Moorea

île de Polynésie française

Moʻoreʻa (graphie de l'Académie tahitienne) ou Mooreà (graphie Raapoto), prononcé [moʔoreʔa], en français Moorea, est une île de Polynésie française qui fait partie des îles du Vent dans l'archipel de la Société. Située face à Tahiti, elle est le chef-lieu de la commune de Moorea-Maiao.

Moʻoreʻa
Vue aérienne de Moʻoreʻa.
Vue aérienne de Moʻoreʻa.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Archipel îles du Vent (Îles de la Société)
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 17° 31′ S, 149° 49′ O
Superficie 134 km2
Point culminant Mont Tohiʻeʻa (1 207 m)
Administration
Collectivité d'outre-mer Polynésie française
Démographie
Population 17 718 hab. (2017)
Densité 132,22 hab./km2
Plus grande ville 'Āfareaitu
Autres informations
Fuseau horaire UTC−10:00
Géolocalisation sur la carte : Tahiti et Moorea
(Voir situation sur carte : Tahiti et Moorea)
Moʻoreʻa
Moʻoreʻa
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
(Voir situation sur carte : océan Pacifique)
Moʻoreʻa
Moʻoreʻa
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
(Voir situation sur carte : Polynésie française)
Moʻoreʻa
Moʻoreʻa
Île en France

Toponymie

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L'île était jadis appelée ʻAimeho-nui-i-te-rara-varu[1]. Le nom tahitien actuel de Moʻoreʻa se traduit par « lézard jaune », de moʻo « lézard » et reʻa « jaune »[2]. Ce nom tire ses origines de la légende du lézard jaune[3], en provenance de l'île voisine de Moʻoreʻa appelée Maiʻao[4].

La légende raconte que dans un passé lointain, sur l'île de Maiʻao, vivait un jeune couple aux noms de Temaiātea vahine et Temaiātea tāne. Temaiātea vahine tomba enceinte et accoucha d'un œuf. Un soir, la femme eut une vision dans son sommeil, celle de donner naissance à un enfant de couleur jaune. Une fois réveillé, elle s'empressa de le raconter à son compagnon. Celui-ci partit observer l'œuf, et se rendit compte que l'œuf avait éclos, et qu'il s'agissait d'un bébé lézard jaune. Temaiātea tāne lui donna le nom de Moʻoreʻa. Le couple le nourrit jusqu'au moment où il devint gigantesque. Ces derniers prirent peur et décidèrent de fuir l'île à bord d'une pirogue en direction de soleil levant. Le lézard jaune Mo’ore’a se sentant abandonné par ses parents, et étant terriblement affamé, se jeta à la mer et nagea vers le soleil levant pour tenter de retrouver ses parents. Épuisé par les courants, il se noya et son corps dériva sur le rivage de Vai ana’e à ʻAimeho. Deux pêcheurs furent à l'origine de la découverte de son corps sur la plage. Un grand prêtre serait à l'origine de ce changement de nom, sur un marae. Il donna à l'île de ʻAimeho le nom de Moʻoreʻa.

Géographie

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Située à 17 kilomètres à l'ouest-nord-ouest de Tahiti, Moʻoreʻa en est séparée par un profond chenal dépassant par endroits les 1 500 mètres.

De forme triangulaire, « l'île sœur » de Tahiti possède deux baies principales : la baie d'Ōpūnohu (ce nom vient des mots tahitiens ʻōpū : « ventre » et nohu : « poisson-pierre ») et la baie de Cook (du nom du célèbre navigateur James Cook).

Le tour de l'île fait 62 kilomètres.

D'une superficie de 133,50 km2, elle compte plus de 16 000 habitants regroupés dans plusieurs villages, principalement sur le littoral : Teʻavaro, Maharepa, Paopao, Papetoʻai, Haʻapiti, ʻĀfareaitu, Tiʻaiʻa et Vaiʻare.

Le lagon de Moorea

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L'île de Moorea est entourée par une barrière de corail ouverte sur l'océan Pacifique en douze passes. D'une superficie de 6 756 ha

Le lagon de Moorea est reconnu comme zone humide d'importance internationale au titre de la convention de Ramsar depuis le 15 septembre 2008. Le lagon entoure une île volcanique ceinturée par un récif de corail, sur une largeur allant de 500 à 1 500 mètres[5].

Les huit montagnes de Moorea

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Le territoire compte huit montagnes, en partant du point culminant de l'île :

  • le mont Tohiea (1 207 m) ;
  • le mont Rōtui, entre les baies de Cook et d'Ōpūnohu (899 m) ;
  • le Mouʻa roa (880 m) ;
  • le Mouʻa puta, « montagne percée » (830 m) ;
  • le mont Tearai (770 m) ;
  • le mont Tautuapae (769 m) ;
  • le mont Fairurani (741 m) ;
  • le mont Matotea (714 m).

