Maurice Rostand
Maurice Rostand, né le à Paris et mort le [1] à Ville-d'Avray est un poète, romancier et dramaturge français[2].
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Biographie
modifierFils aîné de l'écrivain Edmond Rostand et de la poétesse Rosemonde Gérard, frère du biologiste Jean Rostand, Maurice Rostand est un ami de Jean Cocteau, de Lucien Daudet, du poète Axieros (Pierre Guyolot-Dubasty[3]).
Adolescent, il suscite une profonde passion à Clémentine-Hélène Dufau, une artiste amie de ses parents qui fait son portrait.
Il est l'auteur à partir de la Belle Époque de poèmes, de pièces de théâtre et de nombreux romans. Quelques unes de ses pièces connaissent le succès dans l'entre-deux-guerres.
Figure de la vie parisienne en compagnie de sa mère, habitué notamment des premières des pièces de théâtres, ses manières efféminées et son apparence (sa coupe de cheveux, ses tenues extravagantes) font de lui une cible privilégiée des caricaturistes et des chansonniers dans l'entre-deux-guerres[4]. C'est dû aussi au fait qu'il fut l'une des personnalités homosexuelles les plus en vue de l'entre-deux-guerres, une « flamboyante figure de la scène gay de la première moitié du XXe siècle »[5],[6],[7],[8].
En 1933, il fonde la revue hebdomadaire érotique Séduction dont il est le directeur littéraire[9].
À partir de 1941, sous l'Occupation, il est le critique dramatique (actualité théâtrale) du journal collaborationniste Paris-Midi[10]. Il donne aussi quelques textes sur le théâtre à l'hebdomadaire tout aussi collaborationniste Germinal, lancé en avril 1944[11].
Il publie ses mémoires, Confession d'un demi-siècle, en 1948.
Engagements politiques : le pacifisme
modifierComme son frère Jean, il est exempté du service militaire pour des raisons de santé et n'est pas mobilisé en 1914, au grand dam de leur père, très patriote. ils s'engagent cependant et Maurice Rostand sert comme infirmier dans un hôpital parisien. Malade, il est démobilisé avant la fin de la guerre[12].
Comme son frère, il donne mille francs en 1920 au quotidien socialiste Le Populaire qui rencontre alors des difficultés financières[13]. En 1922, le journal communiste L'Humanité présente Rostand comme l'auteur de livres (Le Cercueil de cristal, Le Pilori) dans lesquels il affirme sa « haine de la grand tuerie » et publie ses mots célébrant André Marty, ce « héros de la mer Noire qui a refusé de se battre »[14].
Maurice Rostand est l'auteur de poèmes[15], de livres et de pièces engagés, pacifistes (les pièces L'homme que j'ai tué, en 1930, issue de son roman publié en 1925, Les Marchands de canons, en 1933). Il cosigne en 1925 un manifeste de Victor Margueritte réclamant la révision du traité de Versailles[16]. Il est membre de la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP) et participe comme d'autres artistes aux manifestations artistiques de cette ligue, qui servent sa propagande[17]. Il est solidaire de l'Espagne antifasciste dans la seconde moitié des années 1930[18], sans pour autant dénoncer la politique française de non-intervention, munichois en 1938[19] ; il rend hommage à l'action d'Édouard Daladier qui a signé les accords de Munich dans une tribune donnée à L'Œuvre[20]. Il a aussi loué Léon Blum et sa politique pacifiste dans ce même quotidien en 1937[21]. Il publie des poèmes en 1939 et 1940 dans le bulletin de la LICA[19].
Ses convictions pacifistes de gauche et son homosexualité sont moquées par des adversaires comme L'Action française[22] ou L'Ordre d'Émile Buré en 1933, à l'occasion de la mort d'Oscar Dufrenne, autre homosexuel notoire qui avait fait jouer au Palace la pièce de Rostand Les marchands de canon, jugée défaitiste par ses adversaires nationalistes[23].
Il encense Pétain en 1940 au lendemain de l'entrevue de Montoire et salue le retour à Paris des cendres de l'Aiglon, voulu par Hitler, en donnant un poème dans Paris-Soir[19],[24]. Du fait de son comportement sous l'Occupation, le bulletin de la LICA note dans sa « rubrique des traîtres » à la Libération : « Maurice Rostand, auteur de si beaux poèmes antiracistes, a prouvé qu'il savait aussi se « retourner » »[25],[19].
En 1951, il fait partie, aux côtés de Félicien Challaye et d'Émile Bauchet[26] des fondateurs[27] de La Voie de la paix, organe du Comité national de résistance à la guerre et à l'oppression (CNRGO, devenu Union pacifiste de France en 1961[28]).
À la même époque, il apporte aussi son soutien à Ethel et Julius Rosenberg, aux côtés de nombreux intellectuels du monde entier.
