Jean Jaurès
Jean Jaurès ([ʒɑ̃ ʒo.ʁɛs][a]), né le à Castres (Tarn) et mort assassiné le à Paris (Seine), est un journaliste et homme politique français.
Jean Jaurès | ||
Jean Jaurès en 1904 (photographie de Nadar). | ||
Fonctions | ||
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Député français | ||
– (12 ans, 1 mois et 30 jours) |
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Élection | 27 avril 1902 | |
Réélection | 6 mai 1906 24 avril 1910 26 avril 1914 |
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Circonscription | Tarn | |
Législature | VIIIe, IXe, Xe et XIe (Troisième République) | |
Groupe politique | SP (1902-1906) SU (1906-1910) SOC (1910-1914) |
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Prédécesseur | Jérôme Ludovic de Solages | |
Successeur | Circonscription supprimée | |
– (5 ans, 4 mois et 9 jours) |
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Élection | 8 janvier 1893 (partielle) | |
Réélection | 20 août 1893 | |
Circonscription | Tarn | |
Législature | Ve et VIe (Troisième République) | |
Prédécesseur | Jérôme Ludovic de Solages | |
Successeur | Jérôme Ludovic de Solages | |
– (4 ans et 1 jour) |
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Élection | 4 octobre 1885 | |
Circonscription | Tarn | |
Législature | IVe (Troisième République) | |
Président du Parti socialiste français | ||
– (3 ans) |
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Biographie | ||
Nom de naissance | Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Castres, Tarn (Empire français) | |
Date de décès | (à 54 ans) | |
Lieu de décès | Paris (France) | |
Nationalité | Française | |
Parti politique | Républicains modérés Socialistes indépendants Parti socialiste français Section française de l'Internationale ouvrière |
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Père | Jules Jaurès | |
Mère | Adélaïde Barbaza | |
Fratrie | Louis Jaurès | |
Conjoint | Louise Bois | |
Enfants | Madeleine Louis |
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Diplômé de | ENS Paris | |
Profession | Professeur agrégé Maître de conférences Journaliste |
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Résidence | Domaine de la Fédial domaine de Bessoulet |
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Issu d'une famille de la petite bourgeoisie castraise, il grandit à Castres, sa ville natale, où il passe son enfance et sa jeunesse, réalisant de brillantes études, il intègre ensuite l'école normale supérieure et obtient l'agrégation de philosophie.
Il commence une carrière politique comme républicain. En 1885, benjamin de la Chambre des députés, il siège au centre-gauche parmi les républicains « opportunistes », favorables à Jules Ferry. Battu lors des législatives de 1889 puis réélu comme socialiste indépendant lors de celles de 1893, il soutient la grande grève des mineurs de Carmaux, s'oppose aux « lois scélérates » et dénonce la collusion d'intérêts économiques avec la politique et la presse. Il prend la défense du capitaine Dreyfus, participe à la fondation du Parti socialiste français en 1902, puis fonde et dirige le quotidien l'Humanité.
Réélu député en 1902, il est un des parlemntaires-clés pour l'adoption de la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905. La même année, il participe à la création de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), dont il est l'un des acteurs principaux, unifiant ainsi le mouvement socialiste français. Ses positions réformistes lui valent toutefois l'opposition d'une partie de la gauche révolutionnaire.
Il consacre les dernières années de sa vie à tenter d'empêcher le déclenchement de la Première Guerre mondiale, se liant aux autres partis de l'Internationale ouvrière et faisant planer la menace de grève générale au niveau européen. Ces positions pacifistes lui valent d'être assassiné par le nationaliste Raoul Villain. Sa mort contribue paradoxalement au ralliement des socialistes à l'Union sacrée.
Contesté de son vivant, il devient après le Congrès de Tours une figure rassembleuse de la Gauche, comme en témoigne le transfert de sa dépouille au Panthéon.
Biographie
modifier1859-1885 : jeunesse et formation
modifierJean Jaurès, de son nom complet Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès, naît à Castres le , 5 rue Réclusane, dans la maison de la famille maternelle des Barbaza[1]. Il appartient à une famille paternelle qui a évolué de la paysannerie vers la petite bourgeoisie provinciale du Tarn (essentiellement à Castres). Le jeune Jean Jaurès est notamment marqué par la brillante carrière de son cousin Benjamin Jaurès, amiral et ministre de la Marine en 1889[2].
Son père, Jules Jaurès (1819-1882)[b], est un négociant qui possède une petite exploitation agricole de 6 ha (ferme du domaine de La Fédial près de Castres), dans laquelle son fils passe son enfance et son adolescence jusqu'à l'âge de 17 ans. La famille connaît ponctuellement des difficultés financières[3]. Sa mère, Adélaïde Barbaza (1822-1906), issue d'une famille d'industriels du textile, s'occupe de l'éducation des deux enfants du couple : Jean, l'aîné, et Louis (1860-1937), qui devint amiral et député républicain-socialiste[4].
Très brillant élève de l'un des collèges-lycées de Castres[5], il y est remarqué par un inspecteur général, Félix Deltour, qui convainc ses parents de lui faire poursuivre ses études dans les écoles de l'« élitisme républicain », alors qu'ils le destinaient à l'administration des postes. Il est lauréat du concours général en latin[6]. L'inspecteur lui obtient une bourse qui lui permet de préparer à Paris l'École normale supérieure, au collège Sainte-Barbe puis au lycée Louis-le-Grand. Pur produit de la méritocratie républicaine, il est reçu en 1878 premier à l'École normale supérieure en philosophie, devant Henri Bergson. En 1881, il termine troisième à l'agrégation de philosophie, derrière Paul Lesbazeilles et Henri Bergson et devant Gustave Belot[7],[8].
Devenu professeur de lycée, Jean Jaurès enseigne tout d'abord au lycée Lapérouse à Albi, puis rejoint Toulouse en 1882, où il exerce comme maître de conférences à la faculté des lettres et se voit confier un cours de morale au lycée de jeunes filles, section grandes[9].
Il se marie le avec Louise Bois (1867-1931), fille d'un marchand de fromages en gros d'Albi, avec qui il a deux enfants[10] :
- Madeleine Jaurès, née le à Castres (Tarn) et décédée en 1951, mère de Jean-Jacques Delaporte (1910-1931) ;
- Louis Paul Jaurès, né le à Nontron (Dordogne). Engagé volontaire en 1915 à 17 ans, au 7e régiment de dragons, il passe aspirant au 10e bataillon de chasseurs à pied. Il est tué le à Pernant (Aisne), lors de la seconde bataille de la Marne[11], et déclaré « mort pour la France »[12]. Une stèle, surmontée du buste de son père, est inaugurée à quelques kilomètres du lieu de sa mort, à Chaudun, le , en présence de Léon Blum, qui prononce un discours[13],[14]. Il figure au Tableau d'honneur de la Grande Guerre, sous le prénom Paul[15].
Dans le contrat de mariage, la famille Bois offre au jeune couple le domaine de Bessoulet près de Villefranche-d'Albigeois où il s'installe rapidement[16].
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Entrée de la demeure familiale, rue Réclusane à Castres, où naît Jean Jaurès en .
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Plaque commémorative au-dessus de la porte d'entrée rappelant le lieu de naissance de Jean Jaurès.
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Maison de jeunesse de Jean Jaurès au domaine de la Fédial.
