Bataille de Saint-James (1800)

La bataille de Saint-James a lieu le , pendant la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans, qui repoussent une colonne républicaine près de la ville de Saint-James.

Bataille de Saint-James

Informations générales
Date
Lieu Saint-James, La Croix-Avranchin et Montanel
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
Charles Dumoulin Aimé Picquet du Boisguy
Auguste Hay de Bonteville
Louis Picquet du Boisguy
• François Julien Morel d'Escures
• Bertrand de Saint-Gilles
Forces en présence
400 à 600 hommes[1],[2],[3] 2 200 hommes[4]
Pertes
22 morts[4]
30 à 35 blessés[4]
80 morts ou blessés[4]

Chouannerie

Batailles


Coordonnées 48° 31′ 22″ nord, 1° 19′ 29″ ouest
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Bataille de Saint-James

Prélude

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À la fin de l'année 1799, Aimé Picquet du Boisguy se rétablit de ses blessures reçues lors de son évasion du château de Saumur et reprend le commandement de la division de Fougères, rattachée à l'Armée catholique et royale de Bretagne[4],[5]. Il s'emploie alors à nommer de nouveaux officiers et à réorganiser ses troupes, affaiblies par la perte de plusieurs chefs assassinés par les faux chouans[4],[5]. Dans ses mémoires, l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand écrit : « On s'apercevait bien de la disparition de tant de braves capitaines, sous-officiers et soldats indignement massacrés pendant la paix »[4],[5]. Parmi ses principaux officiers figurent alors : Joseph Picot de Limoëlan, Auguste Hay de Bonteville, son frère Louis Picquet du Boisguy, Auguste Pierre François de Lambilly et Bertrand de Saint-Gilles[4],[5], frère de Jean Isidore de Saint-Gilles, assassiné près de Vitré en décembre 1798[6].

Après le Coup d'État du 18 Brumaire, une trêve est instaurée dans l'Ouest et une conférence de paix entre républicains et royalistes s'ouvre à Pouancé[4],[5]. Du Boisguy se range du côté des généraux royalistes favorables à la poursuite de la guerre, regardant, d'après Pontbriand, « les propositions du Premier Consul comme fallacieuses »[4],[5]. Informé de l'arrivée prochaine en Bretagne du général Brune avec d'importantes troupes, il regagne rapidement le pays de Fougères et se prépare à une reprise des combats[4],[5]. Cependant, d'après les mémoires de Pontbriand : « Il n'avait [...] pas encore la certitude que l'ordre fût arrivé de rompre la trêve et ne voulait pas attaquer le premier »[4],[5].

Une première escarmouche a lieu le 16 janvier 1800, sur les limites de la Bretagne et de la Normandie, lorsque les républicains de la garnison de Saint-James repoussent une incursion de 150 chouans qui laissent quatre ou cinq morts[7],[2],[8].

Le 20 ou le 22 janvier, un autre combat oppose une colonne sortie d'Avranches et les chouans de la division de Saint-James, alors commandée par François Julien Morel d'Escures[9],[8]. D'après les sources républicaines, les chouans tentent ce jour-là d'arrêter un convoi de bois destiné au cantonnement de Saint-James[9]. Selon Pontbriand, ce sont les républicains qui violent la trêve et qui surprennent d'Escures et ses hommes qui ne s'attentaient pas à être attaqués[5]. Ceux-ci sont mis en déroute et trouvent refuge dans la région de Fougères[5],[9],[8],[10].

Aimé Picquet du Boisguy se trouve alors à Parigné, près de son château du Bois-Guy, lorsqu'il est alerté par le bruit de la fusillade[4],[5]. Deux heures après, il reçoit d'Escures et ses hommes, avec qui il se remet aussitôt en marche pour contre-attaquer[4],[5]. Dans la soirée, ils atteignent le village de Montjoie-Saint-Martin, à l'est de Saint-James, avec l'intention d'attaquer cette petite ville le lendemain[4],[5].

Forces en présence

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Lors de ce combat, les républicains engagent des troupes de la 24e demi-brigade légère et la 72e demi-brigade de ligne[8],[10],[11]. Ces forces sont commandées par le général de brigade Charles Dumoulin[4],[5],[9],[12],[13].

