Ganden Phodrang
Le Ganden Phodrang (tibétain : དགའ་ལྡན་ཕོ་བྲང, Wylie : dGa' ldan pho brang, THL : ganden podrang ; chinois : 甘丹頗章 ; pinyin : )[6],[7],[8],[9], également appelé période du Ganden Phodrang[2], gouvernement du Ganden Phodrang[2] ou régime du Ganden Phodrang (tibétain : བོད་གཞུང་དགའ་ལྡན་ཕོ་དྲང, Wylie : bod gzhung dga' ldan pho drang, THL : Pö Shung Ganden Phodrang, chinois : 甘丹頗章政权 ; pinyin : ), est le type de gouvernement mis en place en 1642 par Lobsang Gyatso, le 5e dalaï-lama, devenu chef spirituel de tout le Tibet grâce au khan mongol qoshot, Güshi Khan qui reçoit en échange la reconnaissance en tant que roi du Tibet. C'est la fin de la Période Phagmodrupa, contrôlée par les tibétains ; les religieux des écoles traditionnelles tibétaines kagyupa et du chamanisme bön, opposés à l'école guéloug, sont chassés du pouvoir par les Mongols[10],[11],[12],[13].
1642–1959
Drapeau du Tibet |
Emblème du Tibet |
Devise |
Le Gouvernement tibétain, palais de Ganden, victorieux en toutes directions Espérer le meilleur, mais se préparer au pire |
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Hymne |
God Save the Queen (1912 — 1950)[3] Hymne national du Tibet (composé en 1950) |
Statut | Gouvernement dual, bouddhiste et laïc |
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Capitale | Lhassa |
Langue(s) | Tibétain |
Religion | Bouddhisme tibétain |
Monnaie | Srang et Tangka |
Superficie | 2 500 000 |
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1642 | Installation de Lobsang Gyatso, 5e dalaï-lama en tant que chef spirituel du Tibet par Güshi Khan, un chef mongol qoshot qui devient roi du Tibet |
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16 octobre 1720 | Installation de Kelzang Gyatso, 7e dalaï-lama au Potala par les Mandchous[4],[5]. |
1903 | Expédition militaire britannique entraînant la fuite du dalaï-lama en Mongolie-Extérieure |
1910 | Expédition militaire mandchoue entraînant la fuite du 13e dalaï-lama en Inde |
1912 | Déclaration de l'indépendance du Tibet et retour du dalaï-lama. |
1950 | Intervention de l'armée de la République populaire de Chine |
1959 | Soulèvement tibétain de 1959 et fuite du dalaï-lama en Inde |
- | Lukhangwa |
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- | Lobsang Tashi |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Ce regime se perpétua sous différentes formes de gouvernance, jusqu'en 1959 sous Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama. Il est qualifié de « théocratique » par Samten G. Karmay[14] et par Stéphane Guillaume[15], tandis que les tibétologues Ishihama Yumiko et Alex McKay parlent de « gouvernement bouddhiste, union des fonctions spirituelle et temporelle »[16],[17].
Après sa fuite en exil en Inde, le 14e dalaï-lama proclama le 29 avril 1959 la création du gouvernement tibétain en exil. Le , il célébra le 360e anniversaire de son système gouvernemental connu sous le nom de Gaden Phodrang Chokley Namgyal. Ce gouvernement n'a été reconnu par aucun État ni gouvernement[18],[19].
Le 14e dalaï-lama démocratisa progressivement le gouvernement tibétain en exil jusqu'à sa retraite politique en mars 2011, laissant place au premier ministre tibétain Lobsang Sangay et se concentrant sur sa fonction spirituelle, conservant cependant une influence politique selon la journaliste du Monde Audrey Garric[20].
Structure du gouvernement
modifierLe dalaï-lama, en tant que « souverain du Thibet » suivant les termes d'Alexandra David-Néel[21], dirigeait tant les affaires religieuses que les affaires civiles, à l'aide de deux organes principaux du gouvernement :
- le Conseil religieux (Yik-tsang), composé de quatre membres de la communauté monastique,
- et le Conseil des ministres, Kashag, composé de quatre membres (shapé), dont trois civils et un religieux.
Le premier ministre religieux (chikyap chempo), et le premier ministre civil (lönchen), faisaient la liaison entre les Conseils et le dalaï-lama. L’ensemble des ministres du Conseil civil contrôlait les affaires politiques, judiciaires, et fiscales. Un ministre des Affaires étrangères, sous la direction du chigye lönchen (premier ministre d’État), fut créé dans la première moitié du XXe siècle. Son rôle était consultatif. La politique extérieure a toujours été dirigée par le dalaï-lama ou le régent.
Il existait une Assemblée nationale (tsongdu), constituée d’une cinquantaine de personnalités de Lhassa, dont les abbés des grands monastères, et qui se réunissait dans des circonstances graves. Son rôle était consultatif.
Des gouverneurs civil et militaire (Wylie : spyi khyab) sont nouvellement nommés à Chamdo en 1913, à Dergué en 1914, au Hor en 1916, et à Dromo et au Lhoka en 1917[22]. Dans les provinces, le gouvernement était représenté au milieu du XXe siècle par cinq chikyap pour l’U-Tsang (Lhassa et Shigatse), Gartok (Tibet occidental), Kham (Chamdo, Tibet oriental), Chang (Nagchuka, Tibet du nord) et Lhoka (Lho-dzong, Tibet du sud). Des chikyap dépendaient les dzong-pön, commandants de forteresses, responsables du maintien de l’ordre et de l’impôt. Ils avaient une grande indépendance[23].
Histoire
modifierLe dalaï-lama chef temporel
modifierLobsang Gyatso, Ve dalaï-lama demande de l'aide à Güshi Khan lorsque le desi du Tsang (alors Karma Tenkyong Wangpo, règne 1620 – 1642), qui est opposé aux guélougpa, prend Lhassa (alors d'ans l'Ü) entre 1630 et 1636[24]. Il demande à sa majorité d'aider les Gélougpa à prendre le pouvoir sur le Tibet et de détruire leur rivaux[25].
En 1642, le khan mongol Güshi Khan du Qinghai (kokonor), à l'instigation de l'école guéloug (selon Samten G. Karmay), ou de Sonam Chöphel (selon Melvyn Goldstein), renverse le gouvernement du Tsang, tue le roi, Karma Tenkyong Wangpo et ses deux ministres, et installe le 5e dalaï-lama, Ngawang Lobsang Gyatso (1617-1682), comme chef d'État du Tibet. Celui-ci, qui jusque-là n'était que l'abbé du monastère de Drépung selon Karmay, est désormais le premier des dalaï-lamas à exercer un pouvoir temporel[26],[27],[28],[29],[30].
Le système gouvernemental du Ganden Phodrang, dont le siège initial est un résidence éponyme du monastère de Drépung, s'est perpétué jusqu’en 1959, sous le 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso. Dans cette structure, le rôle du régent est confirmé pendant la minorité du dalaï-lama. Le Ganden Phodrang en vient à symboliser le pouvoir suprême exercé en théorie comme en pratique par un gouvernement théocratique (selon Karmay)[31]. La tibétologue Yumiko Ishihama a cependant démontré qu'au XVIIe siècle les Tibétains, les Mongols et les Sino-Mandchous partageaient une même conception du terme « gouvernement bouddhiste », qui impliquait pour eux une relation symbiotique de la Religion et de l'État[32]
Création du palais du Potala (1645)
modifierEn 1645, le 5e dalaï-lama décide d’installer son gouvernement à Lhassa dans le palais du Potala qu’il fait construire sur une colline où se trouvait un pavillon fondé par l'Empereur du Tibet Songtsen Gampo au VIIe siècle. Il édifie la partie blanche centrale du Potala (la partie rouge sera ajoutée par le régent Sangyé Gyatso 45 ans plus tard, en 1690). Le Potala devient le centre gouvernemental du Tibet et, selon Claude B. Levenson, « un des plus imposants symboles de la théocratie tibétaine »[33]. Tous les départements ministériels ainsi que le collège de Namgyal, fondé à Drépung en 1574 par Sonam Gyatso, le 3e dalaï-lama, pour la formation monastique, sont transférés au Potala en 1649. Selon Roland Barraux, le gouvernement créé par le 5e dalaï-lama s'est laïcisé et structuré en passant de Drépung au Potala[34].
