Nom de la Tchéquie

appellation de la Tchéquie

Le terme République tchèque est l’appellation officielle en français et la traduction des termes Česká republika de la Constitution de l’État du même nom[1]. « Tchéquie » constitue l’appellation abrégée de celui-ci et en est le nom officiel dans la plupart des organisations internationales dont il est membre (OIT[2], ONU[3], Conseil de l'Europe[4], etc.).

Panneau frontalier de la Tchéquie.

Historique

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Le terme « Tchéquie » traduit le tchèque Česko apparu pour la première fois en 1777[5], réapparu lors de la création de la Tchécoslovaquie en 1918[6], puis en 1978[7], à la suite de la fédéralisation du pays.

Le mot français Tchéquie est documenté dès 1843[8], puis dès 1851[9], ou dès 1852[10].

Le mot Tchéquie est toujours utilisé comme synonyme de Bohême, ce qui est parfois explicitement souligné : en Bohême (ou Tchéquie), de la Tchéquie (Bohême)[11] et Dans le royaume de Bohême (Tchéquie)[12].

La Tchéquie était aussi le nom abrégé de la partie tchèque de la première république tchécoslovaque, occupée par les nazis entre 1938 et 1945, amputée de la région des Sudètes, et appelée « protectorat de Bohême-Moravie » : il s’agit de la traduction de l’allemand Tschechei. L’Allemagne contemporaine a évité de donner au pays le même nom court et l’appelle désormais Tschechien. Pour désigner le territoire de l’actuelle République tchèque, indépendamment du régime politique en place, c’est cependant le terme de « Pays tchèques » (české země) qui a été le plus utilisé après 1945[13], jusqu’à la diffusion du terme Česko depuis la fin des années 1990.

Il existe une subtilité géolinguistique propre à la Tchéquie. En effet, les Moraves, citoyens de la République tchèque, refusent de dire qu’ils sont des « Tchèques » au sens géographique (Čech en tchèque) car pour eux ce terme désigne un habitant de la Bohême (Čechy en tchèque), mais se définissent comme « tchèques » au sens ethnique (český en tchèque) quand ils se définissent par rapport aux autres communautés linguistiques, allemandes, polonaises, slovaques ou autres. Les termes de české země (« pays tchèques ») ou de Česko (« Tchéquie ») sont là pour définir le nom du pays dont le cœur historique sont les Čechy (la Bohême) et qui inclut aussi la Morava (la Moravie).

L’Institut de la langue tchèque n’a ni imposé ni réfuté le mot Česko : il lui consacre un long chapitre didactique et explicatif sur son site[14]. Il est, en revanche, prôné par l’Institut géodésique et cadastral tchèque (cs) (Český úřad zeměměřický a katastrální) en 1993 comme étant le « toponyme correct » du pays. Le ministère des Affaires étrangères lui emboîte alors le pas et recommande cette variante sur son site. La presse tchèque et les médias en général utilisent de plus en plus fréquemment le mot Česko (Tchéquie), gardant le terme Česká republika (République tchèque) pour les seules occasions officielles.

La Commission de toponymie de l’Organisation des Nations unies, tout en reconnaissant l’existence de la forme courte en tchèque, n’indique que la forme République tchèque pour désigner le pays en français[15]. Pour la République tchèque, la promotion d’une traduction directe du terme Česko a été au mieux négligée, sinon volontairement ignorée du fait d’un manque de consensus interne[16].

Pour sa part l’arrêté français du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales (arrêté Juppé-Bayrou) ne mentionne aucune forme courte correspondant à République tchèque dans sa liste annexe.

Malgré les divergences à ce sujet, les dirigeants du pays prennent le la décision d’adopter officiellement la forme courte « Tchéquie » en plus de la forme longue « République tchèque »[17]. Ils estiment que cette dénomination sera plus pratique pour l’identification du pays à l’étranger. Le nom abrégé a été enregistré auprès de l’Organisation des Nations unies[18]. À partir d’, la liste des pays de l’UE indique « Tchéquie » au lieu de « République tchèque »[19]. Eurostat aussi a remplacé « République tchèque » par « Tchéquie » dans toutes ses bases de données en [20].

La désignation de la République tchèque comme « Tchécomoravie » (Českomoravsko en tchèque) apparait également, notamment à partir de 2016, en parallèle des efforts de promotion de la désignation Tchéquie[21]. Jaroslav Krábek — président de l’association civique Communauté nationale morave — a demandé, dans une lettre ouverte datée du 31 décembre 2022, l’utilisation du nom de « Tchécomoravie » pour désigner l’espace tchéco-moravo-silésien. Cette appellation serait justifiée par le fait que les termes Čechy (« Bohême ») et sa variante Česko (« Tchéquie ») ont tous deux la même racine. Par conséquent, l’utilisation du nom propre Tchéquie pour l’ensemble du pays reviendrait à mettre en avant la seule Bohême au détriment de la Moravie. Jaroslav Krábek conclut que seule l’appellation de « Tchécomoravie » (et de « tchécomorave ») traduit fidèlement la composition géographique du pays[22].

