Crise anglophone au Cameroun
La crise anglophone au Cameroun, aussi appelée la guerre d'Ambazonie, est un conflit armé qui se déroule depuis 2017 dans les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, opposant le gouvernement camerounais à divers groupes séparatistes. Ce conflit est lié à la situation socio-politique spécifique de ces régions depuis fin 2016. Cette crise, initialement basée sur des revendications corporatistes des avocats et enseignants, bascule progressivement vers des revendications sécessionnistes fortes en raison des réponses jugées insuffisantes du gouvernement, du refus d'ouvrir un débat sur le retour au fédéralisme et de nombreuses violations des droits humains par les forces de sécurité camerounaises.
Présence séparatiste
Présence gouvernementale
Contestée
Date |
- en cours (7 ans, 1 mois et 23 jours) |
---|---|
Lieu | Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, débordement dans les régions de l'Ouest et du Littoral (Cameroun), et dans les États de Cross River et de Taraba (Nigeria) |
Issue | En cours |
~ 5 000 à 6 000 hommes (en février 2018)[3] | 2 000 à 4 000 hommes (en mai 2019)[4] |
800 à 1 000 morts (en février 2020)[7] | ~ 1 000 morts (en juin 2019)[8] |
Civils :
plus de 6 000 morts (en janvier 2023)[5]
700 000 déplacés internes
63 800 réfugiés au Nigeria (en mars 2021)[6]
Batailles
Fin 2017, une frange séparatiste radicale de la minorité anglophone prend les armes, attaquant les forces de sécurité et les symboles de l'État, et procédant à des enlèvements[9]. Le , le leader séparatiste Sisiku Julius Ayuk Tabe déclare symboliquement l'indépendance des régions anglophones sous le nom de république fédérale d'Ambazonie, déclenchant des manifestations réprimées dans le sang. En novembre 2017, une série d'attaques meurtrières visant les forces de sécurité sont attribuées aux indépendantistes. En réponse, les autorités lancent des opérations militaires dans les régions anglophones en décembre de la même année. En 2018, les combats entre soldats et séparatistes sont devenus quasi quotidiens, tuant 170 membres des forces de sécurité et « au moins 400 civils », selon l'International Crisis Group (ICG). Quelque 200 000 personnes ont fui[9].
Plusieurs tentatives sont faites pour résoudre le conflit. En juin 2019, la Suisse joue le rôle de médiateur. En septembre de la même année, le président Paul Biya annonce un « grand dialogue national » sur le conflit à la fin du mois. En janvier 2023, le Canada annonce qu'un processus de paix est enclenché pour le Cameroun, avant que ce dernier ne démente avoir confié à Ottawa le rôle de médiateur. En mai 2024, Capo Daniel, l'ancien porte-parole des Forces de défense de l'Ambazonie (FDA), l'un des principaux groupes armés séparatistes dans les régions anglophones, appelle à la fin des hostilités dans l'attente de négociations avec le gouvernement, mais ce dernier lui oppose une fin de non-recevoir. Ces efforts échouent et les violences se poursuivent.
Depuis son déclenchement, le conflit a fait plus de 6 000 morts et a contraint plus d'un millier de personnes à fuir leur domicile.
Contexte
modifierPériode coloniale
modifierLe conflit trouve ses racines dans une histoire coloniale tumultueuse[10]. En 1884, le roi Ndumbe Lobe Bell et l'explorateur allemand Gustav Nachtigal signent le traité germano-douala, qui fait du Cameroun un protectorat allemand. En 1918, après la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, le protectorat est divisé en deux ; sa partie orientale, soit 4⁄5 du territoire, est confiée à la France et sa partie occidentale, soit 1⁄5 du territoire, au Royaume-Uni, sous mandat de la Société des Nations (SDN)[11]. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la SDN, devenue l'Organisation des Nations unies (ONU), confie le Cameroun à son Conseil de tutelle dont la mission est de l'accompagner vers l'indépendance[11].
Décolonisation, passage d'un État fédéral à un État unitaire et présidence de Paul Biya
modifierLa décolonisation du Cameroun se fait en deux temps. Le , le Cameroun français accède à l'indépendance sous le nom de « république du Cameroun » avec comme président Ahmadou Ahidjo[12]. Le , l'ONU organise un référendum au Cameroun britannique qui exclut l'indépendance totale du territoire et propose aux électeurs deux options : l'indépendance par rattachement au Cameroun ou au Nigeria. La partie nord choisit de rejoindre le Nigeria, tandis que la partie sud choisit de rejoindre le Cameroun pour former la « république fédérale du Cameroun » le [11]. En 1966, le chef d'État dissout les partis politiques et crée un parti unique, l'Union nationale camerounaise (UNC)[11]. Le , à l'issue d'un référendum constitutionnel, le chef d'État proclame la république unie du Cameroun, mettant ainsi fin au fédéralisme[13],[11].
Le , Paul Biya, Premier ministre depuis 1975, est élu président de la République à la suite de la démission d'Ahmadou Ahidjo. Dès son arrivée au pouvoir, il nomme et révoque les postes clés pour assurer sa continuité. À ses débuts, il promet de placer son mandat sous le signe du « Renouveau »[14]. Le , il divise la région anglophone en deux provinces : Nord-Ouest et Sud-Ouest[15]. Seul candidat à l'élection présidentielle de 1984, Paul Biya est réelu[14]. En mai 1984, il adopte le nom « république du Cameroun » au lieu de « république unie du Cameroun »[11]. En 1985, il crée son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Il est réélu en 1988, toujours sous la bannière du parti unique, puis à cinq reprises, malgré l'instauration du multipartisme en 1990. Paul Biya règne d'une main de fer sur son pays, confronté à des défis économiques et sociaux majeurs, caractérisés par une extrême pauvreté touchant 26 % de la population et une corruption endémique jusqu'au sommet de l'État, ainsi qu'à des problèmes sécuritaires[14].
Malaise de la minorité anglophone depuis la fin du fédéralisme
modifierLe passage d'un État fédéral à un État unitaire conduit à l'émergence de revendications identitaires de la part de la minorité anglophone, qui représente 20 % de la population[13],[16]. Cette transition est perçue par certains anglophones comme une trahison et le début de leur « marginalisation » au sein de l'État[17]. Au début des années 1990, alors que le pays revenait au multipartisme, le mouvement All Anglophone Congress (AAC) conteste la légitimité du référendum de 1972 et propose le retour au fédéralisme tandis que des mouvements plus radicaux appellent à la sécession[11],[18]. En avril 1993, à la suite d'une conférence de l'AAC, la « Déclaration de Buéa » est publiée. Elle énumère les nombreux griefs des anglophones à l'égard du pouvoir central et appelle à un retour à l'État fédéral[19].
Face au refus du gouvernement de discuter d'un retour au fédéralisme, le Cameroon Anglophone Movement (CAM), l'une des plus grandes associations affiliées au mouvement AAC, déclare l'indépendance des régions anglophones le . Cette position est soutenue par une deuxième conférence qui se tient à Bamenda en 1994. Cette dernière déclare que si le gouvernement « persiste dans son refus d'engager des réformes constitutionnelles substantielles, ou ne les réalise pas dans un laps de temps raisonnable », elle proclamera « l'indépendance du Southern Cameroons, en prenant toutes les mesures nécessaires pour défendre et préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de celui-ci »[20].
En 1995, le Conseil national du Cameroun méridional (CNCM), un parti politique qui appelle à la sécession voit le jour[13]. En décembre 1999, des membres du parti prennent le contrôle d'une station locale de la Cameroon Radio Television (CRTV) à Buéa et proclament l'indépendance de la « république du Cameroun méridional »[21]. Le , à l'occasion du 40e anniversaire de la réunification du Cameroun, une manifestation pacifique organisée par des séparatistes dans les villes de Kumbo et Bamenda est violemment réprimée par la police. Au moins trois militants sont tués et cinq sont blessés à Kumbo. Des leaders séparatistes sont arrêtés[22].
Les facteurs justifiant les griefs de la minorité anglophone se situent dans le processus de décolonisation du Cameroun britannique et la gestion de la réunification du Cameroun ; on peut associer à cela la mauvaise gouvernance et une centralisation excessive du pouvoir politique. Par exemple, sont détaillés par les évêques les points suivants (présents au Cameroun francophone et anglophone)[23] :
« La sous-représentation des anglophones dans les jurys des concours d’entrée aux grandes écoles, dans les ministères, dans le gouvernement ; L’anglais (pourtant langue officielle au même titre que le français) n’est pas toujours employé dans les examens d’État, des documents publics, ou par les fonctionnaires qui se rendent dans les régions anglophones ; Une majorité de magistrats, personnel enseignant ou sanitaire, francophones dans ces régions ; La négligence des infrastructures de l’Ouest anglophone ; L’incompréhension du sous-système éducatif anglophone et du système juridique par les fonctionnaires francophones ; La marginalisation des anglophones dans l’admission à certaines grandes écoles »
Situation socio-politique à la veille du conflit
modifierLe , des dizaines d'avocats des régions anglophones manifestent à Bamenda. Ces avocats voulaient exprimer leur désapprobation face à l'absence de version anglaise de textes essentiels à leur travail. Les « actes uniformes » de l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), en vigueur depuis des mois, ne sont pas traduits en anglais comme l'exige la constitution. Les avocats demandent également l'affectation de magistrats anglophones dans les régions anglophones, la création d'une section spéciale de la Cour suprême chargée de traiter les recours contre les décisions rédigées en anglais et la création d'un département de la common law à l'École nationale d'administration et de magistrature (ENAM)[24].
Le , des enseignants anglophones descendent dans les rues. Tassang Wilfred, secrétaire général du syndicat des enseignants anglophones, la Cameroon Teachers' Trade Union (CATTU), explique les raisons de ces manifestations : « Le fond du problème, c'est le déploiement d'enseignants francophones dans des écoles anglophones. Le gouvernement, en raison du tribalisme et du népotisme, a même commencé à recruter des francophones pour enseigner l'anglais à des enfants anglophones. C'est scandaleux »[24].
Le , le RDPC, parti au pouvoir, organise un meeting à Bamenda. Cette réunion est perçue par la population locale comme une « provocation ». Des militants érigent des barricades dans plusieurs quartiers de la ville et le cortège du Premier ministre est empêché de se rendre sur le lieu de la réunion. Les gendarmes et la police interviennent et tentent de démanteler les barricades. Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre éclatent, faisant deux morts et des dégâts matériels[24].
Le , le Consortium de la société civile anglophone du Cameroun (CSCAC) fait sa première apparition publique en lançant l'opération « ville morte » et en invitant la population à rester chez elle afin de faire pression sur le gouvernement camerounais pour qu'il trouve des solutions concrètes aux revendications des avocats et des enseignants anglophones. Le mouvement est largement suivi. Le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation, René Sadi, prend un arrêté interdisant toute activité au Cameroun à l'encontre du Conseil national du Cameroun méridional (CNCM) et du CSCAC. Le même jour, l'accès à Internet est coupé dans les régions anglophones et le président du CSCAC, l'avocat Felix Agbor Balla, et plusieurs autres activistes sont arrêtés et transférés à Yaoundé[24].
Le gouvernement fait des concessions. Le , le gouvernement publie une dizaine de textes traduits en anglais, dont la loi OHADA et le nouveau Code pénal. Cependant, le collectif des avocats se tient à l'écart des tribunaux. Ils réclament la libération de leurs confrères arrêtés le 17 janvier. Trois jours jours plus tard, le président Paul Biya annonce la création de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) et nomme à sa présidence un ancien Premier ministre anglophone, Peter Mafany Musonge. Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, il n'y a pas eu de reprise d'activité. Le , le chef d'État ordonne le rétablissement d'Internet dans les régions anglophones. Le , il ordonne l'arrêt des poursuites contre 15 leaders anglophones emprisonnés depuis janvier 2017. Certains activistes ne bénéficient pas de cette grâce présidentielle. Cependant, dans les régions anglophones, les populations réclament la libération de Mancho Bibixy, alias « BBC », un animateur radio connu pour ses prises de position radicales contre le régime[24].
Le , jour de la rentrée scolaire, le gouvernement veut en faire un symbole de son contrôle de la situation. Les activistes anglophones, quant à eux, affirment que tant que les personnes emprisonnées ne seront pas libérées et que toutes leurs revendications ne seront pas satisfaites, la rentrée scolaire n'aura pas lieu. Les élèves sont interdits d'école par le mouvement anglophone[24].
Déroulement
modifier2017
modifierLe 11 septembre, un engin explosif vise une patrouille de la gendarmerie nationale à Bamenda[25]. Le 15 septembre, un commando de trois hommes attaque une base militaire à Besongabang, tuant trois soldats et en blessant gravement un autre, avant de prendre la fuite. Le 16 septembre, un premier attentat à la bombe vise le marché de Bamenda, suivi quelques minutes plus tard par un second dans le quartier d’Hospital Round About. Une seule des deux bombes explose, deux autres bombes de fabrication identique sont découvertes au Palais des congrès de la ville. Aucune des explosions n'a fait de blessés. Toutes ces actions sont revendiquées par les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA), qui se définissent comme l'« armée de l’Ambazonia » et affirment s'être déployées dans les régions anglophones. À la suite des attaques, l'armée ratisse le terrain[26]. Le même jour, un cocktail Molotov est lancé contre un dortoir du Collège Sacré-Cœur de Mankon à Bamenda[25]. Le 19 septembre, le dortoir d'une école est incendié par des séparatistes présumés à Bamenda[27]. Tout au long du mois de septembre, les séparatistes mènent deux attentats à la bombe ; l'un visant les forces de sécurité à Bamenda[28], et l'autre visant des officiers de police. Si le premier attentat échoue, le second blesse grièvement trois policiers, le 20 septembre[29]. Le 22 septembre, des soldats ouvrent le feu sur des manifestants, faisant au moins cinq morts et de nombreux blessés[30]. Une double explosion a lieu à Douala, près de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP), sans faire de victime. Les autorités évoquent une double explosion d'origine « criminelle » bien qu'elle ne soit pas revendiquée[31]. Fin septembre, à l'approche de la proclamation d'indépendance des régions anglophones par les séparatistes, le gouvernement prend des mesures drastiques. Le 28 septembre, il ordonne le déploiement de 932 gendarmes et policiers supplémentaires dans la zone[32]. Le 29 septembre, les autorités instaurent un couvre-feu dans les régions anglophones[33].
Le 1er octobre, le leader séparatiste Sisiku Julius Ayuk Tabe déclare symboliquement l'indépendance des régions anglophones sous le nom de république fédérale d'Ambazonie, dont il devient le « président », provoquant des manifestations de soutien. Les manifestants sont violemment dispersés et au moins 17 personnes sont tuées, selon Amnesty International et des sources officielles[34]. Réagissant sur les réseaux sociaux aux incidents, le président Paul Biya condamne « de façon énergique tous les actes de violence, d'où qu'ils viennent, quels qu'en soient les auteurs » et appelle au « dialogue »[35]. Dans la nuit du 2 au 3 octobre, une bombe artisanale explose à proximité de locaux de la police à Bamenda, sans faire de blessés. L'explosion n'est pas revendiquée[36]. Le 16 octobre, le Premier ministre Philémon Yang entame des consultations à Bamenda dans le cadre d’un processus de « dialogue » avec les populations des régions anglophones[37]. Le 19 octobre, l'International Crisis Group (ICG) publie un rapport appelant le président Paul Biya à « prendre ses responsabilités » et à « agir vite » dans les régions anglophones, où la « répression meurtrière » des autorités alimente un risque d'« insurrection armée »[38]. Le 20 octobre, les forces de sécurité découvrent et neutralisent une bombe artisanale devant une école à Bamenda[39].
En novembre, les attaques attribuées aux séparatistes se multiplient. Le 6 novembre, un gendarme est tué à Jakiri. Le 7 novembre, deux gendarmes sont tués à Bamenda. Ce dernier incident porte à trois le nombre de gendarmes tués en deux jours dans cette région[40]. En réaction, le préfet du département du Mezam annonce l'instauration d'un couvre-feu d'une durée de trois semaines[41]. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, un gendarme est égorgé dans la localité d'Akwem, près de Mamfé. Il s'agit du quatrième militaire tué depuis une semaine[42]. Le 12 novembre, « un groupe de jeunes hommes » incendie le dortoir des jeunes filles du collège Saint-Pius, dans la région du Sud-Ouest[43]. Dans la nuit du 12 au 13 novembre, quatre bombes artisanales explosent à Bamenda sans faire de victimes[44]. Le 17 novembre, le président Paul Biya salue la mémoire des quatre soldats tués dans les régions anglophones, dans un message lu à Bamenda lors d'une cérémonie en l'honneur des victimes[45]. Dans la nuit du 18 au 19 novembre, au moins quatre personnes, dont un policier, sont blessées à Bamenda, où plusieurs coups de feu sont entendus[46]. Dans la nuit du 28 au 29 novembre, quatre soldats sont tués dans la région du Sud-Ouest. Ce dernier incident porte à huit le nombre de soldats tués dans la zone anglophone en moins d'un mois[47]. Dans la nuit du 29 au 30 novembre, deux policiers sont tués et un autre policier et un soldat sont blessés lors d'une attaque dans la localité d'Otu. La mort de ces deux policiers porte à dix le nombre de membres des forces de sécurité tués dans les régions anglophones en moins d'un mois[48]. Le 30 novembre, le président Paul Biya réagit à ces attaques en déclarant : « Le Cameroun est victime des attaques à répétition d'une bande de terroristes se réclamant d'un mouvement sécessioniste. Face à ces actes d'agressions, je tiens à rassurer le peuple camerounais que toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d'état de nuire tous ces criminels »[49].
Le 1er décembre, le président Paul Biya convoque une réunion de sécurité exceptionnelle à Yaoundé, réunissant les chefs d'état-major et les directeurs généraux des services de l'intérieur tels que les sapeurs-pompiers et la gendarmerie[50]. A la suite de cette réunion, un déploiement militaire est décidé dans les régions anglophones[24]. Le 2 décembre, le ministre de la Défense Joseph Beti Assomo assure que l'armée mettra en œuvre « sans état d'âme » les instructions du président Paul Biya pour mettre « hors d'état de nuire » les séparatistes anglophones violents[51]. Au cours du mois de décembre, le gouvernement ordonne à des milliers de villageois de quitter leurs maisons dans la région du Sud-Ouest, alors qu'il déploie des troupes pour combattre les séparatistes. Les autorités du département de la Manyu, dans la région du Sud-Ouest, donnent l'ordre d'évacuer 16 villages de la région. Elles avertissent que toute personne décidant de rester « sera traitée comme complice ou auteur d'actes criminels en cours »[52]. Le 7 décembre, l'armée entre dans la Manyu, reprenant deux villages[53] et sécurise la ville de Mamfé le 15 décembre, en partie avec des troupes d'élite[54]. Pendant l'offensive, les séparatistes mènent des attaques contre l'armée[55]. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, des assaillants tentent de prendre possession d'un poste de gendarmerie à Nsanakang. Les affrontements qui ont suivi ont tué une dizaine d'assaillants et un gendarme. Cinq soldats sont également blessés[56]. Dans la nuit du 9 au 10 décembre, des assaillants attaquent l'armée à Kumba. Selon des sources sécuritaires, l'affrontement qui s'en est suivi a fait un bilan provisoire de plusieurs blessés et morts dans les rangs des terroristes, et de cinq blessés dans les rangs de l'armée[57].