Le 5e dalaï-lama fait recenser les monastères du Tibet et réglemente leurs revenus et contributions aux dépenses de l’État. Il crée le Chakpori Zhopanling, institut de médecine au sommet du mont Chakpori, qui se perpétue jusqu’à sa destruction, lors du soulèvement tibétain de 1959. Des insurgés tibétains s'étaient retranchés dans le bâtiment avec des canons[35], les forces communistes chinoises détruisirent alors le bâtiment. Les services de l'hôpital furent alors déménagés au Mentsikhang. L'hôpital est toujours en fonctionnement de nos jours sous le nom d'institut de médecine tibétaine de la région autonome du Tibet. Il organise la hiérarchie religieuse ainsi que les relations extérieures du Tibet[36].
Selon The rough Guide to Tibet, avant la mort en 1682 de Lobsang Gyatso, 5e dalaï-lama, le Tibet est devenu un pays unifié sur un plan politique et religieux[37].
Gouvernement des princes (1721-1751)
modifierEn 1720, l'empire Qing installe Kelsang Gyatso en tant que VIIe dalaï-lama[38]. L'année suivante, l'empire supprime la fonction de régent et la remplace par un cabinet de quatre ministres ou kalöns, dont Khangchenné qui en est le président. Le jeune dalaï-lama est privé de tout rôle dans la conduite du gouvernement.
En 1728, après l'assassinat de Khangchenné, le gouvernemet tibétain est réorganisé. Polhané Sönam Topgyé en devient le chef avec le titre de prince, le dalaï-lama restant tenu à l'écart des affaires politiques. Le fils de Polhané, Gyourme Yeshe Tsetsen, succède à son père en 1750[39].
Ordonnance en treize points (1751)
modifierEn 1751, une ordonnance en 13 points, édictée par l'empereur Qianlong, apporte des changements à la structure politique et administrative du Tibet[40]. Le 7e dalaï-lama devient le chef du gouvernement et se fait assister d'un conseil, ou kashag, dont il désigne les ministres (les kalön). Une assemblée consultative ou gyadzom est créée, formée de religieux, de fonctionnaires civils, de nobles, de commerçants et d'artisans, et ayant le pouvoir de destituer le régent pendant la minorité du dalaï-lama. L’amban voit son rôle accru dans la gestion des affaires tibétaines. Parallèlement, les Qing font en sorte de contrebalancer le pouvoir de l'aristocratie en mettant des responsables issus du clergé bouddhiste à des postes clés[41],[42].
Instauration du système de la régence
modifierEn 1756, le 7e dalaï-lama se retire du monde. Il meurt l'année suivante et un tulkou, Demo Ngawang Jambai Deleg Gyamtso, est nommé régent par l'empereur Qianlong en attendant la majorité du prochain dalaï-lama. Ce sera le début d'un système bien établi où chaque régent sera obligatoirement un tulkou[43].
Décret royal en 29 articles pour mieux gouverner le Tibet (1792)
modifierEn 1792, l’empereur signe un décret intitulé The 29-Article Royal Decree for Better Governing in Tibet (« décret royal en 29 articles pour mieux gouverner le Tibet »)[44]. Ce décret renforce les pouvoirs dont disposent les ambans, lesquels ont désormais prééminence dans les affaires politiques sur le kashag et le régent. Le dalaï-lama et le panchen-lama doivent passer par eux pour adresser une pétition à l’empereur. Les ambans sont chargés également de la défense des frontières et de la conduite des affaires étrangères. La correspondance des autorités tibétaines avec l’étranger (dont les Mongols du Kokonor) doit être visée par les ambans. La garnison impériale et l’armée tibétaine sont placées sous leur commandement. Pour voyager, il faut être muni de documents délivrés par les ambans. Les décisions de justice sont soumises à leur aval. La monnaie tibétaine, qui avait été la cause du conflit avec le Népal, devient du seul ressort de Pékin[45]. Le nouveau décret confère aux ambans une autorité égale à celle du dalaï-lama pour ce qui est des questions et nominations administratives importantes et exige que les nominations aux postes les plus élevés (comme celui de ministre du conseil) soient soumises à l'empereur pour approbation. Une disposition interdit aux proches parents des dalaï-lamas et panchen-lamas d’occuper des fonctions officielles jusqu’à la mort de ces derniers. Mais surtout, selon l’article premier, le choix de la réincarnation du dalaï-lama et celle du panchen-lama se fera au moyen du tirage au sort dans une urne d’or afin d’éviter d’éventuelles manipulations conduisant à la désignation de rejetons de puissantes familles laïques. Les exigences du gouvernement central furent communiquées au dalaï-lama par le général Fuk'anggan, commandant du corps expéditionnaire[46].
Invasion britannique
modifierConvention de Chefoo
modifierLes Britanniques dans la convention de Chefoo un des traités inégaux qu'elle signe avec le gouvernement de la dynastie Qing, à la suite de la mort d'un de ses soldats, lors de l'envoi de troupes au Yunnan, s'accorde un droit de commerce au Tibet, le passage de ses troupes entre la Chine et l'Inde par le Tibet.
Expédition miliitaire (1903-1904)
modifierL'expédition partie du Raj britannique est commandée par Francis Younghusband et bien que l'Empire russe ait signé un accord stipulant qu'elle n’envahirait pas le Tibet, prend le prétexte d'un risque de contrôle des Russes pour envahir le Tibet.
Convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet
modifierLe , le colonel Younghusband, chef de l'expédition britannique au Tibet, et le régent du Tibet signent à Lhassa la Convention anglo-tibétaine de 1904 en présence de l'amban chinois, lequel refuse de la parapher, la Chine étant reléguée parmi les puissances étrangères, et en l'absence du dalaï-lama, réfugié en Mongolie et déposé par le pouvoir impérial[47]. L'accord prévoit que les villes de Gyantsé, Gartok et Yatung seront ouvertes au commerce britannique et hébergeront des agents britanniques. Ce traité annule les accords de 1890 et 1893 entre la Chine et les Britanniques et transforme le Tibet quasiment en protectorat de l'Inde britannique[48]. Comme le traité implique que le Tibet est un État souverain habilité à signer des traités de son propre chef, il est rejeté par le pouvoir impérial mandchou et ne peut entrer en vigueur[49]. Il sera amendé par le traité de Pékin (1906), lui-même renégocié en 1914, après la signature de la convention de Shimla[50] non ratifiée par la Chine.
Traité de Pékin de 1906
modifierEn 1906 un nouveau traité est signé à Pékin, reprenant la Convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet, la renommant, Convention entre la Grande-Bretagne et la Chine relative au Tibet. Le traité continue d'interdire l'accès au Tibet à tout État ou au vassal de tout État autre que la Chine, et lui laisse y installer des lignes télégraphiques entre l'Inde britannique et les marchés de ses comptoirs du Tibet.
Déposition du XIIIe dalaï-lama (1910)
modifierEn 1910, le dalaï-lama, accompagné de membres de son gouvernement, s'enfuit en Inde britannique avec un détachement de cavaliers[51]. Le 25 février, les Chinois déposent le dalaï-lama en réaction à sa fuite[52]. Un gouvernement tibétain prochinois est constitué, qui est reconnu par les Anglais soucieux d'éviter une confrontation avec l'empire mandchou[53].
De 1912 à 1959
modifierEn 1912, après la révolution chinoise de 1911 et la chute de la dynastie Qing, le Tibet expulse les troupes et les autorités officielles chinoises.
