Le Parti républicain est majoritaire à la Chambre des représentants depuis les élections de 2010. À la suite des élections de novembre 2016, ils détiennent une majorité de 47 sièges sur les démocrates. L'opposition doit donc remporter 24 sièges pour espérer reprendre le contrôle de la Chambre.
À un an des élections de 2018, les républicains sont considérés en difficulté : le président Donald Trump est impopulaire et les démocrates devancent largement les républicains dans les sondages nationaux[1]. Par ailleurs, depuis la Seconde Guerre mondiale, le parti du président perd en moyenne 25 sièges lors des élections de mi-mandat ; davantage lorsque celui-ci contrôle les deux chambres du Congrès, comme depuis 2016[2]. À sept mois des élections de mi-mandat, un sondage montre que 69 % des Américains âgés de 18 à 29 ans souhaitent voir le Congrès basculer dans les mains des démocrates[3]
Cependant, les démocrates sont confrontés à une carte électorale difficile : une partie des circonscriptions a été victime de gerrymandering au profit des républicains et les électeurs démocrates sont géographiquement regroupés dans les zones urbaines[2],[4],[5]. L'électorat est également plus blanc et âgé lors des élections de mi-mandat, favorisant le Parti républicain. Toutefois, l'électorat blanc et non diplômé, qui a porté Donald Trump à la présidence deux ans plus tôt, s'abstient davantage que l'électorat blanc diplômé, plus critique vis-à-vis du président[6].
Le , Paul Ryan, président de la Chambre annonce qu'il ne sera pas candidat à sa réélection, s'ajoutant à la longue liste de républicains qui ne se représenteront pas en novembre, dans un contexte favorable aux démocrates[7].
Débats autour de la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême
La campagne est marquée par des débats ultra-polarisés autour de la nomination controversée à la Cour suprême des États-Unis du juge conservateur Brett Kavanaugh, accusé d'agressions sexuelles.
Dès son élection à la présidence le 8 novembre 2016, Donald Trump est particulièrement actif sur le terrain, menant campagne ouvertement en vue de sa réélection en 2020, organisant plusieurs réunions publiques dans les États qui lui sont réputés favorables. Beaucoup voient les élections intermédiaires de 2018 comme un premier jugement du bilan de son début de mandat[8]. Le président se rend régulièrement dans les États en jeu pour soutenir les candidats républicains, tandis que d'autres personnalités démocrates susceptibles de se présenter contre lui en 2020, comme Joe Biden[9] et Bernie Sanders[10], font également campagne pour les candidats démocrates.
Venue de caravanes de migrants à travers le Mexique
La fin de la campagne est aussi marquée par le thème de l'immigration, avec le voyage d'une caravane de plusieurs milliers de migrants honduriens à travers le Mexique pour rejoindre les États-Unis, et la formation d'une autre caravane d'un millier de migrants au Guatemala qui semble vouloir prendre le même chemin, dont Donald Trump se sert comme argument afin de mobiliser l'électorat républicain[11]. Le président évoquant « un assaut » contre les États-Unis, accusant « le Parti démocrate [d']encourag[er] des millions d'étrangers illégaux à enfreindre nos lois et violer nos frontières et submerger notre pays », et avançant (sans apporter de preuves) que des terroristes du Moyen-Orient et des membres du gang salvadorien ultra-violent MS-13 auraient infiltré la caravane hondurienne[11]. Son vice-président Mike Pence accuse lui le gouvernement vénézuélien d'extrême gauche et des groupes politiques honduriens de gauche d'avoir organisé les caravanes[11].
Il est à noter que l'immigration clandestine est une des principales préoccupations politiques des électeurs républicains alors qu'elle est l'une des moins importantes pour les électeurs démocrates[11]. Le , Donald Trump réaffirme vouloir mettre fin au droit du sol[12]. Il fait déployer 5 200 soldats américains à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, qui se rajoutent aux 2 100 membres de la Garde nationale et douaniers déjà présents sur place[13].
Durant la fin d', plusieurs attaques d'extrême droite ont lieu aux États-Unis, et rendent la campagne plus tendue. Seule l'une d'elles, l'affaire des colis piégés, est explicitement liée à cette campagne. Mais elle s'inscrit dans une vague plus large, qui commence avec l'assassinat de deux Afro-Américains par un suprémaciste blanc dans une épicerie de Louisville[14]
Fin octobre, plusieurs colis piégés contenant des bombes artisanales sont envoyés de manière coordonnée à des figures anti-Trump[15]. Le , à l'homme d'affaires George Soros ; le , à l'ancien président démocrate Barack Obama, à la candidate démocrate de l'élection présidentielle américaine de 2016 face à Trump Hillary Clinton, à l'ex-directeur de la CIA John O. Brennan (ce qui provoque l'évacuation des locaux new-yorkais de la chaîne d'information CNN où il travaille en tant que commentateur), à l'élue démocrate de Floride au Congrès Debbie Wasserman Schultz, à l'ex-ministre de la Justice d'Obama Eric Holder, à la députée démocrate californienne Maxine Waters[15], et au gouverneur démocrate de New-York Andrew Cuomo[16]. Tous les colis piégés ont été interceptés et désamorcés avant d'atteindre leurs destinataires, aucun blessé[15]. Le , l'acteur Robert De Niro et l'ex-vice-président démocrate d'Obama Joe Biden sont à leur tour visés, les colis sont à nouveau interceptés et désamorcés sans faire de blessés[17]. Trump réagit en condamnant "tout acte ou menace de violence politique", mais il rejette la responsabilité sur les médias traditionnels[17]. La piste du terrorisme intérieur est privilégiée[18]. Le , deux autres colis piégés sont interceptés, destinés au sénateur démocrate Cory Booker et à l'ex-responsable des renseignements James R. Clapper (à nouveau via les bureaux de CNN)[19] ; le jour-même, le principal suspect est arrêté par le FBI à Plantation (Floride)[19],[20]. Il s'agirait d'un partisan de Trump âgé de 58 ans dénommé Cesar Altieri Sayoc Jr., déjà arrêté 12 fois, dont une fois qui avait mené à sa condamnation pour menace à la bombe en 2002, après avoir menacé par téléphone de faire exploser une centrale électrique locale[20].
