Pfalz-ardenner
Le Pfalz-ardenner (allemand : Pfalz-Ardenner Kaltblut) est une race de chevaux de trait de format moyen, originaire du Land de Rhénanie-Palatinat, en Allemagne. Comme son nom l'indique, il dérive de la race transfrontalière de l'Ardennais, à partir de croisements entre des chevaux de trait français, belges, et dans une moindre mesure bavarois. Son stud-book ouvre en 1906, acceptant dès l'origine de nombreux croisements. La motorisation des activités agricoles le conduit au bord de l'extinction dans les années 1970.
Ardennais palatin alezan au Tiergarten de Worms. | |
Région d’origine | |
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Région | Rhénanie-Palatinat, Allemagne |
Caractéristiques | |
Morphologie | Cheval de trait |
Registre généalogique | Oui (1906)[1] |
Taille | 1,52 m à 1,62 m |
Poids | 700 à 800 kg en moyenne, jusqu'à 1 000 kg |
Robe | Généralement bai, alezan ou noir |
Tête | Petite, front large |
Pieds | Durs |
Statut FAO (conservation) | Critique |
Autre | |
Utilisation | Attelage, traction, loisirs, viande |
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Ses effectifs étant réduits à 25 têtes en 2015, il est considéré comme une race rare, en danger critique d'extinction. Sa conservation fait l'objet de publications et d'initiatives en Allemagne. Le stud-book accepte toujours des croisements avec d'autres races de chevaux de trait, un cheval issu de ce type de croisement étant potentiellement considéré comme Pfalz-ardenner s'il répond aux orientations d'élevage et que l'un de ses deux parents est un Pfalz-ardenner.
Histoire
modifierLe Pfalz-ardenner est une race relativement jeune[2], dérivée comme son nom l'indique (Pfalz-Ardenner) de l'Ardennais[3]. Dans la base de données DAD-IS, cette race est référencée sous le nom de Pfalz Ardenner Kaltblut[4], soit « Ardennais palatin à sang froid » en français. Si les origines des Ardennais peuvent être retracées jusqu'au XVIIe siècle[3], la race allemande provient plus spécifiquement de différents croisements entre chevaux de trait français et belges, entrepris au début du XXe siècle[5] dans le sud-ouest de l'Allemagne[4]. Les chevaux Ardennais français ont l'influence la plus importante[6], mais quelques Comtois entrent également en croisement, avec des chevaux de trait de Rhénanie et de Bavière[2]. Une coopérative d'élevage ouvre en 1896, puis un stud-book est créé dix ans plus tard, en 1906, sur la base d'imports de chevaux Ardennais depuis l'Alsace et la Lorraine, en France, avec une petite contribution des chevaux de Bavière[3],[7]. Le stud-book Pfalz-Ardenner a toujours été très ouvert, acceptant un grand nombre de chevaux en croisement[2]. Avec la motorisation de l'agriculture, la race est menacée d'extinction dans les années 1970[5].
Le Pfalz-ardenner n'a jamais été considéré comme une race indépendante avant les années 2010[8]. Depuis lors, quelques éleveurs de la région de Rhénanie-Palatinat-Sarre se sont consacrés à sa préservation[2].
Description
modifierCAB International[3] et le guide Delachaux[5] indiquent une taille moyenne allant de 1,52 m à 1,62 m, correspondant au règlement du stud-book de la race[7]. En revanche, DAD-IS indique une taille moyenne de 1,57 m chez les femelles et 1,60 m chez les mâles[4]. Le poids est compris entre 700 et 800 kg, ce qui en fait un cheval de trait de poids moyen[9]. Cependant, ce poids peut monter jusqu'à 1 000 kg[10]. L'espérance de vie est d'environ 25 ans[10].
Morphologie et robe
modifierLa tête, plutôt petite, présente un front large et est surmontée d'oreilles courtes[5]. Le poitrail est large, et la croupe musclée[5]. Le corps doit être d'épaisseur moyenne pour un cheval de trait, avec un passage de sangle profond[7]. Les pieds doivent être durs[7].
Toutes les robes sont autorisées[3], mais les plus courantes sont, d'après le guide Delachaux, le bai, l'alezan, le noir, le gris et le rouan[5]. En revanche, le stud-book de la race (2015) n'indique pas le rouan parmi les robes rencontrées[7].
Sélection
modifierDepuis 2008, le stud-book accepte officiellement en croisement des chevaux de race Ardennais, Breton, Comtois, Trait allemand du Sud, Trait de Rhénanie et Ardennais suédois[2],[11], à condition que l'autre parent soit un Pfalz-Ardenner enregistré[2],[11], que le cheval de croisement réponde aux objectifs d'élevage et qu'il soit enregistré dans le stud-book de sa propre race[12]. L'objectif est de conserver la sélection d'un cheval de trait polyvalent de poids moyen[2]. Les sujets doivent par ailleurs être capables de travailler aux trois allures[7], et sont testés entre autres sur leurs capacités de travail à la traction[13]. Une sélection est menée sur le caractère afin de favoriser les chevaux doux et polyvalents, équilibrés, et aptes aux pratiques de loisirs[11]. Les étalons peuvent être approuvés à la reproduction à partir de l'âge de trois ans, sur évaluation[14]. Il en est de même pour les juments[15]. Les chevaux appartenant à la race portent un suffixe à leur nom, propre à leur élevage de provenance[16].
