Pierre Guillemot

chef militaire chouan

Pierre Guillemot, dit le Roi de Bignan, né le au lieu-dit de Kerdel[1],à Bignan, mort le à Vannes, est un chef militaire chouan qui tint en respect les troupes républicaines dans une grande partie du Morbihan de l'an II à VIII (1794 à 1800). Il est le père de Julien Guillemot.

Pierre Guillemot
Pierre Guillemot
Pierre Guillemot dans les Portraits exacts des conspirateurs chargés par le gouvernement Britannique d'attenter aux jours du 1er consul, réalisés par la police de Paris en 1804.

Surnom Le Roi de Bignan
Valentin
Naissance
Bignan
Décès (à 45 ans)
Vannes
Origine Breton
Allégeance Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Grade Colonel
Commandement Légion de Bignan
Conflits Chouannerie
Faits d'armes Bataille de Saint-Bily
Bataille de Locminé (1796)
Bataille de Locminé (1799)
Bataille du Mont-Guéhenno
Bataille de la Tour d'Elven
Bataille du pont du Loc'h
Famille Julien Guillemot.

Biographie

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Jeunesse

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Il n'était au début de la Révolution qu'un simple agriculteur de Donnan, hameau de Plumelec[2]. Il était cependant lettré puisqu'il avait entamé des études à Vannes, qu'il dut abandonner à la mort de son père pour garder la terre de Kerdel. En mars 1793, il participe à une attaque contre la ville de Pontivy.

La première chouannerie

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Le Roi de Bignan, huile sur toile de Théophile Busnel, 1905.

Sa première action d'éclat date du un détachement de 80 soldats républicains escortait l'abbé Leclerc, vicaire à Saint-Jean-Brévelay, prêtre réfractaire, qu'ils conduisaient devant le tribunal. À la hauteur du Bois de Collédo (en Guéhenno) 30 hommes que Pierre Guillemot commandait, tendirent une embuscade et délivrèrent le prêtre[3].

En juillet 1794 (thermidor an II) il participe à la création du "Comité Central Royaliste", première organisation véritablement structurée de l'insurrection dans le Morbihan. Guillemot est nommé responsable des cantons de Bignan et Plumelec (sauf Buléon), s'employant à soulever les campagnes autour de Bignan et Saint-Jean-Brévelay ; il tente vainement avec ses troupes d'enlever Bouret et Leyris, deux envoyés spéciaux de la Convention. Le (9 brumaire), il est à Sérent avec 200 ou 300 hommes ; ils y abattent l'Arbre de la Liberté[4].

Recruté par Georges Cadoudal, il commença sa carrière par l'occupation de Grand-Champ, la saisie de la caisse des impôts et la libération d'un prêtre réfractaire, l'abbé Leclerc, recteur de Saint-Jean-Brévelay. Ce dernier était conduit de force à Josselin par quatre-vingts républicains (les Bleus); avec une trentaine de paysans, Guillemot attaque l'escorte dans le bois de Colledo à Guéhenno, la met en fuite et libère le vicaire qui, blessé à la jambe, mourra quelques jours plus tard[5]. Joseph de Boulainvilliers de Croÿ est nommé en janvier 1795 par Joseph de Puisaye commandant en chef des Blancs du Morbihan, mais il quitta ce département et passa en Ille-et-Vilaine en septembre avec 50 000 livres qui lui avaient été confiées par Joseph de Puisaye ; il fut arrêté par les hommes de Pierre Guillemot et celui-ci le fit juger par un conseil de guerre improvisé qui le condamna à mort[6] : Boulainvilliers fut fusillé par les Chouans de Guillemot le au village de Kerhervy à Saint-Jean-Brévelay.

Il montra ses grandes capacités militaires en délogeant les troupes bleues de Locminé. Pour ses succès, il fut surnommé le Roi de Bignan. Il perdit toutefois en 1795 la bataille de Saint-Bily, où 400 républicains commandés par l'adjudant-général Josnet de Laviolais mirent en déroute un millier de Chouans qu'il commandait[7].

Début , l'amiral William Cornwallis débarqua de la poudre dans le Morbihan ; celle-ci fut convoyée de nuit par les Chouans de Guillemot jusqu'au village de Drénidan dans la commune de Radenac. Mais la poudre était humide, et Guillemot, Le Thiais et 22 hommes décidèrent de la réchauffer à la poêle dans une maison du village. Un accident se produisit : la poudre s'enflamma et explosa. Plusieurs hommes furent tués et Guillemot fut grièvement blessé et presque défiguré[8], et dut se terrer dans une cache du château de Kerguéhennec, l'empêchant de participer au débarquement des émigrés à Quiberon.

En juin 1796 Georges Cadoudal et Pierre Guillemot font leur soumission au général Hoche, mais Pierre Guillemot reprend le maquis à l'automne 1797 en raison du retour des persécutions religieuses.

La deuxième chouannerie

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Le il est nommé colonel de l'armée royale par Charles-Philippe de France (futur Charles X) et est à la tête de la "division de Bignan". Les Chouans lancent une offensive générale le et les hommes de Guillemot prennent Locminé, mais en sont délogées courant novembre par les troupes du général Schildt, qui prennent le repaire du "roi de Bignan". Il tente d'empêcher le général Brune de libérer Vannes en 1799, mais échoue. Ceci n'empêche pas les troupes de Guillemot d'attaquer le 3 pluviôse an VIII () une colonne de soldats républicains convoyant des grains, dirigée par le général Harty, près de Meucon. Les hommes de Guillemot font 36 prisonniers, lesquels furent fusillés l'un après l'autre le lendemain matin sur la lande de Burgaud[4].

