Bataille de Saint-Florent-le-Vieil (1795)

La bataille de Saint-Florent-le-Vieil a lieu le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains qui repoussent une attaque des Vendéens à Saint-Florent-le-Vieil.

Bataille de Saint-Florent-le-Vieil
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Informations générales
Date
Lieu Saint-Florent-le-Vieil
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Simon Canuel Jean-Nicolas Stofflet
Forces en présence
Inconnues 3 000 hommes[1]
1 canon[2],[3]
Pertes
1 mort[4]
7 blessés[4]
~ 30 morts[4]
7 prisonniers[4]
1 canon capturé[4],[3]

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 47° 21′ 44″ nord, 1° 00′ 54″ ouest
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Bataille de Saint-Florent-le-Vieil
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Bataille de Saint-Florent-le-Vieil
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Bataille de Saint-Florent-le-Vieil

Prélude

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Venue de Nantes, la colonne du général Simon Canuel franchit la Loire en bateau à Varades dans la nuit du 15 au 16 mars et s'empare de Saint-Florent-le-Vieil, où elle met en fuite une centaine d'insurgés[5],[6]. Le lendemain, elle est rejointe par la colonne de l'adjudant-général Hauteville[7], qui s'est emparée de Chalonnes-sur-Loire le 14[5],[6]. Un drapeau tricolore est placé en haut de l'abbaye et un arbre de la liberté est planté par les républicains[6]. Le général vendéen Stofflet mobilise alors ses forces avec l'intention reprendre Saint-Florent-le-Vieil[5],[2].

Forces en présence

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Selon le rapport[Note 1] au Comité de salut public du représentant en mission Louis Prosper Lofficial, Stofflet mène l'attaque de Saint-Florent-le-Vieil avec 3 000 hommes et une pièce d'artillerie[4],[2]. Dans ses mémoires[Note 2], Bertrand Poirier de Beauvais, le commandant de l'artillerie vendéenne, indique qu'il dirige lors de ce combat le dernier canon encore aux mains de l'armée d'Anjou[3],[2].

Dans son rapport, Loffical accuse également le commissaire ordonnateur des vivres à Angers de négligence[2]. Il affirme que ce défaut de vivres à forcé « les soldats à se répandre dans la campagne et à piller » et qu'au moment de l'attaque, la garnison était « à jeun et tombait de besoin »[2].

Déroulement

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Le 22 mars[7],[8], dans l'après-midi[5], l'armée d'Anjou attaque les deux colonnes républicaines réunies à Saint-Florent-le-Vieil[1]. Les républicains attendent les Vendéens au chemin des Trinqueries, où ils ont coupés tous les arbres pour bénéficier d'un terrain dégagé[5]. Les fantassins prennent position derrière des petits retranchements édifiés à la hâte avec des pierres entassées jusqu'à hauteur de ceinture[5],[1],[3].

Ces retranchements procurent alors une position avantageuse aux républicains et dans ses mémoires Bertrand Poirier de Beauvais juge que Stofflet fait une erreur en faisant attaquer en ligne plutôt qu'en ordre profond[3]. Après seulement une demi-heure de fusillade, les Vendéens sont déjà à court de munitions et battent en retraite[1],[3]. La cavalerie républicaine les suit jusqu'à Chaudron-en-Mauges[3]. L'armée de Stofflet regagne alors Maulévrier[1],[3].

Selon le rapport de Lofficial, les pertes républicaines sont d'un homme tué et de sept blessés, tandis que les Vendéens perdent une trentaine d'hommes et laissent sept prisonniers, dont un chef[4]. Les chasseurs francs capturent également l'unique pièce d'artillerie vendéenne[4],[2],[3],[7]. Les prisonniers sont conduits au général Canclaux qui obtient d'eux des renseignements sur le dépôt des armes et des munitions de l'armée d'Anjou[2].

Bertrand Poirier de Beauvais écrit quant à lui dans ses mémoires : « nous perdîmes peu de monde, mais nous eûmes à regretter le commandant des chasseurs, Marioneau »[3].

Dans ses mémoires[Note 3], le chef de division Louis Monnier évoque également la perte du dernier canon de l'armée — une pièce de 12 livres — et celle de Marionneux, qu'il présente cependant comme un canonnier[9].

Conséquences

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Stofflet se replie sur Maulévrier avec trois colonnes de Canclaux à ses trousses[7]. Dans les jours qui suivent 28 000 républicains envahissent les Mauges[1],[10],[11] et se rendent maîtres de Cerizay, Bressuire, Châtillon, Maulévrier et Chemillé[3]. Entre le 27 et le 31 mars, une colonne républicaine reprend possession de la ville de Cholet[8]. L'adjudant-général Becker est alors détaché pour engager des propositions de paix[7]. Le 26 mars, Stofflet signe un cessez-le-feu à Cerizay[11]. Le 6 avril, il rencontre Canclaux et neuf représentants en mission près de Mortagne-sur-Sèvre[11].

