Heinosuke Gosho

réalisateur et scénariste japonais

Heinosuke Gosho (五所 平之助, Gosho Heinosuke?), né le [note 1] dans l'arrondissement de Chiyoda à Tokyo et mort le à Mishima, est un réalisateur et scénariste japonais. Il est l'auteur du premier film parlant japonais en 1931, Mon amie et mon épouse[1].

Heinosuke Gosho
Description de cette image, également commentée ci-après
Heinosuke Gosho en 1954.
Naissance
Chiyoda (Japon)
Nationalité Drapeau du Japon Japonaise
Décès (à 79 ans)
Mishima (Japon)
Profession Réalisateur
Scénariste
Films notables Mon amie et mon épouse
Là d'où l'on voit les cheminées
Encore une fois

Biographie

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Heinosuke Gosho, né en 1902 à Tokyo, est le fruit d'une liaison adultérine entre Heisuke Gosho et Ono Takayama, une geisha que ce dernier entretient de manière officielle[2]. Son père a eu six autres enfants avec sa femme légitime. La famille Gosho est installée dans le quartier de Kanda à Tokyo et gère une prospère maison de gros en produits d'épicerie[2]. En 1907, à la suite de la mort de l'ainé des enfants Gosho, Heinosuke est retiré à sa mère génétique pour devenir l'héritier mâle destiné à prendre la suite de son père[3].

Si la tradition veut que l'héritier de l'entreprise familiale quitte rapidement l'école pour entrer en apprentissage, le père de Gosho, conscient que les mutations économiques de l'époque nécessitent un plus haut niveau d'instruction, envoie son fils poursuivre ses études. Ainsi Heinosuke intègre en 1916 l'école de commerce privée de Keiō et étudie la comptabilité en cours du soir[2].

Diplômé de Keio en 1921, Heinosuke Gosho se consacre à la poésie et fréquente des cercles littéraires. Inquiet de ces orientations, son père l'oblige à devancer d'un an son service militaire. Après son service l'année suivante, Heinosuke Gosho fait la connaissance de Shirō Kido, futur patron de la Shōchiku, cette rencontre le convainc de choisir l'industrie du cinéma. En conflit avec son père qui s'oppose violemment à ce choix, Heinosuke Gosho quitte le domicile familial[2].

Gosho intègre les studios Kamata de la Shōchiku en , trois mois avant Yasujirō Ozu. Il est alors assistant de Yasujirō Shimazu. Il réalise son premier film en 1925. L'une de ses influences principales vient des films d'Ernst Lubitsch qu'il regarde inlassablement pour développer ses techniques de mise en scène, il est subjugué par Comédiennes (The Marriage Circle) qu'il a vu plus de vingt fois, l'incitant à travailler la technique du gros plan[4].

En 1931, Heinosuke Gosho réalise le premier film entièrement parlant du cinéma japonais, Mon amie et mon épouse (Madamu to nyōbō) avec Kinuyo Tanaka, une comédie où le ressort dramatique s'appuie sur les bruits du voisinage. Le héros est un dramaturge qui se rend chez ses voisins pour protester parce qu'il est dérangé par la musique jazz qu'ils écoutent trop fort[5]. Avant d'être l'égérie de Kenji Mizoguchi, Kinuyo Tanaka a été celle de Gosho qui a réalisé 17 films avec elle entre 1926 et 1936[6].

 
Heinosuke Gosho en 1951.

Pendant les années de guerre, la tuberculose éloigne Gosho des studios. Entre 1937 et 1945, il ne tourne presque plus, devant lutter contre la maladie[2].

En 1941, Gosho quitte la Shōchiku et entre à la Daiei. Il s'engage ensuite en 1945 avec la Tōhō. En 1948, il est l'un des leaders de la grève qui aboutira à une scission de la Tōhō et à la création d'une nouvelle société, la Shintōhō. Heinosuke Gosho lui se retrouve sans emploi pendant deux ans et finit par choisir l'indépendance vis-à-vis des studios en fondant en sa propre société, Studio Eight Productions avec le directeur de la photographie Mitsuo Miura, le réalisateur Shirō Toyoda, les écrivains Jun Takami, Junji Kinoshita et Sumie Tanaka[7]. Nuages épars en 1951 est le premier film produit par cette société[8].

