Joachim Murat

maréchal d'Empire français devenu roi de Naples

Joachim Murat [ ʒoaʃɛ̃ myʁa][1][réf. nécessaire], né le à Labastide-Fortunière (renommée Labastide-Murat, dans le Quercy, dans l'actuel département du Lot) et mort fusillé le au château de Pizzo (royaume de Naples), est un militaire français, haut dignitaire du Premier Empire. Fait maréchal d'Empire et prince français par Napoléon Ier, il est également grand amiral de l'Empire, grand-duc de Berg, puis roi de Naples à partir de 1808 sous le nom de Joachim-Napoléon Ier.

Joachim-Napoléon Ier
Illustration.
Joachim-Napoléon Ier, roi de Naples.
Titre
Roi de Naples

(6 ans, 9 mois et 1 jour)
Prédécesseur Joseph Ier
Successeur Ferdinand Ier
Grand-duc de Berg

(2 ans, 7 mois et 7 jours)
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Napoléon Ier
Grand amiral de l'Empire

(9 ans, 2 mois et 5 jours)
Monarque Napoléon Ier
Gouvernement Premier Empire
Biographie
Dynastie Maison Murat
Nom de naissance Joachim Murat-Jordy
Date de naissance
Lieu de naissance Labastide-Fortunière (France)
Date de décès (à 48 ans)
Lieu de décès Château de Pizzo (Royaume de Naples)
Nature du décès Exécution par arme à feu
Père Pierre Murat-Jordy
Mère Jeanne Loubières
Conjoint Caroline Bonaparte
Enfants Achille Murat
Laetizia Murat
Lucien Murat
Louise Murat

Signature de Joachim-Napoléon Ier

Joachim Murat
Rois de Naples
grand-duc de Berg

Joachim Murat
Joachim Murat
Joachim Murat en uniforme de maréchal d'Empire, 1805.

Surnom le roi Franconi
Naissance Voir et modifier les données sur Wikidata
Labastide-Murat
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Drapeau du Royaume de Naples Royaume de Naples
Drapeau du Royaume de Naples Royaume de Naples
Arme cavalerie
Grade Maréchal d'Empire :19 mai 1804
Années de service 1787 – 1815
Commandement Réserve de cavalerie de la Grande Armée
Grande Armée pendant la retraite de l'hiver 1812-1813
Conflits Guerres de la Révolution
Guerres napoléoniennes
Faits d'armes 1re campagne d'Italie
Campagne d'Égypte
1800 : bataille de Marengo
1805 : bataille d'Austerlitz
1806 : bataille d'Iéna
1807 : bataille d'Eylau
1812 : bataille de la Moskowa
1813 : bataille de Leipzig
1815 : bataille de Tolentino
Distinctions Prince français
Grand amiral de France
Grand aigle de la Légion d'honneur
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile : 24e colonne
Autres fonctions grand-duc de Berg
roi de Naples

Il est le beau-frère de Napoléon Ier par son mariage avec Caroline Bonaparte, sœur de l'Empereur.

Sous l'Ancien Régime

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Maison natale de Joachim Murat à Labastide-Fortunière devenue à la suite d'un décret impériale sous Napoléon III "Labastide-Murat".

Joachim est le dernier des onze enfants d'un aubergiste et maître de poste[2], Pierre Murat-Jordy (1721-1799) et de sa femme, Jeanne Loubières (1722-1806). Ils géraient des biens communaux et, comme fabriciens ou marguilliers laïcs, les bénéfices ecclésiastiques du prieuré-cure de la Bastide-Fortunière[3] (dès 1763) et du prieuré d'Anglars en Quercy (dès 1770)[4]. L'aubergiste Murat, que les relations de patronage attachaient à l'importante famille de Talleyrand, fut par ailleurs leur homme d'affaires et leur intendant dans le diocèse du Haut-Quercy, occupant ainsi simultanément des fonctions d'agent communal, d'administrateur paroissial et d'intendant domanial[5].

D'abord destiné à l'état ecclésiastique, on retrouve le jeune Joachim parmi les séminaristes de Cahors, puis chez les lazaristes de Toulouse. Il s'y prépare au noviciat sacerdotal. Ses camarades de la Bastide l'appellent « l'abbé Murat ». Il aime les plaisirs, il accumule des dettes et se bagarre parfois avec ses condisciples[6]. Craignant le courroux paternel, il s'enrôle le dans les chasseurs des Ardennes, puis dans la 12e unité de cavalerie qui recrute des hommes audacieux[7].

De ses études, il conserve une excellente culture générale, la capacité de bien écrire et s'exprimer et un goût artistique[8].

Instruit mais indiscipliné, il se distingue rapidement. Il est cependant renvoyé pour insubordination en 1789, alors qu'il est en garnison à Sélestat (Bas-Rhin), et retourne dans sa région natale, chez son père. Il s'installe comme commis épicier à Saint-Céré où il grille le café, sert les ménagères, porte les commandes au domicile des clients[5].

Carrière sous la Révolution

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Joachim Murat, lieutenant au 12e chasseurs en 1792, Jean-Baptiste Paulin Guérin, 1835.

Murat profite de son retour dans le Quercy pour assister et participer aux réunions des clubs locaux. Il est ainsi élu dans son canton de Montfaucon[9] pour représenter le département du Lot à la Fête de la Fédération le à Paris. Il réintègre l'armée en janvier 1791 (de nouveau à Sélestat, où il se fera remarquer), puis est nommé dans la garde constitutionnelle du Roi un an plus tard, tout comme Bessières. Fervent partisan des idées nouvelles, et notamment de Marat (dont il prend quelque temps le nom), il démissionne au bout de quelques jours, estimant que la Garde n'est qu'un repaire de royalistes. Le rapport qu'il transmet à son département est utilisé comme preuve pour justifier le licenciement de la garde.

Il retourne donc dans son 12e régiment de chasseurs et, ambitieux et talentueux, il devient chef d'escadron du 21e chasseurs à l'été 1793. Comme Bonaparte, il est inquiété après la chute de Robespierre et se distingue lors de la répression de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire. Le nouveau général de l'armée d'Italie en fait son aide de camp.