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Collège Jean Jaurès à Castres où il étudie de 1869 à 1876.
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Plaque commémorative à l'entrée du collège qui porte désormais son nom.
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Statue du Monument à Jean Jaurès à Castres.
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Le mémorial Louis Jaurès à Chaudun, stèle avec buste de Jean Jaurès.
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Le mémorial Louis Jaurès à Chaudun, plaque.
1885-1898 : la progressive adhésion au socialisme
modifierEntrée en politique comme républicain (1885-1889)
modifierS'affirmant ferryste, et incité par certains de ses anciens professeurs de Castres, il est désigné candidat (sixième de liste) par le congrès des républicains d’Albi pour les élections législatives d'octobre 1885[17],[18]. Le , il figure six candidats élus, sa liste obtenant 48 067 voix sur 94 149 votants[10],[18].
Benjamin de la nouvelle Chambre[18], il siège parmi les républicains « opportunistes », favorables à Jules Ferry[19]. Pour sa première intervention, en date du , il défend les droits des communes en matière d’enseignement primaire[18]. Ses votes permettent de le situer au centre gauche : contre l'amnistie des délits politiques des communards demandée par Henri Rochefort, pour le crédit de 80 millions accordé au corps expéditionnaire du Tonkin, pour un crédit de 800 000 francs au service des cultes[20],[21]. L'historienne Madeleine Rebérioux le décrit comme étant « en rupture latente avec l’opportunisme, mal content du radicalisme », mais n'ayant « pas encore opté pour le socialisme : les élus socialistes qu’il rencontre à la Chambre le rebutent souvent par leur apologie de la violence et il vote, le , contre la motion de censure du gouvernement déposée par Émile Basly pendant la grève de Decazeville »[18]. Il condamne âprement les violences et les « excès » de cette grève, lors de laquelle des mineurs, après de vains pourparlers, précipitent par une fenêtre l'ingénieur Warlin qui est achevé par la foule[22],[23]. Cependant, plus généralement, selon Madeleine Rebérioux, « il acquiert une connaissance intime des difficultés des mineurs. Membre de la Commission des mines dans le cadre de laquelle il reçoit à la Chambre Jean-Baptiste Calvignac en mars 1886, il intervient à plusieurs reprises, en juin et juillet 1887, pour la création de délégués mineurs à la sécurité et il revient sur ce problème le 24 mai 1889. Devant l’impossibilité de faire aboutir un texte global, il lutte pour la création de caisses de secours et de retraite propres aux mineurs (Chambre, 24 mars 1890) »[18].
La législature est marquée par les succès du général Boulanger, auquel s'oppose Jaurès. En janvier 1889, lors de l’élection partielle de Paris à laquelle Boulanger est candidat, il soutient Jacques, le candidat commun aux socialistes-possibilistes et aux républicains bourgeois[18].
Lors des législatives de 1889, il est battu dans la circonscription de Castres par 8 776 voix contre 9 632 à son adversaire monarchiste, Jean-Pierre Abrial[10],[18].
Découverte du socialisme
modifierPrivé de son mandat de député, Jaurès reprend son enseignement à la faculté de Toulouse. Il est reçu docteur ès lettres en 1892[10]. Sa thèse principale a pour titre De la réalité du monde sensible, sa thèse secondaire (en latin, selon l'usage de l'époque) De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel[c], dans laquelle il exprime sa conviction que seul le socialisme permettra à l'Homme d'obtenir son plein épanouissement dans une société harmonieuse et fraternelle[10]
Il continue également son activité politique. À partir de 1887, il collabore au quotidien de tendance radicale La Dépêche de Toulouse (la future Dépêche du Midi). Jaurès y rédige, le , un article sur l'importance de l'école pour le futur citoyen : « Lettre aux instituteurs et institutrices ». Élu conseiller municipal de Toulouse en juillet 1890 au sein d'un conseil « d’union républicaine radicale et radicale-socialiste »[10], il devient adjoint au maire en charge de l'instruction publique jusqu'en 1893][18].
Selon l'historien Michel Launay, c'est en que Jean Jaurès « exprime pour la première fois d'une façon définitive sa solidarité avec le socialisme français et international », dans un article intitulé « Nos camarades les socialistes allemands »[21]. Il demeure toutefois attaché au parti républicain, qu'il se représente dans son entier comme « un immense parti socialiste » (Dépêche, )[18]. D'après sa consœur Madeleine Rebérioux, « son intérêt pour la pensée socialiste a été renforcé par ses discussions avec Lucien Herr, sa solide connaissance de l’allemand et l’essor du parti social-démocrate redevenu légal dans l’Allemagne postbismarckienne. Mais, dans son évolution, le rôle principal appartient à la lente découverte qu’il fait de la classe ouvrière », dont il étudie la condition « depuis sa première campagne électorale »[18].
Grève des mineurs de Carmaux : adhésion définitive au socialisme (1892)
modifierEn 1892, quand éclate la grande grève des mineurs de Carmaux, Jean Jaurès est à l'écart de la vie politique nationale. L'origine du conflit est le licenciement de Jean-Baptiste Calvignac — ouvrier mineur, dirigeant syndical et socialiste qui venait d'être élu maire de Carmaux le — par la Compagnie des mines que dirigent le baron René Reille, président du conseil d'administration (l'homme fort de la droite tarnaise), et son gendre Jérôme Ludovic de Solages, membre de ce même conseil (député de la circonscription depuis ), propriétaire de mines et de verreries. Le prétexte motivant le licenciement se trouve dans les absences de Jean-Baptiste Calvignac causées par ses obligations d'élu municipal. Ce licenciement est considéré par les mineurs comme une remise en cause du suffrage universel et des droits réels de la classe ouvrière à s'exprimer en politique.
Les ouvriers se mettent en grève pour défendre leur maire. Le président Sadi Carnot envoie l'armée (1 500 soldats) au nom de la « liberté du travail ». En plein scandale de Panama, la République semble ainsi prendre le parti du patronat contre les grévistes.
Dans ses articles à La Dépêche à partir du , Jean Jaurès soutient la grève[18], aux côtés de Georges Clemenceau. Il accuse la République d'être aux mains de députés et ministres capitalistes favorisant la finance et l'industrie aux dépens du respect des personnes. Durant cette grève, il fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, Jean Jaurès sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme.
Sous la pression de la grève et de Jaurès, le Gouvernement arbitre le différend entre la Compagnie minière de Carmaux et Calvignac au profit de ce dernier en lui donnant un congé illimité pour qu'il exerce ses fonctions de maire. Solages démissionne de son siège de député et provoque l'élection anticipée de [24]. Ne s'étant pas accordé sur une candidature de Calvignac et n'ayant obtenu l’accord d'Antoine Duc-Quercy, le comité électoral socialiste de Carmaux se tourne vers Jean Jaurès, qui accepte de reprendre le programme de Marseille du Parti ouvrier français[18].
Le , il est élu député au deuxième tour par 5 180 voix sur 10 095 votants sous l'étiquette « socialiste indépendant » contre l’opportuniste Héral[10],[18]. Les cantons ruraux lui procurent alors 59 % de ses suffrages[18]. Son mandat est confirmé quelques mois plus tard lors des élections générales du par 5 663 voix sur 10 267 votants, lors desquelles le nombre de députés socialistes passe de 13 à 41, ce qui leur permet de former un groupe parlementaire dirigé par Jaurès[10].
