Bataille de Locminé (1796)
La bataille de Locminé se déroule le , lors de la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans qui repoussent une attaque républicaine près de Locminé.
Date | |
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Lieu | Locminé |
Issue | Victoire des chouans |
République française | Chouans |
• Auguste Mermet | • Pierre Guillemot • Pierre Robinault de Saint-Régeant |
1 200 hommes[1] | 2 000 à 3 000 hommes[2] |
25 morts[1] 15 blessés[1] |
80 morts[2] 100 à 120 blessés[2] |
Batailles
- Liffré
- 1re Argentré
- Expédition de Quiberon
- Plouharnel
- Quiberon
- Segré
- 1er Rocher de La Piochais
- La Ceriseraie
- La Cornuaille
- 1re La Croix-Avranchin
- La Vieuville
- Boucéel
- 1re Saint-James
- 2e Rocher de La Piochais
- 2e La Croix-Avranchin
- Auverné
- Andigné
- Croix-Couverte
- Tinchebray
- L'Auberge-neuve
- Locminé
- Saint-Hilaire-des-Landes
- Val de Préaux
- Le Grand-Celland
- 2e Argentré
- Noyant-la-Gravoyère
- La Hennerie
- Saint-Aubin-du-Cormier
- Le Mans
- Nantes
- Saint-Brieuc
- Le Lorey
- Mont-Guéhenno
- La Tour d'Elven
- 2e Saint-James
- Les Tombettes
- Pont du Loc'h
Coordonnées | 47° 53′ 15″ nord, 2° 50′ 04″ ouest | |
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Prélude
modifierEn avril 1796, Georges Cadoudal donne l'ordre à plusieurs de ses divisions de se rassembler dans les environs de Locminé, probalement dans le but de favoriser un débarquement d'armes par les Britanniques[1],[2].
Le récit le plus détaillé du combat est laissé par l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand dans ses mémoires[Note 1]. Actif en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-du-Nord, Pontbriand n'est pas présent à ce combat et ses notes sur les opérations dans le Morbihan semblent s'appuyer sur les écrits d'un chef chouan local nommé François Le Chevalier[3]. Des notes sont également laissées par un autre chef royaliste : Louis du Bot de Villeneuve[1],[Note 2].
Côté républicain, le combat n'est que brièvement mentionné par une lettre du général Pierre Quantin adressée au général en chef Lazare Hoche, le 20 germinal an IV ()[1].
Forces en présence
modifierLes effectifs engagés de part et d'autre ne sont pas connus avec exactitude. Selon du Bot, trois divisions de l'armée royale du Morbihan prennent part au combat, menées par Pierre Guillemot, Pierre Robinault de Saint-Régeant, Joseph-Urbain de Troussier et Lantivy du Rest[4]. Pour Pontbriand, les chouans engagent 1 000 hommes menés par Guillemot, 800 hommes menés par Saint-Régeant, 200 hommes de la division de Troussier menés par un officier du Loyal-Émigrant nommé Georges et un nombre indéterminé de combattants de la division de Ploërmel menés par Closmadeuc[2].
Pour Pontbriand et du Bot, les républicains engagent 1 500 hommes lors de ce combat, auxquels Pontbriand ajoute 500 hommes arrivés en renforts[2],[4]. D'après la correspondance du général Quantin, 1 200 hommes commandés par le général Auguste Mermet sont présents à Locminé au moment de la bataille[1],[5]. Quantin indique cependant que l'affrontement n'est livré que par une partie du 6e bataillon de volontaires de la Côte-d'Or[1]. Une partie du 22e bataillon de volontaires du Morbihan commandé par le capitaine Henry Violard arrive également ce jour-là à Locminé, en provenance de Vannes[1].
Déroulement
modifierLa bataille s'engage probablement le 18 germinal an IV ()[1]. Selon du Bot, le combat débute à huit heures du matin et s'achève à trois heures de l'après-midi[1],[4]. Pour Pontbriand, l'affrontement dure six heures[2].
La division de Saint-Régeant arrive la première aux abords de Locminé[1],[2],[5]. Elle se place alors dans un village à proximité de la bourgade afin de faire une distribution de pain et de viande[1],[2]. Fatigués par une longue route, les chouans se mettent en bivouac et s'occupent à faire de la soupe[1],[2].
