Abdication

renonciation volontaire au pouvoir souverain

L’abdication est l'acte selon lequel une personne renonce et cède d'elle-même sa fonction avant l'expiration du temps correspondant à l'exercice de celle-ci. Dans le droit romain, on appliquait le terme spécialement pour dépourvoir un membre d'une famille, comme déshériter un enfant. Aujourd'hui, ce mot s'utilise rarement sauf dans le sens de renoncer au pouvoir suprême d'un État. Un terme similaire pour un élu ou un fonctionnaire serait renonciation ; pour un salarié une démission.

Napoléon Ier signe son abdication avec le traité de Fontainebleau (1814), peint par François Bouchot (1843).

Étymologie

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La substantif féminin[1],[2],[3] « abdication » (prononcé [abdikasjɔ̃] Écouter en français standard)[2] est un emprunt[1],[2] au latin abdicatio[3], substantif féminin[4] dérivé de abdicatum[1], supin de abdicare[1], verbe[5] composé de préfixe ab traduisant l'éloignement, la séparation ou l'achèvement et de dicare, « proclamer solennellement qu'une chose sera »).

Abdications dans l'Antiquité

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Parmi les abdications les plus mémorables de l'Antiquité, on peut mentionner celle de Sylla le dictateur en 79 av. J.-C., et celle de l'empereur Dioclétien en 305.

La Couronne britannique

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L'abdication la plus connue de l'histoire récente est probablement celle du roi Édouard VIII du Royaume-Uni en 1936, qui abdiqua du trône britannique pour pouvoir se marier avec la divorcée Wallis Simpson, malgré les objections de l'establishment britannique, des gouvernements du Commonwealth, de la famille royale et de l'Église d'Angleterre (voir la crise d'abdication d'Édouard VIII). Ce fut aussi la première fois dans l'Histoire que l'on renonçait à la couronne britannique de façon entièrement [réf. nécessaire] volontaire. Richard II d'Angleterre, par exemple, fut forcé d'abdiquer après qu'il fut dépouillé du trône par son cousin, Henri Bolingbroke, en 1399, pendant que Richard se trouvait hors du pays.

Quand Jacques II d'Angleterre, après avoir lancé le grand sceau du Royaume dans la Tamise, fuit en France en 1688, il ne renonça pas formellement à la Couronne, et l'on discuta au Parlement la question de savoir s'il avait perdu son droit au trône ou s'il avait abdiqué. On s'accorda sur cette dernière version, car une assemblée générale des Lords et des Communes accorda « que le roi Jacques II s'étant efforcé de révoquer la constitution du royaume, en brisant le contrat originel entre le roi et le peuple, et, conseillé par les jésuites et d'autres personnes corrompues, ayant violé les lois fondamentales, et s'étant lui-même retiré hors du royaume, il a abdiqué du gouvernement et que le trône est vacant ». Le parlement écossais prononça un décret de forfaiture et déposition.

Étant donné que le titre de la Couronne dépend d'un statut, en particulier l'Acte d'établissement, une abdication royale ne peut s'effectuer que par une loi du Parlement. Pour donner un effet légal à l'abdication du roi Édouard VIII du Royaume-Uni, on dicta His Majesty's Declaration of Abdication Act 1936.

Abdications modernes

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L'abdication de Charles Quint par Louis Gallait (1841).

Historiquement, lorsqu'un monarque abdiquait, on percevait cela comme un abandon profond et choquant du devoir royal. En conséquence, les abdications avaient normalement lieu sous les circonstances de tumulte politique et de violences extrêmes (comme sous Charles X en France, sous Constantin Ier en Grèce ou sous Léopold III en Belgique).

Cependant, ceci a totalement changé pour un petit nombre de pays : les monarques des Pays-Bas, du Luxembourg, de Belgique, d'Espagne ou du Cambodge ont abdiqué en raison de leur âge avancé.

Au Liechtenstein, le prince Hans-Adam II, et avant lui son père, Franz-Joseph II, ont désigné leurs fils aînés régents, dans un acte qui équivaut à une abdication de fait, sinon de droit.