Il met en valeur ses talents de cavalier à Dego et Mondovi et est fait général de brigade le . Il est blessé devant le siège de Mantoue. Au combat de Roveredo (), il est chargé par Bonaparte de poursuivre l'ennemi qui, en fuyant, cherche à se rallier. À la tête d'un escadron de chasseurs du 10e régiment dont chaque cavalier emmène un fantassin en croupe, il passe l'Adige à gué. Cette attaque inattendue sème la confusion dans les rangs ennemis. À la bataille de Bassano, livrée le 8 du même mois, il commande un corps de cavalerie dont les charges brillantes contre les carrés de l'infanterie austro-sarde contribuent puissamment au succès de la journée. Le , il exécute à la tête de la cavalerie le passage du Tagliamento, victoire française qui déconcerte les plans de l'archiduc Charles et qui force l'Autriche à signer les préliminaires d'un traité de paix.

En Italie, Murat, qui a une solide réputation de coureur de jupons, fait la connaissance de Caroline Bonaparte, la sœur de Napoléon, qui s'entiche de lui. Bonaparte, peu réjoui par cette inclination, la renvoie en France[8].

 
Le général Murat à la bataille d'Aboukir. Tableau d'Antoine-Jean Gros (1806).

En Égypte, Murat déploie la plus grande valeur à la prise d'Alexandrie et à la bataille des Pyramides. Il est chargé de lutter contre les pillards dans la nouvelle organisation que donne Bonaparte à sa conquête. Quand celui-ci fait le siège de Saint-Jean-d'Acre, l'infériorité de l'artillerie française décide le général en chef à tenter l'assaut. Murat se présente pour charger le premier, ce que Bonaparte lui refuse d'abord, mais Murat est si pressant qu'il finit par accepter ; l'attaque se solde néanmoins par un échec. Il joue un rôle crucial à la seconde bataille d'Aboukir où sa cavalerie emporte la décision conjointement avec l'infanterie de Lannes. Il capture le chef d'armée adverse après avoir essuyé un coup de feu dans la gorge, qui aurait dû lui être fatal s'il n'avait pas crié en écartant suffisamment les mâchoires. Pour ce fait d'armes, il est nommé général de division le . Cette bataille est la dernière livrée par Bonaparte en Égypte, qui, rappelé en France par les événements graves qui s'y passent, ne ramène d'Égypte que sept personnes au nombre desquelles se trouve Murat.

Le Consulat

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Acte de mariage de Joachim Murat et de Marie Annonciade Bonaparte, 8 nivôse an VIII. Don de Napoléon III.

Il participe activement au coup d'État du 18 Brumaire. C'est lui qui entre à la tête de 60 grenadiers dans la salle du Conseil des Cinq-Cents et prononce la dissolution du Conseil. Commandant de la garde consulaire après cette journée, le , il épouse civilement à Mortefontaine la sœur de Napoléon, Caroline Bonaparte. Il déménage aux Tuileries et fait donc partie du proche entourage du nouveau maître de la France.

Murat commande la cavalerie de l'armée de réserve dirigée par Bonaparte. À la bataille de Marengo, le il a, selon Louis-Alexandre Berthier, « ses habits criblés de balles ». Après la campagne, il reçoit un sabre d'honneur et commande un camp stationné à Beauvais, destiné à défendre la Batavie et la Belgique en cas de débarquement anglais. Il commande ensuite le corps d'observation du Midi. Il participe à ce titre à la poursuite des combats en Italie à l'hiver 1800-1801. Murat signe ainsi l'armistice entre la France et le royaume de Naples et ordonne à ses troupes de ne pas violenter le peuple napolitain, ordre dont les Napolitains se souviendront. Le , il est nommé général en chef des troupes stationnées en République cisalpine. Le , il épouse religieusement à Paris sa femme.

Il rentre en France en août 1803 et est nommé à la place de Junot, en disgrâce, commandant de la première division militaire de Paris, et gouverneur de Paris, avec sous ses ordres environ 60 000 hommes. Responsable de la sécurité du gouvernement, il est en relation constante avec Bonaparte. Chargé, par sa fonction, de nommer la commission militaire qui doit juger le duc d'Enghien (condamné par avance), il s'y oppose.

L'Empire

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Joachim Murat en grande tenue de maréchal d'Empire, par François Gérard, 1804.

La conspiration Cadoudal-Pichegru et l'exécution du duc d'Enghien précipitent la transformation du régime consulaire en un régime monarchique. Le , un sénatus-consulte confie le « gouvernement de la République à un Empereur » en la personne de Napoléon Ier. Murat est couvert d'honneurs : il est fait maréchal d'Empire le lendemain. Le 1er février 1805, il est élevé à la dignité de grand amiral de l'Empire et le 2, grand aigle (grand croix) de la Légion d'honneur. Le 4 février, il est reçu au Sénat conservateur pour prêter serment en tant que sénateur, conséquence de son élévation à la dignité impériale de grand amiral de l'Empire. En mars, il s'installe au palais de l'Élysée. Membre de la famille impériale, il porte le titre de Prince.

Murat commande une nouvelle fois la cavalerie et l'avant-garde de la Grande Armée à l'automne 1805. Il porte les premiers coups à l'Autriche et obtient les premiers succès. Après s'être emparé des débouchés de la Forêt-Noire, il enfonce et disperse une forte division autrichienne, lui prend son artillerie, ses drapeaux et fait 4 000 prisonniers. Quelques jours plus tard, il force le général Werneck à capituler. Lorsque les Russes arrivent sur le théâtre des opérations, Murat attaque aussitôt une de leurs divisions, à qui il enlève cinq pièces de canon et 500 hommes. Poursuivant l'ennemi, il l'attaque de nouveau sur les hauteurs d'Amstetten et lui fait éprouver une nouvelle perte de 1 800 hommes.

 
Émile Giroux - Murat. l’illustration de l’Histoire de Napoléon de Jacques Marquet de Montbreton de Norvins, 1839.

Entrant dans Vienne à la tête de sa cavalerie, il manque de surprendre l'empereur d'Autriche dans l'abbaye de Melk. Il poursuit l'ennemi hors de Vienne, sabre l'arrière-garde à Hollabrunn. Il accorde alors un armistice que Napoléon blâme vivement. Les Autrichiens ont piégé les ponts sur le Danube alors que ceux-ci sont indispensables à la progression française. Murat, accompagné du maréchal Lannes, réussit à les persuader qu'un armistice a été signé. Les Autrichiens se retirent, laissant les Français maîtres des ponts. Pour réparer sa faute, il prend aux Russes, à Guntersdorf, 1 800 hommes et 12 pièces de canon. Il se couvre de gloire à la bataille d'Austerlitz où il commande l'aile gauche de l'armée française. Le traité de Presbourg, signé le , réorganise l'Allemagne et Joachim Murat devient grand-duc de Berg et de Clèves. Il part s'installer à Düsseldorf, capitale de son État.