Utilisations
modifierLa race était destinée à l'origine à l'agriculture et au débardage, mais la motorisation a largement réduit ces activités[3],[5]. Le Pfalz-Ardenner est de nos jours destiné à l'attelage, au débardage (et autres travaux agricoles et forestiers) et à l'équitation de loisir[3],[5],[17]. Il peut toujours travailler en traction lourde mais est aussi élevé pour sa viande[10]. La race était jadis appréciée pour sa polyvalence[2].
Diffusion de l'élevage
modifierComme son nom l'indique, le Pfalz-Ardenner est essentiellement élevé dans le Sud-Ouest de l'Allemagne, en Rhénanie-Palatinat[3],[4]. L'étude menée à l'université d'Uppsala, publiée en pour la FAO, le signale comme une race locale européenne en danger critique d'extinction[18], de même que l'étude de la chercheuse suédoise Carolina Liljenstolpe, Horses in Europe (2009)[19].
En 2015, l'effectif enregistré est extrêmement réduit, avec 25 têtes, incluant 22 juments et 3 étalons[4]. La race est signalée en danger d'extinction (2018) sur DAD-IS[4]. Elle figure sur la liste rouge des races animales indigènes allemandes menacées d'extinction (Rote Liste der gefährdeten einheimischen Nutztierrassen)[20]. Son cheptel sous les 50 individus classe localement le Pfalz-Ardenner comme « population menacée d'extinction » (Phänotypische Erhaltungspopulation: vom Aussterben bedroht[21]).
Malgré ce cheptel très faible, la situation du Pfalz-Ardenner fait l'objet d'un suivi actif en Allemagne, H. Haring assurant en 2005 que « la conservation de ce groupe de race [les chevaux de trait allemands] peut être considérée comme assurée »[22] ; le contexte de reproduction en chevaux de trait allant globalement vers la remontée des effectifs[23]. En prenant en compte les chevaux de croisement, la population reproductrice en Pfalz-Ardenner dans le berceau d'élevage est d'environ 60 juments et 8 étalons en 2015[11]. Le Pfalz-Ardenner est par ailleurs éligible aux aides financières accordées pour la préservation des races menacées (2015)[24].
Notes et références
modifier- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar 2015.
- Pferdezucht-de.
- Porter et al. 2016, p. 495.
- DAD-IS.
- Rousseau 2016, p. 217.
- Herold, Jung et Scharnhölz 2013, p. 14.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 2.
- Herold, Jung et Scharnhölz 2013, p. 13.
- (de) Julia Wirth, Pferde in der modernen Forstwirtschaf, Rottenburg (lire en ligne).
- Tiegarten.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 3.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 4.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 9 ; 12.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 5.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 6.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 15-16.
- Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar, p. 2-3.
- (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 60 ; 64.
- (en) Carolina Liljenstolpe, Horses in Europe, Uppsala, SLU, (lire en ligne), p. 15.
- (de) Dr. Inge Gotzmann et Daniel Kölzer, Biologische Vielfalt – ein Thema für Heimatmuseen, Bund Heimat und Umwelt in Deutschland, (ISBN 978-3-925374-94-4), p. 17.
- Herold, Jung et Scharnhölz 2013, p. 15.
- (de) H. Haring, « Entwicklung, Stand und Perspektiven der Deutschen Pferdezucht », Züchtungskunde, Stuttgard, vol. 77, no 6, , p. 490–495 (ISSN 0044-5401).
- (de) Viola Stolz, Untersuchungen zur situation der pferdereproduktionsmedizin in Deutschland, Laufersweiler Verlag, (lire en ligne).
- (de) « MBl. NRW. Ausgabe 2015 Nr. 12 vom 15.5.2015 Seite 273 bis 298 | Landesrecht NRW », sur recht.nrw.de (consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- [Herold, Jung et Scharnhölz 2009] (de) Peter Herold, Jutta Jung et Reinhard Scharnhölz, Arbeitspferde im Naturschutz : Beispiele, Einsatzbereiche und Technik [« Les chevaux de trait dans la conservation de la nature : exemples, applications et techniques »], Bonn, BfN-Skripten 256, (lire en ligne)
- [Hartmann et al. 2006] (de) Otto Hartmann, E. Bruns, B. Hertsch et W. Schade, Pferdezucht [« L'élevage de chevaux »], Stuttgart (Hohenheim), Eugen Ulmer KG, , 222 p. (ISBN 3-8001-4861-7 et 978-3800148615)
- [Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar 2015] (de) Ursprungszuchtbuch Pfalz Ardenner Kaltblut [« Programme d'élevage de l'Ardennais palatin »], Pferdezuchtverbandes Rheinland-Pfalz-Saar e.V, , 16 p.
- [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453), « Pfalz Ardenner », p. 495.
- [Rousseau 2016] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Guide des chevaux d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-02437-9), « Pfalz-ardenner », p. 512. .
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- (en) « Pfalz Ardenner Kaltblut / Germany (Horse) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS)
- (de) « Pfalz-Ardenner Kaltblut », tiergarten-worms.de (consulté le )
- (de) « Pfalzardenner », pferdezucht-rps.de (consulté le )