Guilde de Saint-Luc

organisation corporative de peintres, de sculpteurs et d'imprimeurs, depuis le XVIe siècle en Europe
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Une guilde de Saint-Luc ou gilde de saint Luc[1] (aussi appelée corporation, société, confrérie ou compagnie de Saint-Luc) est une organisation corporative strictement réglementée de peintres, de graveurs, de sculpteurs et d'imprimeurs de la Renaissance, active dès la fin du XIII°siècle en Italie (Florence), aux Pays-Bas (Bruges, Anvers, Utrecht, Delft ou Leyde), les pays rhénans et la France. Ces guildes prennent ce nom en référence à saint Luc l'évangéliste, le saint patron des peintres. Dans certaines villes, comme à Anvers, un très grand nombre de métiers artistiques y sont représentés, tandis qu'à d'autres endroits comme Bruxelles, elles réunissent uniquement les peintres. Les autres métiers artistiques se retrouvent alors au sein d'autres confréries, sous la protection d'autres saints patrons.

Saint Luc peignant la Madone, de Maarten van Heemskerck, 1532, musée Frans Hals, Haarlem.

Albrecht Dürer décrit dans son Journal de voyage[2] le festin organisé en son honneur par la guilde de Saint-Luc d'Anvers :

« Quand on me conduisit à table, la foule des invités faisait la haie, comme pour un grand seigneur… Et, tandis que je siègeais ainsi à la place d'honneur, entra avec deux serviteurs le représentant du conseil de ville qui me donna quatre cruches de vin… Et vint ensuite Maître Pierre, charpentier de la Ville, qui m'offrit deux cruches de vin et ses compliments les plus courtois… Et tard dans la nuit, on me reconduisit solennellement aux flambeaux. »

— Rapporté par Erwin Panofsky dans La Vie et l'Art d'Albrecht Dürer[3].

Les guildes économiques connaissent un essor important dans les Pays-Bas dès le Moyen Âge, mais les guildes de Saint-Luc (en néerlandais Sint-Lucasgilde) à vocation artistique se développent plus tardivement, au début du XIVe siècle. Sous l'impulsion du commerce avec les nouvelles contrées d'Amérique, les villes flamandes deviennent d'importantes places commerciales. Anvers supplante alors Bruges et Bruxelles et s'enrichit rapidement grâce au commerce des épices (un comptoir portugais est ouvert en 1515) et le marché d'objets d'art et de luxe. D'importantes familles de commerçants et de banquiers, tels les Fugger et les Médicis, y ouvrent des bureaux et sont d'importants mécènes pour les artistes locaux.

Organisation

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La guilde de Saint-Luc d’Anvers, entretenait un lieu permanent d'exposition à côté de la cathédrale de la ville.

Pour être admis dans une guilde, il fallait être en possession de ses droits de citoyen et avoir une propriété dans la ville. Les candidats au titre de maître, condition indispensable pour accéder à des postes importants au sein de la guilde et aux commandes les plus lucratives, devaient en outre être mariés. Lors de son admission, l'artiste recevait généralement une commande importante (par exemple un retable) du doyen de la guilde[4].

L'appartenance à une guilde signifiait pour les artistes une certaine sécurité à une époque d'instabilité économique, mais aussi de nouveaux défis. Pour la première fois, un marché de l'art se met en place, auquel seuls les maîtres patentés ont accès, et les artistes ont à affronter un public[5]. La guilde garantissait un soutien aux artistes locaux en excluant la concurrence et offrait la possibilité d'ouvrir un atelier avec des apprentis qui n'avaient pas le droit de signer leurs œuvres, celles-ci étant automatiquement propriété du professeur. Attenant à l'atelier se trouve une boutique, et des foires annuelles ont lieu où les artistes exposent leurs œuvres. À Anvers, ainsi que dans d'autres grandes villes du Sud des Pays-Bas, la guilde effectuait un contrôle de la qualité des œuvres, à l'issue duquel elles étaient marquées au fer. Cette marque permettait à l'acheteur européen d'être certain de retrouver la qualité des œuvres anversoises. Des courtiers spécialisés étaient chargés de la diffusion des œuvres en Europe.

La guilde offrait de plus certaines assurances sociales aux artistes, par exemple en cas d'indigence ou de maladie. La guilde réglait aussi certains aspects religieux à la mort de l'artiste, son enterrement et le soutien aux membres de sa famille.

