100e anniversaire de la fondation du Conservatoire de Musique de Luxembourg :


'L'enseignement musical à Luxembourg'

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Tous les arts aspirent à rejoindre la musique, héritage sacré d'Apollon, langage mystérieux, plein de magie et si riche en sortilèges, que les neuf Muses, malgré la diversité de leurs missions, lui ont réservé le privilège de porter leur nom. De tout ce que la musique palpe, de tout ce qu'elle heurte ou effleure, elle est arrivée à tirer une étincelle de beauté. Elle a éveillé la matière à la vie secrète des vibrations qui lui donnent une âme.

La musique incite les musiciens à réaliser, d'ère en ère, de siècle en siècle, une sorte de création du monde au second degré, en élaborant et en aménageant à leur usage un microcosme minutieu¬sement organisé, réglé comme un mouvement d'horlogerie et solidement rattaché aux ressorts de la vie universelle.

Malgré ou peut être à cause de sa superficie restreinte et de sa population peu nombreuse, le Grand Duché de Luxembourg peut se prévaloir d'une vie culturelle aussi riche que variée, et, si les autres formes artistiques existent, la musique joue un rôle dominant et dans le domaine de l'exécution musicale et dans celui de l'offre de concerts et autres manifestations musicales faites au public autochtone et étranger.

On peut affirmer que la musique fleurit en quelque sorte depuis plus de deux mille ans dans notre pays: parmi les médaillons de la mosaïque romaine de Nennig, un des plus remarquables est celui qui représente un orgue hydraulique et son organiste ensemble avec un joueur de cor. C'est un des rares documents que l'Antiquité nous a légués sur cet instrument qui plus tard devait régner sur les autres moyens d'expression de la pensée musicale de par sa richesse et sa complexité.

L'homophonie grégorienne fut certes cultivée dans l'abbaye d'Echternach dès sa fondation et à côté des oeuvres pratiques de musique religieuse apparurent bientôt les traités des théoriciens. Le moine Marquardus, directeur de l'école abbatiale d'Echter¬nach, rédigea au début du Xe siècle un traité remarquable sur la musique du grand théoricien romain, Boetius, décédé en 525. Marquardus, dont la science fut universelle, composa encore des hymnes, des oeuvres en prose, des cantiques, des mélodies etc. Un codex Epternacensis (de Darmstadt) du Xe siècle prouve, de par la forme des neumes, l'influence que l'abbaye de Saint Gall, foyer ardent de l'homophonie grégorienne, a exercée sur le haut-lieu de la culture qu'était Echternach.

La musique, étant «la plus noble des sciences modernes» d'après Saint Thomas d'Aquin, qui lui donnait «le premier rang parmi les sept arts libéraux», occupa une place importante dans l'enseignement. Le château d'Esch sur Sûre était au XIIIe siècle un lieu de rencontre de musiciens et de poètes: «. . . l'asile des ménestrels». Un autre domaine de l'ancien territoire luxembourgeois, le château de Durbuy en Ardenne, logeait dans ses murs de temps en temps le célèbre Guillaume de Machaut, musicien poète, secrétaire et compagnon fidèle du roi jean de Bohême, «Jean l'Aveugle», comte de Luxembourg.

La culture musicale a certes été soignée tout au long des siècles de notre histoire nationale fort mouvementée malgré ou grâce aux différentes dominations étrangères qui n'ont pas manqué de laisser leur trace. Ouverte aux influences et aux courants les plus divers qui se sont manifestés dans les pays voisins, s'enrichissant à toutes les sources, la culture luxembourgeoise est hétérogène, tout en essayant de sauvegarder un patrimoine qui est le fruit d'influences multiples.

L’enseignement musical au XIXe siècle

L'activité des Luxembourgeois, sur le plan musical, ne cessa de croître à partir de la première moitié du XIXe siècle. Quant au développement de l'enseignement musical à Luxembourg avant le XIXe siècle, nous ne possédons que peu d'informations.

En 1814 Napo¬leon Ier signait avec les alliés le premier Traité de Paix Parisien (11 avril ) , suivi de son exile à l’île d’Elbe . Le 13 mai la garnison française quittait la forteresse de Luxembourg pour rejoindre Thionville.L’après-midi les troupes hessoises prenaient leur relève. De 1814 à 1815 Luxembourg appartenait provisoirement à la province „ MitteIrhein“ . Le 21 juillet le prince Guilleaume d’Orange-Nassau se vit remettre la couronne des Pays-Bas en tant que Guilleaume 1er . Son plus grand désir était de tirer profit de l’héritage de Napoléon entre la Meuse et la Moselle pour étendre le territoire hollandais. Cependant la Prusse voulait faire valoir également ses droits sur le territoire situé à l’est de la Meuse et avant tout sur le Luxembourg, Le Duc de Wellington de son côté était d’avis que le Luxembourg ne faisait pas partie de la ligne de défense des Pays-Bas. Face à l’opposition très dure de Guilleaume Ier , la Prusse se résilia finalement et dut se contenter du partage du droit d’occupation de la forteresse fédérale..

Le 26 septembre 1814 débuta la grande réunion qui rassemblait sous la direction de von Metternich de nombreux princes et diplomates européens qui avait pour but de réorganiser l’Europe en tant que troisième grand congrès de paix jusqu’en juin 1815 sous le nom de ‘ Congrès de Vienne ‘.

De la première école de musique et de chant de Henri-Joseph Cornély

C’est cette même année , en soi très importante pour l’avenir du petit Luxembourg, qu’un jeune grenadier français , né le 28 janvier 1786 à Andernach , circonscription de Coblence , et qui avait participé aux campagnes militaires françaises de 1813 et 1814 en tant que musicien militaire , décida de s’établir à Luxembourg comme professeur de musique. Ce jeune militaire , Henri-Joseph Cornély, qui allait être naturalisé luxembourgeois le 29 juillet 1846 , s’était marié le 24 avril 1833 à Luxembourg avec Cathe¬rine Seywert . Cornély déçéda à Luxembourg le 11 mars 1866.

Des extraits du "Courrier du Grand-Duché de Luxem¬bourg", du "Luxemburger Wochen¬blatt" ainsi que du "Journal de la Ville et du Grand-Duché" de même que des documents conservés aux archives municipales permettent de reconstituer les différentes étapes de la carrière et de l’œuvre musicale de Henri-Joseph Cornély ..

En s’établissant à Luxembourg Cornély débuta d’abord comme typographe à l'Imprimerie Schmit Brueck avant d’ouvrir vers 1821 un magasin de musique, un an après avoir fondé la Musique Bourgeoise.

Le 21 décembre 1821, les Luxembourgeois ont pu lire dans le "Luxemburger Wochen¬blatt":

… " Prospectus pour l'établissement d'une école de musique et de chant, à Luxembourg, d'après la méthode de l'enseignement mutuel :

… M. Cornély a l'honneur d'annoncer qu'il se propose d'établir à Luxembourg une école de musique et de chant suivant la méthode de l'enseignement mutuel, à l'instar de l'école de Paris, dirigée par M. B. Wilkem, professeur de l'école-modèle de chant élémentaire et maître de chant de plusieurs établissements renommés. M. Cornély, dans le but de s'environner des lumières nécessaires pour la formation d'un établissement semblable à Luxembourg, a fait un voyage à Paris et a puisé, dans l'école même de M. B. Wilkem, les instructions qui serviront à le diriger convenablement et à lui assurer les avantages qu'il doit comporter. Les parents qui voudraient faire participer leurs enfants à l'instruction que M. Cornély donnera dans son école, sont invités à s'adresser à lui pour lui faire connaître leurs intentions. La classe des moniteurs ouvrira le 2 janvier 1823, et celle des élèves le ler février suivant "

Un document du 16 janvier 1823 conservé aux Archives de la Ville ( Régime hollandais, farde 25 )informe que M. Cornély introduit une demande officielle pour la mise à disposition de bancs d’école de l’ "Ecole Modèle" pour les besoins de son école de musique et de chant qu’il était en train d’ouvrir à Luxembourg-ville.

Dans son édition du 1er mars 1823 le "Luxemburger Wochenblatt" publie l’annonce suivante :

…:"Musik- und Sing-Schule : Nachdem der Unterricht der ersten Mo¬niteurs hinlänglich vorgeschritten ist, beehrt sich Unterzeichneter hierdurch anzuzeigen, dass die Schule Sonnabends, den 1. März und zwar des Morgens von elf bis zwölf Uhr für die Knaben, und nachmittags von vier bis fünf Uhr für die Mädchen eröffnet werden wird. H.-J. Cornély, Professor der Musik." …

Cette école de musique à caractère privé fut cependant soutenue, comme nous verrons plus loin, par les autorités communales. Les premiers cours donnés à l'école de Cornély étaient le piano, le chant, le violon et le violoncelle; les professeurs en étaient Henri¬ Joseph Cornély, Philippe Joachim Boisseaux et joseph Modeste Mancion. L'idée de Cornély fut couronnée de succès et l'école put finalement ouvrir ses portes le 1er avril 1823, grâce aussi au soutien moral du secrétaire de la Ville de Luxembourg de l'époque, M. Mathieu Lambert Schrobilgen, homme érudit qui jouait du violon, et qui est à l'origine du soutien indispensable que les autorités communales ont apporté à cette entreprise privée.

Dans son numéro 81 le "Journal de la Ville et du Grand-¬Duché" annonce que le professeur Cornély se propose d’inaugurer un nouveau cours de principes de musique et de chant et que les succès remportés au cours des dernières années constituent une garantie certaine pour le zèle que les élèves démontreront dans ces nouveaux cours.. Le même journal informe dans son numéro 23 que le premier cours de musique vocale de M. Cornély sera clôturé le 9 avril 1829 dans la grande salle du "Cercle Littéraire" , l’actuel Cercle Municipal et qu’un deuxième cours débutera le 1er mai suivant. Ces cours réservés exclusivement à l’enseignement vocal sont semestriels. On ne parle cependant pas encore de cours instrumentaux et il faudra attendre l’édition du 8 janvier 1845 du "Journal de la Ville et du Grand-¬Duché" pour apprendre ‘ouverture imminente d’une Ecole Municipale de Musique à Luxembourg.

… en passant par l’Ecole Municipale de Musique …

Dans sa séance du 27 décembre 1844 le Conseil Communal de Luxembourg décide de créer une Ecole de Musique Municipale - " Municipal Musikschule ". Le compte-rendu de cette séance retient les points suivants : « article 1: ... le sieur Henri Cornély est nommé professeur du violoncelle et en même temps directeur de l'école de musique . . .» … à l'article 3, Jean¬ François Pirotte de Liège, est nommé professeur de violon. Le 22 février 1845, le Conseil Communal décida la nomination de Joseph Modeste Mancion qui avait enseigné déjà à partir de 1822 à l'école privée de Cornély ainsi que de Guillaume Ziller de Trèves. Malgré les décisions du Conseil Communal, l'école privée de Cornély allait poursuivre ses activités jusqu’à l’ouverture officielle de l’Ecole Municipale de Musique le 15 avril 1845, après que le corps enseignant eut reçu sa nomination définitive (5 mars 1845) ».

La première Ecole Municipale de Musique était logée dans la maison Fouquet, l'actuel passage couvert entre la rue du Curé et la place Guillaume. Pour la première année d'études, quelque 105 élèves s'étaient inscrits : 15 au cours de piano, 3 au cours de violon et le reste en solfège. Le corps enseignant se composait de Henri-Joseph CORNÉLY, directeur et professeur de violoncelle ( 27.12.1844 - 24. 07.1847 ) , Jean-François PIROTTE, professeur de violon ( 27.12.1844 - 8.04.1876 , Modeste ¬Edouard-Joseph MANSION, professeur de solfège et de chant ( 22.02.1845 - ¬6.07.1847 ainsi que Wilhelm ZILLER, professeur de piano (22.02.1845 - 5.12.1874 )

La gestion de l’école fut confiée le 24 juillet 1847 à une Commission présidée par Cornély ( ancien professeur sans salaire ) et composée entre autre de Messieurs Garnier et Schon. A cette époque de nouveaux professeurs rejoignent les rangs du corps 


enseignant. Il s’agit d’Auguste GREYSON , professeur de solfège et de chant ( 30.10.1847 - 27.04.1872) et Joachim-Philippe BOIS¬SAUX ,professeur de violoncelle ( (30.10.1847 – 12. 02.1864 ).

Les meilleurs élèves se sont déjà vu récompensés dès la première année comme rapporte le "Courrier" du 13 septembre 1845 dans un article sur la distribution de prix … " distribution des prix mérités par les élèves de l'Ecole de Musi¬que qui se sont le plus distingués pen¬dant la courte période de cet établisse¬ment, qui, comme on sait, n'a été com¬plètement organisé que vers le 25 avril dernier. .. L'orchestre a été dirigé par MM. Comély et Mansion. . . Les élèves: solfège, prof. Mansion: 42 garçons et 52 filles; violon, prof. Pirotte: 4 élèves; pia¬no, prof. Ziller: 8 garçons et 8 filles; au total: 114 élève s " …

Au concours de 1846 le jeune Dominique Gangler remporte un " 1er Prix de piano" et rejoindra le corps enseignant en 1848 comme chargé de cours de piano .

Deux ans après l’ouverture de l’école de musique deux nouvelles nominations s'imposèrent . Joseph Modeste Mancion, décédé le 7 juillet 1847, fut remplacé par Auguste Greyson ( professeur de solfège et de chant ) et Philippe Joachim Boisseaux qui avait déjà fait partie du corps enseignant de l'école privée de Cornély en 1823. Boisseaux devint le successeur de Henri Joseph Cornély qui, pour des raisons de santé, s'était retiré de l'enseignement en août 1847.

Dans le rapport sur la situation administrative de la Ville de Luxembourg en 1848 on peut lire, au sujet de l'école de musique : … " La population totale de l'école a été, en 1848, de 99 élèves, 42 garçons et 57 filles, répartis comme suit dans les différents cours:


Classe de solfège 22 garçons 34 filles Classe de chant 0 garçon 8 filles Classe de piano 4 garçons 0 fille Classe de violon 11 garçons 0 fille Classe de violoncelle 5 garçons 0 fille Total 42 garçons 42 filles


Pendant le courant de l'exercice, il s'est présenté naturellement que, par suite de circonstances imprévues et même d'incapacité personnelle, des élèves se sont retirés; le nombre en a été insignifiant .

Après Pâques, le nombre des élèves a augmenté, et il a fallu adjoindre au professeur de piano un répétiteur qui a été trouvé dans le rang des élèves : c'est le jeune Dominique Gangler qui s'est rendu fort utile par son zèle et son exactitude.

Sans doute l'administration jugera, s'il y a lieu de lui accorder une légère indemnité. Ses services sont désormais indispensables, parce que la classe de piano est fréquentée par un nombre d'élèves qu'il est impossible au professeur en titre d'instruire tous. Le jeune Gangler se destine au professorat. Mais dans le cas où il ne serait pas admis comme suppléant, et que la ville voulût rester dans la limite actuelle de la dépense, plusieurs élèves de piano devront être refusés.

La classe de solfège peut recevoir un nombre d'élèves très élevé sans rien déranger à l'ordre de l'enseignement, mais celles de chant, de violon et de violoncelle, si les élèves se présentaient au dessus d'un nombre normal, seraient susceptibles de la même mesure que pour celle de piano .

Les localités affectées à l'école de musique, répondent à leur destination pour tous les cours, excepté pour celui de violoncelle. Le professeur de cet instrument, n'ayant point de salle disponible pour l'heure de ses leçons, est obligé à les donner dans sa demeure, ce qui n'est pas en harmonie avec la régularité d'un service qui est dans le cas d'être à tout moment contrôlé par l'autorité, et ce qui d'ailleurs oblige le professeur à des frais, dont il désire avec raison d'être exempté.

Nous ne pouvons dissimuler cependant que le voisinage des écoles primaires ne soit une cause de gêne, dont les écoles elles mêmes se ressentent. Par exemple, lorsque les classes de piano et de violon sont en activité, la musique est plus ou moins un sujet de distraction pour les enfants de l'école voisine, tandis que les exercices de ceux ci sont entendus dans les salles de l'école de musique. Il y a dès lors à désirer que cet inconvénient disparaisse pour autant que possible, et à cette occasion il pourra peut être convenir à l'administration d'examiner si l'école de musique ne serait pas mieux placée ailleurs pour son propre avantage, et en même temps pour laisser disponible aux écoles primaires, tous les locaux sans exception du bâtiment qu'elles occupent.

L'école de musique est une institution fondée dans l'intérêt du pays tout entier; à ce titre elle serait plus justement dénommée école grand ducale ou nationale, d'autant plus que son principal moyen de vitalité est dû à l'Etat qui fournit un subside et qui a droit de vouloir que tous les enfants du pays y soient reçus comme ils le sont effectivement.

La prospérité de l'établissement n'est pas néanmoins subordonnée à son nom, car il n'est pas un seul des cours qui s'y donnent, qui n'ait répondu complètement à l'attente de l'autorité et à l'espoir des familles. L'école compte depuis le peu d'années qu'elle existe, un bon nombre de sujets distingués. La rapidité des progrès a été incontestablement démontrée dans les exercices publics, où des jeunes gens qui avaient moins de huit mois de leçons ont exécuté des morceaux de musique d'une difficulté reconnue et n'ont point laissé à douter que de très bonnes méthodes ne président à leur instruction .

Le Conseil communal avait nommé avant la fin du dernier exercice, une Commission chargée de présenter les bases d'un nouveau règlement pour le service de l'école. Cette Commission s'est occupée de ce soin, mais les événements majeurs survenus cette année, ont entravé ses délibérations. Elles seront reprises bientôt. Il est, en effet, des points qu'il importe de régler incessamment, tels que 1) la limitation de la durée des cours, afin d'obvier à l'encombrement des classes; 2) la limitation des élèves dans les classes instrumentales; 3) la fixation du mode provisoire de relations entre les professeurs, et de ceux ci avec l'autorité " … .

… au Conservatoire de Musique du Grand-Duché de Jean-¬Antoine ZINNEN

Dans sa séance du 18 septembre 1849, le Conseil Municipal décida de conférer le titre de Conservatoire de Musique - " Musik-Conservatoire des Grogherzogthums " à l'établissement scolaire qui reçut également un nouveau règlement d'ordre intérieur. Afin de mieux ordonnancer et de resserrer les liens avec l'administration communale, une Commission fut installée le 15 décembre 1849. La mise en application du nouveau règlement n'eut lieu cependant qu'à la rentrée des cours, après Pâques 1850. Cette même année, les classes étaient transférées de la maison Fouquet au bâtiment de la rue de la Congrégation, suite à un nombre d'élèves en croissance constante comme le mentionne le rapport communal de l'exercice 1850 :

…". Le Conservatoire de Musique est divisé en 5 classes: 1° Le solfège et la lecture de la musique, 2° le chant, 3° le piano, . 4° le violon, 5° le violoncelle.

Chacune de ces classes a reçu pendant l'année scolaire écoulée le nombre de leçons prescrit par les règlements . L'établissement a été fréquenté, savoir : 1° le solfège, par 15 garçons et 63 filles, ensemble 78 élèves, 2° le chant, par 0 garçon et 9 filles, ensemble 9 élèves, 3° le piano, par 1 garçon et 17 filles, ensemble 18 élèves, 4° le violon, par 10 garçons et 0 filles, ensemble 10 élèves, 5° le violoncelle, par 7 garçons et 0 filles, ensemble 7 élèves En tout par 33 garçons, 89 filles, ou 122 élèves.

Les cotisations fixées par le nouveau règlement à 5 F, 10 F, 15 F 20 F, et 25 F pour le solfège, et à 20 F, 30 F, 40 F, 50 F et 60 F par an, pour les autres classes, ont produit pour le premier semestre où elles furent introduites, la somme de 1 095 F, tandis que pour les précédents semestres ces cotisations ont été loin d'atteindre le même chiffre.

Les frais du Conservatoire, montant pour l'année scolaire 1849 1850, à 5 997,20 F ont été couverts par

1° un subside accordé par le Gouvernement de F 2 900 2° les rétributions payées par les élèves solvables F 1 527 3° le subside de la ville F 1 570,20

                                                                                   ---------------
                                                        Somme égale      F 5 997,20

L'intérêt du service a exigé, dans le courant de l'année, qu'il fut adjoint au professeur de la classe de piano un répétiteur, qui a été nommé en la personne de la Delle Malvine Scholl.

Cette demoiselle a donné ses leçons avec beaucoup de succès et elle répond à l'attente de l'autorité.

Une mesure analogue a été prise au sujet de la classe de solfège (section des filles) trop nombreuse pour un seul professeur. Melle Joséphine Mann vient d'être chargée des répétitions à donner dans cette classe.

La Commission administrative du Conservatoire a constaté que pendant cette année les élèves des différentes classes ont, en général, fait des progrès très satisfaisants, et que le personnel des professeurs s'est acquitté de sa tâche avec beaucoup de zèle et d'exactitude.

Les locaux affectés dans le bâtiment de la Congrégation au service du Conservatoire de musique, n'offrant plus l'espace suffisant pour loger convenablement toutes les classes, le conseil communal a, par délibération du 5 octobre dernier, autorisé la Commission administrative du Conservatoire à louer, pour une année, le second étage du bâtiment de l'ancien Cercle Littéraire, afin d'y placer une partie de ces classes.

Il n'est pas à douter que par l'application du nouveau règlement, qui n'est introduit que depuis 6 mois et qui a déjà porté ses fruits, l'Administration communale ne parvienne bientôt à élever le Conservatoire au degré d'impor¬tance qu'il est destiné à atteindre "...

En 1851, 110 élèves étaient inscrits pour le 1er semestre et 111 pour le deuxième. A la fin de l'année scolaire, les professeurs Scholl et Mann quittaient l'établissement pour aller s'établir à l'étranger. Elles furent remplacées par Mademoiselle Deesz de Sarrebruck.

Rapport sur la situation administrative de la Ville de Luxembourg pour l'exercice 1852:

… ". Lors de la discussion du budget de 1852, le Conseil communal a émis le désir de voir créer un cours d'instruments à vent, en insistant sur l'enseigne¬ment de l'orgue.

Une somme de 2.000 F ayant été portée à cet effet et d'office au budget, la Commission administrative du Conservatoire s'est immédiatement occupée de l'organisation de ces cours.

De grandes difficultés s'opposent encore pour le moment à l'organisation complète du cours d'orgue; mais pour répondre autant que possible au voeu du Conseil, des leçons de piano préparatoires au cours d'orgue ont été données pendant le dernier semestre à six élèves admis gratis.

Par sa délibération en date du 26 octobre 1852, le Conseil communal a nommé le sieur A. Zinnen, fils, professeur du cours d'instruments à vent, répétiteur de la classe de violon et directeur d'un corps communal de musique d'harmonie à créer. Ces cours sont entrés en activité le 16 novembre 1852 "….

Les conseillers souhaitaient déjà depuis des années pouvoir compter sur une société de musique municipale pour les occa¬sions solennelles, comme la Musique Bourgeoise ne correspondait pas toujours à ce genre d'ensemble représentatif. A la recherche d'un expert auquel ils pouvaient confier et la direction musicale d'un ensemble d'harmonie municipal et des cours au Conservatoire, les autorités s'étaient adressées à Johann Anton Zinnen, chef de musique du deuxième bataillon des chasseurs luxembourgeois, à Diekirch.

Avec le début de cours pour instruments à vent, le nombre des inscriptions aux différents cours augmenta considérablement et des enseignants supplémentaires ont dû être engagés.

Suite à une hausse considérable des frais d'entretien, due à un nombre d'élèves en croissance permanente, l'administration com¬munale proposa à l'Etat de prendre à sa charge le Conservatoire.

et à l’Ecole Municipale de Musique , sous la direction de Laurent Menager .

