Thubten Jigme Norbu

6e Taktser Rinpoché, écrivain, militant politique, professeur d'études tibétaines et frère aîné de Tenzin Gyatso

Thubten Jigme Norbu aussi écrit Thupten Jigme Norbu et Thoubten Jigme Norbou (tibétain ཐུབ་བསྟན་འཇིགས་མེད་ནོར་བུ་, Wylie : Thub-stan 'Jigs-med Nor-bu), né le à Taktser (Amdo/Qinghai)[1],[2] et décédé le à Bloomington [3],[4], est le 6e lama tibétain de la lignée des Taktser Rinpoché du monastère de Kumbum.

Thubten Jigme Norbu/ Tashi Tsering
Description de cette image, également commentée ci-après
Le 14e dalaï-lama, Matsutarō Shōriki, avec Sonam Topgyal Kazi et Thupten Jigme Norbu en arrière plan, le 26 septembre 1967 lors de l'ouverture d'une exposition tibétaine à Tokyo
Naissance
Taktser, Amdo/Qinghai. (République de Chine)
Décès (à 85 ans)
Bloomington, Indiana (Drapeau des États-Unis États-Unis)
Nationalité Tibétain
École/tradition Gelugpa
Disciples Elliot Sperling
Conjoint Kunyang Norbu
Enfants Lhundrup, Kunga et Jigme Norbu
Famille Gyalo Thondup, Tenzin Gyatso, Lobsang Samten, Ngari Rinpoché (ses frères) Tsering Dolma, Jetsun Pema (ses sœurs)

Taktser Rinpoché

Fils de Gyalyum Chenmo et Choekyong Tsering, il est le premier des trois frères aînés de Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama.

À la suite de l'Intervention militaire chinoise au Tibet, il est l'un des premiers Tibétains de haut profil à partir en exil en 1951 et est le premier Tibétain à s'établir aux États-Unis. Comme son frère Gyalo Thondup[5], Thupten Jigme Norbu collabore avec la CIA dans la mise en place d'une guérilla tibétaine[6] à l'insu du dalaï-lama[7].

Il est également représentant de gouvernement tibétain en exil au Japon puis en Amérique du Nord, professeur d'études tibétaines à l'université de l'Indiana et écrivain, publiant plusieurs livres, dont son autobiographie, Tibet, Patrie Perdue, racontée par Heinrich Harrer. Au cours des années, il donna de nombreuses conférences sur la situation tibétaine lors de séminaires à travers le monde.

Biographie

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Débuts

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Le monastère de Shadzong Ritro, fondé par le 4e Karmapa au XIVe siècle, où Norbu commence ses études

Thupten Jigme Norbu est né le 16e jour du 8e mois de l'année tibétaine du chien d'eau[8] (1922), à Taktser, petit village de montagne de l'Amdo au nord-est du Tibet, situé dans ce qui allait devenir en 1928 la province du Qinghai, une région alors sous contrôle des seigneurs de guerre de la clique des Ma en République de Chine.

Ses parents le nommèrent Tashi Tsering (tibétain : བཀྲ་ཤིས་ཚེ་རིང་, Wylie : bKra-shis Tse-ring), mais il était habituellement appelé Cho-la (fils aîné en tibétain)[9],[10]. Comme son frère, le 14e dalaï-lama, il appartient, selon la plupart des sources[11],[12], à l’ethnie tibétaine ou, selon Nathan Hill, à l'ethnie monguor[13].

Sa langue maternelle est le dialecte de Xining, un dialecte chinois[14]. Il devait par la suite apprendre le tibétain, le mongol, le japonais, le chinois, l'anglais et plusieurs dialectes des nomades de l'Amdo[14],[15],[16],[17].

Taktser Rinpoché

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À l'âge de trois ans, il est reconnu par le 13e dalaï-lama comme la réincarnation de Taktser Rinpoché[18] – l'un des réincarnés les plus importants du Tibet oriental –, succédant ainsi à Lobsang Tsultrim Jigme Gyatso, l'oncle maternel de son père[19].

À l'âge de huit ans, en , il est amené au monastère de Shadzong Ritro puis rejoint en mai le monastère de Kumbum où un de ses oncles est trésorier[20]. Il y est ordonné moine la même année[21].