Quelques guildes de Saint-Luc aux Pays-Bas et leurs membres

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Flandre - Pays-Bas méridionaux

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Les maisons des guildes à Anvers.

La guilde de Saint-Luc d'Anvers est à l'image de la ville au XVe siècle, première place commerciale d'Europe et deuxième ville après Paris par le nombre de ses habitants, on y trouve notamment quelques-uns des principaux représentants de la Renaissance puis du baroque flamand.

Bruxelles

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Tournai

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Rotterdam

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Pays-Bas septentrionaux

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La guilde de Saint-Luc de Delft sur une gravure de 1730 (auteur inconnu).

La guilde de Saint-Luc de Delft est créée tardivement, et elle connait un essor bref mais important au XVIIe siècle sous l'influence de Vermeer.

Haarlem

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Autoportrait présumé de Cornelis Engelsz, en 1612, musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

Alkmaar

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La Haye

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Utrecht

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La guilde de Saint-Luc d'Utrecht fut fondée en 1611. Les artistes auparavant y faisaient partie de la guilde des selliers.

Autres pays d'Europe

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En Italie il existe également une corporation de métiers artistiques qui inclut les artistes peintres et les docteurs en médecine. La plus célèbre est celle de FlorenceLéonard de Vinci fut inscrit en 1472, à l’âge de 20 ans, dans le « Livre rouge », le Campagnia de Pittori.

Une association des artistes de Rome fondée en 1577 porte le nom d'Académie de saint Luc. Devenue réellement active sous Federico Zuccaro, son premier directeur (ou « prince », en italien principe), en 1593, se situe près de la fontaine de Trévi. L'Académie de Saint-Luc, appelé également Accademia di belle arti di Roma est l'une des plus anciennes académies d'art d'Italie et la plus importante d'Italie, reconnue par le ministère italien de l'Éducation (ministère de l'Université et de la Recherche).

Florence, Venise et Bologne
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Luigi Lanzi raconte qu'une société pieuse a été fondée par des peintres florentins, société qui fut nommée la Société de saint Luc, en 1349, treize années après la mort de Giotto. Son siège était établi en l'église Santa Maria Nova puis transférée à Santa Maria Novella. Mais que celle-ci ne fut pas la première contrairement aux affirmations de Baldinucci. Le même Luigi Lanzi affirme qu'il y avait à Venise avant 1290 une compagnie de peintres réunis sous l'invocation de saint Luc, ce dont Zanetti apporte la preuve, mais qui, comme les sociétés de Bologne ou de Florence étaient alors moins des académies artistiques que des écoles de piété chrétienne pour artistes[7].

Notes et références

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  1. Dictionnaire des peintres belges : du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains, Bruxelles, La Renaissance du livre, (ISBN 2-8041-2012-0, présentation en ligne).
  2. Albrecht Dürer, Journal de voyage aux Pays-Bas pendant les années 1520 & 1521, trad. et éd. Stan Hugue, Paris, Éditions Maisonneuve et Larose, 1993.
  3. Hazan, Paris, 2004, (ISBN 2850259160), p. 318.
  4. Caterina Limentani Virdis et Mari Pietrogiovanna, Retables, L'âge gothique et la Renaissance, p. 23.
  5. Dominique Allart, L’Art flamand et hollandais, Belgique et Pays-Bas, 1520-1914, Citadelles & Mazenod, p. 19.
  6. « À l'origine de la peinture de paysage: les Wallons Joachim Patinier et Henri Blès - PDF », sur docplayer.fr (consulté le )
  7. Luigi Lanzi, L'Histoire de la peinture en Italie de la Renaissance des Beaux-Arts à la fin du XVIII°siècle (édition de 1824) Tome 1, Paris, Hachette-BNF-Gallica, , 517 p., p. 82-83

Annexes

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Bibliographie

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  • Thomas Dacosta Kaufmann (dir.), L'Art flamand et hollandais, Belgique et Pays-Bas, 1520-1914, Paris, Citadelles & Mazenod, Paris, 2002, (ISBN 978-2-85088-432-0).
  • Caterina Limentani Virdis et Mari Pietrogiovanna, Retables, l’âge gothique et la Renaissance, Paris, Citadelles & Mazenod, 2001, (ISBN 978-2-85088-178-7).

Liens externes

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Articles connexes

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