137e régiment d'infanterie (France)

Le 137e régiment d'infanterie (137e RI) est un régiment d'infanterie de l'Armée de terre française. Il est créé en 1813 sous le Premier Empire à partir de quatre cohortes du premier ban de la garde nationale puis dissout l'année suivante. Recréé provisoirement pendant la guerre franco-allemande de 1870, il entre définitivement dans l'ordre de bataille en 1873. Un bataillon participe à la conquête de la Tunisie puis le régiment est engagé dans la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale. Dissout en 1946, il est recréé entre 1956 et 1963 pendant la guerre d'Algérie.

137e régiment d’infanterie
Image illustrative de l’article 137e régiment d'infanterie (France)
Insigne du 2e bataillon du 137e régiment d’infanterie

Création 1813
Dissolution 1963
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Régiment d'infanterie
Rôle infanterie
Garnison Fontenay-le-Comte
Inscriptions
sur l’emblème
Lützen 1813
Bautzen 1813
Hanau 1813
La Meuse 1914
Champagne 1914
Verdun 1916
L'Aisne 1917
Défense de Dunkerque 1940
AFN 1952-1962
Anniversaire 27 août
Guerres Guerres napoléoniennes
Guerre de 1870
Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Algérie
Fourragères Aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918
Décorations Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918
2 palmes
Croix de guerre 1939-1945
1 palme.

Création et différentes dénominations

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  • 14 janvier 1813 : Création du 137e régiment d'infanterie de ligne
  • 12 mai 1814 : Le régiment est licencié
  •  : Création du 137e régiment d'infanterie de ligne
  •  : dissolution
  •  : création du 137e régiment d'infanterie
  • 1914 : À la mobilisation, il donne naissance au 337e régiment d'infanterie
  • 1920-1930 : Dissolution
  • 1944 : Recréation du 137e régiment d'infanterie
  •  : Dissolution
  • 1956 : recréation de trois bataillons
  • 1963 : dissolution du 137e régiment d'infanterie. La Compagnie subdivisionnaire de Vendée prend le nom de 1e Compagnie du 137e régiment d'infanterie le 1er novembre 1963.
  • 1966 : dissolution de 1e Compagnie du 137e régiment d'infanterie. Création du 137e Régiment interarmes divisionnaire.
  • 1967 : Dissolution du 137e Régiment interarmes divisionnaire.

Historique des garnisons, combats et batailles du 137e régiment d'infanterie

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Le 136e régiment d'infanterie de ligne est créé créé, à Vérone en Italie, par décret du , avec les

Campagne d'Italie

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L'Italie du début du XIXe siècle n’est pas encore unifiée (République cisalpine (1797-1802), République italienne (1802-1805), royaume d'Italie (1805-1814)). Elle est constituée de multiples états indépendants dont beaucoup sont sous domination autrichienne (duché de Mantoue, Novare, Valteline).
En , l’empereur des Français Napoléon Ier, à la suite des premières défaites autrichiennes face aux armées de la révolution et du début de l’Empire, crée le premier état pré-unitaire italien dont il se fait couronner roi. L’empire français et ce nouveau royaume d’Italie « Il Regno Italico » avec comme capitale Milan, s’étendent sur toute la moitié nord de l’actuelle République Italienne. Ils s’étendent de Rome et des Marches au centre de l’actuelle Italie, jusqu’aux Alpes au nord. Ils sont constitués grâce à une succession d’annexions de divers états libres ou pontificaux. Appelé sous d’autres cieux, Napoléon Ier nomme comme vice-roi son propre beau-fils et fils adoptif, le prince Eugène de Beauharnais envers qui il a toute confiance pour diriger le royaume d’Italie.

Deux ans avant la chute de l’Empire, en , alors que la Grande Armée amoindrie traverse les états allemands à la suite de la terrible campagne de Russie, l’Autriche organise une armée commandée par le Feld-maréchal Hiller pour envahir l’Italie et reconquérir ses anciennes possessions. Napoléon ayant anticipé cette situation, avait donné instruction à Eugène de Beauharnais de reconstituer une armée franco-italienne de 45 000 hommes afin de s’opposer à une nouvelle coalition européenne anti-française.

C’est dans ce contexte qu’est créé, le à Vérone, le 137e régiment d’infanterie. Il est constitué à partir de contingents italiens issus de quatre cohortes de la Garde nationale.
Une scission va alors avoir lieu : la majorité du 137e RI rejoint la Grande armée en Saxe (Allemagne). Un bataillon de dépôt reste à Vérone (Italie) et constitue de son côté un régiment de 1 220 hommes. Il prend lui aussi l’appellation de 137e régiment d’infanterie. Ces éléments restés en Italie, participent activement sur place à toute la campagne italienne de 1813-1814 contre les troupes autrichiennes. Le régiment combattra en ralliant Turin, Alessandria dans le Piémont au début de l’année 1814 et en atteignant Piacenza en Romagne à la fin de la même année.
La campagne d’Italie durera jusqu’à la chute de l’Empire. Les Autrichiens doivent faire face aux réelles qualités militaires d’Eugène de Beauharnais et du roi de Naples qui n’est autre que Joachim Murat, beau-frère de Napoléon, le plus grand chef de cavalerie de son temps. À l’affrontement direct, les Autrichiens vont préférer bientôt semer la discorde en essayant d’acheter leurs adversaires.
La chute inexorable de l’Empire est entamée. La situation en Italie s’aggrave alors que la campagne de France a commencé. Les Austro-Prussiens occupent Paris fin . L’empereur abdique le . Le 137e RI « italien » est dissous en et ses débris sont versés dans le 24e RI de Besançon.

Campagne d'Allemagne

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En , deux mois après leur création, cinq des six bataillons du 137e RI partent donc sur le chemin des états allemands afin de se joindre aux débris de la Grande Armée revenant de Russie.

L’armée française est poursuivie à travers l’Europe de l’Est. C’est en Saxe, que le 137e RI va participer à la bataille de Lützen le . L’enjeu est la possession de la ville de Leipzig, les armées russes et prussiennes sont mises en déroute. Cette victoire reste incomplète et quinze jours plus tard, le 137e RI se lance à nouveau dans la bataille.
LUTZEN 1813 sera inscrite sur le drapeau.