En 1933, Tsultrim Lhagsam devint son précepteur. En 1935, il retourne à Shadzong Ritro. En 1936, Ohön Jongdzin devient son professeur de logique, il passe son 1er examen et est admis au Tsogtschen. Il est rejoint le [22] par son frère Lobsang Samten, qui devient lui aussi moine à Kumbum[21].

Durant l'hiver 1938-1939, son jeune frère, le futur dalaï-lama est amené à Kumbum par ses parents[21].

En 1940, il passe un nouvel examen, puis quitte Kumbum en 1941 pour rejoindre les membres de sa famille à Lhassa, où il poursuit ses études au monastère de Drepung[21]. En 1945, Lobsang Samten le rejoint à Drépung. En 1946, il y passe un nouvel examen[21].

À l'automne 1947, il se rend en Inde puis en Chine et revient en 1948 à Kumbum, où, à l'âge de 27 ans, il devient l'abbé du monastère le [23]. À l'automne de cette année, des communistes chinois arrivent dans l'Amdo[21].

Selon Lawrence H. Gerstein, Elizabeth Cody Kimmel (en) et Mikel Dunham, le secteur du monastère de Kumbum est cependant l'un des premiers à être envahis par l'armée de la République populaire de Chine (RPC) en 1949-1950. La RPC maintient Norbu en résidence surveillée au monastère, allant jusqu'à placer un surveillant qui dort aussi dans sa chambre et le suit 24 heures sur 24. La RPC exige qu'il voyage à Lhassa, qu'il dénonce le gouvernement tibétain, ainsi que son jeune frère le dalaï-lama, alors âgé d'environ 15 ans. Norbu fait semblant d'être en accord avec les demandes de la RPC de façon à pouvoir se rendre à Lhassa et avertir son frère du sérieux de l'invasion chinoise[24],[25],[26].

Le [27], il démissionne de sa fonction d'abbé de Kumbum et part en juin pour Lhassa où il arrive en octobre. En novembre, il se rend à Chumbi avec sa mère, ses frères et sa sœur, où ils sont rejoints en décembre par le dalaï-lama[21].

Exil en 1951

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Ayant trahi le plan chinois, Taktser Rinpoché n’a pas d’autre choix que de fuir définitivement le Tibet[26]. En 1950, Norbu décida de partir du Tibet et de tenter d'informer le monde au sujet de la résistance tibétaine.

En 1951, il accompagne sa mère (Diki Tsering) et ses jeunes enfants, lesquels quittent Yatung pour l'Inde en passant par la route caravanière menant à Gangtok (Sikkim), après avoir passé le col himalayen de Nathu La[28], peu avant qu'une délégation chinoise n'emprunte le chemin inverse en juillet pour rencontrer le dalaï-lama[29]. De là, ils se rendent à Kalimpong, important centre de commerce entre l'Inde et le Tibet, où sont installés nombre de Tibétains[28].

Norbu est invité par le Comité pour une Asie libre, en fait une émanation de la CIA, à séjourner un an aux États-Unis. Il annonce son départ à sa mère et à Tsering Dolma, lesquelles s'en inquiètent, et se rend à Calcutta, d'où il adresse une longue lettre au dalaï-lama[28]. Il y rencontre les délégués tibétains de l'accord en 17 points revenus de Pékin, tous logés, à l’exception de son beau-frère Phuntsok Tashi Takla, à l'ambassade de Chine, sous la surveillance de Chang Ching-wu. Celui-ci, qui doit rejoindre le dalaï-lama à Yatoung au Tibet, insiste pour qu'il se joigne à leur voyage. Prétendant y songer, Norbu informe discrètement son beau-frère de son départ la nuit suivante en avion pour New-York[28].

Premier séjour aux États-Unis (1951-1952)

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Le matin du , Thupten Jigme Norbu arrive à New York[30], où il est accueilli par nombre de journalistes et par Robert B. Ekvall, fils de missionnaires chrétiens ayant séjourné des années en Amdo, et parlant le dialecte de la région[28].

À l'été 1951, il se rend à Fairfax pour rétablir sa santé[21].