Premier mandat comme député socialiste (1893-1898)
modifierDésormais, Jean Jaurès représente à la Chambre des députés les mineurs de Carmaux. Il milite avec ardeur contre les « lois scélérates ». Surtout, Jaurès se lance dans une incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. Il défend les verriers d'Albi, renvoyés par leur patron Rességuier, ce qui lui vaut l'ouverture d'une information judiciaire pour entrave à la liberté de travail, abandonnée fin 1895. C'est aussi à l'occasion de la découverte de fonds venant de hauts lieux chez un anarchiste de retour de Carmaux[pas clair] qu'il se lance dans un discours à la Chambre, le . Dans ce dernier, il dénonce la politique répressive du gouvernement, la censure du Père Peinard (« consacré presque tout entier à injurier les députés socialistes »), le deux poids deux mesures avec, d'un côté, la censure des journaux et députés socialistes, de l'autre la tolérance de discours également contestataires de certains catholiques[25], et enfin l'usage des agents provocateurs :
« C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie. (Interruptions au centre. — Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)
Et il arrive inévitablement que ces anarchistes de police, subventionnés par vos fonds, se transforment parfois — comme il s’en est produit de douloureux exemples que la Chambre n’a pas pu oublier — en agents provocateurs[26]. »
Dans le sillage de la grève des mineurs de Carmaux, il participe, en 1895, à celle des verriers de la ville, déclenchée par le licenciement de deux syndicalistes par le patron de la verrerie, Eugène Rességuier[27]. Cette grève aboutira à la fondation de la Verrerie ouvrière d'Albi, premier grand exemple d'entreprise autogérée.
Durant ce mandat, Jean Jaurès dénonça l'indifférence européenne et française aux massacres des Arméniens par le sultan Abdülhamid II, dans un discours devant la Chambre des députés le [10], visionnaire dix-neuf ans avant le génocide de 1915[28].
Dans le Languedoc viticole, il visite « Les Vignerons libres de Maraussan » qui créent la première cave coopérative. Aux élections de 1898, il est battu par le marquis Jérôme Ludovic de Solages, héritier du fondateur de la Compagnie minière de Carmaux.
1898-1914 : principal dirigeant socialiste français
modifierAffaire Dreyfus
modifierSiJaurès s'est distingué des menées antisémites dès 1890 pour dénoncer les « faux socialistes » ou les « charlatans de la réaction et du boulangisme », « singes malfaisants » ou en méprisant Édouard Drumont[29], Jaurès n'en est pas moins initialement convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus [30],[31]. Dans un discours à l'Assemblée, le , il déclare : « le capitaine Dreyfus, convaincu de trahison par un jugement unanime, n'a pas été condamné à mort, et le pays voit qu'on fusille sans pitié de simples soldats coupables d'une minute d'égarement, de violences ». Si pour l'historien Michel Dreyfus, « Jaurès estime [au début de l'Affaire] que si Dreyfus n'est pas condamné à mort, c'est parce que l'« immense effort juif » fait en sa faveur n'a pas été tout à fait « stérile » et qu'il a bénéficié du « prodigieux déploiement de la puissance juive » »[32], cette interprétation semble abusive pour son confrère Gilles Candar qui explique que Jaurès n'est pas intervenu à la Chambre pour réclamer la peine de mort à l'encontre Alfred Dreyfus, mais a évoqué l'Affaire comme argument pour réduire les cas de recours à la peine capitale dans le cadre d'un débat sur le régime des peines applicables dans le Code de justice militaire[29].
Jaurès reste d'abord en retrait de la campagne de révision du procès avant de s'engager progressivement comme défenseur de Dreyfus. « En définitive, la haine de l'antisémitisme ne semble pas avoir joué un rôle « déterminant » dans son engagement en faveur de Dreyfus : c'est bien davantage sa vision de la démocratie, ainsi que sa volonté de rallier la jeunesse qui l'auraient poussé en ce sens. Dès lors, le combat de Jaurès en faveur de Dreyfus devient décisif »[33].
Si Michel Dreyfus estime que la parution le de l'article J'accuse…! d'Émile Zola ne serait pas l'élément déclencheur de son engagement dreyfusard[34], l'historien Jean-Numa Ducange relève que Jaurès prend pourtant la parole le jour-même à la Chambre des députés pour défendre Zola et L'Aurore, qui sont assignés en Justice pour diffamation par le ministre de la Guerre : « il paraît plus facile à M. le ministre de la Guerre de réprimer la presse qui dénonce les abus militaires que de réprimer les abus militaires eux-mêmes. »[35]
le , son discours à la salle Tivoli appelle à s'engager pour l'innocence de Dreyfus. Si Michel Dreyfus relève que Jaurès évoque la « race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la fièvre du prophétisme[, qui] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d'extorsion »[36], Candar explique que Jaurès le fait pour dénoncer les haines de races au profit de la lutte des classes : « ce n’est pas la race qu’il faut briser, c’est le mécanisme dont elle se sert, et dont se servent les exploiteurs chrétiens »[29]. Alors que le Parti ouvrier français se refuse à défendre un militaire à la solde de l’État bourgeois[35],[37], Candar montre que pour Jaurès Dreyfus n’est plus ni un bourgeois, ni un officier : « Il est seulement un exemplaire de l’humaine souffrance en ce qu’elle a de plus poignant. Il est le témoin vivant du mensonge militaire, de la lâcheté politique, des crimes de l’autorité. »[29]. Dans un contexte encore majoritairement antidreyfusard, le patriotisme de Jaurès est remis en cause par le marquis de Solages, contribuant à la défaite de Jaurès aux législatives le [35],[38].
L'évolution de Jaurès est probablement favorisée par ses échanges avec ses amis Lucien Herr et Lucien Lévy-Bruhl, qui l'ont devancé dans l’engagement dreyfusard, et le député parisien Gustave Rouanet, collaborateur direct de Jaurès, dans le cadre de L’Histoire socialiste de la France contemporaine[29]. Pour Jaurès, l'affaire est non seulement un problème de justice individuelle, mais surtout de respect de l'humanité elle-même. En effet, elle pose le problème du mensonge et de l'arbitraire des grandes institutions, notamment de l'armée qui entend avoir une « justice » séparée. En outre, l'affaire Dreyfus est instrumentalisée par les droites catholique et nationaliste pour tenter de renverser la République[39],[40].
Après la perte de son mandat parlementaire, Jaurès devient codirecteur du quotidien La Petite République où il s'engage fermement pour prouver l'innocence de Dreyfus durant l'été 1898[41]. Fin , la révélation du faux commis par le commandant Henry renforce son argumentation[42] Ses écrits sont rassemblés dans l'ouvrage Les Preuvesn publié le [43] , avant que la Cour de cassation ne soit saisie de la demande de révision du procès Dreyfus[41] : « Si Dreyfus a été illégalement condamné et si, en effet, comme je le démontrerai bientôt, il est innocent, il n'est plus ni un officier ni un bourgeois : il est dépouillé, par l'excès même du malheur, de tout caractère de classe ; il n'est plus que l'humanité elle-même, au plus haut degré de misère et de désespoir qu'on puisse imaginer. […] Nous pouvons, sans contredire nos principes et sans manquer à la lutte des classes, écouter le cri de notre pitié ; nous pouvons dans le combat révolutionnaire garder des entrailles humaines ; nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l'humanité[44]. ».
