Stealthing
Le stealthing (litt. « furtivement, discrètement »), aussi appelé furtivage[1] ou retrait non consenti du préservatif, est une forme d'agression sexuelle qui consiste, pour un partenaire sexuel, à enlever son préservatif pendant l'acte sexuel, à l'insu de l'autre partenaire. Cette pratique, qui enfreint le consentement du ou de la partenaire, est juridiquement condamnable dans de nombreux pays et est parfois considérée comme un viol.
Conséquences
modifierLe stealthing peut avoir de lourdes conséquences sur la vie des victimes : elle entraîne une possibilité d'une grossesse non désirée et un risque de transmission du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ou d'autres infections sexuellement transmissibles pour lesquels le préservatif constitue un des moyens de protection[2]. Il peut avoir les mêmes conséquences pour la victime qu'un viol et produire un trauma sur le long terme.
Littérature
modifierEn 2018 paraît l'étude rétrospective Non-consensual condom removal, reported by patients at a sexual health clinic in Melbourne, Australia (Retrait non consensuel de préservatif, rapportés par des patients dans un centre de santé sexuelle à Melbourne, Australie)[3]. L'étude concerne les femmes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les hommes ayant des rapports sexuels passifs avec des hommes. L'étude utilise une définition extensive du stealthing qui comprend tous les cas de non utilisation non consensuelle de préservatif, pas seulement les cas de retrait furtif. L'étude rapporte de 32 % des femmes et 19 % des hommes ont vécu un stealthing sous cette définition extensive.
Questions juridiques et éthiques
modifierPays qui pénalisent la pratique
modifierDans de nombreux pays, comme en Suisse[4] ou au Canada[5], de tels actes ont été condamnés et se résument à un non respect du consentement du partenaire sexuel et donc à une agression sexuelle[6],[7],[8]. La pratique est aussi condamnable selon les lois du Royaume-Uni[8].
Aucune incriminalisation en France
modifierEn France, il n’y a pas, en , de jurisprudence sur la possibilité de qualifier un tel acte de viol[9] ; en , l’avocat pénaliste Avi Bitton juge que qualifier le stealthing de viol par surprise « se plaide mais ça peut faire débat », en l’absence d’une loi créant une incriminalisation spécifique[10][pertinence contestée].
Manque de reconnaissance légale aux États-Unis
modifierAlexandra Brodsky, juriste aux États-Unis, dénonce un manque de reconnaissance légale de la pratique alors qu'elle devient répandue et connue[11]. Elle milite pour la création d'un délit adapté dans la loi américaine et rapporte que des « communautés virtuelles d'hommes » existent sur Internet dans le seul but de tromper leur partenaire, en défendant un « droit masculin à diffuser sa semence »[2],[11].
Notes et références
modifier- « furtivage », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
- (en) Alexandra Brodsky, « 'Rape-Adjacent': Imagining Legal Responses to Nonconsensual Condom Removal », Columbia Journal of Gender and Law, Social Science Research Network, vol. 32, no 2, , p. 28 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Catriona S. Bradshaw, Tim R. H. Read, Eric P. F. Chow, Vincent J. Cornelisse, Christopher K. Fairley, Lenka A. Vodstrcil et Rosie L. Latimer, « Non-consensual condom removal, reported by patients at a sexual health clinic in Melbourne, Australia », PLOS ONE, vol. 13, no 12, , e0209779 (ISSN 1932-6203, PMID 30586420, PMCID 6306234, DOI 10.1371/journal.pone.0209779 , Bibcode 2018PLoSO..1309779L)
- « Le «stealthing»: une lacune de punissabilité en droit suisse », sur www.humanrights.ch,
- « Au Canada, le retrait par surprise du préservatif pendant l’acte devient un crime sexuel », sur Libération (consulté le )
- « Le stealthing, une agression sexuelle en augmentation », sur Franceinfo, (consulté le )
- John Johnston et Matthieu Balu, « Le "stealthing", cette nouvelle pratique sexuelle inquiétante », sur Le Huffington Post, (consulté le )
- (en) Sirin Kale, « Man Convicted of Rape After Removing Condom During Sex Without Consent », sur Vice, (consulté le )
- Pablo Baron, « Qu'est-ce que le « stealthing » pendant un rapport sexuel ? », Le Point, .
- « Le retrait non consenti d'un préservatif pendant une relation sexuelle, ou "stealthing", pourrait être qualifié "de viol par surprise", selon un avocat », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Le "stealthing", retrait non consenti du préservatif, une pratique "courante"? », sur LExpress.fr, (consulté le )
Annexes
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Cécile Lefrançois, Clémence Vialatte, « "Stealthing" : quand le droit pénal se fige aux portes de l’intime… », The Conversation, [lire en ligne]
- Ontario, Canada. jugement de culpabilité d’agression sexuelle de M. Lupi est re confirmé malgré sa demande d’appel Jugement stealthing Canada Ontario