Leurs effectifs sont mal connus. Selon l'officier royaliste Toussaint du Breil de Pontbriand, les républicains engagent les 4 000 hommes de la colonne de Dumoulin et les 400 hommes de la garnison de Saint-James[4],[5]. Cependant d'après les sources républicaines, la colonne du général Dumoulin ne compte que 500 à 600 hommes à la mi-janvier[1]. De son côté, l'administration républicaine d'Avranches écrit dans un courrier daté du 8 pluviôse (28 janvier) et adressé à l'administration municipale du canton de Villedieu-les-Poêles, que le combat opposa 130 hommes commandés par Dumoulin à 250 chouans sur les hauteurs de la Palluelle, puis à 1 000 à 1 200 autres au bourg de La Croix-Avranchin[2]. D'autres sources républicaines évoquent un affrontement opposant 400 soldats sortis de Saint-James à 1 200 ou 1 500 chouans[2]. En 1840, l'historien militaire Patu-Deschautschamps fait état de 400 hommes côté républicain[3].

Du côté des royalistes, Aimé Picquet du Boisguy est à la tête de 1 100 hommes de la colonne Centre de la division de Fougères de l'Armée catholique et royale de Bretagne[4],[5]. Son frère, Louis Picquet du Boisguy, commande son avant-garde[4],[5]. Son second, Auguste Hay de Bonteville mène 800 à 900 hommes de la colonne Brutale de la même division, qui arrivent en renfort vers la fin du combat[4],[5]. François Julien Morel d'Escures dirige quant à lui 200 Normands de la division de Saint-James, auparavant affiliée à l'Armée catholique et royale de Rennes et de Fougères mais rattachée depuis 1799 à l'Armée catholique et royale de Normandie[4],[5]. Au total, les chouans alignent 2 200 hommes lors de ce combat selon Toussaint du Breil de Pontbriand[4],[5].

Dans ses mémoires, Pontbriand écrit que Dumoulin évalue le nombre des chouans à 5 000[5]. Cependant, dans un rapport adressé au général Gardanne, Dumoulin estime leur nombre à 1 500[13].

Déroulement

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Le déroulement de ce combat est principalement connu par les mémoires de l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand[Note 1]. Celui-ci le place à la date du [5], cependant les documents républicains donnent la date du 3 pluviôse, soit le [9],[12],[13],[10].

D'après le récit de Pontbriand, les chouans de du Boisguy se divisent en deux colonnes égales[4],[5]. La première se porte à la vue de la garnison de Saint-James afin de l'attirer hors de ses retranchements, tandis que la deuxième est chargée de la prendre à revers après sa sortie[4],[5]. Dans un premier temps, la garnison se porte effectivement à la rencontre des chouans mais elle fait rapidement demi-tour et après un petit engagement[4],[5]. Selon Pontbriand, 26 républicains sont tués près des retranchements[4],[5].

Les chouans contournent ensuite Saint-James en passant par La Croix-Avranchin, au nord-ouest, où du Boisguy fait rafraîchir sa troupe[4],[5]. Son avant-garde, forte de 400 hommes et commandée par son frère Louis, se porte quant à elle à Montanel, au sud-ouest de la ville[4],[5]. À ce moment, la garnison de Saint-James fait une nouvelle sortie, mais elle tombe dans une embuscade sur la route reliant La Croix-Avranchin à Montanel[5]. Reçus par une fusillade « à bout portant », puis chargés « vigoureusement », les républicains sont mis en déroute en moins d'un quart d'heure et les troupes de Bertrand de Saint-Gilles se lancent à leur poursuite sur un quart de lieue[4],[5].

Cependant, au niveau du village de Vanzel, Pontcel ou Poncéel[8], les chouans tombent à leur tour dans une embuscade de la colonne du général Dumoulin, tout juste arrivée à Saint-James[4],[5]. Bertrand de Saint-Gilles recule alors d'un quart de lieue et rejoint du Boisguy qui rallie et fait embusquer ses hommes en vue d'un nouvel affrontement[4],[5].