Le 14 décembre, des affrontements entre l'armée et des séparatistes présumés éclatent dans la localité de Dadi, près de Mamfé. L'armée annonce qu'elle a repris le contrôle de la localité et que plusieurs séparatistes ont été neutralisés[58]. Le 15 décembre, le gouvernement affirme avoir repoussé une attaque de séparatistes contre une brigade de gendarmerie dans une localité du département de la Manyu[59]. Le 18 décembre, en représailles aux attaques séparatistes, l'armée commence à détruire des dizaines de maisons de civils et tue plusieurs personnes[60]. Quatre gendarmes sont tués par des séparatistes présumés à Kembong. Cette attaque porte à quinze le nombre de membres des forces de sécurité tués en moins de deux mois[59]. Le 25 décembre, une trentaine d'assaillants attaquent une brigade de gendarmerie à Toko[61]. L'offensive de décembre implique également des débordements occasionnels à la frontière nigériane[62]. Fin décembre, plusieurs groupes séparatistes émergent, les FDA apparaissant comme le plus important[63]. Pendant la campagne de guérilla menée dans les départements de la Manyu et du Mezam, ils affrontent l'armée à treize reprises[64]. Les séparatistes étendent leur emprise à la fin de l'année et sont actifs dans cinq départements[65].
2018
modifierLe 14 janvier, un gendarme est tué dans le village de Kwakwa. Selon un journaliste sur place, des séparatistes avaient barricadé la route dans cette localité et pris en otage deux militaires, dont l'un a été tué et décapité[66]. En représailles, les forces de sécurité ont réduit le village en cendres, comme le montrent les images satellite et autres preuves photographiques recueillies par Amnesty International[67]. Le même jour, un autre gendarme est tué à Ekondo-Titi. Le 15 janvier, un gendarme est tué à Wum[68]. Le même jour, des hommes armés non identifiés attaquent des édifices, des commerces et certains établissements scolaires dans des localités de la région du Sud-Ouest. Les militants séparatistes depuis l'étranger évoquent « une opération menée par les Amba Tigers »[69]. Le 19 janvier, des individus armés non identifiés tentent de prendre d'assaut une base du Bataillon d'intervention rapide (BIR), unité d'élite de l'armée, à Mbengwi, avant d'être repérés par une sentinelle. De violents affrontements éclatent alors entre les forces de défense et les assaillants, qui seraient tous neutralisés, selon le porte-parole de l'armée, le colonel Didier Badjeck. Le même jour, le bloc administratif du lycée de Balikumbat est incendié et une tentative d'incendie du collège catholique Sainte Rita est avortée. Dans la nuit du 23 janvier, les auteurs réussissent à incendier le dortoir des filles[70]. Le 25 janvier, un gendarme est tué dans une attaque de séparatistes présumés à Kumbo[71]. Une bombe artisanale explose au passage d'un véhicule de l'armée, transportant des éléments du BIR à Ekok et blesse deux soldats[72]. Toujours à Ekok, des hommes armés non identifiés attaquent une gendarmerie. L'attaque est repoussée par le BIR[73]. Le 29 janvier, des gendarmes mènent une opération militaire à Danare dans l'État de Cross River au Nigeria contre les militants réfugiés dans la communauté[74].
Le 1er février, un soldat est tué par deux individus à Bamenda[75]. À Mbingo, deux gendarmes sont tués après une attaque attribuée aux séparatistes[76]. Le 2 février, deux civils sont tués par des gendarmes à la sortie de Bamenda, sur la route menant à la ville voisine de Bafut[77]. Dans la nuit du 3 au 4 février, des affrontements entre les forces de sécurité et les séparatistes présumés éclatent à Bamenda faisant un nombre indéterminé de victimes[78]. Un civil est tué dans la ville[77]. Le 10 février, le gouvernement camerounais instaure un couvre-feu d'une semaine dans les deux régions anglophones en raison de menaces d'« attaques imminentes » de séparatistes[79]. Le 11 février, lors de la Fête de la Jeunesse, trois gendarmes sont tués à Kembong. Selon le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l'armée camerounaise, des petites villes du sud-ouest et du nord-ouest sont également le théâtre d'attaques. Toutes auraient été maîtrisées sans que personne soit tué. À Batibo, au sud de Bamenda, un sous-préfet est enlevé et sa voiture est incendiée[80]. Le 14 février, le délégué régional des Affaires sociales du Nord-Ouest est enlevé à Batibo. Les FDA revendiquent l'enlèvement[81]. Le 20 février, quatre séparatistes sont tués par le bataillon de marine à Mundemba après une attaque ratée contre la gendarmerie. Un soldat est également blessé lors des affrontements[82]. Le 27 février, des affrontements entre les forces de défense et de sécurité et des assaillants éclatent dans le village d'Ikassa, à la suite de l'attaque d'un des postes des deux bataillons de la marine à Mundemba, tuant trois séparatistes présumés[83]. Une paroisse est par ailleurs endommagée lors des combats[84].
Le 2 mars, le corps d'un gendarme est retrouvé près de Mundemba. Il aurait été tué par des séparatistes présumés avant d'être jeté dans un cours d'eau[85]. Le 3 mars, une bataille a lieu à Batibo[86], provoquant des pertes sans précédent des deux côtés[87] et force plus de 4 000 habitants à fuir[88]. Le 7 mars, un soldat est tué lors d'une attaque menée par des hommes armés non identifiés contre un avant-poste de la marine à Mundemba. Les forces de défense affirment avoir tué plus de douze assaillants[89]. Dans la nuit du 7 au 8 mars, des hommes armés attaquent une école et enlèvent un soldat à Batibo. Le corps décapité du soldat est ensuite retrouvé quelques heures plus tard. Trois élèves sont également blessés. Le 8 mars, journée internationale des femmes, un groupe d'assaillants attaquent la place de la commune d'Akwaya, blessant un policier[90]. Le 10 mars, un gendarme est tué à Batibo[91]. Le 13 mars, un affrontement entre des séparatistes et les forces de sécurité à Nguti fait plusieurs morts[92]. Le 15 mars, deux Tunisiens sont enlevés par un groupe armé dans la région du Sud-Ouest[93]. Le 17 mars, un cadre de l'administration et une trentaine de personnes sont enlevées par des séparatistes dans la région du Sud-Ouest. Quatre personnes sont blessés dans l'attaque du cortège d'un ministre à Alou[94]. Le 20 mars, trois otages sont libérés par l'armée lors d'une « opération spéciale ». Selon un communiqué du gouvernement, cette opération permet « la libération de trois des employés d’une société tunisienne enlevés il y'a deux jours par des terroristes » dans la région du Sud-Ouest, dont un ingénieur tunisien. La source précise que le deuxième ingénieur a été « assassiné par ses ravisseurs »[95]. Le 25 mars, lors des élections sénatoriales, des séparatistes présumés prennent pour cible à deux reprises un commissariat de police et un bureau de vote dans l'arrondissement de Bangem. Ces attaques sont repoussées et deux assaillants sont tués, selon une source militaire. À Belo, l'entrée de la ville est bloquée pendant plusieurs heures par des assaillants[96]. Le 28 mars, quinze séparatistes présumés sont tués et sept soldats sont blessés lors d'affrontements à Ekondo-Titi[97].
Le 2 avril, douze otages occidentaux sont libérés par l'armée dans la région du Sud-Ouest[98]. Le 8 avril, un juge est enlevé par des hommes armés à Ewelle[99] ; il est libéré trois jours plus tard[100]. Le 13 avril, plusieurs localités de la région du Sud-Ouest dont Buéa et Mundongo sont le théâtre d'attaques simultanées menées par des séparatistes faisant un mort dans les rangs de l'armée[101]. Le 20 avril, le convoi du gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilai est attaqué à deux reprises par des hommes armés dans le village de Lewoh faisant plusieurs blessés[102]. Les 20 et 21 avril, deux soldats en renfort sont morts après que leur véhicule a sauté sur une mine près de Menji. Deux autres soldats sont tués au cours d'affrontements avec des séparatistes et un troisième décès est enregistré plus tard à l'hôpital. Le corps d'un gendarme décapité est également retrouvé dans la localité. Trois blessés sont également signalés du côté de l'armée. Du côté des séparatistes, le bilan est estimé à au moins quinze morts. Dans la région du Nord-Ouest, plusieurs groupes armés tentent d'attaquer des positions de l'armée. Ces attaques sont repoussées et quatre assaillants sont tués[103]. Le 25 avril, les séparatistes forcent l'armée à se retirer de Belo après les combats[104]. À Andek, un soldat est abattu. À Kumba, un enseignant de lycée est abattu par des hommes cagoulés, tandis qu'un élève est blessé au cours de l'assaut. Des combats ont suivi dans la même ville entre militaires et séparatistes[105]. Le 26 avril, l'International Crisis Group (ICG) publie un rapport sur la situation, indiquant que le conflit s'aggrave[106]. Le 27 avril, une enseignante enceinte est tuée par des hommes armés qui ont attaqué son école à Muyuka[107]. Le 28 avril, deux gendarmes sont tués à Bali Nyonga. Le 30 avril, un prêtre catholique est brièvement kidnappé par des séparatistes à Belo. Le directeur d'une école secondaire d'un village proche de Belo est enlevé avant d'être libéré plus tard dans la journée[108].
Le 3 mai, un camion de la marine circulant entre Kumba et Ekondo-Titi est attaqué dans le village de Babongo. Les affrontements qui ont suivi ont fait 20 morts parmi les séparatistes, selon le gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia-Bilai. Le 4 mai, trois soldats sont tués, deux sont blessés et un est porté disparu lors d'une attaque menée par des séparatistes présumés à Mbonge[109]. Le 9 mai, un commissariat de police est attaqué par des hommes armés non identifiés à Muyuka. Les assaillants saccagent les locaux, libèrent quatre détenus et emportent des armes[110]. Le 20 mai, jour de la fête nationale, des incidents et des affrontements sont signalés dans plusieurs localités des deux régions anglophones. À Batibo, dans la région du Nord-Ouest, un groupe armé affronte un détachement de l'armée. Trois assaillants sont tués, selon une source militaire. À Ekona, dans la région du Sud-Ouest, d'autres miliciens attaquent un commissariat de police. Un policier aurait été tué. À Bangem, dans la région du Sud-Ouest, le maire de la ville et son adjoint sont enlevés par des séparatistes[111]. Le 25 mai, un affrontement entre forces de sécurité et un groupe armé retranché dans un motel fait 32 morts à Menka[112]. Fin mai, l'armée reprend partiellement Belo, avec des combats qui se poursuivent autour de la ville. Cette ville est presque entièrement abandonnée par ses habitants[113].
Le 9 juin, un soldat est tué près de Furu-Awa[114]. Le 16 juin, un couple de militants du parti au pouvoir sont tués à Batibo. Le gouvernement accuse les séparatistes. Du 16 au 17 juin, des combats éclatent entre soldats et séparatistes à Ekona[115]. Le trafic est interrompu après que les séparatistes ont déversé du sable sur les voies, et l'antenne de l'opérateur de téléphonie mobile MTN est détruite[116]. Bien que les pertes liées aux affrontements ne soient pas confirmées, le gouvernement déclare plus tard que plus de 40 soldats et policiers sont morts dans la seconde moitié du mois de juin, dans les régions anglophones[117]. Le 18 juin, un camp de séparatistes est démantelé dans la localité de Masuma[118]. Le 21 juin, une patrouille de police est attaquée par des hommes armés à Bamenda, tuant un policier et un assaillant. Plusieurs policiers sont blessés[119]. Dans la localité d'Alabukam, un camp de séparatistes est démantelé lors d'une opération militaire. À Limbé, un gendarme est assassiné et deux autres enlevés lors d'une attaque attribuée aux séparatistes. Des suspects sont arrêtés[118]. Le 29 juin, les séparatistes érigent des barrages routiers et attaquent l'armée à Buéa[120]. Près du village de Tudig, un gendarme est tué et cinq autres sont blessés dans une attaque[121]. Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, un commissariat est attaqué par des hommes armés à Buéa. Peu après, les assaillants attaquent et saccagent une station-service à proximité. Les attaques sont revendiquées par les séparatistes[122].
Le 8 juillet, un commissaire de police est tué à Kumba. Le 9 juillet, des séparatistes font irruption pour la première fois à Buéa et affrontent les forces de défense et de sécurité pendant plusieurs heures. Au moins deux policiers sont tués dans les affrontements, tandis qu'une source hospitalière donne un chiffre plus élevé de cinq policiers et un civil tués. Le responsable de Buéa affirme qu'un autre policier est enlevé[123]. Depuis le 9 juillet, selon une source proche des services de santé, plusieurs personnes, dont des civils, sont tuées à Kumba lors d'opérations militaires[124]. Le 10 juillet, la situation reste tendue à Buéa, où des coups de feu sont à nouveau entendus[123]. Dans la nuit du 11 au 12 juillet, des affrontements entre militaires et séparatistes éclatent à Kumba[124]. Le 12 juillet, le convoi du ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, est attaqué à Kumba et plusieurs assaillants sont tués. Quatre soldats et un journaliste sont blessés. Selon le journaliste, le convoi est à nouveau tombé dans une embuscade peu après[125]. Le 13 juillet, une ONG affirme que 20 civils ont été tués par l'armée en deux jours[126]. Le 17 juillet, une personne est tuée à Bamenda, où des affrontements entre l'armée et les séparatistes sont signalés[127]. Le 18 juillet, un policier est décapité à Wum par des séparatistes présumés[128]. Le 20 juillet, un prêtre est tué à Bomaka par des individus non identifiés[129]. Le 26 juillet, un prélat est tué à Widikum[130]. Dans la nuit du 28 au 29 juillet, 160 détenus s'évadent lors de l'attaque de leur prison dans la région du Nord-Ouest par des hommes armés[131].
Selon l'armée camerounaise, en août, un officier supérieur de la marine est torturé et enterré vif à Mundemba par des séparatistes[132]. Le 4 août, le sous-préfet du Menchum Valley est enlevé par des individus non identifiés[133]. Le 5 août, quatre gendarmes sont tués lors d'une attaque contre une brigade de gendarmerie locale à Esu, près de Wum. À Mutengene, près de Buéa, un officier de police est assassiné à son domicile par des inconnus[134]. Le 14 août, un soldat est torturé à mort puis enterré par des séparatistes présumés à Ediki[135]. À Banga Bakundu, quatre séparatistes sont tués dans des affrontements[136]. Le 16 août, des séparatistes attaquent un convoi transportant un parlementaire à Babungo, tuant au moins quatre soldats. Un civil pris entre deux feux est également tué[137]. Le 24 août, deux gendarmes sont tués lors de l'attaque d'une brigade par des séparatistes présumés à Zhoa, près de Wum. 21 assaillants sont « neutralisés » et des armes sont saisies lors de la riposte de l'armée, selon son porte-parole[138]. En parralèle, l'armée incendie le village[139]. Toujours dans la région du Nord-Ouest, des affrontements entre l'armée et les Forces de restauration du Cameroun méridional (FRCM) éclatent sur l'axe routier Esu-Wum à la suite d'une embuscade tendue par les séparatistes contre un contingent de soldats aux alentours de Wum. Les combats se soldent par la mort de trois soldats, la saisie d'armes par les séparatistes et la destruction d’un bâtiment administratif dans la localité de Banekuma. Dans la région du Sud-Ouest, des coups de feu retentissent dans le quartier de Molyko Mua à Buéa[140]. À Tiko, des hommes armés attaquent des employés de la Cameroon Development Corporation (CDC), faisant de nombreux blessés[141].
Le 3 septembre, un lycée est attaqué par des hommes armés à Bafut ; cinq lycéens sont portés disparus[142]. Au cours du mois de septembre, les séparatistes subissent plusieurs revers, l'armée ayant lancé des offensives dans les zones rurales qu'ils contrôlent[143]. De violents combats ont lieu à Muyuka, où l'armée lance une opération[144]. Cette dernière rencontre un certain succès en détruisant des camps de séparatistes. Lors d'un raid, le 4 septembre, l'armée tue 27 séparatistes présumés à Wum[145]. Un autre raid, près de Chomba, tue au moins 15 séparatistes[146]. Le 5 septembre, l'armée annonce qu'elle a tué trois personnes à Bamenda la veille, après qu'elles aient « fait irruption dans la ville » à bord d'un véhicule contenant trois autres occupants. Selon un témoin, de nombreux coups de feu sont entendus à proximité de l'hôtel où logeait la ministre de l'Éducation de base, Adidja Alim, en visite à Bamenda à l'occasion de la rentrée scolaire[147].
Dans le même mois, les séparatistes connaissent également des succès : le 9 septembre, plus de 50 séparatistes mènent trois attaques coordonnées, sur des cibles multiples à Oku, brûlant le commissariat de police, détruisant les biens de l'officier divisionnaire adjoint, volant un fourgon de police et enlevant trois officiers de police[148]. À Bali, des séparatistes tuent un chauffeur de bus et détruisent cinq bus de la compagnie « Amour Mezam » ainsi qu'un autre bus de marque coaster et deux camions plateaux[149]. Le 11 septembre, des affrontements entre l'armée et les séparatistes éclatent à Buéa, faisant quatre morts dont un policier[150]. Près de Bali, l'armée mène des raids sur les positions tenues par les séparatistes. Selon une source policière, quinze séparatistes sont tués. L'armée récupère une dizaine de fusils de fabrication artisanale, un important stock de munitions et quinze téléphones portables[151]. Dans la nuit du 13 au 14 septembre, au moins six séparatistes sont tués lors d'une attaque contre l'armée à Bamenda[152]. Le 14 septembre, trois séparatistes sont blessés lors d'une opération à Ashum. Un important stock d'armes, de munitions de mitrailleuses et un engin explosif sont saisis[152]. Le 17 septembre, un commando d'hommes armés attaquent une école à Buéa, faisant 20 blessés[153]. À Njikwa, un camp de séparatistes présumés est démantelé lors d'un raid militaire. Une vingtaine de séparatistes présumés sont tués. Deux soldats sont blessés au cours de l'opération[154]. Le 18 septembre, Amnesty International authentifie deux vidéos montrant un gendarme décapité par des séparatistes[155]. Le 24 septembre, deux civils sont abattus à Buéa[156]. Le 25 septembre, des hommes armés attaquent une prison à Wum et libérent 117 détenus[157]. Dans la nuit du 26 au 27 septembre, deux policiers sont tués et une policière blessée par des séparatistes à Limbé[158]. Le 27 septembre, les séparatistes forcent la police et la gendarmerie à se retirer de Balikumbat[159]. À Buéa, six civils sont abattus par des policiers et un autre est blessé à Babuti, un quartier du centre ville. Par ailleurs, des échanges de tirs entre soldats et séparatistes sont signalés à Bamenda[158]. Le 28 septembre, un camp de séparatistes présumés est détruit et six d'entre eux sont tués à Ndop. Des armes et des munitions sont saisies et les barrages routiers des séparatistes sont démantelés[160]. Le 30 septembre, à l'approche du premier anniversaire de la proclamation d'indépendance le 1er octobre, les autorités imposent un couvre-feu de 48 heures dans les régions anglophones[161]. Cette mesure vise à empêcher la reconduction de manifestations de masse qui ont eu lieu l'année dernière. Ainsi, il est interdit de se déplacer au-delà des limites des subdivisions et les rassemblements de quatre personnes ou plus en public sont interdits. Les entreprises et les parcs automobiles sont fermés. Dans le même temps, en prévision de l'élection présidentielle, les séparatistes appelent à des villes mortes, bloquant les principales routes, avec des arbres ou des épaves de voitures. Tout au long de la journée, l'armée et les séparatistes s'affrontent à Buéa, Bamenda et dans d'autres villes[162]. Quatre hommes armés sont tués dans un affrontement avec les forces de sécurité à Tatum[160].
En octobre, le conflit s'étend à la majeure partie des régions anglophones. À elles seules, les FDA affrontent l'armée 83 fois[64]. Les groupes séparatistes sont désormais présentes dans douze départements et les attaques sont davantage meurtrières[65]. Selon un analyste de l'International Crisis Group (ICG), en octobre, le conflit est dans l'impasse, l'armée étant incapable de vaincre les séparatistes, et ces derniers ne sont pas assez forts militairement pour expulser l'armée[64]. D'autres analystes décrivent les séparatistes comme étant gravement désarmés et au bord de la défaite, principalement en raison de leur manque d'accès à des armes[163]. Le 3 octobre, un gendarme et un civil sont tués à Kumba[164]. Le 4 octobre, un prêtre est tué par un soldat à Bamenda. Le 5 octobre, trois séparatistes sont tués dans des affrontements avec l'armée dans un quartier de Buéa[165]. À Kumba, un séparatiste est tué par l'armée dans un quartier de la ville[164]. Dans la nuit du 6 au 7 octobre, un tribunal est incendié par des hommes armés à Kumba[166]. Le 7 octobre, jour du scrutin, trois séparatistes présumés qui tiraient sur des passants sont tués par les forces de l'ordre à Bamenda[167]. Des coups de feu d'origine inconnue sont entendus à la mi-journée à Buéa. Une voiture du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune et celle du sous-préfet sont également ciblées[166].
