ERC descarta reeditar la coalición 'Junts Pel Sí' en las elecciones del 21-D », cadenaser.com, 4 novembre 2017
- (ca) « ERC s’imposa a Catalunya i dona la victòria a l’independentisme », sur Ara.cat, (consulté le )
- (ca) « Esquerra - Partit - Seus Territorials », sur www.esquerra.cat.
- (en) Helena Buffery et Elisenda Marcer, Historical Dictionary of the Catalans, Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-7514-2, lire en ligne), p. 259
- Alliance avec le Parti du travail d'Espagne et l'Estat Català.
- Avec Catalunya Sí.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (ca) Jesús Mestre i Campi (dir.), Diccionari d'història de Catalunya, Barcelone, Edicions 62, , 6e éd. (1re éd. 1992), 1147 p. (ISBN 978-84-412-1885-7), p. 409-411.
Articles connexes
modifier- Estat Català
- Partit Socialista d'Alliberament Nacional dels Països Catalans
- Parti socialiste unifié de Catalogne
- Terra Lliure
Liens externes
modifier- (ca) Site officiel
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (ca) Site officiel des Jeunesses de la Gauche républicaine de Catalogne
- Jordi Argelaguet, Margarita Gómez-Reino Cachafeiro et Romain Pasquier, « L'Esquerra Republicana de Catalunya. La troisième force de l'espace politique catalan », Pôle Sud, vol. 20, no 1, , p. 9–24 (ISSN 1262-1676, DOI 10.3917/psud.020.0009, lire en ligne, consulté le )