Du 19 au , toujours dans le cadre de la « guerre de la 6e coalition », les armées françaises affrontent à nouveau les armées russes et prussiennes lors de la marche sur Berlin. C’est l’épisode de la bataille de Bautzen. Là encore une victoire incomplète où le 137e RI va cependant se couvrir de gloire face à la garde impériale russe.
Un mois plus tard, le 137e RI reçoit enfin son « Aigle » des mains de l’empereur Napoléon Ier.
À cette occasion, plusieurs officiers et sous-officiers sont décorés de la Légion d'Honneur. BAUTZEN 1813 sera inscrite sur le drapeau.

Poursuivant la marche sur Berlin, le 137e RI participe aux combats de Groos-Beeren (), Tragan (), Juterbock Dennewitz () et de Wartenburg (du au ).
Renonçant à la conquête de Berlin, l’empereur regroupe ses forces à Leipzig. Le 137e RI participera alors à la plus grande confrontation des guerres napoléoniennes que l’on appellera la « bataille des Nations ». Cette bataille de Leipzig (16 au ) où s’affrontent 190 000 franco-saxons et 330 000 coalisés prussiens, autrichiens, russes et suédois, sera une défaite décisive pour la France.

Napoléon fait retraite mais il remporte quelques succès notables. Les corps autrichiens et bavarois des forces coalisées entrent alors en Franconie (Est de l’actuelle Bavière) en longeant le Danube. Ils veulent couper la route de Francfort aux Français. Les 30 et , ils affrontent les troupes de Napoléon à Hanau. Le 137e RI participe à cette victoire qui permettra à la Grande Armée de poursuivre son mouvement vers Francfort et Mayence, sa base arrière. HANAU 1813 sera inscrite sur le drapeau.

Réduit à 444 hommes, le 137e RI défend ensuite Mayence et se rend seulement le , après la chute du Ier Empire.
Le régiment rejoint alors Verdun et 12 mai 1814, pendant la Première Restauration, le 137e régiment d'infanterie de ligne est licencié, et conformément à l'article 5 de l'ordonnance du 12 mai 1814 les débris du régiment sont incorporés, le 1er juillet, aux 24e régiment d'infanterie de ligne et 32e régiment d'infanterie de ligne[1].

Le no 137 n'existe plus et devient vacant et le reste jusqu'au décret du qui transforme les 39 régiments d'infanterie de marche en régiment d'infanterie de ligne numérotés de 101 à 139.

Siège de Paris

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Le , le 37e régiment de marche devient le 137e régiment d'infanterie de ligne

En 1870, le royaume de Prusse de Guillaume Ier, sous l’impulsion du Ministre-Président Otto von Bismarck est en train de rassembler les états de culture germanique au sein d’un empire allemand unifié (Kaiser Reich). Cette unification se constitue autour de guerres successives contre les états voisins : le Danemark en 1864 puis l’Autriche en 1866.
Il reste une puissance continentale à affronter pour parachever l’unité allemande : la France de l’empereur Napoléon III. Ce sera chose faite quatre ans plus tard en 1870. Bismarck va pousser Napoléon III à déclarer la guerre à la Prusse le . La France passe ainsi pour l’agresseur, ce qui soude définitivement l’unité allemande autour de la Prusse.

Moins d’un mois et demi plus tard, le , devant la supériorité tant numérique que technique des armées allemandes, l’empereur Napoléon III abdique lors de la défaite de Sedan. C’est la fin du Second Empire. Cependant, les députés de l’ancienne opposition républicaine à Paris, sous l’impulsion de Léon Gambetta, Jules Favre et du général Trochu, forment un gouvernement de « Défense nationale », proclament la IIIe République le et réorganisent l’armée (Armée de la Loire). La guerre durera encore quatre mois pendant lesquels, les prussiens vont assiéger Paris.

Le , le 37e régiment de marche devient le 137e régiment d’infanterie de ligne. Il renaît à cette occasion et participe aussitôt à la défense de la capitale sur le front Est. C’est alors que commence la bataille de Champigny dont l’objectif est de briser l’encerclement allemand et de faire une jonction avec l’armée de la Loire. Le , le 1er bataillon prend position en premières lignes (fort de Charenton, fort de Nogent, redoutes de Gravelle et de la Faisanderie), tandis que les 2e et 3e bataillons participent à l’attaque et à la prise du Plateau d'Avron à partir duquel les Français peuvent bombarder nombre de positions allemandes.
Dans le froid particulièrement terrible du mois de , le 137e RI s’accroche et participe aux combats de Maison Blanche et Ville-Evrard. À la fin du mois, les prussiens assènent de terribles bombardements d’artillerie pendant plusieurs jours sur les défenses françaises. Le 137e occupe sans relâche le plateau d'Avron, les redoutes des Hautes-Bruyères et de Moulin Saquet jusqu’à la fin du siège le .
Au cours de cette campagne, le 137e RI gagne sa devise :

« TENACE DANS LA DEFENSE, REDOUTABLE DANS L'ATTAQUE ».

Le , l’Empire allemand est proclamé au château de Versailles. Guillaume Ier, Roi de Prusse devient empereur d'Allemagne. L’armistice est signé le . La France a perdu l'Alsace et la Lorraine.
Le , transférés à Saint-Étienne, les effectifs du régiment sont versés au 93e régiment d'infanterie de ligne, le 137e cesse pour la seconde fois d’exister.

1873-1914

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1873-1881 – Renaissance du 137e RI

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Le , le 137e régiment d’infanterie est recréé à Nantes. Les différents bataillons tiennent garnison à Nantes, Belle-Île-en-Mer, Fontenay-le-Comte et l'Île d'Yeu. Le , la totalité du régiment est regroupée à Fontenay-le-Comte et s’installe en 1878 dans le nouveau quartier du Chaffault. Après cent ans de troubles et de bouleversements ; après la Révolution, l’Empire, les Restaurations puis à nouveau l'Empire, c’est à cette époque (1875-1880), que la République va s’affirmer comme régime pérenne. Le , lors du premier 14-Juillet officiel et de la revue de l’Armée à Longchamp, le colonel Bonnot de Mably, chef de Corps, reçoit des mains du Président de la République Jules Grévy, à l’instar de tous les régiments de l’armée française, le drapeau du régiment aux armes de la république. Celui-ci porte dans ses plis, les noms des batailles du 1er Empire où il s’est couvert de gloire : LÜTZEN, BAUTZEN et HANAU.