Cette soif de justice universelle se retrouve dans le discours de Jaurès, réélu député en 1902, à la Chambre les 6 et qui ouvre la « troisième affaire Dreyfus ». En apportant les preuves d’un complot nationaliste, il obtient l’ouverture d’une enquête, prélude à la réhabilitation de Dreyfus en 1906[45].
Pour l'historien Vincent Duclert, Les Preuves fournissent à Jaurès l’occasion de formuler une définition du socialisme en action et de l’inscrire aussi bien dans le mouvement historique de la démocratie et que dans celui des luttes révolutionnaires[46]. Alors que Jules Guesde et Édouard Vaillant sont critiqués par Charles Péguy pour leur silence, le triomphe du dreyfusisme face au nationalisme donne à Jaurès une dimension essentielle pour lui permettre de réussir l'unité des Socialistes en 1905[46].
Socialiste soutenant la République (1898-1904)
modifierBattu aux législatives de 1898 par 5 180 voix contre 6 637 voix au marquis de Solages sur un total de votants sur 11 904 votants[10] (l'installation de la Verrerie ouvrière à Albi et son ardente défense de Dreyfus ont provoqué sa défaite), Jean Jaurès se consacre au journalisme et devient codirecteur de La Petite République, un journal socialiste républicain. C'est dans les colonnes de ce journal qu'il publie Les preuves relatives à l'affaire Dreyfus. Par ses articles, il soutient le gouvernement Waldeck Rousseau de « défense républicaine », qui associe à son action, pour la première fois dans l'histoire de la République, un socialiste, Alexandre Millerand, nommé au Commerce et à l'Industrie. Parallèlement, il dirige une Histoire socialiste de la France contemporaine (Éditions Rouff) pour laquelle il rédige les volumes consacrés à la Révolution française (1901-1908).
Aux législatives de 1902, il est retrouve son siège de député en rassemblant 6 494 voix contre 6 154 voix au marquis de Solages sur un total de votants sur 12 765 votants[10]. La même année, Jean Jaurès participe à la fondation du Parti socialiste français. Son talent d'orateur lui permet de devenir le porte-parole du petit groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Jaurès s'engage nettement en faveur du Bloc des gauches et du gouvernement Combes (1902-1905). Il participe à la rédaction de la loi de séparation des Églises et de l'État (). Cependant, Jaurès et les autres socialistes sont déçus par la lenteur des réformes sociales. Le dynamisme du Bloc des gauches s'épuise. Jaurès, vice-président de la Chambre en 1902, n'est pas réélu à cette fonction en 1904. Le rapprochement politique avec un gouvernement « bourgeois » allant jusqu'à la participation gouvernementale est, de plus, condamné par l'Internationale socialiste. Il défend le projet d'impôt sur le revenu qui serait venu se substituer à un système fiscal dominé par quatre contributions directes (contribution financière, personnelle mobilière, patentes, et portes et fenêtres) qu'il juge inégalitaire puisqu'il n'est pas indexé sur le niveau de revenu de chaque citoyen[47].
Fondation de L'Humanité et unification du mouvement socialiste
modifierEn 1904, Jaurès fonde le quotidien L'Humanité, qu'il dirige jusqu'à sa mort. L’équipe qui lance le journal avec Jaurès n’est pas composée de journalistes, mais d’intellectuels qui ont vécu aux côtés du député socialiste trois combats victorieux : le droit ouvrier à la politique, bafoué à Carmaux par le marquis de Solages, et qui s’impose en 1892 ; la justice rendue au capitaine Dreyfus ; la liberté de conscience, objet d’un débat qui fait rage en 1904, et qui sera inscrite dans la loi de séparation des Églises et de l’État. De grandes « plumes » s’associent au projet : Anatole France, Octave Mirbeau, Jules Renard[27].
Jean Jaurès sous-titre son journal « quotidien socialiste » et l'utilise pour accélérer l'unité socialiste. Celle-ci est réalisée sous la pression de la Deuxième Internationale au congrès du Globe () avec la création de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), unifiant les différentes sensibilités socialistes de France.
Jean Jaurès partage la direction de la SFIO avec le marxiste Jules Guesde. La SFIO fait sien le concept de lutte des classes[48] et s'affirme clairement internationaliste. Pour l'unité, Jaurès a accepté l'abandon du soutien au gouvernement. Mais, il a obtenu des guesdistes l'insertion de la SFIO dans la démocratie parlementaire. Dirigeant politique important, il engage le dialogue avec les syndicalistes révolutionnaires de la CGT.
Des gouvernements Clemenceau à Briand (1906-1913)
modifierAux législatives de 1906, il est réélu au premier tour par 6 386 voix contre 6 170 voix au marquis de Solages[10], puis de même en1910, il est réélu au premier tour par 6 453 voix contre 5 845 voix au marquis de Solages[10]. La majorité radicale permet à Georges Clemenceau d'accéder à la présidence du Conseil, qui s'octroie également les fonctions de ministre de l'intérieur. Si la SFIO refuse de participer aux gouvernements bourgeois, Jaurès et Guesde s'abstiennent lors de l'investiture du Gouvernement Clemenceau[49] Cette relative bienveillance est confortée par l'octroi du repos dominical ou l’innocence définitive de Dreyfus. Jaurès s'oppose avec vigueur à la répression des grèves ouvrières par l'armée, mais se désolidarise des actions de sabotage[50].
Lors des événements de 1907, Jean Jaurès, sensible aux arguments de ses compatriotes du Midi, prend fait et cause pour les viticulteurs. Ses joutes oratoires avec Clemenceau, alors , et que Jaurès traitera de « chéquard » après le scandale de Panama. L'aura de Jaurès est telle auprès des « gueux du Midi » que Clemenceau concevra une crainte politique exacerbée, ce qui conduira aux fusillades de Narbonne, Clemenceau ne voulant pas que la situation lui échappe.
Pacifisme
modifierJean Jaurès lutte contre la venue de la guerre les dix dernières années de sa vie. Il est très préoccupé et inquiet face à l'impérialisme et aux rivalités entre les grandes puissances (surtout pendant les guerres balkaniques en 1912-1913). En 1910, il rédige une proposition de loi consacrée à l’armée nouvelle, dans laquelle il préconise une organisation de la Défense nationale fondée sur la préparation militaire de l’ensemble de la nation. Il s'inspire alors du livre de 1905 L'Armée nouvelle, ce qu'elle pense, ce qu'elle veut du capitaine Mordacq, qui deviendra un des principaux collaborateurs de Georges Clemenceau à la fin de la Grande Guerre[51]. Jaurès est un cas singulier : pacifiste, mais passionné par la défense, par la stratégie militaire, et qui inspirera, au titre de la « nation armée », le Vietnamien Ho Chi Minh. Ainsi, dans le livre à l’origine de sa proposition de loi, il préconise la constitution d’une armée défensive, de milices, entraînée dans le monde civil, liée à la nation, le contraire de l'« armée de caserne »[27].
Jean Jaurès mène une vigoureuse campagne contre la loi des Trois ans, défendue ardemment par le député Émile Driant. La loi est votée en 1913, malgré le rassemblement du Pré-Saint-Gervais le , où Jaurès fait un discours devant 150 000 personnes.