Cependant, la guerre entre la Prusse et la France éclate à l'automne 1806. La campagne de Prusse arrache Murat à ses tâches de gouvernement. Il retrouve son commandement à la tête de la cavalerie. Toujours à l'avant-garde, il traverse la Saale, détruit deux régiments qui lui disputent le passage, se bat à la bataille d'Iéna et parvient à capturer l'essentiel de l'armée ennemie, force encore l'importante place d'Erfurth à capituler, harcèle les débris de l'armée prussienne, et fait toute une brigade prisonnière dans le faubourg de Prenzlow. La capitulation de l'ennemi lui livre 64 pièces d'artillerie, 45 drapeaux, 6 régiments de cavalerie, 1 600 hommes d'infanterie et le prince de Hohenlohe qui les commande. Attaqué dans Lübeck, Blücher se rend à Murat avec les troupes et le matériel qu'il avait cru sauver par un subterfuge. Pendant ce temps, une des divisions de Murat, commandée par le général Lasalle a fait capituler la garnison qui défend Stettin, une des plus fortes places de la Prusse[10]. Cette campagne s'achève sur ses mots : « Sire, le combat cesse faute de combattants ».

 
Napoléon donnant l'ordre à Murat de charger avec la cavalerie française à la bataille d'Eylau. Illustration de Job.

La guerre se poursuit cependant contre les Russes qui accourent au secours des Prussiens aux abois. Murat les attaque, les chasse de Varsovie où il fait une entrée triomphale le . À la bataille d'Eylau, en 1807, c'est encore Murat qui force l'ennemi à la retraite, après avoir enfoncé son infanterie : une grande partie de l'artillerie russe tombe au pouvoir du grand-duc de Berg. Il conduit l'une des plus grandes charges de cavalerie de l'histoire européenne en menant de 10 à 12 000 cavaliers sur le centre russe pour empêcher celui-ci de couper l'armée française en deux. Il ne séjourne que peu de temps à Düsseldorf après la paix de Tilsit qui agrandit substantiellement son duché, laissant la gestion à son ministre des Finances, Jean-Michel Agar, comte de Mosbourg.

Au début de l'année 1808, il est nommé lieutenant-général de l'Empereur et reçoit le commandement des 50 000 hommes qui composent l'armée d'Espagne. Murat doit occuper Madrid et attendre les ordres de Napoléon. Il se rend vite compte que la présence des Français est mal vécue par la population espagnole. Celle-ci se révolte en mars et le roi Charles IV abdique en faveur de son fils Ferdinand. À Bayonne, Napoléon force le père à revenir sur son abdication lors de l'abdication de Bayonne : Charles IV abdique en faveur de Napoléon qui, au grand désespoir de Murat, confie le trône à son frère Joseph, roi de Naples. Indignée, la population de Madrid se soulève le 2 mai (Dos de mayo). L'insurrection est violemment réprimée par Murat le lendemain. C'est le début de la guerre d'indépendance espagnole. Murat doit choisir entre la couronne du Portugal et celle de Naples.

Joachim-Napoléon Ier, roi de Naples

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L'arrivée à Naples

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Statue de Joachim Murat sur la façade du Palais royal de Naples.

Le , Joachim Murat devient roi de Naples sous le nom de Joachim-Napoléon Ier[11],[12],[13],[14]. Il doit abandonner le grand-duché de Berg, toutes ses propriétés françaises ainsi que leur luxueux mobilier et sa solde de maréchal, dont il conserve toutefois le bâton, et n'accueille pas la nouvelle avec le plus grand enthousiasme. Il se ravise vite devant l'accueil chaleureux que lui réservent les Napolitains. Ils aiment ce cavalier déjà légendaire, son goût du panache et du flamboyant. Ils se souviennent aussi probablement avec reconnaissance de sa proclamation de 1801.

À son arrivée, Murat trouve un cadre institutionnel assez proche de ceux des royaumes d'Italie et d'Espagne. La constitution prévue par Joseph Bonaparte a permis la création d'un Conseil d'État et d'un Parlement composé de cinq chambres : clergé, noblesse, propriétaires, savants, commerçants, mais ni Joseph, ni Murat ne le convoqueront. Au sein du gouvernement, Murat privilégie les Italiens aux Français, ce qui accroît sa popularité.

Les réformes

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Pièce du royaume de Naples à l'effigie de Murat.
 
Signature de Joachim Murat sur un courrier adressé à son frère Napoléon

Immédiatement, il s'attache à poursuivre les réformes entamées par son beau-frère Joseph, à commencer par l'achèvement de l'abolition de la féodalité. Le code Napoléon est très légèrement adapté mais les idées essentielles sont adoptées. La marine et l'armée sont réorganisées. Il règle également le problème du brigandage calabrais en faisant pacifier la région par le général Manhès. Cependant, à cause du déficit budgétaire, qui malgré une amélioration, ne sera pas résorbé sous le règne de Murat, la plupart de ses réformes n'a qu'une portée limitée.

La reconquête du royaume

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Lorsque les troupes françaises ont envahi le royaume de Naples pour chasser Ferdinand IV et sa femme Marie-Caroline, la sœur de Marie-Antoinette, ces derniers se sont réfugiés en Sicile, protégés par une flotte britannique, dont un détachement s'était emparé de l'île de Capri. L'île, ancien repaire de l'empereur Tibère, est une véritable forteresse défendue par le général britannique Hudson Lowe, le futur gouverneur de Sainte-Hélène, et ses 2 000 hommes. La prise de Capri a, pour Murat, deux objectifs. Tout d'abord, il s'agit de libérer une partie de son territoire et d'assurer ainsi la sécurité du commerce maritime entre le Nord du royaume et le Sud. L'autre objectif est symbolique : montrer à ses sujets qu'il est leur unique souverain et que les Bourbons de Naples ont véritablement « cessé de régner ».

