Moulin de Porte Traine

Le moulin de Porte Traine (également orthographié moulin de Porte-Traine) est un moulin à eau d'origine médiévale, dont il reste des vestiges, situé à Saint-Hilaire, commune fusionnée en 2019 dans la commune nouvelle de Plateau-des-Petites-Roches en Isère. À ce titre, il est compris dans le parc naturel régional de Chartreuse.

Moulin de Porte Traine
Présentation
Type
Patrimonialité
non classé
Localisation
Pays
France
Division administrative
Commune
Altitude
815 m
Coordonnées
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Historique

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« Porte Traine » est le nom d'une ancienne porte de Grenoble, construite à la fin du IIIe siècle, démolie en 1591[1], tirant possiblement son nom de la contraction de « porte romaine »[2], ou d'une déformation de son appellation en latin médiéval (porta Trivoria[3] ou Trionia[4] ou Troyna[5]).

Dès 1100, on trouve une famille noble grenobloise nommée « de Porte Traine »[3].

À partir de 1116, cette ville est codirigée par deux « princes » : le comte d'Albon (qui se nommera plus tard dauphin de Viennois) et l'évêque de Grenoble[6],[7]. Celui-ci séjourne souvent à la campagne, dans sa maison forte située sur le plateau des Petites Roches, dont il est le seigneur[8],[9], et où ses vassaux les Porte Traine ont aussi des possessions[10].

L'historien Ulysse Chevalier, traducteur de manuscrits médiévaux rédigés en latin, retranscrit dans son Regeste dauphinois l'existence en 1275 d'une « Donation [ vente ?] à l'évêque [de Grenoble] par noble Albert de Montfort des biens qu'il tenait de Jacques de Porte-Traine (Troyna) dans les paroisses de St-Hilaire et St-Pancrace, en particulier des moulins en Perrareys ». Le nom de la famille du ou des premiers propriétaires, vraisemblablement à l'initiative de sa construction, est donc à l'origine du nom « moulin de Porte Traine » dès avant 1275[11].

Selon Bruno Guirimand, ce moulin fonctionna jusque vers 1900[12].

Appellations

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Outre (moulin de) « Porte-Traine », on trouve aussi dans les archives « Perrareys »[11], « Ferrarey », « Ferrare » (XIIIe siècle), « Ferralet » (XVIIIe siècle), « Farlet », orthographes probablement dues à la proximité d'une ferrière et à l'exploitation d'un martinet antérieurement à celle d'un moulin, puis en 1833 « moulin à Chatain Joseph »[10],[13],[14].

Situation et descriptif

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Ce moulin a été implanté au confuent du ruisseau le Bruyant (en rive droite) et de son affluent le ruisseau des Dioux (en rive gauche), à la limite de l'ancienne commune de Saint-Bernard. Comme le montre le plan cadastral de 1833, son béal (ou bief) était à cette époque alimenté par deux canaux d’amenée dont les prises d'eau se trouvaient, sur chaque ruisseau, respectivement 150 m et 230 m en amont du confluent[14].

La chute d'eau arrivant par le béal actionnait un rouet dont l'axe, vertical, traversait une meule dormante afin d'entraîner une meule active surmontant la dormante, le tout étant supporté par une voûte en pierres maçonnées[15].

De façon à utiliser la chute résiduelle avant restitution au ruisseau, l'eau sortant du premier rouet alimentait, au moyen d'un aqueduc, un second rouet, dont l'axe vertical passait au travers d'une meule dormante taillée en forme de cuve, afin d'actionner un meuleton broyeur[16],[15].

D'après les vestiges visibles, le site comprenait un bâtiment servant à l'habitation du meunier et/ou à l'exploitation, dont il reste des soubassements de murs et l'encadrement en pierre d'une porte.

À son apogée (XVIIe siècle), le site comporta deux meules et un broyeur[12],[13].