Stofflet tergiverse pendant quelques semaines et attend les résultats des négociations de la Mabilais menées avec les chouans[7]. Finalement le 2 mai, il signe la paix au château de la Baronnière, l'ancienne demeure du général Bonchamps, près de Saint-Florent-le-Vieil, aux mêmes conditions qu'à La Jaunaye[7],[8].

  1. « Stofflet, à la tête de trois mille hommes, a attaqué hier Saint-Florent; il a été repoussé et a perdu la seule pièce de canon en bronze qui lui restait avec six chevaux, enlevés par les chasseurs francs. Il a trouvé son salut dans la fuite, avec perte d'une trentaine d'hommes ; sept ont été pris, un chef est de ce nombre. Nous avons un homme tué et sept blessés.

    Le rapport des prisonniers est que Stofflet a mis en réquisition tous les hommes du pays qu'il occupe, depuis dix-sept jusqu'à quarante-cinq ans ; qu'il ne pourrait effectuer au plus que sept à huit mille hommes, dont six mille à peine armés, et qu'il manque absolument de poudre. Le jour de l'attaque de Saint-Florent, il n'avait fait distribuer que deux cartouches à chacun de ses soldats[4]. »

    — Rapport au Comité de salut public du représentant en mission Louis Prosper Lofficial, le 23 mars 1795 à Ancenis

  2. « Deux colonnes républicaines étaient donc réunies à Saint-Florent, et d'autres s'avançaient d'ailleurs ; les premières menaçant de plus près, c'est sur elles que nous nous déterminâmes à marcher.

    On fit un nouveau rassemblement pour renforcer celui que nous avions, et le 22 mars nous fûmes attaquer les républicains à Saint-Florent ; ils nous attendaient en dehors de la place, derrière de petits retranchements en pierre qu'ils avaient élevés à la hâte.

    Cette ville est une espèce de pain de sucre ayant la campagne en face, au midi, et la Loire derrière, au nord. Ses deux côtés, surtout celui du couchant, sont plus abordables que la face qui répond au midi, et c'est néanmoins par là que Stofflet voulut obstinément attaquer. Tous les bois autour de la place étaient coupés, on ne pouvait donc surprendre l'ennemi ; mais aussi nous pûmes distinguer aisément toutes ses dispositions.

    Nous avions amené avec nous une pièce ; c'était notre dernière. Quelques-unes de celles que l'on avait cachées avant le passage de la Loire étaient perdues par la mort de ceux qui en avaient le secret, et l'ennemi était maintenant en possession du surplus.

    Je pris les devants pour voir où je pourrais poser la pièce, et m'arrêtai avec quelques cavaliers à peu près à trois champs de distance de la ligne républicaine, que nous découvrions facilement et dans laquelle il paraissait y avoir beaucoup d'ordre. Leurs tirailleurs n'étant qu'à un champ d'intervalle de nous, cela empêcha d'aller jusqu'à l'embouchure du chemin.

    Stofflet arriva avec l'armée, et chacun paraissait disposé à bien faire. Il me fit apporter la pièce d'un champ plus près que celui où je l'avais mise en batterie ; ce qui avait deux grands inconvénients.

    Le premier, parce que j'étais beaucoup plus bas, et qu'à raison de cela, pour ne pas toucher nos gens, je ne pouvais tirer que sur un coin de l'aile droite de l'ennemi sur la hauteur ; le second, c'était que si nous avions un désavantage, la pièce était nécessairement perdue, n'étant qu'à cent cinquante pas au plus de la première ligne des républicains.

    Stofflet déploya sa colonne au débouché du chemin dont j'ai parlé et sous le feu de l'ennemi, lequel n'avait point de canon.

    C'était le cas de ne pas déployer entièrement sa colonne, mais de s'avancer en ordre profond. Les retranchements sans fossés, faits avec des pierres entassées à hauteur de ceinture, n'étaient pas capables d'arrêter nos soldats, et l'attaque se faisant avec impétuosité sur la droite ou sur la gauche, cette manière eût suppléé au défaut de poudre.

    Au contraire, en attaquant sur l'étendue de la circonférence, les républicains conservaient l'avantage de leurs retranchements, et notre ligne était alors trop faible pour les forcer, joignant à ce désavantage celui de n'avoir pas de cartouches suffisamment pour faire un feu vigoureux qui eût pu ébranler l'ennemi dans quelques endroits.

    Nous devions perdre la bataille... Nos soldats s'avancèrent et chargèrent à leur manière accoutumée, mais quand ils furent assez près pour distinguer parfaitement les retranchements, ne se sentant pas assez forts pour les forcer, ils se retranchent comme ils peuvent eux-mêmes, mettent pour la plupart un genou en terre, et dans cette posture répondent au feu des républicains.