En 1953, Gosho réalise Là d'où l'on voit les cheminées, présenté en compétition au festival du film de Berlin et Une auberge à Osaka l'année suivante pour la Shintōhō, qui fait appel dans les années cinquante à de grands maîtres comme Akira Kurosawa, Kenji Mizoguchi, Yasujirō Ozu, Hiroshi Shimizu pour réaliser quelques films emblématiques[9].

Toute sa vie Heinosuke Gosho s'est évertué à montrer à travers ses films, sur quoi les faibles et les plus pauvres peuvent s'appuyer pour s'affirmer humainement et en tirer fierté malgré des conditions de vie difficiles. Il reste en cela proche de Mikio Naruse qui a été son assistant à la Shōchiku et de Yasujirō Ozu[10]. Il est comme eux l'un des chefs de file du genre shomingeki.

Heinosuke Gosho a tourné une centaine de films entre 1925 et 1968. De sa période muette, seuls deux films ont survécu jusqu'à nos jours, La Danseuse d'Izu (Koi no hana saku Izu no odoriko) et L'Amour (Aibu) tous deux tournés en 1933[10].

Filmographie

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Sauf indication contraire, les titres en français se basent sur la filmographie de Heinosuke Gosho dans le livret de la rétrospective « Gosho Heinosuke, beauté & tristesse » du au à la MCJP[11].

 
Emiko Yagumo et Ryūji Ishiyama dans La Fiancée du village (1928).
 
Scène du film L'Amour qui mène au paradis (1932).
 