L'expansion coloniale

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En 1881, l’interventionnisme et les antagonismes commerciaux des puissances européennes sur le continent africain font rage. Chacun cherche à affirmer ses zones d’influence. Après l’Algérie où elle est présente depuis 1830, la France vise certains intérêts miniers et ferroviaires ainsi que l’intérêt stratégique que représente la Tunisie en Méditerranée avec l’ouverture récente du canal de Suez. En , le chef du gouvernement français Jules Ferry prenant prétexte des montagnards khoumirs qui sèment le trouble dans le sud algérien à partir de la Tunisie, envoie sur place un corps expéditionnaire de 35 000 hommes venant d’Algérie et de France.

Le , le traité du Bardo consacre le protectorat français sur la Tunisie. Un résident général de France, Paul Cambon, est mis en place au côté du souverain tunisien Mohammed el-Sadok, le Bey de Tunis, à qui la France garantit la pérennité du régime beylical mais confisque la presque totalité des pouvoirs, en particulier de politique financière, économique et étrangère. Devant la perte quasi totale des pouvoirs du Bey, les tribus du centre et du sud de la Tunisie se révoltent contre Sadok qu’elles considèrent comme un traitre. Le corps expéditionnaire français va alors engager la lutte contre les dissidents.

Le , le 3e bataillon du 137e RI est désigné pour servir au sein du corps expéditionnaire en Tunisie. Il rejoint Toulon et embarque sur « l’Intrépide » le . Le 16, il débarque à Sfax après le bombardement maritime de la ville portuaire et participe à sa prise. Le , poursuivant les insurgés, il fait route vers Gabès dont il participe également à la prise. Pendant deux ans et demi, le bataillon fait partie des différentes colonnes mises sur pied pour pacifier le protectorat. Il prendra part aux combats de Djera, Menzel, Djebel Amor et Zeraoua.

Le , le bataillon embarque sur le bateau « Ville de Bône » pour Marseille et retrouve enfin Fontenay-le-Comte le .

Depuis la fin du XIXe siècle, les antagonismes et les rivalités commerciales et coloniales grandissantes entre grandes puissances, conduisent à une situation de plus en plus tendue.
L’instabilité en Europe due aux guerres balkaniques de 1912 et 1913 et l’attentat de Sarajevo contre le trône austro-hongrois (), seront les éléments déclencheurs, par le jeu des alliances entre grandes puissances européennes, du plus grand conflit que le monde ait connu jusqu’alors.

La guerre étant devenue inévitable, la mobilisation générale est décrétée en France le et l’Allemagne déclare la guerre à la France le . Le recrutement des régiments et le système de conscription sont à cette époque, exclusivement locaux. À Fontenay-le-Comte, les Vendéens sont donc appelés à rejoindre les rangs du 137e RI, régiment d’active mais aussi du 337e RI , régiment de réserve du 137e et du 84e RIT, régiment de réserve territoriale dérivé des deux autres. À la Roche-sur-Yon, ce sont les 93e RI, 293e RI et 83e RIT qui sont levés dans les mêmes conditions. Ce sont, pour l’ensemble de la France, 25 classes d’âge qui sont rappelées en même temps sous les drapeaux (1889 – 1914), les hommes nés entre 1869 et 1894 soit 1 Français sur 10.
Le 137e RI compte environ 3 500 hommes et le 337e RI , 2500. Cette situation explique au regard des énormes sacrifices consentis au cours des quatre années à venir, la proximité et l’attachement indéfectible des villes à leurs régiments à l’instar de Fontenay avec le 137e RI.

Bataille des frontières ()

Le , les régiments quittent Fontenay pour le front. Ils rejoignent les Ardennes où ils sont débarqués le 7 et traversent la Meuse à pied afin de rejoindre la Belgique.
C’est en Belgique, à Maissin dans la région de Givet, que le 137e RI connait le baptême du feu et ses premiers tués le . Devant la poussée allemande, l’armée française se replie et le 137e revient sur la Meuse. C’est à la ferme de Saint-Quentin, au bois de la Marfée (commune de Noyers-Pont-Maugis, au sud de Sedan), que le 137e va accomplir l’exploit de capturer le colonel commandant le 28e régiment d'infanterie allemande ainsi que le drapeau du 68e régiment de réserve de la Landwher dont le 28e est dépositaire[2].

Cette action d’éclat vaudra au 137e RI d’être décoré de la Légion d’Honneur[2].

Cependant, au cours de ces opérations sur la Meuse, le colonel de Marolles, chef de corps du 137e sera tué comme beaucoup de ses hommes[2]. L'inscription LA MEUSE 1914 sera inscrite sur le drapeau.

Le repli des armées françaises continue jusque sur la Marne.

Bataille de la Marne ().

Le plan d’attaque de la France par l’Allemagne s’appuie sur le plan « Schlieffen » qui consiste à déborder l’armée française par le nord et à l’envelopper dans un vaste mouvement tournant vers le sud. Les Allemands comptent sur la rapidité du mouvement pour anéantir l’armée française et en finir à l’Ouest en six semaines avant d’affronter les Russes sur un deuxième front à l’Est.
Cette première bataille de la Marne va voir les franco-britanniques stopper puis repousser les Allemands sur le fleuve à une dizaine de kilomètres de Paris. Le plan Schlieffen est mis en échec. C’est le célèbre épisode des « taxis de la Marne ».
C’est dans ce contexte que le 137e RI, après la bataille des frontières, se retrouve sur la Marne à Normée. Il contribue à l’arrêt de l’armée allemande dans la région de Fère-Champenoise et le poursuit au-delà de Chalons.

Le plan Schlieffen stoppé, le front se stabilise et les belligérants vont chercher à se déborder vers le Nord lors de la phase appelée la « course à la mer ». Fin septembre, le 137e se retrouve dans la Somme dans la région d’Albert et combat au village de la Boisselle. À partir de cette période, le front va se stabiliser durablement et transformer radicalement la physionomie des combats. Elle devient une guerre de position et d’usure. Le visage et le caractère emblématiques de la Première Guerre mondiale sur le front de l’Ouest apparaissent à travers la « guerre des tranchées ». Cette situation ne sera débloquée que lors des offensives allemandes de .

