Monarchie fédérale
Une monarchie fédérale se définit comme une entité politique constituée d’une fédération d’États, dans laquelle un monarque unique exerce la fonction de chef suprême de la fédération, tout en permettant aux divers États qui composent cette fédération de conserver leurs propres monarques ou d’adopter un régime non monarchique distinct.
En tant que terme de science politique
modifierLe terme fut introduit dans le discours politique et historique anglais par Edward Augustus Freeman, dans son ouvrage Histoire du gouvernement fédéral (1863). Freeman, quant à lui, estimait qu'une monarchie fédérale ne saurait exister que dans l'ordre de l'abstraction[1].
Monarchies fédérales
modifierHistoriquement
modifierHistoriquement, l'exemple le plus frappant d'une monarchie fédérale dans le monde occidental se trouve dans l'Empire allemand (1871–1918), ainsi que, dans une moindre mesure, dans ses formations précédentes, à savoir la Confédération de l'Allemagne du Nord et la Confédération germanique. À la tête de cette fédération se trouvait un monarque, l'empereur d'Allemagne, qui cumulait également la fonction de souverain de la Prusse, le principal État constituant de l'empire. En dehors de la Prusse, plusieurs autres royaumes, tels que ceux de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg, ainsi que divers grands-duchés, duchés et principautés, maintenaient leurs propres monarques et armées, bénéficiant ainsi d'une autonomie partielle au sein de la fédération. En outre, en plus des 23 monarchies (22 États monarchiques constituants et l'empereur allemand), l'Empire comprenait également trois cités-États républicaines – Brême, Hambourg et Lübeck – ainsi que l'Alsace-Lorraine, qui, depuis 1912, jouissait d'une république semi-autonome, conférant ainsi une organisation politique singulière à cet ensemble.
Dans l'hémisphère oriental, un exemple de système gouvernemental est celui de l'Empire Maurya en Inde, au IIIe siècle avant J.-C., où les gouverneurs régionaux, désignés par l'empereur, étaient chargés de l'administration des provinces éloignées de l'Empire. Ce modèle fut réactivé au XVIe siècle sous le règne de l'empereur moghol Akbar, au cours duquel les subahs (à l'exception de Delhi) étaient administrés par des nazims, eux-mêmes nommés par l'empereur, tandis que les souverains régionaux jouissaient également d'une certaine autonomie. L'empereur, en sa qualité de monarque suprême, veillait à superviser personnellement les gouvernants locaux, assurant ainsi une forme de contrôle direct sur l'ensemble de l'Empire et sur le bien-être de ses sujets. De même, l'Empire sikh du Pendjab se caractérisait par une structure monarchique fédérale, dans laquelle les misldars et les rajas exerçaient leur autorité sur leurs terres respectives, tout en restant subordonnés au Maharaja du Pendjab.
Ce concept a exercé une influence notable dans les débats politiques en Italie et en Autriche-Hongrie au XIXe siècle, ainsi qu’en Yougoslavie au XXe siècle. Cependant, il n’a trouvé aucune application concrète dans ces contextes. À titre d'exemple, l'Italie moderne ne s'était point unifiée avant le Risorgimento de la fin du XIXe siècle. En effet, les multiples entités politiques – royaumes, duchés, républiques, et autres États – qui constituaient la péninsule, chacune gouvernée par une dynastie ou une classe dirigeante distincte, furent dissoutes pour faire place à une monarchie unitaire sous la houlette de la maison de Savoie.
Actuellement
modifierEn l’état actuel des choses, le terme peut être appliqué, dans un sens étendu, aux Émirats arabes unis et à la Malaisie. Dans ces deux configurations, le chef de l’État, qui préside l’ensemble de la fédération, est élu parmi les souverains (émir, sultan ou raja, selon les cas) gouvernant les États membres constitutifs de la fédération[2]..
Bien qu’elle ne soit pas officiellement désignée comme telle, l’Espagne a parfois été qualifiée de monarchie fédérale, en raison de la pluralité de ses communautés autonomes, chacune étant dirigée par un président, toutes cependant subordonnées à la Couronne espagnole. Officiellement, l’Espagne se présente comme un État unitaire, mais caractérisé par un degré élevé de décentralisation, permettant à ces entités régionales de jouir de larges compétences, bien que toujours sous l’égide de l'autorité centrale[3].
La Belgique se compose de plusieurs communautés, régions et zones linguistiques distinctes, constituant un État fédéral régi par une monarchie constitutionnelle.
Voir aussi
modifierRéférences
modifier- (en) Edward Augustus Freeman, History of Federal Government: From the Foundation of the Achaian League to the Disruption of the United States, Macmillan and Company, (lire en ligne)
- « Is Malaysia an Islamic state? - The Malaysian Bar », www.malaysianbar.org.my (consulté le )
- Ronald L. Watts, Comparing Federal Systems. McGill-Queen's University Press, 2003. (ISBN 0-88911-835-3)