Le 13 octobre, des séparatistes enlèvent la sœur du leader de l'opposition John Fru Ndi, président du Front social démocrate (SDF), à Baba II, avant d'incendier sa maison[168]. Le 17 octobre, un adolescent de 13 ans est tué par les forces de sécurité à Muyuka[169]. Le 19 octobre, des séparatistes présumés attaquent une école publique à Bamenda, enlevant plusieurs élèves[170]. Le 23 octobre, une opération militaire d'un mois, baptisée « Le Sourire du Crocodile III », est lancée dans l'État de Cross River, dans le sud-est du Nigeria, pour lutter contre le trafic d'armes et le recrutement de mercenaires par les séparatistes. Plus de 800 hommes sont déployés dans l'État. La grande majorité d'entre eux sont des militaires, ainsi que des officiers de l'immigration et du renseignement[171]. Dans le village de Ngarum, un soldat est tué et plusieurs autres sont blessés dans des affrontements[172]. Du 23 au 25 octobre, une dizaine de séparatistes et deux soldats sont tués dans des affrontements à Bafut, Bambui et Bambili[173]. Le 30 octobre, un missionnaire américain est tué à Bambui. Les autorités camerounaises évoquent que ce dernier a été la cible de « terroristes » lors d'une tentative d'attaque contre une brigade de gendarmerie et une zone universitaire tandis que le gouvernement américain évoque des « tirs croisés »[174]. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, une personne est tuée, plusieurs personnes sont battues et de nombreuses maisons sont incendiées à Balikumbat. Ces événements sont attribués à l'armée. L'armée dément, mais affirme que le poste militaire local a été attaqué dans la commune[175].
Le 1er novembre, des ouvriers agricoles d'une plantation publique sont mutilés par des séparatistes présumés à Tiko[176]. Le 5 novembre, 82 personnes dont 79 élèves sont enlevés par des hommes armés non identifiés à Bamenda. Outre les élèves, le directeur de la Presbyterian Secondary School de la ville, un enseignant et un chauffeur sont enlevés[177]. Le 7 novembre, les écoliers enlevés sont libérés[178]. Les 9 et 10 novembre, un professeur et un employé de l'université de Buéa sont enlevés[179]. Le 13 novembre, au moins 25 séparatistes sont tués dans des combats à Mbot, près de Nkambé[180]. À Nwa, le maire de la commune est tué par des hommes armés[181]. Le 20 novembre, un affrontement tue une dizaine de séparatistes et blesse neuf gendarmes à Bali[182]. Le 21 novembre, les autorités annoncent la libération de 10 élèves enlevés la veille à Kumba et la mort de deux assaillants[183]. Un prêtre kényan est tué à Kembong[184]. Un convoi de l'armée tombe dans une embuscade tendue par des séparatistes à Lewoh, sur la route Menji-Alou ; un soldat est tué et onze autres blessés[182]. Le 22 novembre, au moins 26 séparatistes sont tués lors d'une opération militaire à Bali[182]. Au cours de ce même mois, plusieurs débordements importants sont constatés dans la région de l'Ouest. Le 29 novembre, au moins 30 personnes sont enlevées par des hommes armés non identifiés à Bangourain et transportées dans des canoës à travers le réservoir du lac Bamendjing[185]. À Kembong, un blindé de l'armée saute sur un engin explosif improvisé ; aucun soldat n'est mort, mais le véhicule est détruit[186].
Courant décembre, de nouvelles maisons sont incendiées par l'armée dans les villages de Romajia[187], Kikiakom et Ekona Mbenge[187]. Le 1er décembre, des affrontements entre les séparatistes et l'armée éclatent dans la région du Sud-Ouest. Selon des sources locales, la circulation sur la route reliant les villes de Buéa et Kumba reste paralysée jusqu'au 2 décembre en raison des combats. Des échanges de tirs sont également entendus à Ekona, Muea et Muyuka, et des renforts militaires sont déployés pour rouvrir la route, temporairement bloquée par les séparatistes[188]. Le 13 décembre, le président Paul Biya annonce l'arrêt des poursuites contre 289 personnes arrêtées pour des délits commis dans le cadre de la crise[189]. Le 15 décembre, au moins cinq séparatistes sont sommairement exécutés, probablement par d'autres séparatistes[190]. Le 16 décembre, plusieurs attaques attribuées aux séparatistes tuent un policier et en blessent 14 autres à Ndop[191].
Le 17 décembre, sept séparatistes présumés sont tués et quatre soldats blessés ainsi qu'une femme âgée dans des combats à Bamenda[192]. Dans la nuit du 20 au 21 décembre, le commandant des FDA Ivo Mbah est tué lors d'un raid mené par le Bataillon d'intervention rapide (BIR) dans la localité de Teke, près de Kumba[193]. Le 22 décembre, Bangourain est attaqué de nouveau, ce qui conduit les séparatistes à accuser le gouvernement de mener une opération sous fausse bannière[194]. Le 23 décembre, un membre du comité de vigilance de Bangourain est tué, plusieurs personnes sont blessées et des maisons sont incendiées lors d'une attaque menée par des séparatistes présumés dans la commune[195]. Le 24 décembre, des combats entre séparatistes et armée éclatent à Ndop et Bamali[196]. Le 26 décembre, des séparatistes présumés tentent d'attaquer Bangourain et deux d'entre eux sont tués par la population[197]. Dans la nuit du 28 au 29 décembre, un soldat est enlevé puis tué par des séparatistes à Bamenda[198]. Le 31 décembre, des séparatistes attaquent le convoi du gouverneur de la région du Nord-Ouest, blessant au moins un soldat[199].
2019
modifierEn 2019, le gouvernement connaît une vague de désertions parmi les fonctionnaires en poste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest[200].
Le 6 janvier, des affrontements ont lieu à Muyuka, Bafut, Mundum et Mamfé[201]. À Mamfé, deux séparatistes sont tués lorsque leur camp est attaqué par le Bataillon d'intervention rapide (BIR)[202]. Le 12 janvier, sept séparatistes sont tués par l'armée lors d'une « opération de reconnaissance offensive » dans le village d'Alabukam. L'opération permet la destruction d'un camp de combattants séparatistes et la récupération d'armes légères, de munitions, d'uniformes militaires et de moyens de transport tels que des motocyclettes[203]. Le 15 janvier, une trentaine de voyageurs sont enlevés par des séparatistes présumés sur un axe routier de la région du Sud-Ouest[204]. Le 24 janvier, le commandant des Forces de défense du Cameroun méridional (FDCM), Andrew Ngoe est tué dans le village de Matoh[205].
Le 4 février, deux étudiants sont tués par des séparatistes présumés à Buéa. À Limbé, un soldat est tué. Les séparatistes imposent une ville morte de 10 jours, du 5 au 14 février, dans le but d'empêcher les célébrations de la Fête de la jeunesse du 11 février[206]. Le 5 février, des tirs nourris sont entendus sont à Muyuka et Buéa[207]. À Babadjou, dans la région de l'Ouest, un lycée est attaqué par des séparatistes présumés[208]. Le 6 février, des tirs sont entendus dans le quartier de Bonduma à Buéa. Le corps d'un soldat décapité est retrouvé dans le quartier de Sandpit[207]. De nombreuses personnes sont interpellées à Buéa[206]. Le 11 février, des hommes armés tuent quatre personnes qui se trouvaient dans un hôpital de Kumba avant de l'incendier[209]. Le 12 février, onze personnes sont blessées, dont plusieurs grièvement, lors de l'attaque du convoi du gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilai, à Kumba[210]. Le 16 février, 200 élèves du collège de Kumbo sont enlevés avant que 170 d'entre eux soient libérés le jour suivant. Les recherches se poursuivent pour libérer les derniers otages[211].
Le 14 mars, l'armée incendie plusieurs maisons dans les départements du Donga-Mantung et du Menchum, et tue au moins 12 personnes[212]. Le mois est également marqué par plusieurs enlèvements. Le 19 mars, l’entraîneur du Young Sports Academy Bamenda (YOSA) est libéré après plusieurs heures de captivité. Dans la nuit du 19 au 20 mars, un ancien membre du gouvernement est enlevé dans sa résidence de Ntabesi, près de Bamenda. Le 20 mars, au moins quinze étudiants de l'université de Buéa, sont enlevés sur le campus universitaire[213] avant d'être libérés dans la nuit du 21 au 22 mars[214].
Le 1er avril, l'armée attaque un hôpital à Mbingo, tuant une femme et blessant une autre personne, selon HRW[215]. Le 4 avril, les séparatistes imposent une ville morte de 10 jours à Buéa[216]. L'armée tue cinq civils lors d'une « attaque meurtrière » dans le village de Meluf, selon HRW[215]. Le 14 avril, quatre soldats et trois séparatistes sont tués à Bali[217]. À Ekona Mbenge, au moins six personnes sont tuées lors d'une offensive militaire[218]. Le lendemain, l'armée procède à des arrestations massives à Buéa, à la recherche de camps de séparatistes[219]. Dans la nuit du 23 au 24 avril, plusieurs camps de séparatistes sont démantelés et six d'entre eux sont tués dans des combats à Kwakwa et à Bafut[220]. Le 24 avril, des hommes armés incendient la maison du maire de Fundong[221]. À Muyuka, un gendarme est kidnappé, décapité puis eviscéré par des séparatistes[220]. Le 27 avril, l'homme politique John Fru Ndi est enlevé par des séparatistes à Kumbo, mais est finalement libéré le jour même[222]. Le 30 avril, l'armée tue un civil et incendie au moins 10 maisons dans le village de Kikaikelaki[223].
Le 15 mai, deux soldats sont tués à Mankon provoquant des représailles, au cours desquelles l'armée a incendié plus de 70 maisons, pillé des maisons et des magasins, tué un civil et abattu des animaux domestiques. Le 20 mai, jour de la Fête nationale, un bébé de 4 mois est tué à Muyuka et le 21 mai, un enseignant de lycée est décapité à Bamenda. Les séparatistes et l'armée s'accusent mutuellement d'être à l'origine des violences[224].
Le 15 juin, quatre policiers sont tués dans l'explosion d'une mine dans la localité d'Otu[225]. Le 27 juin, John Fru Ndi est enlevé pour la seconde fois en deux mois[226].
De violents affrontements ont lieu en juillet. Le 3 juillet, des séparatistes attaquent un bateau de l'armée transportant 13 soldats, sur la rivière Ekpambiri, dans le département de la Manyu. Trois soldats réussissent à s'échapper, deux sont secourus, un est retrouvé mort cinq jours après, et sept sont portés disparus. L'armée déclare qu'elle sait de quelle base proviennent les assaillants et qu'une opération sera lancée pour la neutraliser[227]. Le 8 juillet, au moins deux gendarmes sont tués et plusieurs autres sont blessés, dans une embuscade à Ndop[228]. Le 11 juillet, au moins sept séparatistes sont tués dans le village d'Esu[229]. Le 12 juillet, des hommes armés enlèvent 30 passagers d'un bus passant par Belo, mettant en évidence des luttes intestines entre groupes séparatistes locaux[230]. Un soldat et trois séparatistes sont tués à Buéa le 14 juillet[231], et au moins un soldat et au moins cinq séparatistes sont tués à Mbiame, trois jours plus tard[232]. Du 21 au 22 juillet, un gendarme et quatre séparatistes sont tués dans des affrontements à Eyumodjock[233].
Le 4 août, des séparatistes tendent une embuscade et tuent un soldat et son chauffeur à Penda Mboko, dans la région du Littoral, la deuxième attaque depuis mars. Le 14 août, dans le but de saboter la nouvelle année scolaire, les séparatistes annoncent la mise en place des villes mortes dans les régions anglophones du 2 au 6 septembre et du 9 au 13 septembre, couvrant les deux premières semaines de l'année scolaire[234]. Fin août, la condamnation de leaders séparatistes entraîne une escalade du conflit et une série de villes mortes, mettant fin aux espoirs d'une rentrée scolaire normale début septembre. En l'espace d'une semaine, les violences et l'incertitude poussent des dizaines de milliers de personnes à fuir les régions anglophones[235]. En raison de l'escalade du conflit, les efforts mis en œuvre par le gouvernement pour rouvrir au moins 4 500 écoles avant le 2 septembre échouent finalement[236].
Le 11 septembre, le président Paul Biya annonce la tenue d'un « grand dialogue » national à la fin du mois sur le conflit. L'annonce est saluée par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres qui « encourage le gouvernement camerounais à veiller à ce que le processus soit inclusif et réponde aux défis auxquels le pays est confronté »[237]. Entre-temps, le conflit se poursuit ; le 20 septembre, des coups de feu sont entendus à Bamenda près d'un hôtel abritant le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, et des hauts fonctionnaires de son ministère[238]. Le 24 septembre, au moins 10 soldats du Bataillon d'intervention rapide (BIR) attaquent le palais de la chefferie de Bafut pendant une cérémonie, à la recherche de séparatistes, et se livrent au pillage du musée de la chefferie. La chefferie, qui est à l’épicentre du conflit, est inscrite depuis 2006 sur la liste indicative de sites du patrimoine mondial[239].
Pendant que le Grand dialogue national se déroule, un nombre important de la minorité anglophone célèbrent le troisième jour de la déclaration d'indépendance des régions anglophones le 1er octobre. Neuf personnes sont tuées dans des affrontements à travers les régions anglophones[240] et le commandant séparatiste Oliver Lekeaka s'autoproclame « souverain du district de Lebialem » dans la région du Sud-Ouest[241]. Au cours du mois d'octobre, un séparatiste se rend avant d'être assassiné par d'autres séparatistes[242]. Les séparatistes commencent également à ouvrir des « écoles communautaires » dans les régions anglophones, offrant une alternative aux écoles publiques qu'ils boycottent depuis des années[243].
Le 1er décembre, des séparatistes ouvrent le feu sur un avion de la compagnie Camair-Co lors de son approche de l'aéroport de Bamenda. Aucun mort ni blessé n'est à déplorer[244]. Les séparatistes tentent également de saboter les prochaines élections législatives. En l'espace d'une semaine, ces derniers enlèvent une quarantaine de fonctionnaires, dont deux maires et au moins 19 conseillers municipaux[245]. Le 19 décembre, une attaque de séparatistes présumés fait trois morts dont deux femmes et quatre blessés à Ekona[246]. L'armée lance une série d'opérations dans les départements du Mezam, du Boyo, du Donga-Mantung, du Bui et du Ngo-Ketunjia qui, en six jours, forcent environ 5 500 personnes à fuir leurs foyers[247].
2020
modifierDébut 2020, les séparatistes déclarent une ville morte d'une durée de cinq jours pour le mois de février, destiné à empêcher la tenue des prochaines élections parlementaires dans les régions anglophones[248]. Des affrontements ont lieu à Buéa et à Muyuka, où les séparatistes incendient le bureau de l'officier divisionnaire[249]. Le 6 janvier, le commandant séparatiste « Général Divine » est tué par ses propres hommes[250]. À la suite de soulèvements populaires contre les séparatistes à Balikumbat et à Babungo, les FDA ordonnent à ses hommes de prendre des mesures contre toute personne surprise à terroriser les civils. Le mois de janvier est également marqué par de graves différends internes entre les séparatistes. Les Forces de défense du Cameroun méridional (FDCM) enlèvent 40 combattants des FDA, dont six sont retrouvés morts[251]. Le commandant séparatiste « général Chacha », responsable de l'enlèvement, est capturé et sommairement exécuté par l'armée une semaine plus tard[252].
Les élections législatives ont lieu en février et sont marquées par une escalade sans précédent du conflit. Des centaines de soldats supplémentaires sont déployés pour déjouer les tentatives de sabotage des séparatistes. Les efforts déployés par le gouvernement pour éviter une nouvelle débâcle semblable à celle de l'élection présidentielle de 2018 échouent car le taux de participation dans les régions anglophones est très faible. Les séparatistes affirment que 98 % de la population a boycotté le scrutin et saluent cette abstention comme une « grande victoire »[253]. Les résultats dans 11 circonscriptions sont annulés en raison des activités séparatistes, déclenchant une réélection partielle en mars. Les nouveaux résultats sont largement identiques, avec une participation marginale et des affrontements tout au long de la journée[254]. Le 9 février, jour des élections législatives et municipales, des affrontements entre militaires et séparatistes éclatent et durent plusieurs heures à Muyuka, empêchant la tenue du scrutin[255]. Le 14 février, des hommes armés attaquent le quartier de Ngarbuh à Ntumbaw, tuant 22 civils, dont 14 enfants. L’opposition et des ONG locales accusent le gouvernement et les militaires d'être responsables de la tuerie. Le 17 février, l'armée dément toute implication et assure que le massacre proviendrait d'un « malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation dans la région ». Le 18 février, l'ONU réclame aux autorités camerounaises une enquête « indépendante, impartiale et complète »[256]. Le 29 février, plus d'une dizaine de personnes sont tuées lors d'une opération militaire dans le village de Babanki[257]
Le 1er mars, des soldats violent une vingtaine de femmes, dont quatre handicapées, et passent à tabac une trentaine d'hommes à Ebam, selon HRW[258]. Dans la nuit du 7 au 8 mars, à Galim dans la région de l'Ouest, des séparatistes présumés attaquent une gendarmerie et un commissariat tuant huit personnes dont deux gendarmes, deux policiers et quatre civils. Les assaillants emportent des armes et des munitions. Quelques heures plus tard, des séparatistes présumés actionnent un engin explosif improvisé lors des manifestations liées à la Journée internationale des droits de la femme à Bamenda tuant un militaire et blessant gravement sept personnes[259]. L'armée mène par la suite une offensive dans le département du Ngo-Ketunjia, où elle affirme avoir détruit 10 camps de séparatistes et tué au moins 20 d'entre eux, dont certains ont participé à l'attaque de Galim[260]. Le 26 mars, à la suite de l'appel de l'ONU pour un cessez-le-feu mondial, les FDCM déclarent un cessez-le-feu en raison du Covid-19[261]. Le 30 mars, des séparatistes attaquent un véhicule blindé, tuant un soldat et 11 fonctionnaires, dont deux maires adjoints à l'arrondissement d'Oku[262].
Le 8 avril, en réponse aux déclarations du gouvernement qui annoncent la fin du conflit, des séparatistes attaquent des bases militaires et détruisent des infrastructures dans des villages des régions anglophones[263]. Le 16 avril, deux notables sont tués par des séparatistes présumés à Bambili[264]. Alors que les FDCM prolongent leur cessez-le-feu unilatéral[263], les séparatistes mènent des attaques coordonnées dans plusieurs villages[265], assassinant des chefs traditionnels[266] et enlevant trois fonctionnaires[267].