La Somme (1914 – 1915)

Le 137e va passer tout l’hiver 1914-15 dans les conditions terribles des tranchées devant la ferme de Toutvent, au Nord d’Albert. À partir de ses positions en , le 137e va participer à l’attaque d’Hébuterne où les Allemands ont installé de puissantes lignes de tranchées fortifiées depuis la fin de l’année 1914. Le 137e RI va enlever successivement deux lignes de tranchées ennemies et faire de nombreux prisonniers sous des tirs d’artillerie particulièrement violents.

Pour l’attaque d’Hébuterne, le 137e RI va gagner sa première citation.

Champagne (1915)

À l’automne 1915, les Français vont déclencher la seconde bataille de Champagne, parallèlement à une opération franco-britannique en Artois. Les objectifs principaux sont de soulager le front russe en mobilisant des troupes allemandes à l’Ouest et de relancer la guerre de mouvement.
Le 137e RI quitte la Somme en pour la Champagne. Fin septembre il est dans la Marne et participe aux opérations sur Tahure. Cette opération qui dure du au sera un échec et ne réussira pas à relancer l’offensive bien quelle ait couté aux Français 140 000 morts ou blessés. Le 137e perd quant à lui 1 200 hommes dont, pour la seconde fois, son chef de corps le lieutenant-colonel Bonne.

CHAMPAGNE 1915 sera inscrite sur le drapeau.

Après remise sur pied et recomplètements dans la région de Chalons-sur-Marne, le régiment reprend ses positions sur Tahure – la Savate, où il passera son deuxième hiver de guerre 1915-16. Toute cette période sera entrecoupée d’escarmouches, d’attaques et de coups de main plus ou moins intenses.

Début 1916, commence en Lorraine, la bataille la plus emblématique et la plus célèbre de la Première Guerre mondiale : Verdun. Bientôt en avril et mai, le bruit court dans les rangs du 137e qu’il va falloir aller s’y battre. Les Vendéens du 137e RI ne savent pas encore que cette bataille immortalisera leur mémoire.

Le , l’armée allemande déclenche son attaque sur Verdun. L’objectif est de « saigner à blanc l’Armée française, tant physiquement que moralement avant d’en venir définitivement à bout ».
De plus, cette place forte ceinturée de quarante fortifications, organisées suivant les plans du général Séré de Rivière, constitue le verrou ouvrant la route et les portes de Paris.

Verdun est hautement symbolique au regard de son histoire et les Allemands ont décidé de mettre dans cette bataille des moyens et une puissance de feu jamais vus jusque-là.
Les Allemands amassent au Nord de la ville plus de 1 200 pièces d’artillerie dont un mortier de 210 mm tous les 150 m, des obusiers Skoda de 305, des pièces de marine de 380, des canons Krupp de 420. 2 500 000 obus sont en place et 72 bataillons d’infanterie prêts à passer à l’attaque. En face, 270 pièces d’artillerie françaises et au bois des Caures, juste dans l’axe de progression, 1 300 soldats dont 110 seulement survivront aux deux premiers jours de combat.
Les Français qui n’estimaient pas ce secteur comme l’un des plus sensibles, avaient pratiquement désarmé les forts et les défenses de la ville au profit d’autres zones de combat.

Le à 7h00, le premier feu d’artillerie commence. Il va durer 9 heures sans interruption, concentré sur un front de 9 kilomètres de large et autant de profondeur. Ce tir d’artillerie sera ressenti jusqu’à 150 kilomètres. Il s’agit de créer un corridor dans lequel, à 16h00, 60 000 fantassins allemands doivent pénétrer sans rencontrer aucune résistance, tout ayant été « nettoyé » au préalable.

Cependant, le « miracle du biffin de Verdun » va avoir lieu. Malgré la perte de 20 000 hommes dans les premières 48 heures, les survivants français vont tenir et résister. L’avance allemande va être enrayée et dès le 24, deux divisions françaises sont envoyées en renfort suivies de la IIe armée de Pétain le . Malgré les moyens faramineux mis en place, le plan allemand est un échec. Le commandant en chef Falkenhayn, dira après guerre dans ses mémoires qu’il pouvait s’attendre à tous sauf à cette résistance des Français et qu’il comprit dès le premier jour que Verdun ne tomberait jamais[réf. nécessaire].

La bataille va durer 10 mois jusqu’au date de l’évacuation par les Allemands du fort de Vaux, pour un gain territorial nul. On estime à peut-être 30 000 000 le nombre d’obus tirés (environ 6 obus par mètre carré). En , les Français ont perdu à Verdun 216 000 blessés et 162 000 tués. Les Allemands dénombrent 200 000 blessés et 140 000 tués. Les combats continueront sur la Meuse et le front de Verdun jusqu’en 1918 et la deuxième bataille de la Somme, déclenchée à quelques mois d’intervalle, présentera un bilan bien pire encore…

Thiaumont :

Début , le 137e est transféré sur le front de Verdun et va participer aux combats de Thiaumont entre le village de Fleury et le fort de Douaumont. Le 137e va connaître immédiatement les conditions terribles de l’enfer de Verdun. Cet endroit est directement placé au plein cœur de la bataille. C’est en ces lieux que va se dérouler l’épisode célèbre de la tranchée des baïonnettes.

Le , un tir d’artillerie particulièrement violent enterre des soldats français du 137e l’arme à la main dans leur tranchée. Les historiens et les anciens combattants du 137e se sont beaucoup disputés sur la part de « légende » et de vérité autour de cet épisode. À la suite de divers témoignages parfois contradictoires, plusieurs hypothèses existent quant à l’origine de cette « tranchée aux fusils » comme elle fut désignée initialement car sans baïonnettes. Parmi de nombreuses hypothèses, toutes assez vraisemblables, la plus probable est celle-ci : la pratique courante après un combat, consistait à entasser les corps dispersés dans un boyau de tranchée et à les ensevelir rapidement dans cette tombe collective, Les fusils placés debout, marquaient la position des cadavres. On espérait ainsi retrouver les corps plus tard afin de leur donner une sépulture décente.

Quoi qu’il en soit, la renommée de ce site est due sans équivoque à l’écho que va donner à cette histoire un banquier américain, Georges T. Rand, qui visite le champ de bataille en 1919 alors que se développe dès la fin des hostilités un véritable tourisme de guerre. Il est bouleversé par l’histoire des soldats enterrés debout le fusil en main. De retour aux États-Unis, il offre 500 000 FRF afin de construire un mémorial en souvenir des soldats de la tranchée des baïonnettes, « au nom des frères d’Amérique ». La légende vaudra bien le sacrifice consenti en ces lieux. Les premiers combats du 137e sur Thiaumont dureront jusqu’à la fin du mois de juillet et couteront au régiment pratiquement 1 500 hommes. À la fin du mois, le 137e est mis au repos afin d’être reconstitué puis il retourne au combat fin août.