Dès le , c'est-à-dire moins d'un mois après l'arrivée du nouveau roi, 2 000 hommes commandés par le général Jean-Maximilien Lamarque débarquent sur l'île qui capitule le 17. Pour fêter cette victoire censée confirmer l'unité des Napolitains, Murat amnistie les exilés politiques. Lorsque la guerre reprend avec l'Autriche en 1809, une escadre britannique croise devant Naples mais elle n'ose pas attaquer la ville dont les défenses ont été améliorées par le nouveau roi. Murat n'a pas participé à la campagne en Autriche et sort une nouvelle fois grandi de cette victoire et l'admiration du peuple napolitain est sincère.

La dernière étape est la prise de la Sicile. La partie insulaire du royaume des Deux-Siciles abrite la dynastie déchue des Bourbons de Naples. Ceux-ci ne reconnaissent pas Joachim Ier comme roi de Naples mais ils ont vite compris que le déloger ne serait pas une mince affaire. Le roi Murat sait également que reprendre la Sicile sera bien plus difficile que reprendre Capri, d'autant que Napoléon soutient mollement son beau-frère dans son entreprise. Le , Murat ordonne à ses troupes de traverser le détroit de Messine. Un premier corps de 2 000 hommes y parvient sans difficulté, mais le général Grenier refuse de faire continuer le transbordement au motif qu'il n'a pas reçu d'ordre de Napoléon. Les Britanniques se ressaisissent et chassent les premières troupes débarquées. L'expédition est un échec et Murat se plaint fortement de la conduite de Grenier.

Des relations difficiles avec Napoléon

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S'ils sont beaux-frères, les deux hommes ne s'apprécient guère[15]. Napoléon méprise Murat qu'il qualifie de « coq vaniteux », il aurait préféré donner la main de sa sœur Caroline au général Moreau mais, voulant rendre sa sœur heureuse, il avait privilégié l'amour à la raison.

Depuis l'accession de Murat au trône de Naples, les humiliations de la part de Napoléon se succèdent. Le décret qui lui donne la couronne de Naples précise bien que cela est fait en faveur de la reine Caroline. Le ton des dépêches de Napoléon est de plus en plus sec et vexant, la mauvaise foi y est de plus en plus fréquente. Tout ce que fait le roi est critiqué et rabaissé par l'empereur. Des menaces de destitution apparaissent dans la correspondance. Napoléon lui rappelle sans cesse que s'il est roi, c'est parce qu'il l'a décidé. Napoléon sait que des intrigues de Talleyrand et Fouché ont prévu de le remplacer par Murat au cas où il lui arriverait malheur.

Dans sa biographie, Vincent Haegele souligne l'attachement immense de Murat envers Napoléon, son tempérament angoissé toujours en quête de reconnaissance. Ce n'est qu'à force de critiques et de reproches qu'il s'éloigne progressivement de lui, mais en se jugeant ingrat[8]. Alors que Napoléon considère ses frères et beaux-frères comme de simples super-préfets, Murat souhaite être un vrai roi prenant la défense de ses « sujets »[8]. Il s'oppose bientôt au mariage de Napoléon avec Marie-Louise d'Autriche, petite-nièce de Marie-Antoinette mais surtout petite-fille de Marie-Caroline de Naples. Murat désire de plus en plus agir comme un roi indépendant. De plus, Naples souffre énormément du Blocus continental. Il se rapproche alors des Carbonari qui le courtisent pour unifier l'Italie, mais Caroline a toujours su tempérer les ardeurs de l'un comme de l'autre.

Les derniers combats pour Napoléon

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Le maréchal Murat ordonne l'assaut final. Bataille de la Moskowa (détail), Louis-François Lejeune, 1822.

Pour forcer la Russie à appliquer les dispositions du décret de Berlin, Napoléon prépare une nouvelle campagne. Toute l'Europe est en guerre, la France et ses alliés d'une part, le Royaume-Uni et la Russie d'autre part. Napoléon fait évidemment appel à Murat pour conduire la cavalerie et l'avant-garde de l'armée. Celui-ci se rend avec empressement auprès de l'empereur pour lui prouver son attachement : l'accueil de Napoléon est glacial. À la tête de la cavalerie, il tente de fixer les Russes pour la bataille mais le général russe Barclay de Tolly se dérobe continuellement, pratiquant la tactique de la terre brûlée. Une nouvelle fois, les charges de Murat sont décisives à la bataille de la Moskova le . Avec la retraite, harcelée par le froid et les cavaliers cosaques, la cavalerie fond. Le 5 décembre, Napoléon quitte l'armée pour rentrer à Paris et en confie le commandement à Murat : celui-ci doit la conduire à Vilnius où elle pourra se reformer. À Vilnius, le lieutenant-général de l'Empereur se rend compte qu'il ne peut tenir la position. Il fait évacuer l'armée vers la Pologne. Arrivé à Poznań le , il quitte à son tour l'armée et laisse à Eugène de Beauharnais le commandement de la retraite vers l'Elbe.

Il regagne en toute hâte Naples où il entre en relation avec les Autrichiens qui ont quitté l'alliance française. Ce rapprochement a sans doute été facilité par les liaisons de Caroline avec Metternich et l'ambassadeur autrichien à Naples. Un rapprochement est également effectué avec le Royaume-Uni. Une convention militaire est prête à être signée, mais Murat tergiverse.

Dans le même temps, la situation internationale a évolué. Napoléon a remporté une victoire importante à la bataille de Bautzen. Informé des contacts du roi avec ses ennemis, il a cependant besoin de ses talents de cavalier, talents qui lui ont manqué pendant la première partie de la campagne. Murat arrive en août 1813 à Dresde et y écrase l'aile gauche autrichienne les 26 et 27 août. Il fait des prodiges avec sa cavalerie durant l'automne. Après la défaite de Leipzig, le , Murat quitte une dernière fois l'armée sans qu'il soit possible d'en déterminer les raisons.

Un premier Risorgimento

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Le roi Murat par Heinrich Schmidt, (1814).

Lorsqu'il atteint Milan, le roi de Naples est assailli par les Carbonari. Il faut unifier l'Italie ou elle se retrouvera sous le joug de l'Autriche. Le 8 novembre, il affirme à l'ambassadeur autrichien qu'il choisit le camp des Alliés. En échange, il demande son maintien à Naples. Parallèlement, il affirme son attachement à Napoléon. Pourtant, le , un traité d'alliance entre l'Autriche et Naples est signé. C'est ce qu'on appelle la « trahison de Murat ».

