La 64e édition du Tour de Colombie commence par un contre-la-montre par équipes, disputé dans Bucaramanga et sous une pluie diluvienne. L'équipe EPM - UNE - Área Metropolitana, prenant des risques calculés, en raison de la chaussée mouillée, est en tête à tous les pointages intermédiaires et est la seule formation à réussir à boucler le parcours en moins de trente-cinq minutes. Elle s'impose devant l'équipe Movistar Team América, avec une avance de 1 min 31 s, et quatre secondes de plus sur l'ancien vainqueur vénézuélien José Rujano et sa formation Boyacá se Atreve - Liciboy. L'ancien Vttiste Camilo Castiblanco est le premier de son équipe à franchir la ligne, il s'empare du même coup du maillot de leader[4].
Jeffry Romero remporte l'étape en disposant de cinq de ses compagnons d'échappée. Alexis Camacho s'empare du maillot de leader.
Une fugue de quatre hommes se constitue dans la descente de l'unique difficulté répertoriée de la journée. Ceux-ci reçoivent le renfort de sept éléments supplémentaires quelques kilomètres plus loin. La bonne entente et le contrôle exercé par la formation EPM - UNE sur le peloton permettent aux fugueurs de se disputer les honneurs du jour. À quelques encablures de l'arrivée, Edwin Sánchez et Flober Peña sont les premiers à ouvrir les hostilités. Seuls quatre hommes réussissent à les suivre. Ces six-là se disputent la victoire, 47 s devant le peloton, réglé par le favori Óscar Sevilla. Peña tente sa chance dans une courte montée en vue de l'arrivée, Romero le contre. Surmontant une crevaison survenue à une quinzaine de kilomètres de l'arrivée, grâce au soutien de son coéquipier Carlos Julián Quintero, Romero s'impose avec Camacho dans sa roue et six secondes d'avance sur les autres échappés[5].
Weimar Roldán mène à bien l'échappée du jour. Il devance à l'arrivée le champion national Miguel Ángel Rubiano, qui s'empare du maillot de leader.
Après l'étape volante de Chiquinquirá, sept hommes prennent le large. À vingt kilomètres de l'arrivée, Roldán et Rubiano sortent de l'échappée, réduite, entre-temps, à cinq hommes. Ils profitent de la descente du dernier col de la journée pour s'enfuir, pris en chasse par Rafael Montiel et Luis Felipe Laverde. Ce duo tente en vain de faire la jonction. Derrière le champion national du contre-la-montre Pedro Herrera, cinquième, Óscar Soliz sort du peloton et déduit quarante-cinq secondes de son retard sur les EPM - UNE. Soliz est le seul des leaders de sa formation à obtenir un résultat positif, puisque Freddy Montaña, victime d'un ennui mécanique, ne peut être dépanné rapidement au grand dam de son directeur sportif. Libardo Leyton stigmatise le nombre démesuré (quarante-quatre) de voitures suiveuses qui l'a empêché de secourir son coureur, lorsqu'il en avait besoin. Montaña arrive à Tunja, avec un retard de 4 min 40 s sur Roldán[6].
José de Jesús Jaimes s'impose au sprint et Miguel Ángel Rubiano conserve sa place de leader.
De nombreuses tentatives d'échappées émaillent l'étape, disputée sous la pluie. Les formations Colombia et EPM - UNE travaillent de concert pour empêcher que les écarts n'enflent dangereusement pour Rubiano et Sevilla. La dernière tentative en solitaire (de Yeison Chaparro) est reprise à moins de six kilomètres de l'arrivée. José de Jesús Jaimes s'impose dans le sprint massif, à la surprise de la plupart des observateurs, oubliant le passé de pistard du coureur. Il devance Jeffry Romero et Wilson Marentes[7].
Miguel Ángel Rubiano reste en tête du classement général tandis qu'Óscar Sevilla remporte l'étape, légèrement détaché.
Une échappée de six coureurs anime la course pendant quelque cent-vingt kilomètres. Juan Alejandro García et Félix Barón sont les derniers à s'avouer vaincus, à moins de trois kilomètres du terme. Il s'ensuit quelques tentatives solitaires avortées. Le sprint du peloton semble inévitable. Pourtant Sevilla, mettant à profit sa connaissance du dernier kilomètre, anticipe l'emballage et s'impose avec huit secondes sur le peloton du leader Rubiano. L'Espagnol devance Flober Peña[8] qui échoue de peu pour le gain de l'étape, et ce pour la deuxième fois en trois jours.
