Combat de Romazy et Rimou
Le combat de Romazy et de Rimou a lieu lors de la Chouannerie. Le , les chouans s'emparent de ces deux communes malgré la défense de ses habitants.
Date | |
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Lieu | Romazy et Rimou |
Issue | Victoire des chouans |
Républicains | Chouans |
• Gilles Trébourg † | • Aimé Picquet du Boisguy • Auguste Hay de Bonteville |
~ 100 à 500 hommes[1],[2] | 3 000 hommes[1] |
10 morts à Rimou[1] inconnues à Romazy |
inconnues |
Coordonnées | 48° 24′ 01″ nord, 1° 30′ 40″ ouest | |
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Le combat
modifierCombat à Romazy
modifierLe combat a lieu en selon les mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand[2], mais selon le rapport républicain, il se déroule le de la même année[1].
À cette date, la division de Fougères au grand complet, soit environ 3 000 hommes, menée par Aimé Picquet du Boisguy marche sur les bourgs patriotes de Romazy et Rimou. Ils se heurtent d’abord à une redoute élevée à Romazy, défendant un pont qui traverse le Couesnon. La colonne Brutale, commandée par Auguste Hay de Bonteville, traverse la rivière à Vieux-Vy-sur-Couesnon afin de prendre le poste à revers. À 4 heures du matin, les chouans adressent une sommation : la garnison, forte de 400 hommes selon Pontbriand, est sommée de se rendre, faute de quoi elle sera passée au fil de l’épée. Cependant cet ultimatum n’est pas pris aux sérieux par les Républicains[2].
L’attaque commence avant le lever du jour, les chouans comblent les fossés avec des fagots et des fascines et attaquent les retranchements. Cependant les Républicains concentrent leurs forces pour repousser du Boisguy et laissent leurs arrières peu défendus. Bonteville en profite et attaque les Républicains à revers, puis le capitaine Sans-Chagrin escalade les fortifications avec ses troupes. La redoute est prise par les chouans, ainsi que le bourg, et, selon Pontbriand, presque tous ses défenseurs sont tués[2]. Néanmoins, selon les sources républicaines, le fort n'est défendu que par un petit détachement de gardes nationaux établi au lieu-dit la Hutte qui, après avoir opposé une résistance, se retire sur la ferme du Bois-Baudry[1].
Combats à Rimou
modifierLes chouans marchent ensuite sur Rimou. La garnison de cette paroisse est bien faible, trente soldats seulement pour Pontbriand[2], elle comporte en fait, suivant les sources républicaines, 64 gardes nationaux commandés par Gilles Trébourg, auxquels se joignent des habitants de la commune. Pendant l’alerte, les femmes et les enfants se réfugient au bois de la Vigne[1].
20 Rimois tentent de retarder la progression des chouans, ils se joignent aux rescapés du fort de Romazy et se retranchent dans le fossé. Les Républicains se disséminent à la butte du Châtel et aux alentours pour faire croire qu’ils sont plus nombreux qu’en réalité[1], mais ils ne résistent pas longtemps, les royalistes menés par Bonteville et Chalus les mettent en fuite, et dans la poursuite, s’emparent du bourg de Rimou que les Républicains n’ont pas eu le temps de mettre en défense. Ces derniers prennent la fuite en direction de Bazouges-la-Pérouse[2], néanmoins ils se rallient au bois de la Vigne[1].
Les Républicains tentent une ultime résistance dans le bois de la Vigne, contre une partie des chouans qui se sont lancés à leur poursuite. Trois femmes, Marie Collin, Marguerite Grohan et Juilienne Trebourg, sœur du commandant, se distinguent notamment pendant le combat. Cependant lors de l’affrontement, Gilles Trebourg est fait prisonnier et aussitôt fusillé, l’abbé Macé, prêtre constitutionnel, est également capturé, il est conduit au bourg de Romazy, où un chouan lui tranche la gorge avec une serpette dans la rue Puette[1].
