Maïmonide (famille)
La famille Maïmonide est une famille de rabbins et chefs communautaires juifs qui joue un rôle important dans l’histoire des Juifs et du judaïsme.
Établie à Cordoue depuis sept générations sous le nom d’Ibn Abdallah en mémoire de l’aïeul Ovadia le dayyan (juge rabbinique), elle en est chassée au cours de la conquête almohades et tente de se réfugier à Fès puis à Acre avant de faire souche à Fostat, en périphérie du Caire vers 1165. La branche aînée de la famille s’y maintient pendant plusieurs générations avant de migrer à Alep à la fin du XIVe siècle. Une branche cadette s’est établie à Fès où elle subsiste toujours et à Grenade sous le nom d’Abendanan (« fils du Dayan »)[1].
- L’ancêtre éponyme de la famille est Maïmon le Juge (Maïmon ben Yossef HaDayan, 1110 - 1170).
Disciple de Joseph ibn Migash, il est l’auteur de commentaires sur les psaumes et prières juives, d’ouvrages de loi juive pour la plupart disparus et de responsa aux questions des communautés juives de l’ensemble du monde musulman. Bien que grandement éclipsé par son fils Moïse, il demeure populaire dans le judaïsme marocain qui aurait donné son nom à une fête populaire célébrée au sortir de la Pâque juive. Il eut deux fils et une fille :
- Moïse Maïmonide (Moshe ben Maïmon, 1135/8-1204). Assurant sa subsistance comme médecin où il prône une hygiène de vie saine, il entreprend à la suite des errances familiales une œuvre destinée à simplifier la loi juive afin d’en assurer la sauvegarde, et dispense parallèlement une doctrine où il tente la synthèse rigoureuse du judaïsme avec la philosophie aristotélicienne qu’il connaît dans sa traduction par Al-Farabi. Ces enseignements sont résumés dans le Guide des Égarés qui lui vaut sa renommée hors du monde juif et le surnom d’Aigle de la Synagogue. Son commentaire de la Mishna figure dans les éditions courantes du Talmud de Babylone avant d’être réédité au XXe siècle sous forme indépendante par le rabbin Yossef Qafih, et son code de loi en quatorze volumes intitulé Mishné Torah est l’une des sources majeures du Choulhan Aroukh ainsi que la source principale des Juifs du Yémen.
- le fils cadet de Maïmon le Juge, David Ier, est un commerçant et armateur, disparu en mer vers 1170.
- une fille innommée aura un fils qui introduira son oncle Moïse à la cour de Saladin.
- Moïse Maïmonide aura pour seul fils Avraham Maïmonide (1186-1237)[2]. Commentateur de l’œuvre de son père et auteur lui-même d’une importante littérature marquée par l’influence de la doctrine soufiste, il dirige la communauté juive d’Égypte. Abraham aura deux fils :
- David II (1222-1300), dit David HaNaggid, et Obadia (1228-1265), auteurs de plusieurs traités de mystique juive[2].
- Le fils de David II est Abraham II (1245-1313)[2].
- Le fils d'Abraham II est Josué, dit Yehoshoua Hanaggid (1310-1355)[2].
- Le fils de Josué est David III (ca 1335-1415)[2].
- Moïse Maïmonide aura pour seul fils Avraham Maïmonide (1186-1237)[2]. Commentateur de l’œuvre de son père et auteur lui-même d’une importante littérature marquée par l’influence de la doctrine soufiste, il dirige la communauté juive d’Égypte. Abraham aura deux fils :
- Une autre branche de la famille Maïmonide s'est établie à Fès et à Grenade sous le nom d'Abendanan, en mémoire du Dayan (du juge) Maïmon, le père de Moïse ben Maïmon[1].
Ses membres les plus remarquables sont :
- Saadia ben Maïmon ben Moché Abendanan, dit Rambam Elfassi (Fès 1420?- Fès 1493). Elfassi signifie : « celui qui habite Fès » et signe donc l'origine marocaine. Rabbin, talmudiste, médecin et poète, il fut le Grand rabbin de Grenade jusqu'à l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492 et revint ensuite dans sa ville natale. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de linguistique, d'un dictionnaire hébreu-arabe, d'une chronologie historique, d'un poème qui fait l'éloge du Guide des égarés de Maïmonide ainsi que de décisions juridiques portant, entre autres, sur le statut des Marranes. On le surnomme Rambam el-Fassi pour le différencier de son ancêtre Moïse ben Maïmon, le premier Rambam[1].