Cette même année, sous la présidence de Yuan Shikai, un édit déclare que le Tibet, la Mongolie et le Xinjiang sont sur le même pied que les provinces de la Chine proprement dite et font partie intégrante de la République de Chine. Des sièges sont réservés aux Tibétains à l'Assemblée nationale[54].
Le 13e dalaï-lama répond qu'il ne demande aucun titre du gouvernement chinois car il entend exercer son pouvoir spirituel et temporel au Tibet[55],[56]. Cette lettre est depuis lors considérée comme une déclaration officielle d'indépendance par les Tibétains[57],[55], pour d'autres elle ne l'est que dans l'esprit[58]. Alfred P. Rubin, un expert américain en droit international constate que ces « déclarations d'indépendance » n'étaient aucunement des déclarations politico-juridiques mais simplement l'affirmation par le 13e dalaï-lama que la relation prêtre-protecteur (mchod-yon) entre les dalaï-lamas et les empereurs chinois s'était éteinte du fait de la fin de l'empire[59].
Cette indépendance n'a jamais été reconnue au niveau international[60],[61],[62],[63], la République de Chine continuant d'affirmer sa souveraineté sur le Tibet[64].
Non adhésion à la Société des Nations
modifierSelon Leo D. Lefebure, professeur en théologie, le 13e dalaï-lama n'a pas cherché à faire adhérer le Tibet à la Société des Nations ni à obtenir une reconnaissance internationale de l'indépendance proclamée[65].
L’historien tibétain Tsering Shakya affirme cependant que Charles Bell mentionne, dans ses lettres écrites en septembre 1927 et janvier 1928, les efforts des Tibétains pour s’informer au sujet de la SdN, et des possibilités d’y être admis. Il semble que le dalaï-lama ait demandé à Sonam Wangyal (Palhese), un Tibétain qui s’était rendu en Angleterre, de se renseigner sur la SdN. Bell lui permit de rencontrer le Dr George Freeland Barbour, un universitaire lié à l’Union de la Société des Nations, un groupe de pression de la SdN[66],[67].
À partir de 1939, pendant l'invasion japonaise, une partie du Kham est incorporée à la province du Xikang[68], laquelle intègre par ailleurs la partie occidentale du Sichuan. Elle sert de « zone frontalière » entre la Chine et le Tibet[69]. Cette province sera supprimée en 1955 sous la République populaire de Chine[70].
Appel du Tibet aux Nations unies
modifierLe , le gouvernement du Tibet adressa aux Nations unies (ONU) un appel concernant l'invasion du Tibet par la Chine. Le Salvador proposa une résolution à l'Assemblée générale de l'ONU, mais en raison de la guerre de Corée qui se déroulait au même moment, et de l'hésitation de l'Inde, le débat sur l'appel du Tibet fut ajourné sine die le .
La question de la reconnaissance internationale de la souveraineté du Tibet
modifierDans sa lettre au Secrétaire général de l'ONU datée du 9 septembre 1959, Tenzin Gyatso, 14e dalaï-lama, donne une série d'arguments démontrant, selon lui, la reconnaissance internationale de la souveraineté du Tibet, notamment le fait que la Mongolie (extérieure) et l'Empire britannique ont signé des traités avec le Tibet (le Traité d'amitié et d'alliance entre le Gouvernement de Mongolie et le Tibet et la Convention de Simla), et que des représentants tibétains munis de passeports tibétains ont été reçus par l'Inde, la France, l'Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis[71].
Selon Michael Harris Goodman, après ce qu'il appelle l'invasion chinoise du Tibet, Tenzin Gyatso partit de Lhassa pour Yatung dans la vallée de Chumbi en décembre 1950. Avant son départ, il nomma Lukhangwa et Lobsang Tashi, un haut fonctionnaire monastique, premiers ministres (sileun), et leur conféra les pleins pouvoirs du gouvernement du Tibet[72].
Dans son autobiographie Au loin la liberté, Tenzin Gyatso, écrit qu'avec l'accord de Lukhangwa, de Lobsang Tashi et du Kashag, il envoya fin 1950 des délégations aux États-Unis, en Angleterre et au Népal dans l’espoir d’une intervention pour le Tibet, ainsi qu’en Chine pour négocier son retrait. Peu après, quand la présence chinoise se renforça à l’est, le dalaï-lama et les principaux membres du gouvernement partirent s’installer dans le sud du Tibet, à Yatung, à 300 km du Sikkim en Inde. Lukhangwa et Lobsang Tashi restèrent à Lhassa[73]. Peu après son arrivée à Yatung, il apprit que de ces délégations, la seule à être arrivée à destination fut celle envoyée en Chine. Depuis Chamdo, Ngapo Ngawang Jigmé adressa un long rapport au gouvernement tibétain expliquant qu’à moins d'obtenir un accord, Lhassa serait attaqué par l'Armée populaire de libération (APL), ce qui entraînerait de nombreux morts. Pour Ngapo, il fallait négocier, et il proposait d'aller à Pékin avec quelques adjoints entamer le dialogue avec les Chinois. Lukhangwa et Lobsang Tashi pensaient que de telles négociations auraient dû avoir lieu à Lhassa, mais que la situation désespérée ne laissait pas le choix. Le dalaï-lama envoya donc Ngapo à Pékin avec deux personnalités de Lhassa et deux de Yatung, espérant qu'il ferait comprendre aux autorités chinoises que les Tibétains ne souhaitaient pas une « libération », mais uniquement la poursuite de bonnes relations avec la Chine[73]. Lukhangwa refusa d'entériner l'accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet[74].
Tous deux se firent des défenseurs de la liberté du Tibet dès l’arrivée de l'Armée populaire de libération à Lhassa, s’opposant aux tentatives des généraux chinois d’empiéter sur les droits du dalaï-lama[72].
Après le retour du dalaï-lama à Lhassa, devant la famine générée par les réquisitions de nourriture par les militaires chinois, le dalaï-lama demanda à Lukhangwa une médiation pour satisfaire les besoins de la population et les exigences des forces d’occupation. Lukhangwa suggéra qu'il n’y avait pas de raison de concentrer une armée si nombreuse à Lhassa, et que son rôle présumé étant la sécurité du pays, elle devrait se poster aux frontières. En réponse, le général chinois Chang Ching-wu affirma que selon l'accord en 17 points, l’armée chinoise était postée au Tibet, et qu'en conséquence, le gouvernement tibétain était dans l'obligation de pourvoir au logement et à la nourriture des soldats, et qu'ils partiraient lorsque le Tibet aurait montré sa capacité d'auto administration. Lukhangwa répliqua que la seule menace frontalière du Tibet provenait des Chinois[72].
Lors d'une réunion début 1952, le général Chang Ching-wu annonça l'absorption des troupes de l'armée tibétaine dans l'APL, se référant à l’article 8 de l'accord en 17 points. Lukhangwa répliqua que les Tibétains n’acceptaient pas l'accord en 17 points et qu’il n’était pas respecté par les Chinois. Il demanda la raison de cette décision, alors que selon l’accord, les Tibétains étaient libres de leur choix. Perplexe, le général Chang changea de méthode, suggérant de remplacer le drapeau tibétain des casernes tibétaines par le drapeau chinois. Lukhangwa répondit que dans ce cas, les Tibétains retireraient le drapeau chinois, ce qui embarrasserait les Chinois[72].
Trois jours plus tard Fan Ming, un autre général chinois, demanda à Lukhangwa s’il ne s’était pas trompé dans ses précédentes déclarations. Comme il les a réitérées, le général chinois l’accusa d’entretenir des relations avec des puissances impérialistes étrangères et cria qu’il demanderait au dalaï-lama sa destitution[72].
À la demande des généraux chinois, les deux premiers ministres tibétains, Lukhangwa et Lobsang Tashi, furent congédiés par le dalaï-lama le 27 avril 1952[75].
