Cherif Cadi

militaire français

Si Chérif Ben el Arbi Cadi dit Chérif Cadi, « naturalisé » Yves Cadi, né le sur la commune de Souk Ahras (département de Constantine) et mort le (à 71 ans) à Bône (département de Constantine), est un officier français d'artillerie et le premier musulman de l'Algérie française admis à l'École polytechnique.

Chérif Cadi
Naissance
Souk Ahras, Algérie française
Décès (à 71 ans)
Origine Drapeau de la France France
Arme Artillerie
Grade lieutenant-colonel
Années de service 18891925
Conflits Première Guerre mondiale
Distinctions Officier de la Légion d'honneur

Afin de devenir officier français d'artillerie au sortir de l'École, il accepte de se soumettre à la procédure dite improprement de « naturalisation », et de la solliciter en 1889 en échange de sa renonciation au statut personnel musulman.

Pour reprendre l’expression de Mohamed El Aziz Kessous, « sa génération était intellectuellement française, bien qu’elle eût conservé sa religion, sa langue, ses mœurs et surtout qu’elle ne conçût d’autre cadre à la vie politique que celui de la France[1] ».

Biographie

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Origines familiales

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Chérif Cadi — de son vrai nom Si Chérif Ben el Arbi Cadi[Note 1] — naît le au douar des Beni Yayia[3],[Note 2] situé à peu de distance de la commune mixte de Souk Ahras[Note 3] (département de Constantine) à l'est de l'Algérie et dépendant administrativement de la commune mixte de La Sefia[Note 4].

Fils de Arbi ben Cadi ben Ahmed et de Halima bint Nafaa, Chérif Cadi, ses quatre frères[6],[Note 5] et ses cinq sœurs, appartiennent à une famille de cadi — d'où le nom patronymique — installée dans la région depuis plusieurs générations[Note 6]

Devenu orphelin de père en 1868, Chérif est pris en charge par son frère aîné Si Tahar ben El arbi Cadi[7], qui vit sous une tente plantée à Souk Ahras où il a été nommé bachadel (suppléant du cadi), tandis que son autre frère Si Abdallah ben El arbi Cadi[7] exerce les fonctions de cadi non loin de là à Bouhadjar[10].

Formation

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Le parcours de Chérif Cadi aurait séduit Jules Ferry, qui fera appliquer en Algérie en 1883 la législation en vigueur en France, et c'est l'immense mérite des frères de Chérif de comprendre qu'il n'y avait pas d'autre choix que l'école européenne pour assurer une chance d'améliorer sa condition sociale à ce jeune garçon de onze ans qui n'a connu jusque là que l'école coranique[11].

À l'école primaire de Souk Ahras, en fin des années 1870, Chérif Cadi est un élève avide d'apprendre auprès d'instituteurs dévoués. L'un d'eux devine les qualités exceptionnelles de ce jeune algérien et le prend en charge pour combler son retard au point qu'en deux ans Chérif accomplit l'ensemble de la scolarité primaire. Abdallah conseille alors à son frère Tahar d'inscrire Chérif dans l'établissement secondaire de la ville la plus proche, le lycée de Constantine[12], où il pourrait poursuivre ses études[13].

Chérif s'y montre un excellent élève reçu en , l'année de ses dix-huit ans, au baccalauréat ès-sciences. Très rare réussite lorsque l'on sait que de 1879 à 1909, il n'y eut que huit bacheliers en mathématiques parmi les lycéens algériens musulmans[14] ! Tahar encourage son frère à poursuivre des études supérieures, mais il lui faut toutefois trouver les ressources nécessaires pour assumer les frais de scolarité, aucun membre de la famille n'ayant les moyens de le faire. Il adresse alors au gouverneur de l'Algérie une requête afin d'obtenir pour son jeune frère une bourse d'études[Note 7].

Au mois de , Chérif entre comme boursier en classes préparatoires au lycée d’Alger[15]. C'est un étudiant appliqué qui étonne ses professeurs par sa parfaite maîtrise des disciplines scientifiques. Il se rend en 1887 à Marseille pour passer les épreuves écrites du concours d'admission à École polytechnique où il est reçu 144e l'année de ses vingt ans[16],[17]. Il est le premier musulman de l'Algérie française admis dans cet établissement[Note 8] et ce succès est d'autant plus remarquable que la législation en vigueur s'oppose à la promotion des jeunes indigènes[21],[Note 9].

Pour devenir officier français d'artillerie à la sortie de l'École polytechnique, Chérif Cadi accepte comme il s'y est engagé lors de l'admission, de se soumettre à la procédure dite improprement de « naturalisation » qu'il obtient par décret du [3],[Note 10]. Celle-ci lui confère le droit de cité et notamment le droit de disposer de toutes les prérogatives du citoyen[26]. Avec le consentement de son frère Tahar, Chérif fait ajouter Yves comme prénom à son patronyme Cadi[27],[Note 11].

À l'issue de ses deux années de scolarité, Cadi, classé 146e[17] de sa promotion, décide comme 137 de ses camarades, de faire carrière dans l'artillerie[29]. Mais auparavant, il doit rejoindre, comme sous-lieutenant-élève d'artillerie, l'école d'application de l'artillerie et du génie de Fontainebleau.

Officier d'artillerie

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Avant la guerre de 1914-1918

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Promu Lieutenant le , il est affecté au 8e régiment d'artillerie en garnison à Toul[3],[30] et se spécialise dans l'artillerie à longue portée à laquelle il consacrera la majeure partie de sa carrière. Il sollicite alors son détachement au 19e corps d'armée, stationné en Algérie et qui constitue le noyau de l'Armée d'Afrique. Il rejoint le 12e régiment d'artillerie à Alger, le [3],[31],[Note 12].

Chérif Cadi est ensuite détaché le à la 20e batterie d'artillerie du 13e régiment d'artillerie de Philippeville (aujourd'hui Skikda)[3],[34]. Deux ans plus tard le , il est affecté, à Bougie, à la 4e batterie du 11e bataillon[3]. Le , il reçoit l'ordre de rejoindre le 13e régiment d'artillerie à Bizerte[Note 13] en Tunisie où il est promu capitaine[3],[36]. Lors d'un déplacement dans sa famille, son frère Tahar lui a présenté un couple de ses amis avec lequel Chérif a sympathisé ; il fait ainsi la connaissance de Jeanne Dupré qu'il épouse le à Tunis[6],[Note 14] ; le couple s'installe à Bizerte.

Il est alors désigné pour accomplir en 1905 une mission secrète en Allemagne. Les allemands, piqués au vif de constater que les français ont résolu le problème du recul avec le canon de 75, reprennent immédiatement les études pour essayer de transformer leur tout récent canon de 77. Pour juger des progrès accomplis lors de cette reconversion, l'état-major français décide de mettre à profit l'expérience du capitaine Cadi et les services de renseignements français l'envoient en Allemagne[40],[Note 15].