Le 1er mai, les autorités annoncent la mort de deux commandants séparatistes, connus sous le nom de « Général Alhaji » et « Général Peace Plant ». Les séparatistes confirment les pertes[268]. L'opération a également causé des pertes civiles : une personne est tuée le premier jour de l'opération par l'armée[269]. Les villageois affirment que 13 civils sont tués dans les combats. Cette affirmation est démentie par l'armée[270]. Le 10 mai, des séparatistes assassinent le maire nouvellement élu de Mamfé[271], et quelques heures plus tard, le chef du télécentre de Bakebe[272]. Des affrontements tribaux ont lieu dans le village de Ndu 1, où des miliciens Mbororos tuent deux civils[273]. Le 19 mai, l'un des membres incarcérés du cabinet initial du gouvernement intérimaire de l'Ambazonie, le barrister Shufai, qui avait été transféré dans un hôpital quatre jours auparavant, est enchaîné et maltraité par des gardes. Il a été transféré à l'hôpital après 10 jours de détérioration de son état de santé et arrive inconscient. Il est finalement renvoyé à la prison centrale de Kondengui bien qu'il soit immunodéprimé et risque de contracter le COVID-19 dans une prison surpeuplée. Son traitement est condamné par ses avocats et par Human Rights Watch[274]. Le lendemain, le Cameroun célèbre sa fête annuelle de l'Unité. Les séparatistes avaient annoncé une ville morte entre le 19 et le 21 mai et ils patrouillent dans les lieux publics pendant le jour férié afin de faire respecter la ville morte[275]. Selon l'armée camerounaise, six personnes sont tuées dans des affrontements au cours de la semaine précédente. Les séparatistes affirment avoir enlevé neuf personnes qui avaient regardé les célébrations à la télévision[276]. À Bamenda, l'armée affirme avoir découvert et désarmé plusieurs engins explosifs improvisés[277].
Le 24 mai, l'armée installe une base militaire dans le quartier de Ngarbuh afin de couper une route d'approvisionnement des séparatistes depuis le Nigeria. En l'espace d'une semaine, plus de 300 villageois fuient, craignant la présence des soldats et la possibilité d'un nouveau massacre, semblable à celui de Ngarbuh[278]. Quatre jours plus tard, des soldats camerounais tuent quatre hommes non armés à Buéa. Une autre personne est tuée par des soldats à Mbiame. À la fin du mois de mai, des séparatistes sont accusés par Human Rights Watch d'avoir enlevé et maltraité un travailleur humanitaire ainsi que des membres d'une organisation à but non lucratif. Tous sont finalement libérés[279].
Le 1er juin, au moins cinq soldats sont tués dans une embuscade tendue par des séparatistes à Otu[280]. Un nombre indéterminé de soldats sont également blessés dans l'embuscade. Le lendemain, le journaliste Samuel Wazizi, qui avait été arrêté en 2019, pour des liens présumés avec les séparatistes, est annoncé mort dans un hôpital militaire, après avoir été torturé par des soldats[281]. Les autorités confirment la mort de Samuel Wazizi trois jours après les rapports initiaux et réitèrent l'accusation initiale contre celui-ci. Elles attribuent sa mort à une « septicémie sévère »[282]. À Malende, l'armée mène une opération pour expulser les séparatistes de la localité. Selon le gouvernement, sept séparatistes sont tués lorsque l'armée envahit leur base[283]. Le 5 juin, des séparatistes tuent un commandant de gendarmerie à Njikwa[284]. À la mi-juin, l'armée lance deux opérations distinctes, tuant au total 24 séparatistes en quatre jours : 11 à Mbokam et 13 à Bali, Batibo et Widikum-Boffe. L'armée déclare avoir eu un mort et un blessé au cours des combats[285]. Pendant les quatre jours de combat, l'armée lève le blocus de la route Bamenda-Enugu, où les séparatistes avaient extorqué de l'argent aux voyageurs. Les séparatistes condamnent ce blocus et nient leur implication[286].
À la fin du mois de juin, l'armée a largement repoussé les séparatistes hors de Buéa (bien qu'ils se soient ensuite affrontés avec l'armée à cet endroit au début du mois de juillet[287]), où de nombreux combats ont eu lieu en 2018. À ce moment, les milices séparatistes de la région du Nord-Ouest subissent de lourdes pertes lors d'opérations de l'armée. Une source au sein de l'armée affirme que le Cameroun est « proche de gagner le conflit »[288]. D'autres sources affirment qu'aucun des deux camps n'est en mesure de l'emporter et que le mécontentement interne pousse le Cameroun vers un cessez-le-feu. En outre, des appels internationaux à un cessez-le-feu pour faire face à la pandémie de COVID-19 sont également constatés et exercent une pression sur le gouvernement[289]. Dans la nuit du 2 au 3 juillet, une première rencontre entre les leaders séparatistes et les émissaires du pouvoir en vue d'un cessez-le-feu aurait eu lieu à Yaoundé. Lors de cette première rencontre, le leader séparatiste Sisiku Julius Ayuk Tabe aurait renouvelé des préalables tels que la démilitarisation des régions anglophones, la libération des prisonniers directement liés au conflit, la tenue des pourparlers hors du Cameroun dans un territoire neutre, entre autres[290]. Dans le même temps, les séparatistes imposent une ville morte de trois jours en réponse aux plans du gouvernement, visant à commencer la reconstruction des régions anglophones, avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), intitulé « Programme présidentiel pour la reconstruction et le développement » (PPRD)[291].
Le 2 juillet également, deux engins explosifs improvisés explosent à Yaoundé, ce qui laisse supposer que les séparatistes ont la capacité d'attaquer la capitale camerounaise. La police lance une alerte à ce sujet en juillet. Une autre explosion au début du mois de juillet blesse quatre personnes[292]. Après les explosions, les forces de sécurité procèdent à des descentes dans les quartiers où vivent les déplacés des régions anglophones. Dans les jours qui suivent, de nombreux Camerounais anglophones accusent les autorités d'abus[293]. Le 7 juillet, l'armée lance l'Opération Ngoke-Bui qui consiste en une série de raids contre les camps séparatistes du Ngo-Ketunjia et du Bui. Au cours de cette opération, 17 séparatistes et au moins un soldat sont tués[294]. Le 9 juillet, un agent de santé travaillant pour Médecins sans frontières (MSF) est tué par des hommes armés à Banga Bakuande[295]. Le 13 juillet, une milice séparatiste connue sous le nom de « Gorilla Fighters »[296] et dirigée par le « général Ayeke » enlève 63 civils à Mmuock Leteh (en). 25 d'entre eux sont libérés le lendemain, et les autres le 15 juillet. Les proches de certains civils enlevés ont dû payer une rançon pour obtenir leur libération. Un otage déclare qu'il a été maltraité[297].
Le 7 août, un humanitaire est enlevé puis tué à Batibo[298]. Le 11 août, une femme est décapitée par des séparatistes présumés à Muyuka[299]. Le 14 août, des villageois tuent 17 séparatistes à Nguti. Un chef séparatiste local identifie les personnes tuées comme étant des « séparatistes voyous »[300]. Le 19 août, plus de 130 ex-combattants séparatistes se sont échappés de centres de réintégration. Selon les journaux locaux, un certain nombre d'entre eux rejoignent les rangs des séparatistes[301]. Dans le but d'empêcher la production d'armes par les séparatistes, les autorités interdisent la vente de machettes et de barres de fer dans les régions anglophones[302].
Au cours du mois de septembre, une forte escalade du conflit est constatée à Bamenda. Des séparatistes tuent un policier le 1er septembre[303]. La police répondent en détruisant des magasins et en tirant sans discernement, obligeant la population civile à rester chez elle. Dans les jours qui suivent, des centaines de personnes sont arrêtées et les habitants accusent les militaires d'atrocités[304]. À Bamenda également, des séparatistes tuent un officier de police et quatre jours plus tard, l'armée tuent le commandant séparatiste, Luca Fonteh, dans la ville[305]. Le 8 septembre, les autorités annoncent le début d'une opération militaire contre les séparatistes dans la ville[306]. Cette annonce est mal accueillie par la population civile qui accuse les soldats d'extorsion[307]. L'armée exécute sommairement deux personnes le 14 septembre et cinq autres civils quelques jours plus tard[308]. Le 22 septembre, l'armée tue six civils à Buéa, prétendument pour ne pas leur avoir montré l'emplacement de cachettes séparatistes[308]. Le 28 septembre, l'armée annonce qu'au cours des quatre derniers jours, elle a expulsé les séparatistes d'une centaine d'écoles des régions anglophones afin de permettre la réouverture de celles-ci le 5 octobre. Au moins neuf séparatistes et au moins deux soldats sont morts au cours des combats[309].
Le 1er octobre marque le troisième anniversaire de la déclaration d'indépendance des régions anglophones. Pour la commémoration, les séparatistes hissent des drapeaux de l'Ambazonie dans plusieurs villes des régions anglophones, notamment à Buéa. Des célébrations ont également lieu dans le département du Lebialem[310]. Les réfugiés camerounais au Nigeria célèbrent également le jour de la déclaration d'indépendance[311]. L'armée déploie des renforts pour arrêter les célébrations, et des affrontements sont signalés dans les départements du Bui, de la Momo et du Boyo[312]. Le 11 octobre, l'armée lance une offensive de trois jours contre les séparatistes à Wabane[313] et dans le Lebialem[314]. Deux jours plus tard, l'armée tue le « Général Ayeke », commandant de la milice « Gorilla Fighters », à Besali[296]. 13 otages sont libérés d'un camp séparatiste qui est finalement détruit. Un soldat est tué au cours des combats. L'opération est décrite comme « sanglante », même si l'ensemble des séparatistes n'ont pas participé aux affrontements et se sont échappés de leur base. Le cadavre du « général Ayeke » est transporté par avion à Kumba où il est exposé publiquement[315]. Au total, trois soldats et au moins 12 séparatistes sont morts au cours de cette offensive de trois jours[314]. Le 24 octobre, au moins sept enfants âgés de 9 à 12 ans sont tués et une douzaine d'autres blessés dans l'attaque d'une école à Kumba. L'attaque n'est pas revendiquée mais le gouvernement accuse des « bandes armées terroristes sécessionnistes »[316]. Quelques jours plus tard, le gouvernement annonce que le Bataillon d'intervention rapide (BIR) a identifié et tué un commandant séparatiste, responsable du massacre[317].
En novembre, les attaques contre les écoles se multiplient. Le 3 novembre, quatre hommes à mobylette armés de fusils de guerre ouvrent le feu sur une école secondaire à Bamenda, avant de s'enfuir faisant quelques blessés légers à la suite d'un mouvement de panique[318]. Des hommes armés enlèvent au moins six enseignants et plusieurs dizaines d'élèves âgés de 4 à 12 ans à Kumbo[319]. Le 4 novembre, une dizaine d'hommes armés font irruption dans un collège de Limbé, terrorisent et violentent élèves et professeurs, et incendient les locaux. À Fundong, huit élèves du lycée bilingue de la ville sont enlevés avant d'être rapidement relâchés[318]. Le 5 novembre, le cardinal Christian Wiyghan Tumi est enlevé avec une dizaine de personnes près de Kumbo[320], avant d'être libéré le jour suivant[321]. Le 6 novembre, à Liwu La-Malale, dans la région du Sud-Ouest, le chef du village est tué et son palais incendié par des séparatistes, ce qui contraint des centaines de villageois à fuir[322]. Le 14 novembre, des hommes armés attaquent un groupe scolaire à Mamfé, blessant un enseignant et un élève[323]. Le 18 novembre, deux enseignants et le principal d'une école sont enlevés dans leur établissement par des hommes armés à Bamenda[324].
Le 4 décembre, les séparatistes appliquent une ville morte de quatre jours, visant à perturber l'élection régionale prévue le 6 décembre[325]. Tout au long de la journée électorale, des affrontements ont lieu à Bamenda. Plusieurs personnes sont blessées par balle et un conseiller du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, est tué après avoir été pris entre deux feux, lors d'une fusillade entre séparatistes et forces de police[326]. À Kumbo, des séparatistes entrent dans une église et prennent les occupants en otage. Des affrontements ont également lieu à Buéa[327]. À Babessi, un séparatiste est tué à son domicile dans une embuscade tendue par des soldats[328].
2021
modifierLe 6 janvier, quatre militaires et une civile sont tués dans un attentat à la bombe au passage d'un convoi officiel dans la région du Nord-Ouest, attribué aux séparatistes[329]. Le 8 janvier, des séparatistes attaquent un point de contrôle à Matazem, à cheval entre les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, tuant quatre soldats et deux civils[330]. Le 10 janvier, un raid militaire dans la localité de Mautu fait neuf morts et plusieurs blessés[331]. Le 20 janvier, un journaliste est enlevé par des hommes armés à Bamenda[332]. Dans la nuit du 22 au 23 janvier, plusieurs habitations sont incendiées à Muyuka[333]. Le 30 janvier, un véhicule blindé de la police saute sur un engin explosif improvisé sur l'axe Bali-Bamenda avant d'essuyé des tirs de kalashnikov[334]. Fin janvier, une bombe explose non loin d'un stade où se joue un match Zambie-Nambie lors du Championnat d'Afrique des nations de football (CHAN). En réaction, l'armée est mobilisée dans les villes de Limbé et Buéa[335]. Le mois de janvier est marqué par une recrudescence des violences avec plus de 30 personnes tuées[336].
Le 1er février, deux séparatistes sont tués et un commandant séparatiste surnommé « général Sweet Tuma » est interpellé lors d'un raid militaire dans le village de Menda-Nkwe[337]. Le 3 février, trois agents de la commune de Bamenda II sont enlevés par des séparatistes présumés[338]. Le 4 février, des hommes armés non identifiés ouvrent le feu sur une ambulance de Médecins sans frontières (MSF) dans la région du Sud-Ouest, blessant une infirmière[339]. Le 5 février, l'armée libère quatre otages d'un camp séparatiste dans la localité de Ntankah. L'armée déclare n'avoir subi aucune perte et affirme que quatre séparatistes ont été tués et quatre autres capturés au cours des combats. Un civil est blessé au cours du raid[340]. Le 8 février, deux soldats sont tués dans une embuscade de séparatistes à Bamenda[341]. Le 10 février, l'armée annonce avoir tué cinq séparatistes dont « Above the law », chef présumé du commando du massacre de l'école de Kumba, survenue le [342]. Le 14 février, quatre soldats du 21e Bataillon des fusiliers marins d'Ekondo sont tombés dans une embuscade tendue par des séparatistes présumés dans le village de Bekora Barombi. Au cours de l'attaque, trois des quatre soldats sont tués et le quatrième est grièvement blessé[343]. Le 15 février, un capitaine de l'armée est abattu par des séparatistes à Kumbo[344]. Entre le 22 et le 26 février, au moins 4 200 personnes sont déplacées de sept villages de Nwa, à la suite d'attaques menées par des groupes d'autodéfense peuls[345]. Par ailleurs, le 23 février, les forces de défense et les séparatistes se sont affrontés pendant deux heures à Bambili, tuant deux séparatistes[346].
Le 1er mars, douze séparatistes sont tués par l'armée dans le village de Yeloum[347]. Le 9 mars, un chef séparatiste est arrêté par l'armée lors d'une opération de ratissage à Konye[348]. Le 18 mars, six séparatistes sont tués lors d'une opération du 6e Bataillon d'intervention rapide (BIR) à Foé Bakundu[349]. Le 26 mars, des séparatistes présumés attaquent un convoi du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) à Ikata[350].
Le 18 avril, neuf otages des séparatistes sont libérés par l'armée à Pinyin, Santa et Akum[351]. Au moins cinq civils sont tués par des hommes armés dans un bar à Bamenda II[352]. Le 30 avril, quatre soldats sont tués par des séparatistes dans le village de Menfoung[353].
Le 3 mai, six agents de la commune de Kumbo sont enlevés par des séparatistes présumés[354]. Le 9 mai, un séparatiste est neutralisé à Adere et des armes et des munitions sont récupérées. Plusieurs blessés s'échappent et un enseignant pris en otage est libéré[355]. Le 12 mai, deux séparatistes se tuent accidentellement lors d'une tentative d'attentat à Ekok[356]. Le 13 mai, l'armée désarmorce une bombe artisanale à Kumba[357]. Le 15 mai, une opération militaire baptisée « Bui Clean » est lancée contre les séparatistes. Menée par la 5e région militaire interarmées, elle mobilise près de 300 soldats et dure un mois. Plusieurs séparatistes sont tués, ainsi que quatre soldats et plusieurs blessés[358]. Le 17 mai, plusieurs enseignants sont enlevés à Kumbo[359]. À l'approche du 20 mai, jour de la fête nationale, des affrontements éclatent entre les séparatistes et les troupes gouvernementales à Kumbo, Buh, Takijah, Meluf, Oku et Ndop. Ces violences font au moins 16 morts et 60 maisons sont incendiées[360]. Le 24 mai, quatre gendarmes sont tués par des séparatistes à Lassin[361]. Le 31 mai, des séparatistes présumés tuent deux civils et en blessent trois autres à Kombou[362].
Le 14 juin, des séparatistes de la milice Fako Action Force attaquent un commissariat de police à Buéa, blessant deux policiers. D'autres attaques ont lieu dans la ville. Aucune victime n'a été signalée, mais un taxi est incendié après de violents affrontements entre les forces de défense et de sécurité et les séparatistes[363]. Le 18 juin, deux soldats et un fonctionnaire sont tués dans la région du Sud-Ouest. Cinq autres fonctionnaires sont pris en otage. Le 19 juin, trois gendarmes sont tués par des séparatistes dans la région du Nord-Ouest[364]. Les autorités affirment que le mois de juin a été le plus sanglant de l'année, avec plus de 40 personnes tuées et 70 maisons incendiées. L'armée affirme avoir été impliquée dans au moins 30 affrontements violents avec les séparatistes au cours du mois[365].
Le 2 juillet, des séparatistes présumés tuent une femme d'affaires nigériane à Manyemen[366]. Le 14 juillet, deux gendarmes sont tués par des hommes armés et un autre est blessé à Babadjou[367]. Le 18 juillet, au moins quatre policiers sont tués dans une embuscade tendue par des séparatistes à Bali[368]. À Kumba, un « général » séparatiste est capturé par l'armée[369]. Le 23 juillet, un gendarme est tué dans une embuscade tendue par des séparatistes à Pinyin[370].
Le 7 août, une femme enceinte est tuée lors d'une tentative d'enlèvement par des séparatistes à Bamenda[371]. Le 16 août, un chauffeur de taxi est abattu par des séparatistes présumés à Buéa[372]. Le 20 août, les autorités annoncent que l'armée a tué sept séparatistes lors d'opérations menées à Bali et à Bafut[373]. Le 22 août, des hommes armés ouvrent le feu dans une église à Bali, tuant une personne et blessant le curé[374]. Le 23 août, un humanitaire canadien de la Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est tué à Bamenda[375]. À Oku, des séparatistes incendient le marché principal, deux bâtiments publics et des résidences privées[376]. Le 29 août, de jeunes hommes armés se présentant comme des « combattants séparatistes » sont entrés dans le séminaire et ont enlevé un prêtre dans le département de Manyu[377]. Le 30 août, deux soldats sont tués à Mundemba[378].
Le 9 septembre, un inspecteur de police est tué par des hommes armés à Bamenda[379]. Le 10 septembre, un homme est tué à Bamenda II[380]. Le 11 septembre, deux soldats sont tués dans la localité de Chouame[381]. Le 12 septembre, quatre séparatistes sont tués par l'armée à Bamenda[382]. Le 14 septembre, sept soldats sont tués dans une embuscade de séparatistes sur l'autoroute Kumbo-Tatum[383]. À Mbalangi, une civile est tuée et quatre autres blessées lors d'affrontements[384]. Dans la nuit du 14 au 15 septembre, un « général » séparatiste est arrêté lors d'une opération militaire à Nake Bokoko[385]. Le 15 septembre, le gérant d'un bar est tué à Bamenda[386]. Le 16 septembre, une dizaine de soldats sont tués dans une embuscade à l'est de Bamenda[387]. Le 20 septembre, un convoi militaire est attaqué par des assaillants à Big Babanki[388]. Le 21 septembre, un chauffeur de bus est abattu par des hommes armés sur l'axe Bamenda-Babadjou[389]. Le 25 septembre, un soldat est tué par un engin explosif improvisé à Kumbo[390]. Le 26 septembre, un gendarme est abattu à Bafut[391].