En 1956, la réintégration des deux premiers ministres fut une des quatre demandes formulées par les ministres tibétains alors que le dalaï-lama se trouvait en Inde, et qu’il hésitait à retourner au Tibet sans conciliation de la part des Chinois, tant la situation était devenu tendue. En 1957, Lukhangwa quitta le Tibet pour s'exiler à Kalimpong[76], où il rencontra le dalaï-lama, à qui il conseilla de ne pas retourner au Tibet[72].
En mars 1959, un soulèvement eut lieu à Lhassa, entraînant une répression de la part de l'Armée populaire de libération et la fuite du dalaï-lama en Inde. Après le départ de ce dernier, qui était président du Comité préparatoire depuis avril 1956, le premier ministre Zhou Enlai prit un arrêté proclamant la dissolution du gouvernement tibétain – qui était resté en place après l'arrivée de l'Armée populaire de libération[77] – et son remplacement par le Comité préparatoire pour l'établissement de la région autonome du Tibet. Le 10e panchen-lama, jusque-là vice-président du Comité préparatoire, assuma dès lors les fonctions de président[78],[79].
Les réformes du XIVe dalaï-lama
modifierContexte social
modifierSelon l'anthropologue américain Melvyn Goldstein, la vigueur avec laquelle le gouvernement tibétain soutenait les institutions et les activités religieuses contrastait fortement avec son incapacité à fournir à sa population non ecclésiastique ne seraient-ce que les plus rudimentaires des services : sur l'ensemble du pays, il n'y avait pas de système éducatif, de sécurité sociale, de police, de banques ni de presse[80].
Dans ses conversations avec le journaliste Thomas Laird, le XIVe dalaï-lama rapporte que dans ses jeunes années, l'observation et la discussion avec les gens ordinaires comme les balayeurs et les prisonniers l’avaient préoccupé et lui avaient inspiré des réformes. Choqué par l'utilisation de la cangue, il libéra tous les prisonniers quand il accéda au pouvoir[81]. Il affirme avoir institué des réformes majeures durant les quelques années où il dirigea le Tibet dans une collaboration difficile avec les Chinois. Il déclare avoir établi un système judiciaire indépendant et aboli la dette héréditaire, qui était, explique-t-il, « le fléau de la communauté paysanne et rurale », piégeant celle-ci dans une servitude envers l'aristocratie[82].
Selon le gouvernement chinois, il fallut toutefois attendre la dissolution du gouvernement du Tibet (28 mars 1959) et le lancement de la Réforme démocratique (2 juillet 1959) pour que le servage et l'esclavage soient abolis. Anna Louise Strong rapporte que les dettes féodales furent annulées le 17 juillet 1959 par le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet[83].
Les modifications du gouvernement par les autorités chinoises au Tibet
modifierAu début des années 1950, les Chinois modifièrent le gouvernement tibétain :
- Pour les dzongpeun, la durée de leurs mandats traditionnellement décidée par le dalaï-lama fut limitée à trois ans. Ils se virent recommander de consulter un commandant chinois local avant d’exercer leur fonctions. À partir de 1954, ils devaient appliquer les ordres souvent impopulaires des autorités chinoises, comme de recruter de force des ouvriers pour la construction de routes. Ils pouvaient être révoqués à la demande des Chinois s'ils n'appliquaient fermement leurs ordres.
- Le Kashag fut réorganisé. Une commission de trois ministres dirigée par Ngabo Ngawang Jigme fut formée pour assurer sa liaison avec les autorités chinoises. Alors que traditionnellement le Kashag prenait collectivement ses décisions, chaque ministre se vit attribué des tâches spécifiques, permettant aux Chinois d'exercer sur eux des pressions plus facilement[84].
Après 1959
modifierLa création du gouvernement tibétain en exil fut proclamée le . Initialement basé à Mussoorie, dans l'Uttarakhand en Inde du nord, son siège fut transféré à Dharamsala en 1960. Après la fuite du Tibet de Tenzin Gyatso, suivi de la plupart des membres de son gouvernement en 1959, il reconstitua un gouvernement en exil, dont la mission est à la fois de prendre en charge les réfugiés tibétains et de restaurer la liberté au Tibet[85].
Le 14e dalaï-lama est depuis 1959 le détenteur du pouvoir exécutif de ce gouvernement en exil. Cependant, il a instauré progressivement un régime représentatif. Ainsi, les autorités tibétaines créèrent le le Parlement tibétain en exil, l'Assemblée des députés du peuple tibétain. Le , la Constitution, fondée sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, fut promulguée et appliquée au sein du gouvernement tibétain en exil.
En mars 2002, le 14e dalaï-lama a déclaré : « Depuis la création du Gouvernement du Gaden Phodrang au Tibet, voila près de 360 ans, nous les Tibétains avons maintenu notre culture de non-violence et de compassion. Étant donné la situation internationale et nos propres conditions, nous avons greffé en exil les valeurs de démocratie et de modernité à notre système traditionnel. C'est, bien sûr, une motif de fierté et de joie pour nous. Nous avons maintenant besoin de faire des efforts pour réaliser un système démocratique autonome au Tibet. »[86]
Le , le Gouvernement tibétain en exil a célébré le 360e anniversaire de son système gouvernemental connu sous le nom de Ganden Phodrang Chokley Namgyal, mis en place quand Lobsang Gyatso, le 5e dalaï-lama, a assumé l'autorité sur le Tibet en 1642[87].
La question de la reconnaissance du gouvernement tibétain en exil
modifierDepuis sa création, le gouvernement tibétain en exil ou administration centrale tibétaine (ACT) n'a été reconnu par aucun État ni gouvernement de par le monde[18],[19]. Cependant, Tsepon W.D. Shakabpa rapporta au 14e dalaï-lama que le premier ministre indien Lâl Bahâdur Shâstrî l'avait informé, lors d'un entretien en 1966, que l'Inde avait décidé de reconnaître gouvernement tibétain en exil à de son retour de Tachkent, mais que le ministre y avait succombé d'une crise cardiaque[88].
Pour René Morlet, journaliste devenu bouddhiste et proche de Trinley Thaye Dorje, le gouvernement tibétain en exil perdure un demi-siècle après sa création, inefficace et dépendant des subventions occidentales, sans jamais avoir été reconnu par aucun gouvernement au monde[89]. Pour le juriste Julien Cleyet-Marel, si les grandes caractéristiques de l'ACT n'ont pas changé depuis sa mise en place en 1959, ses composantes se sont enrichies et développées, aboutissant à un système complexe de gouvernement. En dépit du défaut de reconnaissance d'autres États, l'ACT jouit d'une effectivité partielle lui permettant de se rapprocher de ses objectifs[90]. Les sources principales de revenus pour le budget de l'ACT se composent de la contribution du dalaï-lama (25 %), des fonds du Kashag (25 %), des contributions volontaires collectées par le livre vert (34 %) et des frais administratifs sur l'aide (10 %)[91].
En mai 2011, le président de la région autonome du Tibet, Padma Choling, a déclaré que « son gouvernement est le seul gouvernement légal représentant les Tibétains », ajoutant « qu'aucun pays au monde ne reconnaît le « gouvernement en exil » »[92].
Selon Anne-Marie Blondeau, les gouvernements, ne souhaitant pas affronter la République populaire de Chine en raison de la compétition internationale dont ses marchés font l’objet, évitent de prendre parti en évoquant le « statut peu clair » du Tibet et n’abordent pas l’autodétermination des Tibétains, même s’ils évoquent les violations des droits de l’homme au Tibet[93].
Le gouvernement tibétain en exil ouvrit des bureaux du Tibet pour faciliter ses contacts extérieurs. Le Népal, qui avait maintenu un consulat à Lhassa depuis le XVIIIe siècle, fut le premier pays à accepter cette représentation[94].
