Valérie Cabanes
Valérie Cabanes (prononcer « Cabanès », née en 1969 à Pont-l’Abbé) est une juriste en droit international spécialisée dans les droits de l'homme et le droit humanitaire[1], écologiste et essayiste française. Elle a participé au lancement du mouvement citoyen End Ecocide on Earth[2] qui défend le projet de faire reconnaitre en droit pénal international l'écocide comme 5ème crime contre la paix et la sécurité humaine[3]. Elle est actuellement membre du Conseil consultatif de l'ONG Stop Ecocide International et membre du Comité directeur de la Global Alliance for the Rights of Nature (GARN). Elle est également cofondatrice de l'association Notre affaire à tous qui œuvre à l’instauration d’une justice climatique[4] et est l'une des quatre ONG à l'initiative de l'affaire du siècle[5]. Elle a aussi co-fondé le programme interactif Wild legal, école des droits de la Nature.
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Un nouveau droit pour la Terre : pour en finir avec l'écocide (Seuil, 2016) Homo natura : en harmonie avec le vivant (Buchet/Chastel, 2017) |
Biographie
modifierValérie Cabanes a passé 18 ans à diriger des programmes internationaux dans la santé et les droits humains destinés à des personnes en situation de fragilité. De 2006 à 2012, elle participe à la défense des droits des peuples autochtones du Canada et du Brésil et à ce titre, a produit des rapports débattus au Conseil des droits de l’homme des Nations unies et au Parlement européen[1]. En 2013, elle lance avec 6 autres volontaires une initiative citoyenne européenne portant sur un projet de directive européenne sur le crime d'écocide. En 2015, elle travaille sur une proposition d’amendements au statut de la Cour pénale internationale portant sur le crime d’écocide défendue par le mouvement End Ecocide on Earth. Dans ce cadre, elle co-organise deux tribunaux citoyens, l’un portant sur les droits de la nature durant la COP21 avec NatureRights et la Global Alliance for the Rights of Nature, l’autre sur les activités de Monsanto à la Haye en avec la Monsanto Tribunal Foundation[6],[7].
En 2015, elle participe également à la rédaction du projet de Déclaration universelle des droits de l’humanité remis à François Hollande (publiée aux éditions du Chêne en ). Puis à l'initiative de l'écologiste Marie Toussaint, elle cofonde avec neuf écologistes et juristes[8] Notre affaire à tous, l'ONG à l'initiative de Affaire du siècle et dont elle est aujourd'hui présidente d'honneur. NAAT « œuvre à l’instauration d’une justice climatique » et agit dans le domaine juridique afin de « faire respecter et améliorer le droit en vigueur, notamment celui du droit à un environnement sain »[8]. Elle aide enfin une délégation internationale de représentants autochtones à rédiger 17 recommandations à l’intention des chefs d’États présents à la COP21 en collaboration avec l’ONG Planète Amazone. Depuis 2016, elle conseille les Nations unies dans le cadre du programme Harmony with Nature et est membre du conseil d'administration de la Global Alliance for the Rights of Nature avec comme objectif que la Nature devienne sujet de droit. En 2020, elle intègre le Panel d'experts internationaux, mandatés par la Fondation Stop Ecocide pour rédiger une définition juridique de l'écocide, délivrée en juin 2020.
Idées développées dans ses essais
modifierValérie Cabanes défend l’idée selon laquelle il est urgent pour l’homme de retrouver sa juste place dans la chaîne du vivant. Selon elle, l’homme a un devoir de protection de la planète et de tout le vivant et de réconciliation avec la nature. Même si elle pense que cela est avant tout une prise de conscience personnelle, elle est convaincue que le droit pourrait accompagner ce cheminement en reconnaissant la nature comme sujet de droit[9]. Sa priorité est de faire reconnaître les atteintes les plus graves à l'environnement et au système Terre dans son ensemble (effondrement de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources, pollutions, destruction des habitats naturels, etc.) comme un crime d'écocide en droit pénal international ; un crime qui touche toutes les espèces vivantes et notamment l'espèce humaine qui est désormais menacée d'extinction. Pour que soient enfin déterminés les responsables, et les gouvernements qui les soutiennent, afin que ces crimes soient empêchés et ne restent pas impunis[10],[11].
« Reconnaître la destruction des écosystèmes comme un crime semble nécessaire pour imposer par la loi, à nos gouvernements et à nos entreprises, la transition énergétique qui permettra de protéger notre environnement, de mieux respecter notre droit à la vie et celui des générations futures »[1].
