Comité préparatoire à l'établissement de la région autonome du Tibet
Le comité préparatoire à l'établissement de la région autonome du Tibet est créé le par le gouvernement de la république populaire de Chine dans le but officiel de préparer l'instauration de la région autonome du Tibet.
Le , le gouvernement central de Chine annonce sa décision de dissoudre le gouvernement du Tibet et de le remplacer par le comité préparatoire à l’établissement de la région autonome du Tibet sous la direction du Parti communiste chinois[1].
Histoire
modifierAu cours de son séjour à Pékin en 1954, le 14e dalaï-lama apprend par Mao Zedong que le gouvernement chinois avait décidé d'instaurer un comité politique et militaire pour placer le Tibet sous l'autorité du gouvernement chinois, mais que cela ne semblait plus nécessaire à Mao, qui lui annonce la décision d'instituer un Comité préparatoire pour la région autonome du Tibet[2]. Le Comité devait se composer de 51 membres, dont 15 du « gouvernement local du Tibet », 10 du Panchèn Khènpo Lija, 10 du « Comité de libération populaire de Chamdo », 11 des principaux monastères, obédiences religieuses, institutions publiques et personnalités, et 5 des fonctionnaires chinois en poste à Lhassa. Le dalaï-lama en serait président, le général Zhang Guohua et le panchen lama ses 2 vice-présidents, et Ngabo Ngawang Jigme son secrétaire-général[3].
Le comité préparatoire est inauguré le par le maréchal Chen Yi, vice-premier ministre, à la demande de Mao Zedong, Liu Shaoqi et Zhou Enlai, qui envoient un message de félicitation[4].
Le dalaï-lama, contre l'avis du Kashag avait tenu à accueillir Chen à son arrivée à Lhassa. Il pensait que ce comité permettrait aux fonctionnaires tibétains d'apprendre des Chinois l'administration gouvernementale moderne. Il s’avéra que le comité, plutôt que de protéger l'autonomie de la région et l'individualité tibétaine, allait servir à détruire son gouvernement, lui substituant un système apparemment légitime mais contrôlé directement par Pékin. Ainsi, 21 de ses membres représentaient le Comité de libération populaire de Chamdo et le Panchèn Khènpo Lija, 2 organisations créés par les Chinois, à qui les membres devaient leur position, et qui votaient en conséquence. Avec les 5 membres chinois, ils avaient la majorité. De plus, toute politique importante devait être décidée par une autre institution : le Comité du Parti communiste chinois au Tibet, dont aucun membre n'était tibétain[5].
Selon le dalaï-lama, les membres du comité avaient le droit de discuter de points mineurs, sans rien pouvoir changer. Ainsi, les séances étaient contrôlées, et des projets déjà décidés dans l'autre comité faisait l'objet de discussions inutiles et finalement votées. De plus, des décisions importantes du Comité préparatoire devaient être validées par le Conseil d'État pour être appliquées, donnant un pouvoir de veto à Pékin, en contradiction avec la constitution chinoise et avec l'autonomie régionale. Le dalaï-lama comprenait qu'il avait été nommé président pour donner une impression d'autorité tibétaine[6].
Juchen Thupten Namgyal participe à la première conférence du comité. Il y accuse les Chinois de brutalités inhumaines dans le Kham et demanda l'arrêt de l'agression militaire[7].
Le comité préparatoire est présidé par le 14e dalaï-lama. Le premier vice-président en est 10e panchen lama et il est animé par les deux généraux chinois Chang Ching-wu et Zhang Guohua, qui furent successivement secrétaires du parti communiste chinois au Tibet entre 1952 et 1965.
Il y avait deux vice-directeurs : Lhamon Yeshe Tsultrim, qui représentait le panchen-lama, et Zheng Jingpo, un autre représentant du gouvernement de Pékin[8].
Après le soulèvement tibétain de 1959 et le départ en exil du 14e dalaï-lama, le 10e panchen-lama se vit offrir la présidence du Comité préparatoire. Selon Bill Brugger, sous sa direction, le Comité préparatoire, devenu le nouveau gouvernement tibétain, abolit le travail forcé et la servitude individuelle le [9].
