Bornes (plateau)
Les Bornes ou plateau des Bornes, dit encore la Borne ou haut plateau de la Borne, est une petite région naturelle située dans les Préalpes du Nord, dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Cet espace ne doit pas être confondu avec le massif des Bornes, situé à l'est de cet ensemble.
La Borne Les Bornes | |||
Paysage des Bornes, au centre le bourg de Groisy. | |||
Pays | France | ||
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Département français | Haute-Savoie | ||
Subdivision administrative | Genevois | ||
Villes principales | Groisy | ||
Coordonnées | 46° 02′ 57″ nord, 6° 10′ 25″ est | ||
Relief | plateau | ||
Communes | ca. 9 | ||
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
Géolocalisation sur la carte : France
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Géographie
modifierSituation
modifierLe plateau des Bornes[1] ou de la Borne, recouvre un territoire installé entre la vallée de l'Arve et la cuvette d'Annecy et son lac, dans le département de la Haute-Savoie[2],[3]. Il recouvre ainsi un espace « constitué par l'ensemble des collines « situées entre l'Arve, au nord, et le Fier, au sud » »[4]. Le passage du bassin annécien à la vallée de l'Arve se fait notamment par le col d'Évires, à une altitude de 810 m[2]. Avec la montagne de Sion située à l'ouest, au-delà de la pointe méridionale du Salève, il constitue une frontière naturelle entre le bassin annécien et l'Albanais au sud et le bassin lémanique au nord.
Il s'agit d'une région naturelle caractérisée par un fort enneigement en hiver, « infertile et boisée, marécageuse par endroits, c'est une zone de répulsion, toujours peu habitée, qui a constitué longtemps un seuil difficile à franchir »[1], entre les deux entités du Genevois et du Faucigny[2]. Au cours de la période médiévale, cet espace est d'ailleurs considéré, notamment par l'historien Pierre Duparc, comme une « marche frontière »[1].
Géologie
modifierCet ensemble s'est constitué sur « un seuil molassique et morainique »[3],[1]. La plateau possède une altitude « assez élevée » entre 600 m et 800 m[1], avec un maximum à 955 m au crêt de la Bûche[5], à La Chapelle-Rambaud[6].
Communes
modifierLe territoire des Bornes est constitué en partie du territoire des communes suivantes :
Nom | Code Insee |
Intercommunalité | Superficie (km2) |
Population (dernière pop. légale) |
Densité (hab./km2) |
---|---|---|---|---|---|
Arbusigny | 74015 | CC Arve et Salève | 12,25 | 1 139 (2021) | 93 |
La Chapelle-Rambaud | 74059 | CC du Pays Rochois | 4,27 | 254 (2021) | 59 |
Groisy | 74137 | CA Grand Annecy | 21,44 | 3 990 (2021) | 186 |
Menthonnex-en-Bornes | 74177 | CC du Pays de Cruseilles | 8,48 | 1 103 (2021) | 130 |
Saint-Blaise | 74228 | CC du Pays de Cruseilles | 2,55 | 372 (2021) | 146 |
Le Sappey | 74259 | CC du Pays de Cruseilles | 13,72 | 447 (2021) | 33 |
Villy-le-Pelloux | 74307 | CC du Pays de Cruseilles | 2,97 | 996 (2021) | 335 |
Villy-le-Bouveret | 74306 | CC du Pays de Cruseilles | 3,49 | 623 (2021) | 179 |
Vovray-en-Bornes | 74313 | CC du Pays de Cruseilles | 6,57 | 555 (2021) | 84 |
Histoire
modifierLes Bornes sont attestées dès le XIVe siècle (1325[7]) sous la forme latine Bornae[8]. Ce plateau est une « zone »[8] ou « marche frontière »[1] du comté de Genève, depuis le XIIIe siècle[9]. Pour Pierre Duparc, il pourrait s'agir du territoire qui composait l'extrémité nord-est du pays de l'Albanais, vers le Xe siècle[1],[8]. Sa création pourrait remonter avant la mise en place des châtellenies vers 1300[10].
Une seigneurie semble se développer autour du château de Soirié (ou Soirier, Soyrier), installé au-dessus du village du Plot, sur la commune de Groisy[11]. Elle était constituée des villages de Soirier (commune de Groisy), Daudens (Évires) et La Chapelle-Rambaud. Le château contrôlait l'espace ainsi que la route reliant Annecy à la cité de La Roche-sur-Foron et les routes secondaires menant à Cruseilles et Thorens. Le château appartient à la famille noble de Soirier. Pour les historiens locaux, cette famille disparaît rapidement puisque les comtes de Genève semblent hériter de la seigneurie.
Vidomnat des Bornes
modifierLe plateau forme un ensemble particulier puisqu'il est organisé en vidomnat, dépourvu d'un véritable centre[1], « sans châtelain, ni vidomne, [mais d'un] « métral du vidomnat des Bornes » qui fit fonction de châtelain »[12]. Il semble que le château de Soyrier ait toutefois pu jouer ce rôle[11].
Dans le comté de Genève[1], puis dans le comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[13],[14]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[15]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[16]. Le particularisme du vidomnat fait que la charge échoit en réalité à un métral qui faisait office de châtelain.