Cela explique sans doute sa demande de mutation ultérieure à Bourges où se trouve l'école supérieure d'application du Matériel[41]. Chérif Cadi y est muté le pour servir à la 3e batterie du 37e régiment d'artillerie[42]. Durant ce séjour en métropole, Cadi a de gros soucis familiaux[Note 16] qui expliquent qu'avec l'appui de son ami polytechnicien, Firmin Jacquillat[47],[48], qui commande l'unité, il demande à revenir à Bizerte pour servir à compter du au 3e bataillon à pied du 37e régiment d'artillerie[49].

Chérif Cadi est promu le chef d'escadron au 7e groupe autonome d'artillerie à pied de Bizerte, puis au parc d'artillerie de cette ville[50],[Note 17]. À la même époque, les états-majors de Berlin et de Vienne travaillent déjà leurs plans d'offensive sur l'Europe.

Pendant la guerre de 1914-1918

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  • Au front en France métropolitaine

La Première Guerre mondiale éclate le quand l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, et deux jours plus tard, à la France. Dans la rade de Bizerte, l'artillerie en état d'alerte surveille les mouvements de navire dans le canal de Sicile et le détroit de Messine. Il faut protéger les régiments du 19e corps d'armée qui se préparent à embarquer vers la métropole.

Dès que lui parvient la nouvelle des hostilités ouvertes dans le Constantinois[Note 18], le chef d'escadron Cadi n'hésite pas sur la conduite à tenir. Depuis le début de sa carrière militaire, il n'a participé à aucun combat[Note 19] mais sa décision est rapide, il demande à combattre[Note 20].

Dans des délais très courts, l'état-major des Armées donne une suite favorable. Chérif Cadi quitte Bizerte et est dirigé le sur le commandement de l'artillerie de la place des forts de Paris[3]. Le chef d'escadron Cadi est affecté le à une batterie d'artillerie lourde en formation à Champigny-sur-Marne avec pour mission d'y former en deux mois des artilleurs[56].

Cadi n’ignore rien du trouble qui gagne en 1915 le commandement des armées[Note 21], comme du ressentiment de certains de ses compatriotes engagés sur le front. Mais il préfère ceux qui font choix de l’honneur et de la fidélité dans l’âpreté des combats de la Somme[Note 22]. Il est promu le , officier de la Légion d'honneur en même temps qu’il est décoré de la Croix de guerre avec palme[2],[63]. Le , Cadi est affecté au 113e régiment d’artillerie lourde hippomobile (R.A.L.H)[Note 23].

Déployé dans la région de Lassigny, à l’ouest de Noyon, le régiment de Chérif Cadi participe à la guerre d’usure contre un ennemi enterré dans des forteresses bétonnées à l’évidence infranchissables[65]. Alors que les offensives se préparent, son unité reçoit le l’ordre de faire mouvement sur Verdun[64],[Note 24] où le chef d’escadron Cadi est cité à l’ordre de la 11e armée le [Note 25].

Bien qu’épuisé par ces combats, le 113e RALH est renvoyé vers la Somme où la bataille commence le . La préparation d’artillerie s’étend sur tout le front où Français et Britanniques tentent depuis le début du conflit de repousser l’ennemi[Note 26]. À ce rythme, Chérif Cadi sent ses forces l’abandonner ; depuis le début des hostilités, il n’a pas connu les détentes d’une permission loin du front et sa femme, morte en 1913, n'est plus là pour lui soutenir le moral[Note 27].

Le , âgé de 49 ans, le chef d’escadron Cadi est évacué sur l’hôpital temporaire no 22 à Villers-Cotterêts dans l’Aisne où les médecins diagnostiquent « une fièvre paludéenne, amaigrissement et dépression nerveuse ». Bénéficiant d’un congé de convalescence de deux mois, il quitte cet hôpital trois jours plus tard pour Limoges[67]. Mais sa permission est de courte durée ; il est désigné en pour une mission militaire en Égypte[Note 28].

  • En mission militaire française au Hedjaz

Le gouvernement français vient en effet de décider le d'organiser un pèlerinage à La Mecque d'environ 600 ressortissants d'Algérie, Tunisie, et Maroc, susceptibles à leur retour des Lieux Saints, de manifester à la France des témoignages de soutien[4],[68]. il décide également d'envoyer une délégation militaire pour les accompagner. Le colonel Hamelin[Note 29], chef de la section Afrique, choisit les deux officiers qui conduiront l'expédition : le lieutenant-colonel Brémond et le chef d'escadron Chérif Cadi[70],[71],[Note 30].

Sous couvert de pèlerinage[Note 31], la France entend pousser[Note 32] à se révolter[Note 33] l'émir Hussein ben Ali, chef de la dynastie des Hachémites et grand Chérif de La Mecque, et lui permettre d'afficher ainsi ses prétentions sur la Syrie. Hussein, qui ne veut pas se trouver en tête-à-tête avec la Grande-Bretagne, accorde publiquement ses faveurs aux Français. qui débarquent à Djeddah le [75]. Il confie l'insigne honneur de nettoyer le sol de la Kaaba à Si Kaddour Benghabrit, chef de la députation, et à Chérif Cadi, et les place tous deux à côté de lui à l'heure de la prière solennelle, saluant Cadi de ces mots : « De Verdun à la Kaaba »[76].

Le , deux jours avant le retour des pèlerins en Afrique du Nord, Chérif Cadi, qui s'est installé dès le 12 à La Mecque pour poursuivre la mission militaire, est élevé au grade de lieutenant-colonel[77]. Il lui incombe de remplir à la fois le rôle d'émissaire français et de conseiller militaire, sous les ordres d'un chef de mission lequel, chrétien, ne peut accéder aux Lieux Saints[78] !

Le séjour de Chérif Cadi au Hedjaz se prolonge jusqu'à la fin de l'année 1917. Marqué par les rivalités existantes entre l'Angleterre et la France, mais davantage encore entre le colonel Brémond et Thomas Edward Lawrence, il se déroule dans un contexte pénible et compliqué. Isolé durant une mission qui ne cesse d'évoluer au cours des mois, cet officier tente de surmonter avec autant de dignité que de résignation, les multiples difficultés surgies de l'imbroglio créé par la situation politique et militaire[79],[80].

Nul n'a encore compris que les dés sont pipés dès le début de l'affaire (accords Sykes-Picot), et à la lumière des événements qu'ils vécurent et des responsabilités qui leur furent confiées, le choix de Brémond et de Cadi ne se révèle pas aujourd'hui des plus judicieux[81].

