Kōmeitō
Le Kōmeitō (公明党 ), ou « parti du gouvernement propre[14] », est un parti politique japonais fondé en 1964 par des membres du mouvement bouddhiste Sôka gakkai. Il est considéré comme le troisième parti politique au Japon. Le Kōmeitō participe depuis 2012 aux gouvernements dirigés par le Parti libéral-démocrate (PLD), conservateur et nationaliste.
公明党 Kōmeitō | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
---|---|
Président | Tetsuo Saitō |
Fondation | 1964 |
Siège | 17 Minamimoto-machi, Shinjuku-ku, Tokyo 160-0012 |
Secrétaire général | Makoto Nishida (ja) |
Président du Conseil des Affaires de la Diète | Hidemichi Satō (ja) |
Présidents du groupe à la Chambre des conseillers | Masaaki Taniai (ja) |
Positionnement | centre[1],[2],[3], centre droit[4],[5] à droite[6],[7],[8],[9] |
Idéologie | Démocratie bouddhiste[10],[11],[12] Conservatisme social[13] |
Affiliation internationale | aucune |
Couleurs | rose, jaune |
Site web | www.komei.or.jp |
Représentation | |
Représentants | 24 / 465 |
Conseillers | 27 / 242 |
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Ligne politique
modifierLe Kōmeitō se présente comme un parti aux valeurs humanistes et pacifistes[réf. nécessaire]. Il encourage la réforme du gouvernement, en particulier soutient les propositions de réduction des effectifs de l'administration, et est favorable à la décentralisation. Économiquement, le Kōmeitō soutient la politique néo-libérale du PLD au pouvoir, les mesures dites "Abenomics" mises en place pour réduire les dépenses publiques, et la hausse de la TVA. Le Kōmeitō a aussi proposé d'étendre et de renforcer la couverture sociale des Japonais. Le parti était connu pour sa volonté de ne pas amender la Constitution japonaise, et a critiqué à plusieurs reprises les provocations nationalistes de Shinzo Abe. Il a toutefois évolué depuis 2001, du fait notamment de son alliance avec le PLD, vers un soutien tacite de la reconnaissance des Forces japonaises d'autodéfense comme d'une armée plus ou moins conventionnelle pouvant intervenir, sous certaines conditions, à l'étranger.
Il défend l'octroi du droit de vote aux élections locales aux étrangers résidents réguliers au Japon.
Historique
modifierPremier Kōmeitō (1964-1994)
modifierLe Parti du gouvernement éclairé (公明党, Kōmeitō ), fondé le 17 novembre 1964, est, à l'origine et jusqu'en 1971, le bras politique de la Sōka Gakkai (創価学会 ), branche laïque de l'école Nichiren Shōshū.
Profitant de la popularité de la Sōka Gakkai et de la Nichiren Shōshū dans les années 1950 et 1960, le Kōmeitō connaît à ses débuts un réel succès, devenant dans les années 1990 la troisième force à la Diète.
Dissolution dans le Shinshintō (1994-1997)
modifierDans l'opposition jusqu'en 1993, il est l'un des sept partis politiques participant à la coalition anti-PLD qui gouverne pendant 10 mois entre août 1993 et juin 1994. Il rejoint ensuite d'autres formations de droite et de centre-droit ayant participé au cabinet anti-PLD pour former le Shinshintō ou Parti de la Nouvelle frontière. Toutefois, 11 membres sur les 24 de la Chambre des conseillers refusent cette fusion et se maintiennent en un groupe politique distinct appelé Kōmei avant d'être suivis en ce sens par plusieurs élus préfectoraux ou municipaux du parti.
Lorsque ce grand parti d'opposition finit par éclater le 27 décembre 1997, les 42 anciens parlementaires issus du premier Kōmeitō s'éparpillent le 4 janvier 1998 en deux petits mouvements : le Nouveau parti de la paix (ja) de Takenori Kanzaki (en), et le Club de l'Aurore de Kazuyoshi Shirahama (en).
Finalement, le 7 novembre 1998, le Nouveau parti de la paix (ja) et le Komei fusionnent pour redonner naissance à leur ancien parti sous le nom de « Nouveau Kōmeitō » (appellation utilisée uniquement dans le nom officiel du parti en anglais, la dénomination japonaise gardant uniquement les kanjis 公明党, soit Kōmeitō).
Nouveau Kōmeitō (1998-2014) et Kōmeitō (2014)
modifierLe 5 octobre 1999, ce nouveau Kōmeitō forme une coalition tripartite avec son ancien adversaire, le PLD de Keizō Obuchi, et le Parti libéral d'Ichirō Ozawa, obtenant ainsi un poste au sein du Cabinet du Japon. Depuis lors, le Nouveau Kōmeitō a participé à tous les gouvernements formés par le PLD dont il est considéré désormais comme l'allié traditionnel. En septembre 2014, pour marquer son cinquantième anniversaire, le parti a décidé de ne plus s'appeler « Nouveau », mais simplement Kōmeitō[réf. nécessaire].