- Chémouèl Abendanan Elfassi (Grenade, 1452?- Fès, 1556?). Originaire d'Espagne, fils de Rabbi Saadia ben Moché Abendanan et père de rabbi Chémouèl Abendanan, il fut rabbin et notaire à Grenade avant de l'être à Fès après l'expulsion de 1492. Dirigeant communautaire important, il est l'auteur de plusieurs chroniques et de nombreux commentaires talmudiques. Il fut également président du Tribunal rabbinique de Fès[1].
- Chémouèl Abendanan (Fès, 1542- Fès, 1621). Originaire du Maroc. Petit-fils de rabbi Saadia ben Moché Abendanan, fils de rabbi Chémouèl Abendanan Elfassi. Il fut, comme son père, rabbin et notaire à Fès et l'auteur de plusieurs chroniques et de nombreux commentaires sur le Talmud. Il fut également un dirigeant communautaire important et président du Tribunal rabbinique de Fès. À ce titre, il fut l'un des rabbins qui participèrent à l'ordination de Rabbi Yossef Karo, l'auteur du Choulhan Aroukh (La Table dressée), code principal du judaïsme arabo-andalou[1].
- Enfin, l'on retrouve, au XVe et XVIe siècles, trace du passage de certains Aben-Danan dans d'autres pays européens tels que la Hollande et la Grande-Bretagne[1].
- Rabbi Chelomo Abendanan (1848-1928). Descendant en droite ligne, de père en fils, d'un des piliers du judaïsme le Rambam (Maïmonide) et du côté maternel de Rabbénou Tam, petit-fils de Rachi. Il est issu d'une famille dont beaucoup de membres furent Rabbanim ou Dayanim (juges). Dès l'âge de 18 ans, il étudie la Kabbale et devient un kabbaliste renommé. À 30 ans, il devient président du Tribunal rabbinique de Fès, ville dans laquelle il occupera cette charge pendant cinquante ans, excepté un an où il fut nommé au Haut-Tribunal rabbinique de Rabat. La synagogue Aben Danan fut son lieu de prière habituel. Il écrivit deux ouvrages fondamentaux qui servent aujourd'hui de référence dans les décisions de « Halakha » : Asher Li Shlomo et Bikésh Shlomo.Il meurt en 1928 à la sortie de Shabbat, juste après la prière de la Havdalah. Cette année-là, il avait omis de dire le soir de Yom Kippour, dans la prière de Kol Nidre, la phrase : « à partir de ce Yom Kippour-ci jusqu'à celui de l'année prochaine ». Il fut inhumé le lendemain, accompagné par des milliers de Juifs venus de toutes les villes du Maroc, ainsi que par les membres du gouvernement et les représentants de tous les cultes[1].
- Rabbi Tsione Aben-Danan (1910 - 2000) lui aussi descendant du Rambam de père en fils. Il exerça le rôle de juge (Dayane et Roch av beit din) mais aussi de Sofer (scribe) et Chohet - Mohel dans les villes de Rabat et d'Oujda pendant plus de 40 ans. Éminente personnalité du judaïsme marocain du dernier siècle, il décéda le jour du jeûne du 10 Tevet et fut enterré au cimetière de Har HaMenouhot à Jérusalem. Son enterrement a mobilisé de très nombreuses personnalités religieuses et notamment le rav Chalom Messas Zatsal, ancien grand rabbin de Jérusalem, qui avait siégé avec lui au tribunal Rabbinique. Son épouse, la rabbanit Hannah, petite fille du Rabbi Eliahou ben Harroch (auteur de nombreux ouvrages dont Yad Eliahou et Kos Eliahou), décédée en 2007, repose à ses côtés[1].
- Moïse Maïmonide, qui tenta de réaliser la rencontre entre judaïsme et modernité, fut une figure de proue de la Haskala, les Lumières juives ; l'un des philosophes de la Haskala, à la fin du XVIIIe siècle, prit le nom de plume de Salomon Maimon, sans lien de famille avec les précédents.
Références
modifier- Moshé Amar et Michel Abitbol, La Famille Aben Danan, mille ans d'histoire, Institut Bné Issakhar, Ohr Hamaara publishers, Jérusalem, 2008.
- Obadia et David Maïmonide, Deux traités de mystique juive, Verdier, 1987, p. 44.