Royaume de Valence
Le royaume de Valence (en catalan : Regne de València ; en latin : Regnum Valentiæ ; espagnol : Reino de Valencia) est un royaume fondé en 1238 par le roi Jacques Ier d'Aragon (« le Conquérant »), et intégré dans couronne d'Aragon, après la conquête de la taïfa de Balansiya dans le cadre de la Reconquista. Le territoire fut par la suite augmenté par différentes annexions.
Regne de València
Reino de Valencia
Regnum Valentiae
Statut | Monarchie, vassale de la couronne d'Aragon |
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Capitale | Valence |
Langue(s) | Valencien, aragonais, latin |
Conquête de Valence et création du royaume | |
vers 1300 | Intégration du royaume de Murcie à celui de Valence |
1305 | Traité d'Elche fixant les limites des couronnes de Castille et d'Aragon |
Décrets de Nueva Planta démantelant le royaume pour l'intégrer à celui d'Espagne |
(1er) 1238 – 1276 | Jacques Ier d'Aragon |
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(Der) 1700 – 1707 | Charles III de Habsbourg |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Dans le but de se limiter l'influence de la noblesse féodale aragonaise, Jacques Ier proclama les Fors de Valence (en catalan médiéval : Los Furs ; espagnol : los fueros) dans tout le royaume, qui fut ainsi rattaché à la couronne mais avec une administration lui appartenant en propre.
La création du royaume provoqua une réaction irritée de la noblesse aragonaise, qui voyaient ainsi empêchée la prolongation de ses seigneuries dans les terres valenciennes et un accès direct à la mer.
Les institutions du royaume furent maintenues après le mariage des rois catholiques et l'entité passa devint donc l'un des possessions du roi d'Espagne.
Au cours de la guerre de Succession d'Espagne , le territoire valencien défendit majoritairement la cause de Charles de Habsbourg. À l'issue de la défaite d'Almansa, le vainqueur Philippe V sanctionna le territoire en supprimant ses privilèges et institutions, qui se trouvèrent intégrés dans la couronne de Castille.
Dans les années 1830, la nouvelle structuration administrative de l'État espagnol divisa l'ancien royaume en trois provinces — Alicante, Valence, Castellón —.
À l'issue de la transition démocratique, qui déboucha sur la constitution de nouvelles entités régionales, les communautés autonomes, l'ancien royaume et la récupération de ses anciennes institutions forales furent explicitement revendiqués par la plus grande partie des forces politiques régionales comme référence historique du processus et les trois provinces constituèrent l'actuelle Communauté valencienne, dont le territoire coïncide essentiellement avec celui de l'ancien royaume[1],[2].
Histoire
modifierBas Moyen Âge
modifierAprès avoir été réceptacle de différentes cultures antiques (ibères, grecs, romains, carthaginois, phéniciens, byzantins, etc.), en 1233, le roi Jacques Ier le Conquérant entreprend la conquête du territoire valencien marqué alors par trois siècles de présence musulmane : les taïfas de Balansiya, Alpuente, Denia, et Murcie.
La conquête de Valence a été effectuée le ; les dernières terres à être incorporées seront celles du Sud d'Alicante, qui avaient été reconquises par la Castille, en vertu du traité d'Almizra ; elles ont été incorporées à la couronne d'Aragon en 1296, ainsi que le reste du taïfa de Murcie.
En 1305, ce royaume sera divisé : la Castille récupère la zone occidentale, qui constituera à l'intérieur de la couronne de Castille, le royaume de Murcie ; l'Aragon récupère la zone orientale, qui fera partie du royaume de Valence, en vertu de la sentence arbitrale de Torrellas et du traité d'Elche.
Le royaume, au début en majorité mudéjar et musulman, fut repeuplé avec des chrétiens d'origine principalement catalane sur la côte et aragonaise à l'intérieur. Ces populations associées aux juifs, créèrent une société multiconfessionnelle et multiculturelle ; mais ce sont les chrétiens qui avaient les pleins droits en comparaison des autres cultures. Ils établirent les bases d'un système économique qui profitait des infrastructures arabes existantes (barrages, terrains aménagés en terrasses, systèmes d'irrigation, mosquées, tours de vigie, etc.), ainsi que des produits agricoles déjà établis (agrumes, raisins secs, amandiers, riz, souchet, légumes, dattiers, etc).
Tout en imposant le même souverain que pour les territoires de la couronne d'Aragon (Catalogne, Aragon, Andorre et Baléares), le roi Jacques Ier instaura les Fors de Valence, fondant de cette manière un royaume avec une identité politique propre, avec ses propres institutions, sa propre culture et ses traditions, sa monnaie, sa langue, son administration et ses droits de douane. Ces fors se maintiendront jusqu'en 1707, avec la centralisation des Bourbons.
Époque moderne
modifierLe royaume de Valence finance économiquement l'expansion de la couronne d'Aragon durant les XVe et XVIe siècles, et il atteint sa plus grande splendeur durant le Siècle d'or, grâce au commerce maritime avec les nouveaux territoires extra hispaniques de la couronne (Corse, Sicile, Naples, etc.), et la création de son propre Consulat de la mer, et de la Taula de Canvis (es), la première bourse de valeurs de l'histoire[réf. nécessaire]. Cette époque coïncide, de plus, avec une explosion littéraire notable en valencien ; elle a été une des premières sociétés à entrer dans l'époque de la Renaissance, avec d'importants écrivains, humanistes et philosophes.
Avec l'union dynastique effective de la couronne de Castille et de la couronne d'Aragon dans la personne de l'empereur Charles Ier, le royaume de Valence continue à maintenir son indépendance politique. Cependant, le royaume commence à se voir soumis à la pression d'une politique de plus en plus centralisatrice en faveur de l'hégémonie de la couronne de Castille. Cela a donné lieu à d'importants conflits sociaux comme la révolte des Germanías menée par les corporations et les agriculteurs valenciens contre divers vice-rois et lieutenants. L'autre problème important est la drastique réduction démographique (jusqu'au tiers de la population) en raison des différentes expulsions de juifs et morisques du royaume. Ce dépeuplement a entraîné l'économie dans une grave crise, principalement, à cause du manque de main d'œuvre bon marché que constituait la population morisque valencienne (appelée les tagarins), et à cause de la fuite des capitaux et actifs accumulés par les séfarades.
Le point culminant de la pression centralisatrice castillane eut lieu pendant la guerre de Succession d'Espagne. Après la bataille d'Almansa en 1707, le nouveau roi Bourbon Philippe V démantèle le royaume par les décrets de Nueva Planta et l'intègre dans le nouveau royaume d'Espagne. Cependant, pour être assimilé à la législation et au système politique castillans, le roi Bourbon dut étouffer de nombreux soulèvements et révoltes sociaux dans tout le territoire, spécialement à Xàtiva, Altea et Alicante. Plus tard, les mêmes faits se reproduiront dans toute la couronne d'Aragon, débouchant peu à peu sur sa disparition.
Notes et références
modifier- Martin 2000, p. 206.
- (es) Vicente Garrido Mayol, El proceso autonómico valenciano, t. II, Valence, Universitat de València, , p. 11
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (ca) Antoni Furió i Diego, Història del País Valencià, Tres i Quatre, , 2e éd. (ISBN 978-84-7502-983-2)
- (ca) Enric Guinot (préf. Ricard Pérez Casado), Els fundadors del regne de valència, Valence, 3i4, coll. « biblioteca d'estudis i investigacions », , 1 251 (ISBN 84-7502-591-9)
- Frank Martin, Les Valenciens et leur langue régionale : Approche sociolinguistique de l'identité de la communauté Valencienne (thèse de doctorat), Presses universitaires du Septentrion, , 772 p. (ISBN 9782729537951), p. 450-517