Comme l’administration gouvernementale ne donnait pas son aval au projet du conseil communal, celui-ci décida de revenir sur ses pas et de dénommer le Conservatoire de nouveau Ecole de Musique, comme nous l’apprend le rapport annuel de l'exercice 1856 :

… " Durch Gemeinderathsbeschluss vom 26. Februar 1826 ward der Fortbe¬stand des Musik Conservatoirs auf die Dauer des Schuljahres 1855 1856 beschränkt. Es ist nicht zu verkennen, dass diese Anstalt wesentlich dazu beigetragen hat, bei unserer Bevölkerung den Sinn für die Musik zu wecken und zu beleben, aber die Ansicht kam auch zur allgemeinen Geltung, dass sowohl deren Benennung, als deren innere Einrichtung nicht einer städtischen Lokal Anstalt anpassend waren. Da jedoch die bei der Regierung gethanen Schritte behufs Erhebung des Musik Conservatoirs zu einer Staats Anstalt wirkungslos geblieben sind, so fand sich die Gemeindeverwaltung veranlagt mit der Organisation dieses Instituts eine Revision vorzunehmen; und an die Stelle des Musik Conservatoirs trat, kraft Gemeinderathsbeschlusses vom 6.September 1856, die jetzt bestehende Musikschule. Unter Beibehaltung des früheren Lehrerpersonals ist dem Unterricht ein mehr elementarer und noch ausgedehnterer Wirkungskreis aber in einer volksthümlicherer Richtung gegeben worden, und die ganze Anstalt wurde unter die Leitung eines Directors anstatt der früheren Commission gestellt ";..

En reconnaissance des services rendus dans le cadre de ses activités à l'Ecole de Musique, J. A. Zinnen reçut , par arrêté de l'administrateur général de la justice ( Ministre de la justice) le 26 août 1857 sa nomination définitive comme directeur de l'établissement. C'est la même année que, sous l'impulsion du nouveau directeur, deux soirées musicales publiques furent organisées avec le concours des professeurs et des élèves. Sous la direction de J. A. Zinnen, l'école florissait et atteignait un niveau artistique très élevé. Zinnen dirigea avec succès un orchestre composé de professeurs et d'élèves de son établissement, renforcé suivant les besoins par de bons musiciens-amateurs de la ville. Cet orchestre donnait chaque année un concert de charité au profit du bureau de bienfaisance de la ville.

Le corps enseignant de la nouvelle Ecole Municipale de Musique qui avait ouvert ses portes le 6 septembre 1856 se composait de : Laurent MENAGER, répétiteur dans la classe de solfège et violon à partir du 13.10.1856 ) , nommé professeur-agrégé le 1er octobre 1864 et finalement professeur du 20.03.1875 jsuqu’au 17.06.1882); Jules DE SWERT, professeur de violoncelle et accompagnement du 29.09.1864 au ¬30.08.1865); Jean VERMAST, professeur de piano du 20.03.1875 au 17.06.1882) ; Hippolyte V AN ACKER, professeurr de violoncelle du 29.05.1875 au 17.06.1882); Pauline HRISTMANN, professeur de chant du 9.10.1880 au 27.03.1882); Achille LY¬NEN, professeurr de violon du 28.05.1881 au ¬17.06.1882).

L'estime dont jouissait l'Ecole de Musique auprès de la population était tel qu'au début de 1863 une dame de la bourgeoisie fit don d'un magnifique piano à queue à l'établissement. Malgré les succès de l'école, les problèmes administratifs ne se faisaient pas attendre et plus d'une fois les affaires de l'Ecole de Musique donnaient du fil à retordre aux élus communaux, comme en témoignent les copmptes-rendus des séances du Conseil communal du 21 et 29 septembre 1864. Il y fut question de pourvoir à la succession du professeur Boisseaux, décédé quelques semaines auparavant. Tout le monde était bien d'accord à accepter la candidature du violoncelliste belge Jules de Swert qui cependant demandait des conditions pas tout à fait à la convenance des autorités communales. L'affaire connut malgré de longs débats une issue heureuse et le jeune artiste belge reçut finalement sa nomination .

Le 1er octobre 1864, sur proposition de la conférence des professeurs , le jeune répétiteur Laurent Ménager, reçut sa nomination de professeur.

Alors qu'en 1856 on avait en quelque sorte aboli la Commission administrative, destinée à veiller sur l'exécution du règlement élaboré en 1849, le conseiller Heck demande le 22 juillet 1865. . . «qu'on veuille bien nommer, pour l'année prochaine (1865/66), comme on est d'intention de le faire pour les écoles primaires, une Commission chargée d'exercer, de concert avec le directeur, une surveillance plus active sur l'école de musique»... Le bourgmestre fit savoir que la question serait examinée mais qu'il était d'avis que l'établissement ne pouvait pas être «en souffrance» du fait que le nombre d'élèves augmentait constamment.

Monsieur Heck répliqua: . . . « C'est précisément là, pour moi, un motif de demander une plus grande surveillance, car d'après le règlement les élèves ne sont admis aux classes d'instruments qu'après avoir justifié de connaissances préparatoires suffisantes, et à cet égard je pense qu'on n'a pas été assez strict. Le directeur seul décide, avec le collège échevinal si l'on fait appel à lui, de l'admission des élèves aux différentes classes. Je crois que la position du directeur est sous ce rapport assez difficile vis à vis des habitants et qu'il doit être soutenu pour pouvoir refuser des élèves qui ne justifieraient pas des connaissances nécessaires; du même coup on écarterait les complaisances qui pourraient avoir lieu ». . .

Les problèmes qui étaient à l'origine des réorganisations de l'école en 1849 et en 1856 apparurent de nouveau en 1872 et comme l'Ecole de Musique était devenue en quelque sorte une institution dont on ne pouvait plus se passer, l'administration communale réorganisa l'enseignement musical une troisième fois.

Le 2 février 1872, M. Servais, ministre d'Etat, adressa au Collège une dépêche, dont ci-après une extrait très significatif : … « De nombreuses plaintes s'étant élevées dans les derniers temps, notamment dans la presse, au sujet de l'enseignement défectueux et des résultats insuffisants de l'école de musique, vous jugerez sans doute à propos d'ouvrir à ce sujet une enquête et de prendre, le cas échéant, des mesures pour réorganiser le dit établissement de manière qu'il réponde au but en vue duquel il a été créé » … .

Cette dépêche prouve que l'Etat ne voulait pas se désintéresser dans cette question, puisque la réorganisation de 1856 n'avait pas produit les bons résultats qu'on en avait attendus. La question de supprimer l'école de musique fut discutée au sein du Conseil communal, on se prononça contre la suppression, mais on reconnut la nécessité d'une réforme, d'une réorganisation.

Ces problèmes étaient aussi en partie dus aux frais d'exploitation élevés de l’établissement. L'administration a voulu diminuer les charges incombant à la ville, mais qu'elle n'y a pas réussi. Le taux des rétributions scolaires cependant ne pouvait hélas être adapté en conséquence.

Sous la direction de J.A. Zinnen l'école florissait et elle atteignait un niveau artistique très élevé; en 1880 le corps enseignant se composa de 12 professeurs et 27 répétiteurs. Parmi les professeurs citons quelques noms qui sont restés liés à notre histoire musicale: Pirotte, Ziller, Greyson, Menager, Ver¬mast, van Acker et Lynen.

Hélas, la jalousie naissante au sein du corps enseignant, surtout depuis la nomination de deux professeurs étrangers, en 1881, allait mettre un terme à l'existence de la première école de musique municipale. Le corps des professeurs était divisé en deux camps, se combattant au détriment du prestige de l'établissement et de l'instruction des élèves et les deux nouveaux professeurs nommés agissaient ouvertement contre le directeur de l'établissement, homme pourtant honnête et correct dont le seul but était de servir l'instruction musicale.

Confronté à ces événements inattendus, le conseil municipal désigne en mai 1882 une Commission spéciale chargée de lui faire un rapport sur la situation désastreuse.

Dans le quotidien l'«Indépendance luxembourgeoise» du 15 juin 1882 on put lire:

… « La suppression, la réorganisation ou le maintien du statu quo de l'Ecole de musique de la ville de Luxembourg a trop d'intérêt pour les habitants pour que nous négligions de reproduire le rapport de la Commission du Conseil chargée de faire des propositions au sujet de cette question. Ce rapport conclut à la suppression pure et simple de l'établissement. La discussion est donc ouverte » … .

Voici le rapport en question :

… «  Votre Commission s'est réunie cinq fois et a examiné tout le dossier de l'Ecole de musique de 1845 à 1882; elle a consulté tous les rapports qui ont été faits au sujet de cet établissement; elle a suivi pas à pas les diverses phases qu'il a traversées depuis sa création jusqu'à ce jour. Le rapport qu'elle avait préparé, est assez volumineux, mais comme la solution de la question est urgente et que les circonstances ne sont pas de nature à faire ajourner la solution, votre Commission croit pouvoir se contenter de formuler les conclusions auxquelles elle est arrivée après un étude aussi minutieuse que possible.

Ces conclusions, les voici : En 1845, l'Ecole de musique a été créée sur la proposition du Gouvernement qui assumait les deux tiers des dépenses, déduction faite des rétributions scolaires. Ces dépenses se sont élevées à 2.900 F pour l'Etat et à moins de 1.500 F pour la ville.

Depuis cette époque les dépenses se sont accrues d'année en année, tandis que le subside de l'Etat a considérablement diminué. Aussi la ville supporte t elle aujourd'hui les quatre cinquièmes des dépenses, tandis qu'il n'en reste qu'un cinquième à charge de l'Etat. Celui ci ne paye en effet que 2.500 F tandis que la ville débourse 10.000 F. Aussi un élève ne coûtait, en 1845, à la ville que 12 F par an, tandis qu'en 1882, chaque élève coûte 60 F par an, en sus des rétributions scolaires.

En 1849, on donna à l'Ecole de musique le nom de Conservatoire, et l'on fit des démarches pour que l'Etat prit l'Ecole à sa charge. Les démarches n'ont pas abouti, et, en 1856, le Conseil rendit au Conservatoire le nom d'Ecole de musique et déclara formellement que l'enseignement ne sera qu'élémentaire, populaire.

En 1872, la suppression de l'Ecole de musique fut réclamée, mais on crut remédier au mal, en la réorganisant sur une plus large échelle. Mais le mal ne fit qu'empirer.

Depuis quelques années un esprit de désaccord très regrettable s'est fait jour parmi les membres du personnel enseignant de l'Ecole. On dénigra les uns pour exalter les autres; on provoqua une tendance d'opposition, d'antagonisme qui finit par paralyser en quelque sorte tous les efforts faits dans l'intérêt de l'établissement. L'enseignement en dut souffrir et les résultats obtenus s'en sont fatalement ressentis. Le public se mêla de la partie et la situation est devenue intolérable.

L'Ecole de Musique, telle qu'elle existe aujourd'hui ne répond pas au règlement arrêté lors de sa création en 1845, ni au règlement arrêté en 1856 lors de sa réorganisation. Dans ces temps là le Conseil communal n'avait absolument en vue qu'une école élémentaire de musique, tandis qu'il ne manque à l'établissement actuel qu'un cours de déclamation pour en faire un Conservatoire complet. C'est là une des causes de l'insuffisance des résultats obtenus.

Une réorganisation à opérer sur les bases existantes, ne serait qu'un replâtrage, et sous peu les mêmes inconvénients reparaîtraient. Votre Commission ne peut recommander cette réorganisation.

Par ces divers motifs réunis, votre Commission propose donc, à l'unanimité, de décréter la suppression pure et simple de l'Ecole de musique, à partir du 1octobre prochain. Rien n'empêchera le Conseil communal de créer plus tard si le besoin se fait sentir, une nouvelle Ecole de musique plus conforme aux besoins réels de la majorité de la population et moins onéreuse pour les finances de la ville. Toutefois nous rendons le Conseil attentif à la nécessité de réorganiser et de renforcer l'enseignement du chant et du solfège dans les écoles primaires, et cela d'autant plus que cet enseignement sera prochainement rendu obligatoire dans toutes les écoles primaires du pays.

Luxembourg, le 5 juin 1882.

La Commission: Fr. Herriges, E. Mousel, J. Joris . . . ».

  • * *

Les réactions ne se firent pas attendre, à en croire cette lettre adressée à l'«Indépendance luxembourgeoise» et publiée dans l'édition du 21 juin 1882 :

Monsieur le Rédacteur,

C'est au rédacteur et non au conseiller communal que je m'adresse, en vous priant d'insérer ma lettre, renfermât elle même quelques réflexions désagréables pour le conseiller.

En supprimant l'Ecole de musique, le Conseil communal a t il bien réfléchi qu'il est plus facile de démolir que d'édifier et que la musique doit faire partie intégrante de l'instruction publique?

Beaucoup de personnes croient, et je suis de ce nombre, que l'Ecole de musique n'a été supprimée que pour se défaire de quelques professeurs et qu'on se hâtera de la réorganiser avec une partie du personnel actuel, dès qu'on aura champ libre.

Ce serait là un truc indigne des conseillers de la ville de Luxembourg.

Dans le cas où l'Ecole ne serait pas rétablie, on aurait rendu un bien mauvais service aux parents qui ne pourront faire jouir leurs enfants de l'enseignement musical qu'au moyen de bien lourds sacrifices. L'étude de la musique est pour ainsi dire rendue impossible à la classe peu aisée de la population.

Qu'en pensez vous, M. le rédacteur ? T.

  • * *

( A l'époque, le conseiller J. Joris était rédacteur à l'«Indépendance luxembourgeoise» ).

Dès les premières années, le problème du financement de l'Ecole de Musique existait , on l'a vu. Etant donné l'envergure de l'établissement, les autorités municipales cherchaient, en vain, à amener l'Etat à prendre en charge l'école. Mais ce n'est pas le fardeau financier considérable à lui seul, qui allait contribuer à sonner le glas en 1882.

En fait l'Ecole de Musique était devenue la victime de la rivalité entre deux sociétés de musique, la «Concordia» (ville haute) et la «Grönnesch» (ville basse). Ce conflit allait marquer la situation musicale dans la ville pendant de nombreuses années. Le 17 juin 1882, le conseil communal était appelé à se prononcer sur la suppression ou éventuellement la (quatrième) réorganisa¬tion de l'Ecole de Musique. En fin de séance, la suppression pure et simple de l'établissement est mise au vote: 11 élus se sont prononcés pour la suppression et deux étaient contre.

Le 30 septembre 1882, le conseil communal décida de vendre les instruments de l'Ecole de Musique par adjudication publique, et d'allouer au directeur J. A. Zinnen une pension annuelle de 1.500 F.

Les deux professeurs qui avaient intrigué contre leur directeur et qui de fait étaient à l'origine des agitations menant à la dissolution de l'école, furent renvoyés, Laurent Menager fut nommé maître de chant aux écoles primaires de la ville et les autres professeurs reçurent une simple indemnité.

L'adjudication publique du mobilier (instruments et partitions) eut lieu le 1er mars 1883 et rapporta la somme de 2.094,50 F, y compris les 10% additionnels.

J. A. Zinnen quitta le Grand Duché pour aller se fixer à Neuilly-sur Seine et rejoignit l'Orchestre des Concerts Lamoureux, comme soliste. Décédé à Neuilly en 1898, Zinnen n'allait retrouver sa patrie que quatre années plus tard quand sa dépouille fut transférée officiellement au cimetière Notre Dame, où elle repose dans un monument érigé par les Luxembourgeois en hommage à l’auteur de leur hymne national.

Désormais la jeunesse allait être privée d'un enseignement musical populaire, les seules leçons privées, très coûteuses, n'étant certainement pas à la portée de tous!

















Voici une liste plus ou moins complète des "répétiteurs, sous-maîtres et chargés de cours" de 1844-1882 :

Gangler Dominique 1848-1849 , piano Scholl Malvine, Melle 1850-1851 , piano Mann Joséphine, Melle 1850-1851 , solfège, section des filles Deesz Louise, Melle 1851-1857 , solfège et piano Schwibbe . , . 1854-1855 , instruments à vent Rittmayer. . . 1855-1860 , instruments à vent Schmoll Joséphine, Melle 1856-1858 , piano Hilger Victorine, Melle 1856-1860 , piano Müller Hans 1857-1863 , violon Weber Jacques 1858-1864 , … Höfer Mathilde,.Melle 1857-1882 , piano Hertz, . . 1859-1860 , violon Hartmann Auguste 18?8-1862 , instruments à vent Lüder Amélie, Melle Kauffmann-Lüder Amélie, Mme 1860-1868 , piano Baerwald . . . 1861-1864 , violoncelle & clarinette Schroeder A, 1864-1866 , ... Hartmann Auguste 1867-1868 , instruments à vent Hartmann Wilhelm 1867-1882 , violon & instruments à vent Haas Céline, Melle 1868-1869 , piano Lemoy Eulalie, Melle 1868-1869 , piano Klein A. 1868 , ... Brauckmann Elise, Mme 1869-1882 , piano Müller Jos. Alexandre 1869-1870 , piano Wiedemann Lina, Melle 1871-1882 , piano Müller Jos. Alexandre 1875-1876 , piano Klein Nicolas 1876-1882 , instruments à vent ( flûte ) Scholer. . . 1877-1881 , violon & instruments à vent Kneip Marie 1878-1882 , piano Beicht Nicolas 1878-1882 , violon & cuivres










Les différents bâtiments hébergeant l’école de musique de la Ville au XIXe siècle :

1845: bâtiment des écoles primaires de la Ville ( Courrier du Grand-Duché-de Luxem¬bourg 58/janvier

        1845 ) .   

1848: … " Les localités affectées à l'école de musique, répondent à leur destination pour tous les cours, excepté pour celui de violoncelle. Le professeur de cet instru¬ment, n'ayant point de salle disponible pour l'heure de ses leçons, est obligé à les donner dans sa demeure, ce qui n'est pas en harmonie avec la régularité du service. Nous ne pouvons dissimuler cependant que le voisinage des écoles primaires ne soit une cause de gène .

.

Il y a dès lors à désirer que cet incon¬vénient disparaisse. . . et il pourra peut¬-être convenir à l'Administration d'exa¬miner si l'école de musique ne serait pas mieux placée ailleurs pour son propre avantage, et en même temps pour laisser disponible aux écoles primaires tous les locaux sans exception du bâtiment qu'elles occupent " … ( Compte-rendu 1848 - Archives de la Ville de Luxembourg )

1850: … " Après Pâques, les classes de solfège et de violoncelle sont transférées au bâ¬timent de la Congrégation, du fait d'un nombre d'élèves en croissance perma¬nente. Les locaux affectés dans le bâti¬ment de la Congrégation au service du ‘Conservatoire de Musique', n'offrant plus l'espace suffisant pour loger conve¬nablement toutes les classes, le Conseil Communal a, par délibération du 5. 10. 1849, autorisé la Commission Ad¬ministrative du Conservatoire à louer, pour une année, le second étage du bâtiment de l'ancien ,Cercle Littéraire', afin d'y placer une partie de ces classes ( octobre 1850 ) " … (Compte rendu 1850 - Ar¬chives de la Ville) .

30.9.1856: Les salles de classe sont réparties sur trois bâtiments différents :

           a) solfège et instruments à vent dans la bâtiment de la Congrégation ;
           b) classes de violon et de piano dans le bâtiment du " Cercle Littéraire " ;
        c) les cours de violoncelle étaient donnés dans l’appartement privé du professeur Bois¬saux ;
        d) le reste des classes était groupé dans le bâtiment de l’école de musique et les cours de chant 
            étaient supprimés . 

1856-1857: Après la fermeture des salles situées au premier étage du bâtiment du Cercle , les classes qui étaient logées furent transférées dans la rue de la Congrégation .

1857: Toutes les classes sont de nouveau transférées dans le bâtiment du Cercle littéraire ( 1er et 2e étage ) .

1866: A partir du 18 juillet toutes les classes sont logées du passage couvert ( maison Fouquet , place Guillaume ) .

1869-1882: A partir du 26 avril 1869 l’école de musique est installée dans les bâtiments de la l’ancienne caserne d’artillerie ( caserne du Pi¬quet ) qui fut spécialement aménagé à ces fins .



Projets pour un Conservatoire de Musique …


Dans le cadre des discussions budgétaires du conseil communal, en février 1897, l'idée de créer de nouveau une école de musique municipale est lançée suite à de nombreuses demandes .

Le bourgmestre Emile Mousel accepta l'idée tout en remarquant …. «qu'il serait préférable de créer cette école de musique ou ce conservatoire avec le concours de l’Etat, ou même, si l'Etat le désire, lui en abandonner la création et la direction et allouer alors sur la Caisse de la ville une certaine subvention» … .

Le 20 février 1897, déjà la question de l'établissement d'une école de musique fut ventilée à la Chambre des Députés et le 7 avril suivant , Monsieur Mousel informa les conseillers que le collège échevinal avait nommé une Commission chargée d'étudier la création d'une école de musique . Cette Commission était composée de MM. Vannérus, président de la Cour Supérieure de Justice, A. Laval et G. Berchem.

Le 1er juin 1901, le bourgmestre communiqua au conseil une lettre du Directeur général des Finances , datée au 16 avril :

… « Faisant suite à l'entretien que j'ai eu avec vous, j'ai l'honneur de vous adresser ci joint l'avant projet d'une loi qui indique les conditions de l'intervention de l'Etat dans la création éventuelle à Luxembourg, d'un conservatoire de musique; il va de soi que ce projet pourrait être modifié, soit par le Conseil d'Etat, soit par la Chambre des députés, qui à en juger par les discussions qui ont eu lieu à ce sujet parait avoir admis en principe cette intervention. II est bien entendu que la ville de Luxembourg aura en tout cas à pourvoir au bâtiment dans lequel le nouvel établissement sera à loger.

Je voulais seulement vous donner lecture du projet de loi que M. Mongenast veut soumettre à la Chambre. Le Gouvernement donne 3.000 F pour les frais de 1¬établissement et 16.000 F pour les dépenses annuelles, à condition que la ville prenne à sa charge une somme au moins égale.

II est probable que M. Mongenast veut soumettre ce projet à la Chambre encore dans la présente session. L'affaire présente un certain caractère d'urgence… » .

  • * *

Voici l'exposé des motifs du projet de loi, portant la date du 16 avril 1901 et signé par le Directeur général des finances, M. Mongenast:


Exposé des motifs

Luxembourg, le 16 avril 1901

Après la suppression du conservatoire de Luxembourg, l'art musical a été bien négligé dans la capitale et, par contre coup, dans le reste du pays.

C'est un fait d'autant plus regrettable que ce sont précisément les enfants des classes moyennes et inférieures de nos populations qui souffrent de cette situation. La culture de l'art musical peut devenir pour certains d'entre eux un gagne pain; elle constitue pour tous un précieux moyen d'éducation, puis¬qu'elle tend à former le goût, à éloigner l'homme des affections basses, des plaisirs grossiers et à le transporter dans des régions plus élevées où l'esprit fait trêve à ses préoccupations matérielles.

On ne saurait donc qu'applaudir aux efforts que l'administration urbaine a faits dans les derniers temps en vue de voir rétablir chez nous une institution qui a rendu naguère de grands services et qui sera appelée surtout à devenir en quelque sorte l'organe officiel de la culture musicale. L'utilité d'une pareille institution ne saurait être sérieusement contestée.

Les nombreuses aspirations qui se manifestent chez nous dans le domaine de l'art musical, se trouvent abandonnées à leur propre initiative; les plus louables efforts trop souvent sont frappés de stérilité, à défaut d'un système d'éducation musicale solide, d'un côté, d'une direction compétente et d'une concentration intelligente des forces, de l'autre. Aussi la situation de l'art musical est elle beaucoup plus relevée chez nos voisins, où les écoles de musique, les conservatoires, forment des centres intellectuels et artistiques, qui non seulement fournissent une forte instruction, mais d'où sort encore l'impulsion pour la vulgarisation de la bonne musique. La création d'un pareil établissement, chez nous, est à considérer dès lors comme le meilleur moyen de faire fructifier, en les faisant tourner au profit de la culture de l'art, les subsides accordés tous les ans aux sociétés de chant et de musique du pays.