Selon un mémoire adressé par l'administration locale au général Brune le 14 pluviôse an VIII () la première division de l'armée chouanne, est composée de quatre à cinq mille hommes et est commandée par Pierre Guillemot; elle est composée de membres des cantons de Bignan, Plumelec, Sérent, Josselin, Guégon, Réguiny, Locminé et Pluméliau. Elle est divisée en quatre sections commandées respectivement par Yves Le Thiec[Note 1] pour celle de Bignan et ses environs ; Alexandre[Note 2], dit "Le Grand Alexandre", pour celle de Pluméliau et les communes voisines ; Michel, pour celle de Guégon et Bénard pour celle de Sérent et Plumelec. Ils ont occupé les châteaux de Penhoët (en Grand-Champ), Grandville (en Brandivy), Callac, Querguehennec et Kercomble, mais cachent leurs armes dans des fermes[9].

Cadoudal signe un accord de paix le 25 pluviôse an III ( et part en exil en Angleterre, mais Pierre Guillemot poursuit le combat ; le Cadoudal, de retour en France, nommé Pierre Guillemot commandant en chef des troupes royales du Morbihan. Le Premier Consul a nommé le général Bernadotte à la tête des troupes gouvernementales de l'Armée de l'Ouest le  ; d'abord basé à Rennes, celui-ci déplace son quartier général à Pontivy du 12 mai au pour mieux lutter contre les Chouans ; cerné à plusieurs reprises, par exemple le dans les Landes de Lanvaux, il parvient à s'échapper ; mais la rébellion décline et le Pierre Guillemot se résigne à l'exil en Grande-Bretagne[4].

Après un exil en Angleterre avec Cadoudal, il revint clandestinement en France et mit au point, pour libérer Georges Cadoudal (qui a été arrêté le ), un plan qui échoua. Le , le préfet Jullien fut informé par un de ses espions que Guillemot avait été vu à Plumelec.

Pierre Guillemot tente le de rejoindre la flotte anglaise : il embarque pour l'île d'Houat, puis les Glénan, mais ne parvient pas à trouver un bateau anglais. Il revient sur le continent, se cache à Plaudren où, blessé gravement, il y est arrêté peu après. Il est jugé par une commission militaire et est fusillé à Vannes le [10],[11].

L'entretien de sa mémoire

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Il existe une association[12] Pierre Guillemot dont le siège social est à Bignan et qui a pour objet la sauvegarde de la mémoire historique du chef chouan. Un petit musée ("Maison des Chouans") existe à Bignan[13].

Bibliographie

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  • Jean-François Chiappe, Georges Cadoudal ou la Liberté, Perrin,
  • Laurent Jullien, Le général Comte de l’Empire Jullien, de Lapalud à la préfecture du Morbihan, itinéraire d’un haut fonctionnaire sous le Consulat et l’Empire, Éditions de la Fenestrelle, . .

Lien externe

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Notes et références

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  1. Yves Le Thiec, né le à Kérauffret en Bignan, décédé le à Château Beaulieu (il y était garde forestier) en Bignan. Cousin de Pierre Guillemot, lieutenant-colonel dans l'armée chouanne, il participa aux deux chouannages de 1795 et 1798, ainsi qu'à la chouannerie de 1815.
  2. Julien Guillôme, né le à Pluméliau, prêtre (il fut recteur de Melrand en 1810, puis curé-doyen de Grand-Champ en 1818), décédé le à Grand-Champ.

Références

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  1. Archives en ligne du Morbihan, Bignan, B.M.S., 1756-1792, p. 64/816[lire en ligne]
  2. Archives en ligne du Morbihan, Plumelec, 1771-1792, p. 252/355[lire en ligne]
  3. G. de Cadoudal, « Le roi de Bignan », La Semaine des Familles,‎ , pages 760 (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c Charles Floquet, Au cœur de l'Arcoat. La Bretagne intérieure : La Chouannerie, France-Empire, (ISBN 978-2-7048-0034-6), pages 236-273.
  5. in Histoire de la Vendée militaire de Jacques Crétineau-Joly[lire en ligne]
  6. Roger Dupuy, Les Chouans, Coll. « La Vie Quotidienne », Hachette Littérature, Paris 1997, p. 106-107.
  7. François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. I, p. 545-546.
  8. Chiappe 1971, p. 117
  9. Armand du Châtellier, Histoire de la Révolution dans les départemens de l'ancienne Bretagne, vol. 3, Paris, (lire en ligne).
  10. Laurent Jullien, Le général Comte de l’Empire Jullien, de Lapalud à la préfecture du Morbihan, itinéraire d’un haut fonctionnaire sous le Consulat et l’Empire, Éditions de la Fenestrelle, , p.81-82.
  11. « 1804. Mort du roi... de Bignan », sur bretagne.com
  12. « La maison des chouans à Bignan », sur centre-morbihan-tourisme.bzh
  13. « La Maison des Chouans à Bignan », sur Site officiel de l'Office de Tourisme du Centre Morbihan (consulté le )