La Laufée : Du mois d’août à début novembre, le 137e rejoint le secteur de la Laufée. Cette zone est un terrain complètement bouleversée, soumis parfois à de violents tirs d’artillerie et particulièrement insalubre à cause de la présence de nombreux marécages. C’est un secteur isolé, loin de toute habitation dans lequel le 137e va connaître des pertes mais sans combats majeurs. Mis au repos au mois de novembre, le 137e retourne à Verdun dès la fin du mois.

Secteur de Douaumont – Bataille de Douaumont et Bezonvaux : Les mois de novembre et décembre sont passés une nouvelle fois dans les conditions terribles des tranchées. Humidité, boue, pas d’abris, de nombreux soldats souffrent de pieds gelés.

Fin 1916, les Allemands sont de plus en plus détournés de Verdun par la bataille de la Somme. Le général Nivelle réaménage les positions françaises avec l’objectif de reconquérir le fort de Douaumont, de relancer une contre-offensive et de maintenir la pression sur les Allemands sur le front de Verdun pour soulager le front de la Somme.
Le fort de Douaumont est repris le 24 et . Le fort de Vaux est repris entre le et le . À présent, afin d’assurer ces positions, il est nécessaire de chasser les Allemands qui tiennent encore tous les accès et tous les observatoires à proximité des forts. C’est l’objectif des attaques du confiées au général Mangin.

La bataille de Douaumont et de Bezonvaux va être un succès et permettre de réoccuper la côte de Poivre, Louvremont et Bezonvaux et assurer ainsi la position des forts. Vu les conditions de combat et le climat, cette période restera pour les survivants, une des plus pénibles de toute la campagne. Le régiment est retiré du front pour reconstitution du au .

Côte de Poivre : Du et jusqu’au , le 137e est positionné sur la côte de Poivre au Nord du fort de Douaumont. Le régiment est en ligne est souffre des nombreux bombardements ennemis ainsi que d’un froid exceptionnel. La terre gèle sur 50 cm de profondeur rendant les travaux d’aménagement particulièrement pénibles. Le vin arrive gelé. La situation climatique est tellement rude qu’elle limite les opérations militaires. Le 137e va alors quitter le secteur de Verdun pour rejoindre le camp de Mailly ou le régiment va suivre une instruction intense dans la perspective des opérations prévues au printemps. Puis il rejoint l’Aisne où se prépare une offensive majeure commandée par le général Nivelle.

VERDUN 1916 sera inscrite sur le drapeau.

En va avoir lieu la seconde bataille de l’Aisne plus connue sous le nom de « bataille du Chemin des Dames ». L’offensive Nivelle est une tentative de rupture du front allemand entre Soissons et Reims vers Laon, afin de relancer la guerre de mouvement. Elle doit être une action décisive.
Le général Nivelle veut réitérer le plan qu’il avait adopté avec succès à Verdun en 1916 : concentrer l’attaque sur 30 kilomètres de front, préparer le terrain par un bombardement d’artillerie massif puis lancer des vagues d’assaut de fantassins protégées par un feu roulant d’artillerie. Une fois les premières lignes allemandes enlevées, une armée de réserve s’élance afin d’exploiter la percée dans la profondeur.

Bataille de Vauxaillon : Début avril, le 137e participe à la bataille de Vauxaillon qui consiste à réorganiser et affirmer les positions françaises pour l’attaque majeure prévue pour le . Il conquiert à cette occasion 2 kilomètres de terrain en faisant des prisonniers.

Opérations du – Secteur de Troyon : L’offensive Nivelle ne devait durer au plus que 72 heures. Mais, les Allemands ont eu vent des préparatifs et ont opéré très discrètement un retrait conséquent de leur troupes jusque sur la ligne « Hindenburg » où ils renforcent leurs positions. De plus, le terrain est extrêmement défavorable aux Français qui doivent attaquer en contrebas et s’élancer vers des pentes fortifiées. Le climat est très rude entre le froid et la pluie qui tombe sans discontinuer lors de l’attaque initiale. À cela s’ajoute l’efficacité très limité des tirs d’artillerie dispersés sur un front de 30 kilomètres et qui ne peuvent de ce fait concentrer leurs efforts. La bataille va s’enliser et se poursuivre durant des semaines jusqu’à la fin .
Au soir du l’avance n’est que de 500 m et a coûté 30 000 hommes. Le , les Français déplorent 147 000 pertes contre 21 000 chez les Allemands.
Après guerre, les pertes françaises sur le Chemin des Dames seront estimées pour l’ensemble de la bataille à 200 000 hommes. Lors de cette bataille, à partir du , le 137e RI participe aux attaques contre l’ennemi qui riposte par de très violents tirs d’artillerie et des contre-attaques virulentes.

Bataille de la Bovelle : Le , il prépare une action contre le plateau de la Bovelle. Il s’agit pour les Français de rejeter les Allemands du plateau du Chemin des Dames et de prendre possession des observatoires et des crêtes alentour. La bataille du plateau de la Bovelle se déroule au cours de la journée du . Elle dure toute la journée du lever du soleil jusqu’à la nuit tombée et voit le 137e RI conquérir son objectif au prix de lourdes pertes. De nombreux Allemands sont faits prisonniers au cours de cette attaque.

Pour la prise du plateau de la Bovelle, le 137e se verra attribuer sa deuxième citation.

La croix de guerre est remise au drapeau du 137e RI

Pour sa vaillance et sa bravoure, le 137e est mis au repos pendant un mois jusqu’au , période pendant laquelle il est reconstitué. Il rejoint ensuite les environs de Saint-Quentin où il demeure dans un secteur relativement calme malgré quelques attaques ennemies. Déplacé ensuite sur plusieurs zones jusqu’au mois d’octobre, il ne va pas connaître, lors de cette période, d’opération majeure.