Il entame une marche triomphale avec son armée à travers l'Italie. Partout, il est acclamé. Après une échauffourée avec les troupes du vice-roi d'Italie Eugène de Beauharnais, il semble pris de remords et pense à changer de camp. Napoléon se laisse convaincre et promet le partage de l'Italie avec le comme frontière, Murat recevant le Sud, mais l'abdication de Napoléon à Fontainebleau change la donne et il est doublé par les Autrichiens et les Britanniques et doit finalement rentrer à Naples en mai 1814.

Murat est confirmé roi de Naples par le congrès de Vienne. Des contacts se nouent cependant avec Napoléon exilé à l'île d'Elbe. Averti du prochain départ de Napoléon pour la France, Murat se revoit roi d'Italie. Lorsqu'il apprend le débarquement de l'empereur en France, il déclare la guerre à l'Autriche alors que Napoléon n'est pas encore arrivé aux Tuileries. De fait, il place Napoléon dans une situation délicate. Le , il lance une proclamation à Rimini appelant les Italiens à l'insurrection. Les scènes de joie de l'année précédente se répètent dans toute la péninsule. Il est sévèrement battu par les Autrichiens à Tolentino le 2 mai et voit son rêve s'envoler. Le 19, il fuit Naples et atteint Cannes le 25.

Le roi déchu erre en Provence, espérant que Napoléon l'appellera à l'armée. Celui-ci refuse et, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Caulaincourt, il envoie Amable de Baudus, ancien gouverneur des enfants royaux, à Golfe Juan avec l’ordre de demander à Murat de se tenir loin de Paris et de s’établir entre Grenoble et Sisteron. À Sainte-Hélène, Napoléon a regretté de s'être privé des services de Murat : « je l'eusse amené à Waterloo, mais l'armée française était si patriotique, si morale, qu'il est douteux qu'elle eût voulu supporter celui qu'elle disait avoir perdu la France. Je ne me crus pas assez puissant pour l'y maintenir, et pourtant, il nous eût valu peut-être la victoire ; car que nous fallût-il dans certains moments de la journée ? Enfoncer trois ou quatre carrés anglais. Or, Murat était admirable pour une pareille besogne ; il était précisément l'homme de la chose. Jamais, à la tête d'une cavalerie, on ne vit quelqu'un de plus déterminé, de plus brave, d'aussi brillant ».

À l'annonce de la défaite de Waterloo, Murat s'enfuit en Corse. Vite entouré par près de mille partisans, il se prend à rêver d'une reconquête de Naples. Une expédition est montée à la hâte, comprenant six navires. Partie d'Ajaccio le , puis essuyant une tempête, elle arrive forte de seulement deux navires, dont le Saint Esrame, le 8 octobre devant le petit port calabrais du Pizzo, où un guide, un traitre à la solde des Autrichiens, conseille à Murat de débarquer pour se ravitailler en eau. Ne sachant pas qu'il va tomber dans un piège, Murat choisit d'accoster avec seulement 29 compagnons. Croyant soulever l'enthousiasme de la population, il fait face à une foule peu à peu hostile, car la Calabre a été durement touchée par la répression du brigandage sous son règne. Murat et ses compagnons cherchent à fuir vers la plage, en direction de Monteleone, où ils sont rejoints par la foule. Murat est bousculé et malmené, le capitaine de navire Pernice blessé mortellement, et ses autres compagnons, dont son fidèle capitaine des hussards, Antoine Félix Lanfranchi (1790-1863), subissent également des violences. Par ailleurs, prévenus, des soldats bourboniens arrivent, les capturent, et les enferment dans la citadelle du port. Murat écrit plusieurs lettres, en particulier à sa famille. Le 9 octobre, le général Vito Nunziante arrive à Pizzo et commence l'interrogatoire de Murat et de ses hommes. Murat demande au général de les épargner[16].

Le 13 octobre, le roi Ferdinand, suivant les conseils de l'ambassadeur britannique[8], prend un décret par lequel « il ne sera accordé au condamné qu'une demi-heure pour recevoir les secours de la religion ». Ainsi, le procès était joué d'avance et Murat refuse de comparaître : il est condamné à mort pour haute trahison[17]. Exécuté dans la cour de la citadelle (et non à Naples comme la légende se plaira à l'illustrer), il s'y montre courageux : quand le moment fatal arriva, Murat marcha d'un pas ferme vers l'endroit de l'exécution — aussi calme et impassible que si c'était une revue ordinaire. Il n'accepta pas une chaise ni d'avoir ses yeux bandés. Il déclara : « J'ai bravé la mort trop souvent pour la craindre ». Il se tint droit, avec orgueil et sans intimidation, avec contenance vers les soldats ; et quand il fut prêt il embrassa un camée sur lequel la tête de sa femme était gravé, et dit ces mots : « Soldats ! Faites votre devoir ! Droit au cœur mais épargnez le visage. Feu ! ». Les compagnons de Murat, pour la plupart des Corses, sont détenus un temps à la citadelle de Pizzo, puis livrés aux Français légitimistes, et placés en détention au Château d'If. Ils seront acquittés et libérés le [16],[18].

Descendance

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Le tombeau de Joachim Murat se trouve à l'intérieur de l'église de San Giorgio, à Pizzo en Calabre, et celui de son épouse Caroline Bonaparte à Florence. Le couple eut quatre enfants :

Les frères et sœurs de Murat

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Joachim Murat avait dix frères et sœurs, dont cinq survivront à l'âge adulte et auront, pour quatre d'entre eux, une descendance :