Séjour au Japon (1952 - 1955)

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En , il se rend à la session mondiale du bouddhisme au Japon, où il va devoir rester trois ans[21], car son document de voyage indien est arrivé à expiration lors de son séjour, il lui est impossible de retourner aux États-Unis, et même de se rendre en Inde. Durant son séjour, il apprend le japonais[31].

Hisao Kimura, qui avait initialement accompagné la caravane de Takster Rinpoché à Lhassa, l'a aidé durant cette période et les deux sont devenus des amis proches[32].

Plus tard, en 1967, Takster Rinpoché accompagne le dalaï-lama lors de sa première visite au Japon et lui présente Kimura[33].

Obtention de l'asile politique aux États-Unis en 1955

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Rinpoché a travaillé comme professeur d'études tibétaines à l'université de l'Indiana.

À l'été 1955, il se rend en Inde en passant par Hong Kong. À l'automne, il peut retourner aux États-Unis sous le Refugee Relief Act (en), grâce à l'aide du Church World Service (en) (CWS)[34].

Selon Douglas Martin, il est peut-être le premier Tibétain fuyant le communisme à être venu aux États-Unis pour rechercher la citoyenneté américaine[4]. Il obtint l’asile politique aux États-Unis cette année-là[35] ou en 1957, du président Eisenhower. Trois ans plus tard, il se marie à la sœur de Sakya Dagchen Rinpoché, un haut lama, et réside brièvement à Seattle avant d'accepter un poste de conservateur au muséum américain d'histoire naturelle à New York. Il devint citoyen américain à cette époque[36].

Lors de l'hiver 1955-1956, il suit des cours de langues à l'université Columbia[21].

Collaboration avec la CIA

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À l'automne 1956, passant par l'Europe, il va retrouver sa mère et ses frères et sœurs en Inde où ils sont rejoints par le dalaï-lama. Il s'entretient avec le premier ministre chinois Zhou Enlai, qui lui demande de rentrer au Tibet[21]. Selon John Gittings, faisant valoir les « appuis extérieurs » dont il dispose, il essaie de convaincre le dalaï-lama de rester en Inde mais le jeune homme préfère écouter Chou Enlaï et rentrer à Lhassa[19].

Sans que le dalaï-lama n'en soit informé[7], il collabore avec son frère, Gyalo Thondup, dans un projet de la CIA d'organiser un réseau clandestin d'agents au Tibet[37]. Cependant, selon John Kenneth Knaus, un ancien agent de la CIA, il ne lui a pas été expliqué que le Comité pour une Asie Libre était la CIA[38].

En 1957, il travaille comme traducteur pour la CIA à Saipan, aux Îles Mariannes, puis à l'instruction des premiers résistants tibétains devant être parachutés au Tibet pour mener une guérilla contre l'armée populaire de libération[39],[40]. Son nom figure dans des rapports sur des camps d'entraînement secrets au Colorado, dans les montagnes rocheuses, et sur l'île de Saipan dans le Pacifique[41].

À l'automne 1957, passant par le Japon, il retourne aux États-Unis, où il est rejoint par Lobsang Samten le . En décembre, il fait un pèlerinage en Inde, à Ceylan et en Birmanie. Il rentre à New York en [21].

Lors de la révolte au Tibet oriental en 1958, les Chinois l'accusèrent d'être un des 9 Tibétains qui, en Inde sous l'influence d'impérialistes, en étaient responsables. Ils exigèrent que la nationalité tibétaine leur soit retirée[42].

À l'automne 1958, il est invité à la session du bouddhisme universel[21].

En 1959, passant par Tokyo, il rejoint l'Inde, où il retrouve sa mère, le dalaï-lama, ses frères et sœurs[21]. En août, il représente le dalaï-lama au 7e festival mondial de la jeunesse à Vienne en Autriche[43], où il participe à la réunion de « Commémoration de la journée mondiale des réfugiés » au côté d'Anna Kéthly, ancienne ministre de Hongrie, et de l'Algérien Malek Dakhlaoui[44].

Les menées clandestines de la CIA au Tibet prennent fin au début des années 1970 avec le dégel des relations sino-américaines amorcé par le président Richard Nixon. Norbu devient alors le représentant du dalaï-lama aux États-Unis et commence à enseigner à l'université de l'Indiana à Bloomington[45].