Bataille de la Malmaison - Secteur de Rouge-Maison :
Après l’échec de la bataille du Chemin des Dames, une grave crise entraine des mutineries. Le général Pétain prend alors le commandement. Après des mesures d’apaisement, il prépare une offensive qu’il veut limitée, à l’Ouest du Chemin des Dames, autour du secteur de la Malmaison. Il s’agit de mettre fin aux offensives de grande envergure, couteuses en homme et de remonter le moral des troupes en assurant une victoire aux armées alliées.
Les 9 et , le 137e est placé avec la 66e Division de chasseurs. Le régiment va participer à l’organisation et aux préparatifs en vue de la bataille de la Malmaison. Ces travaux pénibles s’effectuent dans des conditions très difficiles sous le feu intermittent de l’artillerie ennemie. Pour leur action et leur comportement au cours de ces journées, les trois bataillons du 137e seront cités à l’ordre de la 66e division. Le régiment est ensuite placé en arrière de la 66e division, en mesure de l’appuyer et de la relever lors de l’attaque.
Le la bataille est déclenchée. Trois jours plus tard, c’est une réussite, le massif et le fort de la Malmaison sont enlevés. Les Allemands évacuent le Chemin des Dames. Tous les objectifs sont atteints et sur trois jours, les pertes allemandes sont considérables : 8 000 tués et 30 000 blessés, 11 500 prisonniers. Les pertes françaises, blessés compris, s’élèvent à 14 000 hommes. Le régiment reste en ligne et réorganise son secteur de Pargny-Filain dans des conditions difficiles. Remis au repos de mi-novembre à mi-décembre, le 137e reprend assidument l’instruction.

L’AISNE 1917 sera inscrite sur le drapeau.

Chemin des Dames () :
Le régiment revient en ligne fin décembre et va occuper de façon ininterrompue le secteur du Chemin des Dames dans la région de Chavignon et du fort de la Malmaison. Début janvier, il rejoint le secteur de Froidmont-la-Royère. Cette période est une fois de plus très pénible du fait des conditions climatiques extrêmement dures et du terrain particulièrement impraticable.
Au cours de cette période, les bataillons du régiment participeront à de nombreux coups de main, patrouilles et reconnaissances offensives dont certaines donneront lieu à de violents engagements.
C’est à cette époque également que pour la première fois, les soldats du 137e RI côtoieront des soldats américains positionnés dans le même secteur. Les États-Unis sont entrés en guerre et 1917 et feront basculer le sort de la guerre par l’apport considérable de leurs effectifs. D’emblée, les rapports avec les troupes américaines sont excellents.
Jusqu’à la fin du mois de , les positions du 137e vont être renforcées. Le régiment subira en particulier un coup de main sérieux des Allemands fin février puis des attaques d’artillerie aux gaz chimiques en mars.
Le , le 137e renforce ses premières lignes. Depuis plusieurs jours, les activités allemandes sont de plus en plus intenses et laissent présager une action d’envergure.

Troisième bataille de l’Aisne ()

Le , les Allemands lancent une troisième offensive de masse sur le front occidental. Celle-ci doit être décisive. L’attaque sur le Chemin-des-Dames, dans l’Aisne, est une diversion visant à empêcher les Français d’envoyer des renforts aux Franco-britanniques dans le Nord où une deuxième attaque d’égale ampleur est prévue. L’objectif principal des Allemands est de prendre les ports du Nord de la France, ce qui stratégiquement pourrait faire pencher la balance et l’issue de la guerre en leur faveur.
À cette date, le 137e est toujours dans la région de Chavignon. Il va subir de plein fouet l’attaque des Allemands sur le Chemin des Dames. L’ennemi aligne ici sept divisions et 4 600 pièces d’artillerie sur un front de 15 kilomètres de large. La percée allemande va être fulgurante et irrésistible, appuyée de tirs chimiques intenses. Les unités allemandes prennent immédiatement le Chemin des Dames et franchissent l’Aisne.
Le soir du , le 137e RI est décimé. Il est réduit à 200 hommes dont 18 rescapés en lignes. Il va battre en retraite dans des conditions effroyables devant la poussée ennemie, jusque dans la région de Villers-Cotterêts. Il n’est plus en mesure de poursuivre la bataille en l’état.
Au deuxième jour de la bataille, surpris eux-mêmes de l’ampleur de leur succès dans l’Aisne, les Allemands modifient leurs plans et veulent pousser leur avantage. Ils entrevoient la possibilité de prendre Paris qui n’est plus qu’à 130 kilomètres. Ils entrevoient enfin la possibilité d’une victoire. Ils sont en passe de franchir la Marne en marchant sur Paris lorsque du au , les Franco-américains dont 3 divisions US, lancent une contre-attaque et stoppent leur avancée.
À ce jour, on dénombre 125 000 morts de chaque côté. Les Allemands ont avancé sur un front de 30 kilomètres de profondeur et 50 de large.
À partir du , les Allemands vont tenter de relancer des offensives pour consolider et réaligner leur front afin de reprendre la main. Ils reprennent leurs attaques à la fois contre les franco-britanniques au Nord et contre les Franco-américains en Champagne et sur la Marne. Du 15 au , leurs tentatives sont définitivement enrayées par les contre-attaques alliées. Les Allemands renoncent à leurs objectifs. Au cours de ces vingt jours pendant lesquels ils ont vraiment cru à la victoire, ils ont perdu le chiffre ahurissant de 500 000 hommes. Ils n’auront jamais plus la capacité de combler ces pertes. Pendant ce temps, les Américains débarquent dans les ports de l’Atlantique à raison de 300 000 hommes par mois.
Les Allemands se replient sur une ligne de front réduite entre Soissons et Reims où à partir du , alors qu’ils n’ont pas terminé leurs mouvements, ils vont subir à leur tour les assauts alliés lors de ce qui deviendra la deuxième bataille de la Marne.
Le 137e RI n’aura malheureusement pas vécu la deuxième phase de cette bataille et son retournement de situation extraordinaire. Arrivé de l’enfer de Verdun depuis , il aura passé un an sur le front de l’Aisne où il aura vécu tous les combats du Chemin des Dames et de la Malmaison.

Front des Vosges (juin – ) :

Le , retiré du front, le 137e RI est reconstitué et simultanément, il est transféré sur le front des Vosges. Il se retrouve dans le secteur de la tête de Faux, l’un des plus sensibles du front d’Alsace. La physionomie du terrain change. Les tranchées sont toujours présentes mais parfois au sein de secteurs boisés où cependant, les tirs d’artillerie sont souvent violents et incessants. Les jours sont rythmés par les coups de main nombreux dont un particulièrement sérieux en juin. Le 137e continuera à déplorer de nombreuses pertes durant cette période. Début juillet, le régiment est déplacé dans le secteur de Raon-l’Étape et du Secteur plaine. Il y restera pendant trois mois avant d’être transféré à nouveau vers la Champagne.