Mouʻa puta, comme son nom l'indique (mou'a : « montagne », puta : « percée ») a la curieuse particularité de présenter un large trou en son milieu. La légende raconte que c'est Pai[6] qui, avec sa lance, a percé cette montagne.

Histoire

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L'île s'est peuplée à la même époque que Tahiti, il y a plus de 1 000 ans, par des navigateurs venus de l'Asie du Sud-Est sur de grandes pirogues doubles.

Débarquant à Tahiti en 1767, Samuel Wallis est le premier Européen à l'apercevoir[7] mais ne jugea pas utile de l'explorer. Il l'appelle seulement l'« île du Duc d'York ».

Plus tard l'illustrateur Herman Spöring, le chirurgien Monkhouse et le naturaliste Joseph Banks, officier en second de James Cook et mandaté par lui, s'y rendent pour établir un observatoire astronomique depuis le motu Irioa afin d'observer le transit de Vénus de 1769 depuis un second site.

Lors de son troisième et dernier voyage pour la Polynésie en 1777, James Cook se rend à Moʻoreʻa pour la première fois. Il reste quelques jours dans la baie de ʻŌpūnohu : la baie adjacente à celle-ci est nommée, en son honneur, baie de Cook. En 1817, des missionnaires anglais s'installent pour convertir les habitants de l'île et y construisirent une sucrerie et une usine de textile, sans succès car en 1843, la France annexe la Polynésie française.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'économie de l'île était basée sur le coprah, la vanille et le café.

Les années 1960 sont marquées par le début des essais nucléaires, sous l'impulsion du CEP (Centre d'expérimentation du Pacifique). Les essais se poursuivront jusqu'en 1996. En parallèle, le soutien financier de l'État français entraîne la mise en place d'une économie basée sur le tourisme et la perle notamment.

Dans les années 1970, on continue de cultiver du coprah, l'ananas dans la vallée de ʻŌpūnohu et on y construit une usine de jus de fruits (Jus Rotui). Cette usine est un pôle économique à Moʻore’a, elle emploie une quarantaine de salariés. Moʻoreʻa est devenue le principal centre de plantation d'ananas en Polynésie française.

 
Vue panoramique de la baie de Cook avec Mou'a puta (à gauche), Mou'a roa, aussi connu sous le nom mont Bali Hai (au centre) et le mont Rōtui (à droite), Mo'orea, Polynésie française (octobre 2008).

Population et société

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Démographie

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L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1977.

À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee, mais la loi relative à la démocratie de proximité du a, dans ses articles consacrés au recensement de la population, instauré des recensements de la population tous les cinq ans en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Mayotte et dans les îles Wallis-et-Futuna, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Concernant la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2002, les précédents recensements ont eu lieu en 1996, 1988, 1983, 1977 et 1971. son évolution est la suivante :

1848 [8] 1860 [4] 1887 [3] 1977 1983 1988 1996 2002 2007 2012[9] 2017[10]
1 372 1 114 1 557 5 788 7 249 9 032 11 965 14 550 16899 17816
Sources ISPF[11] - Bulletin Officiel de l'Océanie 1848 - Messager de Tahiti 1861

Monuments

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Moʻoreʻa détient toujours en ses terres plusieurs marae, lieux de cultes sacrés où les anciens habitants pratiquaient des cérémonies religieuses ou des activités de vie commune. Constitués notamment d'assemblages de pierres de faible hauteur, l'accès de certains de ces monuments pouvait être restreint aux seules les personnes importantes autorisées à y pénétrer. Les 17 marae de Moʻoreʻa sont répartis sur les territoires de 4 villages.

Par ailleurs, depuis 1998, huit Tiki modernes, sculptures représentant les dieux polynésiens[12], sont immergés dans le lagon de Moʻoreʻa. L'artiste qui les a réalisés a souhaité immerger ces œuvres en face du temple protestant érigé autrefois par les colons anglais, pour symboliser la violence du rejet du culte polynésien par les occupants anglais de l'époque, les anciens polynésiens étant contraints de renoncer à leurs croyances. Les statues étant situées à faible profondeur et regroupées, elles sont visibles depuis la surface et facilement accessibles par des activités nautiques telles que le snorkeling.

Transport

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Il existe deux moyens de transport pour la traversée de Moʻoreʻa à Tahiti :

  • par avion : Air Tahiti propose plusieurs vols, souvent sur le trajet vers d'autres îles.

Avant 2010, Air Moorea une compagnie locale qui a cessé ses activités le assurait une quarantaine de vols quotidiens entre l'aéroport de Moorea et l'aéroport international Tahiti Faa'a.