Professeur à l'université de l'Indiana à Bloomington

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Son ancien étudiant[46],[47] Elliot Sperling remarque que « l'arrivée du professeur Norbu sur le campus a contribué à catapulter l'université de l'Indiana à Bloomington dans les premiers rangs des programmes universitaires dans les études tibétaines ». Thupten Jigme Norbu y a enseigné pendant 22 ans[38].

Séjour au Qinghai (1979)

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Peu après la visite en 1979 de la première délégation de la mission d'enquête au Tibet, Thupten Jigme Norbu, son épouse et leurs trois enfants se rendirent à Kumbum, où ils rencontrèrent Arjia Rinpoché qui lui donna les cendres de leur professeur Tsultrim Lhaksem[48].

Il constata qu'il restait peu de choses de la ville monastique active qu'il avait connue et qui comptait plus de 3 000 moines. Dans son village natal, il constata que les Tibétains y étaient devenus minoritaires, plus de 20 de ses parents et amis étaient morts. Certaines personnes qu'il rencontra lui dirent que leurs familles et amis avaient été tués, emprisonnés, mutilés ou devenus infirmes, et qu'en 1959 et 1960, les hommes avaient été rassemblés et envoyés par camion dans des camps de travail. Il ne restait que des femmes, des enfants et des vieillards[49].

Marches pour l'indépendance (1995, 1996 et 1997)

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En 1995, avec Larry Gerstein, Norbu cofonde le Mouvement international pour l'indépendance du Tibet (ITIM)[15]. Se démarquant de l'appel du dalaï-lama en faveur d'un Tibet autonome au sein de la République populaire de Chine, il mène trois marches pour l'indépendance[50] : en 1995, une marche d'une semaine de 80 miles, de Bloomington à Indianapolis ; en 1996, une marche de 300 miles et de 45 jours, de l'ambassade de la RPC à Washington, D.C. au siège des Nations unies dans la ville de New York ; l'année suivante, une marche de 600 miles, à laquelle participe la chanteuse et dissidente tibétaine Dadon[51], de Toronto à la ville de New York, du (jour du soulèvement tibétain) au (jour du drapeau).

Visite de Taïwan en 1998

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En , Thupten Jigme Norbu a visité Taïwan à l'invitation de la Fédération mondiale des associations taïwanaises (World Federation of Taiwanese Associations (en)), avec Erkin Alptekin, Anwar Yusuf Turani, président du Centre national de la liberté du Turkestan oriental ; Tashi Jamyangling, ancien secrétaire du ministère de l'Intérieur du gouvernement tibétain en exil, et Johnar Bache, vice-président du Parti du peuple mongol du Sud. Ils ont rencontré les militants pour l'indépendance de Taïwan et des membres du Parti démocrate progressiste pro-indépendance, le président du Yuan législatif de Taïwan Liu Sung-pan (en), l'ancien président de Taïwan Chen Shui-bian, et le maire de Kaohsiung Frank Hsieh (en)[52],[53].

Liens avec les milieux de l'Exil

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Dans l'ensemble, l'image de Thupten Jigme Norbu est moins celle d'un chef que d'un individualiste politique. Il lui arriva d'exprimer des réserves à propos du mouvement de soutien au Tibet. Il se tint à l'écart des dirigeants tibétains de l'exil à Dharamsala, allant jusqu'à déclarer, dans les années 1990, que la classe dirigeante exilée était dominée par quelques familles, dont la sienne. Sur la fin de sa vie, il fit montre d'une certaine disillusion à l'égard du rôle des États-Unis dans la question tibétaine, comme il le déclara à Mayank Chhaya (en)[54].

Fondation du Centre culturel tibétain de Bloomington

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En 1979, il fonda le Centre culturel tibétain (TCC) de Bloomington, voué à la préservation de la religion et de la culture tibétaine. Rebaptisé Centre culturel bouddhiste tibéto-mongol (ou TMBCC) en 2006, ce centre dispose d'un bâtiment culturel où sont exposées des œuvres d'art tibétaines dont un Bouddha de médecine, un Mandala de sable et des sculptures de beurre tibétaines (Torma). Le bâtiment culturel possède aussi une bibliothèque d'ouvrages liés aux Tibétains et une boutique de souvenirs où les visiteurs peuvent acheter des articles faits par les réfugiés tibétains en exil.