Le , à la suite d'un nouvel accès de fièvre paludéenne très violent, le lieutenant-colonel Cadi est frappé d'hémiplégie du côté gauche. Depuis le début du conflit mondial, il a épuisé toutes ses forces. La maladie le terrasse dans la région des Beni Saad à l'est de Médine. Il est évacué vers un hôpital militaire de Suez[82], puis le à Marseille pour y recevoir des soins plus adaptés.

  • En convalescence en Algérie

Après deux mois de soins attentifs, Cadi est enfin autorisé à revenir en Algérie pour une longue convalescence. Sa paralysie s'estompe peu à peu. La mobilité qu'il recouvre lentement lui fait espérer reprendre un service actif dans l'artillerie bien que le conflit touche à sa fin[83].

À Alger où il réside, il rencontre au Cercle militaire de garnison, Cyprienne Xerri, âgée de 32 ans, veuve du capitaine Bertrand, mort pour la France sur le front de Champagne[84], qui élève seule ses 2 enfants. Leur mariage est célébré le à Alger[6],[83].

Après la guerre de 1914-1918

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Dès que son état lui paraît compatible avec les exigences du service des armées, il sollicite une reprise d'activité. Reconnu apte par la commission spéciale siégeant à Constantine, il est affecté le à l'état-major du parc d'artillerie de cette ville[85], puis un an plus tard, le , à celui de Bizerte[86],[87].

Au lendemain d'un conflit qui a coûté la vie de 19 075 Algériens, sans compter celle de 6 096 disparus, les survivants pouvaient légitimement attendre une évolution favorable et équitable de leur statut. Les projets de réforme sur les questions militaires, et notamment le libre accès des Algériens à tous les grades de la hiérarchie militaire, se heurte à l'opposition du ministre de la Guerre. Le lieutenant-colonel Cadi n'échappe pas à ce sentiment d'hostilité[88].

Lors de son retour de convalescence, le général Nivelle, « le boucher du Chemin des Dames », lui refuse l’accession au grade de colonel qui aurait reconnu ses efforts autant que ses états de service irréprochables[Note 34]. Ses appréciations en contradiction avec celles émises sur le front de guerre révèlent les sentiments de méfiance, sinon de mépris, du commandement à l'égard de cet officier supérieur dont il paraît plus opportun de rappeler l'origine ethnique plutôt que la formation à l'École polytechnique[89].

Le sort qui lui est réservé par le commandement n'échappe pas à l'attention du maréchal Franchey d'Esperey. Inspecteur des troupes d'Afrique, né à Mostaganem, ce grand soldat connaît parfaitement l'âme des Algériens. Convaincu de l'injustice témoignée à Cadi, il verse à son dossier le , une note très sèche : « Je regrette qu'au point de vue politique, le grade de colonel n'ait pas été accordé au premier indigène admis à École polytechnique. Services éminents rendus au Hedjaz. Très appuyé pour commandeur »[90].

L'amertume qui détourne insensiblement Chérif Cadi de cette société militaire et qui laisse présager un autre engagement de sa part, tient au sentiment d'injustice qu'il éprouve depuis son retour du Hedjaz. Trop fier pour solliciter un avancement, il n'attend pas moins une autre forme de reconnaissance, comme une promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur. La République française avait honoré ses compagnons d'Arabie, elle oubliera sans vergogne le premier officier supérieur algérien[90].

Le , Chérif Cadi reçoit son dernier commandement : celui du parc d'artillerie d'Oran où il réside jusqu'à son départ de l'armée[91],[92]. Le , il fait valoir ses droits à la retraite au grade de lieutenant-colonel[2],[93].

Officier en retraite

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Dans ses dernières années d'activité, Chérif Cadi se livre à des « occupations latérales » peu en rapport avec sa conditions militaire. Sachant que sa carrière touche à sa fin et qu'il sera ainsi délié de toute obligation de réserve, il achève son ouvrage Terre d'Islam, publié en début de l'année 1926[94]. Au fil des pages apparaît le véritable objet du livre : quelles réformes pour l'Algérie ?

Depuis son retour d'Arabie, malgré la déception du musulman sincère qui a découvert dans ces Lieux Saints un Islam arriéré[95], il a fait de la religion son absolu et demeure intraitable sur certaines questions : le devoir envers Dieu, envers la patrie, envers les hommes. Il montre un esprit conforme à cet Islam maghrébin qui, dès son origine, se caractérise par son intransigeance, sa rigueur morale et son prosélytisme[96].

Sous le pseudonyme de Hilal — c'est-à-dire « fin du croissant de lune » — qui rappelle ses origines, Chérif Cadi signe, en 1925 à Oran un premier article de presse à caractère politique dans lequel, rappelant la situation de son pays, il écrit : « les populations musulmanes dans leur ensemble forment un peuple encore mineur qui a besoin de tutelle ». Il décide ensuite de quitter Oran pour s'installer définitivement à Bône, non loin de Souk Ahras et des siens[97].

Dans ses écrits, il plaide sans cesse en faveur d'une politique généreuse de la France envers ses sujets musulmans. Proche de l'instituteur Rabah Zenati[98], l'animateur du journal La Voix indigène qu'il a rencontré à Constantine, il cherche à attirer l'attention sur la nécessité de remédier à la misère des algériennes, et d'engager un gros effort en faveur de l'école. Cadi souhaite aussi faire mieux connaître et mieux comprendre aux Français un islam qu'il décrit comme tolérant, généreux et ami du progrès.

Alors que les célébrations en 1930 du Centenaire de la conquête de l'Algérie s'achèvent avec la visite en Algérie du Président de la République Gaston Doumergue[99],[100], Chérif Cadi éprouve à ses dépens les notes discordantes de l'opinion en métropole. Zénati dénonce dans son journal les propos diffamatoires, odieux et racistes répandus par le Mercure de France contre son collaborateur[101],[Note 35]. Pressé par ses amis, Cadi choisit de réagir par une lettre adressée au directeur du Mercure de France qui refuse de la publier. C'est donc La voix indigène qui reproduit son message empreint d'émotion et de noblesse contenue[101],[Note 36].

Chérif Cadi sait que son action comme ses idées dérangent autant certains clans en Algérie, qu'en métropole. Dans l'une de ses dernières lettres du à Firmin Jacquillat, il confie : « Le petit bédouin, qui aurait été l'esclave des pachas, est devenu polytechnicien, ingénieur et astronome, enfin officier supérieur de l'armée française. Voilà de quoi être fier, et, malgré les injustices de la Direction de l'Artillerie, et la jalousie féroce de certains camarades et de certains chefs, j'éprouve un sentiment de bien vive reconnaissance pour mes frères de France[103],[104] ».

