Lactaire sanguin
Lactarius sanguifluus
Règne | Fungi |
---|---|
Sous-règne | Dikarya |
Division | Basidiomycota |
Sous-division | Agaricomycotina |
Classe | Agaricomycetes |
Ordre | Russulales |
Famille | Russulaceae |
Genre | Lactarius |
Lactarius sanguifluus, le Lactaire sanguin, est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Russulaceae. Il est caractérisé par son latex de couleur rouge vineux exsudé à la blessure, particularité lui valant son nom, ainsi que son inféodation stricte aux Pins. Il fait partie d'un groupe de Lactaires à latex orangé ou rougeâtre assez ressemblants et souvent confondus entre eux par les cueilleurs. Poussant en abondance dans le sud de l'Europe, c'est un comestible apprécié, particulièrement dans la cuisine catalane.
Taxonomie
modifierLe nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr.[1].
L'espèce a été initialement classée dans le genre Hypophyllum sous le basionyme Hypophyllum sanguifluum Paulet[1].
Synonymes
modifierLactarius sanguifluus a pour synonymes[1] :
- Hypophyllum sanguifluum Paulet
- Lactarius vinosus (Quél.) Bataille
- Lactarius vinosus Maire, Dumée & L.Lutz
- Lactarius violaceus (Barla) Bon, 1980
- Lactifluus sanguifluus (Paulet) Kuntze
Phylogénie
modifierLe champignon est décrit pour la première fois en 1811 par le mycologue français Jean-Jacques Paulet sous le nom Hypophyllum sanguifluum[2]. Il est ensuite transféré dans le genre Lactarius par Elias Magnus Fries dans son traité de 1838 Epicrisis Systematis Mycologici[3]. En 1892, Otto Kuntze le place dans le genre Lactifluus[4], considéré jusqu'en 2010 comme synonyme de Lactarius. L'illustration de l'espèce type par Paulet en 1811 ne représentant pas la morphologie typique du champignon, un épitype a été désigné en 2005[5].
Étymologie
modifierSon épithète spécifique sanguifluus (du latin sanguis, « sang », et fluus, « écoulement »[6]), fait réfèrence à la couleur de son latex à la blessure.
Noms vulgaires et vernaculaires
modifierLe champignon doit son nom commun de « Lactaire sanguin[7] » au lait rouge vineux qu'il sécrète à la coupure. Il est également appelé simplement « Sanguin », ou encore « Catalan »[8]. Dans la publication originale de l'espèce en 1811, Paulet le cite sous le nom français de « Rougillon des Toulouzains »[2]. Le nom de "sanguin" est cependant souvent utilisé abusivement pour désigner L. deliciosus, ce qui favorise les confusions, ce nom ne devrait revenir qu'à l'espèce ici présente, Lactarius sanguifluus[9].
Description du sporophore
modifierLe Lactaire sanguin est un champignon dont le sporophore présente un pied et un chapeau. Le pied est central. Sous le chapeau, l'hyménophore est constitué de lames.
Le chapeau est convexe avec une dépression centrale et mesure entre 5 et 12 cm de diamètre[8]. Sa surface est lisse et un peu visqueuse et les marges sont courbées vers le bas. Il est chamois rosâtre à orangé, parfois avec des taches grisâtres ou gris-vert pâle, surtout là où la surface a été meurtrie.
L'hyménophore est constitué de lames adnées ou légèrement décurrentes. Elles sont typiquement rose vineux pâle, avec une marge chamois rose pâle[10].
Son stipe est cylindrique et mesure de 2 à 5 cm de haut pour 1 à 3 cm d'épaisseur[8]. Sa surface lisse est beige rosâtre à gris rosâtre, parfois avec quelques fossettes (scrobicules) orange rougeâtre à brun-vineux.
La chair varie de ferme à fragile. Elle est tendre et vineuse dans le pied, rouge brique sous la cuticule du chapeau, ou rouge brunâtre juste au-dessus des lames. Sa saveur varie de douce à légèrement amère, et elle n'a aucune odeur significative[10].