Son frère, le dalaï-lama lui a rendu visite au TMBCC à cinq occasions. En 1987, il a consacré le Changchub Chorten ; en 1996 le dalaï-lama a consacré la première pierre du temple de Kumbum Chamtse Ling ; en 1999, il a séjourné au Centre 12 jours alors qu'il a conféré l'initiation de Kalachakra pour l'harmonie et la paix dans le monde pour le Kalachakra stupa[55] ; en 2003, le dalaï-lama a dédié le temple de Kumbum Chamtse Ling au cours d'une cérémonie inter-religieuse ; en 2007, il a dédié un nouvel arc au temple et a donné une série d'enseignements pendant six jours.

Vie aux États-Unis

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Sur le sol du Centre culturel bouddhiste tibéto-mongol à Bloomington dans l'Indiana

Norbu a habité au Centre culturel bouddhiste tibéto-mongol avec sa femme Kunyang. Il a eu 3 fils, dont Jigme Norbu, né à New York en 1965 et mort en 2011[56]. Fin 2002, Norbu a souffert d'une série d'accidents vasculaires cérébraux et est devenu invalide. En 2005, le dalaï-lama nomma Arjia Rinpoché, lui aussi ancien abbé du monastère de Kumbum, pour reprendre le poste d'administrateur du Centre culturel bouddhiste tibéto-mongol. Norbu a continué jusqu'à sa mort à animer la vie quotidienne du TMBCC où il a été acclamé comme fondateur du centre et premier partisan dans le monde pour la reconnaissance et la préservation de la culture du Tibet.

Norbu est mort le à l'âge de 85 ans dans sa maison de l'Indiana. Il a été incinéré suivant un rituel du bouddhisme tibétain le , aux États-Unis[57].

Réincarnation

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En 2010, le dalaï-lama déclare qu'il y aura une réincarnation de Taktser Rinpoché[58], la recherche pouvait débuter l'année suivante, ajoutant en plaisantant qu'il s'agissait d'un processus « mystérieux » impliquant une méditation[59].

Choktrul Tenzin Yonten Gyatso Rinpoché est reconnu comme la réincarnation de Taktser Rinpoché. Le 18 novembre 2022, une cérémonie d'entrée dans le dharma est organisée à Mundgod en présence du parlementaire Guéshé Lharampa Atuk Tseten[60].

Le 23 novembre 2022, le dalaï-lama le reçoit en audience[61].

Le maire de Bloomington en Indiana, Mark Kruzan (en), a honoré Thupten Jigme Norbu d'un prix pour l'ensemble de ses réalisations le , pour son dévouement pour préserver et partager la culture tibétaine, son effort inlassable pour recueillir un soutien mondial pour restaurer l'indépendance du Tibet et son engagement à long terme à enrichir les habitants du centre de l'Indiana.

Publications

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  • (en) Agvan Dorjiev, Thubten Jigme Norbu, Dan Martin, Dorjiev: Memoirs of a Tibetan Diplomat, 1991, Hokke Bumka Kenkyu
  • (en) Tibet: The Issue Is Independence - Tibetans-in-Exile Address the Key Tibetan Issue the World Avoids : recueil d'essais de 1994 de Tibétains de la diaspora (principalement des américains d'origine tibétaine), comprenant une introduction de Thupten Jigme Norbu (ISBN 0-938077-75-9)

