Mort d'Habib Ould Mohamed
La mort d'Habib Ould Mohamed est une affaire judiciaire française survenue après que Habib Ould Mohamed, dit « Pipo », a été tué d'une balle à bout portant par le policier Henri Bois le à Toulouse. Il est victime d'une bavure policière[1] pour les uns, d'un dramatique accident pour les autres.
Mort d'Habib Ould Mohamed | |
Fait reproché | Homicide |
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Pays | France |
Ville | Toulouse |
Nature de l'arme | Arme à feu |
Date | 13 décembre 1998 |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée : Henris Bois est reconnu coupable d'homicide involontaire et condamné à 3 ans de prison avec sursis |
Tribunal | Tribunal correctionnel |
Date du jugement | 2001 |
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La mort est à l'origine d'une dizaine de jours d'émeutes, jusqu'au . Le policier Henri Bois, auteur de l'acte, est condamnée en 2001 à trois ans de sursis et 700 000 francs de dommages et intérêts pour homicide involontaire.
Biographie d'Habib Ould Mohamed
modifierDernier d'une famille d'origine algérienne de sept enfants, Habib Ould Mohamed naît en 1981. Élève en BEP de comptabilité[2], il habite dans la cité dite « sensible » de La Reynerie, un quartier de 40 000 habitants de Toulouse[3].
Faits
modifierHabib Ould Mohamed est tué par un policier lors d'une interpellation alors qu'il tente de voler une voiture, dans la nuit du 12 au , vers 3 h 30 du matin, boulevard Déodat-de-Séverac[3],[4]. Atteint d'une balle à bout portant, il parvient à faire quelques dizaines de mètres : une passante retrouve son corps, mort, vers 5h00 du matin. Pipo, faute de secours, a succombé à une hémorragie interne et à des lésions pulmonaires.
Les policiers n'appellent pas les secours et rentrent au poste. Au commissariat, ils évoquent simplement un vol mais, faute grave, ils ne disent pas à leurs supérieurs qu'ils ont ouvert le feu[5].
Conséquences sociales
modifierCe drame est à l'origine d'émeutes d'une rare violence[6] qui durent du 13 au . Plus d'une centaine de voitures sont incendiées et les locaux de la Caisse d'allocations familiales et du commissariat de quartier sont dévastés par les flammes[7]. Le , rassemblant plusieurs milliers de personnes (2 500[8] selon la police), une manifestation a lieu à Toulouse, en hommage à Pipo[9].
Dans ce contexte, le 18 décembre 1998, un jeune homme de 18 ans tire à la carabine sur des policiers, en blessant un à l'épaule. Il est condamné à 12 ans d'emprisonnement, notamment du fait qu'ayant de bonnes notations au service militaire la cour estime qu'il n'a pas pu toucher les policiers « par erreur » comme il le prétend, et parce qu'elle relève qu'il n'exprime pas de regret pour les policiers victimes, peine confirmée en appel[10],[11].
Suites judiciaires
modifierLe brigadier de police de 41 ans à l'origine de la bavure, Henri Bois, est laissé en liberté mais mis en examen pour homicide involontaire. Il est jugé en 2001 à trois ans de prison avec sursis[12]. Deux mois plus tard, le tribunal accorde plus de 700 000 F (106 000 €) de dommages et intérêts à la famille d'Habib Ould Mohamed[13],[14].
Notes et références
modifier- Jeanne Llabres, « Me Simon Cohen : « La mort de Habib n'est pas un accident » », sur L'Humanité, (consulté le )
- Le corps d'Habib rapatrié en Algérie, La Dépêche du 18 décembre 1998
- Enquête citoyenne sur le discours politique, Le Monde du 20 novembre 2002
- Le Boulevard Déodat-de-Séverac à Toulouse sur Google Maps
- « Habib, le procès d'une bavure », L’Humanité, 8 août 2001.
- "Degré 8" sur l’échelle des violences urbaines de la police (Sources : L'Humanité du 11 décembre 1999)
- A la Reynerie, la mort de Pipo tué par des policiers fait flamber la cité, L'Humanité du 15 décembre 1998
- Dans les rues de Toulouse, 2 500 jeunes demandent « justice pour la mort d'Habib », Le Monde du 17 décembre 1998
- Alors que la tension reste grande au Mirail, un hommage digne a été rendu hier au jeune tué par un policier, L’Humanité du 16 décembre 1998
- La mort d'Habib: un procès pour tout comprendre
- Toulouse. Jérôme Chaboub espère une peine diminuée
- Réquisitoire de clémence contre le policier meurtrier, Le Parisien du 9 août 2001
- La famille d'Habib attend toujours ses indemnités, La Dépêche du 17 avril 2003
- Nadir Dendoune, « Toulouse. Il y a 19 ans, Habib Ould-Mohamed était abattu par un policier », sur Le Courrier de l'Atlas, (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierFilmographie
modifier- Le Bruit, l'Odeur et Quelques Étoiles, documentaire franco-belge d'Éric Pittard, 2002, 106 minutes