Cependant, les républicains sortent du bourg de Locminé et se portent à la rencontre des chouans[1],[2]. Ces derniers se mettent en bataille et acceptent le combat dans « l'espoir d'un prompt secours » selon Pontbriand, « joint au désir de défendre leur repas »[1],[2].
Les chouans résistent une heure, mais Saint-Régeant finit par donner l'ordre de faire retraite, par crainte de se retrouver enveloppé[1],[2]. Les derniers pelotons, menés par Garnier de la Villesbret[Note 3], ne parviennent à s'extraire que de justesse[1],[2].
Les hommes de Saint-Régeant rejoignent alors les 200 combattants de la division de Troussier, qui se déploient sur une position avantageuse[2]. Cependant, les républicains poursuivent leur attaque et emportent la position en une demi-heure[2].
L'arrivée de Pierre Guillemot avec sa division de Bignan permet aux chouans de reprendre l'avantage[1],[2],[5]. Guillemot rallie les troupes de Saint-Régeant et de Troussier, au bord de la déroute, puis il ordonne une charge à la baïonnette qui pousse les républicains à reculer[1],[2]. Selon le récit de Pontbriand, malgré de vains efforts, les officiers ne parviennent pas à rallier leurs hommes, qui ne peuvent se remettre en bataille[2]. Un détachement républicain arrive en renfort, mais il ne peut inverser le cours du combat[1],[2]. Peu après, la division de Closmadeuc apparaît à son tour sur le champ de bataille et achève de semer la panique parmi les républicains qui prennent la fuite et se réfugient à l'intérieur du bourg de Locminé[1],[2].
Pertes
modifierLes différentes sources ne s'accordent pas sur le bilan du combat. Les pertes républicaines sont évaluées à 250 hommes par du Bot[1],[5],[4] et à plus de 1 000 par Pontbriand[1],[2]. Cependant, le général Quantin donne un bilan bien moins élevé dans sa lettre adressée à Hoche le 20 germinal an IV () : « Une partie du 6e bataillon de la Côte-d'Or a eu avec les rebelles une affaire vive dans laquelle nous avons perdu 23 hommes et 17 blessés, dont deux mourront »[1],[5].
Le 22 germinal an IV (), François Fornier, juge à Pontivy, fait mention de 17 morts et 23 blessés dans une lettre adressée à Perret de la Lande, président du tribunal criminel du Morbihan à Vannes[6],[Note 4]. Le 26 germinal an IV (), le capitaine Jean-Louis Perret de La Garenne fait quant à lui état de 22 tués dans une lettre également adressée à Perret de la Lande, son frère[6],[Note 5].
Du côté des chouans, du Bot donne un bilan d'environ 200 tués ou blessés, dont 44 officiers[1],[4],[5]. Pour Pontbriand, les pertes sont de 80 morts et de plus de 100 blessés[2].
Selon Pontbriand, l'officier Georges, du Loyal-Émigrant, figure parmi les morts et Saint-Régeant est blessé à l'épaule[2]. Ils sont remplacés au cours du combat par les frères René et Philippe du Plessis de Grénédan[1],[2].
Suites
modifierSelon du Bot, deux autres combats ont lieu au cours de la même journée[4]. L'un est livré par Pierre Mercier, dit la Vendée, qui s'empare d'un convoi avec une troupe de 600 marins[4]. L'autre a lieu près de Plaudren, où 1 200 hommes de Louis de Sol de Grisolles battent en retraite devant 700 grenadiers d'élite menés directement par le général Hoche sur la route de Pontivy[4]. De Sol rejoint ensuite Guillemot à Saint-Jean-Brévelay[4].
Mermet se retire de Locminé dans la soirée et regagne Vannes afin de chercher du renfort[1]. Il ressort de cette ville le lendemain avec deux colonnes mobiles de la Côte-d'Or et du 110e régiment d'infanterie[1].