L'administration communale de la ville de Luxembourg, comme je viens de l'indiquer, a l'intention de créer un conservatoire communal. Le Gouvernement a pensé et en cela il se croit d'accord avec les considérations qui ont été exposées à la Chambre des députés que l'Etat doit intervenir dans les dépenses de cet établissement à l'aide d'un subside à accorder dans certaines conditions. L'établissement devra notamment être ouvert aux jeunes gens du pays aux mêmes conditions qu'à la jeunesse de la ville; de plus, les sacrifices que l'Etat entend assumer seront fixés à un maximum et il appartiendra au Gouvernement de fixer et de régler l'emploi de la somme contributive de l'Etat. La ville devra fournir le local à ses frais; les frais de premier établissement (acquisition d'instruments de musique) sont évalués à 6.000 F et le budget des dépenses annuelles à 32.000 F. La part de l'Etat dans les frais de premier établissement pourrait être fixée à 3.000 F. Enfin, le Gouvernement doit se réserver le droit de se faire représenter, s'il le juge à propos, dans la Commission administrative de cet établissement. Le concours prêté par l'Etat à cette entreprise permettra de donner plus d'ampleur à l'enseignement et d'en étendre les bienfaits à tout le pays; ce ne sera plus un établissement d'intérêt purement local, mais d'intérêt général.

                                                                              Le Directeur général des finances,

M. Mongenast


  • * *

Le Conseil d'Etat ne tarda pas à émettre son avis:


Avis du Conseil d'Etat

Par dépêche de M. le Directeur général des finances, en date du 16 avril dernier, le Conseil d'Etat a été appelé à émettre son avis sur un projet de loi concernant l'intervention de l'Etat dans les dépenses d'un conservatoire de musique, que l'administration urbaine se propose d'établir à Luxembourg.

L'institution projetée par la ville est appelée à combler une lacune regrettable de notre enseignement. Les pays qui nous entourent possèdent des établissements spéciaux, de nature diverse, qui sont destinés à l'enseignement musical. Nous n'avons aucune institution de ce genre, et, à ce point de vue, nous nous trouvons placés dans une situation d'infériorité vis à vis de nos voisins.

La Belgique, qui favorise le développement des beaux arts avec tant de succès, possède trois grands conservatoires de musique, établis à Bruxelles, à Gand et à Liège. Ces établissements sont principalement destinés aux jeunes gens qui veulent embrasser la carrière artistique. Ce sont des écoles d'artistes. Les programmes d'études, qui sont des plus étendus, répondent entièrement à cette affectation. A côté de ces écoles de l'Etat il existe, dans toutes les villes d'une certaine importance, des établissements communaux (académies, conservatoires et écoles) qui sont également affectés à l'enseignement de l'art musical, mais dont le programme d'études est beaucoup plus restreint. Ils s'adressent moins aux élèves artistes, qui doivent parachever leurs études à un conservatoire de l'Etat, qu'au grand public; ils ont pour mission de former des amateurs sérieux. Du reste, l'enseignement y est donné avec grand soin et d'une façon absolument méthodique. Les résultats paraissent des plus satisfaisants et semblent répondre aux exigences d'une population dont les goûts artistiques sont singulièrement développés. Le projet de l'administration communale de doter la ville d'un établissement similaire n'a rencontré que des approbateurs. Il ne pouvait en être autrement, du reste. Le conservatoire devant profiter non seulement à la ville, mais au pays entier, le Conseil estime, avec le Gouvernement, que l'intervention pécuniaire de l'Etat se trouve justifiée à tous égards.

Aux termes du projet de loi, le Gouvernement est autorisé à intervenir au maximum 1° pour une part de 3 000 F dans les frais de premier établissement, 2° pour une part de 16 000 F dans les dépenses annuelles. Les dépenses de premier établissement concernent exclusivement le mobilier: les instruments de musique et la bibliothèque. La loi ne s'occupe pas du bâtiment qui sera affecté à l'établissement, et l'Etat n'assume aucune obligation de ce chef.

Quant à la dépense annuelle, le projet de budget de la ville la porte à la somme globale de 31 500 F.

Le concours de l'Etat est subordonné aux conditions qui suivent:

Les jeunes gens du plat pays seront admis à l'établissement aux mêmes conditions que ceux de la ville; la ville devra contribuer aux frais pour une part au moins égale à celle de l'Etat, enfin la ville devra se conformer aux prescriptions du règlements d'exécution de la loi (art. 3). Cette dernière disposition est empruntée à la législation belge: aux termes de l'art. 1 de l'arrêté royal belge du 17 janvier 1881, l'intervention pécuniaire de l'Etat est subordonnée aux conditions suivantes : 1° l'approbation des programmes de l'enseignement, du règlement du

    budget et des comptes;

2° l'inspection; 3° la participation, s'il y a lieu, aux concours.

Des diverses dispositions ne soulèvent aucune observation de la part du Conseil.

Le conservatoire étant un établissement communal, l'organisation et l'adminis¬tration en appartiendront au conseil communal, qui, le cas échéant, se trouvera vinculé par les dispositions de la loi et du règlement d'exécution.

Ainsi délibéré en séance plénière du 26 juillet 1901.

                              Le Secrétaire                                	Le Président
                              P. Ruppert                                   	  Vannérus


  • * *


Le 10 mars 1902, Monsieur Mongenast soumit au Grand Duc un projet de loi concernant l'intervention de l'Etat dans la création d'un conservatoire de musique et quelques jours plus tard déjà, le 15 mars, le projet de loi est retourné au Directeur des finances. Voici ce projet de loi :


Projet de loi relatif à la création d'un conservatoire de musique à Luxembourg

Nous Adolphe, etc., etc., etc.; Notre Conseil d'Etat entendu; De l'assentiment de la Chambre des députés; Avons ordonné et ordonnons

Art. 1er. Le Gouvernement est autorisé à intervenir au maximum: 1° pour une part de 3 000 F dans les frais de premier établissement et, 2° pour une part de 16 000 F dans les dépenses annuelles du conservatoire communal à créer à Luxembourg, à condition que la ville de Luxembourg prenne à sa charge, pour le moins, une part équivalente à celle de l'Etat dans les dépenses et que les élèves du plat pays soient admis aux mêmes conditions que ceux de la ville . Art. 2. Un crédit de 19 000 F sera inscrit à cet effet sous l'art. 2086is du budget des dépenses de l'année 1902.

Art. 3. Un arrêté grand ducal déterminera les règles générales auxquelles doit être subordonnée l'intervention pécuniaire de l'Etat dans les dépenses du conservatoire de Luxembourg.

Mandons et ordonnons etc. Notre Directeur général des finances est autorisé à présenter, en Notre nom, à la Chambre des députés le projet de loi ci dessus.

                                                                                     Abbazia, le 15 mars 1902.
                      		                                                          Adolphe
  • * *

Le 22 mai 1902, la loi définitive portant création du Conservatoire de Musique fut votée à la Chambre des Députés .


Loi du 22 mai 1902, concernant la création d'un conservatoire de musique à Luxembourg.

Nous, Adolphe, par la grâce de Dieu, Grand Duc de Luxembourg, Duc de Nassau, etc., etc., etc. Notre Conseil d'Etat entendu; De l'assentiment de la Chambre des députés; Vu la décision de la Chambre des députés du 24 avril 1902 et celle du Conseil d'Etat du 2 mai suivant, portant qu'il n'y a pas lieu à second vote;

Avons ordonné et ordonnons :

Art. 1er. Le Gouvernement est autorisé à intervenir au maximum: 1" pour une part de 3000 F dans les frais de premier établissement et, 2° pour une part de 16000 F dans les dépenses annuelles du conservatoire communal à créer à Luxembourg, à condition que la ville de Luxembourg prenne à sa charge pour le moins une part équivalente à celle de l'Etat dans ces dépenses, et que les élèves du plat pays soient admis aux mêmes conditions que ceux de la ville.

Art. 2. Un crédit de 19000 F sera inscrit à cet effet sous l'art. 208bis du budget des dépenses de l'année 1902.

Art. 3. Un arrêté grand ducal déterminera les règles générales auxquelles doit être subordonnée l'intervention pécuniaire de l'Etat dans les dépenses du conservatoire de Luxembourg.

Mandons et ordonnons que la présente loi soit insérée au Mémorial, pour être exécutée et observée par tous ceux que la chose concerne.

Luxembourg, le 22 mai 1902

                                                                    Pour le Grand Duc:
                                                         Son Lieutenant Représentant
                                                                           Guillaume,
                                                               Grand Duc Héréditaire

Le Directeur général des finances,

           M. Mongenast
 
  • * *


Ainsi les autorités avaient donné feu vert à la création de notre Conservatoire de Musique. Cependant quatre années précieuses allaient s'écouler avant que l'établissement, aujourd'hui centenaire ouvrait ses portes.

Le 15 décembre 1902 décéda à Luxembourg Madame Eugénie Dutreux, veuve de Joseph Pescatore, de son vivant Vice-Président de la Cour Supérieure de justice.

Par son testament olographe du 9 octobre 1902 elle légua à la ville une somme de 200.000 francs … « pour être par mon exécuteur testamentaire affectée à l'intérêt de la musique, mes collections de médailles, coquillages, marbres, livres, mes tableaux de la maison de ville et de Bofferdange, ainsi que tous les objets précieux se trouvant dans les salons de Bofferdange… ».

Dans sa séance du 6 juin 1903, le conseil communal décidait à l'unanimité de solliciter l'autorisation grand ducale requise pour l'acceptation de ce legs de 200.000 francs et en décida l'attribution suivante:

… «  a) 100.000 francs sont affectés à l'acquisition de 2 maisons de la défunte situées rue de la Trinité et rue de la Montagne. Les maisons en question servent à l'installation d'un conservatoire de musique répondant aux besoins de la ville de Luxembourg et qui portera le nom de «Conservatoire de Musique Eugénie Dutreux». Ce nom sera inscrit d'une manière apparente au dessus de la principale porte d'entrée et il devra être maintenu même si dans la suite des temps, l'établissement devait être transféré dans un autre bâtiment.

b) 50.000 francs sont affectés à l'aménagement et à l'appropriation des maisons à leur nouvelle destination. Si cette somme de 50 000 francs n'est pas entièrement absorbée par cette appropriation, le surplus pourra servir à l'acquisition d'instruments de musique.

c) 50.000 francs sont employés à constituer des bourses d'études à décerner annuellement à des élèves méritants du conservatoire («Ces rentes ou bourses seront conférées à des élèves du conservatoire, méritants soit au point de vue de la conduite que du talent musical, soit pour leur faciliter la continuation de leurs études musicales à l'étranger, soit pour leur permettre d'acquérir les instruments nécessaires à l'exécution de leur art»). Ces bourses portent le nom d’Emma Dutreux et de Tony Dutreux … ».

L'arrêté grand ducal du 19 juillet 1903 autorisait le conseil communal à accepter le legs ainsi que le projet de sa répartition .

A l'époque où l'administration communale croyait encore pouvoir loger l'école de musique à créer dans le nouveau bâtiment du Cercle municipal, à la place d'Armes, le conseil communal avait chargé une Commission composée de Messieurs Vannérus, Laval et Berchem, d'élaborer un projet d'organisation pour la nouvelle école. Le 4 septembre 1903, le Gouvernement rendit attentif à l'article 3 de la loi du 22 mai 1902 stipulant … « qu'un arrêté grand ducal déterminera les règles générales auxquelles doit être subordonnée l'intervention pécuniaire de l'Etat dans les dépenses du conservatoire de Luxembourg ».

Le 19 septembre le Ministre des finances fit part au bourgmestre Emile Mousel qu'il n'avait aucune objection à ce que la Commission chargée par la ville élabore un règlement d'ordre intérieur et qu'elle fasse des propositions au Gouvernement quant à l'aménagement des salles de classe de même qu’à la nomination du directeur de l'établissement .

Par l'acte notariel du 14 août 1903, la Ville de Luxembourg fit l'acquisition des trois maisons dont avait hérité Monsieur Tony Dutreux, neveu de la défunte bienfaitrice.

… «  L'an mil neuf cent trois, Vendredi, le quatorze Août.

Pardevant Maître A. Schaack, notaire à la présidence de Luxembourg et en présence des témoins à la fin nommés et soussignés

A comparu:

Monsieur Tony Dutreux, propriétaire entier demeurant à La Celle Saint Cloud, département de Seine et Oise en France, lequel a, par les présentes, vendu sous les garanties légales, à la ville de Luxembourg, représentée par:

 1° Monsieur Arthur Knaff, Inspecteur des télégraphes, acquittant comme premier échevin de cette ville, faisant fonction de bourgmestre en l'absence de celui ci;
 2° Monsieur Nicolas Philippe, professeur, agissant en qualité d'échevin de la même ville, tous les deux demeurant à Luxembourg, ici présents et acceptant,

1) une maison d'habitation avec cour et jardin, numéro 649 du cadastre, située à Luxembourg, rue de la Trinité, d'une contenance de 8 ares 30 centiares et une autre maison contiguë à la présente numéro 652/182 du cadastre, d'une superficie de 1 are 56 centiares, ces deux immeubles d'un tenant, abornés par Monsieur Alexis Brasseur père, Antoine Pescatore et la rue de la Trinité.

2) une autre avec cour, numéro 650 du cadastre, sise à Luxembourg, rue de la Montagne, d'une superficie de 1 are 56 centiares, entre Gehlen Medernach, donnant de devant sur la rue de la Montagne.

 Tels que ces immeubles se poursuivent et comportent sans aucune exception ni réserve (les différents immeubles) lisez: pour par la ville acquéreuse en faire et disposer en pleine propriété à compter du jour de l'approbation de cette vente par l'autorité supérieure compétente et en avoir la jouissance quinzaine après cette approbation.
 Ces immeubles appartiennent au vendeur pour les avoir recueillis dans la succession de sa tante feu Madame Eugénie Dutreux, veuve de Monsieur joseph Pescatore en son vivant vice Président de la Cour supérieure de justice à Luxembourg, y décédée le quinze décembre dernier, suivant son testament olographe du neuf octobre mil neuf cent deux, déposé au rang des minutes du notaire Léon Majérus à Luxembourg, par acte de son ministère en date du vingt et un décembre dernier.

La vente a été consentie pour le prix de cent mille francs, payables dans les huit jours de son approbation par l'autorité supérieure, entre les mains et sur les quittances du vendeur et en outre aux clauses et conditions suivantes:

1° Les maisons en question serviront à l'installation d'un conservatoire de musique, répondant aux besoins de la ville de Luxembourg et qui portera le nom de «Conservatoire de musique Eugénie Dutreux».

2° Ce nom sera inscrit d'une manière apparente au dessus de la principale porte d'entrée du conservatoire; il sera maintenu, même si dans la nuit des temps le conservatoire (sera) lisez: était transféré dans un autre bâtiment que celui, qui du vivant de la donatrice lui servait d'habitation.

3° D'affecter la somme de cinquante mille francs à l'aménagement et à l'appropriation des maisons à la destination nouvelle à laquelle elles devront servir dorénavant.

Tous les frais du présent acte sont à la charge de la ville acquéreuse. Elle supportera de même tous les droits de succession, mutation et tous autres s'y rattachant qui seront acquittés par le vendeur comme légataire de ces biens vendus. Ces frais devront lui / être restitués intégralement dès qu'il aura justifié de leur payement.

Dont acte.

Rédigé sur modèle présenté et rendu à l'instant en français sur papier libre en conformité avec la loi du seize avril mil huit cent soixante dix neuf.

Fait et passé à Luxembourg en l'hôtel de ville.

En présence et assistance de Messieurs: Frédéric Cravat, rentier, demeurant à Luxembourg et Mathias Junio, tapissier, demeurant au même lieu, témoins requis, connus du notaire par leurs noms, états et demeures, ainsi que des parties comparantes. Lecture faite et explication donnée en langue du pays aux comparants et en leur présence aux témoins, ils ont tous signé avec le notaire instrumentaire la présente minute.

Signés / Arthur Knaff; N. Philippe; Tony Dutreux; Cravat Frédéric; Mathias Junio;Schaack.

Pour expédition conforme, délivrée à la ville acquéreuse à sa demande aux fins d'approbation par le soussigné Maître Auguste Heynen, notaire de résidence à Senningen, canton de Luxembourg, en sa qualité de dépositaire provisoire de feu le notaire Arnold Schaack de Luxembourg.

Luxembourg, le 22 septembre 1903.

Le conseil communal approuvait l’acte dans sa séance du 12 décembre 1903 où différentes questions d’organisation du condervatoire furent abordées sous l’article 3 de l'ordre du jour , dont le lecteur trouve ci-après le procès-verbal :

… «  M. le Président. Dans cette affaire, il nous est parvenu de la part de M. l, Directeur général des Finances les 2 pièces que voici.

D'abord une lettre du 17 octobre dernier:

Comme suite à ma dépêche du 4 septembre dernier, n° 1582 et en réponse à la vôtre, du 15 du mois courant, j'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un proje de l'arrêté grand-ducal, à prendre en exécution de l'art. 3 de la loi au 22 ma 1902, et devant déterminer les règles générales auxquelles doit être subordonnée l'intervention pécuniaire de l'Etat dans les dépenses du Conservatoire de Luxembourg.

Vous voudrez soumettre ce projet à l'avis du Conseil communal de votre ville ce n'est qu'après la mise en vigueur du règlement d'exécution projeté que je serai mis en mesure de pouvoir me prononcer sur le projet d'organisation amené à votre dépêche pré-rappelée.

Voici le texte de ce document:

Considérant qu'il convient de déterminer les règles générales auxquelles doit être subordonnée l'intervention pécuniaire de l'Etat dans les dépenses du Conservatoire de Luxembourg, aux termes de l'art. 3 de la loi du 22 mai 1902; Que la proposition de notre Directeur général des Finances, l'administration urbaine entendue en son avis;

Notre Conseil d'Etat entendu

Avons arrêté et arrêtons:

Art. 1er, Les programmes de l'enseignement, les règlements, les budgets et le: comptes arrêtés par l'administration communale sont soumis à l'approbation du Gouvernement; ce dernier a le droit de faire procéder à une inspection de l'établissement, s'il le juge convenir. Art. 2. Dans le cas où l'administration communale instituerait une Commission de surveillance, la nomination de deux des membres de cette Commission serai¬t réservée au Gouvernement. Art. 3. L'approbation de la nomination du Directeur est également réservée al Gouvernement.

Puisque nous avons déjà 4 membres, MM. Vannerus, Laval, G. Berchem el Tony Dutreux, et que le Gouvernement tient à en nommer deux, nous proposons de nommer une Commission de 7 membres. M. Kemp, M. Mongenast m'a dit qu'il ne considère cette Commission de 4 membres que comme Commission provisoire.

M. le Président. Il est évident que ces messieurs, qui se donnent la peine d'élaborer l'organisation de l'école, doivent rester plus tard membres de la Commission des curateurs. Nous proposons donc une Commission de 7 membres, dont deux à nommer par le Gouvernement. M. Kemp. Et il y aurait lieu de dire que l'un des 5 membres à nommer par nous doit être pris dans le sein du Conseil communal.

M. Munchen. Non, non, il faut avant tout des hommes compétents. M. le Président. Oui, laissons cela aux hommes de l'art. La proposition de M. Kemp pourrait même froisser la Commission, ce serait comme si le Conseil voulait exercer une surveillance sur leur gestion. M. Housse. La Chambre n'a été d'accord pour participer aux frais de l'école de musique que sous la réserve que les élèves du plat pays soient admis aux mêmes conditions que ceux de la ville. C'est donc déjà une contre-valeur que nous fournissons. Si nous instituons une Commission de 5 membres seulement, nous aurions tort de concéder au Gouvernement le droit d'en nommer deux. Eu égard aux sacrifices que fait la ville pour cette école de musique, elle a le droit d'être représentée par un nombre plus grand de curateurs, et pour ce motif, je me déclare d'accord avec la proposition de M. le bourgmestre de nommer 7 membres. Mais cette question n'étant pas encore décidée, il y aurait lieu de répondre à M. Mongenast que pour le cas où l'on nommerait une Commission de 7 membres, nous serions disposés à en laisser deux à la nomination du Gouvernement. Quant au 3e point nous devrons nous opposer de toutes les forces à la demande du Gouvernement qui veut se réserver le droit d'approba¬tion pour la nomination du directeur de l'école. Cela nous constituerait la même situation que celle qui nous est faite pour l'école des artisans où nous n'avons rien à dire quoique faisant les plus grands sacrifices. Nous devons nous réserver le droit de nommer tous les professeurs y compris le directeur sans l'intervention de qui ce soit. A ce propos, le Conseil communal devra encore se prononcer dans le règlement organique sur le point de savoir, si on doit avoir un directeur ayant des connaissances musicales, ou si nous pouvons nous contenter d'un directeur-administrateur. La loi communale s'oppose déjà à ce que nous accordions au Gouvernement le droit d'intervenir dans la nomination du directeur. Le directeur sera évidemment employé communal, et c'est dès lors le Conseil communal qui doit le nommer. Sous le n° 1, le Gouvernement demande à avoir le droit d'approbation des comptes. Par le fait qu'il a le droit de nommer 2 membres de la Commission des curateurs, le Gouvernement peut déjà exercer un contrôle. Rien ne s'oppose à ce que nous lui communiquions les comptes, mais d'après la loi communale, il suffit que nos comptes soient arrêtés par le Conseil communal et arrêtés par le Directeur général de l'Intérieur. Cela ne peut donc pas intéresser le Directeur général des Finances. M. le Président. La loi qui a servi de base à la création de cette école, dispose en son art. 3, qu’un arrêté grand-ducal déterminera les règles générales auxquelles doit être subordonnée l'intervention pécuniaire de l'Etat. Le Gouvernement et la Chambre étaient d'avis que le Gouvernement devait avoir un certain droit de surveillance. Il existe une disposition analogue dans la loi sur l'enseignement primaire qui prescrit que nous devons soumettre annuellement l'organisation scolaire à l'approbation du Directeur général de l'Intérieur. Je crois que c'est dans cet ordre d'idées que le Directeur général des Finances a rédigé cet arrêté. Quant au nombre des membres que le Gouvernement aurait le droit de nommer dans la Commission, je me suis déjà prononcé. Il se peut très bien que M. Housse ait raison pour ce qui concerne la nomination du directeur. C'est la ville qui fait les plus grands sacrifices.

M. Munchen. Il faut que nous restions maîtres chez nous. M. le Président. Je crois également que charbonnier doit rester maître chez lui. Nous nous réserverons donc le droit de nommer le directeur sans avoir besoin de l'approbation du Gouvernement. Je ne crois du reste pas que le Gouverne¬ment s'opposerait. M. Munchen. C'est dans l'intérêt des bonnes relations avec le Gouvernement. Maintenant qu'en est-il des comptes? Seront-ils soumis au Gouvernement?

M. le Président. Tous les comptes seront revus par le Gouvernement.

M. Munchen. Mais pas par le Directeur général des Finances. M. le Président. Il se peut que nous restions une année en dessous du chiffre de dépenses. C'est, je crois, en prévision de ce cas qui pourtant n'est guère probable que le Gouvernement demande à voir annuellement les comptes. Du reste, tous les comptes passent par les mains du Directeur général de l'Intérieur.

M. Probst. Et alors la disposition fait double emploi avec la loi communale. M. le Président. M. le Directeur général des Finances est également Directeurgénéral des Beaux-Arts. M. Probst. Est-ce que vous croyez que M. Mongenast désapprouvera M. Kirpach.

M. le Président. Cela se pourrait, je l'ignore.

M. Housse. Nous donnerons tous les renseignements qu'on nous demandera, mais nous ne pouvons pas empiéter sur les droits de la commune. Le Gouvernement doit ,déjà approuver nos comptes. Si c'est un double emploi, nous sommes d'accord, (Assentiment).

M. Kemp. Maintenant tâchez bien de hâter un peu l'affaire. M. le Président. Nous faisons notre possible, mais il y a des difficultés. Il y a encore un locataire à la maison.