Aux législatives du , il est réélu par 6 804 voix contre 4 862 voix à Falgueyrettes[10]. Cette année semble relancer les espoirs de paix : la guerre dans les Balkans est finie, les élections en France sont un succès pour les socialistes. Mais l'attentat de Sarajevo le et l'ultimatum autrichien à la Serbie du relancent les tensions entre les grandes puissances.
Jean Jaurès tente d'infléchir, dans un sens favorable à la paix, la politique gouvernementale. Il rappelle le mot d'ordre de grève générale décidé par l'Internationale ouvrière en cas de déclenchement de la guerre.
1914 : assassinat
modifierLe pacifisme de Jaurès le fait haïr des nationalistes. Pendant la journée du vendredi [52], il tente, d'abord à la Chambre des députés, puis au ministère des Affaires étrangères, d'empêcher le déclenchement des hostilités de la Première Guerre mondiale. En fin d'après-midi, il se rend à son journal, L'Humanité, pour rédiger un article qu'il conçoit comme un nouveau « J'accuse…! ». Avant la nuit de travail qui s'annonce, il descend avec ses collaborateurs pour dîner au Café du Croissant, situé au no 146 de la rue Montmartre, à l'angle de la rue du Croissant. Vers 21 h 40, un étudiant nationaliste, Raoul Villain, tire deux coups de feu par la fenêtre ouverte du café et abat Jaurès à bout portant[10]. Amédée Dunois, ancien militant anarcho-syndicaliste, journaliste, avocat et ami du parlementaire socialiste, qui est présent à ses côtés ce soir-ci, cherche alors, en urgence, un médecin pour permettre d'apporter rapidement les premiers soins à Jean Jaurès. Paulo do Rio Branco da Silva Paranhos, alors ami de Dunois, arrive quelques minutes après l'événement à la demande de celui-ci. Ne pouvant prodiguer les premiers soins à Jean Jaurès après un constat alarmant sur l'hématome intracérébral formé, le médecin et fils de l'ex-ministre des Affaires étrangères du Brésil annonce, après plusieurs tentatives de prise de pouls, la mort officielle du député socialiste[53]. Le corps est provisoirement ramené à son domicile dans la maison à briques rouges de la villa de la Tour, sise au 17, rue Eugène-Delacroix (16e arrondissement de Paris).
Cet assassinat facilite de facto le ralliement de nombreux socialistes, qui hésitaient, à l'« Union sacrée »[10]. La grève générale n'est pas déclarée.
L'assassin, Raoul Villain, prend la fuite après avoir tiré sur Jaurès. Un témoin qui se trouvait au Café du Croissant le poursuit, puis le maîtrise. Les autorités prirent le relais une fois arrivées sur la scène[54],[55]. Jugé par la Cour d’assises de la Seine du 24 mars au dans un contexte de poussée nationaliste, le meurtrier est acquitté par 11 voix sur 12, alors que la veuve de Jean Jaurès est condamnée aux dépens[10].
Idéologie
modifierLe socialisme de Jean Jaurès mêle le marxisme aux traditions révolutionnaires et républicaines françaises. Le socialisme de Jaurès est souvent qualifié d'« humaniste », avec ses références constantes à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et à la Révolution française, dont il fut l'historien.
Jean-Pierre Rioux va plus loin et le déclare « religieux à jamais », indiquant : « face aux camarades et aux francs-maçons bouffeurs de curés, il dira toujours à la tribune de la Chambre sa foi en un Dieu de beauté et d'harmonie »[56]. […] Jaurès ne serait pas loin de croire que le socialisme va poursuivre l’œuvre divine[56]. En 1910, il déclare devant les députés : « Je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraie. J’ai écrit, il y a vingt ans, sur la nature et Dieu et sur leurs rapports, et sur le sens religieux du monde et de la vie, un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée »[57].
Jean Jaurès retient du marxisme l'idée du danger de la concentration capitaliste, la théorie de la valeur et la nécessité de l'unité du prolétariat. Jaurès est évidemment favorable à des lois de protection sociale. Il souhaite aussi une collectivisation volontaire et partielle. Il veut la démocratisation de la propriété privée, et non sa destruction, et il est attentif aux mouvements coopératifs comme la Verrerie ouvrière d'Albi. Il se revendique communiste[58].
Socialiste, Jaurès dénonce le contraste entre la misère du prolétariat industriel et l’insensibilité sociale de la bourgeoisie. Pendant une longue période du XIXe siècle, la défense égoïste de ses privilèges a poussé la bourgeoisie à vouloir imposer le silence au prolétariat en lui interdisant le droit de grève et le droit syndical, qui ne sera reconnu qu'en 1884. Dans son livre intitulé Jean Jaurès, un combat pour L'Humanité, Pascal Melka montre en quels termes Jaurès dénonce cette situation dans sa plaidoirie au procès qui a opposé en 1894 le journaliste Gérault-Richard au président de la République Jean Casimir-Perier[59] :
« Et vous vous étonnez de la véhémence de nos paroles, de la force de nos accusations ! Mais songez donc que nous parlons au nom d’un siècle de silence ! Songez donc qu’il y a cent ans il y avait dans ces ateliers et dans ces mines des hommes qui souffraient, qui mouraient sans avoir le droit d’ouvrir la bouche et de laisser passer, en guise de protestation, même leur souffle de misère : ils se taisaient. Puis un commencement de liberté républicaine est venu. Alors nous parlons pour eux, et tous leurs gémissements étouffés, et toutes les révoltes muettes qui ont crié tout bas dans leur poitrine comprimée vibrent en nous, et éclatent par nous en un cri de colère qui a trop attendu et que vous ne comprimerez pas toujours. »
Jean Jaurès conçoit le passage au socialisme dans le cadre de la République parlementaire. Attaché aux traditions républicaines françaises, il n'est cependant pas centralisateur, comme le montrent ses idées sur l'enseignement des langues régionales[60].
L'historien Michel Winock écrit : « Ce qui est remarquable, c'est qu'il rend hommage à tous les camps. Ce n'est pas un sectaire. Par exemple, à propos des droits de l’homme et du citoyen, les marxistes disent que ce sont des droits formels, un masque qui rejette dans l'ombre les vraies motivations, c'est-à-dire la défense des intérêts de la bourgeoisie. Ce n'est pas du tout l'avis de Jaurès ». Lors de l'affaire Dreyfus, alors que le socialiste et marxiste Jules Guesde juge que le prolétariat n'a pas à défendre un bourgeois, Jean Jaurès s'engage en sa faveur, écrivant : « Nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfermer hors de l'humanité »[61].
Bien que la droite conservatrice ait tenté de l'y mêler au moment de l'affaire des fiches, Jean Jaurès n'est pas initié et prend peu position sur la franc-maçonnerie. Il ne lui montre pas d'hostilité, comme le montre l'engagement de Marcel Sembat à l'Humanité alors qu'il vient d'être élu au Conseil de l'ordre du Grand Orient. Alors que les partisans de Jules Guesde essaient d'exclure les franc-maçons de la SFIO, les partisans de Jaurès (dont des maçons notoires comme Auguste Delpech et Arthur Groussier) mettent cette résolution en échec au Congrès de la SFIO en 1906. La sensilibilité sociale lui en sait gré quand quelques mois plus tard Marcel Sembat et Adrien Meslier organisent une soirée de soutien financier à l'Humanité[62].