Mais la majorité des musulmans n'est pas prête à suivre des hommes comme Chérif-Yves Cadi, dont le seul prénom double, adopté lors de sa « naturalisation », parait constituer un défi à la tradition religieuse. Entre les deux guerres, l'idée de séparation d'avec la France, au profit d'une patrie algérienne, exclusivement arabe et musulmane, fait son chemin, et achève de reléguer la démarche de Cadi dans l'isolement d'un choix individuel.

En 1937, alors que Cadi a cessé de collaborer à La voix Indigène, ce journal constate avec une étonnante lucidité : « Si on mettait toutes les revendications des indigènes dans une enveloppe et qu'on essaie d'en fixer le sens général par une formule, on serait presque obligé d'inscrire cette chose terrible : Français, allez-vous-en[105],[106] ».

Chérif Cadi, qui souffre d'une nouvelle hémiplégie, a beaucoup de peine à trouver sa place exacte dans un monde qui n'est plus fait pour lui. Il meurt à 71 ans le [107] à Bône (actuel Annaba) et est inhumé le lendemain au cimetière musulman Zaghouane de la ville[108],[109].

Vie familiale

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Lors d'un déplacement de Bizerte auprès de sa famille, son frère Tahar lui a présenté un de ses amis, Jacques Ambroise Mandon, juge de paix à Souk Ahras. Chérif a sympathisé avec ce couple de français nés en métropole et fait ainsi la connaissance de Jeanne Dupré, belle-sœur du juge qu'il épouse le à Tunis[6], elle a 23 ans et lui dix de plus ; le couple qui n'aura pas d'enfant s'installe à Bizerte. Ce n'est qu'en 1904, alors qu'il vient d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur[2],[110], que le capitaine Cadi décide de présenter son épouse à sa famille réunie pour la circonstance à Souk Ahras[Note 37].

Le , Jeanne meurt dans leur appartement de Mateur, laissant un mari accablé de chagrin mais résigné devant le malheur[51],[6].

En 1918 à Alger où il est en convalescence, il rencontre au Cercle militaire de garnison, Cyprienne Xerri, âgée de 32 ans, veuve du capitaine Bertrand, mort pour la France sur le front de Champagne[84], qui élève seule ses 2 enfants. Leur mariage est célébré le à Alger[6] ; il adopte ensuite les deux fils qu'elle a eus de son premier mariage.

Carrière militaire

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  •  : admis 144e à l'École Polytechnique[16]
  •  : Sous-lieutenant-élève d'artillerie (sorti 146e de l'École Polytechnique)[29]
  •  : Lieutenant d'artillerie « Cadi (Yves) (Si Chérif ben el Arbi Chérif). — Classé au 8e rég. (8e batt., à Toul)[30] »
  •  : Capitaine d'artillerie « 1er tour (ancienneté). M. Cadi (Si Chérif ben El Arbi Chérif Yves), lieutenant en 1er au 11e bataillon, 4e batterie, à Bougie, en remplacement de M. Machart, promu. — Affecté à la direction de Bizerte[36]. »
  •  : Chef d'escadron d'artillerie « (Choix.) M. Cadi, 7e groupe à pied d'Afrique, en remplacement de M. Rondot, décédé. — Classé au parc d'artillerie de place de Bizerte (provisoirement)[50]. »
  •  : lieutenant-colonel d'artillerie « M. le chef d'escadron Cadi, du 113e rég., en remplacement de M. Milhaud, décédé[77]. »

Œuvres

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  • Si Chérif Ben el Arbi Cadi, Leçons de langue arabe parlée : À l'usage des officiers de l'Armée d'Afrique, Tunis, J. Picard & Cie, , 92 p. (présentation en ligne).
  • Lieutenant-colonel Hadj Chérif Cadi, Terre d'Islam, Paris, Charles-Lavauzelle, , 165 p. (OCLC 459019982, présentation en ligne).
    Chérif Cadi essaye de relier les dogmes essentiels du Coran avec les acquis du monde moderne, et notamment ceux de la société française, en une tentative de conciliation des civilisations.

Distinctions

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Voir aussi

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Bibliographie

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Biographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Yves Bertrand-Cadi, Le colonel Cherif Cadi : Serviteur de l'islam et de la République, Paris, Maisonneuve et Larose, , 269 p. (ISBN 978-2-7068-1851-6, présentation en ligne).  .
    La piété d'un de ses petits-fils fournit, à défaut d'un modèle peut-être trop rare pour être suivi, les éléments d'une réflexion sur quelqu'un qui s'efforça de son mieux de jeter un pont entre deux peuples que l'histoire a rapprochés sans qu'ils le souhaitent, puis séparés alors qu'ils avaient tant à gagner à demeurer proches.
  • Djamil Aïssani et Mohamed Réda Békli, Polytechniciens en Algérie au XIXe siècle, Palaiseau, Société des amis de la Bibliothèque et de l'Histoire de l'École polytechnique, coll. « Bulletins de la SABIX » (no 64), , 165 p. (ISSN 2114-2130, OCLC 899733679, lire en ligne), « Cadi Chérif (X 1887, 1867-1939), premier polytechnicien algérien », p. 127-133.

Ouvrages sur l'Algérie

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Ouvrages sur l'armée française

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Ouvrages sur la première guerre mondiale