Alexis Camacho s'impose à Pereira, quelques secondes devant le peloton du (toujours) leader Miguel Ángel Rubiano.
Annoncé comme un premier tournant dans la compétition, l'étape ne provoque aucune sélection définitive si ce n'est pour José Rujano, irrémédiablement distancé pour le titre. L'alto de La Línea, premier col hors-catégorie de la semaine, était placé bien trop loin de l'arrivée, pour créer de différence notable. Les coureurs distancés dans l'ascension ont eu le temps et les kilomètres pour, au fur et à mesure, réintégrer le peloton des favoris. Ainsi, même si le leader Rubiano passe au sommet avec 2 min 35 s de retard sur Walter Pedraza et Mauricio Ortega, avant Armenia, il réintègre le groupe des favoris, qui avait, lui, franchit le col avec un écart de 56 s sur les échappés.
À une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, dans la descente de l'ultime difficulté de la journée, Óscar Sevilla, Flober Peña et Félix Cárdenas s'isolent en tête. Même si l'échappée a fière allure, elle échoue également. De nombreuses fois à l'attaque durant la journée, Alexis Camacho s'enfuit, en compagnie d'Alejandro Ramírez, dans les faubourgs de Pereira. Camacho trouve, finalement, seul, l'ouverture pour s'imposer de sept secondes sur un peloton leader, réglé par Cárdenas[9].
L'Italien Andrea Pasqualon remporte le sprint massif du peloton tandis que Miguel Ángel Rubiano conserve la tête du classement général individuel.
Encore une fois, le peloton a interdit aux nombreuses échappées de se développer de manière dangereuse. La dernière, menée par Luis Alfredo Martínez et Edwin Sánchez, a pourtant obtenu trois minutes d'avance mais a été réduite à néant au moment d'aborder les quinze derniers kilomètres, par l'action conjointe des Colombia pour Rubiano et des EPM - UNE pour Sevilla, conscient des bonifications offertes à l'arrivée. Au sprint, Pasqualon domine l'Espagnol et son coéquipier Fabio Chinello. Sevilla est le grand bénéficiaire de la journée, en empochant six secondes de bonifications, attenant à la deuxième place[10].
Miguel Ángel Rubiano garde le maillot de leader alors que Félix Cárdenas gagne l'étape.
Luis Alfonso Cely, directeur sportif de l'équipe Bogotá Humana - Formesan tente une stratégie que Cárdenas mène à bien. Deux coureurs de cette formation se glissent dans la première et unique échappée du jour. Puis dans le col de première catégorie de San Clemente, Félix Cárdenas attaque, et accompagné de son coéquipier Edwin Parra, se détache du peloton. En tête de la course, Pedro Herrera et Félix Barón se laissent décrocher pour attendre leur leader. À quatre équipiers, la jonction avec l'échappée se fait rapidement et ce sont alors quatorze hommes qui se trouvent en tête. Sentant le danger, les EPM - UNE, avec le soutien du Team Colombia, entament une chasse vigoureuse sur une fugue qui perd un à un ses éléments. À vingt-cinq kilomètres de l'arrivée, ils ne sont plus que neuf dont encore trois Bogotá Humana. Dans le col de première catégorie qui mène à Manizales, terme de l'étape, Cárdenas élimine un à un ses compagnons de fugue. Pourtant il ne peut empêcher le retour de Francisco Colorado et d'Óscar Soliz. Mais au lieu de décliner, Cárdenas profite de ces nouveaux soutiens pour repartir de plus belle, d'éliminer, dans un premier temps, Colorado puis dans un second, Soliz. Cárdenas s'impose avec six secondes d'avance sur ce dernier et neuf secondes sur un petit groupe, emmené par Sevilla.
Les bénéficiaires du jour sont des coureurs comme Óscar Sevilla, Flober Peña, Alexis Camacho (sur le podium provisoire) et Luis Felipe Laverde, qui dépossède de la deuxième place du classement Rafael Montiel. Rubiano perd une quarantaine de secondes sur ces derniers mais garde le maillot tricolore de leader de la course[11].
