Wikipédia:Lumière sur/Joseph Bonaparte

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Portrait de Joseph Bonaparte, roi d'Espagne, par Josep Flaugier (1809).
Portrait de Joseph Bonaparte, roi d'Espagne, par Josep Flaugier (1809).

Joseph Bonaparte, né le à Corte, pendant la période d'indépendance de la République corse, et mort le à Florence, dans le Grand-duché de Toscane, est un homme d'État français et le frère aîné de l'empereur Napoléon Ier. Sa carrière politique, diplomatique et militaire, est intimement liée à la sienne.

Après une enfance passée dans la maison familiale des Bonaparte à Ajaccio, il est élève au collège d'Autun pendant cinq années. À l'issue de brillantes études au sein de cet établissement, Joseph Bonaparte refuse d'embrasser la carrière ecclésiastique, contre l'avis de sa famille. Diplômé en droit à l'université de Pise en 1788, il s'installe comme avocat à Ajaccio peu avant le début de la Révolution française. C'est à partir de cette période qu'il occupe des fonctions de plus en plus importantes. Président du district d'Ajaccio puis membre du directoire du Conseil général de la Corse, il est nommé commissaire des guerres en 1793. La promotion de son frère comme général de division en 1795 accélère son ascension à l'instar de celle de sa famille. Élu député du Liamone au Conseil des Cinq-Cents en 1797, Joseph Bonaparte est nommé ambassadeur auprès du duc de Parme, puis à Rome auprès du pape Pie VI la même année.

Sous le Consulat, il est d'abord nommé membre du Conseil d'État et du Corps législatif en tant que député du Golo, puis chargé de plusieurs missions diplomatiques d'importance majeure : c'est notamment lui qui négocie le traité de Mortefontaine avec les États-Unis, celui de Lunéville avec l'Autriche et la paix d'Amiens avec le Royaume-Uni, tout en prenant part aux discussions qui aboutissent à la signature du concordat.

Grand électeur et prince français après l'avènement de l'Empire le , Joseph Bonaparte assure la responsabilité du gouvernement pendant les campagnes militaires de son frère. Roi de Naples de 1806 à 1808, puis d'Espagne de 1808-1813, il est un personnage important du dispositif que met en place Napoléon pour asseoir la souveraineté de la France sur l'Europe continentale. Son second règne, qui s'achève par une défaite cinglante des armées napoléoniennes qu'il dirige à la bataille de Vitoria, est marqué par une guerre incessante qui fait de lui « el rey intruso », un roi intrus incapable de gouverner en raison de l'éclatement de son pays et de la mainmise de Napoléon sur sa politique.

Nommé lieutenant général de l'empereur lors de la campagne de France en 1814, il ne peut empêcher la capitulation de Paris devant les troupes coalisées. Exilé en Suisse, au château de Prangins, il est rétabli dans toutes ses fonctions impériales pendant la période des Cent-Jours, mais finalement contraint à un nouvel exil après l'abdication de son frère, cette fois aux États-Unis. Écarté de la politique, il fait prospérer ses affaires en Amérique, mais cherche de nouveau à jouer un rôle important en faveur de son pays. En 1832, après la mort de son neveu Napoléon II, il devient le premier héritier du trône impérial et retourne en Europe. Établi à Londres, il tente de faire valoir les intérêts de sa famille et de convaincre, en vain, les responsables politiques et le peuple français de rétablir l'Empire. Après un autre séjour aux États-Unis entre 1835 et 1839, il revient une nouvelle fois en Europe à la mort de sa troisième fille, Charlotte et s'installe à Florence où il meurt quelques années plus tard en 1844.

Homme cultivé, littéraire, séducteur et raffiné, Joseph Bonaparte souffre de la comparaison avec son frère sur le plan politique. Les historiens, comme la plupart de ses contemporains, ne lui attribuent que peu de qualités, tout en soulignant son incompétence militaire. Révolutionnaire libéral, partisan des gouvernements équilibrés, il apparaît comme un modéré face à la fougue et à l'autoritarisme de Napoléon. S'il combat souvent les projets de l'empereur, Joseph Bonaparte se résout toujours à soutenir celui dont il a probablement été « le plus proche et peut-être l'unique ami ».