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Liens externes

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Sites Internet

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Vidéos

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Notes et références

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  1. Si Chérif Ben el Arbi est le nom inscrit au certificat de notoriété daté du de son dossier de l'ordre national de la Légion d'honneur qui précise : « que le dit Si Chérif Ben Larbi Cadi est né le vingt deux octobre mil huit cent soixante sept aux Beni Yahya commune mixte de la Sefia arrondissement de Guelma département de Constantine Algérie du légitime mariage d'entre Si Larbi ben Ahmed Cadi lors maître d'école arabe et la dame Halima bint Nafa demeurant ensemble aux Beni Yahya où ils sont depuis décédés le père en l'année mil huit cent soixante huit et la mère en l'année mil huit cent quatre-vingt quatre[2] ».
  2. Ce douar, qui appartient à la tribu des Hanenchas, ne comprend que quelques centaines de personnes issues de la fraction des Kbeltiyas[4],[5].
  3. La commune mixte de Souk Ahra est créée par arrêté du à l'aide de territoires distraits de la commune mixte (civile) de la Séfia (centre de population de Zarouria, quatre douars et deux tribus). [lire en ligne]
  4. La commune mixte de la Sefia tire son nom de celui de la chaîne montagneuse qui traverse l’ancien caïdat des Sefia organisé en 1859. Elle fut créée par l’arrêté gouvernemental du avec Souk Ahras comme chef-lieu. À sa création, elle est donc sous l’égide administrative de la sous-préfecture de Bône et de la préfecture de Constantine. [lire en ligne]
  5. « M. le capitaine Cadi (si Chérif ben El arbi)[7]. Ancien élève du lycée d'Alger et de l'École polytechnique, capitaine commandant au 3e bataillon d'artillerie à Bizerte. Issu d'une famille arabe hilalienne, dont l'un des membres, Sidi Embarek ben Kablout, a fondé une zaouïa où il est enterré, près de Khenchela (Constantine). Son tombeau est l'objet d'une grande vénération dans le pays. Les fonctions de magistrat musulman sont, pour ainsi dire, héréditaires dans cette famille, ce qui explique le nom patronymique qu'elle a adopté. M. Cadi a quatre frères :
    1. Si Tahar ben El arbi Cadi, ancien magistrat, agriculteur à Souk Ahras, officier de la Légion d'honneur[8].
    2. Si Ahmed ben El arbi Cadi, ancien magistrat, chevalier de la Légion d'honneur[9].
    3. Si Abdallah ben El arbi Cadi, cadi de Mondovi (Constantine), chevalier de la Légion d'honneur,
    4. Si Abdelkader ben El arbi Cadi, cadi de Cheria (Constantine), proposé pour chevalier de la Légion d'honneur. »
  6. Arbi ben Cadi ben Ahmed, le père de famille, né en 1810 et qui décédera en 1868 peu après la naissance de Chérif, a également vu le jour dans ce douar où ses propres parents ont élevé de nombreux enfants[5].
  7. Il n'existe pas encore de « bureau de bienfaisance musulmane » pour attribuer une aide aux étudiants les plus démunis. Celui-ci fut créé à Souk Ahras le [15].
  8. Un autre étudiant algérien, Ahmed Ahtchy, né à Alger en 1856 et ancien élève du lycée de cette ville, avait été déclaré admissible aux épreuves écrites du concours d'admission à École polytechnique, mais ayant échoué à l'oral, il s'orienta vers une carrière juridique[18]. Ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale que furent admis dans cet établissement d'abord Mouloud Omar[19] puis Salah Mohand Bouakouir[20], nommé en 1958 secrétaire général pour les affaires économiques de la Délégation générale de l'Algérie.
  9. De 1866 à 1919, ceux qui n'ont pas obtenu la qualité de citoyens français contre renonciation à leur statut d'indigénat, n'ont accès qu'à un nombre limité d'emplois, conformément aux dispositions du décret du [22] et celui du . Ce n'est qu'en 1928 qu'un autre décret assimile ces jeunes aux élèves français à condition qu'ils prennent la nationalité française. C'est pourquoi Chérif Cadi n'est admis à concourir qu'à titre étranger et de manière exceptionnelle en s'engageant à renoncer à son statut personnel à l'issue des deux années de scolarité[21].
  10. La procédure de naturalisation fut des plus rapides pour Chérif Cadi. En effet elle présentait un caractère d'urgence en raison du départ imminent du jeune polytechnicien en école d'application. Ce fut donc le général commandant l'École, Pierre Charles Henry[23],[24] — il a fait les campagnes d’Algérie de 1854 à 1865 — qui prit l'initiative de saisir le ministre de la Guerre. Il précisait dans la transmission du dossier : « Je dois avouer que les sacrifices que s'est imposés la famille de l'intéressé, les efforts qu'il a faits lui-même pour entrer à l'École polytechnique, son travail assidu et son excellente conduite depuis qu'il s'y trouve, lui constituent les titres les plus sérieux à une naturalisation qui paraît s'imposer ». Quant à Cadi, il faisait valoir dans sa demande que quatre de ses frères « étaient dans la magistrature française » et que lors de son entrée à l'École on l'avait assuré verbalement que sa naturalisation interviendrait dès qu'il aurait atteint sa vingt et unième année. Il faisait observer qu'il avait « l'honneur d'être le premier des Algériens qui soit entré à École »[25].
  11. La plupart des algériens musulmans de sa génération, y compris les mieux disposés envers la France, se refusent à faire ce sacrifice. Ils n'ignorent pas en effet que la démarche leur vaudrait d'être traités de renégats par les autres musulmans[27]. L'attitude de Chérif Cadi apparaît à l'opposé de celle d'un autre officier algérien, le capitaine Khaled, petit-fils de l'émir Abd El-Kader, qui, bien qu'admis à Saint-Cyr en 1893, refuse la « naturalisation »[28].
  12. La présence d'un officier français d'origine algérienne dans ce corps d'armée prend figure de symbole, sinon de provocation. Dès cette époque, Chérif Cadi n'a de cesse d'affirmer ce que l'on appelle déjà son arabité. Sans renoncer à la solidarité tacite qui unit le corps des officiers de cette armée d'Afrique, il ne veut abdiquer sa liberté d'expression quant au sort réservé à ses compatriotes et n'a de cesse de les soutenir et de montrer qu'ils sont capables de servir dans des armes dites savantes[32].
    Les appréciations sur sa manière de service sont déjà élogieuses : « très bon officier, vif, très intelligent, dont la conduite militaire est irréprochable », à l'exception de celles de l'année 1895 où il lui est reproché un manque de pondération au moment de l'affaire Dreyfus pour lequel Chérif Cadi prend ouvertement parti au mépris de la hiérarchie militaire. Cette affaire marque un tournant dans sa vie[33].
