Paul Hagenmuller
Paul Hagenmuller, né le à Wiesbaden (Province de Hesse-Nassau, Empire allemand) et mort le à Gradignan[1], est un chimiste français. Il est considéré comme le père de la chimie du solide en France et à la tête d'une école à l'université de Bordeaux.
Naissance | |
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Jean Paul Hagenmuller |
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Université de Strasbourg (d) Université de Strasbourg |
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Distinctions | Liste détaillée Médaille August Wilhelm von Hofmann (d) () Prix Gay-Lussac Humboldt () Docteur honoris causa de l'université de Technologie de Gdansk () Officier de la Légion d'honneur |
Biographie
modifierPaul Hagenmuller commence ses études en 1939 à l'université de Strasbourg à Strasbourg puis à Clermont-Ferrand où elle repliée pendant l'occupation[2]. Engagé dans la Résistance, il est déporté à Buchenwald puis à Dora (1943-1945)[2].
Seconde Guerre mondiale et Résistance
modifierArrestation
modifierAu debut 1943, Hagenmuller rejoint l`Armée secrète et la formation préparatoire à la Brigade indépendante Alsace-Lorraine . Après que deux agents de la Gestapo (SiPo-SD) ont été abattus au domicile du professeur au lycée Blaise-Pascal, Jean-Michel Flandin, les occupants allemands ont effectué une rafle le 24 juin 1943 dans le foyer Gallia de l'Université de Strasbourg. Ils ont arrêté 36 étudiants alsaciens et lorrains, dont l'étudiant en chémie, Paul Hagenmuller[3].
Dans les camps de concentration
modifierHagenmuller a été emmené avec ses camarades à la caserne du 92e régiment d'infanterie, où ils ont été divisés en deux groupes , les aryens et les juifs [4]. Le lendemain (26 juin), ils ont été transportés à la prison de La Mal Coiffée à Moulins. 18 juillet les Juifs sont transférés au Camp de Drancy, les « Aryens » au camp de Compiègne.
En 1947, Hagenmuller a décrit son expérience à Compiègne: « À part quelques corvées, on ne travaille pas. Les coups sont plus rares qu'en prison. Les livres de la Croix-Rouge et les paquets sont autorisés »[5]. Il est déporté au camp de concentration de Buchenwald par le convoi du [6]. Arrivée au KZ Buchenwald le et attribué au Block 26 il reçoit le numéro d'enregistrement 31231[7].
En 29 octobre 1944, il est transférée vers le Camp de concentration de Dora[8]. Le 4 avril 1945, Hagenmuller embarque un convoi ferroviaire. « Le voyage dura six jours. Six jours pendant lesquels nous ne touchâmes rigoureusement aucun ravitaillement. Il nous fut même interdit de puiser dans un silo de betteraves que nous avions trouvé près de la voie ferrée lors d'un arrêt. Nous n'avions à nous mettre sous la dent que l'herbe et les racines que nous broutions à chaque halte. Nous étions cent par wagon, debout ou recroquevillés sur nous-mêmes. Dans mon wagon, la moitié étaient Français »[9]. Le 10 avril 1945, le convoi est arrivé au camp de concentration de Bergen-Belsen, où Hagenmuller a été libéré trois jours plus tard par les troupes britanniques. Il est rapatrié le 29 avril 1945 en France, via Bruxelles.
« Malgré ses années de déportation et de souffrances, Paul Hagenmuller fut dès le début un partisan convaincu de la nécessité d’un rapprochement scientifique francoallemand »[10]
Après la guerre
modifierDe 1954 à 1956, il enseigne au Viêt Nam (Hanoï puis Saïgon). En , il est nommé maître de conférences à la faculté des sciences de Rennes[2],[11].
En 1960, il quitte pour Bordeaux où il effectuera la suite de sa carrière et marquera l'histoire de la chimie des solides[2].
Il meurt le [12].
