Haplogroupe R (Y-ADN)
En génétique humaine, l’haplogroupe R (M207) est un haplogroupe du chromosome Y. Cet haplogroupe s'est répandu très tôt chez des populations nomades d'Eurasie. Il se rencontre aujourd'hui sur tous les continents, principalement l'Europe, l'Asie centrale, l'Asie du Sud et chez les Amérindiens du nord (particulièrement les Algonquiens).
Origine
modifierLe plus ancien individu identifié comme porteur de l'haplogroupe R est le garçon de Mal'ta, un chasseur-cueilleur du Paléolithique supérieur qui vivait il y a environ 24 000 ans dans l’oblast d'Irkoutsk, en Sibérie[1]. Cela suggère que cet haplogroupe paternel serait originaire du sud de la Sibérie ou d'Asie centrale. L'haplogroupe R serait apparu il y a environ 27 000 ans[1]. C'est le groupe-frère de l'haplogroupe Q, qui est l'haplogroupe dominant chez les Amérindiens.
Diffusion
modifierEurasie
modifierEn Eurasie, l'haplogroupe R est associé aux Proto-Indo-Européens et sa diffusion rapide en Eurasie semble avoir été accompagnée par l’expansion des langues indo-européennes[2].
R-M207 est l'haplogroupe prédominant chez les Kirghizes de Chine[3].
Amérique
modifierCertains scientifiques considèrent que la présence de l'haplogroupe R chez les populations amérindiennes actuelles s'explique par des métissages avec des colons européens à la suite de la colonisation européenne des Amériques à partir du XVIe siècle[4]. D'autres spécialistes pensent que l'haplogroupe R était déjà présent chez les Amérindiens avant la colonisation européenne : en effet des chercheurs ont souligné la similitude frappante entre de nombreux sous-clades de l’haplogroupe R-M173 trouvés en Amérique du Nord et ceux trouvés en Sibérie, ce qui suggère un flux génétique ancien entre la Sibérie et l’Amérique via le détroit de Béring[1],[5].
Sous-groupes
modifierUn des sous-clades de l’haplogroupe R, appelé haplogroupe R-V88, est également répandu en Afrique. Cette branche de l’haplogroupe R est très fréquente chez des populations parlant des langues chamito-sémitiques de la branche tchadienne vivant dans la région du Sahel central. L’haplogroupe R-V88 atteint une fréquence de 95,5 % chez les Ouldémé, un groupe ethnique du Cameroun[6].
Le sous-clade R2-M479 est défini par la présence du marqueur M479. On le trouve principalement en Asie du Sud, mais on a aussi trouvé quelques exemples dans la péninsule Ibérique, chez les Bachkirs (Bashkortostan, Russie), et les Ossètes (Caucase)[7].
Phylogénie
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Références
modifier- (en) Maanasa Raghavan, Pontus Skoglund, Kelly E. Graf et Mait Metspalu, « Upper Palaeolithic Siberian genome reveals dual ancestry of Native Americans », Nature, vol. 505, no 7481, , p. 87–91 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/nature12736, lire en ligne)
- (en) Wolfgang Haak, Iosif Lazaridis, Nick Patterson et Nadin Rohland, « Massive migration from the steppe was a source for Indo-European languages in Europe », Nature, vol. 522, no 7555, , p. 207–211 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/nature14317, lire en ligne)
- (en) Jienan Li, Feng Song, Min Lang and Mingkun Xie, Comprehensive insights into the genetic background of Chinese populations using Y chromosome markers, royalsocietypublishing.org, 20 septembre 2023, doi.org/10.1098/rsos.230814
- (en) Ripan Singh Malhi, Angelica Gonzalez-Oliver, Kari Britt Schroeder et Brian M Kemp, « Distribution of Y chromosomes among Native North Americans: A study of Athapaskan population history », American journal of physical anthropology, vol. 137, no 4, , p. 412–424 (ISSN 0002-9483, PMID 18618732, PMCID PMC2584155, DOI 10.1002/ajpa.20883, lire en ligne)
- (en) « The Dual Origin and Siberian Affinities of Native American Y Chromosomes », The American Journal of Human Genetics, vol. 70, no 1, , p. 192–206 (ISSN 0002-9297, DOI 10.1086/338457, lire en ligne)
- (en) Rosaria Scozzari, Pedro Moral, Jean-Michel Dugoujon et Eliane Beraud Colomb, « Human Y chromosome haplogroup R-V88: a paternal genetic record of early mid Holocene trans-Saharan connections and the spread of Chadic languages », European Journal of Human Genetics, vol. 18, no 7, , p. 800–807 (ISSN 1476-5438, DOI 10.1038/ejhg.2009.231, lire en ligne)
- (en) Myres NM et al., « A major Y-chromosome haplogroup R1b Holocene era founder effect in Central and Western Europe », European Journal of Human Genetics, vol. 19, no 1, , p. 95–101 (PMID 20736979, PMCID 3039512, DOI 10.1038/ejhg.2010.146)
Voir aussi
modifierArticles connexes
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