Entre 2002 et 2009, la Fondation des échanges Taïwan-Tibet a servi de canal de communication semi-officiel entre la République de Chine (Taïwan) et le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, en Inde[95].
Les États-Unis ont créé la fonction de coordinateur spécial pour le Tibet le 30 octobre 1997, elle fut inscrite en 2002 dans le Tibetan Policy Act[96],[97],[98],[99],[100].
Selon Pierre-Antoine Donnet, la position de l'Union des républiques socialistes soviétiques a varié selon sa politique envers la Chine. Dans les années 1960, marquées par la rupture sino-soviétique, Moscou mit en doute le caractère historique de la souveraineté de la Chine sur le Tibet. Le 30 avril 1980, lors d'un séjour à New Delhi, L. V. Scherbakov, directeur de l'information du Conseil Soviétique pour les Affaires religieuses (en), déclara que son pays était « toujours disposé à aider toute nation qui se bat pour l'indépendance et la justice » ajoutant que l'URSS n'avait pas reçu de demande du peuple tibétain[101].
Références
modifier- Bischoff 2016.
- (Bischoff 2016)
- Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, First Tarcher/Putnam Hardcover Edition, 1997, (ISBN 0-87477-888-3) : « A new national anthem was composed to replace "God Save the Queen," the tune of which had hitherto been played at important military parades. The text consisted of a glorification of the independence of Tibet and a tribute to its illustrious ruler, the Dalai Lama ».
- Ram Rahul, op. cit., p. 42 : « The elimination of Lobzang Khan was most disquieting to Emperor K'ang Hsi (r. 1662-1722), the second emperor of Manchu China and the third son of Emperor Sun Chih. With a remarkable volte-face, K'ang Hsi put himself as the champion of legitimacy. After keeping Kesang Gyatso (1708-57), the rebirth of Dalai Lama Tsangyang Gyatso, under surveillance at the Kumbum Monastery in Amdo for nearly ten years, he recognized him (Kesang Gyatso) as the seventh Dalai Lama. A Manchu detachment, commanded by General Yen Hsi and escorting Kesang Gyatso from Kumbum to Lhasa, entered Lhasa on 24 September 1720 and drove the Zungars out of Tibet. It installed Kesang Gyatso on the throne in the Potala on 16 October 1720 ».
- (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, chapter The Imperial Era, p. 14 : « the emperor saw Tibet as an important buffer for western China (Sichuan, Gansu, and Yunnan) and was unwilling to allow it to remain in the control of his enemy, the Dzungars.[8] Consequently, he ordered a second, larger army into Tibet, sending the young seventh Dalai Lama with them. [...] This time the Dzungars were defeated, and in October 1720 the Qing army entered Lhasa with the new seventh Dalai Lama ».
- « L'entité dont il sera question dans cette présentation est celle du gouvernement central de Lhasa, appelé le Ganden Phodrang », Alice Travers, « Fonctionnement politique et social du gouvernement tibétain du Ganden Phodrang et ses relations avec l’ensemble du Tibet », Journée d’étude sur l’histoire du Tibet au Sénat », sur Sénat, .
- (en) Alice Travers, « The Careers of the Noble Officials of The Ganden Phodrang (1895-1959) : Organisation and Hereditary Divisions within the Service of State », Revue d'études tibétaines, (OCLC 801384093, lire en ligne)
- (en) « The Ganden Phodrang and the Qing Administration », sur Tibetan History.net
- « histoire politique traitera non seulement des changements de pouvoirs centraux (Pugyal, Sakya, Phagmodru, Rinpung, Tsang dépa, Ganden phodrang...) » « Enseignements de civilisation HAUTE ASIE (Népali, Tibétain) », sur INALCO
- (en) Sam Van Schaik, Tibet: A History, Yale University Press, Newhaven and London, 2011 (2013 pour la version livre de poche), p. 123 :« So it was that, in 1642, the fifth Dalai Lama, Losang Gyatso, became the ruler of all Tibet. His government would be known as the Ganden Palace, after his residence in Drepung monastery; the name would stick down to the twentieth century. »
- René Grousset, « L’Empire des steppes — Attila, Gengis-khan, Tamerlan », Classiques de l'université du Québec à Chicoutimi, 1938. Voir le chapitre « Le khanat khochot du Tsaïdam et du Koukou-nor, protecteur de l’Église tibétaine (pages 644 à 647) ».
- René Grousset, « L’Empire des steppes — Attila, Gengis-khan, Tamerlan », Classiques de l'Université du Québec à Chicoutimi, « Le khanat khochot du Tsaïdam et du Koukou-nor, protecteur de l’Église tibétaine », pages 644 à 647. Page 645 : « Dans une première expédition (vers 1639 ?), il entra au Tibet, et défit tous les ennemis du dalaï-lama, tant partisans du clergé rouge que sectateurs de la vieille sorcellerie bon-po. Au cours d’une deuxième campagne, il fit prisonnier le de-srid de gTsang (vers 1642 ?), occupa Lhassa et proclama le dalaï lama Nag-dbang bLo-bzang souverain du Tibet central (Dbus et Tsang). Comme signe de la souveraineté temporelle à lui conférée par le prince khochot, bLo-bzang se fit construire une résidence sur l’emplacement du palais des anciens rois du Tibet, au Potala de Lhassa (1643-1645). En revanche, Gouchi-khan, déjà maître du Koukou-nor, du Tsaïdam et du Tibet septentrional, fut reconnu par le pontife, à Lhassa même, comme protecteur et vicaire temporel de l’Église Jaune. Jusqu’à sa mort en 1656, il fut vraiment, comme l’appelait la cour de Pékin, « le khan des Tibétains »
- Ruth, « Geschichte des Buddhismus in der Mongolei », II, 248 et 265 (d’après le Jigs-med-nam-mka). Tong houa lou dans Courant, Asie Centrale, 23-25. Schulemann, Gesch. d. Dalai-lamas, 133. Rockhill, The dalai-lamas of Lhasa, T’oung pao, 1910, 7.
- (en) Samten G. Karmay, Religion and Politics: commentary, septembre 2008 : « from 1642 the Ganden Potrang, the official seat of the government in Drepung Monastery, came to symbolize the supreme power in both the theory and practice of a theocratic government. This was indeed a political triumph that Buddhism had never known in its history in Tibet. »
- Stéphane Guillaume, La question du Tibet en droit international, L'Harmattan, coll. « Recherches asiatiques », 2009, 308 p., p. 10 : « le chef théocratique du gouvernement tibétain »
- (en) Ishihama Yumiko, "The Conceptual Framework of the dGa'-ldan's War Based on the beye dailame wargi amargi babe necihiyeme toktobuha bodogon i bithe, 'Buddhist Government' in the Tibet-Mongol and Manchu Relationship", in Tibet and Her Neighbours : A History. Edited by Alex McKay, 157–165. Londres, Édition Hansjorg Mayer. p. 157 : « the therm Buddhist Governement, that refers to the symbiotic relationship between religion and state, was a common idea between the Tibetans, Mongolians and Manchus from the latter half of the 16th to the middle of the 17th century. ... Its interpretation later changed into the "Government following the Dalai Lama's teaching" ... owing to the successful propagation of the fifth Dalai Lama. »
- Alex McKay, Introduction, Tibet and Her Neighbours : A History, p. 15. « the system of Buddhist government underpinned the fundamental central Asian understandings of statehood up until 1911. »
- (en) N. Ram, N. Ram, Tibet - A Reality Check, in Frontline, India's National Magazine from the publishers of THE HINDU, vol. 17, n°18, 2-15 septembre 2000 : « there is not a single country and government in the world that disputes the status of Tibet, that does not recognize Tibet as part of China, that is willing to accord any kind of legal recognition to the Dalai Lama's government-in-exile based in Dharamsala. »
- (en) Barry Sautman, (avec Shiu-hing Lo), The Tibet Question and the Hong Kong Experience, in Occasional Papers/Reprints Series in Contemporary Asian Studies, n°2 - 1995 (127), 82 p., p. 25 : « On the Tibetan side, first, the government-in-exile more than 35 years after its inception remains unrecognized by any state. »
- Audrey Garric, Le dalaï-lama renonce à son rôle politique mais pas à son influence, Le Monde, 10 mars 2011.
