Sur le modèle du pamphlet Un cadavre, écrit en 1924 en réaction aux funérailles nationales organisées à l'occasion de la mort d'Anatole France, des dissidents et exclus du groupe surréaliste publient un ensemble de textes écrits contre André Breton :
Lettre d'Artaud au docteur Édouard Toulouse : « Les angoisses que j'éprouve sont dévorantes […] Je suis de plus en plus hanté par l'idée du suicide, d'autant plus terrible que c'est pour moi la seule issue LOGIQUE. Si je n'en suis pas à la mort, moralement je suis la mort. »[2]
André Breton et René Char tentent de saccager un bar de nuit du quartier Montparnasse qui s'est baptisé Maldoror[3]. Dans la bagarre René Char reçoit un coup de couteau à la cuisse. Le patron de ce bar délivrait des cartes de « vampire permanent », à Robert Desnos notamment.
Réponse de Breton à Un cadavre sous forme d'un tract : Avant/Après[4].
Yves Tanguy et sa femme Jeannette partent en Afrique du Nord. À leur retour, ils s'installent rue du Moulin Vert, à Paris (13e arrdt.) où ils ont pour voisins Victor Brauner et Alberto Giacometti[5].
The Night of loveless nights, nouvelle version avec trois illustrations de Georges Malkine[6].
Troisième manifeste du surréalisme, publié dans Le Courrier littéraire[7] : « Je déclare ici André Breton déposé dans son monastère littéraire, sa chapelle désaffectée et le surréalisme tombé dans le domaine public. »[8]
Après une nouvelle rupture avec Suzanne Muzard, Breton quitte Paris pour Avignon. Il y est rejoint par René Char et Paul Eluard. Sur la route d'Avignon aux Névons (Vaucluse), la propriété familiale de René Char, ils composent Ralentir travaux sur le principe du cadavre exquis[7].
Camille Goemans organise une exposition entièrement consacrée aux collages. Louis Aragon écrit, pour la préface du catalogue, La Peinture au défi : « [Le collage] empêche le peintre de s'adonner au narcissisme, à l'art pour l'art, en le ramenant aux pratiques magiques qui sont l'origine et la justification des représentations plastiques, défendues par plusieurs religions. »[10]
Dans une Lettre ouverte à André Breton sur les rapports du surréalisme et du Le Grand Jeu, René Daumal répond à la tentative de Breton de réconciliation : « Pour une fois, vous avez devant vous des hommes qui, se tenant à l'écart de vous, vous critiquant même souvent avec sévérité, ne vont pas pour cela vous insulter à tort et à travers [Aucun des membres du groupe n'a participé au pamphlet contre Breton]. Prenez garde, André Breton, de figurer plus tard dans les manuels d'histoire littéraire, alors que si nous briguions quelque honneur, ce serait d'être inscrits pour la postérité dans l'histoire des cataclysmes. »[22]
Benjamin Péret, Vie de l'assassin Foch, poème. Un critique du quotidien La Liberté réclame qu'on fusille son auteur[21]
En réponse à une enquête sur les rapports du travail intellectuel et du capital publiée par la revue L'Esprit français du , André Breton répond par un article La Médecine mentale devant le surréalisme qui reprend les attaques portées dans Nadja contre les abus de pouvoir des psychiatres[7].
Avant leur départ d'URSS, on fait signer à Louis Aragon et Georges Sadoul, une résolution qui définit le surréalisme comme une « réaction des jeunes générations d'intellectuels provoquée par les contradictions du capitalisme dans la troisième phase de son développement »[21]. Ils reconnaissent, en outre « ne pas avoir provoqué le contrôle de leur activité littéraire par le parti, ne pas avoir milité de façon constante dans les organisations de base, avoir attaqué Henri Barbusse, avoir laissé imprimer des critiques de la presse du parti dans les revues surréalistes. » Ils s'engagent enfin à répudier le freudisme et combattre le trotskisme révolutionnaire[23].
Première projection du film L'Âge d'or de Luis Buñuel & Salvador Dalí, avec Max Ernst dans le rôle du chef des bandits, la voix du récitant est celle de Paul Eluard[25]. La projection au Studio 28, rue Montmartre à Paris (9e arrdt), est annoncée comme une manifestation surréaliste avec accrochage d'œuvres de Dalí, Ernst, Joan Miró, Man Ray et Yves Tanguy dans l'entrée et les couloirs du cinéma. Dans le programme vendu à cette occasion figurent, outre le scénario résumé du film, des textes de présentations de Louis Aragon, André Breton, René Crevel, Dalí, Eluard, Thirion et Tristan Tzara. À l'initiative du préfet de police Jean Chiappe, la censure exige la coupe des scènes « anti-religieuses »[26].
La Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent le Studio 28. Ils maculent l'écran et lacèrent les tableaux exposés dans l'entrée dont trois d'Yves Tanguy, Fraude dans un jardin, Mottes de terre et L'Orage[27].
Après une virulente campagne de presse, le préfet Chiappe fait saisir L'Âge d'or[28].