Deux jours après le combat de Locminé, Cadoudal donne l'ordre à ses troupes de se disperser, aucun flotte britannique n'étant finalement apparue sur les côtés du Morbihan[1],[5]
Dans une lettre datée du 7 floréal an IV (), Fornier écrit que le général Mermet a fait fusiller 18 chouans faits prisonniers près de Locminé[7].
Notes et références
modifierNotes
modifier« Au mois d'avril 1796, Saint-Régent reçut l'ordre de se rendre dans les environs de Locminé, où Cadoudal réunissait plusieurs divisions. Il fut placé, avec ses troupes, dans un village où l'on fit une distribution de pain et de viande. Ses soldats venaient de faire une longue route et s'empressèrent de faire la soupe; mais une colonne. républicaine, forte de quinze cents hommes, parut bientôt et vint les interrompre. Le feu des postes avancés et les cris « aux armes ! » réunirent en peu d'instants toute la troupe en bataille. Elle n'était que de huit cents honimes, mais l'espoir d'un prompt secours, joint au désir de défendre. leur repas, les fit combattre intrépidement et sans reculer d'un pas, pendant plus d'une heure. Ce ne fut qu'au moment qu'il s'aperçut qu'il allait être enveloppé, que Saint-Régent ordonna la retraite. Il était temps, car ses derniers pelotons furent, un instant, entièrement cernés. Garnier de la Villesbret était à leur tête; cet intrépide officier attaqua à la baïonnette la ligne des ennemis qui s'opposaient à son passage et l'enfonça. Il fit passer tous ses hommes et ne se retira que le dernier. Deux soldats républicains se précipitèrent sur lui pour lui barrer la route; armé d'un fusil double, il les renversa l'un et l'autre. Ses vêtements étaient criblés de balles, mais il ne fut pas blessé. Saint-Régent perdit quelques hommes dans cette retraite et fut lui-même blessé à l'épaule. Il se retira, toujours en combattant, du côté où se trouvaient deux cents hommes de la division Troussier, commandés par un brave officier de Loyal-Émigrant, nommé Georges, qui avait pris une bonne position. Il se rallia derrière lui, et le combat recommença alors très vivement. Il durait depuis une demi-heure, lorsque Georges fut tué, ainsi que deux autres officiers. Ses soldats reculèrent, et la position fut enlevée. La déroute allait être complète, sans l'arrivée de l'intrépide Guillemot, avec environ mille hommes de sa division, qui, d'abord, arrêta l'effort des Républicains et donna le temps à Saint-Régent de reformer ses troupes et celles de Troussier. Il prit ensuite l'offensive et ordonna une charge à la baïonnette qui les enfonça. Leurs chefs firent de vains efforts pour les rallier; ils avaient trop étendu leurs lignes pour envelopper Saint Régent et ne purent se remettre en bataille; cependant, ils combattaient toujours en se retirant, mais Guillemot les pressa si vivement, qu'un renfort de cinq cents. hommes qui leur arriva et qui avait pris une position avantageuse ne put rétablir le combat. Au même moment, Closmadeuc parut avec la division de Ploërmel; craignant alors d'être coupés, la terreur s'empara complètement des Républicains, qui, n'écoutant plus la voix de leurs chefs, prirent la fuite dans le plus grand désordre. Cette déroute leur fut bien funeste; ils perdirent plus de mille hommes et furent poursuivis jusque dans le bourg de Locminé, où un ancien canonnier nommé Hamon, de la paroisse de Merdrignac, qui avait perdu le pouce gauche à la bataille de Fleurus, entra au galop avec quelques cavaliers de Guillemot. Il sabra un soldat dans la rue même où il s'arrêta, sous une grêle de balles, pour boire un coup d'eau-de-vie avec ses camarades, puis il revint, rapportant au bout de son sabre le schako du soldat qu'il avait tué et le présenta à Saint-Régent en lui disant : « Commandant, j'ai vengé votre blessure. »
La perte des Royalistes fut de quatre-vingts hommes tués et de plus de cent blessés. Le combat avait duré six heures. M. René du Plessis de Grenédan et son frère Philippe', officiers de grand mérite, s'y trouvaient et contribuèrent au succès. C'est eux qui prirent le commandement des divisions de Saint-Régent et de Troussier, privées de leurs chefs par la blessure du premier et par la mort de Georges.