Fernando Camargo s'impose à La Estrella et Miguel Ángel Rubiano résiste en tête du classement général.
L'étape passe par le col mythique de l'alto de Minas. Même s'il provoque la perte de Félix Cárdenas, de Luis Felipe Laverde (encore deuxième au matin) ou de Rafael Montiel, cette ascension ne réalise pas les écarts espérés. Dans la montée du col, cinq hommes s'échappent, Fernando Camargo, Álvaro Gómez, Freddy Montaña, Mauricio Ortega et Óscar Sevilla. Mais l'écart avec le peloton du leader ne dépasse jamais les quarante secondes. La direction de son équipe intime à Camargo de laisser ses compagnons de fugue, pour se mettre aux services de son jeune coéquipier Alexis Camacho, quelque peu en difficulté. Camargo impose alors le tempo en tête du groupe, comprenant Rubiano. Même si Ortega passe légèrement détaché le sommet de la difficulté, Rubiano et son groupe font la jonction avec les échappés dans la descente. Ainsi quatorze hommes se trouvent groupés à l'avant de la course. Fernando Camargo profite du regroupement pour s'échapper dans les derniers kilomètres et remporter sa cinquième victoire d'étape, depuis le début de sa carrière. Il devance Óscar Soliz et Óscar Sevilla de 33 s. Rubiano en perd une vingtaine de plus.
À l'issue de cette journée, Sevilla se replace troisième au classement général et Flober Peña se substitue à son coéquipier Camacho sur le podium[12].
Álvaro Gómez s'impose et Fernando Camargo s'empare de la tête du classement général.
Cette avant-dernière étape est une cronoescalada, un contre-la-montre en côte, disputée en nocturne sur les hauteurs de Medellín. À 36 ans, Fernando Camargo prend le maillot de leader pour un écart infime de deux secondes sur Óscar Sevilla. L'ancien maillot tricolore, Miguel Ángel Rubiano perd six minutes, exactement, sur Camargo dans cette ascension. Sevilla, avec un temps de 44 min 1 s, termine seulement neuvième de l'étape et est désormais deuxième au classement général. Il semblerait que renseigné sur les écarts creusés sur ces deux principaux rivaux, qu'étaient Rubiano et Peña au départ, il est commis un excès de confiance. L'Espagnol aurait négligé le retour de Camargo. Alexis Camacho, vingtième de l'étape, devient troisième au classement. Alors qu'Álvaro Gómez, avec une montée réalisée en 42 min 20 s, s'impose dans un duel serré pour le gain de la victoire d'étape, avec Salvador Moreno, deuxième à neuf secondes[13].
17 août : 11e et dernière étape
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Jairo Salas gagne le sprint massif du peloton et Óscar Sevilla renverse la situation pour conserver son titre.
La dernière étape est une course en circuit, à parcourir sept fois et jalonnée de trois sprints bonifications. Devant l'apathie incompréhensible des Boyacá se Atreve - Liciboy, les EPM - UNE préparent au mieux la première étape volante de la journée. Aidé de ses coéquipiers Juan Pablo Suárez et Weimar Roldán, Óscar Sevilla s'impose dans ce premier sprint et s'empare des trois secondes de bonification attenantes. Sevilla passe en tête du classement général provisoire, une seconde devant Fernando Camargo. Les EPM - UNE laissent alors se développer une multitude d'échappées que ne tente nullement de contrecarrer la formation de Camargo. Les deux étapes volantes suivantes sont ainsi remportées par des membres d'échappées, laissant à Camargo comme dernière opportunité de remporter la Vuelta, lui le grimpeur, de s'imposer dans le sprint massif du peloton. Frank Osorio est le dernier coureur à avoir tenté de faire échouer une arrivée au sprint, mais dans le dernier tour, les équipes européennes Area Zero Pro Team et Bike Aid-Ride for help font le nécessaire pour interdire toute autre tentative. La victoire semble promise à un coureur italien. Mais c'est Jairo Salas qui s'impose devant deux Transalpins, Fabio Chinello et Andrea Pasqualon.
Óscar Sevilla remporte son deuxième Tour de Colombie d'affilée avec le même infime écart qu'Álvaro Sierra face à Óscar de Jesús Vargas en 1991[14].