- 1325-6 juin 1328 : Thomas Panatier, métral et receveur ;
- 17 septembre 1368-1er juillet 1381 : Perronet de Chavane, métral et receveur ;
- 1er juillet 1381-5 juillet 1393 : Rolet de Chavane, fils de Perronet de Chavane, métral et receveur ;
- 5 juillet 1393-11 mai 1401 : héritiers de Rolet de Chavane, métraux et receveurs.
Au cours de la guerre opposant les principautés de Savoie au Dauphiné, le vidomnat devient pour une courte période (mai 1332 à septembre 1333) la châtellenie de Soirier, entre les mains de Pierre de Chatillion[18]. Au cours de la période, Hugues de Genève, fils du comte Amédée II de Genève, le Dauphin Humbert Ier de Viennois et le baron de Faucigny, Hugues, son fils, attaque attaquent et prennent le château ainsi que celui de La Balme[19]. Ils sont repris par le comte Amédée III de Genève, qui entame une chevauchée dans le vidomnat aux mains de Hugues de Genève[19]. En effet, ce prince de la maison de Genève semblait avoir hérité du fief[20]. En 1333, une négociation entre Hugues de Genève et le comte Amédée III de Genève abouti à l'abandon de l'ensemble des droits du premier dans le comté de Genève, notamment ceux sur le vidomnat, en échange des châteaux de Cruseilles et d'Hauteville[21].
Un acte de reconnaissance du cite Vallere Bonnadei, chanoine de Genève, comme seigneur du vidomnat des Bornes[22].
L'existence du vidomnat semble perdurer jusqu'à la fin du XIVe siècle[23], notamment connu à travers les comptes de châtellenie de l'année 1368 à 1401[17]. Son territoire correspond aux paroisses de La Chapelle-Rambaud, Évires, Groisy, Menthonnex-en-Bornes et Vovray-en-Bornes[7],[24].
Le [25], Amédée VIII inféode le vidomnat à Pierre de Ballaison[10],[26]. Il s'agit toutefois que d'un « office inséré dans le ressort de la châtellenie de la Roche en Genevois »[25].
Périodes contemporaines
modifierDans une description du climat politique au cours de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, la petite région est décrite comme particulièrement « rurale, isolée et fortement pratiquante », par rapport au reste du Genevois du Nord[27].
Administration
modifierRéférences
modifier- Pierre Duparc 1955, p.373 (lire en ligne).
- Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie 2007, p. 53.
- Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie 2007, p. 93.
- Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 458.
- « Carte IGN classique » sur Géoportail.
- Chanoine Adrien Gavard, « Quelques notes sur Étrembières à travers les siècles », Mémoires & documents publiés par l'Académie salésienne, , p. 51 (lire en ligne).
- Histoire des communes savoyardes 1981, p. 273.
- Histoire des communes savoyardes 1981, p. 249.
- Michel Germain, Jean-Louis Hebrard et Gilbert Jond, Dictionnaire des communes de Haute-Savoie, Éditions Horvath, , 450 p. (ISBN 978-2-7171-0933-7), p. 443.
- Histoire des communes savoyardes 1981, p. 647.
- Pierre Duparc 1955, p.418 (lire en ligne).
- Pierre Duparc 1955, p.426 (lire en ligne).
- Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
- Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
- Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
- Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
- ADS1.
- ADS3.
- Pierre Duparc 1955, p.273 (lire en ligne).
- Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 133.
- Pierre Duparc 1955, p.274 (lire en ligne).
- Archives de l'ancien duché de Savoie. Série S A. Inventaire, Archives départementales de la Savoie, imprimerie Gardet, 1966, p. 41
- Michel Germain, Jean-Louis Hebrard et Gilbert Jond, Dictionnaire des communes de Haute-Savoie, Éditions Horvath, , 450 p. (ISBN 978-2-7171-0933-7), p. 165.
- Pierre Duparc 1955, p.415 (lire en ligne).
- Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3), p. 384.
- Pierre Duparc 1955, p.423 (lire en ligne).
- Luc Feugère, « Les forces de l’esprit : rôle et influence du clergé, des organisations rationalistes et des instituteurs dans la vie politique de l’arrondissement de Saint-Julien-en-Genevois de 1875 à 1914 », Échos saléviens : revue d'histoire locale, no 1, , p. 63 (lire en ligne).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 249-250, « Le canton et le district de Cruseilles ».
- Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne). .
- Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0). .
Fonds d'archives
modifier- Série : Comptes des châtellenies (1325-1401). Fonds : Comptes de châtellenie et de subsides; Cote : SA 17321-17341. Chambéry : Archives départementales de la Savoie (présentation en ligne).« Châtellenie vidomnat des Bornes »
- Série : Comptes des châtellenies (XIIIe siècle-XVIe siècle). Fonds : Inventaire-Index des comptes de châtellenie et de subsides; Cote : SA. Chambéry : Archives départementales de la Savoie (présentation en ligne).p. 118-119, « Châtellenie vidomnat des Bornes »
- Série : Comptes des châtellenies (1332-1333). Fonds : Comptes de châtellenie et de subsides; Cote : SA SA 18044-18046. Chambéry : Archives départementales de la Savoie (présentation en ligne).« Châtellenie de Soyrier »