Yukiko Inoue et Ryōichi Takeuchi dans Les Saules du quartier de Ginza (1932).
  • 1925 : Ciel dégagé (空は晴れたり, Sora wa haretari?)
  • 1925 : Le Cœur d'un homme (男ごゝろ, Otoko gokoro?)
  • 1925 : Jeunesse (青春, Seishun?)
  • 1925 : La Boite magique à la mode (当世玉手箱, Tōsei tamatebako?)
  • 1926 : Les Gens du quartier (街の人々, Machi no hitobito?)
  • 1926 : Premier amour (初恋, Hatsukoi?)
  • 1926 : Torrent (奔流, Honryū?)
  • 1926 : Un amour de mère (母よ恋し, Haha-yo koishi?)
  • 1926 : Une jeune fille (, Musume?)
  • 1926 : Le Sifflet de bambou (帰らぬ笹笛, Kaeranu sasabue?)
  • 1926 : Un amour d'enfant (いとしの我子, Itoshi no wagako?)
  • 1926 : Elle (彼女, Kanojo?)
  • 1927 : Un dur mélancolique (寂しき乱暴者, Sabishiki ranbōmono?)
  • 1927 : Un rêve honteux (恥しい夢, Hazukashii yume?)
  • 1927 : La Jeune Fille mécanique (からくり娘, Karakuri musume?)
  • 1927 : La Mort d'une vierge (処女の死, Shojo no shi?)
  • 1927 : La Vieille Rombière (おかめ, Okame?)
  • 1927 : La Marche de Tokyo (東京行進曲, Tōkyō koshin-kyoku?)
  • 1928 : Tant qu'il y a de l'amour (好きなればこそ, Suki nareba koso?)
  • 1928 : La Fiancée du village (村の花嫁, Mura no hanayome?)
  • 1928 : L'Apprentissage des plaisirs (道楽御指南, Dōraku goshinan?)
  • 1928 : Une silhouette dans la nuit (人の世の姿, Hito no yo no sugata?)
  • 1928 : La Voix des dieux (神への道, Kami eno michi?)
  • 1928 : Le Chevalier du coin de la rue (街頭の騎士, Gaitō no kishi?)
  • 1928 : Mère, ne salis pas ton nom ! (母よ君の名を汚す勿れ, Haha-yo kimi no na o kegasu nakare?)
  • 1929 : La Chatte nocturne (夜の牝猫, Yoru no mesuneko?)
  • 1929 : Le Bottin des filles modernes (新女性鑑, Shin joseikan?)
  • 1929 : Un père et son fils (親父とその子, Oyaji to sono ko?)
  • 1929 : Le Bain public (浮世風呂, Ukiyo buro?)
  • 1929 : Une nuit de passion (情熱の一夜, Jōnetsu no ichiya?)
  • 1930 : Gare aux célibataires ! (独身者御用心, Dokushin-sha goyōjin?)
  • 1930 : Un coin dans le grand Tokyo (大東京の一角, Dai-Tōkyō no ikkaku?)
  • 1930 : Une vie souriante (微笑む人生, Hohoemu jinsei?)
  • 1930 : Femme, ne salis pas ton nom ! (女よ!君の名を汚す勿れ, Onna-yo kimi no na o kegasu nakare?)
  • 1930 : Vierge exigée (処女入用, Shoja nyūyō?)
  • 1930 : La Grande Forêt (大森林, Dai shinrin?)[note 2]
  • 1930 : L'Histoire de Kinoyo (絹代物語, Kinuyo monogatari?)
  • 1930 : Journal des passions (愛慾の記, Aiyoku no ki?)
  • 1931 : La Tragique Histoire d'une serveuse de bar (女給哀史, Jokyū aishi?)
  • 1931 : À l'aube (夜ひらく, Yoru hiraku?)
  • 1931 : Une affaire de nu (島の裸体事件, Shima no ratai jiken?)
  • 1931 : Deux frères (愚弟賢兄, Gutei kenkei?)
  • 1931 : Émois de jeunesse (若き日の感激, Wakaki hi no kangeki?)
  • 1932 : Mon idiot de frère (兄さんの馬鹿, Niisan no baka?)
  • 1932 : Les Saules du quartier de Ginza (銀座の柳, Ginza no yanagi?)
  • 1932 : L'Amour qui mène au paradis (天国に結ぶ恋, Tengoku ni musubu koi?)
  • 1932 : Romance de studio - guide de l'amour (撮影所ロマンス・恋愛案内, Satsueijo romansu, ren'ai annai?)
  • 1932 : Le Coucou (不如帰, Hototogisu?)
  • 1932 : Le Tokyo des amours (恋の東京, Koi no Tōkyō?)
  • 1933 : Le Printemps des dix-neuf ans (十九の春, Jūkyū no haru?)
  • 1933 : Jeune Fille, adieu (処女よ、さよなら, Shojo-yo sayonara?)
  • 1934 : Puisque née femme (女と生れたからにゃ, Onna to umareta karanya?)
  • 1934 : Au rythme du printemps (さくら音頭, Sakura ondo?)
  • 1934 : Ceux qui veulent vivre (生きとし生けるもの, Ikitoshi ikeru mono?)
  • 1935 : Vivre dans l'aisance (左うちわ, Hidari uchiwa?)
  • 1935 : Que souffle le vent de l'amour (吹けよ恋風, Fukeyo koikaze?)
  • 1935 : Rêve (あこがれ, Akogare?)
  • 1936 : Femme à louer (奥様借用書, Okusama shakuyōsho?)

Films conservés

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Kinuyo Tanaka et Atsushi Watanabe dans Mon amie et mon épouse (1931).
 
Kinuyo Tanaka dans Le Fardeau de la vie (1935).

Distinctions

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  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Décorations

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Récompenses

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Sélections

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Postérité

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En 2006, Heinosuke Gosho fait l'objet d'une rétrospective de quatorze de ses films à la Maison de la culture du Japon à Paris. Elle est intitulée « Heinosuke Gosho : beauté et tristesse, les maîtres méconnus du cinéma japonais : 7e volet » du au [22],[11].