  • Jacquette Murat (1746-1836), épouse en 1768 Jean Sambat de Soulomès (1732-1808)
    • Alexandrine Rose Sambat de Soulomès (1773-1846), épouse en 1790 Jean Andrieu, chevalier de l'Empire († 1831)
      • Alexandrine Andrieu (1790-1811), épouse en 1807 Jean-Michel Agar, 1er comte de Mosbourg (1771-1844)
        • un fils († 1892), sans postérité
        • une fille, épouse le vicomte de Rougé, dont postérité
      • Caroline Andrieu (1791-1846), épouse en 1811 Giuseppe d'Aquino, prince di Caramanico (1787-1851), dont postérité
      • Jeanne Andrieu (1792-1855), épouse en 1813 Gaetano d'Avalos d'Aquino d'Aragona,1er duc d'Avalos (1775-1855), fils du prince di Torrebruna et duc di Celenza), dont postérité
      • Julie Andrieu (1795-1865), épouse en 1817 son grand-cousin Pierre Bonafous de Crabillé, comte de Melito[19] (1786-1853, fils d'Antoinette Murat), dont postérité
      • Antoinette Andrieu (1809-1873), épouse en 1826 Pierre-Barthélémy Relhié, maire de Douelle (1797-1869), cousin de Jean-Michel Agar de Mosbourg, beau-frère de son épouse), dont postérité
  • Pierre Murat (1748-1792), épouse en 1783 Louise d'Astorg (1762-1832)
    • Marie Louise Murat
    • Pierre Adrien Murat († 1805)
    • Marie Radegonde Murat († 1800)
    • Thomas Joachim Murat
    • princesse Marie Antoinette Murat (née posthume, 1793-1847), adoptée par son oncle Joachim Murat (grand-duc de Berg, puis roi de Naples), épouse en 1808 le prince Charles de Hohenzollern-Sigmaringen (1785-1853), dont trois filles et un fils
  • Antoinette Murat (1759-1829), épouse en 1774 Jean Pons-Crespy, puis en 1784 Jean Bonafous de Crabillé, chevalier de l'Empire, maire de Montgesty et châtelain de Crabilhé (1757-1822), dont postérité du 2e mariage :
    • Pierre Bonafous de Crabillé, comte de Melito, colonel dans l'armée napolitaine (1786-1853), titré comte de Melito[19] en 1814 à Naples, épouse sa petite-cousine Julie Andrieu (1795-1865), petite-fille de Jacquette Murat, dont postérité
    • Joseph Bonafous de Crabillé, dit Bonafous-Murat (1788-1864), maire d'Anglars-Juillac, épouse en 1818 Hortense Raynal (1802-1872) et eurent sept enfants dont :
      • Jules Bonafous-Murat (1830-1894), épouse Thérèse Belloc
    • Jean-Eugène Bonafous de Crabillé, chef d'escadron (1792-1869) épouse en 1827 sa cousine germaine Clotilde Murat (1795-1831), veuve ou divorcée du prince di Santo Mauro et duc di Corigliano
    • Rosalie Bonafous de Crabillé, épouse Jean-Joseph Lafon de Caix (1778-1853), préfet du Tarn et député du Lot
  • André Murat, 1er comte Murat, titré en 1810 (1760-1841), maire de Labastide-Fortunière et châtelain de Labastide, épouse en 1791 Pierrette Issaly (1771-1792), puis en 1793 Jeanne-Françoise Besse (1777-1866), dont postérité du 2e mariage :
    • Clotilde Murat (1795-1831), épouse en 1812 Giacomo di Saluzzo /de Saluces, prince di Santo Mauro et duc di Corigliano (1776-1819 ou 1849 ?), puis en 1827 son cousin germain Jean-Eugène Bonafous de Crabillé (1792-1869), dont postérité
    • Pierre Gaëtan Murat, 2e comte Murat (1798-1847), épouse en 1827 Marie-Pauline de Méneval (1810-1889)
      • Joachim Murat, 3e comte Murat (1828-1904), épouse en 1854 Blanche-Alix Marion-Vallée (1836-1861), puis en 1866 Marguerite Marie Barrot (1844-1937)
        • Jeanne Murat (1858-1895), épouse en 1879 Laurent Camille, comte de Gouvion-Saint-Cyr (1851-1902), dont deux filles sans alliance
        • Gaëtan Murat (1861-1899), épouse en 1898 Caroline Thérèse Bianchi (1870-1940), sans postérité
        • Clotilde Murat (1868-1949), épouse en 1890 Paul Lebaudy (1858-1937)
        • Napoléone Murat (1874-1959), épouse en 1895 Alfred, baron Hervé-Gruyer (1860-1928), dont deux fils et trois filles
        • Georgina Murat (1877-1962), sans alliance
      • Caroline Murat (1836-1902), épouse en 1854 Charles Élie Maximilien, marquis du Tillet (1816-1902), dont trois enfants
  • Madeleine Murat (1763-1814), épouse en 1799 Étienne Molinier, maire de Combes-Terre Foraine et du Poujol (1755-), sans postérité

Considérations

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Antoine-Jean Gros, Portrait équestre de Joachim Napoléon, roi de Naples .

Doté d'un puissant charisme, il est un excellent meneur d'hommes et un brillant cavalier. Ses hommes reconnaissent en lui le chef qui les guidera à la victoire. Les Cosaques, cavaliers de l'armée russe, lui vouaient une véritable admiration. Soldat d'avant-garde, il sait fixer l'ennemi et le poursuivre après sa défaite. Il fait ainsi 15 000 prisonniers en cinq jours après la prise d'Ulm en 1805, et anéantit l'orgueilleuse armée prussienne après la double victoire d'Iéna et Auerstaedt. Sabreur, il mène ses escadrons à l'assaut des troupes ennemies au cours des charges les plus folles, remportant des succès aussi incroyables que décisifs. Ainsi, il écrase l'armée turque à Aboukir, il évite la défaite à Eylau en prenant la tête de 80 escadrons qu'il fait charger sur les troupes russes, et ordonne la charge décisive à la bataille de la Moskowa.

Il est cependant souvent emporté par son enthousiasme, ce qui lui vaut une réputation de fonceur et d'étourdi. À la bataille d'Heilsberg, en 1807, il se jette seul avec 9 000 cavaliers et quelques fantassins contre 80 000 Russes bien retranchés. Cela en fait également un mauvais général en chef qui épuise sa cavalerie à la poursuite des Russes qui se dérobent, au début de la campagne de Russie.

Murat est également réputé pour ses tenues plus extravagantes les unes que les autres qui lui valurent le surnom de « roi Franconi », du nom d'un écuyer de cirque connu dans toute l'Europe du début du XIXe siècle. Cette manie traduit sa vanité, sa volonté de se distinguer des autres généraux français. Il est de fait aisément reconnaissable sur les tableaux évoquant le Premier Empire (et était réellement immédiatement identifié dans les foules et sur les champs de bataille de l'époque), notamment par le port systématique d'énormes panaches blancs sur ses chapeaux.