Cependant le tocsin retentit aux alentours et l’alarme est donnée dans les autres communes patriotes de Sens-de-Bretagne, Saint-Rémy-du-Plain, Gahard et Saint-Marc-le-Blanc. Craignant des renforts, Boisguy fait rappeler ses troupes qu’il rassemble à Rimou[2]. Le bourg est pillé[1] et les chouans y déjeunent. À 3 heures, du matin les royalistes se portent à la rencontre des renforts, soldats et paysans, au nombre de 3 000 selon Pontbriand, cependant ces derniers, désorganisés, reculent sans combattre, et Bonteville les suit jusqu’à Sens-de-Bretagne[2].
Les pertes
modifierLes pertes de Romazy ne sont pas connues ; à Rimou, dix gardes nationaux républicains ont été tués, en plus de l’abbé Macé : Gilles Trébourg, Julien Pierre, Louis Luca, Pierre Luca, Pierre Béranger, François Durocher, Georges Poincheval, Louis Moreau, Gabriel Pincet et Joseph Thébault. Les rapports indiquent en outre qu'un ou six vieillards qui n’ont pu fuir ont été assassinés[1].
En 1906, un monument républicain est érigé dans la commune pour célébrer la « victoire » des Républicains contre les chouans[3],[4].
« Ces monstres viennent de renouveler les horreurs dont Tremblay fut la malheureuse victime dans le courant du mois de brumaire. Au nombre de trois à quatre mille, ils ont attaqué les communes de Rimou, Sens et Romazy. Le patriotisme le plus prononcé leur méritait de longtemps la haine de ces brigands. Les habitants se sont défendus avec l’intrépidité qui les caractérise. Les femmes même ont vigoureusement secondé les efforts de leurs époux. Mais bientôt, écrasés par la multitude, les citoyens armés n’ont pu résister davantage : ils ont été forcés de faire retraite et d’aller chez leurs voisins implorer leur protection contre l’impétuosité de l’ennemi commun. Les atrocités dont ils se sont rendus alors coupables font frémir la nature. Le récit même ne peut trouver des auditeurs insensibles que parmi les cannibales et les anthropophages dignes de les partager. La vieillesse tombe sous les coups : un prêtre assermenté, accablé d’infirmités, âgé de quatre-vingts ans, ne peut échapper à leur fureur ; une mort ordinaire serait trop douce pour l’épouse d’un vertueux patriote : il faut la brûler à petit feu ; il ne faut pas faire périr tout d’un coup ce septuagénaire qui a donné le jour à un républicain : la mutilation successive de toutes les parties de son corps est encore trop douce pour lui[1]. »
— Rapport du commissaire général Beaugrand, au ministère de l'intérieur
« Du Boisguy, voulant profiter de la terreur jetée par ses succès dans les cantonnements républicains, résolut de les chasser des postes qu’ils occupaient le long de la rivière du Couesnon. Il attendait un débarquement de munitions et quelques pièces de canons, et voulait assurer les passages de cette rivière.
