En quittant Wikipédia, je reconnais que c'est un instrument de travail formidable et je continuerai à m'en servir tous les jours pour les traductions professionnelles que je relis. Il est bien possible qu'une Alithia, professeur de philosophie, y décèle des erreurs sur l'en-soi, le pour-soi et le quant-à-soi, toutes ces notions dont on abrutit les malheureux élèves de terminale et dont les gens normaux n'ont rien à faire dans la vie normale ; quand il s'agit de notions de droit, de médecine, de physique ou de chimie, j'ai toujours trouvé ce dont j'avais besoin et la supériorité écrasante que notre encyclopédie possède sur ses rivales vient de ses liens interwikis qui permettent de chercher dans une autre langue ce qui n'existe pas encore dans la nôtre. La renonciation aux droits d'auteurs simplifie d'ailleurs grandement la tâche des traducteurs bénévoles qui peuvent avec le minimum de formalités apporter chez nous le meilleur de ce qui se fait ailleurs.

À côté de cela il y a une autre Wikipédia que je viens seulement de découvrir et qui a peut-être son utilité. C'est une sorte de ces jeux de rôle pour lesquels ma fille se passionnait et dont je comprenais mal qu'on s'y intéressât. Je n'en suis pas revenu de constater que dans des wikiquelquechose, dans des blogs, dans des complots sur twitter ou IRC (je ne vois toujours pas bien de quoi il s'agit exactement), certains intriguaient pour recueillir un pouvoir imaginaire, pour faire chasser quelques contributeurs qui ne leur plaisaient pas (et j'en faisais partie, ai-je découvert). Des aigris (sur Wikibuster par exemple) s'imaginent les administrateurs comme une franc-maçonnerie tirant secrètement les fils ; en réalité ils se regroupent en petits clans qui se détestent et ces guéguerres leur permettent peut-être d'oublier l'existence. Loin de moi l'idée de leur faire des reproches : dans la retraite tranquille qu'un petit héritage m'a permis de prendre, et avec plus qu'il ne m'en faut pour vivre, n'ayant plus aucune ambition, je ne sais pas ce que la vie réserve à d'autres et je dois leur laisser les compensations nécessaires. Bien sûr qu'il y a de bons administrateurs, et peut-être de bons arbitres, mais ce ne sont pas les plus actifs dans l'administration car ils se consacrent d'abord à leur domaine de connaissance et peut-être un peu, tout de même, à leur vie professionnelle. Qu'avec tout cela Wikipédia continue à marcher et à bien marcher prouve l'intelligence avec laquelle elle a été conçue.

Je regrette d'avoir abandonné les traductions que j'avais commencées, mais je ne me fais pas d'illusions sur mon utilité : mon chef me rappelait souvent que les cimetières sont remplis de gens irremplaçables (cette phrase est de Clemenceau). J'ai traduit directement du néerlandais l'article sur la Francisation de Bruxelles alors qu'on était parti d'une traduction de l'article en anglais ; ce doit être, je suppose, plus exact, mais sans nous faire avancer d'un pas s'il s'agit de résoudre le problème belge.

Barreurs et rameurs

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Vous connaissez tous l'histoire de cette épreuve d'aviron où l'équipe du Japon avait largement battu l'équipe de France ; ayant fait faire une enquête sur les motifs de cette humiliation, on a appris que les Japonais avaient un barreur et huit rameurs et les Français huit barreurs et un rameur. À la suite de quoi on a donné de l'avancement aux barreurs et renvoyé le rameur, jugé responsable de tout. J'ai parfois l'impression que c'est le même état d'esprit qui règne sur la wikipédia francophone ; il suffit de regarder un historique. Prenons l'article Procyon gloveralleni, créé par une I.P. il y a plus de quatre ans ; on a wikifié, catégorisé, mis un portail etc. avant que quelqu'un s'aperçût que le texte n'était pas très cohérent et a demandé (à d'autres bien sûr) de vérifier. Faut-il ajouter que tout est resté dans le même état ? Ce que je faisais moi-même en pareil cas, c'est de vérifier ce que disent les wikipédias allophones et de m'en servir pour corriger ; seulement, après avoir subi pratiquement le même sort que le rameur français, je préfère maintenant me taire.

Notre raton de la Barbade restera donc vivant chez nous et éteint ailleurs. Il en sera de même pour Albert Döderlein, resté fils de pasteur ici alors que les Allemands ont corrigé depuis près de quatre ans et demi. Je signale simplement à ceux qui veulent suivre le progrès qui se fait chez les allophones que j'ai commencé à publier des traductions sur Wikilivres en jurant bien que je n'entendais nullement concurrencer Wikipédia : il ne s'agit que d'articles condamnés à rester à l'état d'ébauche (comparer François Henri de la Motte et François Henri de la Motte), dont la traduction a été demandée en vain (comme Pierre Dugac), ou auxquels on n'a même pas pensé (comme Simone Téry).

Le vieux rameur vous salue bien

Bien d'accord avec l'analyse globale, LouisAlain (discuter) 26 novembre 2015 à 12:27 (CET)