M. Kemp. On pourrait tout de même arranger le rez-de-chaussée et les autres chambres.

M. le Président. La Commission s'est réunie il y a quinze jours et a chargé l'architecte de dresser un plan détaillé de toute la maison en prévoyant une salle pour les auditions dans le rez-de-chaussée. MM. Vannerus et Laval se sont mis en relation avec des connaisseurs. Ils soumettront le travail de M. Luja à une autorité.

M. Kemp. En tout cas qu'on fasse vite.» …

Un arrêté grand-ducal 11 mars 1904 allait compléter les dispositions de la loi du 22 mai 1902 :

… «  Article 1er, Les programmes de l'enseignement et les règlements du conserva¬toire, arrêtés par l'administration communale, sont soumis à l'approbation du Gouvernement; ce dernier a le droit de faire procéder à une inspection de l'établissement, s'il le juge convenir. Article 2, Il sera institué par l'administration communale une Commission de surveillance de cinq membres, dont deux sont nommés par le Gouvernement. Article 3, L'approbation de la nomination, de la démission ou de la révocation du directeur est réservée au Gouvernement.

Article 4, Le présent arrêté sera inséré au Mémorial.» ….

A la demande de l'administration communale, l'architecte van Humbeek de Bruxelles avait soumis deux plans de transformation de la maison Dutreux. La Commission de surveillance, après avoir délibéré sur les deux proposi¬tions, proposa à l'administration communale le deuxième plan en faisant remarauer que, vu l'état des bâtiments, ces transformations ne pourraient être exécutées sans quelque danger et que l'architecte même n'en prend pas de garantie. Sur cela le conseil communal décide de laisser tomber les projets de transformation et d'installer provisoirement l'école de musique dans les maisons mises à disposition à cet effet. Dans sa séance du 24 juin 1905, le conseil charge enfin la Commission de surveillance à organiser de suite l'enseignement. Le 11 novembre 1905, le conseil se fit présenter un projet de règlement organique proposé par la Commission, qui se composait par Messieurs Vannérus, Laval et Berchem, délégués de la Ville ainsi que Charles Larue et Alexis Brasseur, délégués du Gouvernement . Ce règlement organique prévoyait aux articles 9 et 10 les dispositions suivantes, pour ce qui est du personnel :

Article 9 I

Les candidats au professorat, ainsi que les candidats répétiteurs, devront subir avec succès, l'épreuve d'un concours dont les conditions font l'objet d'un règlement spécial.

Les nominations seront faites par l'administration communale sur les proposi¬tions de la Commission de surveillance, le directeur entendu.

Nul ne sera admis au concours pour le professorat, s'il ne justifie avoir terminé, avec succès, ses études musicales dans un conservatoire.

II

En principe, tous les membres du corps enseignant sont fonctionnaires de la ville de Luxembourg et soumis comme tels aux règlements communaux.

S'ils sont âgés de moins de 35 ans révolus au moment de leur nomination, ils jouiront de l'avantage de la pension.

La situation des professeurs ou répétiteurs âgés de 35 ans au moment de leur entrée en fonctions est réglée par des dispositions particulières: ils n'ont pas droit à la pension.

Toutes les nominations sont à titre essentiellement provisoire pour une année.

III

Il est loisible aux membres du corps enseignant de donner des leçons particulières et de participer à des exécutions musicales, en se conformant aux règlements du Conservatoire.

Art. 10

Le personnel enseignant est subordonné au directeur et est tenu d'obéir aux instructions de ce dernier. Il est également tenu d'assister aux répétitions et aux exercices publics intérieurs, lorsque le directeur le désigne pour y participer.

Tous les professeurs et répétiteurs peuvent être astreints à participer à l'enseignement du solfège. Aucun membre du corps enseignant ne pourra faire partie du Conseil d'administration d'aucune société ni de chant ni de musique, ni d'aucune association musicale de la ville ou du pays. Il ne pourra, en dehors du Conservatoire, diriger des exécutions musicales ni s'occuper de leur organisation, à moins d'une autorisation spéciale de la Commission de surveillance.

IV

Il est créé trois classes de professeurs et trois classes de répétiteurs.

1° classe de professeurs 2 800 à 3 000 Francs 2° classe de professeurs 2 400 à 2 800 3° classe de professeurs 2 000 à 2 400 1° classe de répétiteurs 1 200 à 1 500 2° classe de répétiteurs 1 000 à 1 200 3° classe de répétiteurs 800 à 1 000

Il sera loisible aux professeurs d'instruments à vent ainsi qu'aux répétiteurs en général de contracter, de l'assentiment du Collège échevinal, la Commission entendue, un engagement de gagiste dans la musique militaire.

Les avantages de cette situation sont les suivants: Solde, 3,20 fr. par jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.168,00 Masse d'habillement, 0,42 fr. par jour . . . . . . . . . . . . . .. 153,30 Pain de munition, 0,25 fr. par jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91,25

Service médical et pharmacie gratuits pour le gagiste et sa famille.

Indemnité de logement: A fixer par le Gouvernement, frais qui ne pourra dépasser 350 fr. par an pour les hommes mariés et 250 fr. pour les hommes non mariés.

Les devoirs de cette situation sont:

Les gagistes seront astreints d'assister aux répétitions indispensables et aux exécutions de la musique en corps.

Ils ne porteront l'uniforme qu'en service (répétitions et exécutions).

Ils sont exemptés des marches militaires.

  • * *

Parmi les quelque 40 candidats qui avaient posé leur candidature pour le poste de directeur du nouvel établissement , 12 seulement remplissaient les conditions requises par le règlement du concours et après de longues discussions, vu qu'une classification s'avérait difficile, les membres du Curatoire ont proposé à l'unanimité Monsieur Victor Vreuls de Verviers. Le vote par le Conseil communal, à huis clos, eut lieu dans la séance du 24 janvier 1906 et M. Vreuls a été nommé à l'unanimité des voix au poste de directeur .

Victor Vreuls, né à Verviers le 4 février 1876, commença ses études musicales au Conservatoire de Verviers, les continua au Conservatoire Royal de Liège avec Sylvain Dupuis pour l'harmonie et avec J.- Th. Radoux pour le contrepoint et la fugue avant de les parachever à la Schola Canto¬rum de Paris dans la classe de composition musicale de Vincent d'Indy. Avant d'être nommé au poste de directeur du Conserva¬toire de Luxembourg, Victor Vreuls avait revêtu, de 1901 à 1906, le poste de profes¬seur d'harmonie à la Schola Cantorum àParis et de directeur de la société «La Chanterie» de Paris. Victor Vreuls, direc¬teur du Conservatoire de Musique de la Ville de Luxembourg du 21 janvier 1906 au 1er août 1926, est décédé à Bruxelles le 26 juillet 1944 et inhumé à la crypte de l'église Saint-Josse-ten-Noode.

Lauréat de l'Académie Royale de Belgique, premier lauréat (1903) et membre de l'Académie libre de Belgique, membre de l'Acadé¬mie Royale de Belgique, Victor Vreuls était lauréat du Prix Eugène Ysaye et président du Comité National de la Sacem et président de la Société Nationale des Compositeurs belges. Le 12 février 1906, le Directeur Général des Finances approuve la délibération du Conseil communal du 27 janvier et Victor Vreuls est nommé provisoirement directeur pour une année. Dans son courrier du 24 février, la Commission de surveillance adresse à l'Administration communale un tableau de classement des profes¬seurs et répétiteurs, un projet sur les droits d'inscription, un règlement de concours de recrutement du personnel enseignant ainsi qu'un projet d'annonce «à insérer dans l'Indépendance luxembourgeoise, la Zeitung, le Luxemburger Wort, le Guide Musical de Bruxelles, le Signal de Leipzig et le Ménestrel de Paris.

Le 1er mars, la Commission de surveillance soumettait au Collège échevinal un relevé des instruments indispensables pour le bon fonctionnement du Conservatoire et début mars elle proposa au Conseil communal un règlement concernant le personnel enseignant et leurs traite¬ments ainsi qu'un règlement de concours pour leur engagement.

Règlement concernant le personnel enseignant et les traitements.

Vu le règlement d'organisation du Conservatoire de musique de la ville en date du 11 novembre 1905; Attendu qu'il y a lieu de déterminer les cadres du personnel enseignant et de fixer les traitements y attachés; Vu les propositions de la Commission de surveillance du Conservatoire; Arrête: Art. 1.

Il est créé trois classes de professeurs et trois classes de répétiteurs 1re classe de professeurs 2800 à 3000 F 2e classe de professeurs 2400 à 2800 F 3e classe de professeurs 2000 à 2400 F 1re classe de répétiteurs 1200 à 1500 F 2e classe de répétiteurs 1000 à 1200 F 3e classe de répétiteurs 800 à 1000 F

Art. 2.

Indépendamment du directeur, le personnel enseignant est provi¬soirement composé comme suit: 1 professeur 2800 F 1 professeur violon 2000 F 1 répétiteur 1200 F 1 professeur violoncelle 2400 F 1 répétiteur 1200 F 1 professeur chant 2400 F 1 professeur 2400 F 1 professeur 2400 F 1 professeur piano 2800 F 1 répétiteur 1200 F 1 répétiteur 1200 F 1 professeur 2400 F 1 professeur instrument 2400 F 1 répétiteur à vent 1200 F 1 répétiteur 1200 F 1 répétiteur solfège 1200 F

                                                                              30400 F

Art. 3. Il est loisible aux membres du corps enseignant de donner des leçons particulières et de participer à des exécutions musicales en se conformant aux règlements du Conservatoire.

Art. 4.

Il sera permis aux professeurs d'instruments à vent ainsi qu'aux répétiteurs en général de contracter, de l'assentiment du Collège échevinal, la Commission de surveillance entendue, un engage¬ment de gagiste dans la musique militaire.

Règlement de Concours.

Vu le règlement organique, en date du 11 novembre 1905, du Conservatoire de musique de la ville; Attendu qu'il y a lieu d'établir les conditions du concours prévu à l'art. 9 dudit règlement;

Arrête:

Art. 1 er. Le jury sera composé de 7 membres, dont 4 membres de la Commission de surveillance, du directeur du Conservatoire et de deux autorités musicales de l'étranger, dont un Français et un Allemand.

En cas d'empêchement d'un des membres de la Commission, les trois autres membres peuvent s'adjoindre un autre homme de l'art musical à leur choix.

Art. 2. Le jury est présidé par l'aîné des membres de la Commission.

Art. 3. Le candidat devra: a) exécuter un morceau classique à son choix; b) exécuter un morceau choisi par le jury au moment de l'examen dans le répertoire présenté par le candidat; c) une lecture à vue d'un morceau présenté par le jury; d) donner une leçon à un élève présenté par le jury; e) transposer dans un ton donné un morceau présenté par le jury. (Cette dernière disposition ne s'applique pas au chant.)

Art. 4. Le candidat pour la place de répétiteur du cours de solfège devra faire une lecture à vue, répondre aux questions théoriques posées par les jury et subir l'épreuve d'une dictée musicale.

Art. 5. Le candidat pour l'enseignement de l'orgue devra, outre les devoirs prescrits sub a, b, c de l'art. 3, faire une improvisation sur un thème indiqué par le jury.

Art. 6. Les résolutions du jury seront prises à la majorité absolue des voix.

Art. 7. Ces résolutions seront transmises à la Commission de surveil¬lance, qui soumettra ces propositions à l'administration commu¬nale.

Art. 8. Les concours ne sont pas publics. Pourront néanmoins y assister M. le Directeur général des finances ou son délégué spécial, MM. les membres de la Commission de surveillance qui ne font pas partie du jury.

Art. 9. Le présent règlement de concours ne vaut que pour le premier recrutement du corps enseignant.


Règlement d'ordre intérieur du Conservatoire de Luxembourg

Luxembourg, le 10 mars 1906. Le conseil communal,

Présents tous les membres à l'exception de M. Ketten.

Arrête comme suit le règlement d'ordre intérieur du Conserva¬toire de musique de la ville:

Chapitre I". Commission de surveillance.

Art. 1.

II est loisible au bourgmestre d'assister aux séances de la Commission de surveillance. Le cas échéant il préside.

Art. 2.

La Commission ne peut délibérer valablement que lorsque quatre membres au moins sont présents. Sur une deuxième convocation portant le même ordre du jour, elle peut délibérer, quelque soit le nombre des membres présents, sur les objets mis une seconde fois à l'ordre du jour. Dans ce cas, la convocation portera la mention «Seconde convocation».

Art. 3.

Le président convoque la Commission, toutes les fois que l'exige l'expédition des affaires; il doit la convoquer sur la demande du bourgmestre, ou de deux membres de la Commission de surveil¬lance ou du directeur.

Art. 4.

Chaque année avant le 10 septembre, la Commission adresse au Collège échevinal un rapport sur la situation du Conservatoire.

Art. 5.

Le personnel communique avec la Commission par l'entremise du directeur. Celui ci donne son avis motivé.


Chapitre II. Du personnel.

Section I. Du directeur.

Art. 6.

Le directeur prononce l'admission des élèves; il les répartit dans les différents cours, selon leurs aptitudes.

Art. 7.

Il peut faire passer un élève d'une classe dans une autre, lorsqu'il juge ce changement utile au progrès de l'intéressé.

Art. 8.

Il transmet au Collège échevinal la liste des élèves admis avec l'indication de leur nom, prénom, domicile, des cours qu'ils suivent et des taxes qu'ils payent.

Art. 9.

Il contrôle les registres de présence du personnel enseignant et des élèves et les soumet à l'inspection de la Commission.

Art. 10.

En cas d'absence il peut se faire remplacer par un professeur qu'il désigne d'accord avec la Commission.

Art. 11.

Il prescrit aux professeurs les méthodes à suivre dans leur enseignement.

Art. 12.

Il peut choisir parmi les élèves les plus capables des moniteurs et des monitrices chargés de seconder les professeurs et les répéti¬teurs.

Art. 13.

A la fin de chaque année scolaire, il soumet à la Commission le projet de programme des cours pour l'année suivante.

Section II. Des professeurs et des répétiteurs.

Art. 14.

Les professeurs et répétiteurs sont tenus de se trouver à l'établis¬sement cinq minutes au moins avant l'heure fixée pour la leçon et dix minutes, si l'enseignement nécessite des écritures au tableau. Les professeurs ou les répétiteurs qui contreviennent à cette disposition ou qui ne se trouvent pas à leurs postes aux heures fixées pour les répétitions, concerts ou autres exercices auxquels ils doivent participer, encourent une peine disciplinaire.

Le professeur empêché de se rendre à l'établissement, doit faire connaître au directeur, par écrit et autant que faire se peut, à l'avance, le motif de la durée probable de son absence.

Le directeur transmet la lettre d'avis à la Commission et prend les mesures que réclament les circonstances. Le professeur peut être tenu de donner son cours un autre jour en remplacement du cours qu'il n'a pas donné.

Art. 15.

Chaque professeur a la police intérieure de sa classe; il y répond de l'ordre et de la bonne tenue.

Art. 16.

Il ne peut y recevoir des élèves non munis d'une carte d'admission délivrée par le directeur.

Art. 17.

Chaque professeur constate la présence ou l'absence des élèves de sa classe sur des registres de présence. Les colonnes de présence doivent être remplies chaque jour à l'encre, au fur et à mesure de l'appel nominal et être additionnées ensuite pour constater le nombre total d'élèves qui assistent quotidiennement aux cours.

Art. 18.

Les professeurs et répétiteurs doivent partager le temps consacré à leurs leçons, de manière que tous les élèves en profitent égale¬ment. Si pour un motif quelconque, un élève n'a pas eu sa leçon, le professeur doit en tenir note afin de l'en dédommager à la leçon suivante. Il veillera à ce que ceux des élèves qui ne sont pas momentanément l'objet de ses soins, continuent à suivre attenti¬vement ce qui est enseigné à d'autres.

Art. 19.

Il est interdit aux professeurs et répétiteurs de délivrer aux élèves des certificats sans les avoir soumis à l'agrément et au visa du directeur.

Art. 20.

Les professeurs et répétiteurs ne peuvent, pour aucun motif, apporter des changements dans la marche des études ni dans les méthodes adoptées pour l'enseignement, sans l'assentiment du directeur.

Section III. Du secrétaire bibliothécaire.

Art. 21.

Le secrétaire bibliothécaire veille sur la conduite des élèves à l'entrée et à la sortie des classes; il tient les feuilles de présence des professeurs et des répétiteurs et les remet chaque jour au directeur. Il est chargé des inventaires et de la confection du catalogue de la bibliothèque, qu'il doit tenir continuellement en double et à jour. Il fait les convocations et les écritures journa¬lières du Conservatoire. Le concierge est placé directement sous ses ordres.

L'indémnité du secrétaire bibliothécaire est fixée par le conseil communal.

Section IV. - Du concierge.

Art. 22.

Le concierge surveille le local; il est chargé du travail manuel qui a trait à l'établissement, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il est chargé spécialement d'entretenir en état de propreté les classes, bureaux et dépendances du Conservatoire, de chauffer et d'éclai¬rer les locaux de l'établissement.

Art. 23.

Le concierge est tenu, avant tout, de se conformer aux ordres et instructions qui lui sont donnés par le directeur.

Chapitre III. Des élèves.

Art. 24.

Pour être admis au Conservatoire, il faut avoir suivi l'école primaire pendant une année au moins et être doué des qualités physiques nécessaires au genre d'études auquel on se propose de se livrer.



Art. 25.

Dans la huitaine qui précède l'ouverture de l'année scolaire, l'élève se présentera au secrétariat de la commune qui lui délivrera un certificat constatant qu'il a fréquenté l'école primaire pendant une année.

Sur la présentation de cette pièce, le secrétaire du Conservatoire l'inscrira et lui fixera la date de son examen; le cas échéant, il lui sera remis une carte d'admission. Sur le vu de cette carte, le receveur communal percevra les taxes indiquées par la carte et remettra à l'élève une quittance en double. Après remise du double de cette quittance au secrétaire du Conservatoire, l'élève sera autorisé à fréquenter les cours pour lesquels il est inscrit et recevra une carte d'élève qui lui sera délivrée par le directeur.

La quittance peut être remplacée par une dispense temporaire ou définitive à délivrer par le Collège échevinal.

Art. 26.

Les élèves sont tenus, sous peine de renvoi, de suivre les cours que leur indique le directeur et de participer gratuitement à tous les exercices publics ou intérieurs pour lesquels ils sont requis.

Art. 27.

Tout élève qui ne se présente pas à la rentrée des classes est rayé des contrôles, à moins qu'il ne justifie son retard par des motifs plausibles.

Art. 28.

Les mutations de classe doivent être autorisées par le directeur.

Art. 29.

Les élèves doivent se trouver au Conservatoire à l'heure exacte de l'entrée des classes.

La leçon une fois commencée, les retardataires sont considérés comme absents. Toutefois, les élèves fréquentant des écoles peuvent être autorisés par le directeur à se rendre à leurs cours après l'heure réglementaire et à les quitter avant la fin de la classe. A cet effet, les parents doivent adresser au directeur une demande visée par le professeur, le répétiteur ou le moniteur de la classe et par le directeur de l'école fréquentée.

Art. 30.

Avant et après les leçons, les élèves ne peuvent rester sans autorisation, dans les classes, ni dans les dépendances du Conservatoire. Il leur est interdit de stationner devant l'établissement.

Art. 31.

Tout élève qui, sans motif reconnu fondé par le directeur, s'est absenté pendant six leçons dans le cours d'un trimestre, est renvoyé du Conservatoire par le directeur, la Commission entendue. Les congés ne sont accordés que pour des motifs graves, tels que maladie ou affaires de famille etc. Dans tous les cas, l'élève est tenu de produire une justification valable.

Le professeur ne peut le réadmettre dans sa classe que muni de la carte envoyée à ses parents. Cette carte portera le motif de l'absence et sera signée des parents.

Art. 32.

Les élèves ne peuvent, sans l'autorisation du professeur, sortir de la classe. Le directeur seul accorde les congés, sur la demande motivée de l'élève, accompagnée de l'avis du professeur.

Art. 33.

Il n'est reçu dans les classes d'instrument et d'harmonie que les élèves ayant une connaissance suffisante du solfège et des principes théoriques de la musique.

Art. 34.

Les élèves sont tenus, sous peine de renvoi, de suivre les cours parallèles que leur indique le directeur, notamment les cours de solfège pour tous les élèves, le cours d'ensemble instrumental pour les classes d'instrument et le cours d'ensemble vocal pour les classes de chant.

Seront dispensés de la fréquentation des cours de solfège, ceux qui justifieront de connaissances suffisantes, par un examen à passer devant le directeur.

Art. 35.

Tout dommage causé par un élève aux locaux, au mobilier ou aux instruments, est réparé à ses frais, sans préjudice de peines disciplinaires s'il y a lieu.

Art. 36.

Les élèves ne peuvent participer à aucune exécution musicale ou dramatique, publique, sans l'autorisation expresse du directeur.

Pour être prise en considération, la demande d'autorisation doit être visée par le professeur principal du postulant.

L'autorisation n'est pas accordée, si l'élève a laissé préalablement mettre son nom sur les affiches pour faire partie d'un orchestre ou d'une société musicale quelconque, l'élève doit également être pourvu d'une autorisation du directeur.

Art. 37.

Tout élève qui contreviendrait aux dispositions précédentes sera puni par le directeur, le professeur entendu.

Art. 38.

Les punitions à infliger aux élèves sont les suivantes: 1° la réprimande, par le professeur; 2° les tâches écrites; 3° la réprimande, par le directeur; 4° l'exclusion temporaire des cours, prononcée par le directeur; 5° l'exclusion du concours; 6° l'exclusion définitive du conservatoire, prononcée par la Commission, sur la proposition du directeur.

Examens et concours.

Art. 30.

Il y a chaque année trois espèces d'examens: 1° à la rentrée des cours, examen d'admission, de réadmission et de passage, 2° au milieu de l'année scolaire, examen général de toutes les classes en présence d'un ou de plusieurs membres de la Commission de surveillance, 3° au mois de mai ou de juin, examen de fin d'année pour tous les élèves.

Sont exemptés des examens: les élèves des classes d'ensemble vocal et d'ensemble d'orchestre.

A part les exceptions susdites, aucun élève ne peut ètre dispensé de ces épreuves, à moins de raison de force majeure dûment constatée.

Ces examens sont présidés par le directeur.

Pour les premiers et troisièmes examens, le directeur nomme d'office les professeurs qui doivent le seconder. Les examens de ré-admission portent notamment sur les élèves dont le travail n'a donné aucun résultat. Dans ce cas, un rapport est adressé à la Commission, qui statue sur les renvois proposés et prévient les parents des élèves.

Chaque professeur remet au directeur, huit jours avant l'examen de fin d'année, un rapport détaillé sur les progrès, le zèle et l'exactitude de chacun des élèves de sa classe.

Art. 40.

Des concours sont ouverts à la fin de l'année scolaire entre les élèves du Conservatoire. Les conditions des concours feront l'objet d'un règlement spécial.

Le Conseil communal. (Suivent les signatures).

Pour Expédition conforme, Le secrétaire communal, J. Faber.

  • * *

Le 17 mars un appel à candidatures pour les postes d’enseignant est publié dans la presse :


Conservatoire de musique de Luxembourg

La ville de Luxembourg demande des titulaires pour les places suivantes: 1 professeur et 1 répétiteur de violon, 1 professeur de violon et d'alto, 1 professeur de violoncelle, 1 répétiteur de violoncelle chargé de plus du cours de contrebasse, 1 professeur de chant homme et 1 professeur de chant femme; 1 professeur homme et 2 répétiteurs de piano (homme ou femme); 1 professeur d'orgue qui devra enseigner le chant grégorien et le solfège supérieur; 1 professeur d'instruments à anches et un répétiteur de flûte; 1 professeur d'instruments à vent en cuivre (trompette, bugle, trombone, tuba, etc.); 1 répétiteur de cor; 1 répétiteur pour l'enseignement du solfège.

Les demandes devront être parvenues à l'administration de la ville, au plus tard le 24 mars.