Bataille de Champagne – Argonne (septembre – )

Le , le 137e RI est renvoyé en Champagne. Il est intégré au sein de l’armée du général Gouraud. Celui-ci prépare une offensive menée à la fois en Champagne et en Argonne qui doit être déclenchée le .
Le 137e est placé dans le secteur de Saint-Étienne-du-Temple et de Cuperly.
Les défenses allemandes sont bien assurées par des lignes de tranchées successives installées sur une profondeur de 8 kilomètres. La préparation et la défense de ces tranchées entretenues depuis 1914, sont réputées pour leur solidité et leur efficacité.
Lorsque les Français déclenchent l’offensive le , ils sont extrêmement bien renseignés et parfaitement au fait des positions et de la situation tant physique que morale des troupes allemandes. L’opération a été très minutieusement préparée dans les moindres détails. L’aspect de cette bataille et un combat en profondeur, où il faut emporter les lignes successives de haute main par un combat où les feux d’artillerie comme les unités combattent « en roulant ».
Les conditions de combat sont très éprouvantes, les nettoyages des boyaux de tranchée se succèdent encore et encore, souvent au prix de duels à la grenade et au corps à corps. Le , le 137e connait sa première coopération avec des chars Renault FT. Les combats vont durer sans discontinuer du au .
Le , le régiment est relevé. Il a perdu dans cette bataille plus de 700 hommes hors de combat. La lutte a été très rude, l'ennemi s'est défendu âprement sur des positions défensives de premier ordre. Le 137e RI a dû aborder des nids de mitrailleuses et des bastions redoutables. Il a réussi à récupérer de nombreux matériels et a fait plus de 150 prisonniers. Mais par-dessus tout, ce qui exalte la fierté de tous, c'est la prise des crêtes légendaires de Champagne où l'ennemi était installé depuis 1914. Cette fameuse ligne de défense allemande, désormais à terre et en morceaux, constitue un pas fondamental vers la victoire.

Secteur de Rethel : Retraite et poursuite des Allemands (octobre – )

À la suite de cette offensive victorieuse de Champagne, Le 137e RI est déplacé le dans le secteur de Rethel. D’emblée, la zone est très agitée. Les Allemands procèdent à de très nombreuses destructions à l’explosif des voies de communication. Tout semble indiquer qu’ils préparent très activement une retraite de grande ampleur. Les Français s’organisent pour l’éventualité de cette retraite et la poursuite de l’ennemi. Le , c’est chose faite, les Allemands entament leur mouvement avec organisation et rapidité, en conduisant des opérations de destruction retardatrices. Ils franchissent l’Aisne et se replient vers la Meuse avec les Français à leur poursuite. Au cours de ce mouvement, le 137e RI est arrivé à Touligny dans la région de Mézières, lorsque le téléphone sonne à 6h30 le .

Entre-deux-guerres

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L’armistice a été signé à Rethondes, le cessez-le-feu devant être effectif à 11h00 le jour même.
Cet arrêt des combats n’est que provisoire. Les clauses de l’armistice imposent aux Allemands d’évacuer dans les quinze jours les territoires occupés de Belgique, du Luxembourg et de France, y compris l’Alsace et la Moselle perdues depuis 1871. La rive gauche du Rhin, en territoire allemand, doit être évacuée par l’armée allemande, administrée sous surveillance des alliés avec la mise en place de troupes d’occupation alliées.
Dans ce contexte, le 137e RI participe à la marche en avant des troupes alliés à partir du . Il se dirige en direction du Luxembourg. Le 23, il traverse Sedan où flotte le souvenir de la défaite de 1870. Le 24, il entre en Belgique. Là, c’est le souvenir de Maissin et des premiers morts de 14.
Le , le régiment est désigné pour assurer la surveillance des soldats russes, anciens prisonniers des Allemands et qui attendent d’être rapatriés.
À partir de , le 137e est envoyé à Verdun où il continue d’encadrer 7000 travailleurs russes. Il doit assurer le service de place de la citadelle, des forts de Vaux et de Douaumont.
Il est ensuite envoyé à Montmédy puis dans la vallée de la Meuse. Jusqu’à l’été, il est affecté à la surveillance des frontières et à la garde de matériels militaires récupérés aux Allemands.

Insigne honneur pour le régiment, le drapeau du 137e RI participe au défilé de la Victoire sous l’Arc de triomphe, gardé par les soldats les plus anciens et les plus décorés.

Le retour à Fontenay-le-Comte : La démobilisation continuant, le 137e RI rentre à Fontenay-le-Comte où il arrive le . Il fait une entrée solennelle en présence des autorités locales. La démobilisation se termine le .
Le , d’énormes festivités seront organisées à Fontenay avec un défilé, un banquet impressionnant de plusieurs centaines de couverts et des réjouissances nombreuses, Tout le pays de Vendée est réuni à cette occasion autour de ses anciens combattants, blessés, mutilés à la Gloire du 137e RI et en souvenirs de tous ses morts.

Le , Fontenay-le-Comte remet au 137e RI un fanion d’honneur confectionné grâce à une souscription. Le fanion est remis sur la place du champ de foire récemment rebaptisée « Place de Verdun. »

En 1928, à la suite de la grande réorganisation de l’Armée française des années 1920, le 137e RI est à nouveau dissous (pour la troisième fois).

Cependant sa disparition va être de courte durée. Il est recréé dès l’année suivante en 1929 mais sera stationné à Quimper. Il ne retournera à Fontenay-le-Comte qu’en 1967.

En le 65e RI, le 48e RI, le 137e RI, commandés par les colonels De Rosmorduc, Couturier et Menon, composaient la 21e division d'infanterie[3]. Division d'active originaire de la XIe région militaire (Nantes), la 21e DI est commandée par le général de brigade Pigeaud, puis, à partir du , par le général de brigade Lanquetot. D'abord affectée aux 20e et 5e corps d'armée (4e armée) en Lorraine, elle quitte l'est de la France à partir du début du mois de . Le elle est rattachée au 1er corps de la 7e armée et établit son PC à Dunkerque puis, à partir du à Samer.

Le régiment participe à la bataille de Dunkerque fin mai 1940[4].