    Sitôt que je m'en aperçus, je dis à Herpin, sergent d'artillerie, qui était à côté de moi : — Mon ami, la bataille est perdue... Nos gens s'arrêtent au lieu de marcher aux retranchements, bientôt ils vont manquer de cartouches et battre en retraite.

    Ce sergent (c'était le même qui s'était conduit si bravement à Doué) me demanda aussitôt l'ordre d'atteler la pièce. Je lui répondis que ce mouvement pourrait entraîner la déroute, je préférais perdre la pièce à me voir imputer la perte de la bataille.

    Ce que je craignais n'arriva que trop tôt... Ainsi que je l'avais prévu, notre monde, faute de munitions, soutint à peine une demi-heure le feu de l'ennemi, et, chacun se retirant après avoir épuisé ce qu'il avait de cartouche, la déroute devint bientôt générale.

    Nous voulûmes alors atteler notre pièce, mais comme elle était exposée à tout le feu de la ligne ennemie, plusieurs canonniers avaient été blessés, ainsi qu'une partie des chevaux de trait, malgré leur éloignement, et l'on ne put agir avec assez de promptitude.

    Un canonnier qui tenait un affût sur son épaule le laissa tomber. — Je suis blessé, dit-il. Il venait de recevoir une balle à l'épaule.

    Les républicains alors arrivèrent de tous côtés, se dirigeant sur la pièce : c'était à qui aurait l'honneur de la prendre. Nous fûmes donc obligés de nous retirer, et nous n'étions pas hors du champ que les soldats républicains l'avaient déjà touchée, en criant : Vive la République!

    C'est ainsi que j'eus la douleur de me voir arracher notre dernière pièce d'artillerie, reste d'environ quatre cents gagnées sur l'ennemi, et l'honneur de commander les derniers coups de canon que la Vendée expirante tirait encore pour le rétablissement de la monarchie...

    Les républicains, avec quelque peu de cavaliers, nous suivirent jusqu'à la petite rivière que l'on trouve avant d'arriver au bourg de Chaudron. Le pays étant fourré, nous perdîmes peu de monde, mais nous eûmes à regretter le commandant des chasseurs, Marioneau, homme essentiel à ce corps et d'une bravoure extraordinaire.

    Nous nous arrêtâmes à Chaudron, et quelques débris de l'armée dispersée accompagnèrent le général, qui s'en retourna à Maulévrier.

    Les républicains avaient toujours faits des progrès dans leur marche, et étaient parvenus jusqu'à Châtillon. Il nous fallut quitter Maulévrier pour nous retirer à Cholet et faire un rassemblement, ce qui n'était pas aisé, l'ennemi coupant toutes les communications avec le reste de notre pays. Dès le 25, il s'était emparé de Cerisais, Bressuire, Châtillon, Maulévrier ; d'autres colonnes se dirigeaient vers Cholet, et devaient se porter de suite à Mortagne.

    Le 31 mars, les républicains étaient à Chemillé, et poussaient des patrouilles jusqu'à Jallais[3],[2]. »

    — Mémoires de Bertrand Poirier de Beauvais.

  3. « Dans la huitaine, il nous tomba considérablement de troupes sur le dos, qu'il fallut combattre : tous les jours nous étions aux prises. Le général avait fait culasser un cylindre en cuivre qu'on avait trouvé à Cholet; il portait le calibre de 12. Un habile serrurier de Maulévrier promit de le culasser et d'en faire une excellente pièce de canon ; il était destiné à nettoyer la Loire des chaloupes canonnières. Nous avions un très bon canonnier nommé Marionneux. Nous allámes attaquer Saint-Florent, où les bleus avaient monté beaucoup de troupes, parce que nous n'avions pas voulu faire la paix à la Jaunais. Nous perdîmes notre belle pièce de canon, et Marionneux qui la servait, ne voulut point la rendre sans tirer un dernier coup; il fut atteint d'une balle sur sa pièce. La paix suivit cette affaire, parce qu'il était impossible de tenir à une quantité de troupes comme il y en avait dans le pays[9]. »

    — Mémoires de Louis Monnier.

Références

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  1. a b c d e et f Gabory 2009, p. 474
  2. a b c d e f g h et i Chassin, t. I, 1896, p. 234-235.
  3. a b c d e f g h i j k et l Poirier de Beauvais 1893, p. 295-298.
  4. a b c d e f g h et i Savary, t. IV, 1825, p. 412.
  5. a b c d e et f Davy 1974, p. 100.
  6. a b et c Chassin, t. I, 1896, p. 231.
  7. a b c d e f et g Dumarcet 1998, p. 403-404.
  8. a b et c Hussenet 2007, p. 260.
  9. a et b Monnier 1894, p. 108.
  10. Gras 1994, p. 150.
  11. a b et c Tabeur 2008, p. 212-213.

Bibliographie

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