Le concours commencera le 2 avril. L'ouverture des cours du Conservatoire est fixée au 30 avril 1906.

Art. 9 du règlement organique du Conservatoire de Luxembourg: «Les candidats au professorat ainsi que les candidats répétiteurs devront subir avec succès l'épreuve d'un concours dont les conditions font l'objet d'un règlement spécial. Les nominations seront faites par l'administration communale sur les proposi¬tions de la Commission de surveillance, le directeur entendu. Nul ne sera admis au concours pour le grade de professeur, s'il ne justifie avoir terminé, avec succès, ses études musicales dans un conservatoire».

Pour tous autres renseignements s'adresser à l'administration de la ville de Luxembourg.


Le 26 mars on pouvait lire dans « l'Indépendance luxembourgeoise » le communiqué suivant:


Conservatoire de musique de Luxembourg. Les concours sont fixés comme suit: Pour le violon et l'alto: Lundi, 2 avril, et la matinée du 3 avril; pour le piano: Mardi, 3 avril, l'après dîner, et la matinée du 4 avril; pour l'orgue: L'après dîner du mercredi, 4 avril; pour le violoncelle et la contrebasse: jeudi, 5 avril; pour la flûte: L'après dîner du 5 avril; pour les instruments en cuivre: Vendredi 6 avril; pour les instruments à anches: La matinée du samedi, 7 avril; pour le chant et le solfège: L'après dîner du 7 avril. Les examens commenceront à 9 heures du matin et à 2 heures de l'après midi. Ils auront lieu dans la salle d'audition de l'Hôtel de Cologne, rue de la Porte-Neuve. Le répertoire à présenter par le candidat (prévu par l'art. 3b du règlement de concours) doit se composer de quatre morceaux. N.B. Sont mises au concours pour les instruments à vent les places suivantes. 1 professeur de trompette (bugle, trombone, tuba etc.). 1 répétiteur de cor. 1 professeur de hautbois, basson ou clarinette. 1 répétiteur de flûte. Le répétiteur de violoncelle devra également enseigner la contrebasse. Le 2e professeur de violon devra également enseigner l'alto.

Pour la Commission de surveillance:Le Secrétaire, Alexis Brasseur.


Le conseil communal du samedi 14 avril 1906, lecture est donnée Le classement fait par le jury et les propositions de la Commission de surveillance furent soumises au Conseil communal réuni en séance le samedi 14 avril 1906.

Classement présenté par le jury:

 violon: MM. Fauconnier, premier professeur A. Klein, deuxième professeur, Joseph Keyseler, répétiteur   violoncelle et contrebasse: MM. Eugène Kuhn, professeur A. Crahay, répétiteu
 piano: Mme A. Kuhn, professeur, Melle J. Schmitt, répétiteur, M. Berrens, répétiteur
 chant et orgue: pas de classement 
 hautbois: M. Vaulet, professeur 
 trompette: M. Detiège, professeur 
 flûte: M. Van Onacker, professeur
 solfège: M. Mertens, répétiteur.

La Commission, de son côté, a fait les propositions suivantes :

 cor: M. Keyseler, répétiteur 

- clarinette: M. Dubié, répétiteur

 orgue: MM. Beicht ou Menager, répétiteurs

- chant (femmes): Mme Cornevin, professeur - piano: Mme Eug. Kuhn, premier professeur, M. Berrens, deuxième professeur,

 Melle J. Schmitt, répétiteur.

Le 27 avril , quelques jours avant l'ouverture officielle du Conservatoire, le Conseil devait malheureusement procéder déjà au remplacement de Messieurs Fauconnier et Crahay ainsi que de Mademoiselle Schmitt, tous les trois de nationalité belge et qui avaient, pour une raison ou une autre, refusé leur nomination. Ils ont été remplacés par : - M. Frédéric Fisson, premier professeur, violon et alto

 Melle Van Acker, répétiteur, piano . 

Le poste d’enseignant de violoncelle et de contrebasse ne pas été attribué par la Commission.



Ouverture du Conservatoire de musique

Le 30 avril 1906, vingt quatre ans après la fermeture de la première école de musique, le nouveau Conservatoire de musique de la Ville de Luxembourg Fondation Eugénie Dutreux, ouvrait ses portes .

Le 9 mai, quelques jours après l'ouverture du Conservatoire, la Commission de surveillance demandait la mise à disposition du rez de chaussée de la maison du directeur (maison du coin, en face de la cour du Conservatoire), vu le nombre considérable d'élèves qui se sont inscrits, et d'y aménager deux salles supplémentaires.

Le 11 janvier 1913, une troisième bourse d'études fut créée au nom de «Othon Jean Joseph Richard» et destinée à des élèves masculins, désirant se perfectionner à un Conservatoire étranger de degré universitaire.

Durant la Première Guerre Mondiale, les concours de fin d'année n'ont pas eu lieu en 1915 et au cours de l'année scolaire 1918¬-1919, les bâtiments abritant le Conservatoire de musique étant occupés par les troupes françaises qui y installaient un hôpital militaire.

Comme l'état de santé de M. Vreuls se détério¬rait cependant de plus en plus, la Commission de Surveillance dut intervenir régulièrement auprès du professeur de violon Auguste Klein, pour charger celui-ci de la surveillance générale du conservatoire. En 1920, le directeur Vreuls introduit une demande de congé de maladie pour une année.

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Le 10 octobre 1924, la bourse d'études «Dutreux», se montant à 2 500 F, est accordée à l'élève Laure Koster. En parcourant les annales du Conservatoire, le lecteur trouve qu'en date du 10 octobre 1924, la Commission de surveillance adresse une réclama¬tion au Collège échevinal qui a autorisé la Société Philharmonique à occuper la grande salle du Conservatoire pour ses répétitions :

aussi s'est on penché sur le problème d'une éventuelle réforme du solfège. Le 11 décembre 1924, le Conseil communal décide l'électrification des bâtiments du Conservatoire et la Commission de surveillance prie le directeur de charger le professeur Aug. Klein de la surveillance de l'établissement, comme un certain manque de discipline a été constaté pendant l'absence de Mon¬sieur Vreuls, dont l'état de santé s'aggravait.

Le 12 février 1925, une mesure disciplinaire s'imposait envers l'élève Auguste Mootz, accusé «d'avoir intentionnellement» joué faux au concert donné à l'occasion de l'Anniversaire de la Grande Duchesse; la sanction: renvoi de l'établissement pendant 12 jours. A la même occasion, une réprimande avait été infligée au professeur Fernand Mertens, qui s'était engagé, en tant que chef de la Musique Militaire, en faveur de l'élève Mootz.

Le 12 mai 1925, le député Gaston Diderich dépose devant la Chambre des Députés une nouvelle proposition de loi concernant la participation de l'Etat dans les frais du Conservatoire de musique à Luxembourg, dont voici l'exposé des motifs :

Les dépenses résultant à la ville du chef du Conservatoire de musique vont chaque année en grossissant, à telle enseigne que de 297 000 F, montant de l'année dernière, elles se trouvent émargées au budget de la ville pour 1925 à la somme de 312 260 F.

Le produit des taxes scolaires n'est que de 21 000 F, et l'Etat ne contribue à cette dépense que pour le montant dérisoire de 16 000 F, de sorte qu'il reste en définitive à charge de la ville une dépense de 312 360 37 000 = 275 360 F.

Il est indispensable de fixer législativement la participation de l'Etat eu égard aux exigences de l'équité et à l'esprit qui a présidé à l'élaboration de la loi organique du 21 mai 1902, portant création du Conservatoire de musique à Luxembourg.

Il est, en effet, hautement injuste de faire supporter par la ville de Luxembourg la presque totalité des dépenses annuelles du Conservatoire de musique auquel sont admis non seulement des élèves habitant la ville de Luxembourg, mais des élèves venant du pays tout entier.

Aussi les cours du Conservatoire sont ils actuellement, c'est à dire pendant l'année en cours (1924 1925), fréquentés en tout par 590 élèves, dont 480 habitant la ville et 110 autres venant du pays et de l'étranger. Cette proportion se rencontre également pour les années antérieures et je me bornerai à citer sous ce rapport ci après les fréquentations des cours du Conservatoire pendant le années

Nombre Elèves Elèves d'inscriptions habitant venant du pays la ville agrandie. et de l’étranger. 1921 22 696 592 104 1922 23 703 591 112 1923 24 611 508 103

Il appert de cette brève statistique qu'on peut taxer à la proportion d'un quart la fréquentation du Conservatoire des élèves forains vis à vis de celle des élèves habitant la ville et demander équitablement au moins la même proportion pour la fixation des charges. Mais il y a plus.

Lorsque la loi du 22 mais 1902, portant création du Conservatoire de musique, a été votée, il a été stipulé que le Gouvernement participerait pour 3 000 F dans les frais de premier établissement et pour 16 000 F aux dépenses annuelles du Conservatoire, que la ville prendrait à sa charge une part équivalente à celle de l'Etat et que les élèves du pays y seraient admis aux mêmes conditions que ceux de la ville. La Commission nommée par le Gouvernement et la ville ayant évalué les dépenses annuelles du Conservatoire à 32 000 F, la participation de l'Etat autant que celle de la ville fut fixée à 16 000 F.

En relisant les discussions qui ont eu lieu à la chambre à ce sujet, de même que celles qui se sont reproduites en 1905, notamment à la séance du 21 décembre 1905, lorsqu'il s'est agi d'augmenter le subside de l'Etat de 16 000 à 24 000 F et de même en 1916, séance du 25 juin 1916, il devient évident que le législateur avait l'intention de fixer à la même somme la contribution de l'Etat et celle de la ville. En 1905, la Chambre a été unanime pour accorder, à raison de l'obligation assumée par l'Etat de participer à la moitié des dépenses du Conservatoire, en dehors du chiffre de 16 000 F indiqué par la loi de 1902, un chiffre supplémentaire de 8 000 F par un crédit à inscrire au budget. Un arrêté grand ducal du 14 mars 1904, un règlement de la ville du 11 novembre 1905 règlent l'organisation du Conservatoire. Dans la Commission de surveillance du Conservatoire se trouvent deux membres désignés par le Gouvernement et celui ci s'est réservé le droit de faire procéder à une inspection de l'établissement s'il le juge convenir et s'est en outre réservé l'approbation de la nomination, de la démission et de la révocation du directeur.

Il est indiscutable que le Conservatoire rend des services éminents au point de vue de l'enseignement et de l'éducation musical, non seulement à la ville de Luxembourg, mais également au pays entier.

Déjà en 1905, M. Mongenast avait pris l'engagement de proposer un changement à la loi , pour régulariser la situation.

Afin de souligner les mérites du Conservatoire et de résumer la situation critiquée, il importe de citer ci-après les paroles prononcées par Monsieur Moutrier au cours de la séance du 27 juin 1916 à lma Chambre des Députés : «Je saisis cette occasion propice pour rendre un juste hommage à cet établissement si méritant . . . »

Le vote de la Chambre de 1922 portant sur la suppression du crédit supplémentaire de 8000 F émargé au budget en dehors de la subvention de 16 000 F constituait une véritable spoliation à l'égard de la ville contre laquelle on ne savaait assez protester.

Dans ces conditions il importait en premier lieu de modifier la loi organique du Conservatoire et de fixer législativement la part contributive de l'Etat dans les dépenses du Conservatoire eu égard aux considérations qui précèdent, au tiers de la dépense totale.

… ” Art. 1er Par dérogation aux articles 1 et 2 de la loi organique du 22 mai 1902, concernant la création du Conservatoire de musique à Luxembourg, le Gouvernement est autorisé à intervenir pour un tiers dans les dépenses annuelles du Conservatoire de musique à Luxembourg, à condition quc la ville de Luxembourg prenne à sa charge les deux tiers restants et que les élèves du plat pays y soient admis aux mêmes conditions que ceux de la ville, et d'inscrire chaque année la dépense afférente sous l'article y relatif du budget des dépenses.

Gaston Diderich, Marg. Thomas, Marcel Cahen ” …

Les jurys aux concours de fin d'année scolaire 1924 25 furent présidés, en l'absence du directeur Vreuls, par le professeur Auguste Klein et Monsieur Bachelet, directeur du Conservatoire de Nancy.

Le 15 septembre 1925, la Commission de surveillance propose à l'Administration communale d'installer une horloge automatique au Conservatoire, permettant de contrôler les venues et départs des professeurs, cela «en présence de nombreuses critiques qui se manifestent dans le public au sujet du manque d'exactitude d'une partie du personnel enseignant. » La Commission propose en plus au Collège échevinal de conférer le titre de sous directeur au professeur Auguste Klein. Le 22 septembre, le Collège donne son accord pour l'installation de l'horloge requise par la Commission alors que dès son retour, le directeur Vreuls introduit le 29 octobre auprès du Collège une réclamation contre l'installation de l'horloge, proposée en son absence par la Commission, de même que contre l'éventuelle nomination d'un sous directeur.

Le 10 décembre, la Commission de surveillance se plaignait de ce que Monsieur Vreuls avait demandé un congé de convalescence, sur présentation d'un certificat médical du Dr. Wehenkel, et qu'il est parti pour Bruxelles sans attendre l'avis de la Commission qui fait remarquer que … «vu la situation qui semble se compliquer de plus en plus et la santé précaire de M. Vreuls, M. Pescatore envisage la possibilité d'offrir au directeur du Conservatoire sa retraite . . .».

Entretemps M. Vreuls avait demandé une nouvelle prolongation de son congé de maladie, appuyée sur un certificat de son médecin de Bruxelles, sur quoi la Commission se réunit le 10 mai 1926 avec le Conseil échevinal pour délibérer sur le problème et le 5 juillet, Monsieur Vreuls présentait sa démission pour raison de santé.

Le Gouvernement belge avait fait don au Conservatoire de Luxembourg de la collection complète des oeuvres de A.E.M. Grétry, dont les derniers volumes avaient été adressés à l'adresse privée du directeur Victor Vreuls qui cependant ne les avait pas rendus à la bibliothèque de l'établissement. Dans sa séance du 26 septembre, la Commission décida de réclamer les volumes manquants au directeur démissionnaire.

Monsieur Auguste Klein, professeur de violon, fut chargé de prendre en main la direction provisoire de l'établissement du 1er août 1926 au 1er septembre 1927.

Face à cette situation intenable, la Commis¬sion de Surveillance se décida d’organiser un concours pour pourvoir au remplacement du directeur sortant.

A la suite de ces événements, un nouvel appel pour d'éventuelles candidatures au poste de directeur fut lancé. Pour l'unique poste vacant quelque 36 demandes furent présentées, alors que la Commission de surveillance ne retenait pour le concours ad hoc que 5 candidatures. Le 26 juillet 1927, le jury du concours au poste de directeur remit à la Commission le classement suivant :

1er Lamy Fernand, 2e Radoux Charles, 3e De Sutter Toussaint, 4e Lambotte Lucien. Le 5e candidat, Monsieur Schirlé, ne s'était pas présenté au concours. Le 1er septembre 1927, Lucien Lambotte, classé 4e au concours, fut nommé directeur du Conservatoire. Un mois plus tard déjà, la Commission de surveillance invite le nouveau directeur de lui présenter avant le 1er novembre un nouveau plan d'études et de réorganisation de l'enseignement musical.

C’est ainsi que l'artiste Lucien Lambotte, né le 22 janvier 1888 à Hodimont, près de Verviers , reçut sa nomination le 1er septembre 1927. Un mois plus tard, la Commis¬sion de Surveillance invita le directeur à lui présenter, avant le 1er novembre, un nouveau plan d'études, et à se prononcer pour la réorga¬nisation de l'enseignement musical dans son ensemble. M. Lucien Lambotte ne put faire autrement que de reprendre en mains l'orchestre symphonique du Conservatoire, fondé en 1907 par son prédécesseur M. Victor Vreuls. Cet orchestre mit tout en oeuvre pour parfaire sa qualité tout en augmentant le nombre de ses rangs qui comptaient un total de quelque 70 exécutants. Grâce à l'initiative du directeur M. Lambotte, le nouvel «Orchestre du Conserva¬toire» fut constitué qui comptait à l'avenir environ 150 membres, un bel ensemble d'une importance considérable.

En 1926 déjà, la vie musi¬cale de la capitale s’était enrichie d'une chorale mixte du Conservatoire. Cet ensemble de haut niveau devait travailler sur sa lancée, M. Lambotte ayant présenté sa chorale dans un grand concert au Conservatoire Royal de Bruxelles et cela en présence du Roi et de la Reine des Belges.


Au fil des années, la bibliothèque du Conservatoire allait s'enrichir considérablement. Ainsi il importe de relever que le 13 décembre 1927, l'Association française d'expansion et d'échanges fit don du matériel d'orchestre de la symphonie d'Ernest Chausson.

Dans sa réunion du 15 avril 1929, la Commission de surveillance constatait que le directeur Lambotte avait manqué à plusieurs reprises au Règlement et de ce fait propose à l'unanimité au Conseil échevinal de maintenir la nomination provisoire de M. Lambotte. La Commission s'opposait une nouvelle fois à sa nomination définitive le 13 juillet du fait qu'il y avaient toujours des différents sérieux entre le directeur et certains professeurs , notamment M. Duparloir.

Le prix d'encouragement que «Les Amis de la musique» avaient mis à la disposition de l'élève ayant obtenu le maximum de points au concours supérieur des instruments à vent, en l’occurrence la somme de 1 000. francs , fut décerné le 10 juillet 1929 au clarinettiste Prosper Hemmer et un autre prix d'encouragement de 1 000. francs fut attribué à Mademoiselle Braun pour son prix de virtuosité.

Depuis 1907, le Conservatoire avait disposé d'un orchestre symphonique qui se composait des professeurs et des élèves avancés de l'établissement. Cet orchestre présentait sous la direction de Victor Vreuls de nombreux concerts publics fort appréciés par les mélomanes , «Les Concerts du Conservatoire» . L’orchestre, assez réduit dans ses débuts, vit petit à petit remplir ses rangs par la venue de nouveaux professeurs, élèves solidement formés, anciens élèves et de membres de la Musique Militaire auxquels fit appel le nouveau directeur pour constituer un orchestre complet avec quelque 70 exécutants.

De nombreux artistes virtuoses et chanteurs de renom ont largement contribué au cours des «Concerts du Conservatoire» à l'éducation du public et des élèves de la ville, comme les pianistes: Mlle. Dehelly; Mme. Scapus; MM. Casadesus, Scharrès, Hallys, Ciampi, les violonistes: MM. Crickboom. H. Clockers, André Asselin, P.L. Neuberth (Alto), les violoncellistes: MM. R. Soiron; J. Serrés, les Chanteurs: M. Van Obbergh; Mmes. L. Misz Gmeiner; Lina Falk et le Quatuor de la Haye.

A l'initiative du directeur Lucien Lambotte qui avait réuni une phalange de quelque 150 choristes pour préparer l'exécution du «Requiem» de W.A. Mozart les 24 et 25 mars 1928, un ensemble choral allait voir le jour au Conservatoire. Le Requiem de Mozart connut un succès hors pair et M. Lambotte entreprit les 24 et 25 novembre de la même année un deuxième concert avec la Messe en mi bémol de Fr. Schubert, à l'occasion du 1er centenaire de la mort du compositeur. Ensuite M. Lambotte présenta sa chorale dans un grand concert au Conservatoire Royal de Bruxelles, en présence de LL. MM. le Roi Albert et la Reine Elisabeth. Le succès de ces premiers concerts fut tel que les choristes décidèrent de continuer leur entreprise et de se consti¬tuer en association.

Le 13 novembre 1929 fut constituée la «Chorale Mixte du Conservatoire de Luxembourg» en tant qu'association sans but lucratif dont le directeur fut M. Lucien Lambotte, qui créa dans l'enseignement en plus une classe de sonates, de musique de chambre et d'orchestre. Le 16 mai 1931, la Commission de surveillance décida d'introduire des cours de contrebasse et de basson.

Le directeur, soucieux de resserrer les liens entre professeurs, élèves et anciens élèves de même qu'entre le Conservatoire et les mélomanes, propose le 30 mai 1932 à la Commission la création d'une association des «Amis du Conservatoire».

L'idée de M. Lambotte semble cependant ne pas avoir trouvé la résonance voulue et, comme nous allons le voir plus loin, une association de même orientation ne voit le jour qu'au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale.

En parcourant les rapports de la Commission de Surveillance, nous trouvons plus loin que l'élève Michel Kayser de Weimers¬kirch a introduit le 4 janvier 1936 une demande en vue de l'obtention d'une bourse d'études afin de pouvoir poursuivre ses études de clarinette au Conservatoire Royal de Bruxelles. L'avis de la Commission dans cette affaire était positif.

Le Conservatoire de Musique de la ville de Luxembourg contri¬bua largement, sous l'impulsion du directeur Lambotte, aux nombreuses festivités organisées dans le cadre du Centenaire de l'Indépendance. Le 17 juin 1939 eut lieu dans la vallée de la Pétrusse un grand spectacle historique «D'Heemecht erzielt», réalisé par V. Jaans avec des thèmes musicaux de Lucien Lambotte. Le magnifique spectacle, auquel participèrent l'Or¬chestre du Conservatoire et la Chorale Mixte entre autre et qui comprenait quelque 420 exécutants, était placé sous la direction de M. Lambotte.

Avec l'occupation allemande en 1940, le Conservatoire allait connaître, pendant quelques années, l'influence de la culture germanique.

Le 15 janvier 1941, le «Städtische Musikdirektor» Hans Herwig de Hagen (Palatinat) se présenta chez Monsieur Lambotte. M. Herwig avait été chargé par l'autorité supérieure de contrôler le Conservatoire et son fonctionnement dans les moindres détails afin de pouvoir établir des propositions concrètes en vue de la restructuration future de la vie musicale à Luxembourg. Le rapport rédigé par Herwig après son passage à Luxembourg fut extrêmement élogieux envers la direction et le corps des professeurs de l'établissement, ce qui ressort de l'extrait reproduit ci-après :

«... Ich besichtigte das Städtische Konservatorium zu Luxemburg von Mittwoch, dem 15. Januar ds. Js. nachmittags, bis Freitag, dem 17. ds. Js., abends auf das Eingehendste. Ich schicke der nachfolgenden Darstellungsogleich die Feststellung voraus, da ich über das künstlerische Niveau dieserSchule in höchstem Maße positiv überrascht war, und zwar sowohl über dieLeistungen des Lehrpersonals als über die Kenntnisse und Fähigkeiten der zahlreichen Schüler. Ich kann nicht umhin, zu erklären, dag das Niveau dieser Anstalt weit über den Leistungen steht, die eine Musikschule oder ein Städtisches Konservatorium einer Stadt von 60 000 Einw. lm Altreich aufzuweisen hat. Ich führe dieses überraschende Ergebnis auf drei Faktoren zurück: auf die ursprüngliche Musikalität der Schüler, auf die hohe künstlerische Qualität des Lehrpersonals sowie auf bestimmte Unterrichtsmethoden, die an dieser Schule angewandt werden, Methoden die bei uns im Altreich eigentlich in ähnlicher Form und mit ähnlichen Ergebnissen nur an den eigentlichen Staatlichen Musikhochschulen und Musischen Gymnasien, an den wenigen führenden Musikinstituten im Reich also, in Erscheinung treten . . .

. . . Während die Lehrmethoden des Konservatoriums im Grundsatz den bei uns im Altreich üblichen gleichen, hebt sich als besonders bemerkenswert die Unterrichtsmethode des Solfeggien Singens heraus, das wir in Deutschland nicht kennen, das aber am hiesigen Konservatorium mit ganz besonderem Eifer und Nachdruck, ja, man kann sagen, mit einem gewissen Fanatismus gelehrt wird. Sämtliche Schüler der Anstalt, ganz gleich welches Fach sie studieren, haben obligatorisch an diesem Unterricht teil zu nehmen. Das Endergebnis des vier Jahre andauernden, progressiv geordneten Unterrichts im Solfeggien Singen ist ein höchst bemerkenswertes: kein Schüler verläßt die Anstalt, der nicht ein vollendeter Vomblattsänger wäre ». . .