Ceci est une liste d'abdications importantes :

Sylla -79
Dioclétien 305
Isaac Ier Comnène 1059
Huizong, empereur chinois de la dynastie Song
Étienne II de Hongrie 1131
Albert Ier de Brandebourg 1169
Ladislas III de Pologne 1206
Jean d'Écosse 1296
Jean VI Cantacuzène, empereur d'Orient 1355
Richard II
Éric VII de Danemark 1439
Amédée VIII de Savoie 1440
Murad II, sultan ottoman 1444 et 1445
Charles Quint[6] 1555-1556
Christine de Suède
Marie Ire d'Écosse
Jean II de Pologne 1668
Jacques II d'Angleterre 1688
Auguste II de Pologne 1706
Philippe V d'Espagne 1724
Victor-Amédée de Sardaigne 1730
Ahmed III, sultan ottoman 1730
Charles de Naples (en accédant au trône d'Espagne) 1759
Stanislas II de Pologne 1795
Qianlong, empereur chinois de la dynastie Qing
Charles-Emmanuel IV de Sardaigne
Charles IV d'Espagne
Joseph Bonaparte de Naples
Gustave IV de Suède
Louis Bonaparte de Hollande
Napoléon Ier 4 avril 1814 et 22 juin 1815
Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne
Pierre IV de Portugal[7]
Charles X de France
Louis "XIX" de France[8]
Pierre Ier du Brésil[7]
Michel Ier de Portugal
Guillaume Ier des Pays-Bas
Louis-Philippe Ier
Louis Ier de Bavière
Ferdinand Ier d'Autriche
Charles-Albert de Sardaigne
Léopold II de Toscane
Isabelle II d'Espagne
Amédée Ier d'Espagne
Alexandre Ier de Bulgarie
Milan Ier de Serbie
Puyi, dernier empereur de Chine (abolition de la monarchie)
Nicolas II de Russie (abolition de la monarchie)
Guillaume II d'Allemagne (abolition de la monarchie)
Marie-Adélaïde de Luxembourg
Rama VII de Siam
Édouard VIII du Royaume-Uni
Charles II de Roumanie
Victor-Emmanuel III d'Italie
Wilhelmine des Pays-Bas
Léopold III de Belgique
Farouk Ier d'Égypte
Fouad II d'Égypte (abolition de la monarchie)
Charlotte de Luxembourg
Omar Ali Saifuddien III de Brunei
Juliana des Pays-Bas
Jean de Luxembourg
Norodom Sihanouk de Cambodge
Jigme Singye Wangchuck du Bhoutan
Benoît XVI (s'agissant d'un pape, on parle plutôt de renonciation)
Beatrix des Pays-Bas
Hamad ben Khalifa Al Thani
Albert II de Belgique
Juan Carlos Ier d'Espagne
Muhammad Faris Petra
Akihito du Japon
Margrethe II de Danemark

Notes et références

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  1. a b c et d « Abdication », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 26 septembre 2017].
  2. a b et c Informations lexicographiques et étymologiques de « abdication » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 26 septembre 2017].
  3. a et b Entrée « abdication » des Dictionnaires de français [en ligne], sur le site des éditions Larousse [consulté le 26 septembre 2017].
  4. (la + fr) Entrée « abdĭcātĭo », dans Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin-français, Paris, L. Hachette, 1934 (paru le ), 1re éd., 1 vol., 1702-XVIII, in-8o (26 cm) (OCLC 798807606, BNF 32138560, SUDOC 006209599, lire en ligne [fac-similé]), p. 4, col. 1 [consulté le 26 septembre 2017].
  5. (la + fr) Entrée « 1 abdĭco », dans Félix Gaffiot, op. cit., p. 4, col. 2 [consulté le 26 septembre 2017].
  6. Charles abdiqua comme roi des Pays-Bas () et d'Espagne (), en faveur de son fils Philippe II d'Espagne. Aussi en 1556, de façon séparée, il abdiqua volontairement de ses possessions allemandes et du titre d'empereur romain germanique.
  7. a et b Pierre IV de Portugal et Pierre Ier du Brésil étaient la même personne. Il était déjà empereur du Brésil quand il succéda au trône du Portugal en 1826, mais il en abdiqua tout de suite en faveur de sa fille Marie II de Portugal. Plus tard il abdiqua du trône du Brésil en faveur de son fils Pierre II.
  8. Louis-Antoine de France contre-signe l'acte d'abdication de Charles X, renonçant ainsi à ses droits à la Couronne au profit d'Henri "V".

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jacques Le Brun, Le Pouvoir d'abdiquer. Essai sur la déchéance volontaire, Gallimard, 2009.
  • Alain Boureau et Corinne Péneau, Le deuil du pouvoir - Essais sur l'abdication, Les Belles Lettres, 2013.
  • Charles-Éloi Vial, Le Siècle des chutes. Abdications et déchéances en France 1814-1870, Perrin, 2022.

Articles connexes

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Liens externes

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