Salvador Dalí, La Femme visible, écrit[29]. Invention de l'« activité paranoïaque-critique » : processus par lequel Dalí interprète une photo, un dessin, en démonte les diverses couches superposées en s'abandonnant à une sorte de délire, qu'il théorise ensuite en « méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l'objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes »[30].
De retour à Bruxelles, René Magritte expose ses œuvres à la Salle Giso. Paul Nougé écrit la préface du catalogue : « Ce mince rectangle de toile, qui donc soupçonne qu'il enferme peut-être de quoi modifier à jamais le sens de la justice, de l'amour, le sens, l'allure et la tension d'une existence humaine ? […] Quoi qu'il en advienne, il est bon dès maintenant d'attirer l'attention sur ce fait : certaines peintures atteignent en virulence, et par des voies qui leur sont propres, les plus ardentes provocations à la révolte […] Il conviendrait, et l'on y viendra, que leurs auteurs fussent traqués et châtiés aussi haineusement que le sont de nos jours, aux points sensibles de notre société, les agitateurs communistes. »[38]
En Yougoslavie, sur l'initiative de Mario Ristitch, de jeunes artistes rédigent La Déclaration de Belgrade dans laquelle ils prônent leur attachement au surréalisme[39]
Second manifeste du surréalisme, essai, frontispice de Salvador Dalí, éditions Kra, achevé d'imprimer le 20 juin[16] : « ... le surréalisme ne tendit à rien tant qu'à provoquer, au point de vue intellectuel et moral, une crise de conscience de l'espèce la plus générale et la plus grave et [...] l'obtention ou la non-obtention de ce résultat peut seule décider de sa réussite ou de son échec historique. »[45]
L'Immaculée conception, poèmes, Éditions surréalistes chez José Corti, achevé d'imprimer le 24 novembre. L'édition de tête est illustrée par une eau-forte de Salvador Dalí[16] : « Si je puis successivement faire parler par ma propre bouche l'être le plus riche et l'être le plus pauvre du monde, l'aveugle et l'halluciné, l'être le plus craintif et l'être le plus menaçant, comment admettrai-je que cette voix qui est en définitive seulement la mienne, me vienne de lieux où il me faut, avec le commun des mortels, désespérer d'avoir accès ? »
Ralentir travaux, poèmes, frontispice de Salvador Dalí, Éditions surréalistes, achevé d'imprimer le 20 avril[16] : « On entrait par une porte dérobée / il y avait un cœur sur un tableau noir (Char) / Et un baguette de coudrier sur la table / On aurait entendu un pas de loup (Breton) / L'amour le premier enseignait / aux amants à bien se tenir (Eluard). »
L'Âge d'or, film. Dalí : « Mon idée générale en écrivant avec Buñuel le scénario de L'Âge d'or a été de présenter la ligne droite et pure de conduite d'un être qui poursuit l'amour à travers les ignobles idéaux humanitaires, patriotiques et autres misérables mécanismes de la réalité. »
Autoportrait avec Marcel Moore et un chat, mine graphite, aquarelle, gouache sur papier de type japonais[46]
Aveux non avenus, essai autobiographique illustré de photomontages : « Brouiller les cartes. Masculin ? Féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. S'il existait dans notre langage, on n'observerait pas ce flottement de ma pensée. Je serais pour de bon l'abeille ouvrière. »[47]
Dormeuse, cheval, lions invisibles, huile sur toile[51]
La Femme visible, écrit[52] : « J'espère faire comprendre que j'attache en amour un prix particulier à tout ce qui est nommé communément perversion et vice. »
Corps et biens : « Le jour le jour prochain où la voix passera sur la ville / Une mouette fantomatique m'a dit qu'elle m'aimait autant que je l'aime / Que ce grand silence terrible était mon amour / Que le vent qui portait la voix était la grande révolte du monde / Et que la voix me serait favorable. »[55]
The Night of loveless nights, nouvelle version avec trois illustrations de Georges Malkine[14]
Cils coupés, une des photographies de la série Subversion des images[64]
Subversion des images, série de photographies (épreuves gélatino-argentiques) noir & blanc, avec des titres comme Femme étendue sur une cheminée ou Femme effrayée par une ficelle[65]
La Tour de l'Ouest[74], invention des coulées, technique rapidement abandonnée : « Je m'aperçus que si je projetais mon tableau tout de suite au crayon sur la toile, je n'avais plus de surprise en le peignant, et la surprise est ce qui me cause le plus de plaisir en peinture. »
↑Ce n'est qu'une copie qui est saisie. Le négatif original était conservé chez Marie-Laure et Charles de Noailles, producteurs du film. L'interdiction de projection ne sera levée qu'en 1981. Biro & Passeron, p. 12.
↑25 × 17 cm. Musée d'art de Nantes (Loire-Atlantique). Reproduction dans (fr + en) Alix Agret (dir.) et Dominique Païni (dir.), Surréalisme au féminin ?, In fine, (ISBN978-2-38203-116-2), p. 76.