Quelque temps plus tard, Hans Herwig fut nommé au poste de directeur municipal de la musique, en quoi il succédait à Monsieur Lambotte, licencié par les occupants. A côté de la direction de la nouvelle «Landesmusikschule» ( jadis le Conservatoire de Musique), Hans Herwig occupait le poste de chef de l'Orchestre Symphonique Municipal, nouvellement créé et composé de musiciens professionnels luxembourgeois. Cet orchestre allait jouer pendant quelques années un rôle important dans la vie musicale luxembourgeoise. Son répertoire comportait, à côté des maîtres du Baroque, du Classique et du Romantisme, des oeuvres de jeunes compositeurs luxembourgeois: René Mertzig, J.P. Kemmer, Norbert Stelmes et Norbert Hoffmann. Durant les années de l'occupation, un certain nombre de professeurs allemands enseignaient à côté de leurs collègues luxembourgeois à la «Landesmusikschule».

Pendant les années de l'occupation, Hans Herwig, musicien de qualité, n'a jamais démontré des attitudes nazies, bien au con¬traire, il était toujours correct envers le personnel luxembourgeois et de ce fait s'est certainement créé une estime auprès des Luxembourgeois. En septembre 1944, après la libération de la ville de Luxembourg, le directeur de l'occupation parti, le «Städtisches Symphonieorchester» fut dissout par le Collège échevinal et le 13 octobre, Monsieur Lambotte est reconduit dans ses fonctions de directeur du Conservatoire de Musique de la ville de Luxembourg Fondation Eugénie Dutreux.

En 1945, le directeur Lucien Lambotte fonda une association des élèves et anciens élèves au Conservatoire de Luxembourg.

L'activité de cette association dont les objectifs furent certaine¬ment des plus constructifs s'arrêta après quelques années et sombra dans l'oubli. Il fallait attendre jusqu'en 1968, où le directeur Josy Hamer, relança l'association.

Il est intéressant de relever la création de deux écoles de musique locales, l'une à Bonnevoie et l'autre à Limpertsberg, en 1953. Les notions musicales élémentaires y furent données aux enfants de 6 à 8 ans. Un an plus tard, des cours semblables furent installés à Eich, Merl et Belair.

Dans sa séance du 22 novembre 1952, le conseil communal s'était en effet décidé pour une nouvelle forme de nomination, voulant recourir à un jury international composé de trois membres luxembourgeois d'un renom certain, ainsi que de trois membres étrangers qui à cette époque étaient directeurs respectivement des conservatoires de Bruxelles, de Paris et de Zurich. La vacance du poste concerné avait été publiée tant à Luxembourg que dans les pays voisins qui s'y étaient intéressés. Les épreuves de recrute¬ment eurent lieu à la fin du mois de mars 1953. Six candidats, dont trois de nationalité luxem¬bourgeoise, s'y étaient présentés.

Compte tenu du fait que le jury du concours avait estimé cette participation insuffisante, il fut proposé de rouvrir les épreuves qui avaient eu lieu. Mais, par sa délibération du 17 avril 1953, le conseil communal avait été opposé à l'organi¬sation de nouvelles épreuves de concours et demandait la présentation du procès-verbal de classement. Le candidat classé premier au concours, avec la note bien, fut Walter Kolneder, de nationalité autrichienne et habitant Innsbruck, né le 1er juillet 1910 à Wels – Oberösterreich .Ce qui plus est, le jury du concours avait classé en place utile respectivement avec la note bien et avec la note satisfaisant d'autres candidats. Des candidats luxembourgeois un seul avait réussi aux épreuves avec la note «satisfaisant»; les deux autres candidats avaient obtenu respectivement la note insuffisante ou la note très insuffisante.

Dans sa séance du 17 juillet 1953, et à la suite d'un scrutin de ballottage, M. Kolneder, à la majorité des voix, fut nommé directeur du conservatoire avec 12 voix contre 10, lesquelles étaient revenues à Jules Krüger, violon, né le 27 mars 1899. La nomination définitive n’allait suivre que le 24 juin 1955 ; le scrutin définitif comprenait 3 bulletins blancs et 4 bulletins portaient la mention «non».

Le concours international lancé par la Commission de surveillance du Conservatoire avait suscité des réactions très véhémentes à Luxembourg du fait que les musiciens luxembourgeois se trouvaient lésés. Ainsi la Chambre syndicale des arts et des lettres publiait en décembre 1953 un manifeste dont voici un extrait:

. . . « Mais nos autorités responsables se crispèrent dans leurs préjugés, et l'épreuve internationale fut bel et bien décidée, et annoncée tambour battant.

En réclamant cette sorte de « steeple chase » du haut de sa tribune, la Commission de surveillance du Conservatoire composée de musiciens amateurs unique¬ment n'a pas craint d'offenser, en les humiliant ainsi, nos musiciens professionnels .... Le jury d'examen fut composé de trois étrangers et de trois Luxembourgeois. A l'encontre du bon sens le plus élémentaire, aucun musicien authentique de nationalité luxembourgeoise ne fut appelé à en faire partie. En faisaient partie, par contre, deux membres de la Commission de surveillance du Conservatoire, et point seulement comme observateurs. Ainsi, ces amateurs, qui avaient eu l'audace de dénier aux seuls musiciens professionnels luxem¬bourgeois la science et l'expérience requises, se reconnaissent implicitement à eux mêmes l'aptitude de juger en maîtres de la compétence des musiciens professionnels de toute l'Europe, c'est à dire l'aptitude de faire la distinction précise chaque fois entre la science et le savoir faire de tous les candidats individuellement soumis à leur examen. L'outrecuidance des amateurs est sans bornes, et il n'est de juges plus péremptoires qu'ils ne le sont . . .»

Suite à de graves différends entre le directeur et un certain nombre de professeurs, le Collège échevinal, saisi par une demande de M. Kolneder, autorisa le directeur à se faire remplacer à la présidence des concours de fin d'année scolaire par le professeur le plus ancien en rang, M. Richy Muller.

Suite à la demande de M. Kolneder, le Conseil communal lui accorda finalement le 15 juillet 1959 sa démission. Walter Kolneder se retira en Allemagne où il fut nommé au poste de directeur du Conservatoire de Darmstadt et ensuite à la «Musikhochschule» de Darmstadt.

Après le départ de M. Kolneder, le 15 septembre 1959, le Conseil communal confia la direction du Conservatoire de musique à la Commission de surveillance qui chargea son actuel président, le Docteur en musique Jean Pierre Schmit de la direction intérimaire. L'abbé Schmit revêtit son poste jusqu'au 22 février 1965.


Au cours de la période du 15 septembre 1959 au 22 février 1965, la Commission de Surveillance du Conservatoire assuma la direction de l'établis¬sement et la confia à son membre M. l'abbé Jean-Pierre Schmit qui s'occupa de l'exécution effective de la direction vacante. En 1961, l'abbé Schmit établit de nouveaux programmes d'études complets concernant les différents cours, tout en établissant un avant-projet de réforme applicable au nouveau règlement du conservatoire. Les documents concernés furent soumis tant à la Commission de Surveillance qu'au conseil communal de Luxembourg.

En 1960, l'abbé J. P. Schmit établit des programmes d'études complet pour les différents cours, les programmes sont publiés depuis chaque année au «Compte rendu». Le directeur intérimaire a également élaboré un avant projet de réforme du règlement, discuté par la suite au sein de la Commission de surveillance et soumis par après aux autorités communales.

Après une période de 6 ans, la direction effective du conservatoire fut confiée à M. Josy Hamer qui fut le premier titulaire luxembourgeois. Sa nomina¬tion avait eu lieu à la suite d'un concours sur titres. Parmi les candidats qui s'étaient proposés au choix des autorités légales, cinq avaient dû être écartés, comme n'étant pas conformes aux conditions de recrutement telles qu'elles avaient été fixées. Un des candidats qui s'était présenté avait retiré sa candidature, de telle façon que la Commission de Surveillance, tout compte fait, n'avait en face d'elle qu'une seule candidature à soumettre au conseil communal.

Ayant fait ses études secondaires et musicales à Esch-sur-¬Alzette, M. Hamer né le 3 octobre 1925 à Esel¬born, était allé se perfectionner au Conservatoire Royal de Bruxelles. Il en sortit titulaire de solfège, d'harmonie, de contrepoint, de violon, de cor anglais, etc. M. Hamer, engagé pendant 16 ans à l'orchestre de RTL comme premier violon et hautboïste, avait l'avantage d'avoir travaillé sous la direction de Henri Pensis, de Carl Melles et de Louis de Froment. Intéressé par l'enseignement et la direction d'orchestre, M. Hamer fut simultanément de 1955 à 1965, directeur de la philharmonie de Diekirch, où il assumait en même temps des cours à l'école de musique. Appelé définitivement à la direction du conservatoire de Luxembourg, il abandonna ses occupations antérieures, se chargeant de la réor¬ganisation de son établissement. Ce fut surtout l'etude des instruments à cordes qui lui tenaient à cœur avec les ensembles qu'il s'était engagé à faire revivre. Après quelques années, les classes commençaient à se remplir, les orchestres repre¬naient leur activité. D'abord ce fut l'orchestre, constitué de musiciens de renfort professionnels, puis d'élèves en formation, qui entrait en action en donnant de nombreux concerts au théâtre municipal. Bientôt fut créé un orchestre d'élèves, un orchestre préparatoire d'enfants, un orchestre de chambre, qui vinrent intensifier l'activité du conservatoire. En plus, la chorale mixte du conservatoire qui avait quitté les lieux après le départ de M. Kolneder, revint à l'établissement qu'elle avait abandonné. A partir de ce moment l'étude et l'exécution des grandes œuvres sym¬phoniques pouvaient être abordées.

A côté de l'orchestre professionnel, l'or¬chestre symphonique d'élèves gagnait de plus en plus d'importance. Cet orchestre avait la destination d'une classe de formation se renouvelant tous les ans avec de nouveaux élèves ayant le niveau exigé. Des œuvres de tous les styles furent exécutées et présentées à de nombreuses organisations des plus diverses. Sa plus grande performance fut en août 1975 la participation avec quelque 90 jeunes musiciens au festival international des jeunes à Aberdeen en Ecosse, qui réunissait des orchestres du monde entier. D'autres manifestations, en France surtout, donnaient à cet orchestre l'occasion de rapporter la preuve de ses qualités.

D'un autre côté, progressivement à partir de 1965 surtout, le nombre des élèves au conser¬vatoire s'accrut à une allure vertigineuse, allant de 900 en 1965 à 2.300 en 1989. I’introduction d'une vingtaine de nouveaux cours s'ajoutait vite à cette progression. A un moment déterminé, la population scolaire se composait d'une vingtaine de nationalités étrangères. Il devint donc néces¬saire d'augmenter en conséquence le nombre et la qualité des membres du.personnel enseignant.

Dès son entrée en fonction le nouveau directeur donnait une priorité effec¬tive à l'orientation des élèves doués et travailleurs pour les guider vers les meilleurs établissements supérieurs d'enseignement musical à l'étranger.

Sous l'impulsion du nouveau directeur, les classes des archets connurent un essor remarquable et quelques années après l'entrée en fonction de M. Hamer, le Conservatoire disposait d'un grand ensemble d'ar¬chets, d'un orchestre symphonique et d'un orchestre d'harmonie des élèves.


En 1965 déjà, les bâtiments de la rue du Saint Esprit étaient vétustes et abritaient à peine tous les élèves inscrits au Conservatoire. Le beau style directoire, tout comme les décors intérieurs en stuc ne sont qu'une maigre consolation pour ceux qui fréquentent ces lieux aujourd'hui et qui sont obligés de se caser. dans les moindres recoins et débarras pour s'adonner à leur art favori. Il ne fait pas de doute que ces bâtiments qui constituent toujours la structure d'accueil principale du conservatoire, n'arrivaient déjà plus à abriter convenablement le nombre toujours croissant des élèves vers la fin des années soixante.

Un des plus grands soucis du nouveau directeur Josy Hamer était dès lors de trouver un remède à cette situation.

Rares étaient en effet les salles de classe qui disposent de l'acoustique élémentaire nécessaire à l'apprentissage correct d'un instrument, et trop fréquentes sont les salles où l'on voit suinter l'humidité des murs et même la pluie couler à travers les plafonds, sans parler des conditions de sécurité parfaitement inadéquates.

Pour faire face à une telle situation intenable, le conservatoire avait d’ores et déjà essaimé dans toute la ville, partout où l'on voulait bien céder une salle. Les cours se tiennent actuellement dans pas moins de 12 localisations, dont certaines fort éloignées du noyau de la rue du St Esprit, ce qui posait des problèmes de transport inextricables aux élèves et à leurs parents. En dehors du bâtiment Dutreux, le Conservatoire se repliait dans la rue du St Esprit sur les anciens locaux du Ministère de l'Éducation Nationale et sur la maison Mohr de Waldt.

Il avait en outre à sa disposition par ailleurs la Villa Feidert dans la Côte d'Eich, les locaux de l'ancienne Ste Sophie dans la rue de la Congrégation, des salles du Cercle municipal, des salles au théâtre municipal et à l'ancienne école européenne tout comme la salle du cinéma Vox ainsi que des locaux de la musique militaire, sans oublier un certain nombre d'écoles primaires réparties à travers la ville.

Malgré son caractère municipal, le Conservatoire de Luxembourg assumait en fait une mission nationale. On le voit facilement en se penchant sur la répartition géographique des élèves: si l'on prend pour année de référence l'année scolaire 1979 1980, il est frappant de constater que sur les 1842 élèves inscrits, moins de la moitié habitent Luxembourg Ville (789) et plus de la moitié sont originaires de 171 localités du pays (991); 62 élèves proviennt des régions frontalières belge, française et allemande. Le classement par nationalités indique que le Conservatoire s'acquitte fort honorablement d'une mission au service de la communauté internationale qui partage notre vie quotidienne: sur les 1842 élèves, 1347 sont de nationalité luxembourgoise ; parmi les étrangers, les Français occupent la première place (146), suivis des Italiens (84) et des Allemands (78) pour en rester aux contingents les plus importants. A noter la quasi absence d'une communauté pourtant fort nombreuse: en effet, il n'y a que 7 Portugais qui étaient inscrits au Conservatoire en 1979 80. Pour encadrer ces élèves innombrables, le Conservatoire dispose de 110 enseignants, dont 35 professeurs.

Le Conservatoire ne se limitait pas à donner un enseignement de base à ses élèves. L'enseignement est échelonné en trois divisions. Pour les plus doués des élèves, une préparation pour une formation professionnelle est possible. Le nombre des élèves qui poursuivaient leurs études à l'étranger pour devenir musicien professionnel était d'ailleurs en augmentation constante. Les meilleurs élèves avaient également la possibilité de participer à des orchestres de jeunes, tel l'orchestre des Communautés Européennes (à l'issue d'un concours exigeant).

Les auditions données par des élèves au cours de l'année étaient très nombreuses et contribuaient à l’enrichissement de la vie musicale de la ville et du pays. Le Conservatoire disposait de nombreuses formations musicales tel un ensemble de musique ancienne, un orchestre symphonique, une chorale mixte, divers ensembles de de musique de chambre, une orchestre d'harmonie… .


Ce bilan éloquent ne fait que souligner une fois de plus la nécessité absolue de doter enfin le Conservatoire d'un cadre où il saurait s'épanouir complètement.

Au début des années 60 fut constitué un groupe de travail «Etat Ville» pour préparer une nouvelle construction. Il a remis son rapport final en 1966 et a préconisé l'implantation en face du nouvel Athénée aux abords du boulevard Pierre Dupong. Cette solution s'est cependant heurtée aux conceptions du projet d'aménagement de Pierre Vago. Vago a proposé une solution alternative au Kirchberg ou sur un emplacement entre la rue Giselbert et la rue de Merl.

En 1974 la municipalité acheta le terrain à bâtir nécessaire sur le nouvel emplacement, au « Geessekneppchen ». En effet, à quelque distance des bretelles autoroutières de Merl, l'endroit, de par sa situation centrale, aisément accessible de toutes parts, convenait parfaitement à un tel projet. La proximité de l'Athénée, du Lycée Michel Rodange et de l'Ecole de Commerce et de Gestion parlait en outre en faveur de ce choix.

Après l'adoption de l'avant-projet par le conseil communal, un concours fut ouvert pour les architectes avec comme échéance le 24 décembre 1974. Parmi la vingtaine de projets présentés, le jury opta unanimement pour celui de la communauté d'architectes Robert Heintz-Sturm et Conny Lentz, dt 8 Planungsgruppe et Busmann & Haberer. Après que les autorités communales et gouvernementales eurent de concert apporté aux plans quelques modifications quant à la conception générale, l'on allait pouvoir finalement procéder au premier coup de bêche le 19 juin 1981.

Le projet primé présentait tous les avantages exigés pour la construction d'un bâtiment moderne adapté aux circonstances, tout en garantissant une acoustique parfaite, un fonctionnement impeccable et des possibilités d'extension ultérieures. En attendant la réalisation de ces projets ambitieux, la vie de l’école devait se maintenir dans les limites imposées par l'exiguïté des bâtiments de la rue du Saint-Esprit, la disparité des salles de classes et les mauvaises conditions artistiques et pédagogiques de travail de la plupart des enseignants, enfin par des difficultés souvent insurmontables rencontrées lors de la coordination des multiples activités tant .

Malgré la réglementation très stricte appliquée à leur admission, les élèves ont de nouveau atteint sensiblement le chiffre de l'année 1973 1974, soit 1465 contre 1354 en 1974 1975.

Le Conservatoire avait à déplorer au cours de l’année scolaire la disparition de deux éminents professeurs , dont le remplacement au moment de leur retraite, avait causé d'assez grandes difficultés. Il s'agissait en premier lieu de Monsieur Jean Join, professeur de violoncelle et de musique de chambre, décédé le 12 janvier 1975. Monsieur Join , né le 10 septembre 1911 , originaire du pays de Liège , était entré au Conservatoire comme professeur de violoncelle en juillet 1937 et prit sa retraite prématurée après plus de 35 années de bons et loyaux services , le 31 décembre 1972. En second lieu Monsieur Jules Kruger, entré comme professeur de violon au Conservatoire le 1er avril 1947 après avoir été occupé en la même qualité à l'école de musique d'Esch sur-Alzette depuis le 1er mai 1933. Monsieur Kruger était né le 27 mars 1899 à Luxembourg. Tout comme Monsieur Join, il fut un musicien averti et un très bon pédagogue dont le souvenir restera longtemps vivant au conservatoire. Si des raisons de santé avaient obligé Monsieur Join à cesser prématurément ses fonctions, Monsieur Kruger, une fois mis à la retraite, avait continué à enseigner au Conservatoire comme chargé de cours de violon jusqu'au 30 juin 1966. Le compositeur Jules Kruger , à créé des oeuvres, notamment des oeuvres symphoniques, d'une grande finesse et témoignant d'un talent de compositeur hors pair.

Miné par une maladie sournoise, Monsieur Nico Muller, membre de la commission de surveillance du Conservatoire, est décédé pendant les vacances scolaires, le 18 août 1975. Fils du compositeur national J.A. Muller, Nico Muller quoique n'ayant pas embrassé la carrière musicale de son père, était un mélomane très averti pour qui le conservatoire de musique de Luxembourg était la seule et unique pépinière de tout vrai musicien digne de ce nom. Le décès de Monsieur Muller coïncida avec le renouvellement de la commission de surveillance qui depuis la rentrée de 1975 se composa comme suit : Monsieur l'abbé Dr. J.P. Schmit, professeur en retraite, Monsieur Roger Linster, directeur de l'éducation différenciée , Monsieur Alain Schaack, directeur d'assurances aijnsi que Messieurs Henri Delvaux, procureur général et Raymond Weber, professeur attaché au ministère des affaires culturelles, représentants du Gouvernement.

Le 27 décembre 1976 Mademoiselle Juliette Schaul, professeur de solfège, est décédée à l'âge de 69 ans après une longue et douloureuse maladie des yeux. Entrée au Conservatoire à la rentrée de septembre 1945 comme chargée de cours, Mademoiselle Schaul fut nommée professeur de solfège le 2 août 1948. Le 10 janvier 1966 Mademoiselle avait pris sa retraite méritée en raison de l'état déficient de sa santé .

Le 9 avril 1977 Monsieur Prosper Hemmer, professeur de clarinette, est décédé à l'âge de 73 ans après une longue maladie. Monsieur Hemmer était entré en 1919 comme clarinettiste à la musique militaire, poste qu'il cumula à partir du 11 novembre 1935 avec celui de professeur de clarinette au Conservatoire. Monsieur Hemmer avait quitté le Conservatoire le 21 juillet 1968 pour cause de limite d'âge , après une vie de labeur et de dévouement de 33 ans au service de plusieurs générations de clarinettistes.

Le 12 avril 1977 Monsieur Richy Muller, professeur de piano, est décédé à l'âge de 84 ans. Fils du compositeur national J.A. Muller , Richy Muller, à l'instar de ses nombreux frères et soeurs dont Monsieur Nico Muller, membre de la commission de surveillance, décédé le 18 avril 1975, était un musicien né. Nommé professeur de piano au conservatoire le 1er mai 1922, Monsieur Muller a durant 35 ans enseigné le piano et en tant que doyen d'âge du corps enseignant, assuma avec beaucoup de compétence et de dévouement les fonctions de directeur par intérim du 22 janvier au 31 avril 1953 , après la mise à la retraite de Monsieur Lucien Lambotte.

Au cours de l'année scolaire 1876-1977 la bibliothèque du Conservatoire s'est enrichie d'une importante collection d'oeuvres musicales offerte par Madame Charles Lentz, en mémoire de feu son mari. Par ailleurs Monsieur Eugène Lamesch, secrétaire honoraire du Conservatoire fit don d'un violon d'étude. Les religieuses du Pensionnat de la Sainte Famille firent don au Conservatoire de cinq violons d'étude ayant appartenu à l'ancienne Ecole Normale des jeunes filles, dirigée par les Soeurs de la Doctrine Chrétienne.

A la fin de l'année scolaire le corps enseignant se composait de 34 pro¬fesseurs, 30 chargés de cours et 22 suppléants .

Lors de sa réunion du 15 mars 1978 la Commission de surveillance fêta les quarante années d'activité au service du Conservatoire de musique de Luxembourg de son Président, Monsieur l'abbé Jean Pierre Schmit . En mars 1938 l’abbé Schmit fut désigné par le conseil communal de la ville comme nouveau membre de la Commission de surveillance, succédant à l'abbé Dominique Heckmes, ancien aumônier du Lycée de jeunes filles, critique musical et musicologue distingué, subitement décédé en février 1938. Jean-Pierre Schmit, né le 21 septembre 1904 à Breidweiler, ordonné prêtre le 27 juillet 1930 , venait de terminer ses études de musique à l'université pontificale de Rome où il avait obtenu le grade de docteur en sciences musicales. Chargé de la direction de la maîtrise de la cathédrale, professeur de musique au Grand Duché et à l'Ecole normale des instituteurs, l'abbé Schmit allait être pendant des décennies une des figures les plus marquantes de la vie musicale dans le Grand Duché de Luxembourg. Grand défenseur du principe «la musique aux Luxembourgeois», il ne fut pas étonnant qu'après l'invasion de notre territoire par les troupes allemandes l'occupant nazi s'en prit à lui dès octobre 1940 en le destituant de toutes ses fonctions officielles. De plus , en raison de son attitude anti-nazie , il fut interné au camp de concentration de Hinzert de début mai 1944 à mai 1945. A la Libération M. Schmit reprit ses nombreuses activités au service de la musique sacrée et de la musique en général dans notre pays et il ne fut que naturel que le conseil communal de la ville de Luxembourg allait faire de nouveau appel à cet éminent musicologue pour faire partie de la Commission de surveillance du conservatoire reconstituée.

