Siècle d'or valencien
Le siècle d'or valencien, siècle d'or catalan ou siècle d'or de la langue catalane[1] (en catalan Segle d'or valencià, segle d'or català, segle d'or de la llengua catalana) est une période d'apogée culturel, artistique et économique aux XIVe et XVe siècles sur les territoires de la Couronne d'Aragon, composés du royaume d'Aragon, de la principauté de Catalogne et du royaume de Valence. Cette période se caractérise par une prospérité économique et une intense créativité artistique, littéraire et architecturale.
Présentation
modifierAprès quelques années d’instabilité consécutives à une crise successorale, la couronne d'Aragon se lance dans une politique extérieure agressive avec l’avènement d’une dynastie castillane issue du Compromis de Caspe (1412) et le règne d’Alphonse le Magnanime (1416-1458) qui conquiert le royaume de Naples. Mais cet élan est quelque peu contrarié sous son frère et successeur Jean II (1458-1479), qui, pour des questions dynastiques, doit s’opposer à son propre fils, Charles de Viane, et se trouve également confronté à une guerre civile en Catalogne stricte. Toutefois ces problèmes n’ont aucune répercussion néfaste à Valence, bien au contraire, car les capitaux barcelonais qui fuient l’insécurité de la ville comtale viennent se réinvestir plus au sud. Tout n’est pas parfait, bien sûr — menace de disette, peste endémique, crises confessionnelles à l’occasion —, mais rien vraiment que l’on ne connaisse sous d’autres cieux ; rien en tout cas qui nuise à l’éclosion des lettres valenciennes, qui a produit des écrivains :
- Jordi de Sant Jordi (13??-c. 1424) qui suit encore la tradition occitane des troubadours,
- Ausiàs March (c. 1397-1459), maître de l’analyse introspective de l’homme renaissant,
- Joanot Martorell marquant, avec Tirant le Blanc, l'aube du roman moderne européen,
- Joan Roís de Corella (1433/43-1497), pétri d’humanisme érudit,
- Jaume Roig (début du XVe-1478) auteur d'Espill, et l’école satirique valencienne,
- Sœur Isabelle de Villena (1430-1490), plume intimiste,
pour ne citer que les plus grands. Ce siècle, à la charnière entre Moyen Âge et Renaissance, est vivifié par ses rapports étroits avec les Italiens : Alphonse V le Magnanime s’installe à Naples où il tient une cour brillante jusqu’à sa mort en 1458. Son fils Ferdinand lui succède à Naples avec le même éclat.
La période est aussi marquée par l'essor de l'imprimerie dans le royaume de Valence et la fondation de l'université de Valence en 1501[1].
Le siècle d'or perd son élan à la fin du XVe siècle, sous l'influence de l'Inquisition espagnole, qui met à mal la bourgeoisie conversa locale dont le rôle économique était fondamental, l'importante immigration hispanophone en provenance d'Aragon et de Castille et la diffusion de l'écrit en castillan, porté par le prestige de la Gramática castellana d'Antonio de Nebrija (1492)[2]. Selon Max Cahner, « à partir de 1514, il n'y a plus à Valence que des éditions de livres et de feuillets en castillan »[3]
Notes et références
modifier- Martin 2000, p. 33.
- Martin 2000, p. 35-36.
- (ca) Max Cahner, « Llengua i societat en el pas del segle XV al XVI: contribució a l'estudi de la penetració del castellà als Països Catalans », Actes del Cinquè Col·loqui International de Llengua i Literatura catalanes, Andorra, 1-6 d'octubre de 1979, 1980, (ISBN 84-7202-409-1), págs. 183-256, Abadia de Montserrat, , p. 183–256 (ISBN 978-84-7202-409-0, lire en ligne, consulté le ), cité par Martin 2000, p. 36
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Frank Martin, Les Valenciens et leur langue régionale : Approche sociolinguistique de l'identité de la communauté Valencienne (thèse de doctorat), Presses universitaires du Septentrion, , 772 p. (ISBN 9782729537951)