Pieter de Hooch

peintre et dessinateur des Pays-Bas septentrionaux

Pieter Hendricksz. de Hooch[α 1], baptisé le à Rotterdam[2] et mort entre 1684 et 1694 à Amsterdam[α 2], est un peintre néerlandais du siècle d’or. Représentant du baroque.

Il est considéré comme l’un des principaux maîtres de la scène de genre[3].

Biographie

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Portrait de famille dans une cour de Delft (1658-1660), Académie des beaux-arts de Vienne.

Pieter de Hooch est baptisé à l’église Saint-Laurent de Rotterdam le . De Hooch est l’aîné des cinq enfants de Hendrick Hendricksz. De Hooch, maçon, et d’Annetge Pieters, sage-femme, mais les quatre autres enfants mourront tous en bas âge. Selon Arnold Houbraken, il aurait fait son apprentissage à Haarlem, entre 1645 et 1647 environ, qu’en même temps que Jacob Ochtervelt chez le peintre paysagiste Nicolaes Berchem ; son œuvre ne montre cependant aucune parenté stylistique avec celle de ce dernier. Roland E. Fleischer soutient, quant à lui, l’hypothèse selon laquelle Hooch aurait été l’élève de Ludolf de Jongh à Rotterdam[4], ce qui semble plausible, étant donné les similitudes de style entre les premières œuvres de De Hooch et les réalisations de De Jongh. Par la suite, De Hooch subira l’influence de Rembrandt et de Carel Fabritius.

La première source qui le mentionne comme résidant à Delft date d’ : lui et Hendrick van der Burch, son apprenti, sont alors mentionnés comme témoins lors de l’ouverture d’un testament. Il y travaille surtout pour un riche marchand de linge et collectionneur de peintures du nom de Justus de La Grange, lequel possédera en 1655 au moins onze œuvres du peintre. En , il épouse la sœur de Van der Bruch, Jannetje, union dont naîtront sept enfants. Dès l’année suivante, en 1655, il est inscrit à la guilde de Saint-Luc locale. Ses débuts de la période à Delft sont marqués par la pauvreté car, si l’on excepte les commandes de La Grange, ses œuvres, scènes comiques aux couleurs sombres, ne rencontrent pas le succès.

Vers 1658, le style de De Hooch évolue vers plus de clarté ; ses représentations deviennent plus aérées et, grâce à l’utilisation de la perspective, elles gagnent également en profondeur. Vraisemblablement influencé par Johannes Vermeer, il réalise ses meilleures œuvres pendant cette courte période, jusqu’à environ 1662.

 
Personnages dans une arrière-cour (1663-1665), Rijksmuseum Amsterdam.

En 1660 ou 1661, il part s’établir à Amsterdam[α 3], où il entre sans doute en contact avec la haute société, comme l'attestent les riches et élégants intérieurs qu'il représente. Les formats sont plus grands, mais le style pictural plus lourd, avec des ombres moins transparentes. On connaît de cette période moins d’œuvres de Pieter de Hooch.

Malgré de riches clients, il passe ses premières années à Amsterdam dans un quartier pauvre. Ce n’est qu’en 1668 qu’il emménage dans un meilleur quartier, ses moyens ne lui permettant toutefois pas d’acheter sa propre maison.

Peu de choses sont connues des dernières années de sa vie. Il a souvent, alors, été confondu avec son fils, Pieter Pietersz. De Hooch, qui semble avoir été également son apprenti. Celui-ci est mort à l’Asile de fous (la Dolhuis) d’Amsterdam, où il était interné depuis 1679, et fut enterré le au cimetière Saint-Antoine (St. Anthonius Kerkhof)[5]. On ignore l’année où il est mort, soit la même année que son fils, soit dans la décennie qui suivit.

 
Fête musicale dans une cour (1677)
National Gallery, Londres

Arnold Houbraken, important auteur de biographies de peintres, ne disposait en 1719 que de peu d’informations concernant Pieter de Hooch. Dans le jugement qu’il porte sur son œuvre, il le qualifie comme « ayant excellé dans la peinture d’intérieurs avec des groupes de messieurs et dames ». Néanmoins, Houbraken ne comprend pas de Hooch — pas plus d’ailleurs que Vermeer —, dans sa liste des meilleurs artistes du XVIIe siècle[6].