Elu président de la Commission en 1946, il le resta jusqu'en septembre 1950 où M. Ernest Mayer Neuman allait le remplaçer jusqu’à sa disparition en 1957. Ensuite ce fut le tour à M. Maurice Leick qui présidait la Commission jusqu'en juin 1970 . C’est l'abbé Jean-Pierre Schmit qui accéda de nouveau à la présidence, charge à laquelle il fut constamment réélu depuis . Après la démission du directeur Walter Kolneder, le 25 août 1959 et jusqu'à l'entrée en service du nouveau directeur Josy Hamer, le 1er avril 1965 l'abbé Schmit assuma en plus la charge combien difficile, complexe et délicate de directeur faisant fonction pendant presque 6 ans.

Tout comme les années précédentes la bibliothèque du Conservatoire allait s’enrichir d'oeuvres nouvelles acquises soit sur le budget de l’école , soit grâce à des dons . Par ailleurs la collection d’instruments anciens, destinés à figurer plus tard au musée du future Conservatoire , reçut un hautbois ancien , don de M. Jean Pierre Graser d’Esch sur Alzette .

Au courant de l'année scolaire 1977 1978 , le nombre d’élèves est passé de 1632 l’année précédente à 1706. Pour ce qui est du corps enseignant , il y a lieu de noter le départ à la retraite , le 11 décembre 1978, de Monsieur Jean Pleger, professeur de solfège et de direction et le 1er janvier 1979, de Madame Suzanne Heinz Heller, professeur de solfège et de piano .

Côté corps enseignant , le nom¬bre des professeurs était entretemps passé de 34 à 35 unités. Le 12 février 1979 , M. Eugène Heinen, professeur, professeur de diction et d'art dramatique de lan¬gue allemande , prit sa retraite et le 25 novembre 1979, M. René Eiffes, professeur de violon, professeur au Conservatoire depuis le 26 octobre 1936, partait également à la retraite.

Comme les cours d’interprétation du professeur Robert Schollum de la ‘ Hochschule für Musik und darstellende Kunst ‘ de Vienne avait connu beaucoup de succès en 1978 , une seconde édition eut lieu au début de l’année scolaire 1979-1980 pour permettre à une trentaine d’élèves avancés du cours de chant et en général aux chanteurs luxembourgeois de se perfectionner dans leur art.

Dans le même ordre d’idées, il importe de relever la création des premiers Cours Internationaux de Perfectionnement musical qui eurent lieu du 7 au 27 juillet 1980 avec la participation de musiciens et pédagogues étrangers de renommée : Jules Bastin pour le chant, Anne Gallet pour le clavecin, Boris Goldstein pour le violon, André Isoir pour l'orgue, Ionel Pantea pour le chant et Boris Pergamenschikov pour le violoncelle.

Les cours internationaux de perfectionnement musical , créés en 1980 par le Conserva¬toire de la Ville de Luxembourg en collaboration avec le Syndicat d'Initiative et de Tourisme de la Ville et "Les Amis de l'Orgue", étaient placés sous le protectorat du Ministère des Affaires culturelles. Une association de fait a été fondée, groupant des représentants de diverses orga¬nisations du Conservatoire (association des élèves et anciens élèves, association des parents d'élèves, comité de la chorale mixte, cours du professeur Schollum) du Syndicat d'Initiative et des Amis de l'Orgue.

L'événement le plus marquant dans les annales du Conservatoire fut sans doute décision du conseil communal du 9 juin 1980 octroyant les crédits nécessaires pour la construction du nou¬veau conservatoire. Ainsi le voeu formulé au cours des dix dernières années se réalisa enfin et le début des travaux de construc¬tion du nouveau Conservatoire pouvait désormais être envisagé .Compte tenu de l'envergure du projet élaboré le prix de la construction dépassera le milliard les travaux allait s'étendre sur trois longues années .

19 juin 1981 : Un jour mémorable

Le vendredi 19 juin 1981, jour de la pose de la première pierre du nouveau Conservatoire de musique de la ville est entré dans l’histoire musicale et culturelle du Grand-duché de Luxembourg.

En présence de Monsieur Pierre Werner, Ministre d'État et Ministre des Affaires culturelles, le bourgmestre Camille Polfer traça l'historique des préliminaires de cette entreprise en rappelant que la décision formelle pour la construction d'un nouveau Conservatoire fut prise par le collège échevinal le 20 octobre 1965 et que les projets comprenant plans et devis furent approuvés à l'unanimité par le Conseil communal dans sa séance du 9 juin 1980. Entre ces deux dates, que de démarches, de discussions, de réunions d'experts, de prospections, de sollicitations, d'avis de toutes sortes de commissions où l'idée se concrétisait toujours davantage ! La genèse d'un bâtiment de cette importance, à l'allure architecturale moderne et futuriste, devant se prêter à des usages multiples et réclamant un agencement fonctionnel des différentes parties, exigeait une préparation minutieuse et longuement mûrie. Un pas décisif était fait, et la Ville était fière de pouvoir entreprendre avec l'aide de l'État cette oeuvre d'envergure. Créer une école de musique pour quelque 2.000 élèves, lui adjoindre un auditorium conçu comme salle de concert avec 650 places, y englober un pied-à-terre pour la Musique Militaire et concevoir le tout d'une manière réaliste, pratique et fonctionnelle avec tous les locaux administratifs et toutes les installations nécessaires, à une époque de crise qui incitait plutôt au pessimisme, était non seulement une preuve de courage de la part des responsables politiques de la Ville, mais aussi un signe de foi en un avenir prometteur pour la jeunesse du pays tout entier .

Le document qui avait été scellé lors de la pose de la première pierre par Messieurs Camille Polfer, bourgmestre et Pierre Werner, Ministre d'Etat, Président du gouvernement, est de la teneur suivante :





Anno domini milesimo nongentesimo octogesimo primo die junii undevicesimo sceptrifero in finibus patriis serenissimo magno duce joanne

exsequendas ad leges supremo magistratu et rerum culturalium rectore

petro werner rebus internis patriae praestante joanne spautz civitatis praeside camillo polfer Loco ad scholam musicae aedificandam parato operae constructionis incipiendae sunt ut novum aedificium antiquae scholae viae sancti spiritus succedere possit Labores facientur secundum descriptionem graphicam architectorum sociorum heintz sturm collegarumque. Loco novi aedificii a joanne hengen, episcopo huius civitatis benedicto, hoc documentum includitur in Lapide qui sub porta principali scholae ponitur.


S'associant à la joie et à l'espoir exprimés par les divers orateurs, la Commission de surveillance tenait à dire sa profonde satisfaction de voir enfin se réaliser le projet pour laquelle elle a travaillé durant plus de vingt cinq ans. Pour souligner sa satisfaction , son président a conçu le chronogramme suivant qui, après l'achèvement des travaux était sensé marquer l'emplacement de la première pierre :

FAVSTIS HONORIBVS VNIVERSAQVE LAETITIA LAPIS FVNDAMENTALIS CONSERVATORII NOSTRI FESTIVITATE LONGE EXSPECTATA FAVENTE JVNII TEPORE POSITVS EST


En ce qui concerne l’administration du Conservatoire, Monsieur Hamer reçut un adjoint le 15 décembre 1980 en la personne de Monsieur Roland Hensgen, professeur de saxophone, que le Collège Echevinal a nommé directeur-adjoint, chargé de seconder le directeur dans ses multiples tâches auxquelles venait encore s'ajouter celle de la supervision des travaux de construction du nouveau Conservatoire.

Malgré les grandes difficultés d'organisation qui subsistaient, les manifestations artistiques, réalisées par le Conservatoire furent aussi variées que multiples. Elles n'ont pas manqué de faire apparaître le niveau très élevé des différents ensembles du Conservatoire et le fait qu'un certain nombre de manifestations ont eu lieu dans diverses localités du pays, voire à l'étranger, a contribué à augmenter le rayonnement du Conservatoire au-delà des frontières du Grand-duché.

Encouragés par le succès de la première édition, les organisateurs-responsables , à savoir le Conservatoire , le Ministère des affaires culturelles, le service culturel du Syndicat d'Initiative de la Ville de Luxembourg – organisateur de l’Eté Musical - et les Amis de l'Orgue Luxembourg , ont organisé du 13 au 25 juillet 1981 les deuxièmes Cours Internationaux de Perfectionnement Musical , avec comme enseignants Anne Gallet, clavecin, André Isoir, orgue, Rainer Moog, alto et musique de chambre, Igor Ozim, violon, Ionel Pantea, chant, Boris Pergamenschikow, violoncelle et Gérard Souzay, chant.

L'année scolaire 1981-1982 a été marquée avant tout par la commémoration du 75e anniversaire de la fondation du Conservatoire de musique de la Ville de Luxembourg.

Cette commémoration a donné lieu à un programme très diversifié de manifestations artistiques et musicales , destinées à en souligner l'importance de l’événement. Une série de manifestations de très haut niveau , comprenant notamment une séance académique au Grand Théâtre, des concerts des différents groupements artistiques du Conservatoire, des professeurs et des différents orchestres de la Ville tels la Musique Militaire, l'orchestre de Radio-Télé Luxembourg et la "Chorale Jong-Lëtzeburg" ainsi que des récitals et des auditions d'élèves .

Le Conservatoire a édité également une médaille commémorative ainsi qu’une publication retraçant l’histoire de l’établissement – le " Livre du 75e anniversaire " . Ce document comprend à côté d'articles de fond traitant de la vie musicale au Grand-duché, de l’historique de l’enseignement musical, des multiples problèmes soulevés par l'enseignement de la musique, des informations très intéressantes sur l'organisation, le personnel, les élèves et les activités du Conservatoire au fil des années . Ont collaboré à la rédaction et à rélisation de cette plaquette Messieurs Emile Hermes, délégué de la Commission de surveillance, Roland Hensgen, directeur adjoint du Conservatoire, Guy Jourdain, animateur culturel auprès du Syndicat d'Initiative et de Tourisme et Pierre Berg, secrétaire du Conservatoire .

Un grand mérite pour ce qui est des recherches sur lesquelles se base le " Livre du 75e anniversaire " revient à Monsieur Eugène Lamesch, secrétaire honoraire du Conservatoire, qui avait réalisé un important travail de compilation . Monsieur Lamesch, qui avait pris sa retraite en 1972 après 18 années d'activité au Conservatoire, avait tenu à mettre sa longue expérience au service du comité d'organisation de la commémoration du 75e anniversaire . Hélas, Monsieur Lamesch n'avait plus la chance de voir 'accomplissement de son dévouement : le 23 août 1981 une crise cardiaque l'a arraché subitement à l'affection des siens, âgé seulement de 70 ans.

Après 18 ans de bons et loyaux services au Conservatoire, cet homme, dont la personnalité marquante restera bien vivante dans l'esprit de ceux qui l'ont connu, a quitté son poste en 1972, pour prendre sa retraite bien méritée. Monsieur Pierre Berg prit sa relève en tant que secrétaire du Conservatoire.

Suivons de plus près l'activité de M. Lamesch au Conservatoire pour nous faire une idée de ses qualités exceptionnelles. Engagé en 1954, son tempérament l'incitait aussitôt à réorganiser pas mal d'opérations administratives et d'introduire de nouvelles formules pour faciliter et simplifier l'organisation tout à fait spéciale que représente la gérance d'un conservatoire. C'est surtout durant les dernières années, avec l'augmentation considérable du nombre d'élèves, que M. Lamesch a fait preuve d'initiatives remarquables. Se jouant des difficultés d'un travail accablant, il est venu à bout de toutes les opérations en dédoublant d'énergie et de zèle.

Ceux qui l'ont connu savent combien M. Lamesch fut l'âme de l'organisation du Conservatoire, maître de la situation à tout moment. Avec sa vivacité habituelle tous les travaux furent exécutés et expédiés sans tarder et rien n'a jamais été laissé au hasard. En tant que fonctionnaire, M. Lamesch fut un homme modèle, d'autre part il aimait profondément les enfants, et ce fut toujours avec un réel plaisir qu'il suivait les manifestations musicales présentées par les élèves en se réjouissant de leur succès.

Après plus de 31 années de services, Monsieur Robert Henx, professeur de trompette, né le 8 septembre 1916, a pris sa retraite avec effet au 1er octobre 1981. Monsieur Henx avait été nommé professeur de trompette le 17 avril 1950. Eminent trompettiste et bon pédagogue, Monsieur Henx, animé d'un grand sens du devoir, avait formé plusieurs générations de trompettistes. Grâce à son zèle le nombre des élèves de trompette avait augmenté au cours des années de façon à ce que les responsables du Conservatoire étaient emmenés à faire appel à deux chargés de cours supplémentaires , Gaston Waltzing, né le 13 août 1956 et Charles Consbruck, né le 14 avril 1958 .

A l’occasion de cette année jubilaire Monsieur l'abbé J.P. Schmit, président de la Commission de surveillance, légua à la bibliothèque du Conservatoire le catalogue de ses compositions, accompagné d'un exemplaire de chacune de ses œuvres – en tout quelque 1400 œuvres . M. Nicolas Schuh, professeur honoraire, légua de son côté l'ensemble de ses propres compositions à la bibliothèque.

Le 20 novembre 1981 , le Conservatoire eut à déplorer la disparition de Monsieur Maurice Leick, membre de la Commission de surveillance de 1945 à 1970 comme représentant de la Ville . Grand mélomane et ardent défenseur de la musique populaire et tout particulièrement du chant, Monsieur Leick assura la présidence à partir de 1960, à une époque particulièrement difficile de l'histoire du Conservatoire alors qu'à la suite du départ du directeur Walter Kolneder en 1959 , la Commission s'était vu charger de l'intérim de la direction de l’établissement qu'elle délégua à son membre M. l'abbé J.P. Schmit jusqu'à la nomination de M. Josy Hamer en 1965.

La lourde tâche du directeur d'un établissement d'enseignement musical de l'envergure du Conservatoire, constituée par l'impact administratif et la responsabilité artistique et pédagogique en croissance constante, implique un appareil administratif important. Assisté pendant de longues années d'un secrétaire-bibliothécaire seulement, puis d'un secrétaire et d'un bibliothécaire, le directeur du Conservatoire put compter sur la collaboration étroite, depuis quelque temps, d'un professeur adjoint au directeur. Le 15 décembre 1980, le Conseil communal nommait officiellement le professeur Roland Hensgen au poste de directeur adjoint du Conservatoire.

Au cours des années la situation exigue du Conservatoire dans la rue du St.-Esprit était devenue intenable: on ne parvenait plus à loger toutes les classes et il n'y avait d'autre solution que l'exécution urgente des projets établis pour la construction d'un nouveau Conservatoire au «Geesseknäpchen».

Entre-temps les travaux de gros-oeuvre du nouveau Conservatoire ont été achevés de sorte que les autorités communales , en tant que maître de l'ouvrage , ont pu convier le 28 janvier 1983 à la fête traditionnelle du bouquet. Les travaux d’aménagement avançaient très bien de sorte à prévoir le déménagement du Conservatoire actuel dans les nouveaux locaux entre les mois de mai et août 1984, permettant ainsi d’accueillir les élèves à partir de la rentrée des classes à la mi septembre 1984.

Au cours des deux dernières années trois titulaires des classes de piano particulièrement appréciés ont quitté le service : Monsieur Herbert Scherer, nommé professeur de piano le 22 décembre 1947, qui est partii à la retraite le 25 mai 1981 - durant presque 34 ans , Monsieur Scherer a formé un grand nombre de pianistes dont plusieurs étaient devenus ses collè¬gues - , Madame Florence Wong Son King, décédée accidentellement en même temps qu'une de ses filles dans la banlieue parisienne le 4 novem¬bre 1981 – Madame Wong , nommée professeur de piano le 15 octobre 1954 était née le 26 août 1926 à Singapour – et Madame Jeanne Stein, décédée le 25 octobre 1982 – Madame Stein avait été nommée professeur de piano le 9 juillet 1951.

Le 28 janvier 1983 eut lieu la fête du bouquet , un an et demi après le premier coup de bêche au «  Geesseknäppchen » .Alors que les travaux d'aménagement du nouveau Conservatoire auraient du être terminés en avril 1984 et que pour la rentrée des classes du 17 septembre suivant, le nouvel établissement aurait pu accueillir les nombreux élèves , il n’en était malheureusement pas encore question.

Si les inscriptions des élèves en septembre 1984 ont encore eu lieu dans l'ancien bâtiment, rue du St. Esprit, tous les cours ont pourtant pu commencer dans le nouveau Conservatoire Merl, au 33 rue Charles Martel. le 2 octobre 1984 .L’achèvement des travaux d’aménagement définitif des lieux a pris néanmoins encore un certain temps .

Les festivités d'inauguration du nouveau Conservatoire ont malgré tout pu avoir lieu comme prévu au cours du mois de mars 1985. La séance académique eut lieu le 1er mars 1985 en présence de LL.AA.RR. le Grand Duc Jean et la Grande-Duchesse.Joséphine-Charlotte. Les allocutions de circonstance furent prononcées par Madame le Bourgmestre Colette Flesch, Monsieur Roland Hensgen, directeur-adjoint du Conservatoire ainsi que par Monsieur Robert Krieps, Ministre des affaires culturelles . Le programme musical était assuré par l'Orchestre symphonique, l'Orchestre d'harmonie et la Chorale mixte du Conservatoire. Dans le cadre des festivités d’inauguration du nouveau Conservatoire tout un cycle de manifestations musicales diverses eurent lieu du 5 mars au 15 mai 1985 . Comme c’était déjà le cas lors de la cérémonie de la pose de la première pierre, le président de la Commission de surveillance conçu également à l’occasion de l’inauguration un chronogramme en latin apposé en lettres d'or à l'entrée du grand auditorium et destiné à rappeler aux générations futures l'année de l'inauguration du nouveau Conservatoire :


In HOC PaLATIO PRO CONSERVATORIO MVSIS E PVBLICO AERARIO LVCILIBVRGO ERECTO JVVENTVS PATRIAE GARA EXVBERIBVs LABORIBVS ET ARTE NOBILITETVR


Malgré les difficultés de toutes sortes rencontrées lors de la reprise des cours en octobre 1984, l'enseignement des différentes branches de la musique, de la diction et de l'art dramatique et de la danse classique avait pu être organisé de façon aussi satisfaisante que possible tant pour les enseignants que pour les élèves. Le mérite en revient en très grande partie au regretté Roland Hensgen, directeur-adjoint à l’époque , qui à force d'endurance, de doigté et d'ingéniosité est arrivé à coordonner jusque dans les moindres détails les nombreux cours , de sorte que toutes les salles étaient utilisées au maximum et que les horaires des enseignants et des élèves fixés d'après les prescriptions du règlement et en vue d'un rendement optimal étaient garantis !

Le nouveau Conservatoire de Musique

Rarement dans notre pays une architecture moderne a associé avec autant de bonheur l'esthétique et le fonctionnel, la grâce et l'élan, tout en s'adaptant harmonieusement au site. Un urbanisme responsable exige plus qu'une seule concentration d'habitations, il demande le respect et la mise en valeur de 'identité d'un lieu. Aussi la conception architectonique du nouveau Conservatoire innove t elle par une heureuse symbiose entre la forme et la fonction

La première sensation qu'éprouve le visiteur à l'entrée du bâtiment, c'est la proportion généreuse entre espace et lumière, qui régit le hall d'entrée et la disposition des accès communiquant aux autres parties de l'ensemble.

Si la forme architecturale et le tracé des lignes sont résolument modernes, il n'en est pas moins vrai que, par le choix des matériaux et des couleurs en camaïeu, les architectes ont su éviter de donner l'impression de froideur technique et de monotone uniformité propres à tant de buildings fonctionnels. Au contraire, cette construction est à tous les points de vue une réussite, un réel instrument de culture et de communication, un centre de rencontre et de créativité artistique.

L'idée sous jacente à la réalisation fut d'ajouter au complexe sans en avoir l'air des zones fonctionnelles comme foyers et espaces de repos et d'exposition.

La partie maîtresse est la grande salle: l'auditorium avec environ 600 places disposées en amphithéâtre et avec une scène à surface variable. Cet auditorium n'offre pas seulement à l'école des possibilités didactiques infinies mais encore peut servir à tout moment à toutes sortes de manifestations publiques.

Autour de ce noyau central s'articulent les ailes circulaires abritant les salles de classe, les locaux de la Musique militaire, les classes de danse et de ballet.

La Musique militaire est pour des raisons évidentes séparée de l'écale, tandis qu'il est possible d'isoler l'auditorium en une entité complètement autonome.

Par l'utilisation de matériaux spéciaux l'on a pu obtenir une acoustique optimale tant dans l'auditorium que dans les salles de classe, et, par la disposition radiale de celles ci, réduire à un minimum absolu le bruit risquant d'incommoder les classes avoisinantes.

La structure en forme d'assiette des ailes abritant les classes est compensée par un revêtement de verre et d'aluminium couvrant aussi bien les façades que les plafonds. Autre caractéristique sont les saillies qui contribuent à accentuer la verticale et pour lesquelles la maçonnerie est traitée de la même manière que partout ailleurs.

L'aspect extérieur est caractérisé avant tout par le matériau apparent utilisé pour les différentes parties de l'édifice.

Le nombre d’élèves était resté sensiblement le même que les années passées : 1957 , dont 677 garçons et 1280 filles . En ce qui concerne le personnel enseignant, le corps professoral a vu partir à la retraite le 5 décembre 1983 Monsieur Jean Gieres, professeur de percussion depuis le 5 décembre 1958 de même que M. Victor Fenigstein, nommé professeur de piano le 3 mai 1948 . En résumé , le nombre total des professeurs s'est maintenu à 43 , quant aux chargés de cours, leur nombre est passé de 53 à 43 et celui des suppléants de 21 à 23. Eu égard à l'envergure du travail à assurer par les services administratifs et techniques dans le nouveau bâtiment , le nombre du personnel administratif et technique est passé de 10 à 18 .

Le 25 octobre 1985 décéda le Président de la la Commission de surveillance, l'abbé J.P. Schmit, à l'âge de 81 ans. Durant près de 50 ans le défunt avait fait partie de cette commission dont il avait été président pendant 25 ans. De 1959 à 1965 il avait même assumé la direction du Conservatoire par intérim . Pour honorer sa mémoire la direction du conservatoire organisait le 27 février 1986 un " concert souvenir " au cours duavec diverses oeuvres chorales, de musique de chambre pour quatuor de trombones , de musique religieuse pour choeurs et orchestre ainsi que de musique pour orgue.

Le 25 novembre 1985 , le Conseil communal nominait M. J.P. Oestreicher, inspecteur général de l'enseignement primaire, membre de la Commission de surveillance en remplacement de feu Monsieur l'abbé J.P. Schmit. La Commission désigna M. Henri Delvaux comme président et M. Alain Schaack comme secrétaire .

Les Grandes Orgues du Conservatoire

Le 22 novembre 1985 furent inaugurées les nouvelles orgues dans le grand auditorium du Conservatoire au cours d'une séance académique qui fut rehaussée par la présence de Leurs Altesses Royales le Grand Duc Jean et la Grande Duchesse Joséphine Charlotte. Le programme musical fut assuré par un ensemble de cuivres, l'Orchestre symphonique et la Chorale mixte du Conservatoire ainsi que par les organistes Pierre Drauth, Carlo Hommel et Pierre Nimax jr.

L'inauguration des grandes orgues dans une salle de concert n'est pas un événement courant. Si la Ville de Luxembourg peut se prévaloir de pouvoir fêter un événement pareil, c'est que ses autorités responsables ont été conscientes de l'installation d'un tel ouvrage dans un auditoire qui s'y prêtait fort bien. Cette salle, cet instrument sont bien à l'image d'une capitale qui se dit européenne, les cours d'orgue s'en regorgeront et les concerts vont pouvoir se réclamer d'un répertoire supplémentaire. L'idée initiale de l'installation d'un grand orgue de concert s'est prêtée tout naturellement dès que l'aménagement d'une grande salle de concert fut accepté. La tâche de la commission responsable de la marche des travaux de construction fut assez ardue, la conception de cet orgue de concert posait des problèmes multiples.