Il est inhumé à Paris au cimetière de Passy.
Œuvres
modifierThéâtre
modifier- Un bon petit diable avec Rosemonde Gérard, féerie en 3 actes en vers, d'après la comtesse de Ségur, Gymnase,
- La Marchande d'allumettes, conte lyrique en 3 actes, selon le conte d'Andersen, avec Rosemonde Gérard, musique de Tiarko Richepin, Paris, Opéra-Comique,
- La Vie amoureuse de Casanova, pièce en 3 actes, Paris, Bouffes-Parisiens,
- La Gloire, pièce en 3 actes, en vers, Paris, Sarah-Bernhardt,
- La mort de Molière, poème dramatique en 1 acte, Paris, Théâtre Sarah-Bernhardt, 1922, à l'occasion du tricentenaire de Molière, Jacques Grétillat interprète Molière[29]
- Le Phénix, drame en 3 actes, en vers, Paris, Porte-Saint-Martin,
- Le Masque de Fer, pièce en 4 actes, en vers, Paris, Théâtre Cora-Laparcerie,
- Le Secret du Sphinx, pièce en 4 actes, en vers, Paris, Sarah-Berhnardt,
- L'Archange, drame héroïque en 3 actes, en vers, Paris, Sarah-Berhardt,
- La Nuit des amants, 3 actes en vers, Paris, Comédie-Française,
- La Déserteuse, pièce en 3 actes en vers, Bruxelles, Théâtre de Paris, ; Paris, Potinière,
- Napoléon IV, pièce en 4 actes, en vers, Paris, Porte Saint-Martin,
- Le Dernier Tzar, pièce en 4 actes et 5 tableaux, en vers, Paris, Porte Saint-Martin,
- L'Homme que j'ai tué, pièce en 3 actes et 1 prologue, adaptée du roman, Paris, Mathurins, Cette pièce a connu deux adaptations cinématographiques, L'Homme que j'ai tué (Broken Lullaby) par Ernst Lubitsch en 1932 et Frantz par François Ozon en 2016.
- Monsieur de Létorière, pièce en 4 actes et 5 tableaux, Paris, Porte Saint-Martin,
- Le Général Boulanger, pièce en deux parties et dix tableaux, en vers et en prose, écrite avec Pierre Mortier, Paris, Porte Saint-Martin, La narratrice n'est autre que la légendaire Belle Meunière que fut dans sa jeunesse la Mère Quinton (Marie Quinton 1854-1933) pour le général Boulanger.
- Une jeune fille espagnole, comédie romanesque en 3 actes et 4 tableaux, Paris, Sarah-Bernhardt,
- Les Marchands de canons, pièce en 3 actes, en prose, Paris, Palace,
- Le Procès d'Oscar Wilde, pièce en trois actes, Paris, Théâtre de l'Œuvre, , reprise à la Comédie des Champs-Élysées le [30]
- Europe, pièce en 3 actes, en vers, Paris, Théâtre Pigalle,
- Catherine Empereur, pièce en 3 actes et 5 tableaux, Paris, Odéon-Théâtre de l'Europe, [31]
- Verlaine, pièce en 3 actes et 4 tableaux, Paris, théâtre Charles de Rochefort, 1938[32]
- Roi de France, pièce en 3 actes, théâtre de l'Œuvre, [33]
- L'Enchanteresse, pièce en 5 actes, théâtre de l'Œuvre, [34]
- Souvenez-vous, Madame, pièce en deux parties et neuf tableaux, en vers, Paris, Odéon, [35]
- Charlotte et Maximilien, pièce en 6 tableaux, en prose, Paris, Gymnase, [36]
- Madame Récamier, Paris, Théâtre Monceau,
Roman
modifier- Le Cercueil de cristal, 1920
- La Messe de cinq heures, 1921
- Le Pilori, 1921
- Patrice, 1923
- L'Homme que j'ai tué. Les Rayons de l'astre. La Solitude passionnée, 1925
- Le Second Werther, 1927
- L'Ange du suicide, 1929
- L'Homme que j'ai fait naître, 1931
- La Femme qui était en lui, 1933
- Les Sentiments exceptionnels, 1938
- La Tragédie de la route, 1942
- La Lettre à Dieu, 1952
Poésie
modifier- « Les lauriers et ma mère », L'Illustration, , p. 11-12 (lire en ligne)
- Conversation avec la gloire, poème dialogué, 1910
- Poèmes, 1911
- La Page de la vie, poèmes, 1913
- Les Insomnies, poèmes, 1914-1923, 1923
- Morbidezza, poèmes, 1928
- Il ne faut plus jamais, 1937.