Cadoudal, avec la plus grande partie de ses troupes, était trop éloigné pour pouvoir prendre part à cette affaire. On croyait que la réunion ordonnée par lui avait pour but de favoriser un débarquement d'armes; mais rien ne parut, et, deux jours après, il prescrivit aux différents chefs de retourner dans leurs pays avec leurs divisions.
En s'en retournant, René du Plessis apprit qu'une colonne républicaine était à la Trinité, d'où elle devait se rendre à Josselin. Il lui dressa une embuscade aux abords de la forêt de la Nouée, mais elle fut découverte, et tout se borna à une fusillade du Plessis fit cesser à cause du manque de cartouches. Les Républicains continuèrent leur route, et il donna quelques jours de repos à ses troupes[2]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
« Un mois auparavant, étant avec la division, forte de douze cents hommes, auprès de Plaudren, nous entendîmes sur les huit heures une vive fusillade; c'étaient trois de nos divisions, commandées par Guillemot, Saint-Régeant, Troussier et Lantivy, qui s'étaient engagées avec un corps de quinze cents hommes, sortis de Locminé. Ce combat se prolongeait, et un officier blessé nous dit qu'à midi quarante-quatre officiers de ces divisions étaient hors de combat, et que l'affaire était indécise. A trois heures, le feu cessa, et l'ennemi fut poursuivi jusqu'à Locminé, avec une perte de deux cent cinquante hommes; la nôtre fut d'environ deux cents tués ou blessés[4]. »
— Notes de Louis du Bot de Villeneuve
- Louis-Henri-Baptiste Garnier de La Villesbret, né le 5 janvier 1777 à Grabusson en Montauban (Côtes d'Armor), entré en 1794 à l'Armée Royale de Bretagne sous le nom de Monteauciel, chevalier de Saint-Louis (Les Filiations bretonnes de La Messelière. Tome II, page 445)
« Il s'est passé différentes affaires auprès de Locminé. Nous avons été battus : 17 morts, 23 blessés. Pendant l'affaire, le général parti d'ici aujourd'hui, étoit sur la route où l'affaire avoit lieu. Il étoit amusé par les chouans qui craignoient qu'il ne prît en queue les chouans qui battoient la garnison de Locminé.
Et vous ne voulez pas que je crie contre une pareille insouciance et manœuvre ! Oui, le général La Valette surnommé Femelle, l'autre général surnommé Fanfan (Mermet), devoient être sur la côte. Ici, nous n'avions pas besoin d'eux leur place étoit d'aller dans les campagnes, pour arrêter les rassemblements, et sur la côte, pour empêcher les débarquements. Oui, tous les généraux nous jouent. Ils veulent faire de ce pays une Vendée pour s'engraisser[6]. »
— Lettre de François Fornier à Perret de la Lande, rédigée à Pontivy le 22 germinal an IV ().
« Les chouans se montrent en force. Ces jours derniers, ils nous tuèrent 22 hommes à Locminé, et, sans les barrières, la garnison était perdue: toutes leurs cartouches étaient brûlées[6]. »
— Lettre de Jean-Louis Perret de La Garenne à Perret de la Lande, rédigée à Vannes le 26 germinal an IV ().
Références
modifier- Le Falher 1913, p. 505-506.
- Pontbriand 1988, p. 498-501.
- Pontbriand 1988, p. 477.
- Cadoudal 1887, p. 153.
- Cadic, t. II, 2003, p. 116-118.
- Héricault et Bord 1884, p. 82-83.
- Héricault et Bord 1884, p. 86-87.
Bibliographie
modifier- François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. II, Terre de brume et Presses universitaires de Rennes, coll. « Les Œuvres de François Cadic », , 598 p. (ISBN 978-2843622076).
- Georges de Cadoudal, Georges Cadoudal et la Chouannerie, Plon, , 476 p. (lire en ligne).
- Jules Le Falher, Le Royaume de Bignan, 1789-1805, Éditions Jeanne Laffite, , 842 p.
- Charles d'Héricault et Gustave Bord, Documents pour servir à l'histoire de la Révolution française, A. Sautron, libraire, , 384 p. (lire en ligne).
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne).