Ismaël Haniyeh
Ismaël Haniyeh ou Ismaïl Haniya (en arabe : إسماعيل هنية, Ismāʿīl Haniyya ou إسماعيل عبد السلام أحمد هنية, Ismāʿīl ʿAbd as-Salām Aḥmad Haniyya), né le [1],[2] à Al-Shati et mort le à Téhéran en Iran[3], est un homme politique palestinien, chef du Hamas de 2017 à 2024, mouvement islamiste et nationaliste considéré comme terroriste par plusieurs pays, notamment les États-Unis, le Canada, l'Union européenne, le Royaume-Uni, l'Australie ou encore le Japon.
Ismaël Haniyeh إسماعيل هنية | |
Ismaïl Haniyeh en 2020. | |
Fonctions | |
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Chef du bureau politique du Hamas | |
– (7 ans, 2 mois et 25 jours) |
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Prédécesseur | Khaled Mechaal |
Successeur | Yahya Sinwar |
Dirigeant de facto de la Bande de Gaza | |
– (2 ans, 8 mois et 11 jours) |
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Prédécesseur | Prise de l'autonomie |
Successeur | Yahya Sinwar |
Premier ministre de Palestine[N 1] | |
– [N 2] (8 ans, 2 mois et 4 jours) |
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Président | Mahmoud Abbas |
Gouvernement | Haniyeh I et II |
Prédécesseur | Ahmed Qoreï |
Successeur | Salam Fayyad[N 3] |
Biographie | |
Nom de naissance | Ismail Abdel Salam Ahmed Haniyeh |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Camp de réfugiés de Chati (Bande de Gaza) |
Date de décès | (à 62 ans) |
Lieu de décès | Téhéran, Iran |
Nature du décès | Assassinat |
Nationalité | Palestinienne |
Parti politique | Hamas |
Diplômé de | Université islamique de Gaza |
Religion | Islam sunnite |
Résidence | Doha (Qatar) |
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Premiers ministres de Palestine | |
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Membre du bureau politique du Hamas, il occupe également le poste de Premier ministre de l'Autorité nationale palestinienne du [4] au , date à laquelle son gouvernement est limogé par le président Mahmoud Abbas[5] à la suite de la prise de Gaza par le Hamas. Il dirige ainsi l'enclave palestinienne de 2007 à 2017, avant de prendre la tête du Hamas à partir de 2017.
Son pouvoir au sein de l'organisation est considéré comme essentiellement symbolique, le véritable pouvoir étant, dans la bande de Gaza, entre les mains de Yahya Sinwar et de Mohammed Deïf[6]. S'étant félicité de l'attaque du Hamas contre Israël d'octobre 2023, il est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale, qui requiert un mandat d'arrêt international à son encontre pour sa responsabilité dans la guerre Israël-Hamas de 2023-2024 et sa participation à la planification de cette attaque terroriste.
Certains le considèrent comme une figure modérée et pragmatique au sein de la direction du Hamas, et l'un des plus ouverts à l'acceptation d'un cessez-le-feu avec Israël et à la réconciliation avec le Fatah. Il déclare ainsi le que « si Israël accepte un cessez-le-feu et l'ouverture de couloirs humanitaires pour acheminer davantage d'aide à Gaza, le Hamas est prêt à des négociations politiques pour une solution à deux États avec Jérusalem comme capitale de la Palestine », ajoutant que « les captifs israéliens sont soumis aux mêmes destructions et à la même mort que notre peuple »[7].
Le en Iran, les gardiens de la révolution islamique annoncent qu'il a été tué à Téhéran lors d'une attaque israélienne[8].
Biographie
Jeunesse
Ismaël Haniyeh est né à Chati, camp de réfugiés palestiniens dans le nord de Gaza. Ses parents sont devenus des réfugiés après avoir été chassés de leur maison près d'Ashkelon, ville aujourd’hui israélienne, pendant la guerre israélo-arabe de 1948 par des milices israéliennes[9]. Il étudie la littérature arabe à l'université islamique de Gaza et en est diplômé en 1987. Il adhère rapidement à la politique militante et milite dès la création du mouvement pour la libération de la Palestine.
Début au sein du Hamas
Ismaël Haniyeh est brièvement emprisonné en 1987 par les autorités israéliennes et est à nouveau emprisonné l'année suivante cette fois pour une durée de six mois. En 1989, alors qu'Israël ne parvient pas à arrêter le soulèvement palestinien de la première Intifada, il est emprisonné pendant trois ans par les autorités israéliennes[10]. Le gouvernement de Yitzhak Rabin l'expulse ensuite vers le Liban en 1992 avec des centaines d'autres militants palestiniens[10]. Les exilés montent pendant un an un campement dans la localité de Marj al-Zahour et reçoivent une certaine exposition médiatique. Il rentre à Gaza en 1993 et devient l'homme de confiance et le secrétaire du chef spirituel du Hamas[10], Ahmed Yassine, relâché des prisons israéliennes en 1997, qui est tué par un missile de l'armée israélienne en . Il est lui-même blessé lors de cette attaque.
Ismaël Haniyeh, partisan d'une ligne pragmatique, devient une personnalité incontournable. Il fait prendre un tournant au mouvement en l'intégrant à la vie politique palestinienne, devenant le représentant du Hamas auprès de l'Autorité palestinienne.
En 2005, une trêve de presque un an dans les attentats-suicides est adoptée et permet le retrait israélien de la bande de Gaza.
Premier ministre de l'Autorité nationale palestinienne (2006-2007)
Après la victoire du Hamas aux élections municipales palestiniennes de 2005, Ismaël Haniyeh est la tête de liste aux élections législatives de . Il annonce lui-même la victoire du Hamas qui remporte 74 sièges au parlement palestinien et se dit prêt à travailler avec le Fatah de Mahmoud Abbas.
Le , il devient Premier ministre de l'Autorité palestinienne, après le succès massif de son parti aux élections législatives[10],[11]. Il a affirmé que les Palestiniens avaient le droit de poursuivre leur lutte pour l'indépendance, tout en déclarant qu'il souhaitait engager des discussions avec les médiateurs internationaux en vue de résoudre le conflit. « Notre gouvernement ne ménagera aucun effort pour parvenir à une paix juste dans la région, en mettant fin à l'occupation et en rétablissant nos droits », déclare t-il.
Ce mandat est marqué par une grave crise politique avec le rejet de ce gouvernement par l'Occident, des affrontements armés avec Israël et des tensions interpalestiniennes. Il échappe à plusieurs tentatives d'assassinat dont une, le , imputée à Mohammed Dahlan[12],[13]. À la suite des négociations de La Mecque, Ismaël Haniyeh démissionne[10] le et revient quelques semaines plus tard au pouvoir en composant un gouvernement d'union nationale le .
Le , il est limogé par le président Mahmoud Abbas, à la suite de la prise du pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza, au profit du ministre des Finances, Salam Fayyad. Cependant, le Hamas ne considère pas ce limogeage comme légitime.
Le , il annonce que la domination de Gaza par le Hamas n'est que « temporaire ». Il déclare, sur un site internet proche du Hamas : « Notre administration, à Gaza, est temporaire ». Il souhaite que le dialogue avec le Fatah reprenne[14][réf. incomplète].
Le , à Tunis, à l'occasion de sa première sortie de la bande de Gaza depuis 2007, Ismaël Haniyeh, qui a entrepris une « tournée internationale » dans plusieurs pays musulmans, promet « des jours difficiles » à Israël et appelle « les peuples du printemps arabe à lutter pour la Palestine ». Il déclare sous les ovations de près de 5 000 personnes qui se sont essuyé les pieds sur une étoile de David, à l'entrée de la coupole de Menzah où se tenait le meeting, ne pas « céder un seul bout de la Palestine », « continuer le combat » et ne pas « lâcher les armes » en appelant « les peuples de la Révolution à bâtir l'armée d'Al-Qods ». Les représentants officiels du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas ont regretté de ne pas avoir été associés à la visite de Haniyeh[15][réf. non conforme].
Le à Téhéran, dans un discours durant les célébrations du 33e anniversaire de la Révolution islamique de 1979, Ismaël Haniyeh déclare que « le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël ». Plus tard, dans une allocution retransmise par la télévision iranienne, il réaffirme que « la lutte (des Palestiniens) continuera jusqu'à la libération de la totalité de la terre de Palestine et de Jérusalem, et le retour de tous les réfugiés palestiniens chez eux »[16].
À la tête du Hamas (2017-2024)
Le , Ismaël Haniyeh est élu à la tête du bureau politique du Hamas[10], remplaçant ainsi Khaled Mechaal[17]. En 2018, le département d'État des États-Unis le désigne comme terroriste[10].
Attaque du 7 octobre et guerre Israël-Hamas de 2023-2024
Après l'attaque du Hamas contre Israël le qui déclenche la guerre Israël-Hamas, Ismaël Haniyeh se félicite de la victoire palestinienne avec d’autres responsables du Hamas, dans ses locaux à Doha[18].
Le , le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, demande à la Cour la délivrance d'un mandat d'arrêt contre lui en raison de son rôle présumé dans l'organisation des attaques du , en même temps que deux autres responsables du Hamas, Mohammed Deïf, commandant des Brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas, et Yahya Sinwar, chef du Hamas dans la bande de Gaza. Le Premier ministre d'Israël Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant sont aussi visés par la même demande, eux en raison des actions militaires israéliennes dans la bande de Gaza[19].
Mort et funérailles
Le dans un communiqué sur son site d'information Sepah, le Corps des gardiens de la révolution islamique et le Hamas annoncent qu'Ismaël Haniyeh, qui se trouvait à Téhéran pour assister à l'investiture du nouveau président iranien Massoud Pezechkian, a été tué. Le communiqué contient peu de détails sur les circonstances de l'événement et souligne que l'incident fait l'objet d'une enquête[20].
Le Hamas confirme peu après la mort d'Ismaël Haniyeh, qu'il attribue à un raid aérien israélien, survenu vers 2 h du matin (0 h 30 à Paris) [21],[22]. Ismaël Haniyeh se trouvait alors dans une résidence sécurisée réservée aux vétérans des gardiens de la révolution islamique après avoir assisté à l'investiture du président Massoud Pezechkian[23].
Une enquête du New York Times révèle le lendemain que l'explosion qui a tué Ismaël Haniyeh pourrait provenir d'un dispositif dissimulé depuis plusieurs mois dans la résidence. Cette hypothèse est confirmée par plusieurs sources iraniennes et américaines[24].
Ismaël Haniyeh était le principal négociateur du Hamas dans les pourparlers de cessez-le-feu visant à mettre fin à cette guerre. Sa mort pourrait mettre en danger ces négociations. En effet selon Xavier Guignard, chercheur au centre de recherche indépendant Noria, « les négociations pour un cessez-le-feu et la libération des otages sont mises à mal, et Israël montre que les dirigeants politiques, pas seulement militaires, du Hamas sont des cibles »[25],[26].
Les funérailles d'Ismaël Haniyeh ont lieu le à l'université de Téhéran[27]. Le Guide suprême, Ali Khamenei, promet un « châtiment sévère » à Israël et décrète trois jours de deuil national[28].
Ismaïl Haniyeh est ensuite inhumé le au Qatar où il vivait en exil. Le Hamas appelle à cette occasion à une « journée de colère »[29]. Yahya Sinwar lui succède à la tête de l'organisation[30].
Vie privée
Ismaël Haniyeh est marié et a treize enfants[31].
Il vit volontairement en exil au Qatar[10]. Le , il dirige la prière du Joumou'a à la mosquée d'Education City (en) dans le quartier d'Al Rayyan[32].
À partir de 2020, il bénéficie tout comme l'un de ses fils, d'un passeport turc, octroyé par le président turc Recep Tayyip Erdoğan[33].
Le , 14 membres de sa famille sont tués dans une frappe israélienne dont son frère et un de ses neveux[34]. Le , c'est sa petite-fille, Roaa Haniyeh, qui est tuée par une frappe israélienne à Gaza-ville[35]. Le , c'est son petit-fils aîné, Jamal Mohamed Haniyeh, qui est tué dans un autre bombardement israélien[36]. Le , il annonce à Al Jazeera que trois de ses enfants et quatre de ses petits-enfants ont été tués lors d'une frappe israélienne[37]. Il a dit aussi que 60 membres de sa famille ont été tués depuis le début de la guerre Israël-Hamas[37].
Le , la défense civile de la bande de Gaza annonce qu'au moins 10 membres de sa famille ont été tués, dont sa sœur, dans des bombardements israéliens sur le camp de réfugiés d’Al-Chati[38].
Notes et références
Notes
- Premier ministre de l'Autorité palestinienne jusqu'au .
- Il demeure reconnu Premier ministre par le Parlement palestinien jusqu'à la réconciliation Fatah-Hamas et la nomination de Rami Hamdallah comme Premier ministre consensuel le .
- Il demeure reconnu Premier ministre par le Parlement jusqu'à la nomination de Rami Hamdallah à la tête du gouvernement d'union nationale.
Références
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Annexes
Articles connexes
Liens externes
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