Dumoulin passe alors à l'attaque, mais les chouans, encouragés par du Boisguy, Saint-Gilles, Lambilly et Larcher-Louvière, parviennent à résister[4],[5]. Au bout d'une demi-heure, l'avant garde commandée par Louis du Boisguy rejoint le combat[4],[5]. Peu après, la colonne de Bonteville arrive à son tour en renfort et attaque les républicains sur leurs arrières[4],[5]. Dumoulin ordonne alors la retraite qui, selon Pontbriand, se transforme en déroute[4],[5]. Il est parmi les derniers à quitter le champ de bataille, mais il ne parvient à rallier ses hommes qu'à Saint-James[4],[5].

Pontbriand estime dans ses mémoires que le général Dumoulin a fait plusieurs erreurs lors de ce combat[4],[5]. La première est de ne pas avoir contre-attaqué assez vigoureusement après son embuscade réussie à Pontcel, ce qui a laissé le temps aux royalistes de se réorganiser[4],[5]. La deuxième est d'avoir trop massé ses troupes pour présenter un front suffisamment étendu[4],[5]. La troisième est de ne pas avoir gardé une réserve à opposer à Bonteville[4],[5].

Les sources républicaines ne donnent pas de détails sur le déroulement du combat. Certaines d'entre-elles annoncent une défaite des chouans, mais le chef d'état-major de la subdivision d'Ille-et-Vilaine[Note 2] et le commissaire du canton Louvigné-du-Désert, Hautraye, reconnaissent que le champ de bataille resta à ces derniers[9],[12]. D'après le général Dumoulin, le combat a duré quatre heures[13]. Selon un journal républicain, L'Ami des Lois, l'affaire a commencé à 7 heures du matin, pour s'acherver à 5 heures du soir[14].

Le matin 25 janvier, une troupe de 200 chouans profite d'une sortie de la garnison pour mener un raid sur Saint-James qui n'est alors plus gardé que par des paysans[7],[8]. Les chouans s'emparent de quelques fusils dans la mairie et pillent ou menacent plusieurs habitants[7],[8].

Les pertes font l'objet d'estimations divergentes, étant exagérées ou minimisées par les deux camps[2].

D'après le colonel chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, les pertes des républicains sont de 600 tués et 300 blessés, contre 80 morts ou blessés chez les chouans[5],[4].

Selon un courrier des administrateurs d'Avranches, les pertes du général Dumoulin sont de 8 morts et 20 blessés sur 130 hommes, tandis que celles des chouans sont de « plus du quadruple »[2],[Note 3]. Un journal républicain, L'Ami des Lois, donne un bilan de 5 tués et 17 blessés pour les patriotes, contre « un grand nombre de morts » et 200 blessés au moins du côté des chouans[14]. Dans un rapport adressé au général Gardanne, le général Dumoulin affirme quant à lui que ses pertes sont d'environ douze hommes, dont quatre tués et les autres blessés, contre 500 chouans morts ou blessés, soit plus d'un tiers de leur colonne[13],[4],[10],[9],[Note 4]. Ce bilan est cependant contredit par Hautraye, le commissaire du canton de Louvigné-du-Désert, qui écrit que « le général Dumoulin ne s'était pas fait rendre un compte bien exact de la perte de part et d'autre, car il eût appris qu'il y a eu vingt-deux tués et de trente à trente-cinq blessés du côté des républicains et de celui des chouans, à qui resta l'avantage du champ de bataille, soixante à quatre-vingt tués ou blessés, au plus »[9],[4],[10].

Les registres de Saint-James dressent les actes de décès de deux soldats : Graingué, originaire des Ardennes, décédé le 1er février, chasseur de la 2e compagnie du 1er bataillon de la 24e demi-brigade légère ; et Jean Ordonneaud, né à Angoulême, décédé le 24 février, soldat de la 6e compagnie du 1er bataillon de la 72e demi-brigade de ligne[8]. Ils expirent « au domicile du sieur Lelièvre, rue Saint Martin, à la suite des blessures reçues à l'affaire de la Croix, en bataille contre les chouans »[8].