  13. Bizerte et son port militaire sont alors en quelque sorte le Gibraltar français : par son site exceptionnel, le port constitue un réseau défensif redoutable. Pour contrôler un large espace de mer, l'artillerie y a aménagé de solides fortifications et installé des armements importants. À la veille de la Première Guerre mondiale, des batteries de gros calibres (240) disposées des deux côtés du canal conduisant vers le lac de Bizerte, sont destinées à couler les bâtiments ennemis qui s'y hasarderaient à une distance d'une dizaine de kilomètres. Pour détruire des bâtiments plus légers, sont annexés des canons de petits calibre. Un ensemble de batteries complète ce système pour neutraliser des attaques venues de terre[35]. Les marins le considèrent comme le verrou de la Méditerranée occidentale et le point d'articulation de la route Gibraltar - Malte - Suez, route maritime essentielle depuis l'ouverture du canal de Suez. Contrôlant directement l'accès au bassin oriental de la Méditerranée, ce port de guerre parfaitement abrité est à l'époque considéré comme l'un des meilleurs du monde..
  14. Si les femmes européennes témoignent à l'époque pour nombre d'entre elles une certaine sympathie pour les algériens, cela ne les conduit pas toutefois à consentir à les épouser. L'Islam brandissait ses anathèmes, l'Europe tirait les conséquences de l'inégalité sociale des uns et des autres. Pourtant il était exceptionnellement rare qu'une femme européenne ait été contrainte de renoncer à sa religion[37].
    Pour obtenir l'autorisation de mariage de sa hiérarchie, le capitaine Cadi doit se soumettre aux règlements en vigueur dans l'armée. Afin d'éviter la gêne dans les familles d'officiers, les textes réglementaires édictaient une double enquête civile et militaire sur la position sociale de la future épouse et la production d'un contrat de mariage justifiant du montant de la dot. En effet une circulaire de 1843 impose un apport dotal minimum, soit un revenu de 1 200 F au moins. Ces contraintes entraînaient une proportion non négligeable de célibataires parmi les officiers[38],[39].
  15. Ainsi du au nul ne remarque qu'à proximité du champ de manœuvre où les batteries allemandes essayent leur armement, se tient un marchand de tapis, vêtu à l'oriental, qui observe à loisir le comportement des nouvelles pièces d'artillerie. Une tradition orale, longtemps entretenue à Souk Ahras, rapporte que Chérif Cadi est l'initiateur de certains perfectionnement du canon de 75.
  16. Sa femme Jeanne supporte avec peine le climat froid et humide du Berry. Sa santé donne des signes de défaillance et le médecin militaire de la garnison a diagnostiqué une pleurésie dont elle se remet difficilement. Le médecin conseille au couple de vivre de nouveau à proximité du rivage méditerranéen. Sa solde de capitaine de 1re classe[43] est par ailleurs insuffisante pour subvenir en 1908 aux dépenses de son foyer. Au début du XXe siècle, avec sa solde, « un officier célibataire peut à la rigueur subvenir à son entretien, mais s'il est marié, il assurera difficilement l'entretien de sa famille, parfois même misérablement[44] ». Chérif Cadi n'échappe pas à cette pénible condition, et en outre, à ces soucis professionnels s'ajoutent les préoccupations tenant à la situation en Algérie où, après une importante épidémie en 1903, le typhus fait une nouvelle apparition jusqu'en 1911. Il atteint son paroxysme dans le Constantinois durant l'hiver de famine de 1909. Les maigres récoltes de la ferme familiale[45] ne suffisent pas à assurer la subsistance des frères de Chérif Cadi qui se trouve contraint de les aider malgré la modicité de ses revenus : il ne peut se soustraire à cette obligation de charité que lui impose le Coran[46].
  17. Cet avancement ne lui procure que peu de satisfaction. En 1911 et 1912 la mort a emporté ses deux frères aînés qui l'avaient aidé, avec une rare opiniâtreté, à forger son destin. Puis quelques mois plus tard, le , son épouse meurt à son tour dans leur appartement de Mateur, laissant un mari accablé de chagrin mais résigné devant le malheur[51],[6].
  18. Le , vers 4 heures du matin, le croiseur allemand Breslau entre tous feux éteints dans le golfe de Bône et s'approche du port. Il arbore un pavillon anglais et, après avoir viré de bord, fait feu sur la ville. Peu après, le croiseur Goeben, arborant pavillon russe, attaque la ville de Philippeville. Les premières victimes françaises de la guerre 1914-1918 sont des algériens[52],[53].
  19. C'est à tort que Kateb Yacine lui reproche d'avoir participé[54] à la campagne du Maroc. Ses états de service n'en font aucune mention[3].
  20. Il adresse le une requête au ministre de la Guerre, Adolphe Messimy, qui exprime en peu de mots ses sentiments : « Mon désir de combattre est rendu légitime par les circonstances suivantes. Dès le début de la mobilisation, les indigènes d'Algérie et de Tunisie, mes frères de race et de religion, sont venus se mettre à notre disposition pour compléter nos rangs et beaucoup d'hommes de mon pays sont en ce moment au combat. Or depuis la mort de mon frère aîné, je me trouve investi des devoirs de chef de famille et des fractions de tribu : nos traditions veulent que le chef soit au combat en même temps que les siens[55] ».
  21. Le commandement des armées est alors confronté à la retentissante désertion en , à Bailly dans le secteur de la Somme, du lieutenant Rabah Boukabouya servant au 7e régiment de tirailleurs algériens. Cet officier très estimé de ses hommes a rejoint les lignes ennemies en compagnie de 78 soldats et sous-officiers de son unité. Il imite ainsi certains de ces algériens, en majorité originaires de la région constantinoise, qui fuient les combats[57],[58]. Comme la plupart des prisonniers musulmans, le lieutenant Rabah Boukabouya est interné en Allemagne au camp du Croissant à Wunsdorf-Zossen, proche de Berlin. Il y est l’objet des plus flatteuses attentions[59], et par la suite il devient officier dans l’armée ottomane et se livre depuis la Suisse à une intense propagande contre la politique de discrimination menée par les autorités françaises[60],[61].
  22. Pour reprendre l’expression de Mohamed El Aziz Kessous « sa génération était intellectuellement française, bien qu’elle eût conservé sa religion, sa langue, ses mœurs et surtout qu’elle ne conçût d’autre cadre à la vie politique que celui de la France[1] ». Le commandant de la 26e division à laquelle son groupe d’artillerie est rattaché, note à son dossier : « Le commandant Cadi a donné complète satisfaction aux chefs nombreux, sous lesquels il a eu à servir depuis le début de la campagne. Lorsque le général Boëlle, commandant le IVe Corps d'Armée, dut quitter le front, il tint à lui adresser une lettre particulièrement élogieuse pour le remercier des nombreux services qu’il avait rendus[62] ».
  23. Lors de son départ vers sa nouvelle unité, le commandant de la 26e division tient à lui manifester sa satisfaction en inscrivant à son dossier : « Le Colonel ne veut pas laisser partir le commandant Cadi sans lui témoigner ses regrets. C’est un officier de haute valeur morale sur lequel on peut absolument compter[64] ».