- Alexandra David-Néel, A. d'Arsonval, Mystiques et Magiciens du Thibet, 1929, p. 4 : « Ceux qui ont vu ce camp au bord de la route, où le souverain du Thibet attendait que ses sujets lui aient reconquis son trône [...] »
- Fabienne Jagou, Le 9e Panchen Lama (1883-1937): enjeu des relations sino-tibétaines, École française d'Extrême-Orient, 2004, p. 88 : « Lhasa avait créé de nouveaux postes de gouverneur civil et militaire (spyi-khyab) qu'il avait placé dans chacune des villes frontalières (à Chab-mdo en 1913, à sDe-dge en 1914, au Hor en 1916 et à Gro-mo et au Lho-kha en 1917. »
- Fosco Maraini, Tibet secret (Segreto Tibet), préface de Bernard Berenson, traduction de Juliette Bertrand (ouvrage orné de 68 héliogravures d’après les photographies de l’auteur), Arthaud, Grenoble, 1954. (ouvrage paru en 1951).
- (Grousset 1965, p. 645)
- (en) A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, An East Gate Book, (lire en ligne), p. 42
- Roland Barraux, op. cit., p. 124 citant Dalaï-Lama, Mon pays et mon peuple. Mémoires, 1999, Olizane, (ISBN 2-88086-018-0), p. 60.
- (en) Samten G. Karmay, Religion and Politics: commentary, sur tibetwrites.org, septembre 2008 : « in 1642 the Tsang Desi’s government was toppled by the combined forces of Tibetans and Mongols at the instigation of the Gelug sect which effectively empowered the Fifth Dalai Lama (1617-1685), as the head of state. He had been, until 1642, merely the abbot of Drepung Monastery. »
- (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow lion and the Dragon: China, Tibet and the Dalai Lama, University of California Press, 1997, (ISBN 0520212541 et 9780520212541), 152 p., chap. « The Imperial Era », sous-chap. « The Rise of the Geluk Sect in Tibet », p. 9-10. (aussi en version électronique intégrale en ligne).
- (en) Rebecca Redwood French, The golden yoke: the legal cosmology of Buddhist Tibet, Cornell University Press, 1995, 404 p., p. 45-46 : « In 1642, [...] the Mongolian Gushri Khan swept into Tibet and put his religious sage, the Fifth Dalai Lama, in charge of the country. Secular rule under the Tsang kings gave way to the three-hundred-year rule of the Gelukpa sect - the second theocratic period in Tibet. »
- (en) Wings of the White Crane : Poems of Tshangs dbyangs rgya mtsho (1683-1706), Translated by G. W. Houston et Gary Wayne, Motilal Banarsidais Publisher, 1982, 53 p. : « The great Fifth Dalai Lama, Ngawang Gyatso, the actual founder of Tibetan autocracy, has reached his goal in 1642 with the help of the Koshot ruler Gushri Khan. »
- Samten G. Karmay, op. cit. : « from 1642 the Ganden Potrang, the official seat of the government in Drepung Monastery, came to symbolize the supreme power in both the theory and practice of a theocratic government. This was indeed a political triumph that Buddhism had never known in its history in Tibet. »
- (en) Alex McKay, Introduction, Tibet and Her Neighbours : A History, p. 10-11 et 14.
- Claude B. Levenson, The Dalai Lama : a Biography, Unwim Hyman, 1988, 291 p., p. 19 : « the 5th Dalai Lama decided to make the capital of Tibet and to build himself a palace there on the remains of one built in the seventh century by Srongtsen Gampo. So the Potala, or seat of the gods, was reborn out of its own ruins, eventually to become one of the most imposing symbols of the Tibetan theocracy. »
- Roland Barraux, op. cit., p. 142-143 : « Celui-ci, en passant du Drepung au Potala, s'est laïcisé et structuré. »
- (en) Lobsang Gyatso, Memoirs of a Tibetan Lama, Snow Lion Publications, 1998 (ISBN 1559390972), p. 262.
- Roland Barraux, Histoire des Dalaï-Lamas, Quatorze reflets sur le Lac des Visions, édition Albin Michel, 1993. Réédité en 2002 chez Albin Michel. (ISBN 2226133178), Voir le chapitre « Lobsang Gyatso ».
- David Leffman, Simon Lewis, Martin Zatko, The Rough Guide to China
- Ram Rahul, Central Asia, Concept Publishing Company, 1997, p. 42 : « The elimination of Lobzang Khan was most disquieting to Emperor K'ang Hsi (r. 1662-1722), the second emperor of Manchu China and the third son of Emperor Sun Chih. With a remarkable volte-face, K'ang Hsi put himself as the champion of legitimacy. After keeping Kesang Gyatso (1708-57), the rebirth of Dalai Lama Tsangyang Gyatso, under surveillance at the Kumbum Monastery in Amdo for nearly ten years, he recognized him (Kesang Gyatso) as the seventh Dalai Lama. A Manchu detachment, commanded by General Yen Hsi and escorting Kesang Gyatso from Kumbum to Lhasa, entered Lhasa on 24 September 1720 and drove the Zungars out of Tibet. It installed Kesang Gyatso on the throne in the Potala on 16 October 1720 ».
- Sam van Schaik, Tibet. A History, op. cit., pp. 141-143.
- Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, 2003, 367 pages, p. 65.
- Melvyn C. Goldstein, The Snow lion and the Dragon, op. cit., p. 18.
- Jean Dif, Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde (Suite 1).
- Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, op. cit., p. 68-69.
- Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « The inability of the Tibetans to expel the Nepalese forces without an army from China, coupled with charges of poor leadership and organization in the Tibetan government, prompted yet another Qing reorganization of the Tibetan government, this time through a written plan called the "Twenty-Nine Regulations for Better Government in Tibet ».
- Warren W. Smith Jr., Tibetan Nation : A History Of Tibetan Nationalism And Sino-Tibetan Relations, Westview Press, 1997, p. 134-135.
- Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, op. cit., p. 19 : « This reform package included the selection of top incarnations (hutuktus ) like the Dalai and Panchen Lamas through a lottery conducted in a golden urn, the aim being to prevent the selection of incarnations being manipulated to fall in politically powerful lay families.[14] It also elevated the ambans to equal political authority with the Dalai Lama for major administrative issues and appointments and mandated that nominations for top positions like council minister be submitted to the emperor for approval. The reforms also included regulations forbidding exploitation of peasants through the misuse of corvee labor, and prohibited the relatives of the Dalai and Panchen Lamas from holding public office during the lamas' lifetimes [...] The Qing rationale for these changes was conveyed by Fu Kangan, the general in charge of the expeditionary force, in comments to the Dalai Lama at that time ».
- (en) Melvyn Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, p. 23-24.
- (en) Melvyn Golstein, The Snow Lion and the Dragon, 1997, p. 24 : « To secure the withdrawal of the British troops from Lhasa, the Tibetan officials left in charge by the Dalai Lama reluctantly agreed to British terms, which were codified in an agreement known as the Anglo-Tibet Convention of 1904. Signed by only Tibet and the British head of the expeditionary force — the Manchu amban refused to place his signature on it — this agreement [...] gave India (Britain) the right to establish trade marts with British trade officials in three Tibetan towns (Gyantse, Gartok, and Yadong). In a clause that was vague enough to exclude China as well as more obvious countries such as Russia it also forbade any other foreign power to exercise political influence in Tibet. [...]. By virtue of these terms, British India virtually converted Tibet into another of its "native-state" protectorates ».