Hostilité à la peine de mort
modifierEn France, avec l'élection d'Armand Fallières en tant que président de la République française en 1906, les condamnations à la peine de mort connaissent une inflexion. Abolitionniste convaincu, Armand Fallières avait mis en place un système de grâce automatique dès 1906. Dans ce contexte, Aristide Briand, ministre de la Justice du gouvernement Clemenceau, dépose en 1908 à la Chambre des députés un projet de réforme du système judiciaire incluant l'abolition de la peine de mort. Le , Jean Jaurès se présente devant la Chambre pour y tenir un discours pour l'abolition de la peine de mort, qu'il qualifie d'« inutile et odieuse »[63],[64]. Il y développe un argumentaire en trois temps : s'interrogeant sur la compatibilité de la peine de mort avec la foi chrétienne, avec l'esprit de la révolution des républicains et l'argument principal sur le rôle de l'État et ses « responsabilités sociales dans le crime »[65]. Le projet de loi est finalement rejeté, et l'abolition de la peine de mort en France ne sera actée qu'en 1981.
Hommages, postérité
modifierHommages politiques
modifierLe , tout comme le président du Conseil René Viviani, le président de la Chambre des députés, Paul Deschanel, prononce son éloge funèbre, qui reçoit un accueil enthousiaste sur tous les bancs de l’hémicycle et marque les débuts de l’Union sacrée[66] :
« […] Y a-t-il encore des adversaires ? Non, il n'y a plus que des Français. […] Du cercueil de l'homme qui a péri martyr, de ses idées sort une pensée d'union ! De ses lèvres glacées sort un cri d'espérance. Maintenir cette union, réaliser cette espérance, pour la patrie, pour la justice, pour la conscience humaine, n'est-ce pas le plus digne hommage que nous puissions lui rendre[67] ? »
En 1917, Léon Trotski écrit un éloge de Jean Jaurès qu'il conclut par ces mots : « Jaurès, athlète de l'idée, tomba sur l'arène en combattant le plus terrible fléau de l'humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l'homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte »[68].
À l'issue de la Première Guerre mondiale, de nombreuses communes françaises baptisent des rues et des places en l'honneur de celui qui fut un grand défenseur de la paix. Sa ville natale de Castres renomme en 1920 la principale place de la ville, la place Nationale, place Jean-Jaurès. Le collège où il a étudié porte également son nom. À Marseille, la place Jean-Jaurès, l'une des plus grandes de la ville. Renommée place Saint-Michel sous le régime de Vichy, elle reprend son nom à la fin de la Seconde Guerre mondiale[69]. Une des places principales de la ville de Saint-Étienne porte aussi son nom. De nombreuses écoles et de nombreux collèges et lycées portent également son nom également. A l'étranger, une rue de Buenos Aires porte également son nom, ainsi qu'à Tunis (hommage de Bourguiba à Jaurès).
Des stations de transport public portent son nom. Ainsi, le métro de Paris compte deux stations évoquant Jaurès : la Jaurès en référence à l'avenue Jean-Jaurès (anciennement rue d'Allemagne[70]), mais également Boulogne - Jean-Jaurès, en référence au Jean-Jaurès de Boulogne-Billancourt. Le nom de Jaurès est également porté par une station des métros de Lyon, du Toulouse et Lille, ainsi que des stations de tramway à Strasbourg et Dijon, ainsi qu'une station du tramway de Rouen dans la ville du Petit-Quevilly.
Après la victoire du Cartel des gauches alliant la SFIO et le parti radical sur la base d’un programme pacifiste, anticlérical et social contre la politique du Bloc national, Édouard Herriot propose l'entrée au Panthéon de la dépouille de Jean Jaurès (qui reposait cimetière des Planques d'Albi[71])comme symbole fédérateur de sa politique[10]. Malgré l’opposition d’une partie de la droite et des communistes, la proposition est définitivement adoptée par le Parlement dix ans après l'assassinat de Jaurès le , le transfert étant effectué le [10]. Le est l'occasion d'une cérémonie grandiose à laquelle participent les mouvements politiques de gauche, excepté le Parti communiste français, exclu de la cérémonie officielle, qui organise sa propre manifestation et proteste contre la « récupération » de Jaurès[72].
Le , François Mitterrand, nouvellement élu président de la République, se rend au Panthéonet s'incline devant la tombe de Jean Jaurès, puis devant celles de Victor Schœlcher et de Jean Moulin[73]. François Mitterrand inaugure officiellement le Centre national et musée Jean-Jaurès à Castres le [74].
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Bureau de Jean Jaurès avec la une du quotidien L'Humanité.
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Masque mortuaire de Jean Jaurès.
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Œuvres artistiques honorant Jaurès.
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Inauguration de la statue de Jaurès place Jean-Jaurès à Castres en 1925.
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Tombe de Jean Jaurès au Panthéon.
Le Parti socialiste donne son nom sa fondation politique.
En 2020, sa lettre « Aux instituteurs et institutrices » est lue dans les établissements scolaires au moment d'une minute de silence en hommage à l'enseignant assassiné Samuel Paty[75].
Des papiers personnels de Jean Jaurès sont conservés sur le site de Pierrefitte-sur-Seine des Archives nationales de France sous la cote 437AP[76].
Hommages artistiques
modifierLa chanson de Jacques Brel intitulée Jaurès en (1977), reprise par la suite par Manu Dibango puis par Francesca Solleville, Zebda et Erik Marchand, rappelle à quel point l'homme politique était devenu une figure mythique des classes populaires. En 2005, un téléfilm lui est consacré : Jaurès, naissance d'un géant, de Jean-Daniel Verhaeghe avec Philippe Torreton et Valérie Kaprisky. De nombreuses statues de Jean Jaurès ont été érigées dans les villes de Castres, Carmaux, Suresnes, etc.
Les joutes verbales entre Jaurès et Clemenceau Révolte des vignerons de 1907 sont restées célèbres et sont reprises en 1961 dans le film d'Henri Verneuil Le Président, avec Jean Gabin.
L'artiste Jihel a rendu de nombreux hommages à Jean Jaurès au travers de dessins qui se trouvent pour la plupart au Centre national et musée Jean Jaurès à Castres, il s'y réfère entre autres dans sa série Ciment de l'histoire. Le poète Serge Pey, a évoqué l'homme politique et le philosophe dans son livre Le trésor de la guerre d'Espagne et lui a également consacré une œuvre permanente dans les nouveaux locaux du conseil régional de Midi-Pyrénées, sous le titre : le Courage de la pensée.
En 2012, l'homme politique est l'effigie d'une pièce de 10 euros en argent éditée par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions », afin de représenter Midi-Pyrénées, sa région natale. En 2013 (Festival d'Avignon) est créé le spectacle de Pierrette Dupoyet Jaurès, assassiné deux fois. En 2014, est créé le spectacle « Rallumer tous les soleils : Jaurès ou la nécessité du combat » (de Jérôme Pellissier, mise en scène Milena Vlach).
La Poste émet simultanément deux timbres en 1936[77],[78]. L'un gravé par Jules Piel (40 c.), le second par Achille Ouvré (1,50 fr.).
Au palais Bourbon, son buste est installé dans la Salle des Quatre-Colonnes, à gauche de l'ouverture donnant sur le couloir menant à la salle des séances. En vis-à-vis, à la droite de la porte était installé un buste de son adversaire parlementaire Albert de Mun, jusqu'au déplacement de ce ce dernier au salon Pujol[79]. En octobre 2018, une plaque est posée sur un des sièges qu'il a occupé dans l'hémicycle[80].