Publications
modifierOuvrages scientifiques
modifierOuvrages non scientifiques
modifier- De l'Université aux camps de concentration : Témoignages strasbourgeois, Les Belles Lettres, 1re éd., 1947 (participation à un ouvrage collectif) : La Rafle du .
Appartenance à des sociétés savantes
modifier- Membre des Académies des sciences de Göttingen et de Berlin, de Pologne, de Bulgarie, du Brésil, de Russie et de Suède, membre de l'Académie des sciences allemande Leopoldina, de l'Académie internationale de la céramique, de l'Academia Europaea, de l'Académie des sciences du Tiers monde, et des deux Académies des sciences indiennes (Académie indienne des sciences et Indian National Science Academy (en))[13].
- Professeur honoraire auprès de l'Académie chinoise des sciences.
Distinctions
modifier- Lauréat de l'Académie des sciences (1965)
- Médaille d'or de la Société chimique de la RFA (de), prix franco-allemand de la fondation Alexander-von-Humboldt, médaille von Hofmann de la Société des chimistes allemands (de) (RFA)
- Prix international de la Fondation de la maison de la Chimie
- Prix international Henri Moissan de chimie du fluor
- Docteur honoris causa de l'université d'Iéna
- Docteur honoris causa de l'École polytechnique de Gdańsk en 1985[14]
- Docteur honoris causa de l'École des mines et de la métallurgie de Cracovie[15] en 1989
- Docteur honoris causa de l'université de technologie de Canton
- Médaille d'or de l'Académie tchécoslovaque des sciences (ČSAV)
Décorations honorifiques
modifier- Commandeur de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil
Références
modifier- ↑ Relevé des fichiers de l'Insee
- Pierre Teissier, « Paul Hagenmuller. Itinéraire de l’enfant terrible de la chimie du solide française », L'Actualité chimique, 2008, halshs-01078854
- ↑ Laurent Thiery et Lionel Roux, Le Livre des 9000 Déportés de France à la Mittelbau–Dora : Hagenmuller, Paul, Paris, Cherche Midi, , 2.414 (ISBN 978-2-7491-6473-1), p. 1083
- ↑ Paul Hagenmuller, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : La Rafle du 25 Juin 1943 à la Gallia, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 1-2
- ↑ Paul Hagenmuller, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : La Rafle du 25 Juin 1943 à la Gallia, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 4
- ↑ André Sellier, « CONVOI du 28 OCTOBRE 1943. COMPIEGNE - BUCHENWALD », sur Fondation pour la Mémoire de la Déportation, (consulté le ) : « LIVRE-MEMORIAL des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution. 1940-1945 »
- ↑ (de) « Akte von Hagenmuller, PAUL, geboren am 3.8.1921 », sur Arolsen Archives Online-Collections, Yad Vashem, (consulté le ).
- ↑ (en) « DocID: 6052706 (PAUL JEAN HAGENMÜLLER) », sur Arolsen Archives (consulté le )
- ↑ Paul Hagenmuller, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : L'ÉVACUATION DE DORA, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 4
- ↑ Michel Pouchard, « Paul Hagenmuller. Notice nécrologique », sur Académie des sciences. Institut de France, (consulté le )
- ↑ [PDF] Benjamin Gallon et Dominique Bernard, « Histoire de la chimie à la Faculté des sciences de Rennes de 1840 à 1966 », université de Rennes 1 (avec plusieurs photos où apparait Paul Hagenmuller)
- ↑ « Hommage à Paul Hagenmuller », Université de Bordeaux, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Remise des diplômes de membres de l’Académie des Sciences de Russie »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Académie des sciences,
- ↑ « Doktorzy Honoris Causa », sur pg.edu.pl (consulté le )
- ↑ « Paul Hagenmuller – Historia AGH », sur historia.agh.edu.pl (consulté le )
Liens externes
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- Ressource relative à la recherche :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Notice sur le site de l'Académie des sciences