- Origine de la soi-disant « indépendance du Tibet », Centre d'informations Internet de Chine : « Du fait que le ministère des Affaires extérieures du gouvernement des Qing estimait que le traité portait atteinte à la souveraineté du pays et qu'il refusait de le signer, le traité ne put entrer en vigueur ».
- Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, University of California Press, Berkeley, 1989, p. 75
- (en) Max Oidtmann, Playing the Lottery with Sincere Thoughts: the Manchus and the selection of incarnate lamas during the last days of the Qing, sur le site Academia.edu, p. 1.
- Melvyn Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State, op. cit., p. 52 : « On 25 February, the Chinese responded to the dalai Lama's flight to India by again deposing him. This time they deprived him not only of his temporal position but also of his status as an incarnation. »
- Jean Dif, Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde (Suite 2).
- (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon - China, Tibet, and the Dalai Lama, University of California Press, 1997, p. 31 (ISBN 978-0-520-21951-9).
- Roland Barraux, Histoire des Dalaï-Lamas - Quatorze reflets sur le Lac des Visions, Albin Michel, 1993; réédité en 2002, Albin Michel (ISBN 2226133178).
- (en) Brief history of Tibet, Friends of Tibet (NZ).
- Françoise Robin (INALCO), Le vers libre au Tibet : une forme littéraire de l'intime au service d'un projet collectif, in D'un Orient l'autre, actes des 3es journées de l'Orient, Bordeaux, 2-4 octobre 2002 (ss dir. de Jean-Louis Bacqué-Grammont, A. Pino, S. Khoury), Peeters Publishers, 2005, 606 p., p. 573-601, p. 583 : « vingt-deux jours après son retour à Lhassa en janvier 1913, il proclame la rupture des liens de suzerain à vassal qu'entretenaient la Chine mandchoue et le Tibet, puisqu'une république chinoise avait remplacé le régime dynastique bouddhique des Mandchous (note 30 : On trouvera ce texte (considéré par les Tibétains comme une déclaration d'indépendance, ce que rejettent les autorités chinoises), dans Goldstein 1993: 60-61). »
- (en) Bradley Mayhew et Michael Kohn, Tibet, Lonely Planet, 2005, p. 32 : « Tibetans have since read this reply as a formal declaration of independence. It certainly was in spirit if not quite in letter ». (La version de 2008 du livre ne comporte pas cette dernière phrase.)
- (en) Barry Sautman, “All that Glitters is Not Gold”: Tibet as a Pseudo-State, in Maryland Series in Contemporary Asian Studies, No 3-2009 : « A US international law scholar who studied Tibet’s “declarations of independence” found they were not political-legal declarations at all, but merely the 13th Dalai Lama’s affirmations that the mchod-yon (priest-patron) relationship between Dalai Lamas and Chinese emperors had been extinguished due to the end of the empire (note : Alfred P. Rubin, “Tibet’s Declarations of Independence,” AJIL 60 (1966):812-814 and Rubin, “A Matter of Fact,” AJIL 60 (1966):586 ».
- (en) Melvyn C. Goldstein (avec Cynthia M. Beall), Nomads of Western Tibet — The Survival of a Way of Life, University of California Press, 1990 (ISBN 0520072111 et 9780520072114), 191 p., p. 50 (Historical background) : « while Tibet was loosely subordinate to China for several hundred years prior to 1911, between then and 1951, it functioned as a de facto independent poltitical entity, although it never received de jure international recognition of an independent legal status separate from China ».
- (en) N. Ram, N. Ram, Tibet - A Reality Check, in Frontline, India's National Magazine from the publishers of THE HINDU, Volume 17 - Issue 18, sep. 02-15, 2000 : « there is not a single country and government in the world that disputes the status of Tibet, that does not recognize Tibet as part of China, that is willing to accord any kind of legal recognition to the Dalai Lama's government-in-exile based in Dharamsala. » (traduction : Il n'est pas un pays ni gouvernement au monde qui conteste le statut du Tibet, qui ne reconnaisse que le Tibet fait partie de la Chine et qui soit disposé à accorder une quelconque reconnaissance juridique au gouvernement tibétain en exil du dalaï-lama à Dharamsala).
- Thomas Heberer, professeur de science politique et des études asiatiques à l'université de Duisburg-Essen en Allemagne, déclare au quotidien Die Tageszeitung : « No country in the world has ever recognized the independence of Tibet or declared that Tibet is an 'occupied country'. For all countries in the world, Tibet is Chinese territory. » (traduction : Aucun pays au monde n'a jamais reconnu l'indépendance du Tibet ni déclaré que le Tibet était un pays occupé. Pour tous les pays du monde, le Tibet est territoire chinois. Cf. (en) West is 'waging a new Cold War against China, Chinadaily.com, 17 mars 2008.
- (en) Wen Mu, Commentaire sur les « Sept questions sur le Tibet » de Elizabeth Gleick, Le quotidien du peuple en ligne, 26 juin 2009 : « Aucun pays du monde n'a reconnu officiellement sur le plan diplomatique l'indépendance du Tibet. »
- Dans une note diplomatique datée du 15 mars 1943 et destinée au gouvernement britannique, le gouvernement des États-Unis lui fait savoir qu'il ne remet pas en question la revendication de la République de Chine quant au fait que la constitution chinoise énumère le Tibet au nombre des régions constituant le territoire de la République de Chine. Cf. (en) A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, M.E. Sharpe, 1996, 352 pages, p. 84-85 : « The Chinese constitution lists Tibet among areas constituting the territory of the Republic of China. ».
- (en) Leo D. Lefebure, 200 years in Tibet: glimpses in fact and film, in Christian Century, vol. 115, N. 8, 03-11-98, p. 258-263 : « (...) the 13th Dalai Lama had not sought to join the League of Nations or to obtain widespread international recognition of the independence of Tibet ».
- Tsering Shakya, Tibet and the League of Nations with Reference to Letters Found in The India Office Library, under Sir Charles Bell's Collections in The History of Tibet: The modern period:1895-1959, the encounter with modernity, Alex McKay, p. 329-336.
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- Lawrence Epstein et International Association for Tibetan Studies. Seminar, Khams Pa Histories : Visions of People, Place and Authority : PIATS 2000, Leiden, Boston, Brill, , 172 p. (ISBN 978-90-04-12423-3, OCLC 48619288, lire en ligne), p. 287.
- Jagou 2006.
- « TIBET (XIZIANG) », sur Universalis.
- (en) The Political Philosophy of His Holiness the XIV Dalai Lama, Selected Speeches and Writings, 1998, Édité par A.A. Shiromany, Tibetan Parliamentary and Policy Research Centre, dalaï-lama, lettre au Secrétaire général de l'ONU datée du 9 septembre 1959 : « Sixth, the sovereign status has also been recognised by other powers. In 1948 when the Trade Delegation from the government of Tibet visited India, France, Italy, the United Kingdom, and the United States of America, the passport issued by the Tibetan government was accepted by the governments of these countries. »
- Michael Harris Goodman, Le dernier Dalaï-Lama ? Biographie et témoignages, Claire Lumière, 1993, (ISBN 2905998261).
- Tenzin Gyatso, Au loin la liberté, autobiographie, Fayard 1990, Livre de poche, 1993 (ISBN 225306498X), p. 86, p. 93-95, p. 203-204.