Le style de Pieter de Hooch est caractérisé par le raffinement lyrique de la composition picturale et une grande maîtrise de la profondeur spatiale. Au début de sa carrière, celui-ci, comme beaucoup de jeunes peintres à son époque, peint surtout la vie des soldats, des paysages avec des cavaliers et des archers par exemple ; mais, il ne s’intéresse pas tant aux sujets qu’au développement de son traitement de la lumière, de la couleur et de la perspective. Après son arrivée à Delft, il se met à réaliser des scènes de genre avec des personnages qui mangent, boivent et jouent de la musique.

Plus tard, à partir de 1658, il représente surtout les intérieurs du siècle d'or, avec des personnages essentiellement féminins[7]. De façon frappante, il peint quasi systématiquement des sols en carrelage, qui permettent d’observer sa maîtrise évidente des lignes de perspective[8]. La profondeur des peintures est en général renforcée par une vue vers l’extérieur, vers une cour, ou une autre pièce de la maison, qui est toujours plus éclairée que la scène principale du tableau[9].

La représentation d’un intérieur paisible était populaire au siècle d’or, ce qui peut s’expliquer par le fait que la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648) venait juste de prendre fin et que le pays aspirait à la paix et à la tranquillité.

En peignant des femmes au travail, Pieter de Hooch idéalise la vie domestique hollandaise, les vertus simples, la gestion ménagère efficace, et la bonne éducation des enfants[7]. Ainsi dit-on du tableau Tâche maternelle, qui représente une mère épouillant son enfant, qu’il se réfère à un poème de Jacob Cats : « Kam, kam u menigmaal, en niet het haar alleen, maar ook dat binnen schuilt, tot aan het innig been. », (« Peignez, peignez-vous moult fois, et pas les cheveux seulement, aussi ce qui se cache en dedans, jusqu’à l’os intérieur. »), qui signifie que l’on ne doit pas seulement soigner et nettoyer ses cheveux, mais aussi son âme[10].

Pieter de Hooch utilise une palette de couleurs chaude, avec beaucoup de rouge et de tons rouge-brun[11].

Influences

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Le nom de Pieter de Hooch est souvent cité aux côtés de celui de Vermeer[12]. Il n’est pas évident de savoir lequel des deux influença l’autre — et peut-être l’influence fut-elle réciproque — mais les deux œuvres, affectionnant les femmes occupées à des tâches ménagères, sont tout à fait différents. Ses peintures contiennent presque toujours une vue vers l’extérieur, tandis que Vermeer se limite la plupart du temps à une fenêtre laissant pénétrer la lumière depuis la gauche. Vermeer préfère représenter l'humanité des scènes intimes, et peint avec une douceur extrême qui rend ses femmes particulièrement charmantes, vivantes et presque accessibles[7]. De Hooch, quant à lui, joue sur la précision du contexte culturel et social, ce qui fait de son œuvre un témoignage précieux sur la société hollandaise du XVIIe siècle[13], sans pour autant devoir être considérée comme un simple miroir promené dans les maisons cossues[14].

D’autres peintres sont également cités parmi les influences de De Hooch : pour sa période du début, Rembrandt, Carel Fabritius et Nicolaes Maes. Jan Steen, ensuite, même si les intérieurs de De Hooch sont toujours plus propres et rangés. Enfin citons Gerard ter Borch[15].

Œuvres partielles

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La Buveuse (1658), musée du Louvre, Paris.

À Amsterdam

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L'Armoire à linge (1665), Rijksmuseum, Amsterdam.

Anciennes attributions

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Galerie

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Notes et références

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  1. On rencontre également les graphies de Hoogh et de Hooghe.
  2. Un Pieter de Hooch, mort à l’asile de fous d’Amsterdam, a été enterré le 24 mars 1684, mais il s’agit en fait vraisemblablement de l’un des fils du peintre. L’inscription du fils à l’asile constitue la dernière source écrite dans laquelle il soit fait mention du peintre — F. Grijzenhout (2008) —, cependant au moins une des œuvres de Pieter de Hooch père est datée de 1684 – RKD.
  3. L’une de ses filles — Diewertje — est baptisée à la Westerkerk, le