En 1962, le 10e panchen-lama adressa à Mao Zedong sa pétition en 70 000 caractères puis, en 1964, apporta son soutien au dalaî-lama. Il fut démis de la présidence du Comité et remplacé par Ngabo Ngawang Jigme en . Le gouvernement chinois aurait attendu jusqu'à cette même date avant de retirer officiellement son poste de président au dalaï-lama[10].
La région autonome du Tibet naît officiellement en [11].
Les membres du comité
modifierPrésident :
- le 14e dalaï-lama (-)[12].
Premier vice-président :
- le 10e panchen-lama.
Deuxième vice-président :
- le général Zhang Guohua.
Membres :
- le 14e dalaï-lama (-) et 15 membres désignés par le Kashag, dont
- le 10e panchen-lama,
- 9 membres du bureau du panchen-lama[13],
- Ngapo Ngawang Jigmé, nommé secrétaire général[13],
- Surkhang Wangchen Gelek
- Dogan Penjor Rabgye,
- Gyurme Sonam Topgyal,
- Lobsang Samten,
- Liushar Thubten Tharpa,
- Yuthok Tashi Dhondup,
- Sampho Tsewang Rigzin,
- Sonam Wangdu, démis le à la suite de sa fuite en Inde en 1959[14].
Des religieux des quatre grandes écoles, dont
- le 16e karmapa ( au ),
- et le hiérarque des Nyingmapa[13].
11 sièges vont à des personnalités, dont
- l’ancien sileun Langdun, nommé en 1956[15],
- Sholkhang Thubten Nyima[13].
Le comité de Chamdo est représenté par 10 membres, dont
Cinq Chinois exercent un contrôle idéologique, dont
- le général Zhang Guohua, vice-président,
- Tan Guansan[13],
- Fan Ming,
- Mu Shengzhong,
- Wang Qimei.
Également :
- Dorje Tseten, nommé le .
Notes et références
modifier- Journée de l’Emancipation des Serfs de la RAT, China Network Television, 28 mars 2012.
- Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, p. 188
- Michael Harris Goodman, op. cit., p. 198
- Beijing information : Autonomie régionale des ethnies minoritaires.
- Michael Harris Goodman, op. cit., p. 200
- Michael Harris Goodman, op. cit., pp. 200-201.
- (en) Obituary: Former Kalon Tripa Juchen Thupten Namgyal.
- (en) Tsering Shakya, Dragon In The Land Of Snows, 2012 :« There were two Deputy Directors: Lhamon Yeshe Tsultrim, who represented Panchen Rinpoche and Zheng Jingpo, another Chinese official who represented the Chinese Government in Beijing ».
- (en) Bill Brugger, China: Liberation and Transformation 1942-1962, Rowman & Littelfield, 1981, 288 p., p. 199 : « Upon the dalai Lama's departure, the State Council moved, on 28 march, to abolish the traditional government (the Kashag) and transfer power to the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous region. [...] Though the titular head of the committee remained the Dalai Lama, its effective head was now to be the Banqen Erdini who celebrated his installation by reciting sutras with two living Buddhas. [...] Following the first session of the new government in April, the Banqen Erdini left for Beijing &, on his return in July, the second session approved a series of measures for 'democratic reform'. The operative slogan was 'sanfan shuangjian' (three abolitions and two reductions). The 'abolitions' here referred to rebellion, forced labour and personal servitude and the 'reductions' to land rent and interest ».
- (en) N. Ram, Theme No 5, Tibet - A Reality Check, in Frontline, India's National Magazine from the publishers of THE HINDU, volume 17, Issue 18, September 02-15, 2000 : « The Chinese government actually waited until December 1964 before removing the Dalai Lama from the chairmanship of the Preparatory Committee for the Autonomous Region of Tibet ».
- 1965: Célébration de la fondation de la Région autonome du Tibet, Centre d'informations internet de Chine, 17 août 2005.
- Quelle autonomie possible pour le Tibet ?
- Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 332.
- (en) One Hundred Thousand Moons: An Advanced Political History of Tibet, Volume 1, p. 1130.
- (en) Xinhua, Daily report: People's Republic of China, Numéros 161 à 170, (United States. Foreign Broadcast Information Service), 23 août 1980 : « He was a standing Committee member of the preparatory Committee for Setting up the Tibet Autonomous Region in 1956. He firmly supported the enforcement of democratic reform in 1959 ».