Caractéristiques microscopiques
modifierGalerie
modifierDistribution et habitat
modifierLe lactaire sanguin est une espèce ectomycorhizienne qui pousse en association avec les pins sur sols calcaires.
Il est largement distribué dans l'Himachal Pradesh en Inde, où il évolue dans les forêts mixtes de conifères, généralement sous la fougère Onychium japonicum var. lucidum[12],[13]. En Asie, il est aussi présent au Viêt Nam[14] et en Chine[15]. Il est également répandu dans le sud de l'Europe, où il fructifie entre septembre et novembre (parfois jusqu'en décembre dans les régions les plus méridionales du continent)[5]. Aux Pays-Bas, il a été trouvé dans les dunes calcaires, poussant dans un endroit chaud, ensoleillé et abrité à la lisière d'un bois dominé par les espèces de pins[16]. Ailleurs en Europe, le lactaire sanguin a été enregistré en Allemagne[17], en Belgique[18], à Chypre[17], en Espagne[5], en Estonie[17], en France[17], en Grèce[19], en Italie[17], au Luxembourg[17], en Pologne[17], en Russie[17], en Slovaquie[5], en Suède[5], et en Suisse[20]. En Afrique, l'espèce a été collectée au Maroc[5].
Comestibilité
modifierLe lactaire sanguin est un excellent comestible, considéré par certains auteurs comme le meilleur des lactaires[8].
Le rovellò (en Catalogne)[21], le pignen (en Provence)[22] et le sanguinello (en Romagne)[23] ont une place importante dans les traditions culinaires du Sud de l'Europe. On le consomme frais, notamment badigeonné d'huile d'olive et passé au grill avec une persillade[8], ou à la poêle dans du beurre avec une goutte de rhum brun et un peu de crème fraîche[24]. Il est également séché ou mis en conserve[22].
Confusions possibles
modifierTout comme le L. deliciosus, le Lactaire sanguin est souvent confondu avec d'autres espèces de Lactaires à lait orangé ou rougeâtre de la section Deliciosi, de sécurité alimentaire identique, mais de valeur culinaire variable selon l'espèce. Il se confond avec les espèces suivantes :
- Le Lactaire délicieux (Lactarius deliciosus) au lait orangé et venant sous Pins.
- Le Lactaire semi-sanguin (Lactarius semisanguifluus), au lait orangé puis rouge vineux, venant sous Pins.
- Le Lactaire vineux (Lactarius vinosus), au lait vineux violacé, sous Pins.
- Le Lactaire gris orangé (Lactarius quieticolor), au lait orangé puis très lentement rougeâtre, au chapeau et pied grisâtres, venant sous Pins.
- Le Lactaire des épicéas (Lactarius deterrimus), au lait orangé, venant sous Épicéas.
- Le Lactaire saumon (Lactarius salmonicolor), au lait orangé, venant sous Sapins.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Guillaume Eyssartier & Pierre Roux : Guide des champignons – France et Europe – 4ᵉ édition, Belin, 2017.
- Régis Courtecuisse & Bernard Duhem : Champignons de France et d'Europe, Delachaux, 2013.
- Thomas Læssøe & Jens H. Petersen : Les champignons d’Europe tempérée, volume 1 et 2, Biotope, 2020.
- Jean-Claude Gerber & Nicolas Schwab : Champignons, guide de terrain : 2ᵉ édition revue et augmentée, Rossolis, 2023.
- Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, L'indispensable guide du cueilleur de champignons, Belin, , 355 p.
- (en) Jacob Heilmann-Clausen, Annemieke Verbeken et Jan Vesterholt, The genus Lactarius, The Danish Mycological Society, , 287 p. (ISBN 87-983581-4-6 et 978-87-983581-4-5, OCLC 40692593).
- (en) Jorinde Nuytinck et Annemieke Verbeken, « Morphology and taxonomy of the European species in Lactarius sect. Deliciosi (Russulales) », Mycotaxon, vol. 92, , p. 125–168 (lire en ligne).