En octobre, une soixantaine de militaires camerounais envahissent les villages de Mairogo et de Tosso au Nigeria, harcelant et intimidant leurs habitants, selon l'ONU et les autorités locales[392]. Le 1er octobre, date de la proclamation d'indépendance par les séparatistes, les régions anglophones sont confinés[393]. Trois séparatistes et un soldat sont tués dans des affrontements dans le village de Wanti[394]. Le 4 octobre, un enseignant est tué à Wum[395]. Le 5 octobre, le Premier ministre Joseph Dion Ngute est accueilli par des tirs à Bamenda, alors qu'il entame son programme de visite de quatre jours dans la région du Nord-Ouest. Le Premier ministre est exfiltré et conduit dans sa voiture[396]. Le 7 octobre, trois séparatistes sont neutralisés sur l'axe Bamenda-Benwi[397]. Le 12 octobre, une patrouille du 6e Bataillon d'intervention rapide (BIR) est attaquée par des séparatistes dans la localité de Bafia, dans l'arrondissement de Muyuka. Le BIR riposte, tue trois séparatistes et en blesse plusieurs autres, et récupère cinq armes de guerre, deux motos et trois téléphones portables. Un soldat du BIR est également tué[398]. Le 14 octobre, un gendarme tue une écolière en tirant sur un véhicule où elle se trouvait et se fait lyncher par la foule à Buéa[399]. Le 20 octobre, un soldat est tué à Bamenda[400]. Le 21 octobre, huit séparatistes sont tués par l'armée dans le village d'Akeh[401]. Le 24 octobre, la présidente de l'église presbytérienne de Ntamulung est enlevée par des hommes armés[402]. Le 25 octobre, une femme d'affaires est tuée lors d'un échange de tirs à Ndop[403]. Le 29 octobre, un séparatiste surnommé « Général Cross and Die » est tué par l'armée à Mankon[404].
Le 1er novembre, un engin explosif explose dans un taxi à Molyko, blessant des passagers et le conducteur. Un suspect est interpellé[405]. Le 4 novembre, deux soldats sont tués dans une embuscade de séparatistes dans la région du Sud-Ouest[406]. Le 8 novembre, un conducteur de taxi est tué par un engin explosif improvisé à Buéa[407]. Le 10 novembre, onze étudiants sont blessés par l'explosion d'un engin explosif improvisé à l'université de Buéa[408]. À Bamenda, plusieurs civils et deux policiers sont blessés dans un autre incident identique[409]. Le 12 novembre, une fillette de 7 ans est tuée par balle par la police à Bamenda, provoquant des tensions dans la ville[410]. Le 14 novembre, une patrouille mixte composée d'éléments des forces de défense et de sécurité est tombée dans une embuscade tendue par des séparatistes à Matazem. Le véhicule de patrouille saute sur un engin explosif improvisé. Des hommes armés embusqués ouvrent alors le feu. Un bilan provisoire fait état de cinq policiers et trois gendarmes tués. Dans la nuit du 14 au 15 novembre, une partie d'un marché de Santa est incendiée[411]. Le 15 novembre, deux séparatistes sont tués par la police lors d'un affrontement à Bamenda[412]. À Baligham, une chefferie est incendiée par une vingtaine de séparatistes[413]. Le 17 novembre, des séparatistes présumés attaquent le village de Manga, dans l'État de Taraba, au Nigeria, tuant onze personnes, dont le chef traditionnel[414]. À Bamenda, un véhicule militaire essuie des tirs sans faire de victimes[415]. Le 24 novembre, trois élèves et une enseignante sont tués dans l'attaque d'un lycée à Ekondo-Titi[416]. Un enseignant de l'université de Bamenda est enlevé par des hommes armés[417].
Le 3 décembre, trois gendarmes sont tués à Jakiri[418].À Kumbo, un « général » séparatiste qui tentait d'enlever une femme est neutralisé par la population locale[419]. Le 6 décembre, des explosifs explosent dans un marché de Buéa, semant la panique parmi les habitants. Les forces de sécurité s'efforcent de neutraliser un deuxième engin explosif[420]. Le 8 décembre, le Fon de Bambalang est enlevé par des séparatistes présumés[421]. Dans la nuit du 8 au 9 décembre, un engin explosif improvisé (EEI) détruit une cinquantaine de maisons, garages, magasins, ateliers de menuiserie et voitures, faisant plusieurs morts dans les flammes à Bamenda[422]. Le 9 décembre, un convoi du Bataillon d'intervention rapide (BIR) saute sur un engin explosif improvisé dans le quartier de Nitop, situé à la sortie de Bamenda, sur une route menant à Mbengwi, tuant un soldat. L'attaque est revendiquée par les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA). Dans la nuit du 9 au 10 décembre, des combats font 13 morts, dont des enfants[423]. Selon l'armée, quatre séparatistes sont neutralisés et un véhicule de l'armée est endommagé lors des affrontements[424]. Dans la nuit du 12 au 13 décembre, une bombe artisanale explose dans un quartier de Buéa, blessant une dizaine de personnes. La milice séparatiste Buea Ghost Fighters revendique l'attentat[425]. Le 17 décembre, six chefs traditionnels sont enlevés par des séparatistes présumés dans la localité de Sop[426]. Le 18 décembre, un soldat est tué par un engin explosif improvisé à Bamenda[427]. Le 20 décembre, un soldat en civil est tué par des séparatistes à Mabanda, en périphérie de Kumba[428]. Le 22 décembre, l'armée tue deux filles et en blesse une autre à Bamenda[429]. Le 26 décembre, un véhicule de Médecins sans frontières (MSF) est arrêté à un point de contrôle à Nguti avec à son bord, un séparatiste blessé. Les autorités affirment qu'une ambulance de l'organisation a pris en charge le rebelle sans les avertir et témoigne pour elles des « relations étroites avec les terroristes », des accusations démenties par l'ONG[430].
2022
modifierDébut 2022, des militaires camerounais envahissent le village de Mairogo, au Nigeria, selon un élu local[392].
Le 12 janvier, un sénateur du Front social démocrate est tué par des hommes armés à Bamenda[431]. Plusieurs personnes sont blessées dans des échanges de tirs entre soldats et séparatistes présumés à Buéa, qui abrite des équipes en lice pour la Coupe d'Afrique des Nations de football. Quelques semaines avant son lancement, certains groupes armés promettent de perturber la compétition et envoient des lettres de menaces aux équipes qui doivent jouer leurs matchs à Limbé et s'entraîner à Buéa[432]. Un soldat est tué par un engin explosif artisanal lors d'une attaque de séparatistes à Buéa[433]. Le 14 janvier, huit travailleurs de plantations de caoutchouc sont enlevés à Tiko. Les autorités accusent les séparatistes[434]. Le 18 janvier, un soldat est tué par des séparatistes à Ekona[435]. Le 19 janvier, quatre enseignants sont enlevés par des séparatistes présumés dans le village de Weh[436]. Le 20 janvier, un séparatiste surnommé « général Ebube » est neutralisé par le BIR dans la localité de Nseh[437]. Le 25 janvier, des séparatistes décapitent un soldat et en blessent d'autres à Galim[438]. Le 28 janvier, quatre séparatistes sont neutralisés lors d'échanges de tirs avec la gendarmerie à Bambalang[439].
Le 1er février, une réserve d'eau est attaquée par des séparatistes à Kumbo[440]. Le 8 février, des hommes armés incendient une école primaire publique à Buéa et trois jours plus tard, un collège catholique à Mamfé[441]. Le 14 février, un soldat est mort après avoir perdu une jambe dans l'explosion d'un engin explosif improvisé à Sabga[442]. Le 25 février, des séparatistes enlèvent dix enseignants d'une école pour enfants handicapés à Bamenda[443]. À Kumba, un « général » séparatiste est neutralisé[444]. Le 26 février, une infirmière est tuée par balles par des séparatistes présumés à Bamenda[445].
Le 2 mars, sept personnes dont un sous-préfet, un maire et un responsable local du parti au pouvoir, sont tuées dans l'attaque de leur convoi par des hommes armés à Ekondo-Titi[446]. Dans la nuit du 10 mars, le Fon d'Esu et sa première épouse sont tués par des assaillants non identifiés[447]. En réaction, les autorités annoncent le 11 mars le déploiement de troupes dans le village. Le même jour, une vaste opération militaire est lancée à la suite d'informations selon lesquelles des séparatistes préparaient une attaque contre des gendarmeries, ce qui a permis l'arrestation de plusieurs d'entre eux et la saisie de divers équipements[448]. Le 20 mars, trois jeunes hommes à moto, pris pour des séparatistes, sont abattus à Bamenda[449]. Le 30 mars, un employé d'Hysacam est blessé par balles par des séparatistes présumés à Bamenda[450]. Le 31 mars, un soldat du Bataillon d'intervention rapide (BIR) est tué par un engin explosif improvisé à Mbonge[451].
Le 4 avril, trois séparatistes sont tués par des villageois à Mbalangi[452]. Le 5 avril, des séparatistes attaquent l'université de Bamenda. L'armée riposte et repousse l'attaque[453]. Le 7 avril, 33 séminaristes sont enlevés dans la localité de Bachuo Ntai, puis relâchés le 8 avril[454]. Le 8 avril, les autorités camerounaises déclarent que des séparatistes ont attaqué un village à la frontière nigériane en début de semaine. Les autorités locales affirment qu'ils ont mis le feu à au moins 12 maisons et tué six personnes. Les autorités précisent que les rebelles semblent viser les membres de l'ethnie Mbororo, que les séparatistes accusent de collaborer avec les troupes gouvernementales. Les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA) revendiquent l'attaque[455]. Le 12 avril, quatre personnes dont un fonctionnaire pénitentiaire, sont tuées dans une embuscade dans la région du Nord-Ouest. L'attaque est revendiquée par les Forces de restauration de l'Ambazonie[456]. Le 22 avril, deux soldats sont tués dans une embuscade tendue par des séparatistes sur la route Mamfé-Ekok[457]. Le 25 avril, huit personnes sont tuées lors d'une incursion de l'armée à Guzang[458]. Le 30 avril, la sénatrice Elizabeth Regina Mundi est enlevée avec son chauffeur par des séparatistes dans la région du Nord-Ouest[459].
Le 1er mai, un avocat est enlevé par des hommes armés non identifiés à Bamenda[460]. Le 9 mai, deux soldats sont tués dans un attentat à l'explosif dans un village du Lebialem. À Jakiri, deux autres soldats sont tués dans une attaque attribuée aux séparatistes[461]. Le 17 mai, au moins trois séparatistes sont neutralisés dans le village de Ntumbaw lors d'une « opération spéciale » de l'armée[462]. Le 19 mai, un « commandant » séparatiste, surnommé « commandant Lion d’or » est capturé par les forces de défense à Oku lors d'une patrouille mixte[463]. Des ouvriers de la Cameroon Development Corporation (CDC), enlevés par des séparatistes, sont libérés par le BIR à Idenau[464]. Le 20 mai, lors de la Fête nationale, des combats entre les forces gouvernementales et les séparatistes éclatent dans les régions anglophones. L'armée déclare qu'au moins 28 séparatistes sont tués au cours des affrontements[465]. Le 26 mai, un correspondant de BBC est enléve dans la région du Nord-Ouest[466]. Le 28 mai, un séparatiste surnommé « Agent 10 » est tué par les forces de sécurité à Mamfé[467]. Le 29 mai, 24 civils sont tués et une soixantaine blessés par des séparatistes dans le village d'Obonyi II, selon le maire de la localité[468]. Le 31 mai, l'armée annonce avoir libéré des otages, dont la sénatrice Elizabeth Regina Mundi, à l'issue d'une opération dans la localité d'Ashong et ajoute qu'une « une dizaine de terroristes ont été neutralisés »[469].
Le 1er juin, neuf villageois sont tués par des soldats à Missong[470]. Dans la nuit du 7 au 8 juin, des séparatistes attaquent une gendarmerie à Njitapon, tuant cinq gendarmes et blessant trois autres[471]. Dans la nuit du 8 au 9 juin, des hommes armés incendient un hôpital à Mamfé[472]. Le 9 juin, l'armée déclare avoir déployé une centaine de soldats à Njitapon, à la suite de l'attaque des séparatistes[473]. Le 14 juin, deux soldats sont attaqués par des séparatistes dans le département du Boyo. L'un deux est abattu et l'autre décapité[474]. Dans la nuit du 27 au 28 juin, dix séparatistes sont arrêtés alors qu'ils tentent d'entrer à Babadjou. Deux gendarmes sont blessés au cours de l'opération[475].
Le 1er juillet, des séparatistes présumés attaquent un marché à Fondonera, dans la région de l'Ouest[476]. Le 5 juillet, deux civils accusés de collaborer avec l'armée sont tués par un « général » séparatiste à Bamali[477]. Le 8 juillet, des assaillants attaquent une brigade à Mbiame, tuant un soldat[478]. Le 12 juillet, le commandant séparatiste Oliver Lekeaka, surnommé « Field Marshall », chef du groupe armé Red Dragon, est tué par l'armée[479]. Le 27 juillet, un officier supérieur du Bataillon d'intervention rapide (BIR) est tué par des séparatistes à Kumba[480]. Le 31 juillet, dix séparatistes sont tués par l'armée lors d'affrontements à Batibo et Bambui[481].
Le 2 août, l'armée déclare que 17 séparatistes ont été tués au cours de trois jours de combats à Batibo. Dix-huit autres séparatistes sont capturés à Bambui, Batibo et Noni. L'armée déclare également avoir détruit ou saisi des armes, des engins explosifs de fabrication locale et plusieurs dizaines de motos utilisées par les séparatistes pour attaquer les troupes gouvernementales. Le commandant des FDA Capo Daniel déclare que le groupe avait perdu 11 combattants ainsi que des armes et des motos. Il précise que les combats ont été violents dans les villages d'Enyoh et d'Ewah. Les groupes séparatistes affirment qu'au moins deux douzaines de soldats ont été tués lors des affrontements. L'armée nie que des soldats aient été tués, déclarant que quelques-uns ont été légèrement blessés[482]. Le 10 août, sept soldats sont tués par des séparatistes dans le Bamboutos[483]. À Kumbo, un commandant de brigade est tué à son domicile[484]. Le 14 août, des séparatistes attaquent un avant-poste de l'armée à Kengwo tuant trois personnes dont un militaire et un policier[485]. Le 28 août, des séparatistes attaquent un convoi militaire près de Nkambé, tuant deux soldats et un civil[486].
En septembre, le président Paul Biya ordonne le déploiement d'unités spéciales de l'armée dans les régions anglophones[487]. Le 6 septembre, au moins six personnes sont tuées et huit autres blessées dans une attaque séparatiste contre un autobus aux alentours de la ville d’Ekona[488]. Une enseignante est tuée par balles par des séparatistes dans la région du Sud-Ouest[489]. Deux civils sont blessés par balles à Bamenda III[490]. Le 9 septembre, trois séparatistes sont tués dans des affrontements avec l'armée dans le village d'Awing[491]. Du 10 au 11 septembre, six séparatistes sont tués dans des affrontements avec l'armée dans le département du Bui[492]. Le 14 septembre, un poste de contrôle de l'armée est incendié par des séparatistes à Jakiri[493]. Dans la nuit du 15 septembre, plusieurs commerces sont incendiés à la suite d'affrontements dans le village de Kossala, dans l'arrondissement de Kumba II[494]. Le 16 septembre, des hommes armés incendient une église et enlèvent huit personnes dont un prêtre dans le villlage de Nchang[495]. Le 25 septembre, cinq personnes sont enlevées dans un hôpital à Kumbo par des hommes armés[496].
Le 8 octobre, l'armée mène une opération dans le village de Djottin, tuant une dizaine de séparatistes, libérant plusieurs otages et récupérant une quinzaine d'armes de guerre[497]. Le 10 octobre, trois personnes sont tuées par l'armée à Mbonge[498]. Le 17 octobre, des gendarmes démantèlent un atelier de fabrication d'armes légères, saisissent du matériel de guerre et arrêtent douze suspects dans le village de Mokunda[499]. Le 27 octobre, deux ouvriers sont tués sur la route Mamfé-Eyumojock[500].
Le 15 novembre, un soldat est tué par des séparatistes dans la région du Nord-Ouest[501]. Le 18 novembre, une ambulance de l'hôpital baptiste de Mbingo transportant 19 patients est interceptée par des séparatistes présumés qui les enlèvent. Alertés, les gendarmes ratissent la zone et libèrent les otages abandonnés[502]. Le 20 novembre, deux jeunes hommes sont tués par des hommes armés à Babanki[503]. Le 27 novembre, trois séparatistes sont tués par l'armée dans la localité de Bamessing[504].
Le 17 décembre, l'armée aurait envahi le village de Yer, tuant trois civils. Le 19 décembre, elle aurait envahi le village de Bai Panya, où elle aurait incendié des maisons, emportant au passage de l'argent et d'autres objets de valeur[505]. Le 23 décembre, un séparatiste surnommé « One Blood » est tué lors d'une opération militaire à Bafut[506].
2023
modifierDu 1er au 2 janvier, les séparatistes imposent des villes mortes, à la suite de l'annonce faite par le président Paul Biya, dans son discours du Nouvel An, selon laquelle l'armée écrase la rébellion séparatiste, L'armée annonce qu'elle déploie des dizaines de soldats à Oku, Kumbo et Jakiri et affirme avoir tué 11 séparatistes. Les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA) annoncent que les séparatistes étendent leur emprise territoriale et que le conflit se poursuivra[507]. Le 18 janvier, le gouvernement camerounais déploie au moins 100 soldats dans le village de Gayama, à la frontière nigériane, après que des affrontements entre séparatistes et éleveurs nigérians aient fait au moins 12 morts[508]. Les 18 et 19 janvier, à trois mois des élections sénatoriales, deux agents électoraux sont tués par des séparatistes à Bamenda[509].
Du 1er au 3 février, les séparatistes mènent une série d'attaques à l'engin explosif improvisé à Bamessing, Oku, Nkambé, Kumbo et Kom, à la suite de la mort du chef rebelle séparatiste Général Transporter, tué par l'armée. L'armée déclare que plusieurs civils sont tués ou enlevés. Des blindés militaires sont détruits au cours des attaques. Le commandant des Forces de restauration de l'Ambazonie (FRA), Sagon Jaguar, déclare dans une vidéo que ses hommes ont détruit cinq blindés militaires, à Bamessing[510]. Le 10 février, cinq employés de la Cameroon Development Corporation (CDC) dont une femme sont tués et 44 blessés dans l'attaque de leur camion à Mondoni[511]. Le 16 février, des séparatistes présumés attaquent un convoi militaire escortant un camion de brasserie sur la route Mbalangi-Kumba, tuant un soldat[512]. Le 18 février, l'armée libère cinq otages à Tubah[513]. Le 20 février, une femme est décapitée par des séparatistes à Bali Nyonga. Le 21 février, trois passants sont tués et des dizaines d'autres blessés à Kombone[514]. Le 25 février, trois explosions surviennent lors du lancement de la 28e édition de la Course de l'espoir à Buéa et font 18 blessés. L'attaque est revendiquée par les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA)[515]. Le 28 février, une femme décède des suites de ses blessures lors de l'attentat[516].
En mars, quelques jours avant les élections sénatoriales, l'armée affirme que des séparatistes avaient bloqué des routes et attaqué des véhicules militaires dans la région du Nord-Ouest afin de perturber le scrutin. Selon l'armée, des affrontements éclatent dans des dizaines de localités, notamment à Bamenda, Tadu, Ndop, Wum, Jakiri, Oku, Bambili et Sabga dans la région du Nord-Ouest, et à Mamfé, Menji et Tiko dans la région du Sud-Ouest[517].
Le 10 avril, des séparatistes présumés tuent un civil et incendient quatre véhicules à Buéa. À Fundong, des séparatistes présumés tuent trois civils célèbrant Pâques[518]. Le 11 avril, des sources locales et sécuritaires annoncent que trois séparatistes ont été tués dans une embuscade militaire dans la région du Nord-Ouest[519]. Du 22 au 23 avril, des séparatistes présumés tuent quatre civils et en blessent une dizaine d'autres dans la localité de Mbei[520].