Hommages
modifierDe nombreux hommages sont rendus à Jean Jaurès à partir de l'entre-deux-guerres.
Ainsi, 429 établissements scolaires (écoles maternelles, écoles élémentaires, collèges et lycées) portent son nom[81], ce qui le classe derrière Jules Ferry (642), Jacques Prévert (472) et Jean Moulin (434), mais devant Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de La Fontaine (335)[82].
Une université porte son nom depuis 2014 : l'université Toulouse-Jean-Jaurès, anciennement université du Mirail. Pour le centenaire de sa mort, ce nouveau nom rend hommage au maître de conférences de l'ancienne université de Toulouse[83].
Plusieurs monuments (statues, bustes, hermès, médaillons) sont édifiés à son effigie dans l'espace public.
Enfin, dans de très nombreuses communes de France, une voie publique porte son nom[81].
Critiques
modifierAlors qu’il était particulièrement clivant, plusieurs villes de France nomment une de leur rue en son hommage à la suite de sa mort, comme Paris, Limoges, Brest, Lyon, Le Mans, Cransac, etc. Jean Maillard, historien local, indique que la question fut très discutée à Cholet et que c’est finalement en 1919-1920 qu’il apparaît dans la ville, en lieu et place de la rue de Léchelle. Toutefois si à Tours, Saint-Claude, Romans ou Saint-Étienne le nom de Jean Jaurès disparaît des plaques de rues, la « repurgation » demandée sous Philippe Pétain n'a pas lieu à Cholet, la rue Jean Jaurès y demeurant[84],[85].
La mémoire de Jean Jaurès est utilisée à droite comme à gauche[d]. Dans les années qui ont suivi sa mort, la mémoire de Jean Jaurès fut poursuivie par la droite nationaliste (contre-manifestation lors de son entrée au Panthéon). Dans un ouvrage de 2012, Bernard Antony, un auteur d'extrême droite, parle de « l’anticléricalisme de Jaurès », voulant éviter toute « sacralisation » du personnage[86].
Jean Jaurès fut également critiqué comme trop bourgeois (la communion de sa fille lui fut reprochée, bien que celle-ci ait eu lieu à la seule initiative de sa femme) et trop réformiste par une partie de la gauche révolutionnaire[87].
Œuvres de Jaurès
modifier- De la réalité du monde sensible, thèse principale, Paris, Alcan, 1891.
- De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel, thèse complémentaire, Toulouse, Chauvin, 1891.
- Les Preuves, 1898
- Études socialistes.
- Vers la république sociale.
- Préface à L'Application du système collectiviste de Lucien Deslinières, 1898.
- Les Deux Méthodes, 1900.
- Histoire socialiste de la France contemporaine, 1901-1908
- Comment se réalisera le socialisme ?, 1901.
- Discours à la jeunesse, 1903.
- Maudite soit la guerre, 1903[88].
- Notre but, 1904.
- La Révolution russe, 1905.
- L'Alliance des peuples, 1905.
- La Guerre franco-allemande 1870-1871, 1907.
- L'Armée nouvelle, 1910.
- Discours en Amérique latine, 1911 (éditions Bruno Leprince, 2010) ; première publication en français de toutes ses conférences au Brésil, en Uruguay et en Argentine de juillet à , édition mise au point par des militants du Parti de gauche et préfacée par J.-L. Mélenchon, avec explication des conditions de ce voyage et photos de Jaurès en Amérique latine jusque-là inédites en France.
- Conflit élargi, 1912.
- « Les Idées politiques et sociales de Jean-Jacques Rousseau », article paru dans la Revue de métaphysique et de morale, mai-.
- Discours de Vaise, 1914.
- Œuvres, 12 volumes parus depuis 2000 (17 prévus), Fayard.
- Jaurès, l'intégrale des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche (Privat, 2009), édition mise au point par Rémy Pech, Rémy Cazals, Jean Faury, et Alain Boscus.
- Jean Jaurès, Vincent Duclert (éd.), Il faut sauver les Arméniens, Paris, Éditions Mille et Une Nuits (no 518), , 78 p. (ISBN 978-2-84205-994-1).
- Citations suivies de Poèmes en Prose[89].
- Œuvres complètes, Fayard, 2009-2023, 17 volumes[90].
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Parti socialiste français (1902)
- Section française de l'Internationale ouvrière
- Fondation Jean-Jaurès
Bibliographie
modifier- Bruno Antonini, État et socialisme chez Jean Jaurès, L'Harmattan, 2004.
- Vincent Auriol (direction), Jean Jaurès, PUF, 1962.
- Roger Benjamin, Jean Jaurès - Un philosophe humaniste et personnaliste, un socialiste réformiste et révolutionnaire, Éditions l'Harmattan, 2013.
- Gilles Candar (présenté par), Jean Jaurès (1859-1914) : « l'intolérable », Paris, Éditions Ouvrières, coll. « Aux sources du socialisme » (no 3), , 167 p. (ISBN 2-7082-2398-4).
- Gilles Candar (dir.) et Madeleine Rebérioux (dir.), Jaurès et les intellectuels, Paris, Éditions de l'Atelier - Éditions Ouvrières, coll. « Patrimoine », , 326 p. (ISBN 2-7082-3067-0, présentation en ligne).
- Gilles Candar et Vincent Duclert, Jean Jaurès, Paris, Fayard, , 685 p. (ISBN 978-2-213-63336-7, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Guillaume Doizy, Jean-Luc Jarnier, Jaurès, apôtre de la paix, Paris, Hugo-image, 2014, 224 p.
- Jean-Numa Ducange, Jean Jaurès, Paris, Éditions Perrin, coll. « Biographies », , 464 p. (ISBN 2262081980). .
- Vincent Duclert, Jaurès 1859-1914 : la politique et la légende, Paris, Autrement, coll. « Vies parallèles », , 283 p. (ISBN 978-2-7467-3344-2, présentation en ligne).
- Jean-Michel Ducomte, Quand Jaurès administrait Toulouse, Toulouse, Privat, , 234 p. (ISBN 978-2-7089-6899-8).
- François Fonvieille-Alquier, Ils ont tué Jaurès !, Paris, Robert Laffont, 1968.
- Harvey Goldberg (trad. de l'anglais par Pierre Martory), Jean Jaurès : la biographie du fondateur du Parti socialiste [« The Life of Jean Jaurès »], Paris, Fayard, , 637 p. (présentation en ligne).
- Henri Guillemin, L'arrière-pensée de Jaurès, Paris, Gallimard, 1966, 234 pages.
- Yann Harlaut, Yohann Chanoir, Convaincre comme Jaurès. Comment devenir un orateur d'exception, Paris, Eyrolles, 2014.
- Magali Lacousse, Gilles Candar, Romain Ducoulombier, Elsa Marguin, Jaurès. Une vie pour l'humanité, Paris, Co-édition Beaux-arts, Archives nationales et Fondation Jean-Jaurès, 2014.
- Jacqueline Lalouette, Jean Jaurès : l'assassinat, la gloire, le souvenir, Paris, Perrin, , 384 p. (ISBN 978-2-262-03661-4).
- Gilles Manceron et Emmanuel Naquet, Être dreyfusard hier et aujourd'hui, Paris, Presses universitaires de Rennes, , 551 p. (ISBN 978-2753509474). .