Le régiment est recréé en 1944 et participe à la Libération.

Algérie (1956-1963)[5]

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Le 2e Bataillon (2/137e RI) débarque en Algérie le et y reste jusqu'en 1963. Il stationne tout d'abord dans le secteur de Berrouaghia (Algérois) avant de rejoindre la Kabylie, dans le secteur de Beni Amran (aujourd'hui Beni Amrane), en . Sa mission principale est de surveiller le débouché des gorges de Palestro (qui se trouve au sud), traversées par la nationale 5, ponctuée de tours gardées, et la voie ferrée qui relient Alger à Constantine.
Le bataillon se répartit à Beni Amran (PC), la 4e compagnie s'implantant au sud de ce village et la 2e à l'entrée ouest des gorges de Palestro (à la gare). La 3e prend position à Bou Hadadda, et la 1re à Tizi-Ouzou. L'unité est devenue le 137e Bataillon d'infanterie, quand elle se déplace dans la région de Koléa, à la fin de 1961. Elle est amenée à intervenir dans l'Atlas blidéen, le Takitount et le Mouzaia.
Au cessez-le-feu du en Algérie, le 2e Bataillon du 137e RI constitue comme 91 autres régiments, les 114 unités de la Force locale. Le 137e RI forme une unité de la Force locale de l'ordre algérienne, la 463e UFL-UFO composé de 10 % de militaires métropolitains et de 90 % de militaires musulmans, qui pendant la période transitoire devaient être au service de l'exécutif provisoire algérien, jusqu'à l'indépendance de l'Algérie (Accords d'Évian du ).

En 1962, le bataillon reste en Algérie après les Accords d'Évian comme « force d'apaisement », jusqu'au . Rapatrié en France, il est dissous au camp de Sissonne (Aisne), le suivant.
Le bilan humain du 2/137e RI est lourd : 30 tués, 80 blessés. Son action a valu 450 citations. Il a été commandé successivement par les chefs de bataillon Bodeman (1956-1957), Claverie (1957-1959), Lacroix (1959-1962) et Pélicier (1962-1963).

La 2e compagnie fut chargée, après l'affaire de la « maison forestière », de la mise en place et de l'occupation des tours de surveillance des gorges de Palestro qu'elle conservera jusqu'à la fin. Pendant son séjour en Kabylie, ce bataillon créa de nombreux centres d'AMG (assistance médicale gratuite) et plusieurs écoles primaires.

Un 3e bataillon a été créé dans le contexte de la guerre d'Algérie. Commandé par le chef d'escadron Lyssensoone, il débarque le et rejoint le secteur de Médéa. Il est dissous le pour devenir le 1er Bataillon du 50e régiment d'artillerie.
En 1962, le bataillon reste en Algérie après les Accords d'Évian comme « force d'apaisement », jusqu'au .

De 1963 à nos jours

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Le centre militaire de formation professionnelle, basé à Fontenay-le-Comte, en Vendée, est le gardien des traditions et du drapeau du régiment[4].

Chefs de corps

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  • 1813 : Colonel Louis Charles Gaillard.
  • ...
  • 1905 : colonel J. Meunier
  • ...
  • 1940 : Lieutenant-Colonel Menon.
  • ...

Drapeau

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Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[6],[7] :

 
Fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918

 

Décorations décernées au régiment

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Il reçoit la Légion d'honneur , la Croix de guerre 1914-1918  avec deux palmes, la Croix de guerre 1939-1945  avec une palme.

  • Le port de la fourragère aux couleurs du ruban de Croix de Guerre 1914-1918.

« Tenace dans la défense, redoutable dans l'attaque »

Insigne

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L'insigne représente un écu rectangulaire tête de soldat champ de baïonnettes Légion d’Honneur[réf. souhaitée][Quand ?]. Le personnel du CMFP ne porte pas cet insigne mais celui du centre[réf. nécessaire].

Personnages célèbres ayant servi au 137e RI

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  • L'écrivain Julien Gracq, lieutenant dans ce régiment en 1939-1940.

La fête du régiment se célébrait le pour célébrer l'épisode de Bulson en 1914. L'une des garnisons de ce régiment fut à Quimper où il laissa son nom à un parc.

Sources et bibliographie

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  • Douguet (Jean-François) et Glorennec (Hervé), Quimper. Des rues et des noms au fil du temps, cercle culturel quimpérois, 2003, article « 137e » (en fin d'ouvrage).
  • Astoul (Henri), « Historique du 137e RI dans la Grande Guerre », dans La Grande Guerre Magazine, Numéro 39 - Eté 2003 (peut être commandé ici)
  • Le Barillec (Bertrand), Cette nuit nous entrons en Allemagne. , Impr. régionale, 223 p.
  • Lieutenants-colonels Olivaud, Rondet, Meinvielle et al., Soldats de Vendée, soldats en Vendée, 1813-1993, rééd. A.I.A.T. [établissement d'impression de l'Armée de Terre], Saint-Maixent-l'École, no 2, 1993-1993, 150 p., ill.
  • Historique du 137e RI pendant la Grande Guerre du Lieutenant Besset. Amicale des Régiments Fontenaisiens. Imprimerie P&O Lussaud Frères - Fontenay le Comte.DL no 405-2
  • Jaquin : Historique du 137e régiment d'infanterie

Notes et références

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  1. 12 janvier 1813

Références

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  1. Benjamin Charles Lucien Amiot : Historique du 24e régiment d'infanterie
  2. a b et c Bertrand Garandeau, « Le 137e régiment d'infanterie : Été 1914, de la paix à la guerre », Uniformes, no 277,‎ , p. 14-18 (lire en ligne)
  3. Archives de "Dunkerque 1940" livre historica no 80 de septembre 2004
  4. a et b « Le sacrifice du 137e régiment d'infanterie », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  5. Source particulièrement utilisée : Lieutenants-colonels Olivaud, Rondet, Meinvielle et al., Soldats de Vendée, soldats en Vendée, 1813-1993, rééd. A.I.A.T. (établissement d'impression de l'Armée de Terre), Saint-Maixent-l'École, no 2, 1993-1993, 150 p., ill., p. 46 à 48
  6. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
  7. Arrêté relatif à l'attribution de l'inscription AFN 1952-1962 sur les drapeaux et étendards des formations des armées et services, du 19 novembre 2004 (A) NORDEF0452926A Michèle Alliot-Marie

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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