  • par bateau : relié depuis Vai'are à Papeetē, Tahiti est à moins d'une demi-heure par catamaran à grande vitesse et environ une heure par ferry. Cinq navires font le lien entre Tahiti et Moʻoreʻa :le Aremiti 5 en 30 minutes et le Aremiti 6 en 20 minutes, et le Terevau en 30 minutes et le Tau'ati Ferry en 45 minutes et le Vaearai en 50 minutes.

Les anciens Moorea Express et Moorea Ferry ont cessé leur activité.

Économie

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Champ d'ananas.

Les principales activités sont le tourisme, la culture de l'ananas et la pêche. On y trouve également une plantation de vanille bien que le seul insecte pollinisateur de cette plante, l'abeille mélipone, ne soit pas présente en Polynésie française.

Moʻoreʻa est la troisième île la plus visitée de la Polynésie française après Tahiti et Bora-Bora. De nombreuses plages de sable blanc et plusieurs complexes hôteliers s'offrent aux touristes.

Moorea également réputée comme l'« île des chercheurs » de Polynésie française par la présence de deux stations de recherche internationales importantes : la station Richard B. Gump, station de terrain de l'université de Californie à Berkeley en baie de Cook, et l'Institut des récifs coralliens du Pacifique, issu du CRIOBE[13] (Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement), rattaché à l'École pratique des hautes études (EPHE) en baie de ʻŌpūnohu.

L'écomusée Fare Natura, inauguré par le Président de la République Emmanuel Macron lors de sa visite en Polynésie française en juillet 2021, a vocation à vulgariser et transmettre au grand public des connaissances scientifiques et culturelles sur le milieu naturel polynésien.

 
Ecomusée Fare Natura

Né en 2012 d'une idée originale des chercheurs du CRIOBE et soutenu par le Gouvernement de Polynésie française, le Fare Natura propose une pluralité d'approches de la richesse de la biodiversité polynésienne, par les sciences naturelles et sociales, ainsi que par des approches naturalistes, artistiques et même sensorielles.

Le musée regroupe quatre aquariums :

  • le premier présente la mangrove dans un milieu semi-aquatique, avec notamment des crabes et des nurseries de poissons ;
  • le deuxième met en scène les poissons multicolores du lagon avec des coraux issus des tables de bouturage du CRIOBE ;
  • le troisième représente la crête récifale avec des vagues reproduites artificiellement ;
  • le quatrième fait découvrir au visiteur un milieu de « moyenne lumière », situé entre 50 et 100 mètres de profondeur, sur la pente externe de l'océan.

Tourisme

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Les activités proposées sont essentiellement nautiques : plongée, promenade en pirogue, découverte des animaux du lagon. Aujourd'hui interdite à l'intérieur du lagon, une des activités phare mais contestée est le nourrissage de requins (requins à pointes noires, requins-citrons, requins gris de récif).

À l'intérieur des terres, l'île offre des endroits remarquables tels que :

  • le point de vue de Toatea à Tema’e, permettant d'admirer le lagon et la vue sur Tahiti ;
  • le belvédère, situé à 240 mètres d'altitude, qui donne une vue imprenable sur les deux baies avec, au centre, le Mont Rōtui.

Dans la culture populaire

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Les quatre saisons de l'émission de télé-réalité L'Île des vérités y sont tournées de 2011 à 2014. Tout comme les trois saisons de Tahiti Quest, une quatrième ayant été tournée en .

Personnalités

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Galerie

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Notes et références

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  1. Petites histoires de l’île de Moorea, anciennement Aimeho Tahiti Heritage
  2. En tahitien moderne, « jaune » se dit « reʻareʻa » alors que « reʻa » désigne le safran d'Océanie, Académie tahitienne, Dictionnaire tahitien-français en ligne [lire en ligne].
  3. a et b Annuaire des Etablissements Français de l'Océanie, 1892, p.239 lire en ligne sur Gallica
  4. a et b Messager de Tahiti de 1861, n°23 p.3
  5. https://www.zones-humides.org/sites/default/files/images/asso_ramsarfrance/Site1834_Lagon_Moorea_HD.pdf
  6. Légende de Pai et sa lance magique
  7. Pierre-Yves Toullelan, Tahiti et ses archipels, Éditions Karthala, (ISBN 2-86537-291-X), p. 61.
  8. Bulletin Officiel de l'Océanie du mois d'avril 1848 / Messager de Tahiti de 1861, n°23 p.3
  9. [1], Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 11 mai 2020.
  10. [2],Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 11 mai 2020.
  11. Population, naissances et décès entre deux recensements (RP), Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  12. « Sculpture sous-marine, le monde englouti de Mu », Tahiti héritage,‎ (lire en ligne)
  13. Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE) sur ird.fr

Voir aussi

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Article connexe

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Liens externes

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