Le 1er mai, au moins 15 séparatistes attaquent une base militaire à Matouke, près de Douala, tuant au moins 6 personnes, selon les autorités[521]. Le 7 mai, un journaliste est tué à Bamenda. Le leader séparatiste Capo Daniel reconnaît qu'il a été tué par des séparatistes, mais assure que ces derniers se sont trompés de cible et visaient à l'origine un haut-gradé de l'armée[522]. Le 11 mai, un soldat du Bataillon d'intervention (BIR) est tué à Ndop[523]. Le 16 mai, deux soldats sont tués dans un attentat à l'explosif contre un véhicule militaire à Mbonge[524]. Le 18 mai, des séparatistes tuent deux gendarmes à Tombel[525]. Le 20 mai, jour de la Fête nationale, un engin explosif improvisé explose à Buéa aux abords d'une tribune aménagée pour accueillir les célébrations[526]. Des rebelles séparatistes enlèvent une trentaine de femmes dans la localité de Kedjom Keku[527]. Le 21 mai, un cadre du RDPC, le parti au pouvoir, est enlevé dans une embuscade avec cinq autres personnes sur la route de Bamenda, alors qu'il revenait des célébrations de l'unité nationale[528]. Le 23 mai, les femmes enlevées à Kedjom Keku sont rêlachées par leurs ravisseurs[529]. Le 25 mai, au moins quatre soldats sont tués et plusieurs autres sont blessés par un engin explosif improvisé à Belo. Deux véhicules blindés de l'armée et un pont reliant Belo à Njinikom sont également endommagés[530]. Le 31 mai, un soldat est tué par une bombe artisanale à Mbengwi[531].
Le 16 juin, un policier est tué à Bamenda[532].
Les 1er et 4 juillet, trois soldats sont tués par des séparatistes à Bamenda et à Belo[533]. Le 8 juillet, un soldat est tué par des séparatistes à Bamenda[534]. Le 13 juillet, au moins cinq séparatistes sont tués lors d'opérations militaires à Ndop et à Foé Bakundu[535]. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, des séparatistes incendient un bâtiment près de la résidence de John Fru Ndi, à Baba, dans la région du Nord-Ouest[536]. Le 16 juillet, des rebelles séparatistes tuent une dizaine de civils à Bamenda, selon le ministère de la Défense[537]. Le 17 juillet, au moins dix personnes sont tuées lors d'une offensive militaire contre les séparatistes dans la région du Nord-Ouest[538]. Le 26 juillet, trois séparatistes sont tués lors d'une opération à Ndop[539].
Durant le week-end du 5 au 6 août, dans la localité de Makube, les forces gouvernementales retrouvent les corps des fonctionnaires enlevés puis tués en juin 2021[540]. Dans la nuit du 11 au 12 août, des séparatistes présumés attaquent les villages de Kekukesim I et II, tuant quatre civils. D'importantes destructions sont également enregistrées[541]. Le 31 août, un commissaire est tué lors d'une attaque à l'engin explosif improvisé contre un véhicule militaire à Bamenda. L'explosion est suivie d'un échange de tirs sporadiques entre les forces gouvernementales et les assaillants. Quatre suspects sont arrêtés[542].
Le 2 septembre, deux enseignants sont tués dans le village de Mbessa par des séparatistes présumés alors qu'ils revenaient d’une réunion préparatoire à la rentrée scolaire. Le 4 septembre, une élève de 16 ans est mortellement touchée par une balle perdue lors d'un échange de tirs à Kumba[543]. Le 5 septembre, un véhicule militaire est visé par un attentat à la bombe artisanale à Alou. Les assaillants se sont identifiés comme appartenant au groupe « Retinant ». Le nombre exact de victimes reste inconnu[542]. Le 7 septembre, trois personnes sont tuées dans une attaque attribuée aux séparatistes à Muea[544]. Le 11 septembre, deux personnes sont tuées et plusieurs autres sont blessés dans une explosion à Limbé[545]. Le 15 septembre, deux civils sont tués par des séparatistes présumés à Buéa[546]. Le 18 septembre, le BIR mène un raid contre une cachette de séparatistes dans le village de Mofako Butu, tuant cinq d'entre eux dont un chef rebelle, connu sous le nom de « Général Bitter Kola »[547]. Le 23 septembre, un « général » séparatiste, surnommé « RK du Boyo », est tué par le BIR dans le Boyo[548]. Le 29 septembre, la mairie de Bamenda III est incendiée par des séparatistes après un échange de tirs[549]. Un soldat est tué à Awing[550].
Dans la nuit du 3 au 4 octobre, 11 villageois sont libérés lors d'une opération de l'armée près de Kumbo[551]. Le 4 octobre, deux civils accusés d'avoir collaboré avec l'armée sont exécutés en public par des séparatistes à Guzang[552]. Dans la nuit du 10 au 11 octobre, deux séparatistes sont tués lors d'une opération militaire dans le village de Tarshem. Leur camp est détruit et l'armée récupère des armes, des amulettes, des munitions et cinq uniformes de l'armée camouflés[553].
Le 6 novembre, 20 civils, dont des femmes et des enfants, sont tués par des séparatistes présumés dans le village d'Egbekaw[554] ; le lendemain, le bilan s'élève à 25 morts[555]. Le 12 novembre, trois soldats sont tués par des séparatistes à Belo[556]. Le 21 novembre, des séparatistes présumés attaquent le marché de Bamenyam, tuant neuf personnes et enlevant une dizaine d'autres[557]. Le 24 novembre, une adolescente de 15 ans est tuée par des hommes armés qui tentaient d'enlever son père. Un membre du conseil municipal de Balikumbat est executé par ses ravisseurs. Le 25 novembre, des hommes armés sont arrivés à moto et ont ouvert le feu à l'extérieur d'un bar dans le nord-est de Bamenda. Les assaillants sont repoussés par les tirs des forces de l'ordre. L'attaque fait cinq morts et neuf blessés, dont plusieurs dans un état grave[558].
Le 5 décembre, des membres des Forces de défense de l'Ambazonie (FDA) attaquent le village de Belegete, dans l'État de Cross River, au Nigeria, pendant 24 heures, sans que le gouvernement nigérian n'intervienne. Ils enlèvent le chef traditionnel et 20 autres personnes. Deux jours plus tard, l'armée nigériane intervient pour libérer les otages. Des échanges de tirs ont lieu avec les ravisseurs, au cours desquels l'un d'entre eux est tué. En réponse, ces derniers tuent le chef traditionnel. Le 8 décembre, les séparatistes attaquent à nouveau le village[559]. Le 12 décembre, des séparatistes attaquent un lycée à Esu, enlevant huit élèves et deux membres du personnel. A la suite d'une intervention militaire, les lycéens sont libérés le jour même, tandis que les deux membres du personnel, sont toujours portés disparus[560]. Le 20 décembre, trois soldats et deux gendarmes sont tués dans une attaque séparatiste à Wum[561].
2024
modifierLe 9 janvier, cinq séparatistes sont tués dans une offensive militaire dans le village d'Ewai[562]. Dans la nuit du 29 au 30 janvier, des séparatistes tuent un civil, en blessent plusieurs autres, et incendient cinq véhicules à Buéa[563]. Selon les autorités, trois supporters des Lions indomptables sont tués et d'autres sont enlevés par des séparatistes pendant la Coupe d'Afrique des nations en janvier. Ces derniers détruisent ou volent également des téléviseurs et des radios, toujours selon les autorités. Les séparatistes attaquent également plusieurs ouvriers de la construction routière et les chassent des sites du Donga-Mantung[564].
Le 7 février, des séparatistes revendiquent le meurtre de quatre fonctionnaires, dont un policier, enlevés la veille dans la région du Nord-Ouest. Les autorités déclarent qu'un de ses fonctionnaires a été libéré par l'armée[565]. Le 11 février, un attentat à la bombe est perpétré lors de la Fête de la Jeunesse à Nkambé, tuant une personne et en blessant plusieurs autres, dont des enfants. Les autorités accusent les séparatistes, qui s'étaient opposés aux festivités, et annoncent l'arrestation de trois suspects le 12 février[566]. Le 16 février, deux personnes sont tuées lors d'affrontements à Banga Bakundu[567]. Du 16 au 17 février, huit séparatistes sont tués lors d'une offensive militaire dans le village d'Ayukaba[568]. Le 21 février, un adolescent est tué lors d'affrontements à Banga Bakundu[567].
Le 19 mars, deux civils sont tués par des séparatistes à Guzang[569]. Dans la nuit du 22 au 23 mars, un élu local est tué à Babessi dans une attaque revendiquée par des séparatistes[570]. Le 24 mars, au moins sept séparatistes sont tués dans une offensive militaire à Tubah[571]. Le 26 mars, un général séparatiste surnommé « Spirito » est tué par les forces spéciales lors d'une opération à Babanki[572]. Le 27 mars, l'armée mène une série d'opérations dans la région du Nord-Ouest, notamment contre des repaires de séparatistes à Bamenda et Kedjom Keku. Selon des rapports, environ 13 séparatistes sont tués à Bambui au cours d'une offensive militaire. À Kedjom Keku, plusieurs séparatistes sont tués au cours d'affrontements avec l'armée[573].
Le 15 avril, des séparatistes présumés enlèvent deux enseignants et incendient des motos dans la localité de Njap[574]. Le 24 avril, un général séparatiste autoproclamé surnommé « Mad Dog des Ribbons » et quatre autres séparatistes sont tués lors d'une opération militaire à Bombele[575]. Le 29 avril, une bombe artisanale explose à Nkwen. L'attaque est revendiquée par le chef des Forces de défense de l'Ambazonie (FDA), Lucas Ayaba Cho[576]. Une attaque de séparatistes présumés fait trois morts et plusieurs blessés à Kumba[577]. Des séparatistes incendient un bulldozer sur le chantier de la route Tugi-Bamenda. En outre, ils saisissent et incendient une moto-taxi pour non-respect de la ville morte[578].
Début mai, l'ancien porte-parole des FDA, Capo Daniel, appelle à la fin des hostilités dans l'attente de négociations directes avec le gouvernement. Il réclame désormais l'autonomie des régions anglophones. Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, réagit en déclarant : « Les terroristes doivent cesser de rêver et doivent se rendre sans préalable. (...) Un gouvernement légitime ne discute pas avec des bandits » et rappelle la tenue du Grand dialogue national en 2019[579]. Le mois est également marqué par une recrudescence des violences. Le 5 mai, le « général » séparatiste Sagon, qui avait participé à l'embuscade de septembre 2021 à Bamessing, et deux de ses associés sont tués lors d'une opération militaire dans le village de Bamunka[580]. Le 10 mai, cinq gendarmes sont tués dans une embuscade tendue par des séparatistes à Eyumodjock[581]. Le 14 mai, des séparatistes présumés font irruption dans une école à Ndu et enlèvent deux enseignants[582]. Deux soldats et deux civils sont tués lors d'une attaque séparatiste à Bambui[583]. Le 16 mai, quatre séparatistes sont tués lors d'une offensive militaire dans les villages de Mbven et de Ndzenji. Dans la nuit du 17 au 18 mai, des séparatistes tendent une embuscade et attaquent les forces de sécurité à Akwaya, tuant deux soldats[584]. Le 20 mai, jour de la fête nationale, des séparatistes présumés tuent le maire et deux autres personnes à Belo. Une autre attaque a lieu à Njinikom[585]. Le 22 mai, un docteur vétérinaire est enlevé à son domicile, puis retrouvé mort le lendemain. Le 26 mai, une attaque à la grenade dans un bar de Bamenda fait deux morts et une quarantaine de blessés[586]. Le 28 mai, un élève et un policier sont blessés lorsque des séparatistes présumés attaquent une école à Bamenda[587]. Dans le village de Manchok, un élève est tué et plusieurs autres personnes sont blessées lors d'une attaque séparatiste. Une personne est également enlevée[588]. Deux soldats du Bataillon d'intervention rapide (BIR) sont tués lors d'une attaque séparatiste dans la région du Nord-Ouest[589].
Le 1er juin, le délégué aux sports pour le département du Donga-Mantung est abattu. Le 5 juin, un conseiller municipal de Zhoa est tué au nord de Bamenda. Un taxi est incendié et des coups de feu sont tirés, provoquant la panique parmi les riverains[586]. Le 10 juin, un motocycliste est tué et une passagère enlevée par des séparatistes présumés à Bamenda[590]. Le 13 juin, un séparatiste surnommé « Général Black Bat » est tué lors d'une opération militaire à Boa Bakundu[591]. Dans la nuit du 15 au 16 juin, un ancien séparatiste est tué par les FDA à Bamenda, trois semaines après sa reddition[592]. Le 18 juin, des séparatistes incendient un taxi à Bamenda[593]. Le 26 juin, un engin explosif déclenché au passage d'un véhicule tue au moins deux personnes dans le village d'Oshum, près de Batibo. Le 27 juin, un homme d'affaires est tué par des hommes armés à Bamenda. Le 30 juin, un jeune homme est mort à Bambui, victime, selon plusieurs sources, d'une balle perdue lors d'un échange de tirs entre les forces gouvernementales et les séparatistes[594].
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, plusieurs sources confirment que les forces gouvernementales ont intercepté et tué deux séparatistes, dont les corps ont été brûlés. La situation générale est alarmante, selon Fon Nsoh, coordinateur de l'ONG Cominsud, qui dénombre une quarantaine de morts en moins de 45 jours dans la région du Nord-Ouest. Selon cet acteur local de la société civile, le deuxième trimestre est plus violent et plus meurtrier pour les civils que le premier[594]. Le 1er juillet, un soldat est tué par des séparatistes à Tadu[595]. Le 2 juillet, deux soldats sont tués lors d'une embuscade tendue par des séparatistes dans la localité de Munyenge[596]. Le 10 juillet, deux séparatistes sont tués lors d'une opération militaire à Bamenda[597]. Le 15 juillet, des séparatistes incendient trois motos dans l'arrondissement de Ngie, reprochant à leurs propriétaires de ne pas respecter le confinement qu'ils leur ont imposé[598]. Le 19 juillet, quatre séparatistes sont tués lors d'une offensive militaire dans la localité d'Alabukam[599]. Le 22 juillet, une femme est tuée par balles à Bamenda[600]. Le 28 juillet, la maire adjointe d'Oku est blessée par balle[601].
Dans la semaine du 29 juillet au 2 août, deux taxis sont incendiés dans la commune d'arrondissement de Bamenda II. Les localités de Mbengwi et Ndjimbi sont les cibles d'attaques qui se soldent par l'enlèvement d'un homme et la blessure d'autres[602]. Le 7 août, deux policiers sont tués par des séparatistes à Bamenda[603]. Le 9 août, deux policiers sont tués dans l'explosion d'un engin explosif improvisé dans la ville[604]. Le 16 août, un policier est tué par des séparatistes à Kumbo[605]. Le 20 août, le commandant des Tigres de l'Ambazonie, le « général Robosco », est tué près du lac Nyos lors d'une opération militaire[606]. Le 23 août, une personne est tuée par balle et une autre grièvement blessée lors de deux attaques distinctes à Bamenda[607]. Dans la nuit du 24 août, trois policiers sont tués dans l'attaque d'un poste de police à Buéa. Le groupe séparatiste Fako Mountain Lions revendique l'attaque[608]. Le 25 août, un chauffeur d'une ONG est tué par des hommes armés non identifiés à Bamenda[609]. Le 27 août, des assaillants cachés dans la brousse ouvrent le feu sur une patrouille militaire près de Bamenda, tuant un soldat. L'attaque est attribuée à des séparatistes[610].
Le 2 septembre, des séparatistes tuent un chauffeur et incendient un taxi à Bolifamba, dans la commune de Buéa[611]. À Mbatu, près de Bamenda, trois personnes sont tuées par des séparatistes[612]. Le 8 septembre, trois séparatistes sont tués lors d'une opération militaire dans la localité de Sop[613]. Le 18 septembre, plusieurs salles de classe d'une école publique de Balikumbat sont gravement endommagées lors d'une attaque menée par des séparatistes[614]. Dans le département du Bui et à Tubah, des échanges de tirs éclatent[615]. Le BIR mène une opération dans la localité de Tan, tuant un commandant séparatiste[616]. Le 19 septembre, une personne est tuée dans un attentat à la bombe sur un marché de Bamenda et six autres, dont un nourrisson, sont blessées[617]. Des échanges de tirs éclatent à Muea, près de Buéa[615].
Le 1er octobre, date de la proclamation symbolique d'indépendance de l'Ambazonie, les principales villes des régions anglophones, telles que Bamenda, Buéa, Limbé et Kumba, sont confinées à l'appel des séparatistes. Dans les zones rurales, plusieurs défilés clandestins sont organisés par les groupes séparatistes[615]. Le 8 octobre, l'armée mène une opération dans le village d'Effa, visant un repaire de séparatistes, au cours de laquelle un commandant séparatiste, surnommé « général Popo » est tué[618]. Le 9 octobre, des séparatistes prennent d'assaut un poste militaire dans la localité de Mejang, tuant deux soldats[619]. Le 18 octobre, six séparatistes présumés sont arrêtés par la police nigériane à Akamkpa, dans l'État de Cross River[620]. Le 23 octobre, deux généraux séparatistes sont abattus lors d'un affrontement avec les forces de défense et de sécurité dans l'arrondissement de Balikumbat. Leurs corps sont exposés au public[621]. Le 25 octobre, un journaliste est enlevé avec trois autres personnes à Bamenda avant d'être libéré[622],[623]. Le 26 octobre, à la suite d'une projection publique d'un documentaire sur le président Paul Biya organisée par le parti au pouvoir, deux habitants sont abattus et une élue municipale est enlevée et assassinée par des hommes armés non identifiés à Bamenda. Son corps est retrouvé dans un quartier de la ville le 28 octobre[624].
Rôle de la communication dans la crise
modifierVisions internationales et le rôle des réseaux sociaux
modifierLes médias internationaux et en particulier les médias français notamment Le Monde et France 24 mettent davantage l’accent sur la crise humanitaire, les violences et les dégâts causés par celle-ci et essaient d’expliquer les raisons du conflit sans vraiment chercher de responsable[13]. La prise de position est délicate pour les pays étrangers (hors d'Afrique subsaharienne) à cause du manque d’information sur les réelles circonstances du conflit, de plus prendre parti pour les anglophones serait remettre en question le gouvernement camerounais. Cela n’est pas le cas des médias africains tels que BBC Afrique qui ont tendance à remettre en cause les actions de l'État camerounais en montrant beaucoup d’images et témoignages de victimes anglophones mais pas du gouvernement au pouvoir[625].
Le , l'ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) estime que la crise humanitaire est « la plus négligée au monde ». Le secrétaire général du NRC, Jan Egeland, dénonce la passivité de la communauté internationale face à la crise. Fin mai 2019, neuf ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, accusent le Conseil de sécurité des Nations unies de « rester largement silencieux sur la crise »[626].
Le rôle des réseaux sociaux est considérable, en effet, au début du conflit, les réseaux sociaux ont permis à la population anglophone d’organiser leur rébellion et de rassembler les foules qui partagent leurs opinions. Selon les résultats d’un sondage au sein du Cameroun, 90 % des Camerounais anglophones pensent que l’utilisation des réseaux sociaux a donné une portée plus importante que prévue à leurs revendications[627]. Elle a d’ailleurs provoqué l’intervention des organisations étrangères et a attiré l’attention de la population internationale[17],[13].
Stratégies communicationnelles des acteurs
modifierLa communication au Cameroun est de par sa nature très centralisée[628], car ce sont les mêmes médias traditionnels qui monopolisent la diffusion de l’information[629]. Il n’est donc pas rare que l’information soit assez semblable entre les différentes maisons de presses. On constate un haut niveau d’homologie politique du journalisme, c’est-à-dire que les journaux montrent leur implication politique de manière explicite. Une sorte de censure est même appliquée dans certains cas (lourde critique du gouvernement, appel à la rébellion, etc.). Le cas le plus évident est l’interdiction de la diffusion de la seule chaîne retransmise depuis l’étranger dédiée au Cameroun anglophone, SCBC TV, qui est considérée comme un outil de propagande séparatiste. L’État ayant un rôle très important dans l'organisation médiatique du pays, cette crise est devenue un des principaux sujets de discussion dans les médias camerounais et il est courant pour les citoyens camerounais de prendre position sur cette crise[réf. nécessaire].