  24. Depuis trois jours, cette place fortifiée est de nouveau assiégée par trois corps d’armée allemands qui ont percé les lignes françaises. Les assauts se succèdent à vingt ou cent assaillants contre un. Pour rompre cette pression, l’artillerie est appelée à la rescousse. L'unité de Chérif Cadi est engagée durant un mois dans la bataille défensive de cette ville et de sa ceinture de forts déployés sur 48 km. Elle est chargée de la protection du fort de Douaumont. Chaque canon tire sur une zone large de 750 mètres en direction des lignes ennemies. Par des feux croisés et concentrés, l’artillerie dresse ainsi une barrière contre les attaques. Le premier commandant de batterie qui aperçoit une fusée de l’infanterie ou un mouvement de l’ennemi déclenche ainsi les tirs de toutes les pièces du groupement[64].
  25. « Officier supérieur remarquable, a su obtenir de son groupe soumis fréquemment à des bombardements particulièrement intenses et meurtriers, une action continue et efficace. Il a su faire de son unité un groupe d’élite très soudé et particulièrement combatif qu’on appelle familièrement le groupe Cadi[66] ».
  26. Le journal de marche du 113e régiment fait état des épreuves qu’il subit. Entre Soissons et Compiègne, les batteries lourdes perdent la moitié de leur effectif. Dans un groupe, deux officiers survivent tandis que tous les canons sont détruits. Tout au long de sa vie, le chef d’escadron Cadi évoqua ces heures terribles et le souvenir de ses artilleurs qui continuaient à faire leur devoir et semblaient résignés à la mort[64].
  27. C'est aussi le sort réservé à ses frères venus d’Afrique du Nord. En raison de la discrimination dont ils font l’objet, la rancœur grandit et les protestations se multiplient chez les Maghrébins, émanant aussi bien d’officiers que d’hommes de troupe. Ainsi aucun officier indigène ne peut obtenir la permission d’une semaine donnée à tous les soldats français après hospitalisation. Le règlement confirme même l’interdiction des permissions dans les familles françaises[57]
  28. Le , le général commandant la 12e région militaire à Limoges reçoit l’ordre de le mettre en route d’extrême urgence sur Bône. Un second télégramme du précise « Commandant Cadi, du 113e régiment d’artillerie lourde, est désigné pour une mission militaire en Égypte. Veuillez lui faire payer immédiatement à Limoges une nouvelle indemnité d’entrée en campagne, soit mille francs, et le mettre en route sans délai sur Bône (Algérie)[67] ». Enfin un troisième message est adressé au général gouverneur de Marseille ainsi qu’au commandant d’armes de Bône, dans les termes suivants : « Cet officier supérieur devra être embarqué à Marseille dès son arrivée, sur le port d’Algérie ou de Tunisie lui permettant de gagner le plus rapidement sa destination ». Il est enjoint aux autorités militaires de Bône de « mettre en route le Commandant Cadi 48 heures après son arrivée à Bône, sur Paris en le dirigeant sur le port d’embarquement lui permettant de gagner le plus rapidement possible cette destination[67] ».
  29. Le général Hamelin est nommé à l'issue de la guerre commandant en chef des Troupes du Levant[69].
  30. L’interruption brutale d’un long congé de convalescence motivé par le paludisme et une dépression nerveuse, appelle une interrogation. Le chef d’escadron Cadi était-il véritablement atteint de ces affections graves lorsqu’il quitta le front ? En effet, cette mission s’organisait dans le plus grand secret au sein de la section Afrique du Ministère de la Guerre et du Ministère des Affaires Étrangères. Il était donc nécessaire de justifier le départ de cet officier supérieur sans éveiller de soupçons. En outre le déplacement très rapide qui lui était imposé à Bône ne pouvait être uniquement motivé par des considérations familiales. En revanche la mise en œuvre de cette mission exigeait une concertation en Algérie. Il fallait rechercher et désigner non seulement les personnels militaires de la mission mais aussi diverses notabilités algériennes susceptibles de les accompagner. Ce fut le but de ce déplacement.
    Le prestige de Chérif Cadi comme son ascendant auprès de certaines élites était de nature à les convaincre de participer au projet en cours d’élaboration. Enfin le déroulement de ce qui devint une expédition militaire dans la péninsule arabique, démontra durant de nombreux mois qu’il ne souffrait pas d’une affection majeure. Néanmoins le Colonel Hamelin, responsable de la section Afrique, nota au dossier de cet officier : « Bien qu’insuffisamment rétabli, le Commandant Cadi a renoncé à son congé de convalescence pour accepter d’être désigné comme chef d’escadron de la portion Arabie de la mission militaire d’Égypte (Décision ministérielle du ). Bien qu’il n’ignorât pas les difficultés, les fatigues et les dangers qui l’attendaient, il a tenu à ne pas laisser échapper cette occasion de servir son pays dans une mission que nul n’était plus qualifié que lui à remplir en raison de ses sentiments d’excellent français, de bon musulman, et de ses connaissances générales et techniques[72] ».
  31. Des mesures exceptionnelles de sécurité sont prises. L'équipement de transmission du paquebot Orénoque[73] a été vérifié au départ et à Alger on l'a équipé d'un canon de 140. Depuis le cap Bon des bâtiments de la Marine nationale escorte le paquebot. Tandis qu'il approche des côtes d'Égypte, on apprend que le pèlerinage turc dirigé par un nouveau chérif de La Mecque que les autorités de Constantinople ont nommé pour la circonstance a quitté la ville sainte de Médine. Précédé par une force régulière ottomane de 12 000 soldats équipés de canons de gros calibre, il s'efforce de rejoindre La Mecque. Benghabrit, Brémond et Cadi se concertent : ils ne veulent pas donner au pèlerin le spectacle d'une lutte qui opposerait Turcs et Arabes et où les troupes du Chérif Hussein pourraient subir un revers. Mais le , leur parvient la nouvelle de la capitulation des forces turques devant Taëf. Dès lors le pèlerinage bénéficie d'un répit de quelques semaines et l'Orénoque poursuit sa route[68].
  32. Le ministère des Affaires étrangères n'a pas épargné ses efforts pour attirer les faveurs du maître du Hedjaz. Sur le crédit de 3 500 000 F alloué par le ministre des Finances pour les frais de mission, on a fait l'acquisition de nombreux bijoux et d'orfèvrerie. Au Chérif on offrira une bague avec brillants d'une valeur de 40 000 F, une pendule en émail avec deux candélabres, un lustre, etc. Ses épouses recevront deux bagues serties de brillants et d'émeraudes, des soieries de Lyon, des bijoux algériens et des parfums. À cela s'ajouteront vingt kilos de dragées que le préfet du Rhône a reçu l'ordre d'acheter chez Boissier à Lyon. De nombreux présents seront également donnés à chaque fils, auxquels s'ajoutent les cadeaux personnel du Bey de Tunis et du Sultan du Maroc. En sus, le chef de délégation a pour mission de remettre au Chérif la contribution de la France à son effort de guerre ; 1 250 000 Francs or contenus dans des caisses[68],[4].
