Robert de Vanssay
Robert Achille Gabriel de Vanssay né le au Mans (Sarthe) et tué à l’ennemi le à proximité de St-Loup en Champagne (Ardennes), est un officier de cavalerie français ayant combattu au cours des deux Guerres Mondiales.
Robert de Vanssay Robert Achille Gabriel de Vanssay | ||
Robert de Vanssay en 1939-1940, avec au col le no 8 du 8e Dragons. | ||
Naissance | Le Mans - France |
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Décès | (à 54 ans) Saint-Loup-en-Champagne Mort au combat |
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Origine | française | |
Allégeance | France | |
Arme | Cavalerie | |
Grade | Chef d'escadrons (commandant) | |
Conflits | Première et Seconde Guerres mondiales | |
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Biographie
modifierOrigines familiales
modifierRobert de Vanssay est le fils d’Edgar Marie Alfred de Vanssay (1849-1917) et d’Aliette Espivent de la Villesboisnet (1856-1935). Son père, officier d’artillerie (promotion de St-Cyr 1867-1869), combat les Prussiens à Buzenval (1870-1871), puis achève sa carrière en tant que colonel commandant l’École d’artillerie d’Épinal.
Il appartient à la famille noble de Vanssay, originaire du Maine[1],[2].
Robert de Vanssay est le 4e enfant d’une fratrie de six. Il perd deux de ses frères au cours de la Première Guerre mondiale. Le plus jeune, Paul, tombe le à Aubérive (Marne), puis son frère aîné Maurice le à Ville-sur-Tourbe (Marne). Tous deux, « Morts pour la France », étaient lieutenants au 104e R.I. Robert de Vanssay perd également deux cousins germains ainsi que deux autres cousins plus éloignés au cours de ce même conflit[3].
Il choisit le métier des armes en 1907. En 1912, il est sous-lieutenant au 24e dragons[4].
La Première Guerre mondiale
modifierEn 1914, il est lieutenant au 24e dragons, combat en Champagne puis sur la Marne.
Il passe ensuite au 5e chasseurs à cheval, combat à Roye (Somme) puis à Dancourt (Somme). Alors qu’il se porte avec ses hommes le vers le village de Grivillers (Somme) pour épauler des lignes anglaises, il est grièvement blessé et porté disparu. Il est en fait prisonnier des Allemands.
Le , Robert de Vanssay est convoyé par train à bestiaux vers le camp de « Fuchsberg bei Uchte »[5] (province de Prusse-Orientale) où il arrive le . Puis il est transféré le au camp de « Helmstedt » (Basse-Saxe), soumis à des conditions de détention moins rigoureuses. Malgré l’armistice du 11 novembre 1918, le rapatriement des prisonniers de « Helmstedt » ne débute que le . C’est à nouveau par voie ferrée que le convoi atteint les Pays-Bas, avant d’embarquer à Flessingue (Zélande) à bord du paquebot mixte « Batavia » (dommage de guerre remis aux Français, puis exploité par la Compagnie Maritime des Chargeurs Réunis jusqu’en 1924). L’arrivée en France se fait au port de Dunkerque le [6].
Entre-deux-guerres
modifierRobert de Vanssay retourne à la vie de garnison entre les deux guerres.
Lieutenant au 5e régiment de chasseurs, il figure au tableau d'avancement pour l'année 1922 pour être promu au grade de capitaine[7]. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1926 (18 ans de services, 7 campagnes, 1 blessure)[8].
Il effectue au moins une affectation au Maroc.
La Seconde Guerre mondiale
modifierEn 1939 il est chef d’escadrons (commandant) au 8e Régiment de Dragons stationné à Limoges.
À la même époque, l’État-major crée des unités spéciales qui se distingueront par leur mobilité et la diversité de leurs missions. Composés d’éléments prélevés sur des régiments existants, intégrant aussi de nombreux réservistes, ce sont les Groupes de Reconnaissance de Divisions d’Infanterie (G.R.D.I), et Groupes de Reconnaissance de Corps d’Armées (G.R.C.A)[9]. Leurs missions : le renseignement et la reconnaissance, mais aussi le soutien rapide aux unités classiques, nécessitant un renfort lors d’engagements sévères. Leur composition très polyvalente doit leur permettre de répondre à ces différentes missions.
Robert de Vanssay se joint au 19e GRCA constitué à Limoges le dont il commande les deux escadrons motorisés, (3e et 4e escadrons)[10]. Un mois plus tard le régiment est mis en marche vers la Haute Marne. Il y cantonne en ordre dispersé, réparti entre plusieurs localités. De fait, le 19e GRCA ne s’engagera jamais sur aucun théâtre d’opérations de façon homogène : État-major d’un côté, Groupe d’Escadrons Hippomobiles d’un autre, Groupe d’Escadrons Motorisés d’un troisième, et Escadron Hors Rang ailleurs encore[11].
Lors de l’invasion de la Belgique, puis de la percée de Sedan, les deux escadrons motorisés du 19e GRCA sont précipités vers le département de la Marne, puis vers celui des Ardennes afin de prêter main-forte à la 5e Division de Cavalerie qui recule sous la pression allemande. Ainsi bien épaulée, la 5e Division de Cavalerie, peut franchir l’Aisne le , se repliant vers le sud en bon ordre[12]. Robert de Vanssay sera cité à l’ordre de la Division pour la réussite de cette mission. Les deux escadrons motorisés retournent alors se positionner en réserve au sud de Rethel (Ardennes), au village de Pontfaverger (Marne) non loin de Reims.
Après le franchissement par l’ennemi de la Meuse, l’État-major français a constitué une solide ligne d’arrêt sur la rive gauche de l’Aisne défendue par plusieurs Divisions d’Infanterie[13]. Mais prévoyant sans doute là aussi une possible percée allemande, il retire du dispositif deux régiments d’artillerie, (le 32e Régiment d’Artillerie et le 232e Régiment d’Artillerie Lourde Divisionnaire, jusque-là positionnés dans la boucle ouest de la rivière, entre Rethel (Ardennes) et Asfeld (Ardennes)[14]. Ne restent dans cette zone que les trois régiments de la 10e Division d’Infanterie, dite « Division de Paris ». Au centre, le 24e régiment d'infanterie commandé par le colonel Gabriel Sausse ; à gauche le 5e R.I., et plus au nord, le 46e R.I. Ces trois régiments vont résister sur l’Aisne entre le et le épaulés par les 2 escadrons motorisés du 19e GRCA, ainsi que par des éléments du 15e GRDI.
Les 1re et 2e Panzer-Divisionen du « Groupe Guderian » revenues de l’encerclement de Dunkerque arrivent sur l’Aisne le . Tous les ponts n’ont pas sauté, notamment à Château-Porcien (Ardennes). D’autres points de passage sont âprement ménagés. L’attaque débute le au matin, mais les blindés ne franchiront la rivière qu’aux premières heures du [15]. La défense française face aux blindés allemands est acharnée. Les 2 escadrons motorisés du 19e GRCA arrivés à la hâte dans la nuit du 9 au 10, prennent position aux côtés d’éléments du 24e R.I. déjà fort éprouvés et isolés sur une hauteur proche de St Loup en Champagne (Ardennes), le Bois Jean-Claude. Le vers 5 h 45 les blindés ennemis arrivent sur les positions françaises tenues par les 120 hommes du 19e GRCA. Bientôt à court de munitions, leur situation est désespérée. On avait parlé d’une « mission de sacrifice total »…[16]
Mort pour la France
modifierDans le Bois Jean-Claude, les Français désormais privés de toute capacité de riposte efficace risquent l’encerclement. Robert de Vanssay se résout à ordonner le repli vers le sud, alors qu’un blindé ennemi escalade le coteau vers lui, ouvrant le feu à moins de 25 mètres[17]. Chacun quitte sa position, se dirige par bonds successifs vers le sud en direction du village de Roizy (Ardennes), où une nouvelle ligne de défense doit se former sur la rivière Suippe.
À son tour, Robert de Vanssay atteint la route St Loup/ Blanzy la Salonnaise au lieu-dit « le Signal de St Loup ». Alors qu’il dépasse à pied l’endroit, l’officier change de direction, cherche à rejoindre le colonel Gabriel Sausse (24e R.I) toujours à St Loup (et déjà prisonnier), afin de l’informer du basculement de la situation[18].
Ses hommes tentent de le retenir, mais déjà des fantassins ennemis sont aperçus à moins de 500 mètres, protégés par leurs blindés. Les Français doivent reprendre immédiatement leur marche vers Roizy.
Quelques instants plus tard une rafale de mitrailleuse fauche Robert de Vanssay isolé en plein champ, lequel s’écroule à terre une artère fémorale sectionnée[19].
Resté conscient, il tente de se poser un garrot, aussitôt secouru par le Cavalier de 2e classe François Chardon[20]. N’arrivant pas lui-même à arrêter l’hémorragie, et malgré l’insistance de son chef pour qu’il s’en aille, le soldat du 4e escadron arrive à Saint-Loup-en-Champagne hors d’haleine, à la recherche d’aide urgente et au mépris des tirs ennemis.