Notes et références

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  1. (en) Taktser Tulku Honored by Bloomington, Indiana
  2. http://www.kalacakra.org/calendar/tdata/pl_1922.txt
  3. (en) Taktser Rinpoche - An Obituary, Phayul.com.
  4. a et b (en) Douglas Martin, Thubten Norbu, eldest brother of Dalai Lama, dies, The New York Times, 9 septembre 2008.
  5. (en) Obituary - Thubten Jigme Norbu, TibetInfoNet, 17 septembre 2008 : « Like his brother Gyalo Thondup, he also assisted the CIA in their support for Tibetan resistance. »
  6. (en) Bobby Ghosh, Who's Who on the CIA Payroll. CIA Recruits: Thubten Jigme Norbu, Time, 28 octobre 2009 : « Norbu was the oldest sibling of the Dalai Lama. He first worked for the CIA as a translator, and in the 1960s, he helped the agency's efforts to arm Tibetan guerrillas fighting against Chinese rule ».
  7. a et b Dalai lama, Carisse Busquet, La Sagesse du cœur. Le Dalaï-Lama par lui-même p. 40
  8. Thupten Jigme Norbu, Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, éd. Albin Michel, 1963, p. 19.
  9. Mary Craig, op. cit. p. 45.
  10. Thupten Jigme Norbu, Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, éd. Albin Michel, 1963.
  11. (en) Sam van Schaik, Tibet: A History, London and New York, Yale University Press, 2011, p. 117.
  12. Mary Craig, Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille, préface du 14e dalaï-lama, traduction François Vidonne, Presses du Châtelet, 1998, (ISBN 2911217330), p. 41 : « La nouvelle famille de Sonam Tsomo était de pure source tibétaine ... Leur parler était encore émaillé de mots et d'expressions de l'ancien dialecte de Lhassa, mais ils utilisaient le dialecte de l'Amdo, qui comportait de nombreuses tournures chinoises depuis que les Chinois avaient à nouveau occupé la région en 1910. »
  13. (en) Nathan Hill, « compte rendu de Sam van Schaik, Tibest: A History, London and New York, Yale University Press, 2011 », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, Londres, School of Oriental and African Studies (Université de Londres), vol. 75, no 1,‎ , p. 190-192 (DOI 10.1017/S0041977X11001108, lire en ligne) : « "Finally, the remark that 'Yonten Gyatso [...] remains the only non-Tibetan to have held the role of Dalai Lama' (p. 177) presents a Monpa (sixth Dalai lama), and a Monguor (fourteenth Dalai Lama) as Tibetan although neither spoke Tibetan natively." » (Pour finir, la remarque selon laquelle "Yonten Gyatso ... reste le seul non-Tibétain à avoir exercé la fonction de dalaï-lama" (p. 177) présente un Monpa (le sixième dalaï-lama) et un Monguor (le 14e dalaï-lama) comme Tibétains alors que ni l'un ni l'autre ne parlait le tibétain comme langue maternelle" »).
  14. a et b (en) Jamyang Norbu, Remembering Rangzen, sur le site Memories of Movement, september 18, 2008 : « Rimpoche’s language skills: Tibetan, Mongol, Japanese, Chinese, English and his native Sining patois... ».
  15. a et b (en) Obituary - Thubten Jigme Norbu, TibetInfoNet, 17 septembre 2008 : « He had a strong personal interest in historical studies and vernacular culture, in particular that of the nomads of his native Amdo. He spoke several of their dialects as well as the Mongolian language. »
  16. L'opérateur radio Robert W. Ford, qui séjourna au Tibet à la fin des années 1940 et passa plusieurs années dans les prisons chinoises, rapporte dans ses mémoires l'avoir rencontré à Londres, des années plus tard et avoir parlé avec lui en chinois ; cf (en) Wind Between the Worlds, David McKay Company, Inc., 1957, p. 331 : « I met Tagtsher Rimpoche, the dalai Lama's eldest brother, at the home of a mutual friend in London. (...) We talked in Chinese, in which I was now more fluent than in Tibetan. »