Liens avec la Sôka Gakkai
modifierLes observateurs et la presse décrivent le Komeito comme le "bras politique" de la Soka Gakkai, et le mouvement bouddhiste appelle parfois publiquement à voter pour lui[réf. nécessaire]. Le mouvement bouddhiste fournit aujourd'hui l'essentiel de son électorat[15].
Les critiques avancent que cette relation viole la séparation de la religion et de la politique inscrite à l'article 20 de la Constitution japonaise. La direction et le financement des deux groupes sont actuellement considérés comme indépendants. Le parti politique et le mouvement religieux déclarent tenir des réunions de liaison occasionnelles, qu'ils qualifient d'informatives et d'"ouvertes aux médias".
Résultats électoraux
modifierChambre des représentants
modifierAnnée | Sièges | Circonscriptions | Proportionnel | Gouvernement | ||
---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | Voix | % | |||
2000 | 31 / 480 |
1 231 753 | 2,02 | 7 762 032 | 12,97 | Mori II (2000-2001), Koizumi I (2001-2003) |
2003 | 34 / 480 |
886 507 | 1,49 | 8 733 444 | 14,78 | Koizumi II |
2005 | 31 / 480 |
981 105 | 1,44 | 8 987 602 | 13,25 | Koizumi III (2005-2006), Abe I (2006-2007), Fukuda (2007-2008), Asō (2008-2009) |
2009 | 19 / 480 |
782 984 | 1,11 | 8 054 007 | 11,45 | Opposition |
2012 | 31 / 480 |
885 881 | 1,49 | 7 116 474 | 11,83 | Abe II |
2014 | 35 / 475 |
765 390 | 1,45 | 7 314 236 | 13,71 | Abe III |
2017 | 29 / 465 |
832 453 | 1,50 | 6 977 712 | 12,51 | Abe IV (2017-2020), Suga (2020-2021), Kishida I (2021) |
2021 | 32 / 465 |
872 931 | 1,52 | 7 114 282 | 12,38 | Kishida II (2021-2024), Ishiba (2024) |
2024 | 24 / 465 |
Lors des élections législatives du 27 octobre 2024, le Kōmeitō obtient de très mauvais résultats, passant de 32 à 24 sièges[16] ; son président, Keiichi Ishii, n'est pas élu, et le parti est battu par son adversaire Ishin dans son fief d'Osaka[17].
Notes et références
modifier- (ja) « 今さら聞けない?! 「保守」「リベラル」ってなんだ? » [« Vous ne pouvez plus me demander?! Que sont ‘’conservateur” et “libéral”? »], (consulté le ).
- (en) « Japan ruling bloc near agreement on security shift », sur apnews.com, (consulté le ).
- (en) « Coalition partner keeps Japan’s Abe in power — and in check », sur ft.com, (consulté le ) : « Natsuo Yamaguchi, the low-profile leader of the centrist Komeito party ».
- « Élections au Japon : Shinzo Abe reste aux commandes », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- « Japon. Shinzo Abe au pas de l’oie », sur L'Humanité, (consulté le ).
- (en) « Japan: Return of the Right », Frontline, (consulté le ) : « The LDP will be ruling in coalition with another right-wing party—the Komeito. ».
- (en) « Japanese Voters Head to Polls in Snap Election », The Diplomat, (consulté le ).
- (en) Anne Mette Fisker-Nielsen (2012). Religion and Politics in Contemporary Japan: Soka Gakkai Youth and Komeito. Routledge. p. 86.
- (en) Jeffrey Haynes, Politics of Religion: A Survey. "the NKP is a right-wing, conservative party with religious goals.", Routledge.
- (en) Far Eastern Affairs, East View Publications, , p. 112.
- (en) Japan's New Party System, Avalon Publishing, , p. 167 :
« The Komeito Returns: The Party of “Buddhist Democracy” »
- (en) Kōmeitō: Politics and Religion in Japan, Institute of East Asian Studies, , p. 67.
- (en) Japan, ABC-CLIO, (ISBN 9781598841626, lire en ligne), p. 168 :
« … Because of this political strength, the Liberal Democratic Party has in recent years included the moderate to socially conservative Komeito Party in coalition governments. »
- « History | About Us | KOMEITO », sur www.komei.or.jp (consulté le )
- « Le parti bouddhiste annonce sa future dissolution », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Minami Nomaguchi, « Japan's Komeito party faces election headwind amid contest with Nippon Ishin, LDP scandal », Mainichi Daily News, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Japan Election: Public Backlash Against Komeito Due to LDP Scandals Results in Total Defeat Even in Komeito’s Stronghold Osaka », sur japannews.yomiuri.co.jp, Yomiuri shinbun, (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) George Ehrhardt, Axel Klein, Levi McLaughlin et Steven R. Reed, Komeito: Politics and Religion in Japan, Institute of East Asian Studies, (ISBN 9781557291110)