Face à la crise sociale qui est devenue une crise humanitaire, la stratégie du gouvernement consiste en trois points : réfuter toute forme de persécution et de mise à l’écart de la communauté anglophone ; diaboliser les séparatistes et rassurer les médias étrangers ainsi que la population francophone du pays[réf. nécessaire]. Selon le gouvernement, les anglophones ont toujours été traités de la même façon que le reste des citoyens camerounais. Sur le plateau de la chaîne France 24, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, affirme que la communication avec ces groupes a été établie depuis 2017, avant que cette crise ne se transforme en guerre civile[630]. Il nie aussi toute forme de mise à l’écart de l’Ouest anglophone du pays. De plus, les allégations des séparatistes seraient mensongères en tout point. Selon le gouvernement, les accusations d’exactions (incendies, tortures, meurtres…) commis par les forces de sécurité camerounaises sont fausses ou alors exagérées pour pouvoir les discréditer[réf. nécessaire].
Le second procédé est de diaboliser et discréditer les séparatistes[630]. Pour désigner les rebelles séparatistes, les autorités utilisent des termes tels que « terroristes »[631]. Selon le ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary, lors d'une interview réalisée par la chaîne France 24, ces derniers constituent une minorité d’individus qui souhaitent l'amputation du pays[632].
Enfin, le troisième point repose sur le fait de rassurer les médias étrangers ainsi que la population camerounaise francophone, en déclarant que la situation est sous contrôle[633], et en minimisant les dégâts annoncés par les Nations unies. En effet, l’ONU déclare que 470 000 personnes ont été déplacées. Le ministre de l’organisation territoriale, Paul Atanga Nji, dément cette information, réfutant les statistiques et les chiffres annoncés par l’organisation internationale et Human Rights Watch, dénonçant du « conspirationnisme ». En effet, selon le gouvernement camerounais, ils y aurait 152 000 déplacés dont 90 000 sont rentrés chez eux, et que la situation chaotique qui régnait est en train de s’apaiser[630].
Issa Tchiroma Bakary et Paul Atanga Nji sont les principaux acteurs de cette communication intérieure et internationale. Leurs discours se sont toujours basés sur une relation attaque-défense lors des interviews, c’est-à-dire qu’ils se défendent des accusations et contre-attaque en critiquant les séparatistes. Ils répondent aux journalistes en défendant leur « camp » sans chercher à répondre aux réelles questions des journalistes et parfois en les évitant.
La communication du côté des séparatistes est très peu sophistiquée, dû aux manques de moyens et à l’arrestation systématique de leurs porte-parole et à celle de leur leader Sisiku Julius Ayuk Tabe, condamné à la prison à vie, le 20 août 2019[634]. Elle repose essentiellement sur le bouche à oreille, de publications et de dénonciations sur les réseaux sociaux et d’une chaîne de propagande interdite appelée SCBC TV[635]. Selon un défenseur des droits de l'homme, les séparatistes utilisent WhatsApp pour communiquer et faire leur propagande[636].
Stratégies et tactiques militaires
modifierArmée camerounaise
modifierL'armée camerounaise mène une guerre contre-insurrectionnelle, visant à frapper la base de soutien des séparatistes. Cela inclut l'incendie des maisons où se trouvent des armes et, selon les habitants mais démenti par l'armée, la réalisation de représailles[637]. Selon le Centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides, en 2018 et 2019, l'armée, convaincue que la population anglophone dans son ensemble soutient les groupes séparatistes, commence à utiliser « la tactique de la terre brûlée, en rasant les villages soupçonnés d'abriter des séparatistes »[638]. Selon l'ONG CDHDA, entre octobre 2016 et mai 2019, plus de 200 villages sont partiellement ou totalement détruits par l'armée dans des zones où opèrent des groupes séparatistes[639]. En août 2018, le ministre de la Défense annonce que l'armée serait renforcée par 2 600 nouvelles recrues, dont 2 000 iraient au Bataillon d'intervention rapide (BIR)[640]. En plus de l'expansion de l'armée, le gouvernement soutient les groupes d'autodéfense locaux, qui étaient plus de trente en octobre 2019[641]. Sans victoire militaire en vue, l'armée a cherché à au moins contenir le conflit dans les zones rurales. Fin 2018, l'armée visait à contrôler toutes les zones urbaines ainsi que les points stratégiques de la campagne, et ne cherchait pas à reconquérir l'ensemble des régions anglophones. Dans certains cas, cela a impliqué une compréhension tacite mutuelle sur la question de savoir qui contrôlait certaines zones ; les postes de contrôle séparatistes et militaires sont parfois à proximité les uns des autres, sans qu'aucun des deux camps n'attaque[642]. La stratégie des autorités consistant à donner la priorité aux zones urbaines a commencé à donner des résultats au cours du premier semestre de 2020 ; en juin, les séparatistes avaient été largement repoussés hors de Buéa[288].
Groupes séparatistes
modifierLes séparatistes mènent une guérilla. Numériquement et matériellement défavorisés, ils mènent des tactiques du hit-and-run, des embuscades et des raids. Selon les FDA, en juin 2018, ils comptaient 1 500 combattants, répartis dans 20 camps à travers les régions anglophones[643]. De nombreux groupes séparatistes, dont les FDA et les FDCM, sont directement dirigés depuis la diaspora aux États-Unis, en Norvège, en Allemagne et dans d'autres pays ; les organismes d'aide ont souvent dû négocier avec leurs dirigeants, plutôt qu'avec les séparatistes sur le terrain[644].
Au début du conflit, les séparatistes ont eu du mal à se procurer des armes à feu, devant se contenter de fusils de chasse et, dans certains cas, de pistolets à un coup. Au fil du conflit, ils ont progressivement obtenu un accès limité à des armes plus sophistiquées, en saissant certaines auprès de l'armée régulière et en achetant d'autres au Nigeria. Ils ont également bénéficié de campagnes de collecte de fonds, lancées par des militants de la diaspora pour l'achat d'armes pour les groupes séparatistes. Cela a porté ses fruits au cours du premier semestre de 2019[645]. Alors qu'ils étaient désarmés à l'automne 2018[646], les séparatistes étaient devenus bien plus armés à l'été 2019[647]. Ils ont également déclaré qu'ils avaient commencé à produire leurs propres armes au sein des régions anglophones, une déclaration suivie de peu par une explosion à Mamfé tuant quatre policiers[648]. En novembre 2020, la fabrication d'armes par les séparatistes posait une véritable menace pour l'armée régulière[649]. Les engins explosifs improvisés, en particulier, se sont avérés efficaces pour les séparatistes, et leur utilisation fréquente, seule ou dans le cadre d'embuscades, entraîne de lourdes pertes au sein de l'armée début 2021[650]. L'armée ne dispose que d'un nombre limité de véhicules blindés protégés contre les mines, et les attaques à l'engins explosifs improvisés sont devenues de plus en plus sophistiquées (y compris la détonation à distance). Cela provoque une baisse de moral parmi les soldats camerounais[651]. De plus, certains groupes séparatistes commencent à s'associer aux séparatistes du Biafra, qui les aident à accéder au trafic d'armes nigérian[652]. En septembre 2021, à la suite de l'embuscade de Bamessing dans laquelle 15 soldats sont tués, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo annonce un « changement de paradigme » dans le conflit[653].
Les séparatistes bénéficient d'un soutien local important, les civils leur donnant de la nourriture, les informant sur les mouvements des troupes, ou les aidant carrément à mener des attaques[64]. Dans les territoires contrôlés par les séparatistes, un contrat social commun veut que les civils développent des liens étroits avec les insurgés, qui en retour les défendent contre les raids de l'armée[642]. Contrairement à la plupart des soldats déployés dans les régions, les séparatistes sont des locaux, et connaissent donc mieux le terrain. Le général Donatien Melingui Nouma reconnaît que les séparatistes ont un avantage sur l'armée en ce qui concerne la connaissance du théâtre militaire : « Ce sont des jeunes des villages alentours, on les cherche mais on ne les trouve pas, nos éléments ne sont pas chez eux en forêt »[636]. Les autorités camerounaises admettent qu'elles avaient peu de contrôle sur la situation sécuritaire en dehors des villes[637]. Le journaliste français Emmanuel Freudenthal, ayant passé une semaine avec les séparatistes des Forces de défense de l'Ambazonie (FDA) en 2018, déclare que les séparatistes contrôlaient une grande partie des villages parce que les infrastructures des régions anglophones sont si peu développées qu'il est difficile pour l'armée d'accéder à ces zones[643].
Le gouvernement intérimaire de l'Ambazonie souligne que le conflit se déroulera uniquement dans les régions anglophones, et affirme que les attaques à travers la frontière ont été des opérations sous fausse bannière par le gouvernement camerounais[654]. Cette position n'est pas partagée par le Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC). En mars 2019, les FDA ont annoncé qu'il porterait la lutte armée dans les régions francophones du Cameroun, défiant ainsi le gouvernement intérimaire[655]. Les FDA se sont alliés au Peuple indigène du Biafra et à sa branche armée, le Réseau de sécurité de l'Est, en 2021, et a déclaré que cette alliance entraînerait des opérations militaires conjointes[656]. Le leader de l'AGovC, Lucas Ayaba Cho, a résumé la stratégie des FDA de la manière suivante : « 60% du PIB du Cameroun est réalisé en Ambazonie. [...] Nous devons essayer d'élever le coût de l'occupation à un niveau supérieur aux profits qu'ils obtiennent ici »[113].
Exactions
modifierEn mai 2018, les États-Unis accusent le gouvernement camerounais et les séparatistes d'exactions, citant des assassinats ciblés, l'incendie et le pillage de villages du côté gouvernemental, et le meurtre de gendarmes, l'enlèvement de fonctionnaires et l'incendie d'écoles du côté séparatiste[657]. Le , Amnesty International dénonce les violations des droits de l'homme commises[658].
En 2019, l'ONU recense 1 065 cas de violences sexuelles, dont 289 concernent des agressions sexuelles ou des viols dans les régions anglophones[659]. Le , HRW accuse les autorités camerounaises de détentions au secret, de disparitions forcés et de torture[660]. Le , l'ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce les exactions commises par l'armée et les groupes séparatistes sur de nombreuses personnes handicapées et âgées dans les régions anglophones[661].
Entre février et décembre 2020, l'ONU recense plus de 4 300 cas de violences sexuelles et sexistes dans les deux régions anglophones. Dans près de la moitié des cas, il s'agissait d'agressions sexuelles ou physiques ou de viols, tandis que les enfants étaient victimes dans environ 30 % des cas[662].
Entre janvier et mars 2021, près de 500 cas de viols et d'agressions sexuelles ou physiques sont recensés dans ces régions, ainsi que plus de 500 autres cas de violences contre les femmes, notamment des mariages forcés, des privations de ressources économiques et des violences psychologiques[659]. Le , HRW dénonce de nouvelles exactions commises par l'armée et les séparatistes[663].
Le , HRW accuse les séparatistes de commettre des « violations graves des droits humains »[664]. Le , Human Rights Watch publie un rapport accusant l'armée d'être à l'origine de « meurtres », de « détentions arbitraires » et de « pillages » de villages et de centre de santé dans la région du Nord-Ouest[665].
En 2023, des experts estiment que les groupes séparatistes se tournent davantage vers une économie criminelle en raison des revers subis. Yerima Kini Nsom, rédacteur en chef du bihebdomadaire anglophone The Post, observe que les séparatistes se livrent à des enlèvements et à des extorsions dans les zones rurales où ils se sont repliés. L'historien Raoul Sumo Tayo note une évolution vers le terrorisme pur, avec un nombre croissant d'attentats à la bombe. De plus, les engins explosifs sont utilisés sans discernement. Les vols, le racket, les enlèvements contre rançon, les attaques contre les institutions de microfinance et les particuliers se multiplient[666].
Le , Amnesty International accuse chaque camps d'« atrocités », dont des exécutions, tortures et viols[667].
Bilan humain
modifierSelon Amnesty International, entre septembre 2017 et février 2018, plus d'une quarantaine de gendarmes et de policiers sont tués[668]. Selon un document officiel obtenu le par l'AFP, 81 militaires et policiers ont été tués depuis le début du conflit[669]. En l'espace de deux semaines, dans la seconde moitié du mois de juin, le bilan officiel s'alourdit à plus de 120 morts[117]. Le , Amnesty International fait état de 160 membres des forces de sécurité et de 400 civils tués depuis le début du conflit[670]. En octobre 2018, au moins 420 civils, 175 membres des forces de sécurité et un nombre indéterminé de séparatistes sont tués[671],[672]. En novembre 2018, environ 170 soldats sont tués, selon le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l'armée camerounaise[673].
Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié le , au moins 170 civils ont été tués depuis octobre 2018. En outre, le rapport indique que « 31 membres de forces de sécurité ont été tués dans des opérations entre octobre et février »[674]. En mai 2019, selon l'International Crisis Group (ICG), le conflit a tué au moins 1 850 personnes[675]. En juin 2019, les pertes militaires et policières sont estimées à environ 500 morts. Les séparatistes, quant à eux, dénombrent environ 1 000 combattants tués. Les groupes fédéralistes et séparatistes contestent ces chiffres. Alors que les mouvements fédéralistes affirment que le conflit a fait entre 3 000 et 5 000 morts à l'été 2019, les séparatistes affirment qu'entre 5 000 et 10 000 personnes ont été tuées. Bien que les pertes civiles soient difficiles à déterminer, en mai 2019, elles sont estimées par des sources indépendantes à environ 650 tués, sur un bilan total de 1 850 morts. En janvier de la même année, le diocèse de Kumbo documente 385 décès civils dans la seule ville de Kumbo, au cours des sept derniers mois. En septembre 2019, le bilan estimé est de 3 000 morts, en comptant à la fois les séparatistes et les civils[676].
En février 2020, entre 800 et 1 000 soldats sont tués[677]. En outre, au moins 250 membres de l'ethnie Mbororo sont tués en juillet 2020, en comptant à la fois les civils et les miliciens[678].
Selon un rapport de Global Initiative Against Transnational Organized Crime (en) (GI-TOC) et de l'Armed Conflict Location and Event Data (en) (ACLED) publié en septembre 2024, entre 2017 et 2023, 2 600 civils ont été tués par les séparatistes et 1 600 civils ont été tués par l'armée. Selon le même rapport, en 2023, les séparatistes ont fait plus de 300 victimes civiles[679].
Le , Human Rights Watch estime qu'« au moins 6.000 civils ont été tués par les forces gouvernementales et les combattants séparatistes »[680].
Conséquences
modifierRéfugiés et déplacés internes
modifierEn 2017, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 2 000 réfugiés sont enregistrés au Nigeria alors que 3 000 sont en attente de procédure[681]. En janvier 2018, 15 000 personnes avaient fui les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pour se réfugier au Nigeria[682]. Ce nombre est passé à au moins 40 000 personnes en février[683]. En juillet 2018, plus de 180 000 personnes avaient été déplacées[684].
En mai 2019, 530 000 personnes avaient été déplacées à l'intérieur du pays et 35 000 avaient fui au Nigeria[4]. En juin 2019, l'UNICEF a déclaré que 1,3 millions de personnes dans les régions anglophones avaient besoin d'une aide humanitaire[685].
En août 2022, 598 000 personnes avaient été déplacées à l'intérieur du pays et au moins 2 millions de personnes avaient besoin d'une aide humanitaire[5].
Fermeture des écoles et déscolarisation
modifierEn juillet 2019, près de 6 000 écoles, soit plus de 80 % des écoles de ces régions sont fermées, affectant plus de 600 000 enfants[686]. Selon l'UNICEF, deux mois après la rentrée scolaire 2019, environ 90 % des écoles primaires publiques, soit plus de 100 écoles et 77 % des écoles secondaires publiques, soit 744 établissements restent fermées ou non opérationnelles. Depuis le début du conflit, 855 000 enfants ne sont plus scolarisés[687].
Le , le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) indique dans un rapport que plus de 200 000 enfants sont déscolarisés du fait de la fermeture de plusieurs écoles. En effet, selon les données de le BCAH, 2 875 établissements scolaires n'ont pas rouvert leurs portes depuis la rentrée 2023, soit 41 % des établissements[688].
Crise économique et agricole
modifierLe conflit a gravement nui à l'économie locale. En avril 2018, la Cameroon Development Corporation (CDC), une entreprise publique comptait officiellement 20 280 employés, le nombre s'abaisse à 6 270 en août 2019[689]. En juin 2018, l'entreprise agro-industrielle a déclaré que le conflit pourrait entraîner la perte de 5 000 emplois à court terme[690]. En juillet 2018, l'ONG Human Is Right, installée à Buéa, a indiqué que le conflit a entraîné une hausse de 70 % du chômage dans l'agriculture[691]. Les secteurs de l'huile de palme et du cacao dans la région du Sud-Ouest avaient pris un coup sévère, l'entreprise agro-industrielle Pamol Plantations Plc abandonnant les plantations dans certaines zones[692].
L'entreprise privée Telcar Cocoa a indiqué que la production de cacao avait chuté de 80 %. L'ONG a suggéré que les entreprises passent des accords avec les séparatistes afin de sauvegarder leurs installations[693]. L'industrie du thé souffre également de ce conflit. Victimes de violences et d'intimidations, les employés se rendent rarement dans les champs, où l'entretien est négligé. La production passe de 3 763 tonnes à 1 828 tonnes entre 2015 et 2018, soit une baisse de 51,4% sur la période[694]. Dans un premier rapport paru en juillet 2018, le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) indique que les répétitives opérations « ville morte », les intimidations, les rackets, les rapts et les assassinats d’employés et de responsables d’entreprise, ainsi que les attaques ciblées sur des structures parapubliques comme la CDC, détruisent « délibérément » l’économie de cette partie du pays[689]. Dans son rapport, le GICAM affirme que le conflit aurait entraîné une perte de 269 milliards de francs CFA (410 millions d’euros)[675]. Dans un second rapport diffusé mi-septembre 2018, le GICAM estime que les recettes d’exportation du cacao et du café arabica provenant des deux régions anglophones ont chuté de 20 %[691].
En 2019, les recettes fiscales annuelles dans les régions anglophones avaient chuté de 800 000 à 1 000 dollars, et en 2020, presque tous les agents du fisc avaient fui leurs postes de passage à la frontière nigériane[695]. Les séparatistes visent à empêcher l'État de percevoir des revenus des régions anglophones, afin que le coût du contrôle des régions dépasse les avantages[113]. Un cadre d'un opérateur de téléphonie mobile signale que 62 % des pylônes de télécommunications installés dans ces zones ont été vandalisés, ce qui affecte les communications et entraîne une chute des ventes dans les deux régions. En effet, les pertes subies par le secteur du fait de la destruction des infrastructures de télécommunications s'élèvent à plus de 100 milliards de franc CFA, soit 152 millions d'euros[694].
Le conflit a un impact sur le commerce avec le Nigeria. Selon les dernières estimations officielles, les exportations de la région du Sud-Ouest ont chuté de plus de 20 % entre 2015 et 2017, tandis que les importations en provenance du géant d'Afrique ont baissé de 40,5 % sur la même période[694]. Le conflit a également provoqué l'exode de la communauté d'affaires nigériane des régions anglophones, ainsi que des commerçants nigérians qui géraient les marchés clés[696].