  17. Dans ses entretiens avec Thomas Laird (The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama, op. cit., p. 262), le dalaï-lama qualifie ce dialecte de « broken Chinese » ou « broken Xining language which was (a dialect of the) Chinese language » : « "Tibetans in Amdo ordinarily spoke Tibetan, so it was a surprise to hear the Dalai Lama say that in Taktser (nominally under Ma Pu-fang's control in 1935), although two of the seventeed households were Chinese, his family did not speak Tibetan as its first language. "At that time in my village, "he said, "we spoke a broken Chinese. As a child, I spoke Chinese first, but it was a broken Xining language which was (a dialect of the) Chinese language." "So your first language, " I responded, "was a broken Chinese regional dialect, which we might call Xining Chinese. It was not Tibetan. You learned Tibetan when you came to Lhasa." "Yes," he answered, "that is correct, but then, you see, my brother Lobsang Samtem entered Kumbum monastery before me and the Amdo dialect was spoken there. They spoke Amdo Tibetan in the monastery. In other villages, they spoke Amdo Tibetan. But in my village, I don't know why, my parents spoke broken Xining language." ».
  18. (en) Alexander F. Remington, Thubten Jigme Norbu; Brother of Dalai Lama Advocated for Tibet, Washington Post, 13 septembre 2008
  19. a et b (en) (en) John Gittings, « Thubten Jigme Norbu », sur The Guardian, Thubten Jigme Norbu. « the previous Taktser Rinpoche was their father's maternal uncle. »
  20. Historiquement, le monastère de Kumbum, le lieu de naissance de Tsongkha-pa, fondateur de l'école Gelugpa du bouddhisme tibétain, était aussi fréquemment la résidence des dalaï-lamas et des panchen-lamas. À cette époque, Kumbum était l'un des plus grands monastères du Tibet oriental.
  21. a b c d e f g h i j k l m et n Heinrich Harrer, Chronologie de Thupten Jigme Norbu, in Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, éd. Albin Michel, 1963, p. 283-287.
  22. 15e jour du 1er mois de 1937
  23. 9e jour du 3e mois de 1949
  24. (en) Lawrence H. Gerstein et Doris Kirkpatrick, Counseling Psychology and Nonviolent Activism. Independence for Tibet!, in Handbook for Social Justice in Counseling Psychology: Leadership, eds Rebecca L. Toporek, Lawrence Gerstein, Nadya Fouad, p. 451.
  25. (en) Elizabeth Cody Kimmel, Boy on the Lion Throne: The Childhood of the 14th Dalai Lama, p. 101-102
  26. a et b Mikel Dunham, In Memoriam: Remembrance of Taktser Rinpoche, 6 septembre 2008
  27. 9e jour du 3e mois de 1950
  28. a b c d et e Mary Craig, op. cit., p. 180.
  29. Thupten Jigme Norbu Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, traduit de l'allemand par Louise Servicen, éd. Albin Michel, 1963, p. 258
  30. (en) United States. Dept. of State, Foreign relations of the United States, p. 1746 : « The Dalai Lama's elder brother, Taktser, arrived in New York Sunday (July 8) morning. »
  31. Mary Craig, op. cit., p. 214.
  32. Scott Berry, Monks, Spies, and a Soldier of Fortune: The Japanese in Tibet, Athlone Press, 1995, p. 328 : "When Takster Rimpoche, the Dalai Lama's brother whose caravan he had originally accompanied to Lhasa, came to Japan during the 1950s and was stuck for some time without a passport, it was Kimura who helped him out, and the two became close friends."
  33. Hisao Kimura, Scott Berry, Japanese Agent in Tibet: My Ten Years of Travel in Disguise, p. 217
  34. (en) The Living Church, Volume 138, 1959, p. 10 : « Dr. Wilson also recalled that in 1955, CWS sponsored Thub-ten J. Norbu, another of the Dalai Lama's three brothers, who came to the United States under the Refugee Relief Act. »
  35. (en) Bertrand M. Roehner, Relations between foreign forces and the population of China (1900-1960), 27 avril 2010 : « Aug 15, 1955: The US Department of State gave political asylum to the elder brother of the Dalai Lama, Thubten Jigme Norbu. (NYT p. 3). »
  36. (en) Elaine Woo, Tibetan scholar, symbol of independence struggle, Los Angeles Times, 11 septembre 2008. « In 1957, President Eisenhower granted Norbu political asylum. Three years later, he married the sister of a high lama and lived for a brief time in Seattle before accepting a job as curator of Tibetan artifacts at the Museum of Natural History in New York. He became a U.S. citizen during this period. »
  37. (en) John Gittings, op. cit. : « By 1956, when the Dalai Lama visited India, both brothers were involved with a CIA project to set up a clandestine network of agents in Tibet. Once again the Dalai Lama had to decide whether to return to Lhasa: Norbu told him that he had obtained "foreign support", but China's premier Zhou Enlai persuaded the Dalai Lama to continue cooperating with Beijing. »