- Mon pauvre Ignacio, suivi de deux poèmes inédits, Plurien et l'Église de Plurien, 1946
- Poésies complètes, 1910-1948, 1950 Contient : Poèmes. Le Page de la vie. Les Insomnies. Morbidezza. Poèmes inédits.
Préface
modifier- Préface de l'ouvrage de Vivienne Orland, Les Miettes du banquet, Avant-propos, par M.-P. Berio, la Renaissance du livre.
Divers
modifier- Confession d'un demi-siècle, souvenirs, 1948[37]
- Sarah Bernhardt, 1950
Notes et références
modifier- Archives de l’état civil de Paris en ligne, 17e arrondissement, acte de naissance n° 1846, année 1891, avec mention marginale du décès.
- « Les grandes voix françaises : anthologie des poètes français contemporains Rostand, Maurice », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le ).
- 1898-1927Notice sur Axieros sur le site Inverses.
- Jean Couvreur, « Maurice Rostand, un enfant gâté de la gloire », Le Monde, 24 février 1968
- François Forestier, « « La Femme qui était en lui », ce curieux livre érotique de Maurice Rostand », nouvelobs.com, 5 juillet 2019
- Christian Gury, L’Extravagant Maurice Rostand, un ami de Proust et de Cocteau, Kimé, 1994
- François Buot, Gay Paris, Une histoire du Paris interlope entre 1900 et 1940, Fayard, 2013
- L'Assiette au beurre, 30 décembre 1921, Les Potins de Paris, 22 avril 1920, Ibid., 14 avril 1922, Le Sourire, 19 novembre 1925, Ibid., 21 janvier 1932, Fantasio, 15 mai 1935, Ibid., 1er septembre 1927, Ibid., 15 juin 1926, Ibid., 1er novembre 1921
- Séduction, 4 novembre 1933, n° 1. Son nom disparait de la une en mai 1934.
- « Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe », sur Gallica, (consulté le ).
- Collection dans Retronews.
- Notice biographique, arnaga.com
- « Pour sauver le Populaire », Le Populaire, 24 décembre 1920
- L'Humanité, 1er décembre 1922
- enregistrements sonores dans Gallica : Il ne faut plus jamais ! et Jaurès est mort !, extrait du Cercueil de cristal
- « Il y a treize ans... des intellectuels réclamèrent la révision du traité de Versailles », L'Oeuvre, 23 septembre 1938
- Nicolas Offenstadt, « Le pacifisme extrême à la conquête des masses : la Ligue Internationale des Combattants de la Paix (1931-1939) et la propagande », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1993/30
- L'Oeuvre, 1er août 1937
- Simon Epstein, Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Albin Michel, 2008, p. 125-126
- Maurice Rostand, « Hommage à Daladier »,L'Oeuvre, 4 octobre 1938
- Maurice Rostand, « Humanité de Léon Blum », L'Oeuvre, 15 août 1937
- Pierre Tuc, « Entre invertis ! », L'Action française, 16 août 1937, « Saloperie », Ibid., 7 mai 1933, Pierre Tuc, « Fichez nous la paix », Ibid., 17 novembre 1933, « Un incident au théâtre de dix heures », Ibid., 10 janvier 1932
- Emile Buré, « Un mort symbolique », L'Ordre, 29 septembre 1933. Article cité par Florence Tamagne dans Le Crime du Palace. Enquête sur l'une des plus grandes affaires criminelles des années 1930, Payot, 2017. L'article est longuement cité par L'Action française : L'Action française, 30 septembre 1933
- Paris-Soir, 16 décembre 1940
- Le Droit de vivre, 20 septembre 1944 : Lire en ligne
- Émile Bauchet sur Cherche-midi-mauzac.com.
- Tracts du CNRGO, reproduits sur une page consacrée à Émile Bauchet, quatrième document.
- Maurice Rostand apparaît aussi (une fois) dans le fonds Jean Gauchon du CEDIAS ; Jean Gauchon est le secrétaire de l'UPF à partir de 1961.
- Le texte est paru dans la Petite Illustration -théâtre- n°84 du 11 février 1922
- Comptes rendus de presse.
- Programme de l'Odéon et comptes rendus de presse.
- Comptes rendus de presse, 1938
- comptes rendus de presse
- comptes rendus de presse
- comptes rendus de presse
- Distribution, caricature et comptes rendus de presse.
- François Forestier, « Maurice Rostand, l’homme qui aimait sa maman, les poupées et Marcel Proust », nouvelobs.com, 26 avril 2019
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Thomas Sertillanges, Edmond Rostand, les couleurs du panache, Atlantica, 2020, 580 p., 500 illustrations. — Première biographie illustrée du poète, dans lequel un chapitre est consacré à Maurice Rostand.
- Christian Gury, L’Extravagant Maurice Rostand, un ami de Proust et de Cocteau, Kimé, 1994
Liens externes
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