- (en) In 1952 Lukhangwa told Chinese Representative Zhang Jingwu "It was absurd to refer to the terms of the Seventeen-Point Agreement. Our people did not accept the agreement and the Chinese themselves had repeatedly broken the terms of it. Their army was still in occupation of eastern Tibet; the area had not been returned to the government of Tibet, as it should have been." My Land and My People, Dalai Lama, New York, 1992, p. 95
- « La crise était arrivée à son maximum, et j’étais face à une décision extrêmement difficile. J’admirais le courage de Lukhangwa, mais je devais choisir entre le laisser continuer son travail ou satisfaire les Chinois [qui exigeaient sa démission]. Deux considérations entraient en jeu : la sécurité de Lukhangwa, et le futur de notre pays. Il était évident que Lukhangwa avait déjà mis lui-même sa vie en danger [par son opposition aux Chinois], et si je refusais de le démettre de ses fonctions, il y avait de grandes chances pour que les Chinois se débarrassent eux-mêmes de lui. Ma vision des choses a grandement évolué pendant cette période de tension. Je pensais que si nous continuions à nous opposer aux autorités chinoises et à les mettre en colère, cela ne pourrait que nous enfermer dans le cercle vicieux de la répression et du ressentiment populaire. Et finalement, on en arriverait certainement à des violences physiques. La violence était inutile. Nous ne pouvions pas nous débarrasser des Chinois par des moyens violents. Ils gagneraient toujours si nous les combattions, et c’est notre population désarmée et désorganisée qui serait la première victime. Notre seul espoir était de persuader les Chinois de tenir pacifiquement les promesses qu’ils avaient faites dans l’Accord en 17 points. Il n’y avait que la non-violence qui pouvait nous ramener un peu de cette liberté que nous avions perdu, mais peut-être après des années de patience. Et cela signifiait la coopération dès que possible, et une résistance passive pour toute chose impossible à accepter. L’opposition violente n’était pas seulement impraticable mais aussi non-éthique, immorale. C’était là non seulement une de mes croyances profondes mais aussi un des enseignements du Bouddha, et en tant que leader spirituel du Tibet je devais m’y soumettre. Nous pouvions être humiliés, et nos possessions les plus chéries sembler être perdues pour un moment, nous devions malgré tout rester humbles. J’étais sûr de cela. J’acceptais donc avec tristesse les recommandations du Cabinet et demandait au premier ministre Lukhangwa de quitter son poste ». Violence et non-violence dans la lutte tibétaine
- (en) Tsering Shakya (2000) The Dragon in the Land of Snows - A history of modern Tibet since 1947, Penguin Compass, Columbia University Press, (ISBN 978-0140196153), p. 96-101, 108-111 et 127
- (en)[PDF] Ernst Steinkelner, A Tale of Leaves. On Sanskrit Manuscripts in Tibet, their Past and their Future, in Royal Netherlands Academy of Arts and Sciences, Amsterdam, 2004 : « The traditional Tibetan government, which had been allowed to remain in office even after the Chinese forces arrived in 1951, had been abolished in 1959. »
- (en) National Uprising, sur le site officiel du gouvernement tibétain en exil.
- (en) Arrêté du premier ministre Zhou Enlai dissolvant le gouvernement local du Tibet tel que publié dans le New York Times du 29 mars 1959 : « the decision is that from this day the Tibet Local Government is dissolved and the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous Region shall exercise the functions and powers of the Tibet Local Government. During the time when the Dalai Lama Dantzen-Jalsto, chairman of the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous Region, is under duress by the rebels, Panchen Erdeni Ghuji-geltseng, vice-chairman of the Preparatory Committee, will act as the chairman (...) ». Source : Robert V. Daniels (ed.), A documentary history of communism, vol. 2, Communism and the World, I. B. Tauris & Co. Ltd, London, 1985, 448 p. (ISBN 1-85043-035-7), p. 78.
- Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet: The calm before the storm, 1951-1955, University of California Press, 2007, 639 pages, p. 13-14 : « The government, in addition, provided generous subsidies to important monasteries for prayer ceremonies and for religious rites, such as the annual Great Prayer Festival in Lhasa. The vigor with which the state supported religious activities and institutions contrasted markedly with its lack of provision of even rudimentary services to its lay population. Countrywide, for example, it operated no schools, no medical public health system, no police force, no banks, and no newspapers ».
- Thomas Laird, Dalaï-Lama, Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, traduction Christophe Mercier, Plon, 2007, (ISBN 2259198910), p. 285.
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- (en) Strong, Anna Louise, When serfs stood up in Tibet, Pékin, New World Press, (lire en ligne), « VIII Lhalu's serfs accuse » : « All "feudal debts" had been outlawed by the resolution passed July 17 by the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous Region ».
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- (en) Structure of the Tibetan Government-in-Exile.
- His Holiness the Dalai Lama's Message to the Third Session of Tibetan Assembly, 22 March 2002
- Tibetans Observe 360th Anniversary of Rule by the Dalai Lamas
- Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié, Calmann-Lévy, 2000, chap. 24, p. 302.
- René Morlet, Le bouddhisme tibétain et ses grands maîtres réincarnés, L'Harmattan, 2011, 412 p., p. 388 : « le 2 novembre [1960 à Dharamsala, en Inde, création d'une Assemblée nationale (Kashag) et d'un Gouvernement du Tibet en exil, qui perdure un demi-siècle plus tard avec une remarquable constance dans l'inefficacité d'une maya politique irréaliste d'exilés totalement dépendants de subventions attribuées par l'Occident. [...] Aucun gouvernement au monde ne reconnaîtra jamais ce "gouvernement" tibétain, auquel l'Inde, de Nehru jusqu'à aujourd'hui, n'a pas manifesté d'intêret. »
- Julien Cleyet-Marel, Le développement du système politique tibétain en exil, préface Richard Ghevontian, Fondation Varenne, 2013, (ISBN 2916606726 et 9782916606729), p. 193
- Julien Cleyet-Marel, Le développement du système politique tibétain en exil, préface Richard Ghevontian, Fondation Varenne, 2013, (ISBN 2916606726 et 9782916606729), p. 571
- Le chef du gouvernement du Tibet exclut toute négociation avec l'illégal « gouvernement en exil », Le Quotidien du peuple en ligne, 20-05-2011.
- Anne-Marie Blondeau in Le Tibet est-il chinois ?, Albin Michel, 2002, (ISBN 2-226-13426-3), p. 89
- Roland Barraux, op. cit., p. 345.
- (en) Mongolian and Tibetan Affairs Commission sidelining Taiwan-Tibet Exchange Foundation?, Tibetan Review, 24 juin 2009.
- Le Congrès américain vient de réaffirmer avec force son soutien financier à l’égard du Tibet.
- Nomination d'un coordinateur spécial européen sur le Tibet
- Tibet : un peuple en danger.
- Interview de Samdhong Rinpoché.
- Special Coordinator for Tibetan Issues.
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Édition Gallimard; 1990: Nouv. éd. augm 1993, (ISBN 2070328023), p. 296.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Fabienne Jagou, « Vers une nouvelle définition de la frontière sino-tibétaine : la Conférence de Simla (1913-1914) et le projet de création de la province chinoise du Xikang », Extrême-Orient, Extrême Occident, vol. 28, no 28, , p. 147-167 (DOI 10.3406/oroc.2006.1229, lire en ligne)
- (en) Jeannine Bischoff, Social Regulation : Case Studies from Tibetan History, (DOI 10.1163/9789004331259_008, présentation en ligne), chap. 6 (« Completely, Voluntarily and Unalterably? Values and Social Regulation among Central Tibetan mi ser during the Ganden Phodrang Period »), p. 151 --- 180
- Alice Travers et Federica Venturi, « Le bouddhisme comme fin et moyens de l’armée du Ganden Phodrang : une introduction aux relations des sphères bouddhique et militaire au Tibet (1642-1959). », Cahiers d'Extrême-Asie, vol. 27 — Le bouddhisme et l'armée au Tibet pendant la période du Ganden Phodrang (1642-1959) / Buddhism and the Millitary in Tibet during the Ganden Phodrang Period (1642-1959), , p. 1-11 (DOI 10.3406/asie.2018.1504, lire en ligne)
Articles connexes
modifier- Théocratie tibétaine
- Démocratisation du Tibet en exil
- Dalaï-lama, dont les 5e dalaï-lama et 14e dalaï-lama
- Histoire du Tibet
- Bureau des Affaires étrangères du Tibet
- Gouvernement de la région autonome du Tibet
- Débat sur la souveraineté du Tibet