  38. a et b (en) Evan West, This Is My Tibet, Indianapolis Monthly, avril 2002
  39. (en) Reuters, Dalai Lama's brother dies in US, ABC News, September 6, 2008 : « He left Tibet after the Chinese takeover in 1950, worked as a translator for the CIA in Saipan in 1957 and helped train the first Tibetan resistance fighters who were parachuted into Tibet to fight a guerrilla war against the People's Liberation Army ».
  40. (en) John Kenneth Knaus, Official Policies and Covert Programs: The US State Department, the CIA, and the Tibetan Resistance, in Journal of Cold War Studies, Summer 2005, vol. 5, no 3, p. 54-79.
  41. (en) John Gittings, op. cit. : « Norbu's name appears in reports of secret training camps in the Colorado Rockies and on the Pacific island of Saipan. The operations were unsuccessful, but the Beijing authorities became aware of the brothers' role. »
  42. Dalaï-Lama, Ma terre et mon peuple, éd. John Didier, p. 170
  43. (en) Thubten Jigme Norbu, Heinrich Harrer, Tibet is my country, p. 254
  44. (en) Radomír Luža, History of the international socialist youth movement, 1970, p. 244 : « The rally on the Hungarian revolution was addressed by Anna Kethly, former minister in the Nagy cabinet, and the meeting in "Commemoration of World Refugee Day" by Kethly, the Algerian Malek Dakhlaoui, and Thubten Norbu, brother of the Dalai Lama. »
  45. (en) John Gittings, op. cit. : « The covert US programme only ended in the early 1970s, when President Richard Nixon initiated his famous thaw with Beijing. Norbu became the Dalai Lama's representative in the US, and in 1965 began teaching at the University of Indiana in Bloomington. »
  46. (en) Jamyang Norbu, Elliot Sperling on “Serf Emancipation Day”, 4 avril 2009
  47. In Memory of Elliot Sperling: A 2014 Interview with the American Tibet Scholar, Tang Danhong, translated by Anne Henochowicz, January 26, 2018
  48. (en) Lobsang Tubten Jigme Gyatso, Arjia Rinpoché, Surviving the Dragon: A Tibetan Lama's Account of 40 Years Under Chinese Rule, (ISBN 1605297542), p. 123 et suivantes.
  49. Mary Craig, op. cit., pp. 344-345.
  50. (en) John Gittings, op. cit. : « In the 1990s he led several walks for Tibetan independence across the US, implicitly disagreeing with the Dalai Lama's more limited call for autonomy from China. »
  51. (en) Phinjo Gombu, A 966-km march to save tibet. Dalai lama's brother among 12 headed for new york, Toronto Star, 10 mars 1997.
  52. (en) B. Raman, « US & Terrorism in Xinjiang », South Asia Analysis Group, 07/24/2002 (consulté le )
  53. (en) 228 Commemoration in Taiwan, World Tibet News, 5 mars 1998.
  54. (en) Obituary - Thubten Jigme Norbu, sur le site TibetInfoNet, 17 septembre 2008 :« As a whole however, he was more a political individualist than a leader figure and occasionally expressed some reservations about the Tibet support movement. He also kept a distance from the exile leadership in Dharamsala and notoriously claimed in the 1990s that the exile establishment was "dominated by a few families, including my own". Finally, despite his early involvement with the CIA, Thubten Jigme Norbu was rather disillusioned with the role of the US in the Tibet issue. In an interview with the Indian journalist Mayank Chhaya he said: "I don't think the US can do anything because the US is interested in green paper [dollars] and how much Mr Coffee they can sell. They are not concerned with Tibetans' suffering. They are concerned with trade". »
  55. (en) Founder of TMBCC.
  56. (en) Jigme Norbu
  57. (en) Takster Rinpoche's Cremation Today.
  58. (en) His Holiness the Dalai Lama in Bloomington, IN - May 12, 2010, 12 mai 2010
  59. (en) His Holiness the Dalai Lama in Bloomington, IN - May 13, 2010, 13 mai 2010.
  60. (en) Tibetan Parliamentarian Attends the Dharma Entrance Ceremony of Choktrul Tenzin Yonten Gyatso Rinpoche - Central Tibetan Administration, tibet.net, 25 novembre 2022
  61. (bo) His Holiness the #DalaiLama gave an audience to Taktser Rinpoche, RFA, 23 novembre 2022


Liens externes

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