Notes et références

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  1. « Aussitôt que ce général (du Boisguy) s'était trouvé en état de monter à cheval, après la chute qu'il avait faite en s'évadant du château de Saumur, il était revenu prendre le commandement de sa division de Fougères, qui ne comptait plus que dix-huit cents à deux mille hommes, parce que les Normands du pays d'Avranches, composant sa troisième colonne dans la guerre précédente, s'étaient réunis à M. de Frotté, qui avait le commandement de toute la province de Normandie.

    Sa troupe, sous les ordres de MM. de Limoëlan, Bonteville, Louis du Boisguy, son frère, et Bertrand de Saint-Gilles, digne frère du chevalier, s'était distinguée dans plusieurs combats, avant la trêve ; le chevalier de Lambilly était aussi venu le rejoindre ; mais on s'apercevait bien de la disparition de tant de braves capitaines, sous-officiers et soldats indignement massacrés pendant la paix. Néanmoins, il s'empressa de réorganiser ses compagnies, de nommer de nouveaux officiers et se prépara à soutenir l'effort de l'ennemi.

    Peu de jours après son arrivée, la trêve fut publiée partout, et il reçut une invitation pour se rendre aux conférences de Pouancé. Il partit aussitôt pour cette ville et se réunit aux chefs qui, regardant les propositions du Premier Consul comme fallacieuses, opinaient pour la continuation de la guerre. Ce fut à Pouancé qu'il apprit la marche du général Brune qui descendait la Loire avec une puissante armée, tandis que le général Chambarlhac marchait sur la Normandie. Il quitta Pouancé avec Frotté et revint se mettre à la tête de ses troupes.

    Il n'avait cependant pas encore la certitude que l'ordre fût arrivé de rompre la trêve et ne voulait pas attaquer le premier. Le 20 janvier 1800, il était sur la paroisse de Parigné, dans les environs de son château du Boisguy, lorsqu'il entendit une fusillade du côté de Saint-James, et, deux heures après, il vit arriver M. Descures, commandant une division en Normandie, qui avait été surpris au moment il n'avait avec lui que deux cents hommes et quand, sur la foi de la trêve, il ne se tenait pas sur ses gardes. Descures, attaqué par huit cents hommes sortis d'Avranches avait été battu après une courte résistance et venait se réfugier auprès de du Boisguy. Ce dernier n'avait lui-même que onze cents hommes ; néanmoins il se mit en marche sur-le-champ et alla coucher au village de Montjoie, à une lieue de Saint-James.

    Le lendemain, il divisa sa troupe et en fit passer la moitié en vue de la garnison de Saint-James, espérant l'attirer hors de ses retranchements ; son intention était de la mettre entre deux feux et de lui couper la retraite, ce qui n'eut lieu qu'en partie. Les Républicains sortirent en effet, au nombre de quatre cents, mais ils furent sans doute prévenus du piège, car ils rentrèrent presque aussitôt ; vingt-six des leurs furent tués près des retranchements.

    Du Boisguy, voyant cette expédition manquée, marcha sur la Croix-Avranchine, de quoi y rafraîchir sa troupe ; ensuite il prit la route de Montanel. Son avant-garde, commandée par son frère Louis, qui avait repris les armes, quoiqu'il eût été estropié d'un bras en 1794, était partie depuis une demi-heure, lorsqu'il eut avis que les Républicains marchaient contre lui. Il pensait que c'était la garnison de Saint-James et qu'il n'avait pas besoin de rappeler son frère pour battre cette troupe. Il fit arrêter sa colonne et se mit à cheval sur la route de la Croix à Montanel, où il attendit l'ennemi dans une assez bonne position.