Liens externes
modifier- (en) Référence Catalogue of Life : Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr. (consulté le )
- (fr + en) Référence EOL : Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr. 1838 (consulté le )
- (en) Référence Index Fungorum : Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr. (consulté le )
- (fr + en) Référence GBIF : Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr. (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Lactarius sanguifluus Fr., 1838 (TAXREF) (consulté le )
- (en) Référence MycoBank : Lactarius sanguifluus (Paulet) Fr. (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Lactarius sanguifluus (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence OEPP : Lactarius sanguifluus (Paulet) Fries (consulté le )
- (en) Référence Taxonomicon : Lactarius sanguifluus Fr. (consulté le )
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lactarius sanguifluus » (voir la liste des auteurs).
- GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 4 octobre 2024
- Jean-Jacques Paulet, Traité des champignons, vol. 2, , 9e éd. (lire en ligne), planche 81, fig. 3–5.
- (la) Elias Fries, Epicrisis Systematis mycologici, Uppsala, Inconnu, , 610 p. (lire en ligne), p. 341..
- (la) Otto Kuntze, Revisio generum plantarum vascularium omnium atque cellularium multarum secundum leges nomenclaturae internationales cum enumeratione plantarum exoticarum in itinere mundi collectarum. Pars I, vol. 1, , 374 p., p. 857..
- Nuytinck et Verbeken 2005, p. 153-156.
- (en) Carleton Rea, British Basidiomycetaceae : A Handbook to the Larger British Fungi, Cambridge, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 488.
- Société mycologique de France, « Les noms français des champignons », sur Mycofrance.fr (consulté le ).
- Eyssartier et Roux 2017, p. 92.
- « Les noms français des champignons », sur Société Mycologique de France (consulté le )
- Heilmann-Clausen, Verbeken et Vesterholt 1998, p. 146-147.
- Patrice TANCHAUD, « Lactarius sanguifluus » [PDF], sur www.mycocharentes.fr,
- Onychium contiguum Wall. ex C. Hope sur Tropicos
- (en) T. N. Lakhanpal, R. P. Bhatt et Kamaraja Kaisth, « Lactarius sanguifluus Fr. – an edible mushroom new to India », Current Science, vol. 56, no 3, , p. 148–149.
- (de) H. Dörfelt, T. T. Kiet et A. Berg, « Neue Makromyceten-Kollektionen von Vietnam und deren systematische undökogeographische Bedeutung », Feddes Repertorium, vol. 115, no 12, , p. 164–177 (ISSN 0014-8962 et 1522-239X, DOI 10.1002/fedr.200311034, lire en ligne, consulté le ).
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- Heilmann-Clausen, Verbeken et Vesterholt 1998, p. 273.
- (nl) Annemieke Verbeken et R. Walleyn, « Orange-green milk cap in Belgium », AMK Mededelingen, vol. 2, , p. 37–44.
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- Heilmann-Clausen, Verbeken et Vesterholt 1998, p. 261.
- (ca) Jaume Carles i Font, La cuina tradicional dels bolets, Cossetània Edicions, , 2e éd., 191 p. (ISBN 84-95684-99-3 et 978-84-95684-99-8, OCLC 50781042, lire en ligne), p. 54.
- Conseil national des arts culinaires, Provence-Alpes-Côte d'Azur : produits du terroir et recettes traditionnelles, t. 9, Paris, Conseil national des arts culinaires, , 493 p. (ISBN 2-226-07871-1 et 978-2-226-07871-1, OCLC 407019137, lire en ligne)
- (it) Graziano Pozzetto, La cucina e i prodotti della Valmarecchia : Da Santarcangelo di Romagna a Casteldelci, Rimini, Panozzo Editore, , 472 p. (ISBN 978-88-7472-248-8, lire en ligne)
- Xavier Carteret, Guide Gisserot des champignons., Paris, Editions Jean-Paul Gisserot, , 64 p. (ISBN 2-87747-442-9 et 978-2-87747-442-9, OCLC 406826275, lire en ligne), p. 38.