Enfin, le mot Čechie, parfois utilisé poétiquement comme allégorie de la nation, pourrait être rendu par « Tchéquissime », comme dans le cas du club pragois de football Čechie de Karlín[23].

Nom du pays dans d’autres langues

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Bien qu’en latin, les Pays tchèques (trois régions historiques de Bohême (Čechy), Moravie (Morava) et Silésie (Slezsko) étaient désignées par le nom collectif de Bohemia, basé sur le fait qu’elles faisaient ensemble partie de la Corona regni Bohemiae (Couronne de Bohême), dans la première moitié du XVIe siècle, la Bohême (proprement dite) était désignée sous le nom de Czechia, dont la première trace historique se trouve dans la Chronique de la Bohême (Kronyka Czeska) de Václav Hájek z Libočan en 1541. (Václav Hájek n’a pas utilisé le terme dans le texte latin, mais dans le texte tchèque ; il a remplacé la lettre actuelle Č par le préfixe , alors existant, c’est-à-dire Cžechya[24].

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le nom Czechia a commencé à être couramment utilisé en latin et, en 1598, Czechia figure dans le dictionnaire bohémien (tchèque)-latin-grec-allemand publié par Daniel Adam z Veleslavína[25].

En outre, la désignation Czechia est mentionnée, par exemple, par Pavel Stránský ze Záp dans son ouvrage Respublica Bojema de 1634, qui la mentionne déjà dans son premier chapitre De situ qualitatibusque Bojemiae : Europaei orbis ea regio, quam (quemadmodum Chorographis placet) inter longitudinis gradum trigesimum quartum et quintum aliquanto ultra trigesimum octavum, et inter latitudinis gradum quadragesimum octavum et nonum ad quinquagesimum primum, gens mea colit, usitato jam nomine Bojemia, seu Bohemia, et Boemia, itemque Czechia vocatur. Dans la traduction d’Emanuel Tonner, 1893 : Sur l’emplacement et la nature du pays de Bohême : « Dans ce pays d’Europe, cette partie du monde que les géographes inscrivent dans la longitude comprise entre le trente-quatrième et le cinquième degré jusqu'au trente-huitième, et dans la latitude comprise entre le quarante-huitième et le neuvième degré jusqu'au cinquante et unième, les Bohémiens (Čechové c’est-à-dire le peuple tchèque) habitent la Bohême (Čechy c'est-à-dire Czechia), le comté de Glatz qui a appartenu à la Bohême jusqu’en 1742 et, plus à l’est, le margraviat de Moravie »[26].

L’équivalent officiel du mot Česko en anglais est Czechia. Le mot anglais Czechia est documenté dès 1841 (Poselkynie starych Przjbiehuw Czeskych - Messenger of the old Fates of Czechia)[27], puis dès 1856[28], ou dès 1866[29]. Le mot Czechia est utilisé comme synonyme de celui de la Bohême[30].

D’autres constructions, comme The Czechlands (suivant l’exemple de The Netherlands)[31], Czechland (suivant l'exemple de Finland), ou éventuellement la forme grammaticalement incorrecte Czecho (en lien avec Czechoslovakia) ont été proposées comme une courte désignation de la République tchèque.

Le nom Czechia a été enregistré à l’ONU en 2016[32] et fait partie de la liste officielle des pays de l'UE[33].

Le polonais utilise traditionnellement le mot Czechy pour désigner à la fois la Bohême en tant que pays historique et l’État tchèque. De la même façon, le hongrois Csehország, le croate, slovène et serbe Češka (Чешка) ou le russe Чехия ont une double signification.

Les noms courts en slovaque Česko, allemand Tschechien, espagnol Chequia, italien Cechia, roumain Cehia, finnois Tšekki, danois Tjekkiet, norvégien Tsjekkia, suédois Tjeckien, néerlandais Tsjechië, hébreu צ'כיה, arabe تشيكيا ou chinois 捷克 ont été adoptés et ils sont couramment utilisés. D’autres pays, surtout non européens, utilisent cependant l’appellation longue « République tchèque ».