Le général Griois a laissé dans ses mémoires un portrait de Murat qui résume le personnage[20].

Distinctions

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Tombe de la famille Murat au Père Lachaise.
Empire français
Royaume de Prusse
Royaume d'Italie (1805-1814)
Grand-duché de Wurtzbourg
Empire de Russie
Royaume de Saxe

Hommage

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  • Un timbre postal à son effigie a été émis par La Poste française le 26 juin 2017, où il est représenté à cheval.

Représentations de Joachim Murat

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Littérature

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  • Après un « pèlerinage » à Pizzo en 1835, Alexandre Dumas l'a mis en scène dans Impressions de voyage, 1839 et l'évoque dans un des volumes des Crimes célèbres.
  • Honoré de Balzac fait référence à son goût du luxe dans La Paix du ménage« Murat, homme tout oriental, donna l'exemple d'un luxe absurde chez les militaires modernes[21] » — ou à son grand courage dans Le Colonel ChabertHyacinthe Chabert décrit la formidable charge d'Eylau[22].
  • Honoré de Balzac indique, lors de la description de Rastignac dans le Père Goriot, que « parmi ses qualités [celles de Rastignac] se trouvait cette vivacité méridionale qui fait marcher droit à la difficulté pour la résoudre et qui ne permet pas à un homme d'outre-Loire de rester dans une incertitude quelconque ; qualité que les gens du Nord nomment un défaut : pour eux, si ce fut l'origine de la fortune de Murat, ce fut aussi la cause de sa mort ».
  • Léon Tolstoï le met en scène dans un bref chapitre de son roman La Guerre et la Paix.
  • Arturo Pérez-Reverte l'évoque fréquemment et sans sympathie dans son roman historique Un Jour de colère (Un Dia de colera), consacré à l'insurrection du à Madrid.

Cinéma

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Galerie

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Annexes

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Bibliographie

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  • Revel, Buonaparte et Murat, ravisseurs d'une jeune femme, Paris, Imprimerie Michaud, 1815, in-12, 212 p.
  • Léonard Gallois, Histoire de Joachim Murat, Paris. Schubart et Heideloff, Éditeurs, Quai Malaquais, no 1 ; Leipzig, Ponthieu, Michelsen et Cie, 1828.
  • A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. 1, [détail de l’édition] (BNF 37273876) .
  • « Joachim Murat », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
  • Jean Tulard, Murat, Fayard, 1999 (ISBN 2-213-60372-3).
  • Jean Tulard (dir.), Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1999.
  • Frédéric Hulot, Murat. La chevauchée fantastique. Présenté par Son Altesse le Prince Murat, Paris, Éd. Pygmalion, Gérard Watelet, 1998 (ISBN 2-85704-536-0).
  • Marcel Dupont, Murat, Cavalier, Maréchal de France, Prince et Roi, Éditions Copernic, 1980 (ISBN 2-85984-050-8).
  • Jean Prieur, Murat et Caroline, Paris, Éditions Fernand Lanore, 1985 (ISBN 2-85157-011-0).
  • (de) Charles Schmidt, Das Großherzogtum Berg 1806-1813 (Le Grand-Duché de Berg)- Eine Studie zur französischen Vorherrschaft in Deutschland unter Napoleon I.- Aus dem Französischen übersetzt von Lothar Kellermann und mit Beiträgen von Burkhard Dietz, Jörg Engelbrecht und Heinz-K. Junk, hrsg. von Burchardt Dietz und Jörg Engelbrecht, Bergische Forschungen, Band XXVII, Neustadt/Aisch 1999 (ISBN 3-87707-535-5).
  • (de) Gerold Schmidt, « Zum 50jährigen Bestehen des Landes Nordrhein-Westfalens: Der historische Beitrag des Rheinlandes zur Entstehung Nordrhein-Westfalens », dans Rheinische Heimatpflege, Köln, 33.Jahrgang 1996, p. 268-273.
  • Grégory Vouhé, « Murat dans les Deux-Sèvres », L’Actualité Poitou-Charentes n° 88, avril-juin 2010.
  • Vincent Haegele, Murat. La solitude du cavalier, Perrin, 2015.
  • François Garde, Roi par effraction, Gallimard, 2019 (ISBN 978-2-07-285015-8).

