Julie Mehretu

artiste américaine

Julie Mehretu est une artiste plasticienne américaine, née à Addis-Abeba, en Éthiopie, le .

Julie Mehretu
Julie Mehretu en 2015.
Naissance
Période d'activité
Nationalité
Activités
Formation
Kalamazoo College (en)
École de design de Rhode Island
East Lansing High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Représentée par
White Cube, Marian Goodman Gallery (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Partenaire
Jessica Rankin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieux de travail
Mouvement
Conjoint
Distinctions
Prix MacArthur ()
Berlin Prize (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

Biographie

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Née le à Addis-Abeba, d'un père éthiopien et d'une mère américaine[1], elle y vit jusqu'en 1977, lorsque sa famille quitte l'Afrique pour s'installer aux États-Unis. Ses parents, raconte-t-elle, « ont reconstitué l'atmosphère d'une maisonnée éthiopienne dans le Michigan »[2]. « J’ai été élevée avec beaucoup d’amour et de bienveillance. Cela m’a donné une incroyable confiance en moi », explique-t-elle[3]. Elle passe son adolescence dans cet État du Michigan et obtient un MFA (Master of fine Arts) à la Rhode Island School of Design en 1997[4]. Elle est en résidence au Musée des Beaux-Arts de Houston en 1998-1999. « J’ai fait de l’art sans savoir si je réussirais à en vivre », confie-t-elle[3]. Puis elle s’installe à New York où elle vit et travaille, avec sa compagne, la plasticienne Jessica Rankin. À cette époque, au début des années 2000, des artistes tels que Glenn Ligon ou encore Ellen Gallagher ont ouvert la voie pour les artistes de couleur[3].« Si je jouis d’un espace pour m’exprimer, c’est que d’autres se sont battus pour cela », affirme-t-elle[3], mettant notamment en exergue, pour sa part, le rôle de l’écrivain James Baldwin, et des artistes tels que Jack Whitten et Melvin Edwards[3]. Le couple, Julie Mehretu et sa compagne Jessica Rankin, a deux fils[4],[1].

Plusieurs de ses œuvres sont présentées lors d'une exposition institulée Ethiopian Passages, une exposition collective avec neuf autres artistes éthiopiens de la diaspora, au National Museum of African Art, à Washington, de la Smithsonian Institution, en 2003[5]. Elle participe également à l'exposition Africa Remix à Paris, au Centre Georges-Pompidou, en 2005[6].

Dans une publication intitulée Poetry of Sappho, elle a également illustré les traductions anglaises de la poétesse grecque Sappho, réalisant vingt imprimés, placés en alternance avec les textes grecs et leur traduction anglaise. Ces gravures peuvent évoquer les figures abstraites de Kandinsky, entre dessins architecturaux, et formes graphiques ou calligraphiques[7].

En , elle est lauréate du prestigieux Prix MacArthur[8], qui lui assure une bourse de 500 000 dollars sur cinq ans pour développer ses activités.

Le MoMA a intégré plusieurs de ses œuvres dans ses collections permanentes, et elle expose de manière régulière à New York[9],[1], Londres[1] et Berlin[10] (où elle a vécu en résidence artistique[10],[9] en 2007). En 2010, elle a terminé une fresque murale de 24 mètres de long commandée en 2007 par la banque d'affaires Goldman Sachs pour le hall d'entrée de son nouvel immeuble[11].

En 2024, elle réalise pour le constructeur automobile allemand BMW une art car qui participera à l'épreuve mythique des 24 Heures du Mans dans la catégorie Hypercar[12],[13].

Ses tableaux, souvent de taille impressionnante, consistent en de grands tourbillons de couleurs, de traits et de formes. Chacune des œuvres est à la limite entre l'art figuratif et l'art abstrait. Sa peinture a été enrichie et alimentée par des influences aussi diverses que la calligraphie chinoise, la miniature persane, le cubisme, le futurisme, l'art préhistorique, ou encore les graffitis[3]. « Les références ne sont pas là pour être lues, mais ressenties », dit-elle[3]. Le trait est rapide, énergique[14]. Les toiles superposent des éléments architecturaux partiellement reconnaissables (façade, porte...), des cartes géographiques, ou d'autres éléments figuratifs à des éléments purement graphiques, en couches très minces, avec des effets de transparence et des couleurs furtives[15].

 
Julie Mehretu en 2014

Ses thèmes sont divers. Un tableau noir et blanc de 2004, The Seven Acts of Mercy, [Les sept actes de miséricorde], fait ainsi référence à une peinture éponyme du Caravage, avec plusieurs points de fuite autour d'une structure centrale presque religieuse[16]. Un an plus tard, en 2005, une série de gravures intitulée Heavy Weather est inspiré d'un fait d'actualité, l'ouragan Katrina et ses ravages[15].