Jusqu'à la publication du cahier de charge ce fut une longue suite de consultations, de discussions et de délibérations avant que la conception de l'orgue de concert pour l'auditoire du conservatoire pût prendre des formes concrètes. Il convient de relever plus spécialement que l'auteur de la conception technique de l'instrument, l'instigateur de la disposition de jeux, le professeur du cours d'orgue au conservatoire, Monsieur Drauth, a joué un rôle déterminant dans l'évolution des débats. Ce sont ses coordonnées qui ont été à la base des dispositions du cahier de charge.

Finalement c'est la manufacture d'orgues Westenfelder de Lintgen qui fut chargée de la construction de cet instrument qui devait trouver sa place dans l'auditoire du conservatoire en s'adaptant à l'architecture ambiante. Les festivités d'inauguration ont révélé un buffet d'orgue imposant dont la structure se profile majestueusement par l'éclat de ses tuyaux dans les rayons multicolores des phares. Ce fut avec un certain regret que les auditeurs notèrent le mutisme de cet instrument impressionnant mais des circonstances et des difficultés imprévues n'avaient pas permis l'achèvement de l'orgue pour les festivités d'inauguration.

L'installation d'un orgue d'une importance détermi¬née pouvant servir les besoins du concert tout aussi bien que ceux de l'enseignement demandait une pré¬paration réfléchie et perspicace: il s'agit en effet du premier instrument construit à cet effet à Luxem¬bourg. Les études et travaux préparatoires s'éten¬daient sur plusieurs années. Le disposant responsable proposa un orgue à 3 claviers et pédales avec grand récit à la française, type d'orgue qui se base sur les principes de l'orgue baroque du XVIIIe siècle, c.à.d. orgues à claviers indépendants. Pour des raisons d'aménagement intérieur on a renoncé à un positif

(le, clavier) placé séparément. Intentionnellement les tailles furent choisies larges et même très larges (sur¬ tout à la pédale) pour obtenir dans cette très grande salle la gravité nécessaire des jeux de fond. Le fondement de chaque clavier est formé par des fonds (Prin¬zipalchor) à différents diapasons couronnés par res¬pectivement la mixture ou la cymbale (Klangkrone).

Le développement individuel de leur mensuration garantit (avec l'harmonisation du facteur d'orgue) la transparence du jeu polyphonique. Les bourdons et flûtes de tous les diapasons y ajoutent l'élément lyri¬que (féminin). Les cornets, sesquialtera et beaucoup de mutations simples donnent du relief et de la cou¬leur sur toute l'étendue du clavier. Le son des violes et voix célestes ne fait pas défaut. 14 jeux d'anches, dont la trompette horizontale (chamade 8' No 18) forment à côté de leurs qualités comme jeux de solo un imposant ensemble qui à lui seul ou ensemble avec le Grand Choeur (tutti) peut rivaliser avec toute formation d'orchestre si grande soit elle. Le jeu de chamade 8 n'est pas, nonobstant son effet optique, une révérence à la facture espagnole ancienne, encore moins l'influence d'une mode, mais le résultat de la réflexion qu'un jeu d'anche quelconque (et non seulement une trompette) sonne beaucoup plus efficacement et ce avec une taille nettement inférieure à un jeu identique placé verticalement; ceci avec une harmonisation non forcée et une pression normale.

Bon nombre de mesures choisies sont inspirées sur des instruments ou des facteurs célèbres, sans être des copies: le développement de leurs tailles a été toujours individuellement établi.

L'aménagement de la console avec les tirants de registre garnis de porcelaine et les manettes et pédales de combinaison fut conçu dans l'esprit d'un maximum de simplicité et d'accessibilité pour l'organiste exécutant. 128 combinaisons à l'américaine, librement ajustables avec appel en séquence aux mains et aux pieds (Sequenzschalter) permettent un changement de registration ultrarapide par simple pression. La traction des claviers est celle dite suspendue qui garantit la plus grande volubilité (légèreté et promptitude), c.à.d. un toucher extrêmement sensible. Une telle traction (entièrement en bois léger) exige l'installation des claviers en fenêtre directement dans le buffet, acoustiquement moins favorable pour l'organiste, mais combien plus avantageux à cause des qualités précitées.

Les festivités organisées dans le cadre de l’inauguration des grandes orgues s'étendirent jusqu'au 15 décembre 1985 et comprenaient des récitals d'orgue et des concerts de tous genres.

Le lundi 26 mai 1986 eut lieu avec la présentation du « Cosi fan tutte » de W.A. Mozart une Première dans la vie musicale du Conservatoire : pour la première fois des élèves exécutent un opéra comique , grâce à la préparation au cours d'art lyrique de M. Pantéa et à sa mise en scène et à l'orchestre symphonique et au choeur du Conservatoire sous la direction de M. Pierre Cao.

Le 24 février 1986 M. Roland Hensgen, nommé directeur adjoint pour une durée de 5 ans, a reçu par le Conseil communal sa nomination définitive en la même qualité avec effet au 1er janvier 1986.

Le corps professoral a été endeuillé par le décès de M. René Eiffes , survenu le 21 avril 1986. M. Eiffes, 1er prix de violon du Conservatoire Royal de Bruxelles, avait été nommé professeur au Conservatoire de Luxembourg le 25 octobre 1936 . A partir du 15 septembre 1975 il avait exercé les fonctions d'adjoint du directeur.

L'attrait du Nouveau Conservatoire de Musique avait amené un tel flot d'élèves lors des inscriptions de septembre 1986 qu'il a fallu procéder par sélection faute de place et de moyens. Le nombre des élèves admis était de 2.077, dont 819 garçons et 1258 filles, contre un total de 2.188 l'année précédente. Quant à la population des cours, elle est passée de 3.510 à 3.577. Il importe de noter que le nombre des élèves non résidents était de 1.980 contre 1.597 pour les élèves habitant le territoire de la Ville de Luxembourg. Dans ces chiffres ne figurent pas la trentaine d'élèves inscrits au cours de musique sacrée, dont l'enseignement avait été confié conjointement à M. l'abbé Ponchelet ainsi que Messieurs Pierre Drauth et Pierre Nimax jr .

A partir du 1er janvier 1987 M. Henri Schumacher du Ministère des Affaires culturelles a remplacait en tant que délégué du Gouvernement M. Gaston Gengler appelé à d'autres fonctions au sein de la Commission de surveillance.

Pour remédier au manque de place et pour satisfaire aux demandes d'inscription , la création d'une Ecole de musique centrale fut envisagée . Plus d'une centaine d'élèves des 2 premières années de solfège ont ainsi été logés dans le bâtiment de l'Ecole primaire de la rue Adam Roberti à Merl. Cette solution avait permis , à court terme, de ne pas trop dépasser le nombre de 2.000 élèves au Conservatoire .

En ce qui concerne le réaménagement des classes de la section «E» de l’enseignement secondaire au Conservatoire, les autorités communales ont décidé en février 1987 , la construction de 5 nouvelles classes .

Le nombre des professeurs titulaires était passé de 41 à 48 au cours de l'année scolaire 1986-1987, alors que celui des chargés de cours et suppléants était de 79. Le Conservatoire avait également enregistré le départ à la retraite de MM. Roger Dondelinger, professeur de solfège et de tuba, Aubert Stradaroli, professeur de clarinette , de Mme Marie Charron, chargée de cours de violon ainsi que de M. Edmond Cigrang, chargé de cours pour l'histoire de la musique et l'analyse.

Le Conservatoire de Musique de la Ville de Luxembourg, fort des résultats de ses meilleurs élèves au cours des années précédentes, a pu , au terme de l'année scolaire 1987 1988 , s'élever au delà du rang d'un Conservatoire purement municipal et national. En effet, pour la première fois dans son histoire, notre Conservatoire a participé au concours interrégional organisé par les grands conservatoires régionaux français et a même organisé le déroulement de certains de ces concours, notamment celui de la classe d’orgue.

L'orientation future du Conservatoire préoccupa beaucoup la Commission de surveillance qui , au cours de ses nombreuses réunions , discutait entre autre la possibilité d'introduire une division à niveau universitaire au Conservatoire, celle ci étant destinée aux élèves détenteurs d'un prix de capacité à un âge où leurs études secondaires ou autres les retiennent au Luxembourg. Une telle division permettrait à ces élèves de continuer leurs études musicales au pays sans autres problèmes de déplacement.

Lors de sa première réunion en septembre 1987, la Commission de Surveillance désigna Monsieur Henri Delvaux de nouveau comme président et Monsieur Emile Hermes comme secrétaire.

Le Conservatoire a enregistré au cours de la même année le départ à la retraite de Madame Amélie Gonner, professseur de piano ainsi que de Messieurs Johny Duschinger, suppléant pour le violon et Julien Hoffmann, suppléant pour le piano.

Après avoir emménagé dans ses nouveaux locaux au quartier de "Geesseknäpchen" en 1985, le Conservatoire avait pu fonctionner de façon normale alors que tous les cours d'ensemble et les cours individuels avaient lieu dans les nouveaux bâtiments , à l'exception des instruments de cuivre et de percussion pour lesquels en raison d'un vice de construction , la construction de nouvelles salles , mieux adaptées devait être envisagée. Celles ci ne devenaient cependant disponibles qu’à la rentrée de septembre 1990.

Par ailleurs eu égard à la multiplicité des manifestations artistiques de tout genre organisées dans le grand auditorium , la construction d'une seconde salle de concert , de dimensions plus restreintes , pour l’organisation de récitals, de séances de musique de chambre et de conférences allait être envisagée. Les autorités communales y donnaient le feu vert pour le début des travaux en 1991.

Le 1er décembre 1989 Monsieur Josy Hamer faisait valoir ses droits à la retraite. Au cours d'un concert qui eut lieu au grand auditorium, du conservatoire le 23 décembre 1989, le Directeur, Monsieur Josy Hamer, prit officiellement congé du conservatoire en dirigeant pour la dernière fois l'orchestre symphonique des élèves.

Ce fut une grande fête d'adieu à laquelle assistaient, outre les membres de la commission de surveillance, du corps enseignant et du personnel administratif et technique du conservatoire, Monsieur Jacques Santer, Premier Ministre et Ministre des Affaires Culturelles, Madame Lydie Wurth Polfer, Bourgmestre et Monsieur Pierre Frieden, Premier Echevin ayant le conservatoire dans son ressort.

Dans leurs discours le président de la Commission de surveillance, Madame le Bourgmestre et Monsieur le Premier Ministre avaient tenu à remercier Monsieur Josy Hamer de ses bons et loyaux services et à signaler ses grand mérites au service du Conservatoire et de la musique en général. Monsieur Hamer laisse des regrets unanimes au Conservatoire dont , au cours de ses 25 ans de directorat , il avait fait un établissement d'enseignement de la musique de tout premier ordre. Le nouveau Conservatoire , construit à son instigation et sous sa direction , ne cessera de rappeler son souvenir aux générations futures !

Depuis le départ de Monsieur Hamer, la direction du Conservatoire était assurée par Monsieur Roland Hensgen, ci devant directeur-adjoint, nommé directeur du Conservatoire par décision du conseil communal du 26 mars 1990.

M. Roland Hensgen , né le 7 août 1951 à Luxembourg , avait fait ses études musicales au conservatoire de Luxembourg pour se perfec¬tionner ensuite au Conservatoire Royal de Musique à Bruxelles. D'abord professeur de saxophone, ensuite directeur adjoint, sa carrière aboutit à la fonction de directeur du Conserva¬toire.

Le nouveau directeur, M. Roland Hensgen, était devenu un musicien de grande qualité, parfaitement au courant des problèmes souvent ardus que peut poser le fonctionnement d'une importante école de musique, laquelle parfois soulève des difficultés peu banales. Grâce à la colla¬boration avec l'ancien directeur, M. Hamer , et avec une volonté assidue il était parvenu à se perfectionner toujours d'avantage dans des cours de saxophone de haut niveau qu'il avait suivis au Conservatoire Royal de Musique à Bruxelles, et où il avait gagné un prix supérieur de saxophone. Chargé ensuite de cours au Conservatoire , il allait obtenir rapidement sa nomina¬tion de sous-directeur.

Le nouveau directeur s'efforça de maintenir et d'étendre les bonnes relations qui avaient été créées non seulement avec plusieurs conserva¬toires des environs, mais surtout en réali¬sant des contacts précieux avec le Conservatoire de Riga en Lettonie , qui fut bientôt reconnu comme centre culturel de toute la région baltique.

Le 21 décembre 1990 eut lieu l'ouverture officielle d'une extension importante du Conservatoire de Luxembourg. Cet agrandissement était d'autant plus important, qu'il pouvait être affecté à l'ins¬tallation des classes de percussion et de cuivre, qui jusque là n'avaient pas encore trouvé une localisation appropriée.

Fin octobre 1989, alors qu'il était encore directeur-adjoint, M. Hensgen avait accompagné l'orchestre d'harmonie aux Etats-Unis où il remporta un succès considérable. En 1990 une série de concerts conduisait l’ensemble en Suisse et au début du mois de mai 1992, l'orchestre avait l'honneur d'encadrer musicalement l'inau¬guration du pavillon luxembourgeois à l'Exposi¬tion Universelle de Séville , en présence du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse .

Lors de l'installation du nouveau directeur , le 26 avril 1990 , Madame le Bourgmestre exprimait le voeu de pourvoir assez rapidement à un successeur au poste vacant de directeur-adjoint et qu’en plus un nouveau poste d'attaché à la direction soit créé pour décharger quelque peu le directeur de ses multiples occupations et de lui permettre de se consacrer davantage à l'essor du Conservatoire.

Au début de l'année scolaire 1988-1989 la Commission de surveillance avait du se séparer de son membre de longue date, Monsieur Emile Hermes, professeur, qui pour des raisons personnelles et professionnelles avait remis sa démission au Conseil communal en novembre 1988 .

En remplacement de Monsieur Hermes , Monsieur Affi Scherer, licencié en sciences commerciales, fut nommé par le conseil communal le 23 janvier 1989 comme successeur de M. Hermes à la Commission de surveillance. En janvier 1989 Monsieur Alain Schaack, membre de la Commission depuis 1975 , se retirait à son tour et fut remplacé par Monsieur Jean Hamilius, expert comptable et fiscal, ancien ministre et ancien conseiller communal, nommé par décision du conseil communal du 20 mars 1989. Un dernier changement dans la composition de la Commission s'est opéré à la suite du remplacement de Monsieur Henri Schumacher, démissionnaire, par son collègue du Ministère des Affaires culturelles, Monsieur Paul Kieffer, inspecteur, entré en fonction le 2 mai 1990.

En ce qui concerne le corps enseignant qui se composait en 1988 de 52 professeurs, 61 chargés de cours et 25 suppléants, il importe de noter le départ de Madame Josette Weyland Hoffmann, professeur de solfège et de piano du 5 avril 1954 au 1er octobre 1989, de Monsieur Pierre Drauth, professeur de solfège et d'orgue du 5 mai 1958 au 1er octobre 1989 , de Monsieur Roger Deitz, chargé de cours de contrebasse depuis , de Monsieur Aloyse Reiter, chargé de cours de basson du 27 novembre 1965 au 15 juillet 1990 ainsi que de Madame Claire Müller Foehr, chargée de cours d'alto et de piano jusqu’au 15 juillet 1989.

Dès la rentrée de septembre 1990 les cinq nouvelles salles de classe, dont trois pour les cuivres et deux pour la percussion, étaient mises à disposition . L'inauguration officielle en eut lieu le 21 décembre 1991 en présence de Madame Lydie Wurth Polfer, Bourgmestre et de Monsieur Pierre Frieden, Premier Echevin . ayant dans son ressort le Conservatoire ainsi que des membres de la Commission de surveillance et de la direction.

Afin de donner suite au vœu de pourvoir au poste de directeur adjoint , Monsieur Jean. Paul Wagner, né le 21 juin 1963, maître en sciences économiques, a été nommé attaché à la direction le 2 janvier 1991 en vue de décharger le directeur dans ses nombreuses obligations de chef d'administration

Eu égard à l'essor pris par le conservatoire depuis son installation dans ses nouveaux locaux au quartier "Geesseknäpchen" en 1985, la Commission de surveillance, en accord avec le directeur, avait pris la décision de mettre au point une refonte générale du règlement du conservatoire dont la dernière version remonte à 1963. A cet effet, elle avait constitué un groupe de travail composé de deux représentants de la Commission, du directeur et d'un délégué du corps enseignant qui, au cours de multiples réunions a revu les différents chapitres du règlement pour y apporter les modifications qui s'imposaient .

Par décision du Conseil communal du 25 janvier 1993 , Monsieur Fernand Jung, professeur de piano , chargé accessoirement d'accompagnement au piano et de la direction de l'orchestre symphonique du conservatoire, a été nommé directeur-adjoint du Conservatoire. C'est dire que depuis 1989, année de l'entrée en fonction de Monsieur Roland Hensgen comme directeur du Conservatoire, tous les postes de la direction de l’établissement étaient enfin pourvus de titulaires, à savoir Monsieur Roland Hensgen, directeur, Monsieur Fernand Jung, directeur adjoint, Monsieur Pierre Berg, secrétaire et Monsieur Jean Paul Wagner, attaché administratif, qui obtint sa nomination définitive par décision du conseil communal en date du 9 juillet 1993.

La Commission éprouvait une grande satisfaction et ensemble avec le directeur et le directeur adjoint, elle élabora au cours des premiers mois de l'année une répartition des tâches entre les quatre titulaires , sur base des dispositions afférentes, contenues dans le nouveau règlement du Conservatoire dont la publication allait se faire au début de l'année scolaire suivante , toutes les instances consultées ayant émis un avis positif. La Commission approuvait par ailleurs diverses réglementations concernant la bonne marche des activités du Conservatoire, tel le service du corps enseignant, les programmes d'études, les droits et devoirs des élèves, l'organisation des examens et des concours, les transferts de cours et les demandes de congé. Il importait en effet que toutes les activités du Conservatoire soient clairement définies afin d'en assurer un fonctionnement impeccable .

Le 19 décembre 1992, Mademoiselle Marguerite Brullez, professeur honoraire de chant, est décédée à Ixelles. Née le 19 novembre 1905, Mademoiselle Brullez avait été nommée professeur de chant du Conservatoire le 26 juin 1934 à la suite de la mise à la retraite du premier professeur de chant du Conservatoire, Madame Cécile Cornevin-Lully.

Le 30 décembre 1992, la mort inopinée a privé le Conservatoire d'un de ses meilleurs jeunes enseignants, Mademoiselle Anne Groben, professeur de violon, chargée accessoirement de l'enseignement de l'alto. Née le 12 novembre 1961, Mademoiselle Groben avait enseigné le violon et l'alto dès 1981, d'abord comme suppléante, puis à partir de 1985 comme chargée de cours avant d’être nommée professeur de violon, chargée accessoirement de l'enseignement de l'alto le 14 juillet 1986. Lauréate de la Musikhochschule de Cologne et de la Schola Cantorum Basiliensis, Mademoiselle Anne Groben s'est produite également comme soliste et comme musicienne d'orchestre elle était membre fondateur de l'ensemble "Les Musiciens" où elle était premier violon solo , mais à l'instar de son premier professeur de violon à Luxembourg, Mademoiselle Marie Charron, elle fut avant tout une excellente pédagogue. La disparition prématurée d’Anne Groben laissa un grand vide au Conservatoire où son souvenir se perpétuera parmi les élèves de violon grâce au prix "Anne Groben" fondé par sa famille et destiné annuellement au meilleur lauréat de violon.

Grâce aux séminaires et cours internationaux, le Conservatoire reçut un nombre considérable d'élèves venant des régions limitrophes du Grand Duché. Mais son rayonnement international se reflète aussi par l'origine des élèves qui le fréquentent. Ainsi on pouvait compter durant l’année scolaire 1992 1993 : 39 élèves résidant en Belgique, 54 élèves résidant en France et 91 élèves résidant en Allemagne . Par ailleurs des accords conclus avec divers établissements de l'étranger permettaient l'échange d'élèves et de professeurs et la reconnaissance réciproque des diplômes décernés, tels les universités d'Enschede (Pays Bas), de Weimar (Allemagne) et les académies de Lodz (Pologne) et de Riga (Lituanie). Aux Etats Unis d'Amérique le Conservatoire entretenait également de très bons contacts notamment par des échanges d'élèves et par la reconnaissance des diplômes, avec les Universités de Delaware (Delaware) et de Miami (Ohio).

Début 1995 , une tragique nouvelle vint jeter la consterna¬tion dans la vie du Conservatoire: le décès inopiné de M. Roland Hensgen, le 25 janvier 1995.

A la suite de la disparition inopinée de M. Hensgen , M. Fernand Jung, directeur-adjoint depuis 1993 , prenait en mains les activités du Conservatoire . Fernand Jung , né le 15 janvier 1947 à Luxembourg , fit des études de piano, de direc¬tion d'orchestre et d'écriture musicale au Conservatoire Royal de Bruxelles et à la Musikhochschule de Sarrebruck. Ses professeurs furent André Dumortier (piano) et René Defossez (direction d'orchestre). Il poursuivit des stages auprès de grands maîtres tels que Louis Fourestier, ancien chef d'orchestre à l'Opéra de Paris et Karl Oesterreicher, professeur de direc¬tion d'orchestre à l'Académie de Musique de Vienne. Son intérêt pour la direction chorale le conduisit à suivre des stages auprès du célèbre chef de cœur allemand Kurt Thomas. Il fut nommé professeur au conservatoire d'Esch-sur¬-Alzette (1969), puis au conservatoire de Luxem¬bourg (1980). Parallèlement, il enseigna l'éduca¬tion musicale dans différents lycées au Grand-Duché.

Comme ses prédécesseurs, Fernand Jung attachait une grande importance au rayonnement du Conservatoire à l'étranger et à une collabora¬tion étroite avec bon nombre d'établissements d'enseignement musical à travers le monde. Il réussit entre autres à établir des échanges permanents avec le Conservatoire Tchaikowsky de Moscou et le Conservatoire Rimsky Korsakoff de St. Petersbourg.

… ad multos annos .


Guy Jourdain


Sources:


Administration Communale de la Ville de Luxembourg - „ L’architecture est musique " –

                       Plaquette éditée à l’occasion de l’inauguration officielle du nouveau 
                       Conservatoire – 1er mars 1985

Archives du Conservatoire de Musique de la Ville de Luxembourg Archives de l'Etat Luxembourg Archives de M. Eugène Lamesch Archives de la Ville de Luxembourg Bulletin Communal 1849 1907 Conservatoire de Musique de la Ville de Luxembourg , „ Festivités d’Inauguration des

                       Grandes Orgues du Nouveau Conservatoire " - 1985

Conservatoire de Musique de la Ville de Luxembourg , Chroniques des années

                       scolaires 1974-1992

L'Indépendance luxembourgeoise 1882/1883 Luxemburger Wochenblatt 1822 Jonghémecht 1930 Jourdain Guy – „L’enseignement musical à Luxembourg … avant 1906 "

                        dans brochure du 75e anniversaire du Conservatoire de Musique - 1981 

Journal de la Ville et du Grand Duché de Luxembourg 1827 Kauthen Roger et Schmit Marcel – „Musikleben in Luxemburg vor 1906 "

                         In Luxemburger Wort 29. Januar 1983

Koltz J.P. Baugeschichte der Stadt und Festung Luxemburg, V. Bück 1944 Meyers joseph La vie musicale au Luxembourg in „Livre du Centenaire" 1939 Ons Stad no 7 1981 Thorn Albert „Vom Werden und Wachsen der früheren Musikschule"

                      in Revue Musicale no 10, 1963

Thorn Albert „Das erste Konservatorium der Stadt Luxemburg"

                      in Revue Musicale no 1/2/3/4, 1963

Veith Wilhelm Josef Die musikalische Struktur des Großherzogtums

                  Luxemburg, Bonn 1940

Weber Eugène Das Musikleben in Luxemburg Luxemburg 1971