Aspect touristique

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Au XXIe siècle, par sa facilité d'accès pédestre, par sa situation au bord de l'eau et en sous-bois, qui lui apporte fraîcheur en été, et par sa spécificité historique et archéologique, ce site est un but de randonnée très apprécié. L'accès le plus direct se fait par un sentier au départ du hameau des Massards (altitude 950 m) sur la RD 30[17]. En chemin, on peut contempler la cascade des Dioux et sa chute de quinze mètres[18].

Une association locale, « Le Grand tétras », en liaison avec la mairie de Saint-Hilaire, s'est investie pour remettre en état le site au début des années 1990[19].

Cependant, un « État des lieux patrimonial » concernant Saint-Hilaire, conduit en 2006 par le P.N.R. de Chartreuse, le faisait figurer parmi les « sites menacés » de la commune[20].

Galerie

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Bibliographie

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Notes et références

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  1. Hippolyte Müller, Les origines de Grenoble, Grenoble, B. Arthaud, , 42 p. (OCLC 458772355, BNF 30993541, présentation en ligne), p. 10, 12 (présentation : p. 460, 462).
  2. Isère annuaire, « Grenoble : Vestige des remparts gallo-romains », sur www.isere-annuaire.com (consulté le ).
  3. a et b Ulysse Chevalier (trad. du latin), Regeste dauphinois, t. 1.2, (OCLC 1448851277, lire en ligne), Article 2750 (vers 1100), p. 472.
  4. Ulysse Chevalier (trad. du latin), Regeste dauphinois, t. 2, (OCLC 1448851347, lire en ligne), Article 9904 (1262), p. 681.
  5. Ulysse Chevalier (trad. du latin), Regeste dauphinois, t. 2, (OCLC 1448851347, lire en ligne), Article 9628 (1260), p. 643.
  6. René Fonvieille, Le vieux Grenoble : Ses pierres et son âme, t. 1, Grenoble, Roissard, , 262 p. (OCLC 494396730), p. 45.
  7. Auguste Prudhomme, Histoire de Grenoble, , 683 p. (OCLC 1254553141, lire en ligne), p. 83.
  8. Guirimand 1970, p. 82-83.
  9. Ulysse Chevalier (trad. du latin), Regeste dauphinois, t. 3, (OCLC 981494159, lire en ligne), Article 14231 (1293), p. 432.
  10. a et b Guirimand 1970, p. 24-25.
  11. a et b Ulysse Chevalier (trad. du latin), Regeste dauphinois, t. 2, (OCLC 1448851347, lire en ligne), Article 11393 (1275), p. 916.
  12. a et b Guirimand 1970, p. 25.
  13. a et b Guirimand 1978, p. 55.
  14. a et b Archives de l'Isère, « Plans du cadastre napoléonien : Saint-Hilaire – Section B », (cf. partie droite du plan), 4P4/196, sur archivesenligne1.archives-isere.fr, (consulté le ).
  15. a et b A. Schrambach, « Moulin de Porte Traine. Photos. Saint-Hilaire-du-Touvet » [PDF], sur eau.amisdesparcs.fr, (consulté le ).
  16. Un tel dispositif peut servir à broyer des cerneaux de noix pour en extraire l'huile.
  17. « Le sentier millénaire de la Chartreuse », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « Après une courte descente dans la forêt retrouvée, l'ancien moulin de Porte-Traîne est atteint. Propriété des évêques de Grenoble au Moyen ... »

    .
  18. Office de Tourisme de Belledonne Chartreuse, « Cascade des Dioux », [Nom du ruisseau erroné : il s'agit en fait du ruisseau des Dioux], sur www.isere-tourisme.com (consulté le ).
  19. André Sorrel, Accueil des villes françaises, « Randonnée à la cascade des Dioux du 3 octobre », sur avf.asso.fr, (consulté le ).
  20. Christine Penon et Emmanuelle Vin, Parc naturel régional de Chartreuse, « État des lieux patrimonial : Saint-Hilaire » [PDF], sur www.parc-chartreuse.net, (consulté le ), p. 22.