    Les Républicains donnèrent dans son embuscade, où ils furent reçus par une fusillade à bout portant, et aussitôt, chargés si vigoureusement qu'ils furent rompus et mis en déroute en moins d'un quart d'heure. Du Boisguy les poursuivit dans trois quarts de lieue ; mais arrivé au village de Vanzel, sur la route de la Croix à Saint-James, l'affaire changea de face. Le général Dumoulin venait d'arriver avec quatre mille hommes ; il apprit par les fuyards la déroute de la garnison de Saint-James, et, prévoyant que les Royalistes allaient la poursuivre jusqu'à cette ville, il leur dressa une embuscade où Bertrand de Saint-Gilles alla tomber avec ceux qui étaient les plus ardents à la poursuite. Ils plièrent d'abord et se retirèrent en combattant toujours pendant un quart de lieue. Ils rejoignirent du Boisguy, occupé à rallier et à embusquer ses troupes. Un prisonnier que Saint-Gilles venait de faire lui apprit le nombre et la qualité des nouveaux ennemis qu'il avait à combattre ; néanmoins, il résolut de faire une vigoureuse résistance ; plusieurs cavaliers étaient déjà partis pour hâter le retour de son frère.

    Le général Dumoulin le fit attaquer vigoureusement ; mais, malgré le nombre de ses troupes, il ne prit pas autant de développement que les Royalistes. Il avançait toujours, mais ses flancs restaient découverts. Bertrand de Saint-Gilles d'un côté, du Boisguy, Lambilly, Louvières firent des prodiges de valeur pour arrêter l'ennemi et empêcher leurs troupes de se débander en présence de cette masse qui les pressait sans relâche.

    L'action durait ainsi depuis plus d'une demi-heure, lorsque Louis du Boisguy arriva avec son avant-garde de quatre cents hommes ; puis une vive fusillade se fit entendre sur les derrières de Républicains ; c'était Bonteville qui arrivait à son tour, avec huit à neuf cents hommes de troupes fraîches. Le général donna des ordres pour faire tête à ce nouvel ennemi ; mais il avait trop massé ses bataillons, et il lui fut impossible de se déployer  ; la dernière attaque y avait jeté un désordre qu'il ne put réparer, tandis que du Boisguy, redoublant d'efforts, parvenait à pénétrer dans le centre, et que Bonteville perçait la masse qui lui était opposée.

    Le général voulut en vain opérer sa retraite en bon ordre ; la déroute devint générale. Il fut un des derniers à quitter le champ de bataille ; mais il fut obligé de suivre ses soldats, qu'il ne put rallier qu'à Saint-James. Il laissa six cents morts sur la place et emmena trois cents blessés. Tel fut le résultat de cette brillante action, qui prouva à du Boisguy que ses anciens soldats n'avaient pas dégénéré pendant la paix.

    Les Royalistes eurent quatre-vingts hommes tués ou blessés.

    Le général républicain fit des fautes dans cette affaire ; la première fut de n'avoir pas chargé aussitôt que les Royalistes furent tombés dans son embuscade, et profité du désordre qu'occasionna la première surprise qui les fit reculer assez loin ; la seconde, de n'avoir pas étendu suffisamment son front, ensuite de n'avoir pas assuré ses derrières par une bonne réserve. Ses soldats, se trouvant massés dans un trop petit espace, ne pouvaient se soutenir, et les balles faisaient plus de ravages. Enfin, il fut battu par des troupes qui lui étaient inférieures en nombre de près de moitié, ce qu'il ne voulait pas croire, car il assurait que du Boisguy avait plus de cinq mille hommes à cette affaire, tandis que, même avec les deux cents soldats de M. Descures, il n'en avait que deux mille deux cents. Il avoua qu'il ne s'attendait pas à l'attaque que Bonteville fit sur ses derrières au milieu de l'action.

    Du Boisguy, en donnant des éloges à tous ceux qui s'étaient distingués, attribua à Bertrand de Saint-Gilles l'honneur principal de cette journée[5],[4]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

  2. « Une colonne, envoyée par le général Dumoulin, le 23 janvier, à Fougères, a d'abord fait sortir de cette ville un détachement, qui, ayant reconnu la grande supériorité (des ennemis), s'est replié , ne laissant pas d'en tuer 5 ou 6, dont un capitaine nommé l'Invisible[12]. »

    — Rapport du chef d'état-major de la subdivision d'Ille-et-Vilaine.