Le , un individu de l'extrême droite antisémite et qui le revendiquait ouvertement, Robert Bowers (mais qui était anti-Trump contrairement à Cesar Altieri Sayoc), entre dans la synagogue Tree of Life de Pittsburgh et ouvre le feu en criant : « Tous les juifs doivent mourir ! ». Il tue 11 personnes juives avant l'arrivée de la police. Puis il continue la fusillade par un échange de coups de feu avec la police, au cours de laquelle 3 policiers et Bowers sont blessés, ce qui l'amène à se rendre. Il s'agit de l'attaque antisémite la plus meurtrière de l'Histoire des États-Unis. Le réseau social très utilisé par l'extrême droite anglophone Gab, sur lequel Bowers était actif, ferme deux jours après la fusillade.
Les résultats sur 429 des 435 circonscriptions, à la date du , indiquaient un total de 103,56 millions de voix exprimées selon The New York Times[21], auxquelles s'ajoutent 1,8 million d'autres suffrages, soit un total de 105,36 millions de voix.
L'estimation de 113 millions de suffrages des experts interrogés par l'Associated Press, sur le total des 435 circonscriptions, incluant les six grandes circonscriptions à comptabiliser, semblait relativement peu éloignée de la réalité[22].
L'estimation du "United States Elections Project"[23] est légèrement plus basse, avec 110 millions de votants.
En date du , légèrement moins de 112 millions de votes ont été comptabilisés.
Lors des précédentes Élections américaines de Midterm, en 2014, les 435 candidats présentés par chacun des deux grands partis à la Chambre des représentants n'avaient totalisé que 75,7 millions de voix, ce qui rend probable une progression de beaucoup plus d'un tiers de la participation en quatre ans.
Environ 48 % des électeurs inscrits se sont déplacés, selon le United States Elections Project[23], soit la proportion la plus élevée depuis 50 ans pour des élections de Midterm[23]. Le précédent plus haut datait de 1966, avec 49 %, selon la même source, qui observe que la mobilisation a bénéficié aux deux camps[23].
Au matin du , alors que le comptage n'est pas encore totalement définitif, le parti démocrate a 8 % d'écart par rapport au parti républicain au niveau national[24] :
Un total de 39 millions d'électeurs ont choisi de voter par anticipation ou par procuration, dans les 37 États sur 50 qui autorisent ce mode de vote, selon le United States Elections Project[23], un niveau inégalé dans l'histoire, selon Michael P. McDonald, professeur associé de science politique à l'Université de Floride, et presque autant que les 47 millions qui avaient fait de même lors de l'élection présidentielle américaine de 2016. C'est un doublement en huit ans, par rapport aux 19,19 millions de votes anticipés en 2010[23]. Selon Kat Calvin, fondateur de "Spread the Vote, ce regain d'engagement politique a été causé par les choix politiques de l'administration Trump[25].
À la mi-novembre, les résultats définitifs de 6 circonscriptions sur les 435 que comptent les États-Unis n'étaient pas encore connus[29],[30]. Le , les totalisations en voix sur les 429 autres font apparaitre un total de 54,57 millions de voix pour le Parti démocrate et de 48,99 millions pour le Parti républicain, selon le The New York Times[21], soit une avance de 5,58 millions de voix en faveur des démocrates et un gain de 36 sièges sur 429.
Restait à proclamer les résultats dans ces 6 circonscriptions[30], dont 4 situées dans des états majoritairement démocrates, mais toutes détenues jusque-là par des républicains:
Au Texas, Will Hurd (R, sortant) contre Gina Ortiz-Jones (D);
En Georgie, Rob Woodall (R, sortant) contre Carolyn Bourdeaux (D);
Dans l'Utah, Ben McAdams (D) contre Mia Love (R, sortante);
En Californie, Gil Cisneros (D) contre Young Kim (R, soutenue par le sortant);
À New York, Anthony Brindisi (D) contre Claudia Tenney (R, sortante);
À New York, Chris Collins (R, sortant) contre Nate McMurray (D).
↑(en) Nate Cohn, « Why Retirements May Hold the Key in Whether Republicans Can Keep the House », nytimes.com, (lire en ligne [archive], consulté le ).
↑« Etats-Unis : Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, annonce sa retraite politique », Le Monde.fr, (lire en ligne [archive], consulté le ).
↑"Early Voting in 28 States Has Surpassed 2014 Levels" par AUDREY CARLSEN, dans le NYT du 6 novembre 2018 [1] [archive]
↑John Conyers a démissionné de ce siège en décembre 2017. L'élection partielle pour terminer son mandat se déroule le même jour que l'élection générale.