Sources partielles et mémoires

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
  2. A.L.J. Godin, Vie et aventures de Joachim Murat, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, Paris, Ménard et Desenne, fils, , 231 p. (lire en ligne)
  3. [1] « Les monographies d'Edmond Albe », Quercy Historique - La Bastide Fortanière ou Murat, Archives diocésaines de Cahors.
  4. Sous l'Ancien Régime, l'administration temporelle (c'est-à-dire matérielle) de la paroisse relève des habitants. Le corps temporel de la paroisse (ses bâtiments, ses biens et ses revenus) est géré et entretenu par une fabrique. Celle-ci est constituée d'une ou plusieurs personnes, nommées marguilliers ou fabriciens, qui sont élues par l'assemblée des paroissiens. Le marguillier fait souvent fonction de syndic (le représentant des habitants, aussi appelé consul, échevin, jurat, sous contrôle du représentant féodal, appelé bayle seigneurial ou de bastide) ou d'associé au syndic. Il est élu pour un an, souvent en même temps que le syndic, quand il lui est affecté. L'aubergiste Murat était ainsi un notable de la paroisse, par la force des devoirs d'assistance incombant à sa charge de marguillier et des risques encourus.
  5. a et b Jean-Paul Garnier, Murat, roi de Naples, Plon, , p. 2.
  6. Louis Clavel, « Une mésaventure du jeune Joachim Murat en 1787 », Bulletin de la Société des Études du Lot, no Tome CII, 4e fascicule,‎ , p. 362.
  7. Max Reyne, Les 26 maréchaux de Napoléon, Créations, , p. 199.
  8. a b c d et e Anne Bernet, « Les Murat, entre gloire, drame et comédie », La Nouvelle Revue d'histoire, no 82 de janvier-février 2016, p. 21-24.
  9. Anne Gary, Montfaucon en Quercy : À la découverte du passé, t. 1 : Des origines à la révolution, Bayac, Éditions du Roc de Bourzac, , 115 p. (ISBN 978-2-87624-047-6 et 2-87624-047-5), p. 103.
  10. « Puisque vous prenez des places fortes avec votre cavalerie, écrivait Napoléon à son beau-frère, je pourrai congédier le Génie et faire fondre mes grosses pièces. »
  11. Causes politiques célèbres du dix-neuvième siècle: Procès de Murat (Joachim-Napoléon), roi de Naples. Procès du général Raphaël Riégo. Procès de Charles-Louis Sand (meurtre de Kotzebuë). Procès du comte de Lavalette. Procès d'Arthur Thistlewood et autres. Tome 3, p. 15.
  12. Nouveau recueil de traités ; tiré des copies publiées par autorité, des meilleures collections particulière de traités et des auteurs les plus estimés, Volume 5, p. 15.
  13. Léon Thiessé, Manuel des braves ou victoires des armées françaises en Allemagne, en Espagne, en Russie, en France, en Hollande, en Belgique, en Italie, en Égypte, etc., 1818.
  14. Patrice Raynaud, Murat, Les uniformes de légende, éditions de la Revue Napoléon, 2005.
  15. « Il n'y avait pas deux officiers dans le monde pareils à Murat pour la cavalerie, et à Drouot pour l'artillerie: Murat avait un caractère très-singulier. Il y a environ vingt-quatre ans qu'il était capitaine; je le pris pour mon aide-de-camp; je l'ai fait tout ce qu'il a été depuis. Il m'aimait ; je peux même dire qu'il m'adorait. Il était, en ma présence, comme frappé de respect et prêt à tomber à mes pieds. J'ai eu tort de l'éloigner de ma personne; car, sans moi, il n'était rien, et à mes côtés, il était mon bras droit. Si j'ordonnais à Murat d'attaquer et de culbuter 4 ou 5,000 hommes dans une direction donnée, c'était l'affaire d'un moment. Je ne puis concevoir comment un homme si brave pouvait être si faible en certaines circonstances ; il n'était brave que devant l'ennemi, et là, c'était peut-être l'homme le plus vaillant du monde, son courage impétueux le portait au milieu du danger; couvert de plumes qui s'élevaient sur sa tête comme un clocher et tout d'or, c'était un miracle qu'il échappât tant il était facile à reconnaître à son costume. Toujours en butte au feu de tous les ennemis, les Cosaques eux-mêmes l'admiraient à cause de son étonnante bravoure. Chaque jour, il était engagé dans un combat particulier avec quelques-uns d'entre eux, et ne revenait jamais sans avoir teint son sabre de leur sang. En campagne, c'était un véritable paladin; mais si on le prenait dans le cabinet, c'était un poltron sans jugement ni décision. Murat et Ney étaient les deux hommes les plus braves que j'aie jamais connus. Le caractère de Murat était cependant plus noble, car il était généreux et franc. Chose étrange ! Murat, malgré l'amitié qu'il me portait, m'a fait plus de mal que qui que ce soit au monde. Quand je quittai l'île d'Elbe, je lui envoyai un courrier pour l'informer de mon départ; il prétendit qu'il devait attaquer les Autrichiens, le courrier se jeta à ses genoux pour l'en empêcher ; il me croyait maître de la France, de la Belgique et de la Hollande, et il devait, disait-il, faire sa paix avec moi et ne pas adopter de demi-mesures ; il chargea les Autrichiens comme un fou, avec sa canaille, et ruina mes affaires ; car, dans le même temps, je faisais avec l'Autriche une négociation d'après laquelle je stipulais qu'elle resterait neutre. Ce traité était sur le point d'être conclu, et alors j'aurais régné paisiblement. Mais aussitôt que Murat attaqua les Autrichiens, l'empereur François crut qu'il n'agissait que d'après mes instructions ; et, en effet, il sera difficile de faire croire le contraire à la postérité. Metternich dit : « Oh! l'Empereur est toujours le même; c'est un homme de fer. Le séjour qu'il a fait à l'île d'Elbe ne l'a pas changé, rien n'est capable de le guérir : tout ou rien, voilà sa devise ! » — L'Autriche se joignit à la coalition, et ma perte fut consommée. Murat ignorait que ma conduite fût réglée d'après les circonstances. Il était comme un homme qui regarde le changement de décorations à l'Opéra, sans jamais penser à la machine qui les met en mouvement : il n'a pas cru me faire un grand tort en se séparant de moi la première fois ; car il ne se serait pas joint aux alliés. Il calcula que je serais obligé de céder l'Italie et quelques autres pays; mais il n'a jamais envisagé ma ruine entière. » O'Meara.)
  16. a et b (en) Jonathan North, « Antoine Félix Lanfranchi: A Companion of Murat », 2015 — d'après (it) Francesco Lemmi, « La fine di Gioacchino Murat », in: Archivio Storico Italiano, 26, 220, 1900.
  17. Jean-Paul Garnier, Murat, roi de Naples, Plon, , p. 332.
  18. Jean-Paul Garnier, op. cit., p. 335
  19. a et b Stanford Library Catalog - France Marsanne, Pierre Bonafous : comte de Melito, 1786-1853 : un éclairage sur l'époque napoléonienne à travers un personnage lotois, neveu de Joachim Murat, Roi de Naples, Éd. Bord du Lot, 2014, 151 p. (ISBN 9782352081869).
  20. « Murat commandait l'avant-garde de l'armée dont nous faisions partie et il était chaque jour avec nous. Son costume tout à fait théâtral aurait jeté du ridicule sur tout autre mais il semblait fait à sa taille et accompagnait parfaitement une valeur toute brillante qui n'appartenait qu'à lui. Ses chevaux avaient un harnachement bizarre mais magnifique et la grâce avec laquelle il les maniait relevait encore leur beauté. Sa bravoure était tellement reconnue dans l'armée et on était si accoutumé à le voir au milieu du feu le plus épais que les aides de camp ou officiers d'ordonnance qui avaient des ordres à lui transmettre ou des informations à lui donner, se dirigeaient toujours sur le point où l'on se battait et du côté où l'attaque paraissait la plus vive ; ils étaient sûrs de l'y trouver. C'était le beau idéal du courage. »
  21. Édition Furne, 1845, vol. I, p. 308.
  22. Furne, vol. X, p. 13.
  23. « Fonds Murat (1746-1965). Répertoire numérique de la sous-série 31AP (31AP/1-31AP/618). », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr,