Relations entre Israël et le Maroc

relations diplomatiques s'exerçant entre l'état d'Israël et le Royaume du Maroc

Les relations entre Israël et le Maroc sont les relations diplomatiques entre l'État d'Israël et le royaume du Maroc. Depuis la création de l'État hébreu en 1948[1], une relation secrète s'est développée entre les deux États sans qu'il y ait une reconnaissance officielle de l'État d'Israël de la part du Maroc. Le 4 juillet 1994, les deux États ouvrent des bureaux de liaison à Rabat et Tel Aviv après une rencontre diplomatique à Paris entre les deux ministres des Affaires étrangères, Tzipi Livni et Mohamed Benaïssa. Ces représentations seront fermées en octobre 2000 après la seconde intifada[2].

Relations entre Israël et le Maroc
Drapeau d’Israël
Drapeau du Maroc
Israël et Maroc
Israël Maroc
Ambassades
Ambassade du Maroc en Israël
  Ambassadeur Abderrahim Bayoud
Ambassade d'Israël au Maroc
  Ambassadeur David Govrin
Histoire et événements
Normalisation des relations diplomatiques

Le , Israël et le Maroc rétablissent leurs relations diplomatiques dans le cadre d'un accord trilatéral impliquant les États-Unis[3], qui reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental[4].

Auparavant, les responsables politiques des deux pays se sont rencontrés à plusieurs reprises, notamment le , quand le Premier ministre israélien Shimon Peres s'est rendu au Maroc pour rencontrer le roi Hassan II[5].

Histoire des relations entre les deux pays

Le Mossad israélien procure une aide opérationnelle dans l’élimination de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé en région parisienne le 29 octobre 1965[6]. Mais en 1973 le Maroc envoie au Golan un contingent se battre aux côtés des Syriens contre Israël lors de la guerre d'octobre 1973[7].

Le Maroc envoie 6 000 soldats de ses forces armées royales côté syrien et participé à la bataille de Kuneitra.

Un « Wikileaks marocain » révèle en 2014 que les États marocain et israélien entretiennent un dialogue politique permanent[8].

Le président américain Donald Trump officialise le 10 décembre sur les réseaux sociaux la décision du roi Mohammed VI d’établir des relations diplomatiques avec l’État d’Israël. Cette annonce est bientôt suivie d’un communiqué royal[9]. En échange, Washington reconnait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et décerne à Mohammed VI la Légion du mérite[10]. L'accord de normalisation des relations entre les deux pays est signé officiellement le 22 décembre 2020[11].

La normalisation avec Israël est perçue comme étant une décision solitaire du roi, le Parlement et les partis politiques n'ayant pas été consultés ni même informés préalablement. La plupart de ces derniers sont restés silencieux, ne souhaitant pas s'opposer à une décision du roi malgré une opinion publique marocaine largement opposé à la décision du roi voyant cette acte comme une trahison envers Dieu et à l’Islam[12], traditionnellement sensible à la cause palestinienne. Seuls le Parti socialiste unifié et la Voie démocratique ont clairement dénoncé la décision. Les manifestations de rues hostiles à la normalisation sont interdites par le pouvoir[9].

Le Maroc a effectué une intervention visant à faciliter l'obtention par Israël du statut d'observateur au sein de l'Union africaine, mais lors de la réunion du 19 février 2023, l'Algérie et l'Afrique du Sud ont réussi à exclure Israël de l'Union africaine malgré les pressions marocaines[13].

En contrepartie, le Maroc souhaite bénéficier d’investissements israéliens importants et intensifier la coopération sécuritaire, laquelle existe de longue date. Israël assure aussi le royaume marocain de son soutien face à son rival régional, l'Algérie, qui soutient publiquement et fortement la cause palestinienne[14].

Israël reconnaît officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental[15].

Diasporas

Marocains en Israël

La communauté juive au Maroc est issue d'une présence historique longue. Le gouvernement marocain a toujours accepté la communauté juive sur son territoire même après la création de l'État d'Israël en 1948, facilitant les liens diplomatiques entre les deux États[16]. Dans les années 1950 et 1960, sous l'action des mouvements sionistes et l'effet de la pauvreté, une grande partie de la communauté juive quitte le Maroc pour l'Amérique latine, les États-Unis, le Canada (et particulièrement le Québec) et la France. Mais l'émigration vers Israël est prépondérante, légale entre 1948 et 1955, avec 70 000 personnes, puis interdite et clandestine entre 1955 et 1961 avec 65 800 personnes, puis, après le naufrage d'un navire, le Pisces, avec quarante-trois passagers, à nouveau autorisée par Hassan II (opération Yakhin). De 230 000 personnes environ en 1948, la communauté juive passe à moins de 70 000 lors de la guerre des Six Jours en 1967[17]. Cette guerre suscite des troubles anti-juifs au Maroc, provoquant une recrudescence d'émigration, plus vers le Canada, l'Espagne et la France que vers Israël. En 1989, la communauté juive marocaine ne dépasse pas les 10 000 personnes. Selon le magazine La Vie éco, c'est finalement plus de 90 % de la communauté juive qui a émigré en Israël[18].

Juifs au Maroc

La communauté juive au Maroc est issue d'une présence historique longue. Le gouvernement marocain a accepté la communauté juive sur son territoire même après la création de l'État d'Israël en 1948, facilitant les liens diplomatiques entre les deux États[16].

Certaines villes marocaines possèdent des mellahs (quartiers juifs), notamment celle de Marrakech. Le Maroc est également le seul pays arabe à avoir un musée juif[19].