Notes et références

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  1. Digithèque, Université de Perpignan, Jean- Pierre MAURY, « Constitution de la République tchèque », sur mjp.univ-perp.fr, (consulté le )
  2. « Normes internationales du travail /profils par pays: », sur www.ilo.org (consulté le )
  3. « États Membres | Nations Unies », sur www.un.org (consulté le )
  4. « République tchèque - Etat membre », sur www.coe.int (consulté le )
  5. Eva Horová, « Česko/Czechia po dvanácti letech », in Akademický bulletin AV ČR 05/2005.
  6. En tant que première partie du mot composé Československo, « Tchécoslovaquie ».
  7. Dans le Dictionnaire du tchèque littéraire.
  8. François Buloz, Charles Buloz, Ferdinand Brunetière, Francis Charmes, René Doumic, André Chaumeix (1843): Au Bureau de la Revue des deux mondes.
  9. L'Allemagne et les Allemands (1851)
  10. Les langues de l'Europe moderne (1852)
  11. Hermann Ewerbeck, « L'Allemagne et les Allemands, Paris, 1851, p. 11, 232, 265, 268, 316 », (consulté le )
  12. August Schleicher et Hermann Ewerbeck, « Les langues de l'Europe moderne, Paris, 1852, p. 274 », (consulté le )
  13. Histoire des Pays tchèques, Pavel Bělina, Petr Čornej et Jiří Pokorný, (dir.), 1995, Point Seuil.
  14. Cf. « Česko » sur le site du Conseil pour la langue tchèque, Ústav pro jazyk český.
  15. Groupe d'experts des nations unies pour les noms géographiques, division francophone, « République tchèque » (consulté le ).
  16. Distinction fonctionnelle des noms officiels Česká republika et Česko et de leurs équivalents en langues étrangères. Relevé sténographique de la 7e audience publique du Sénat du Parlement de la République tchèque du 11 mai 2004.
  17. Martin Plichta, « La République tchèque est morte, vive la Tchéquie ! », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Czechia, Tchéquie, Chequia… : « Ne m’appelez plus jamais République tchèque » », sur Radio Prague (consulté le )
  19. https://europa.eu/european-union/about-eu/countries_fr
  20. (en) « Search - Eurostat », sur europa.eu (consulté le ).
  21. « Czechomoravia », (consulté le )
  22. (cs) Jaroslav Krábek, « Výzva všem Moravanům! », Moravský národ,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Luboš Jeřábek, (cs) Ceský a ceskoslovenský fotbal lexikon osobností a klubu, Grada Publ., Prague 2007, (ISBN 978-80-247-1656-5), page 86.
  24. (cs) Václav Hájek z Libočan, « Kronyka Czeská (reprint) », Rytijrž Jan Ferdynand z Ssenfeldu, (consulté le ).
  25. (cs) Jiří Šitler, « Czechia si to bude muset protrpět », Lidové noviny - Orientace,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. (cs) « Mistra Pavla Stránského ze Zapské Stránky poopravené i rozmnožené vypsání vší obce království českého. Z latiny přeložil, životopisem Stránského a mnohými poznámkami opatřil Emanuel Tonner », Praha, V Praze Tiskem J. Otty, (consulté le ), p. 1
  27. Hugh James Rose (1841): A New General Biographical Dictionary, Vol. III, BAH-BEE.
  28. Notes and Queries: Medium of Inter-Communication for Literary Men, Artists, Antiquaries, Genealogists, etc. Second Series, Volume Second, July-December, 1856.
  29. Latest from Prussia. The Mercury, page 4, Saturday 21 July 1866
  30. (cs) Jan František Beckovský, « Poselkyně starých přjběhůw cžeských, aneb, Kronyka cžeska od prwnjho do nyněgssý Země cžeské přjchozu dwauch knjžat charwátských Cžecha y Lecha wlastnjch bratřj až do sstiastného panowánj cýsaře ržjmského, krále cžeského [et] c. Ferdynanda prwnjho wždyckny wjtěze slawného. K rozmnoženj obecného dobrého, k zwelebenj gazyka cžeského, a k prospěchu bližnjho. Djl prwnj w němž se někteřj cyzý přjběhowé nacházegj, kteřj k domácým přináležegjce od nich se odcyzyti nemohli », w Králowském Starém Městě pražském : u Jana Karla Geřábka, (consulté le )
  31. Quand le Premier ministre des affaires étrangères de la République tchèque, Josef Zieleniec est arrivé en janvier 1993 à New York pour présenter le nouvel État devant l'assemblée de l'ONU, une des premières questions des médias américains a été : « Quel sera votre nom ? » Pris de court, le ministre n'a pu que répondre « Czechlands maybe Czechia ». Cela sera le titre de New York Herald Tribune du 3 janvier 1993. Au printemps 1993, la question a été tranchée : cela sera Czechia.
  32. https://unterm.un.org/UNTERM/Display/Record/UNHQ/NA/4275087d-4018-4082-899d-95f37efeda65
  33. https://europa.eu/european-union/about-eu/countries_en

Voir aussi

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Articles connexes

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