  3. « Le général Dumoulin, à la tête de 130 hommes, attaque, le 3 du courant, les Chouans postés sur les hauteurs de la Palluelle, au nombre d'environ 250, les débusque et les chasse jusqu'au bourg de la Croix, où les Chouans étaient réunis en force au nombre d'environ 1 000 ou 1 200.

    Le feu s'engagea avec vigueur et notre colonne se battit contre les Chouans, quoique dix fois plus nombreux, pendant dix heures de temps. À la fin, manquant de munitions, elle fut obligée de faire sa retraite sur Saint-James. Nous n'avons eu dans cette affaire que huit tués et vingt blessés.

    Celui des Chouans, en tués et blessés, est de plus du quadruple.

    Le 4, une seconde affaire a eu lieu dans la commune de Cogles, département de l'Ille-et-Villaine, où nous avons tué environ 20 Chouans. Le nombre des blessés a été conséquent[2]. »

    — Rapport de l'administration d'Avranches à l'administration municipale du Villedieu, 8 pluviôse an VIII ().

  4. « Les dispositions que j'avais prises ont produit l'effet que j'en attendais. Le général de brigade Dumoulin m'écrit que, le 3 du courant, il a attaqué, près Saint-James, une colonne de 1 500 chouans, et que leur perte a été considérable en tués et blessés; il la porte à plus d'un tiers de la colonne; l'action a duré quatre heures. Il a eu une douzaine d'hommes hors de combat, dont quatre tués et les autres blessés. Je suis à la poursuite de Frotté[13]. »

    — Lettre du général de division Amédée Gardanne, commandant de la 14e division militaire, le 5 pluviôse an VIII ().

Références

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  1. a et b Lemas 1994, p. 335.
  2. a b c d e f et g Jourdan, t. II, 1907, p. 247-251.
  3. a et b Patu-Deschautschamps 1840, p. 605-606.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap aq et ar Le Bouteiller 1988, p. 699-701.
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap et aq Pontbriand 1897, p. 424-430.
  6. Pontbriand 1897, p. 106-107.
  7. a b et c La Sicotière, t. II, 1889, p. 454-457.
  8. a b c d e f g h et i Ménard, t. X, 1894, p. 108-112.
  9. a b c d e f g et h Lemas 1894, p. 336-337.
  10. a b c d et e Pontbriand 1904, p. 426-430.
  11. Tintou 1967, p. 27-29.
  12. a b c et d Chassin, t. III, 1899, p. 556.
  13. a b c d e et f Gazette nationale, ou le moniteur universel, no 132, 1800, p. 524.
  14. a et b L'Amis des Lois, no 1607, 12 Pluviôse, an 8 de la République, 1800, p. 3.

Bibliographie

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  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801-1815 : Du dix-huit fructidor au Concordat et à l'invasion, t. III, Paris, Paul Dupont, , 803 p. (lire en ligne).  
  • Félix Jourdan, La Chouannerie dans l'Avranchin, t. II, Imprimerie de L'Avranchin, , 271 p. (lire en ligne).  
  • Léon de La Sicotière, Louis de Frotté et les insurrections normandes, 1793-1832, t. II, Plon, , 814 p. (lire en ligne).  
  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p.  
  • Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN 978-2-906064-28-7, lire en ligne).  
  • Victor Ménard, « Histoire de la ville de Saint-James-de-Beuvron », dans Mémoires de la Société académique du Cotentin (archéologie, belles-lettres, sciences et beaux-arts), t. X, Avranches, Imprimerie Alfred Perrin, , 180 p. (lire en ligne).  
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).  
  • F. L. Patu-Deschautschamps, Dix années de guerre intestine : présentant le tableau et l'examen raisonné des opérations des armées royalistes et républicaines dans les départements de l'ouest, depuis le mois de mars, 1793 jusqu'au Ier août 1802, Gaultier-Laguionie, , 635 p. (lire en ligne)
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne).  
  • Gazette nationale, ou le moniteur universel, Duodi, 12 pluviôse an 8 de la république française, une et indivisible, t. 132, , 1136 p. (lire en ligne).  .
  • Jules Tintou, Soldats limousins de la Révolution et de l'Empire, Paris, Lemouzi, , 170 p. (ISBN 978-2307006008).