Références

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  1. a et b (en) Hofstede de Groot, Cornelis, Smith, John et Edward G. Hawke (trad. Edward G. Hawke), « Pieter de Hooch », dans Edward G. Hawke, A catalogue raisonné of the works of the most eminent Dutch painters of the seventeenth century based on the work of John Smith, London Macmillan, (lire en ligne).
  2. Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie – RKD.
  3. (en) J. Donald Ragsdale, Western European Museums and Visual Persuasion : Art, Edifice, and Social Influence, Cambridge, Cambridge Scholars Publishing, , 205 p. (ISBN 978-1-52755-669-0, lire en ligne), p. 134.
  4. R.E. Fleischer (1978)
  5. RKD.
  6. J. Giltaij (2005).
  7. a b et c (en) Ingo F. Walther, Masterpieces of Western Art : A History of Art in 900 Individual Studies from the Gothic to the Present Day, t. 1, Cologne, Taschen, , 760 p. (ISBN 978-3-82281-825-1, lire en ligne), p. 329.
  8. Laura J. Snyder, Eye of the Beholder : Johannes Vermeer, Antoni van Leeuwenhoek, and the Reinvention of Seeing, Londres, W. W. Norton & Company, , xiv, 480, 23 cm (ISBN 978-0-39324-652-0, lire en ligne), p. 78.
  9. (en) Kathy Mezei et Chiara Briganti, The Domestic Space Reader, Toronto, University of Toronto Press, , xxiv, 422, ill. (ISBN 978-0-80209-664-7, OCLC 1078519314, lire en ligne), p. 154.
  10. (en) Theresa L. Handwerk, Home Perfected : Pieter de Hooch and New Ideals of Domesticity in the Dutch Republic, University of Delaware, (ISBN 978-1-12478-228-7, OCLC 756612109, lire en ligne).
  11. André Scala, Pieter de Hooch, Paris, Éditions Séguier, , 110 p. (ISBN 978-2-87736-185-9, OCLC 901062924, lire en ligne), p. 39.
  12. (en) Anthony Bailey, A View Of Delft, Londres, Random House, , 288 p. (ISBN 978-1-47352-206-0, OCLC 1004974216, lire en ligne), p. 80.
  13. Jean Lombard, Peinture et société dans les Pays-Bas du XVIIe siècle : essai sur le discours de l’histoire de l'art, Paris, L’Harmattan, , 199 p. (ISBN 978-2-74751-008-0, OCLC 237559150, lire en ligne), p. 16.
  14. Yann Lignereux et Anne Montenach, Les Sociétés européennes au XVIIe siècle : France, Angleterre, Espagne, Paris, Belin, , 331 p., 24 cm (ISBN 978-2-70114-405-4, OCLC 920103131, lire en ligne), p. 16.
  15. Wayne E Franits, Pieter de Hooch a woman preparing bread and butter for a boy, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, , 86 p., ill. (ISBN 9780892368440, OCLC 901149952, lire en ligne)

Annexes

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Bibliographie

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  • (nl) P.J. Blok et P.C. Molhuysen, « De Hooch, Pieter », dans Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek., vol. 9, Leiden, Sijthoff, (lire en ligne).
  • (en) Roland E. Fleischer, « Ludolf de Jongh and the Early Work of Pieter de Hooch », Oud Holland, no 92,‎ , p. 49-67.
  • (de) Jeroen Giltaij, Der Zauber des Alltäglichen : Holländische Malerei von Adriaen Brouwer bis Johannes Vermeer, Ostfildern-Ruit, Hatje Cantz Verlag, , 227 p.
  • (en) Frans Grijzenhout, « New Information on Pieter de Hooch and the Amsterdam Lunatic Asylum », Burlington Magazine, no 150,‎ , p. 612-613.
  • (nl) A.J.H.M. Haak, « De gevelsteen die op twee schilderijen van Pieter de Hooch staat afgebeeld », dans H.L Houtzager, PCJ. van der Krogt, H.W van Leeuwen et al., Delfia Batavorum Jaarboek 1996 Historisch Genootschap voor Delft, (ISSN 0927-409X, lire en ligne [PDF]), p. 75-82.
  • André Scala, Pieter de Hooch, Paris, Séguier, , 113 p. (ISBN 978-2-87736-185-9, OCLC 901062924).
  • (en) Peter C. Sutton (Complete edition), Pieter de Hooch, Oxford, Phaidon, , 168 p. (ISBN 978-0-71481-828-3, OCLC 311342356).
  • (en) Peter C. Sutton, Pieter de Hooch, 1629-1684, Hartford, Yale University Press, , 183 p., 32 cm (ISBN 978-0-30007-757-5, OCLC 39340230, lire en ligne).
  • André Scala, Pieter de Hooch. Un peintre à l'infinitif, Strasbourg, L'Atelier contemporain, (ISBN 978-2-850350-77-1).

Liens externes

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