  33. La révolte des tribus de l'ouest et du centre de l'Arabie contre les Turcs constitue un événement important de la Première Guerre mondiale. L'Empire ottoman entre en guerre contre les pays de la Triple-Entente le , en tant qu’allié de l’Allemagne[74]. La motivation principale des Ottomans dans cette guerre est de combattre l'Empire russe qui cherche à prendre le contrôle des détroits. Les Britanniques cherchent le soutien arabe pour ouvrir un nouveau front au sud de l'Empire ottoman. Ils envoient des émissaires au chérif de La Mecque Hussein ben Ali, dont le fameux Lawrence d'Arabie. Les Alliés poussent l'émir Hussein ben Ali, chef de la dynastie des Hachémites, et grand Chérif de La Mecque à se révolter. En échange, Hussein ben Ali reçoit de Henry McMahon la promesse de l'indépendance arabe sur les territoires ainsi libérés.
  34. Le général Nivelle note à son dossier : « Je ne suis pas sûr que le colonel Cadi, indigène naturalisé, aurait l'autorité nécessaire pour commander un régiment d'artillerie. Peut-être ferait-il un commandement d'établissement. Il est prudent d'attendre son rétablissement ». Et le notateur ajoute qu'il ignore les services rendus par cet officier au Hedjaz dont les opérations militaires lui semblent inconnues[89] !.
  35. Appréciée pour son ton d'ordinaire mesuré et sérieux, cette revue publie, sous le titre L'Algérie du centenaire, les impressions de Georges Wagner qui a fait partie d'une des nombreuses caravanes de parlementaires et de journalistes qui ont traversé la mer pour découvrir l'Algérie. Il s'interroge sur les problèmes d'avenir et sur l'assimilation des Algériens et tient sur Cadi des propos volontairement malveillants : « Jadis, un musulman entra à l'École polytechnique, fit sa carrière comme officier d'artillerie, prit sa retraite comme colonel et revint en Algérie. Pendant quarante-cinq ans, il avait vécu en Européen, sans se soucier des coutumes et de la religion de ses ancêtres, mais le voilà dans la maison de ses pères, alors tout le passé revient subitement, il jette son uniforme, son képi, il prend le burnous et la chéchia, se remet à manger le méchoui et le couscous avec ses doigts... L'homme du désert est revenu »[101],[102].
  36. « Dans votre numéro du , vous avez publié, en me visant de façon sûre, un article de diffamation contre moi. Sachez que le colonel Cadi, premier polytechnicien de sa race, n'a jamais porté le burnous depuis qu'il est français, sauf pendant la guerre où, remplissant une mission auprès du Chérif de La Mecque, il a dû prendre le costume arabe, par ordre du gouvernement pour aller sur les Lieux Saints de l'Islam, dont sa famille est originaire. Mahométan convaincu, j'ai rempli avec dévotion tout le rite du pèlerinage et le récit en a été fait dans Terre d'Islam.
    Dans ce livre, j'ai donné les directives les plus sûres pour le relèvement du peuple dont je fais partie, dans le but de réaliser une plus grande France. Quant à ma manière de vivre, vous saurez qu'avec ma famille composée de ma femme, une Française, veuve de guerre, et mes enfants adoptifs dont le père est mort pour la France le , elle est toute française et conforme à celle des Français de son milieu. De ces deux enfants que Dieu a placés sous ma protection depuis 1918, j'ai fait deux hommes aujourd'hui installés dans ma propriété comme colons. Détail particulier, l'aîné Robert Bertrand-Cadi a rempli son devoir de militaire et se trouve être maréchal des logis radio de l'artillerie de réserve. Le second, René, à qui j'ai fait faire des études à l'école d'agriculture de Philippeville, en est sorti ingénieur agricole et attend son incorporation.
    D'ailleurs ce nom de Bertrand-Cadi est un symbole. Il signifie que l'œuvre de civilisation française a eu pour résultat l'alliance intime entre les mahométans et les bons Français de France et que, dans l'avenir, les deux peuples que rien de sérieux ne sépare, ne feront qu'une seule nation, la nation française, destinée à absorber tous les peuples qui, comme le mien, vivront sous le drapeau tricolore, malgré l'opposition injuste et contraire à l'intérêt de la France, de certains éléments algériens ou autres qui ne veulent pas de nous[101] »
    .
  37. « Mon vieux frère, magistrat musulman et décoré aussi[8], présidait la réunion. Ma femme, en très bonne chrétienne, fut accueillie joyeusement par tout mon monde mahométan, à cause de la fermeté de sa croyance. Mon frère aîné l'appelait sa fille et l'accompagnait à l'église chrétienne, à l'office du dimanche. Ma femme ayant manqué la messe un dimanche, il lui fit remarquer sa désobéissance à un commandement de son église : ce trait de mœurs indique la tolérance religieuse dans le milieu musulman qui pratique la doctrine mahométane par connaissance et non par fanatisme[38],[111]. »
  38. C'est à Bourges que le hasard conduit Chérif Cadi vers l'abbé Théophile Moreux, météorologue et astronome[41]. Les deux hommes éprouvent d'emblée une sympathie réciproque. Tout les rapproche : un même âge, un enthousiasme fort à l'égard de l'astronomie et un engagement religieux exigeant. Ensemble ils font de nombreuses observations. Théophile Moreux et Paul Painlevé parrainent Cadi qui devient en membre de la Société astronomique de France créée en 1887 par Camille Flammarion. Le , le capitaine Cadi participe à l'observatoire de Bourges en compagnie du savant et de son équipe, à une étude astronomique sur le passage de Mercure qui donne lieu à une publication[113],[114].
  39. « Cadi, Si chérif ben el Arbi chérif Yves, capitaine en 2e à la direction de Bizerte ; 19 ans de services, 12 campagnes[110]. »
  40. « M. Cadi Si Chérif ben El Arbi Chérif (Yves), chef d'escadron d'artillerie (artillerie lourde d'un corps d'armée, 16e rég. d'artillerie, groupe 6) : officier supérieur ayant de nombreuses campagnes et qui s'est signalé au cours de la campagne par ses belles qualités militaires. (Croix de guerre[63].) »

Références

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  2. a b c d e et f « Dossier Leonore de Cadi Si Chérif Ben Larbi »
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  9. « Cote LH/2513/69 »
  10. Jean-Yves Bertrand-Cadi 2005, p. 26
  11. Jean-Yves Bertrand-Cadi 2005, p. 34-35
  12. L'enseignement en Algérie : Le premier lycée de Constantine
  13. Jean-Yves Bertrand-Cadi 2005, p. 36
  14. Jean-Yves Bertrand-Cadi 2005, p. 37
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  18. Alfred Le Chatelier et Ismaël Hamet 1906, p. 203-204 [lire en ligne]
  19. Mouloud, Omar (X 1919S ; 1895-1975).
  20. Bouakouir, Mohand Salah (X 1928 ; 1908-1961).
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  22. Sénatus consulte du 14 juillet 1865 sur l'état des personnes et la naturalisation en Algérie.
  23. Henry, Pierre Charles (X 1847 ; 1827-1916).
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