- Pascal Melka, Jean Jaurès, un combat pour L'Humanité. Étude de sa pensée politique, éditions La Compagnie Littéraire, 2010.
- Rémy Pech et Jean-Michel Ducomte, Jaurès et les radicaux : une dispute sans rupture, Toulouse, Privat, , 173 p. (ISBN 978-2-7089-6914-8, présentation en ligne).
- Vincent Peillon, Jean Jaurès et la religion du socialisme, Paris, Grasset, coll. « Le Collège de philosophie », , 279 p. (ISBN 2-246-60391-9, présentation en ligne).
- Jean Rabaut, Jean Jaurès, Paris, Perrin, 1971 (ISBN 2-260-00239-0).
- Charles Rappoport, Jean Jaurès, l'homme, le penseur, le socialiste, préface d'Anatole France, Paris, L’Émancipatrice, 1915 - lire en ligne sur Gallica.
- Madeleine Rebérioux, Jean Jaurès, la parole et l'acte, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 220), , 160 p. (ISBN 2-07-053291-7).
- Rémy Pech, Jaurès paysan, Toulouse, Privat, , 236 p. (ISBN 978-2-7089-6894-3).
- Jean-Pierre Rioux, Jean Jaurès, Paris, Éditions Perrin, , 326 p. (ISBN 2-262-01295-4, présentation en ligne). Réédition : Jean-Pierre Rioux, Jean Jaurès, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 215), , 324 p., poche (ISBN 978-2-262-02826-8).
- André Robinet, Jean Jaurès et l'unité de l'être, Paris, Seghers, 1964, coll. "Philosophes de tous les temps".
- Jean Sagnes, Jean Jaurès et le Languedoc viticole, Montpellier, Presses du Languedoc, , 127 p. (ISBN 2-85998-046-6, présentation en ligne).
- Jean Sagnes, Jaurès, Béziers, Aldacom, coll. « Regards sur l'histoire », , 271 p. (ISBN 978-2-917197-12-7, présentation en ligne).
- Damien Saley, Jean Jaurès et les questions paysannes dans La Dépêche de Toulouse (1887-1914), mémoire de master 2 Études rurales, sous la direction Jean-Luc Mayaud, université Lumière Lyon 2, 2012, 214 p.[91]
- Jean-Paul Scot, Jaurès et le réformisme révolutionnaire, Paris, Éditions du Seuil, , 360 p. (ISBN 978-2-02-115509-9, présentation en ligne).
- Charles Silvestre, Jaurès, la passion du journaliste, éd. Le Temps des c(e)rises, coll. « Petite Collection rouge », 2010, illustrations d'Ernest Pignon-Ernest, préface d'Edmonde Charles-Roux (ISBN 9782841098491).
- Charles Silvestre, La victoire de Jaurès, Éditions Privat, 2013, illustrations d'Ernest Pignon-Ernest (ISBN 9782708969513).
- Louis Soulé, La Vie de Jaurès, Toulouse, Librairie de la Dépêche, 1917.
- Franco Venturi, Historiens du XXe siècle : Jaurès, Salvemini, Namier, Maturi, Tarle et discussions entre historiens
- Sophie Viguier-Vinson et Éric Vinson, Jaurès le prophète : mystique et politique d'un combattant républicain, Paris, Albin Michel, 2014 (ISBN 978-2-226-25680-5).
- Stefan Zweig, « Jaurès (rédigé en 1916) », dans Hommes et destins, Paris, Belfond, (lire en ligne).
Presse
modifier- Le Monde, « Jean Jaurès, un prophète socialiste », hors-série, .
- L'Humanité (chapitres rédigés par Charles Sylvestre), « Jean Jaurès, une vie pour changer le monde », hors-série, 124 pages, .
- Politis, « Les grands débats de la gauche depuis Jaurès », hors-série, juin-.
Filmographie
modifier- Dans la mini-série télévisée pour Antenne 2 Émile Zola ou la Conscience humaine (1978) de Stellio Lorenzi, son rôle est joué par William Sabatier.
- Jean Jaurès, vie et mort d'un socialiste, téléfilm d'Ange Casta en 1979, avec Bernard Fresson dans le rôle-titre.
- Jaurès, naissance d'un géant, téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe en 2005, avec Philippe Torreton dans le rôle-titre.
- Jaurès. La force de l'idéal, film docu-fictionnel de Didier Baulès en 1995, avec Denis Beaunes dans le rôle-titre.
Liens externes
modifier- Site de la Société d'études jaurésiennes.
- Les sommaires des Cahiers Jaurès, édités depuis 1960 par la Société d'études jaurésiennes (les numéros depuis 2001 sont accessibles en ligne sur le site Cairn.info, avec une barrière de quatre ans pour la gratuité, les numéros antérieurs le sont tous gratuitement sur le site Gallica de la BNF, soit sous le nom de Jean Jaurès, Bulletin de la SEJ, soit pour quelques-uns comme Cahiers Jaurès.).
- Jean Jaurès sur le site Clioweb.
Bases de données et dictionnaires
modifier
- Ressources relatives à la recherche :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressources relatives à la vie publique :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- 1914-1918-Online
- Britannica
- Brockhaus
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Dizionario di Storia
- Enciclopedia italiana
- Enciclopedia De Agostini
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Internetowa encyklopedia PWN
- Nationalencyklopedin
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- Visuotinė lietuvių enciklopedija
Notes et références
modifierNotes
modifier- Prononciation en français de France retranscrite phonémiquement selon la norme API.
- Jules Jaurès est dit fabricant sur son acte de mariage, négociant sur l'acte de naissance de Jean, et propriétaire sur celui de Louis (Archives départementales du Tarn).
- C'est-à-dire : Des origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte et Hegel. [1].
- Comme le général de Gaulle lors de sa visite à Carmaux en 1960, Nicolas Sarkozy pendant l'élection présidentielle de 2007, voire à l'extrême-droite, lors des élections européennes dans le Sud-Ouest de la France.
Références
modifier- « acte de naissance, n°390 » [img], sur archivesenligne.tarn.fr, (consulté le ).
- Maurice Andrieu, Jean Jaurès, citoyen adoptif de Toulouse, Éditions Privat, , p. 14.
- Rémy Pech, Jaurès paysan, Privat, .
- Vincent Duclert et Gilles Candar, Jean Jaurès, Fayard, , p. 2.
- Collège protestant fondé en 1574, c'est un des plus vieux établissements secondaires de France, situé aux premiers rangs des collèges de l'académie dans les concours académiques. Source : Yvan Hue, Le Collège de Castres : quatre siècles d'efforts, Éditions Midi France, , p. 7.
- Caroline Beyer, « Bain de jouvence pour le concours général », sur Le Figaro, , p. 8.
- « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le ).
- Jacques Chabannes, Les enfants de la Troisième République, Éditions France-Empire, , p. 25.
- Gilles Candar et Vincent Duclert, Jean Jaurès, Paris, Fayard, , 519 p. (ISBN 978-2-213-68377-5, lire en ligne), Pt67
- « Notice d'autorité : Jaurès, Jean (1859-1914) », sur francearchives.gouv.fr (consulté le )
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- Voir la fiche du timbre
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- à l'instar de Charles Rappoport Le discours de Jaurès, 1903 [3] ou Georges Sorel, cf. les Réflexions sur la violence.
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