Il réussit à convaincre un officier allemand de secourir son Commandant, et repart à sa recherche en compagnie d’autres prisonniers français. Mais avant d’arriver sur place, des fantassins allemands leur barrent le passage, interdisant au petit groupe de continuer. A quelques mètres de là, le Chef d’escadrons Robert de Vanssay est déjà mort, exsangue[21].
Retrouvé en seulement, son corps est temporairement inhumé sur place[22]. Il est par la suite transféré à la Nécropole Nationale de Floing (Ardennes) avec les 85 hommes tombés ce jour-là sur la commune de Saint-Loup-en-Champagne. Sa tombe porte le no 1325.
Vie privée
modifierLe , soit deux semaines avant la déclaration de guerre, il épouse Henriette Marie Pauline de Martin de Viviès[23].
Le ménage a trois enfants dont l’aîné, Paul de Vanssay, devenu plus tard officier de cavalerie et résistant, est tué à Montanges le .
Distinctions
modifier- Chevalier de la Légion d'honneur (décret du 21 décembre 1926)[8] ;
- Croix de guerre – (citation à l'ordre de la division en 1918) ;
- Croix de guerre – (citation à l'ordre de la division et citation posthume à l’ordre de l’Armée en 1941) ;
- Médaille coloniale avec agrafe « Maroc » (1926) ;
- Insigne des blessés militaires ;
- « Mort pour la France » (décision d’attribution N° AC 21P16-4383)[24].
Hommages
modifier- Plaque sur un monument dédié à Saint-Loup-en-Champagne, reproduite ci-contre.
- Monument élevé sur la D 38 au carrefour du "Signal de St-Loup" (Mont de Blanzy); route reliant "St-Loup" à "Blanzy la Salonnaise".
- Hommage du Commandant en Chef des Forces Terrestres, Ministre, Secrétaire d'État à la Guerre daté du , le général Charles Huntziger : "Officier supérieur du plus grand mérite et d'une conscience absolue. Ayant reçu l'ordre dans la nuit du 9 au , de soutenir en arrière de l'Aisne, deux régiments d'Infanterie durement éprouvés, a amené ses unités sur la ligne de combat au milieu de difficultés sans nombre. A reçu au petit jour l'attaque ennemie sans avoir pu s'organiser défensivement, et a lutté en plein champ jusqu'à l'abordage par les chars ennemis. S'est fait tuer à son poste de combat, plutôt que d'abandonner le terrain confié à son Honneur d'Officier."[25]
Notes et références
modifier- Henri Jougla de Morenas, Grand Armorial de France, tome VI, 1948, page 401 ([PDF] lire en ligne).
- Philippe du Puy de Clinchamps, L'ancienne noblesse française en 1955, Les Cahiers nobles, 1955(lire en ligne).
- Site "Mémoire des Hommes"
- Le Figaro du 17 octobre 1912, 8 p. (lire en ligne), p. 3
- Site : "Prisonniers de guerre de la Première Guerre mondiale en Allemagne"
- Site "Maitre du Vent"
- JO du 28 décembre 1921, « Tableau d'avancement Armée française - Promotion capitaine pour 2022 du lieutenant Robert de Vanssay » (consulté le )
- JO du 31 décembre 1926, « Nominations et promotions Légion d'honneur : nomination Robert Achille Gabriel de Vanssay, lieutenant au 5e régiment de chasseurs, 18 ans de services, 7 campagnes, 1 blessure. » (consulté le )
- Site "Genèse et Missions des GRCA"
- Historique complet du 19e GRCA - page 142
- Historique complet du 19e GRCA - pages 16 à 21
- Historique complet du 19e GRCA - pages 36 à 56
- "The battle on the Aisne River" - David Lehmann - Paragraph "10 june 1940"
- Historique complet du 19e GRCA - pages 88 et 91
- Livre "La Bataille de l'Aisne" - Claude Antoine - Editions Cabedita - Page 38
- Historique complet du 19e GRCA - pages 87, 88 et 99
- Historique complet du 19e GRCA - page 99
- Historique complet du 19e GRCA - page 100
- Journal de marche du 19e GRCA - Lt-Colonel Amanrich
- Historique complet du 19e GRCA - page 101
- Historique complet du 19e GRCA - page 102
- Livre "Compagnons de l'Honneur" - Rémy - France Empire - page 252
- Henriette de Viviès, Barque bercée, barque brisée, Edouard Privat Editeur p. 49.
- Service Historique de la Défense - BP 552 - 14037 Caen Cedex
- Service Historique de la Défense - Château de Vincennes - Dossier cote GR 8 Ye 37114