Conséquences environnementales
modifierLe conflit a interrompu les activités de conservation dans les points névralgiques de la biodiversité du pays dans les régions anglophones. Avant la crise, bon nombre de ces zones protégées étaient encore dans un bon état, car le Cameroun était moins touristique que d'autres pays africains. Mais la crise a bloqué plusieurs projets environnementaux. Par exemple, la violence a contraint les écologistes et les ONG opérant dans la réserve naturelle de Tofala Hill, dans le Lebialem, à fuir. La réserve naturelle de Tofala Hill abrite le gorille de la rivière Cross, en voie de disparition, ainsi que d'autres espèces animales menacées comme le chimpanzé et l'éléphant d'Afrique. Ces gorilles sont également de plus en plus menacés par des groupes séparatistes telles que le Red Dragon, qui ont établi des camps dans la réserve naturelle[697]. De même, les efforts visant à protéger le parc national du mont Cameroun, qui abrite des primates menacés, ont été entravés[698]. Cela constitue une menace pour le chimpanzé nigérian-camerounais, qui est déjà menacé d'extinction[697].
L'insécurité dans les zones abritant des animaux sauvages a entraîné une augmentation de la chasse illégale incontrôlée. Le braconnage de chimpanzés et d'éléphants menacés d'extinction a augmenté dans la réserve naturelle de Tofala Hill et dans les parcs nationaux de Takamanda et de Korup après la fuite des gardes forestiers et des écogardes de l'État[697].
Les mesures prévues par le plan d'action climatique du Cameroun ont été interrompues par la crise. Ces mesures comprennent la fourniture d'engrais et de semences améliorées aux agriculteurs, l'installation d'énergies renouvelables dans les zones rurales et la restauration des forêts de mangroves le long de la côte de Limbé[697].
La crise a aggravé le problème de la gestion des déchets municipaux. Les séparatistes ont menacé de brûler la société de collecte des ordures, Hysacam. Certains de ses employés ont été attaqués. Cette situation a affecté la collecte des déchets municipaux à Bamenda et à Buéa[697].
Juridictions nationales et internationales dans le conflit
modifierJustice camerounaise
modifierArrestation, extradition et condamnation de dirigeants séparatistes
modifierEn janvier 2018, le leader séparatiste Sisiku Julius Ayuk Tabe, et neuf de ses partisans sont arrêtés dans un hôtel d'Abuja, au Nigeria[699] avant d'être extradés vers le Cameroun[700]. Le , ils sont condamnés à la prison à vie par le tribunal militaire de Yaoundé[701].
Justice internationale
modifierInculpation et condamnation de Camerounais aux États-Unis
modifierEn juin 2021, Trois Camerounais anglophones basés aux États-Unis sont inculpés pour trafic d'armes et association de malfaiteurs à la suite de la saisie d'une cache d'armes par les autorités américaines. Les suspects, dont certains semblent soutenir le mouvement séparatiste dans leur pays d'origine, pourraient être impliqués dans un effort visant à fournir des armes et des munitions de haute qualité aux combattants qui affrontent l'armée camerounaise[702]. En avril 2023, ils sont condamnés à cinq ans de prison[703].
Arrestation présumée du leader séparatiste Lucas Ayaba Cho en Norvège
modifierLe , la police norvégienne annonce l'arrestation d'un homme pour incitation à la commission de crimes contre l'humanité au Cameroun, et la radio publique Cameroon Radio Television (CRTV) affirme qu'il s'agit du « leader séparatiste » Lucas Ayaba Cho. La police criminelle Kripos (en) annonce qu'elle avait arrêtée « un homme d’une cinquantaine d’années » et explique dans un communiqué : « Kripos estime que le suspect a un rôle central dans un conflit armé en cours au Cameroun »[704].
Réactions nationales
modifierParti au pouvoir et gouvernement
modifierLe Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, considère les séparatistes comme des terroristes et soutient une solution militaire au conflit[705]. En mars 2018, le président Paul Biya déclare que l'armée devra poursuivre ses « efforts » pour un « retour à la normale » dans les régions anglophones[706]. Le , le Premier ministre, Philémon Yang, présente un plan d'urgence du gouvernement pour soutenir les régions anglophones, dont le coût devrait s'élever à près de 12 millions de FCFA[707]. Le RDPC a soutenu à la fois la tenue et la conclusion du Grand dialogue national, qui a été organisé par le gouvernement camerounais[708]. En septembre 2020, le gouvernement camerounais était divisé sur la question des pourparlers avec les séparatistes, avec un camp, y compris le Premier ministre, qui préconise une fin négociée du conflit, et l'autre camp qui s'oppose aux négociations[709].
Opposition
modifierL'opposition n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de la gestion du conflit par le gouvernement. En décembre 2017, le secrétaire général du principal parti d'opposition, le Front social démocrate (SDF), Jean Tsomelou, critique la « forte militarisation » des régions anglophones. Il juge la situation « inquiétante » avec « toutes les exactions commises sur les populations », déplore « les pertes en vies humaines du côté des civils et des forces de sécurité » et accuse le président Paul Biya d'avoir « laissé pourrir la situation »[710]. Le , le parti estime que l'« l'escalade » de la violence dans les régions anglophones « a dégénéré en guerre civile ouverte » et accuse le « régime de Yaoundé » d'être « responsable » de la situation[711]. En juin 2018, le président du parti, John Fru Ndi, estime que le président Paul Biya devrait être poursuivi pour « crimes contre l'humanité » par la communauté internationale pour sa gestion du conflit[712]. En août 2018, le candidat du SDF à la présidentielle, Joshua Osih, affirme que le président Paul Biya est « le seul responsable » du conflit[713].
En janvier 2019, le SDF a annoncé qu'il s'opposerait à toute élection future dans le pays tant que le conflit est en cours. Le parti soutient une solution négociée au conflit, et a demandé un cessez-le-feu, l'ouverture d'un dialogue, l'amnistie pour toutes les personnes emprisonnées dans le cadre du conflit, la création d'une commission de vérité et de réconciliation, et la décentralisation du pays[714]. En mars 2019, le SDF a accusé des membres du gouvernement camerounais de soutenir certains éléments armés dans les régions anglophones. En mai 2019, le Front social démocrate a annoncé qu'il boycotterait les célébrations de la Fête nationale en solidarité aux populations des régions anglophones[715].
De plus petits partis d'opposition, comme le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), reprochent également au gouvernement de ne pas avoir résolu le conflit[716]. En mai 2019, le MRC a rejoint le Front social démocrate pour boycotter les célébrations de la Fête nationale. En août 2020, le leader du MRC, Maurice Kamto, a menacé de lancer une « gigantesque campagne nationale » pour renverser le président Paul Biya si ce dernier convoquait le corps électoral sans avoir d'abord résolu le conflit[717]. Le Cameroon People's Party (CPP) a adopté une approche nuancée, condamnant à la fois le gouvernement et les séparatistes. Le leader du parti, Kah Walla, a déclaré que le conflit pouvait être résolue en rétablissant le fédéralisme au Cameroun[718].
Artistes et sportifs
modifierLe , le footballeur Samuel Eto'o accepte une mission de paix dans les régions anglophones confiée par le président Paul Biya. Il déclare : « Je me tiens disponible pour tout. Le Cameroun nous appartient à nous tous, on ne peut pas construire notre pays sans la paix ». La médiation est refusée par les séparatistes, qui vont jusqu'à menacer d'assassiner le joueur s'il se rend en régions anglophones[719]. Invitée au journal de 20h, le , sur la chaîne Équinoxe Télévision, la chanteuse Charlotte Dipanda se dit attristée par le conflit et exhorte les autorités à écouter les revendications des populations des régions anglophones[720]. En octobre 2018, les chanteurs et chanteuses Nabila, Blanche Bailly, Daphne, Magasco, Blaise B, Sango Edit et Mr Leo et les rappeurs Ko-c et Pit Baccardi se réunissent pour interpréter un hymne à la paix intitulé We Need Peace et produit par le chanteur Salatiel[721].
Le , la chanteuse Daphne, interrogée par un internaute sur le conflit lors de son passage dans l'émission Couleurs Tropicales animée par Claudy Siar, déclare : « le conflit n’est pas entre les francophones et les anglophones…Il n’y a aucun problème entre les francophones et les anglophones. On a un problème avec le gouvernement »[722]. Le , musiciens, producteurs et journalistes se mobilisent autour du mouvement #EndAnglophoneCrisis (« Mettez fin à la crise anglophone »), lancé sur les réseaux sociaux, pour appeler à la fin du conflit. Le mouvement est relayé par les chanteurs et chanteuses Daphne, Ben Decca et Mimie[723] l'actrice Muriel Blanche[724] l'ancien capitaine des Lions indomptables, Rigobert Song et le footballeur Fabrice Ondoa[725]. À la suite du massacre de l'école de Kumba, une réunion d'artistes est organisée par Salatiel et se tient dans le quartier Bonamoussadi à Douala[726]. Le , des artistes camerounais manifestent au lycée bilingue d'Essos à Yaoundé, sous la bannière du Mouvement des Artistes Camerounais pour la Paix (MAC), en hommage aux victimes de la tuerie et du conflit en général, à l'appel du rappeur Maahlox le vibeur. De nombreuses personnalités prennent part à l'événement, notamment les chanteuses Lady Ponce et Coco Argentée et l'humoriste Moustik Karismatik[727].
Le , le groupe X-Maleya et Magasco sortent leur chanson Tears of Mine, qui évoque la souffrance des familles touchées par le conflit. Le groupe explique son engagement en ces termes : « lorsque la douleur devient insupportable, il est essentiel de la partager. Nous avons décidé de nous associer à la souffrance de nos compatriotes, en espérant que notre musique puisse contribuer à apporter un message de paix et d’espoir ». Magasco, pour sa part, exprime « sa gratitude d’avoir été inclus dans ce projet musical » et espère « que les populations des régions anglophones retrouveront le sourire après ces années sombres »[728].
Opinion publique
modifierLe , des centaines de femmes manifestent dans les rues de Bamenda contre les violences. Elles appellent les forces gouvernementales et les séparatistes à déposer les armes et à entamer des pourparlers de paix[729].
En avril 2019, des centaines de femmes manifestent devant le Palais des Congrès de Yaoundé pour appeler le gouvernement à mettre fin au conflit[730].
Le , lors de la Journée internationale de la paix, des centaines de personnes manifestent pour un cessez-le-feu à Buéa, Bamenda et Kumba[731].
Du 30 septembre au , des milliers de personnes manifestent pour appeler à la paix[732]. Le , plusieurs centaines de personnes se rassemblent sur l'esplanade d'une église presbytérienne à Bamenda pour appeler à la paix[733].
Réactions internationales
modifierÉtats
modifier- France : le , la France condamne « les attaques menées par des séparatistes anglophones présumés au Cameroun, qui ont tué trois gendarmes » mais « exhorte le gouvernement camerounais à engager le dialogue pour mettre fin à l'escalade de la violence »[734]. Le , le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, déclare : « dans les régions anglophones du Cameroun, la situation continue de se dégrader. Les pertes humaines sont de plus en plus lourdes ». Il assure que la France, l'Union européenne et les Nations unies font tout pour pousser Paul Biya à prendre des initatives afin de trouver une issue politique à la crise[735]. Interpellé le par un activiste camerounais de la Brigade anti-sardinards (BAS) au Salon de l'agriculture, le président de la République, Emmanuel Macron déclare : « je vais appeler la semaine prochaine le président du [Cameroun] Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse. Il y a des violations des droits de l'homme au Cameroun qui sont intolérables, je fais le maximum »[736]. Le , en visite au Cameroun, il déclare à Yaoundé : « je demeure convaincu que la régionalisation demeure la réponse à la crise qui affecte le Cameroun dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et que c’est par ce processus politique de dialogue, de réforme, qu’une solution durable pourra être trouvée »[737].
- Royaume-Uni : Interrogée par la députée Jessica Morden, la ministre d'État chargée de l'Afrique et du Développement international, Harriett Baldwin déclare : « je suis ravie, Monsieur le Président, qu'elle ait réussi à faire inscrire cette question importante au Feuilleton et à en débattre ici, à la Chambre des communes, car la situation est grave, la violence sévit de toutes parts au Cameroun, et nous sommes extrêmement préoccupés par la situation. Nous encourageons le gouvernement, mais aussi tous les Camerounais, à participer au processus de dialogue inclusif. C'est une année électorale et cela doit se faire sans recourir à la violence. »[738].
- États-Unis : le , la porte-parole du département d’État américain, Heather Nauert demande « qu’il soit immédiatement mis fin aux attaques aveugles dirigées contre les civils et aux incendies de maisons par les forces gouvernementales camerounaises, ainsi qu’aux attaques perpétrées par les séparatistes anglophones contre les forces de sécurité et les civils » et souligne que les États-Unis appelaient à une sortie de crise par le dialogue[739]. Le , le démocrate Bob Menendez appelle à une intervention diplomatique américaine au Cameroun pour aider à résoudre la crise[740]. Le , le démocrate Ben Cardin propose au Sénat une résolution sur le conflit. Le texte dénonce une « restriction répétée de la liberté d’expression » et des cas de « harcèlement et détention de journalistes », il ajoute : « Les Camerounais anglophones ont depuis longtemps été marginalisés par les actions officielles et politiques du gouvernement camerounais. (…) Les manifestations organisées par des avocats, des enseignants et des étudiants ont été violemment réprimées par le gouvernement du Cameroun, entraînant de nombreux décès et emprisonnements. ». Le sénateur démocrate soutenu par ses collègues Todd Young, Chris Van Hollen, Christopher Coons, Ed Markey, Cory Booker et Amy Klobuchar dénonce les assassinats et les enlèvements perpétrés par les séparatistes dans le même projet de résolution. Le démocrate invite ainsi le Sénat à « exhorter toutes les parties au conflit au Cameroun à accepter un cessez-le-feu immédiat et à engager un dialogue inclusif avec la société civile ». Enfin, il « invite le gouvernement camerounais à « inculper ou libérer rapidement toutes les personnes détenues dans le contexte de la crise anglophone, y compris tous les militants anglophones arrêtés au Nigeria »[741]. Le 6 février 2019, les États-Unis, tout en se félicitant de la coopération contre le terrorisme, coupent l'assistance militaire au Cameroun en mettant fin à un programme d'armement et de formation militaire de 17 millions d’euros environ, invoquant de graves violations des droits humains. D'autres programmes se poursuivent mais pourraient éventuellement être rompus « si la situation l'exige ». Les États-Unis demandent au gouvernement camerounais « de faire preuve de plus de transparence dans les enquêtes sur les allégations crédibles de violations flagrantes des droits de l’homme par les forces de sécurité »[742]. En juillet 2019, à la suite d'une mission d'enquête de certains de ses membres dans le pays, la Chambre des représentants appelle à la réintroduction d'un système fédéral au Cameroun[743],[744]. En novembre 2019, le président Donald Trump retire le Cameroun de la liste des pays bénéficiant de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA), dénonçant « des violations grossières et répétées des droits humains internationalement reconnus »[745]. Le , le Congrès des États-Unis adopte une résolution bipartisane invitant le gouvernement du Cameroun et les séparatistes à mettre fin à la violence, à respecter les droits de l'homme et à poursuivre un dialogue véritablement inclusif pour mettre fin au conflit, parmi d'autres déclarations[746]. Le , la présidence de Joe Biden annonce qu'elle offrirait un statut de protection temporaire aux ressortissants camerounais, ayant fui le conflit[747].
- Canada : le , la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly annonce qu'un processus de paix est enclenché pour le Cameroun, pour tenter de résoudre le conflit[748]. Quatre jours après, Yaoundé dément avoir confié à quelque pays que ce soit le rôle de médiateur[749].
- Suisse : le , le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) indique dans un communiqué que « la Suisse a été mandatée par une majorité des parties pour faciliter un processus de négociation inclusif ». « Le DFAE s'emploie à trouver une solution pacifique et durable à la crise dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun, en collaboration avec le Centre pour le dialogue humanitaire »[750].
- Vatican : le , le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, entame une visite de cinq jours au Cameroun, où il se rend à Bamenda pour appeler à un « véritable dialogue » entre le pouvoir central et les séparatistes[751].
Organisations internationales
modifier- Commonwealth : le , lors d'un dîner offert en son honneur au palais présidentiel, la secrétaire général du Commonwealth, Patricia Scotland appelle « à la préservation de la paix et à l'unité » mais exprime également « sa grande tristesse » face à la dégradation de la situation sécuritaire[752].
- ONU : selon un communiqué de l'ONU publié le , les Nations unies expriment leur profonde inquiétude face aux informations faisant état de violations des droits de l'homme dans les deux régions anglophones. Le communiqué indique : « Le chef des droits de l'homme de l'ONU, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, a exprimé mercredi sa profonde préoccupation à la suite d'informations persistantes faisant état de violations des droits de l'homme et d'abus commis dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ». Selon le texte : « Les rapports font état d’enlèvements, d’assassinats ciblés contre la police et les autorités locales, de destructions d’écoles par des éléments armés » et « révèlent aussi que les forces gouvernementales seraient responsables de tueries, d’usage excessif de la force, d’incendie de maisons, de détentions arbitraires et de torture ». M. Zeid, qui regrette que le gouvernement camerounais n'ait pas permis à l'ONU d'accéder aux régions anglophones, appelle Yaoundé à lancer « des enquêtes indépendantes sur les violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité de l'État ainsi que sur les abus perpétrés par les éléments armés ». L'ONU condamne « les attaques par des éléments armés »[753]. Le , le Conseil de sécurité se réunit sur le conflit[754]. En visite au Cameroun du 5 au , le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, déclare : « Aucun effort ne devrait être ménagé pour faire taire les armes et mettre fin à cette crise insoutenable, par le dialogue ». Il appelle également à « l'obligation pour les auteurs des violations des droits humains, et d’atteintes à ces droits, de rendre des comptes » et à « des mesures de réconciliation »[755].
- Union européenne : le , la porte-parole pour les affaires étrangères et la politique de sécurité déclare : « de nouveaux actes de violence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ont causé la mort d'au moins trois membres des forces de sécurité et de plusieurs civils. De tels actes ne sauraient être acceptés et ne peuvent rester impunis, de même que tout excès de violence à l'encontre de civils. Leurs auteurs doivent en répondre en justice, en conformité avec la loi. Le recours à la violence ne peut permettre d'atteindre des objectifs politiques. Il reste essentiel que les forces de sécurité fassent un usage proportionné de la force dans l'exercice de leurs fonctions. L'Union européenne appelle à éviter tout acte qui puisse attiser les tensions ou inciter à la violence entre Camerounais. Elle reste convaincue que seul un dialogue sincère et constructif, en suivant les voies démocratiques et constitutionnelles, pourra conduire à une sortie durable de la crise tout en préservant l'unité et la paix pour tous les Camerounais »[756]. Le , le Parlement européen adopte une résolution critique vis-à-vis du Cameroun[757].
- Union africaine : en juin 2018, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, se rend au Cameroun pendant deux jours et rencontre plusieurs haut-fonctionnaires, dont le président Paul Biya. Alors que les discussions sont portées sur des questions affectant la région et plus largement le Cameroun, le président salue les efforts humanitaires de Paul Biya et réitère « l'engagement de l'UA en faveur de l'unité et de l'intégrité territoriale du Cameroun ». Il rejette la violence et appelle à un dialogue inclusif pour faciliter une résolution pacifique[758].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anglophone Crisis » (voir la liste des auteurs).
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Voir aussi
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Articles connexes
modifierVidéographie
modifier- (en) [vidéo] Le Cameroun, divisé par deux langues, est au bord de la guerre civile, The Washington Post,
- (en) [vidéo] Des soldats attaqués dans un conflit brutal au Cameroun, Sky News,
- [vidéo] Patrick Fandio, Cameroun : ''Ambazonie'', 1 000 jours après, France 24,
Rapports
modifier- Cynthia Petrigh, Le conflit anglophone au Cameroun. Un dialogue sans partenaires, Notes de l’Ifri, Ifri, octobre 2019
Infographie
modifier- Tanguy Berthemet, Cameroun : l'«Ambazonie» anglophone s'enfonce dans la guerre, Le Figaro,
- Marie Toulemonde, Cameroun anglophone : les conséquences de quatre ans de conflit, Jeune Afrique,