Notes et références

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  1. Note : si de nombreuses sources (Kotobank, Kinenote, Encyclopædia Britannica) indiquent une date de naissance le pour Heinosuke Gosho, d'autres donnent la date du comme Allcinema ou le Wikipédia en japonais.
  2. Note : ce film est absent de la filmographie de Heinosuke Gosho dans le livre que Nolletti lui consacre, de même que dans la base de données JMDb. Par contre il apparait dans le tome II du livre de Tadao Satō, Le Cinema japonais ainsi que sur la filmographie de Kinuyo Tanaka sur le site du musée Tanaka Kinuyo Bunkakan

Références

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  1. Donald Richie (trad. de l'anglais par Romain Slocombe), Le Cinéma japonais, Paris, Éditions du Rocher, , 402 p. (ISBN 2-268-05237-0), p. 61.
  2. a b c d et e Les maîtres méconnus du cinéma japonais 7e volet : Gosho Heinosuke, beauté & tristesse du 26 janvier au 11 février 2006, Paris, Maison de la culture du Japon à Paris, , 11 p., p. 8 et 9.
  3. Tadao Sato (trad. du japonais), Le Cinéma japonais (tome I), Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 264 p. (ISBN 2-85850-919-0), p. 103.
  4. Max Tessier, Le Cinéma japonais, Paris, Armand Colin, , 128 p. (ISBN 2-200-34162-8), p. 123.
  5. Max Tessier, Le Cinéma japonais, Paris, Armand Colin, , 128 p. (ISBN 2-200-34162-8), p. 26.
  6. Arthur Nolleti, p. 264.
  7. Arthur Nolleti, p. 107.
  8. Arthur Nolleti, p. 301.
  9. Tadao Sato (trad. du japonais), Le Cinéma japonais (tome II), Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 324 p. (ISBN 2-85850-930-1), p. 32.
  10. a et b Tadao Satō (trad. du japonais), Le Cinéma japonais (tome I), Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 264 p. (ISBN 2-85850-919-0), p. 104.
  11. a et b « Heinosuke Gosho : beauté et tristesse « Les maîtres méconnus du cinéma japonais » : 7e volet », sur mcjp.fr (version du sur Internet Archive).
  12. Arthur Nolleti, p. 309.
  13. (ja) « 三島ゆかりの映画監督 », sur city.mishima.shizuoka.jp (consulté le ).
  14. (ja) « 8e prix Kinema Junpō - (1931年) », sur kinenote.com (consulté le ).
  15. (en) Stuart Galbraith, Japanese Filmography : A Complete Reference to 209 Filmmakers and the Over 1250 Films Released in the United States, 1900 Through 1994, Mcfarland, , 509 p. (ISBN 978-0-7864-0032-4), p. 480.
  16. (ja) « 2e cérémonie des prix du film Mainichi - (1947年) », sur mainichi.jp (consulté le ).
  17. Donald Richie (trad. de l'anglais par Romain Slocombe), Le Cinéma japonais, Paris, Éditions du Rocher, , 402 p. (ISBN 2-268-05237-0), p. 343.
  18. (en) « Kiiroi karasu (Yellow Crow) », sur goldenglobes.com (consulté le ).
  19. « Palmarès du festival de Saint-Sébastien sur la période 1953-1969 », sur cinemaetcie.fr (consulté le ).
  20. (it) « Osaka no yado », sur asac.labiennale.org (consulté le ).
  21. (it) « Takekurabe », sur asac.labiennale.org (consulté le ).
  22. Jean-Luc Douin, « La beauté mélancolique de Gosho », sur lemonde.fr, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Arthur Nolleti] (en) Arthur Nolletti, The Cinema Of Gosho Heinosuke: Laughter Through Tears, Indiana University Press, , 331 p. (ISBN 0-253-34484-0).  

Liens externes

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