End Ecocide on Earth
modifierValérie Cabanes rejoint en 2012 l’équipe de End Ecocide in Europe afin de préparer et lancer en une initiative citoyenne européenne visant à poursuivre les actes générant des écocides[12]. Pour ce faire, elle a notamment publié avec une douzaine d'intellectuels[13], une tribune appelant à « limiter sinon arrêter les destructions graves de la nature en mettant en accusation les responsables physiques des atteintes graves à l'environnement »[14]. Cette initiative citoyenne s'étend à la planète en 2014 et prend pour nom End Ecocide on Earth toujours abrégé en EEE. Son objectif est que l’écocide soit reconnu par le droit pénal international « comme cinquième crime pouvant être poursuivi devant la Cour pénale internationale au même titre que le crime contre l’humanité, le crime de génocide, le crime de guerre et le crime d’agression »[15],[16].
Alors que les atteintes graves à l'environnement sont reconnues en temps de guerre par la cour pénale internationale, EEE souhaite que l’écocide soit également considéré comme un crime en temps de paix afin d’établir des normes définies par le respect des limites planétaires qui protègent les systèmes écologiques. Il s’agit notamment de ne pas laisser les grandes industries poursuivre la destruction de l’écosystème terrestre afin de protéger la biodiversité et limiter le changement climatique, et garantir le droit à tout être humain à un environnement sain et durable. Et de permettre de poursuivre pénalement ces industries à la hauteur des dégâts engendrés en toute connaissance de cause.
Ouvrages
modifier- « Crime climatique et écocide : réformer le droit pénal international », in Crime climatique stop ! : l'appel de la société civile, collectif coordonné par Nicolas Haeringer, Maxime Combes, Jeanne Planche et Christophe Bonneuil, Le Seuil, coll. « Anthropocène », 2015 (ISBN 978-2-021283-648)[17]
- Un nouveau droit pour la Terre : pour en finir avec l'écocide, préface de Dominique Bourg, Le Seuil, coll. « Anthropocène », 2016 (ISBN 978-2-021328-615)[18],[19]
- « Préface » et « Le crime d'écocide », in Des droits pour la Nature, collectif sous la direction de Samanta Novella, éditions Utopia, coll. « Ruptures », 2016 (ISBN 978-2-919160-235)
- Homo natura : en harmonie avec le vivant, préface d'Edgar Morin, Buchet-Chastel, coll. « Dans le vif », 2017 (ISBN 978-2-283030-196)[20],[21]
Ouvrages collectifs
modifier- « Le droit d'habiter la Terre », dans Laurent Testot et Laurent Aillet (direction), Collapsus : Changer ou disparaître ? Le vrai bilan sur notre planète, Éditions Albin Michel, , 352 p. (ISBN 978-2-22644-897-2).
Notes et références
modifier- Bio
- (en) « End Ecocide. À propos de nous », sur endecocide.org.
- Vers une reconnaissance du crime d’écocide - Legitech
- « - Notre Affaire à Tous », sur Notre Affaire à Tous (consulté le ).
- (en) « Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! », sur L'Affaire du Siècle (consulté le ).
- Procès de Monsanto : « Porter atteinte à l’écosystème Terre, c’est menacer la paix, l’humanité »
- Un Tribunal Monsanto pour criminaliser l' « écocide »
- Qui sommes-nous? – Notre affaire à tous
- « Reconnaissons la nature comme sujet de droit »
- Protégeons les générations futures ! - YouTube
- Valérie Cabanes " Un droit pour la terre " - YouTube
- Cf. la page "équipe qui sommes-nous" sur le site End Ecocide on Earth.
- dont notamment Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Jean Gadrey, Susan George, Georges Menahem, Edgar Morin, René Passet, Pierre Rabhi, Jacques Testart et Patrick Viveret.
- Cf. tribune « Une initiative citoyenne européenne pour préserver la nature et les générations futures » publié le 16 juillet 2013 dans le journal Le Monde
- Valérie Cabanes : «L’objectif est de faire de l’écocide le cinquième crime international contre la paix» - Libération
- Notre stratégie
- Crime climatique : stop ! : l'appel de la société civile - France Culture
- « Un nouveau droit pour la terre » de Valérie Cabanes - RFI
- Un nouveau droit pour la Terre de Valerie Cabanes, Dominique Bourg
- « Homo Natura », lève, lève-toi - Culture / Next
- Valérie Cabanes: «Homo natura, en harmonie avec le vivant» - RFI
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Biens communs
- Crise écologique
- Droit de l'environnement, Droits de la nature
- Droits de l'homme
- Écocide
- Écologie profonde
- Espèce en danger critique d'extinction
- Crime environnemental
- Crime contre l'humanité
- Réchauffement climatique, Enjeux du réchauffement climatique, Projet de tribunal international climatique
- Extinction de l'humanité, Extinction des espèces
- Éthique de l'environnement
- Limites planétaires
- Préjudice écologique
- Ressource naturelle
- Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux, Déclin de civilisation
- Peuple autochtone, Premières Nations, Droits des peuples autochtones, Déclaration des droits des peuples autochtones
- Savoirs traditionnels (droit)
Liens externes
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- Site officiel
- Ressource relative à plusieurs domaines :