Vieux japonais de Kyūshū
Le vieux japonais de Kyūshū est la variété du vieux japonais historiquement parlée à Kyūshū et qui s'oppose géographiquement au vieux japonais occidental et oriental.
Vieux japonais de Kyūshū | |
Période | IVe - IXe siècle |
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Région | Île de Kyūshū |
Classification par famille | |
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Classification
modifierLa plupart des linguistes le classifient dans le groupe japonais des langues japoniques, avec les autres variétés du vieux japonais et possiblement la langue parlée sur l'île de Jeju avant que l'île ne soit coréanisée à une date inconnue[1],[2],[3],[4].
En revanche, Thorpe (1983) classe le vieux japonais de Kyūshū avec les langues ryūkyū et le vieux japonais oriental dans une branche séparée du vieux japonais occidental, en supposant qu'ils descendent d'un ancêtre commun appelé « proto-kyūshū » d'une part, et que le Kantō a été peuplé directement depuis Kyūshū sans passer par le Japon central d'autre part. Cependant, cette théorie est mise à mal par l'étude de changements diachroniques d'Alexander Koji Makiyama (2015)[5],[6].
Il est aussi possible que le vieux japonais de Kyūshū soit l'ancêtre des langues ryūkyū[7].
Attestations
modifierCette variété n'est attestée que par un seul poème court datant de la période Nara[1],[8] :
志努波羅能
意登比賣能古素
佐比登由母
爲禰弖牟志太夜
伊弊爾久太佐牟
sinôpara-nö
otöpîmê n-ö kô sô
sa-pîtö yu mö
wi ne-te-m-u sinda ya
ipê-ni kundasam-u
« Oh, Otopime de Sinopara ! Lorsque [je] voudrai dormir avec [vous] une nuit de plus, [je] [vous] ferai descendre à [ma] maison ! »
Alexander Vovin (2019, 2022) y remarque un emprunt à l'aïnou : sinda ‘temps, quand’, qui vient de hi ta, de même sens. Ce mot est également attesté plusieurs fois en vieux japonais oriental et est révélateur d'une possible présence passée des langues aïnoues dans ces régions[9]. Une autre attestation consiste en une description du comté de Takaku (高来郡), dans la province de Hizen (肥前)[10],[11],[12] :
土齒池俗言岸爲比遲波 « Bâtiment Pîtipa. Les locaux appellent ‘berge’ pîtipa »
pîtipa est également un emprunt de l'aïnou pétpa ~ pétca ‘berge, rivage’, qui vient du proto-aïnou *petpya.
Références
modifier- Vovin 2014, p. 8.
- Vovin 2013, p. 236-237.
- Yang, Yang et O’Grady 2019, p. 11-12.
- Sean Kim, « The History of the Japonic Languages » , sur YouTube, 17 janvrier 2022 (consulté le )
- Thorpe 1983, p. 224-258.
- Makiyama 2015, p. 80.
- Korkmaz et Doğan 2017, p. 277.
- Bugaeva 2022, p. 189.
- Vovin 2017, p. 41.
- Vovin 2015a, p. 38.
- Vovin 2015b, p. 16.
- Bugeava 2022, p. 189.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Alexander Koji Makiyama, Coincidence or Contact: A Study of Sound Changes in Eastern Old Japanese Dialects and Ryukyuan Languages, Université de l'Arizona, , 82 p. (lire en ligne )
- (en) Alexander Vovin, From Koguryo to Tamna: Slowly riding to the South with speakers of Proto-Korean, Korean Linguistics, (lire en ligne )
- (en) Alexander Vovin, Out of Southern China?, Paris, EHESS/CRLAO, , 54 p. (lire en ligne )
- Alexander Vovin, La typologie et la place de la langue aïnoue dans l'Asie du Nord-Est, EHESS/CRLAO, 2015a, 39 p. (lire en ligne )
- Alexander Vovin, Une histoire ethno-linguistique ancienne de l'archipel japonais: du période Jōmon à Ise monogatari, Paris, EHESS/CRLAO, 2015b, 58 p. (lire en ligne )
- (en) Alexander Vovin, Man’yōshū – Book 1 : A new English translation containing the original text, kana transliteration, romanization, glossing and commentary, Leiden/Boston, Brill, , 192 p. (ISBN 978-90-04-34576-8 et 978-90-04-34670-3, lire en ligne )
- (en) Anna Bugaeva, Handbook of the Ainu Language, Boston/Berlin, De Gruyter, , 739 p. (ISBN 978-1-501-50287-3 et 1501502875)
- (en) Changyong Yang, Sejung Yang et William O’Grady, Jejueo : The Language of Korea’s Jeju Island, Honolulu, University of Hawaii Press, , 312 p. (ISBN 978-0-824-87443-8 et 0824874439)
- (en) Maner Lawton Thorpe, Ryūkyūan language history, University of Southern California, , 372 p. (lire en ligne [PDF])
- (en) Ramazan Korkmaz et Gürkan Doğan, Endangered Languages of the Caucasus and Beyond, Leiden/Boston, Brill, , 299 p. (ISBN 978-90-04-32564-7 et 978-90-04-32869-3, lire en ligne [PDF])