En 2017, Mehretu réalise deux œuvres in situ pour le musée d'Art moderne de San Francisco dans une ancienne église de Harlem, évoquant la violence de l'histoire de États-Unis[17]. Le pianiste et compositeur Jason Moran a composé une suite pendant la réalisation des tableaux, publiée sous le titre MASS {Howl, eon}[17].

Elle est peut-être l'une des peintres américaines les plus importantes de sa génération, et, en tout état de cause, parmi celles dont les œuvres atteignent des montants les plus importants[1],[4],[18],[19].

Quelques expositions

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Sélection d'expositions collectives

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Notes et références

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  1. a b c d et e Farago 2013, The Guardian.
  2. Bedarida, Bellet et Dagen 2005, Le Monde.
  3. a b c d e f g h et i Azimi 2022, Le Monde.
  4. a b et c Franck-Dumas 2014, Libération.
  5. a et b Sturgis 2003, Black Issues Book Review.
  6. a et b Catalogue Africa Remix, Ville et terre, p.  196-197.
  7. Neher 2009, Nlog Ici Palabre, hébergé par le site du journal Le Monde.
  8. Site Dak'Art 2014
  9. a et b Dillon 2009.
  10. a et b Rosenberg 2010, The New York Times.
  11. Tomkins 2010, The New Yorker.
  12. (en) « The BMW Art Car by Julie Mehretu »  , Site officiel de BMW, (consulté le )
  13. « La BMW M Hybrid V8 Art Car pour les 24H du Mans 2024 - 24 Heures du Mans »  , Motorsport.com, (consulté le )
  14. Biographie sur le site du Palazzo Grassi
  15. a et b Renard 2013, p. 2866.
  16. Chua 2005, Bomb Magazine.
  17. a et b (en) [vidéo] Art21, « Julie Mehretu: Politicized Landscapes », sur YouTube, (consulté le ).
  18. Gleadell 2005, Frieze.
  19. Bellet 2005, Le Monde.

Annexes

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Bibliographie

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Par date de parution.

  • (en) Laura Hoptman, « Crosstown Traffic. Monograph. Julie Mehretu. », Frieze, no 54,‎ (lire en ligne).
  • (en) Ingrid Sturgis, « Ethiopian Passages : Contemporary Art From the Diaspora », Black Issues Book Review, vol. 5, no 5,‎ , p. 46-47 (lire en ligne).
  • (en) Colin Gleadell, « Contemporary market: Julie Mehretu. », The Daily Telegraph,‎ (lire en ligne).
  • Harry Bellet, « À New York, le marché des jeunes artistes est gagné par la fièvre », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • (en) Lawrence Chua, « Julie Mehretu », Bomb Magazine,‎ (lire en ligne).
  • Jean-Michel Neher, « L’avertissement de Julie Mehretu », Ici Palabre, hébergé par le Lemonde.fr,‎ (lire en ligne).
  • Catherine Bedarida, Harry Bellet et Philippe Dagen, « Les artistes africains veulent se libérer des clichés », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • (en) Roxana Marcoci, Comic Abstraction: Image Breaking, Image Making (catalogue d'exposition), The Museum of Modern Art, , 160 p. (lire en ligne), p. 136-137.
  • (de) KulturSpiegel, « Hannover, 10. Februar: Julie Mehretu. », Der Spiegel,‎ (lire en ligne).
  • (en) Brian Dillon, « Grey eminence. Brian Dillon on Julie Mehretu's 'Grey Area' exhibition at the Deutsche Guggenheim. », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  • (en) Mark Prince, « Julie Mehretu. », Frieze,‎ (lire en ligne).
  • (en) Calvin Tomkins, « Big Art, Big Money. Julie Mehretu’s Mural for Goldman Sachs. », The New Yorker,‎ (lire en ligne).
  • (en) Karen Rosenberg, « Painter as Architect, Swinging a Wrecking Ball. », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  • Johanna Renard, « Mehretu, Julie [Addis-Abeba 1970] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 2866.
  • (en) Jason Farago, « Julie Mehretu paints chaos with chaos – from Tahrir Square to Zuccotti Park », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  • Élisabeth Franck-Dumas, « Julie Mehretu. Ar(t)gentée. », Libération,‎ (lire en ligne).
  • Roxana Azimi, « Les références ne sont pas là pour être lues, mais ressenties : Julie Mehretu, peintre d’abstractions politiques », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Liens externes

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