Il y avait un poste de quatre cents hommes à Romazy, et une redoute, en avant du pont, assez difficile à prendre. Il donna l’ordre à Bonteville de passer la rivière, pendant la nuit, à un moulin situé près du bourg de Vieuxvy, et de prendre ses mesures de manière à se trouver, au pont du jour, en face du pont de Romazy, pour seconder son attaque. Vers quatre heures du matin, du Boisguy, qui avait fait ses dispositions pour forcer le retranchement, fait amasser des fagots et des fascines pour combler le fossé et s’approche de la redoute. Le capitaine Sans-Chagrin s’avance seul et s’écrie de sa voix la plus forte : « Dors-tu, Républicains ? » - « Non, je ne dors pas, » répondit le factionnaire. – « Eh bien, va-t’en dire à ton commandant que, s’il veut se rendre à nous avec sa garnison, tous auront la vie sauve ; mais que, si, dans un quart d’heure, il n’a pas accepté mon offre, vous serez tous passés au fil de l’épée. » Il paraît que le commandant ne fit que rire de cette menace, qu’il crut sans doute faite par un homme ivre ou isolé, car il ne prit aucune précaution ; cependant, moins d’une heure après, l’action commença, et les fossés étaient presque comblés, qu’il n’était pas encore préparé au combat. Cependant ses troupes arrivaient et garnissaient les retranchements ; la fusillade s’engagea assez vivement, sans faire aucun mal de part ni d’autre. Du Boisguy voulait attendre l’arrivée de Bonteville, et le jour ne faisait que paraître. Il réussit si bien à attirer toute l’attention du commandant de la redoute de son côté, que Bonteville arriva par l’autre, sans qu’il eût pris aucune mesure pour résister à cette nouvelle attaque. Aussitôt que la fusillade sur l’autre rive eut annoncé la présence de Bonteville, du Boisguy, prévoyant de désordre qu’il y avait dans la redoute, ordonne à Sans-Chagrin d’escalader le retranchement avec sa compagnie, qu’il fit soutenir par les grenadiers de Boismartel, et lui-même s’y élança avec eux et fut bientôt suivi par toute sa colonne. La redoute fut enlevée, ainsi que le bourg de Romazy, et presque tous ses défenseurs y périrent. Le petit nombre de ceux qui purent échapper se sauva sur Rimou.
Ce dernier bourg était défendu par ses habitants et une petite garnison de trente hommes ; mais du Boisguy, qui voulait s’en emparer, ne leur laissa pas le temps de se mettre en défense. Bonteville et Chalus, qui poursuivaient les fuyards de Romazy, y arrivèrent en même temps qu’eux. Ils y entrèrent de vive force et chassèrent devant eux toute la garnison, qu’ils poursuivirent jusqu’à Bazouges.
Cependant, le son du tocsin se faisait entendre de tous côtés, depuis le matin, à Sens, Gahard, Saint-Rémy, Saint-Marc-le-Blanc et autres paroisses environnantes. Du Boisguy envoya l’ordre de rallier ses troupes, prévoyant une prochaine attaque. Il les rassembla à Rimou, où il les fit dîner, en se préparant à combattre les ennemis qui pouvaient arriver d’Antrain et de Pontorson, d’un côté, et des paroisses républicaines de l’autre. En effet, vers trois heures après-midi, il eut avis que toutes les gardes territoriales du pays s’avançaient avec les garnisons et une grande masse de paysans, que le tocsin avait rassemblé ; ils étaient plus de trois mille hommes, mais leur nombre même leur fut nuisible, car, à peine virent-ils la colonne Bonteville s’avancer vers eux en bon ordre, que les paysans, d’abord, prirent la fuite, dans un tel désordre qu’ils entraînèrent avec eux et les gardes territoriaux et les troupes de ligne, qui étaient en petit nombre, en sorte qu’il n’y eut pas de combat. Bonteville les poursuivit jusqu’auprès de Sens, où cette masse se dispersa, laissant quelques morts et plus de fusils sur le terrain qu’elle parcourut dans sa déroute. D’un autre côté, les garnisons de Dol, Pontorson, et d’Antrain, que du Boisguy attendait, s’avancèrent jusqu’à Tremblay, mais elles n’osèrent passer la rivière du Couesnon et se retirèrent, le soir, à Antrain.
Après cette expédition, du Boisguy licencia ses colonnes pour donner quelques jours de repos à ses soldats. Il ne garda auprès de lui que son état-major et quelques compagnies du Centre, et donna l’ordre aux chefs de se réunir huit jours après[2]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 318-321.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, , p. 238-241.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , p. 508-512.
- Paul-Marie Du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Rennes, La Découvrance, (1re éd. 1904), 476 p. (ISBN 978-2-910-45201-8), p. 290-294.