Le Maroc reconnaît, par ailleurs, l'ascendant hébraïque en tant que composante de la définition de l’identité marocaine, à la lettre du préambule de la Constitution marocaine de 2011[20]. Les juifs marocains, sont activement intégrés à la vie politique, à l'instar du conseiller particulier du roi, André Azoulay, ainsi que l'ancien ministre du Tourisme, Serge Berdugo. De nombreuses écoles juives, présentes dans tout le Royaume, compte en leur sein juifs et marocains, les plus connues étant l'École normale hébraïque et le lycée Maïmonide, toutes deux implantées à Casablanca, et homologuées par l'AEFE (agence française pour l'enseignement français à l'étranger).

Une politique volontariste est menée par le Royaume pour éradiquer l’antisémitisme au Maroc particulièrement, et dans le monde arabe plus généralement[21].

Certains nombreux observateurs relèvent l'importance des diasporas juives marocaines, et leur influence dans les domaines de la politique, la diplomatie et des affaires[22].

Événements

Rapprochement militaire

En juillet 2022, c'est la première fois qu'un chef de l'armée israélienne, Aviv Kochavi, effectue une visite officielle au Maroc[23], consolidant ainsi leur alliance stratégique et militaire[24].

En juin 2023, Israël participe pour la première fois aux manœuvres militaires African Lion. Selon le porte-parole militaire israélien : « Une délégation de 12 soldats et officiers du Bataillon de Reconnaissance Golani a quitté Israël dimanche pour prendre part aux manœuvres African Lion 2023 qui se déroulent au Maroc »[25] Cependant, l'année précédente, l'armée israélienne a participé à African Lion en tant qu'observateurs militaires internationaux, ce qui signifie que ses soldats n'ont pas participé aux exercices[26].

Visites officielles

Le 7 juin 2023, Amir Ohana, chef du parlement israélien affilié au Likoud (parti de droite), a effectué la première visite officielle au parlement marocain, marquant ainsi une étape historique en tant que première visite dans un pays musulman[27]. Cette visite a eu lieu à une date symbolique, faisant référence à la guerre des Six Jours, également connue sous le nom de Naksa. Cependant, des manifestations ont également eu lieu pour exprimer leur opposition à cette visite[28].

Notes et références

  1. « A/RES/181(II) of 29 November 1947 », sur web.archive.org, (consulté le ).
  2. « وزير خارجية المغرب يلتقي بنظيرته الإسرائيلية في باريس – الشروق أونلاين », sur web.archive.org,‎ (consulté le ).
  3. « Le rapprochement entre le Maroc et Israël bouleverse les rapports de force dans la région », sur RFI, (consulté le ).
  4. « Les États-Unis adoptent une carte du Maroc intégrant le Sahara occidental », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  5. « Retour sur la rencontre singulière entre Shimon Peres et Hassan II », sur Telquel.ma (consulté le ).
  6. « Pegasus. Tel-Aviv et Rabat, une si longue histoire d’amour », sur humanite.fr via Wikiwix, (consulté le ).
  7. « Guerre des Six-Jours : Nouvelles révélations sur le rôle de Hassan II dans la victoire d’Israël », sur Le Desk, .
  8. Ignacio Cembrero, « Un « Wikileaks marocain » qui secoue le pouvoir - Le monde vu à travers le prisme du Sahara occidental », sur Orient XXI, .
  9. a et b Omar Brouksy, « Maroc. Normalisation avec Israël, une décision solitaire du roi », sur Orient XXI, .
  10. « Trump accorde la Légion du mérite au roi du Maroc Mohammed VI », sur L'Orient-Le Jour, .
  11. (en) Judah Ari Gross, « Israel, Morocco ink deals, agree to reopen mutual liaison offices within weeks », sur Times of Israel, .
  12. « Au Maroc, l’hostilité à la normalisation avec Israël ne cesse de progresser - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  13. « Le cas israélien divise à nouveau l’Union africaine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Khadija Mohsen-Finan, « Algérie-Maroc, les enjeux de la rupture », sur Orient XXI, .
  15. (en) « Israel recognizes Moroccan sovereignty over Western Sahara », sur AP News, (consulté le )
  16. a et b (en-GB) Al Jazeera, « Return To Morocco - PalestineRemix », sur interactive.aljazeera.com (consulté le ).
  17. Geoffrey Widoger, Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Laffont, , 1635 p. (ISBN 978-2221080993), p. 1374
  18. « Jewish Refugees from Arab Countries », sur jewishvirtuallibrary.org (consulté le ).
  19. (en) Alecia Cohen, « Museum of Moroccan Judaism (Jewish Museum) in Casablanca », sur moroccotravelblog.com, (consulté le ).
  20. « Royaume du Maroc, Constitution de 2011, Digithèque MJP », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  21. « Le Maroc est un partenaire dans la lutte contre l'antisémitisme, selon une diplomate US , H24info », sur h24info.ma, (consulté le ).
  22. H24info, « Lobbying : qui sont ces juifs marocains influents ? », sur h24info.ma, (consulté le ).
  23. Le Point Afrique, « Maroc-Israël : au-delà de l’alliance militaire, des projets industriels », sur Le Point, (consulté le ).
  24. « Le Maroc et Israël instaurent leur première coopération juridique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. (en) Basma El Atti ــ Rabat, « Israeli soldiers join African Lion military drill in Morocco », sur newarab.com,‎ (consulté le ).
  26. (en-GB) « Israel joins African military exercises in Morocco », sur Middle East Monitor, (consulté le ).
  27. « Première visite au Maroc d’Amir Ohana, président de la Knesset – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
  28. AfricaNews, « Maroc : manifestation contre la visite du chef du Parlement israélien », sur Africanews, 2023-06-08cest11:44:24+02:00 (consulté le ).

Articles connexes