John Jellicoe
John Rushworth Jellicoe, né le à Southampton et mort le à Londres, est un célèbre amiral britannique de la Première Guerre mondiale et homme d'État.
John Jellicoe 1er comte Jellicoe | ||
John Jellicoe vers 1925 | ||
Naissance | à Southampton |
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Décès | (à 75 ans) à Londres |
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Origine | Britannique | |
Allégeance | Royaume-Uni | |
Arme | Royal Navy | |
Grade | Admiral of the Fleet | |
Commandement | HMS Centurion HMS Drake Atlantic Fleet Grand Fleet |
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Conflits | Guerre anglo-égyptienne (1882) Révolte des Boxers Première Guerre mondiale |
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Faits d'armes | Bataille du Jutland | |
Distinctions | Chevalier grand-croix de l'Ordre du Bain Ordre du Mérite Chevalier grand-croix de l'Ordre royal de Victoria |
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Autres fonctions | Gouverneur général de Nouvelle-Zélande | |
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Biographie
modifierOrigines et jeunesse
modifierJellicoe naît le dans une famille de classe moyenne de Southampton. Son père, capitaine dans la Royal Mail Steam Packet Company, passe par les grades de super-intendant et commodore avant de devenir l'un des dirigeants de la compagnie. John (que ses amis et sa famille appellent Jack[1]), deuxième fils d'une fratrie de quatre, grandit dans un port très fréquenté. C'est ainsi que sans surprise, il rejoint le navire d'entraînement de la Royal Navy Britannia lors de l'été 1872. Il est âgé de 12 ans. Deux ans plus tard, il en sort midshipman, premier d'une promotion de trente-huit[1]. Jellicoe entame alors son tour du monde de formation, à bord de navires à voile et à vapeur.
Débuts dans la Royal Navy
modifierLe jeune Jellicoe, malgré sa petite taille (il atteindra les 1,67 m (5′ 6″)), se fait remarquer alors qu'il est lieutenant sur le Colossus (en) à quai à Spithead. Alors que le vent souffle et que la marée est forte, un marin tombe par-dessus bord et est entraîné par le courant. Jellicoe saute immédiatement à l'eau et, après avoir rejoint le naufragé, lui maintient la tête hors de l'eau le temps qu'un bateau vienne les repêcher[2]. C'est vers cette période, en 1884, que Jellicoe noue des liens avec Jackie Fisher, alors qu'il fait partie de l'équipage du HMS Excellent, le navire d'entraînement à l'artillerie. Il partage en effet ses vues sur l'importance des canons de gros calibres, et sur la nécessité d'une artillerie efficace. Fisher sait alors manier le bâton et la carotte avec le jeune et brillant Jellicoe, afin d'éviter que des rumeurs de favoritisme ne se répandent. En , quand Fisher devient directeur de la Naval Ordnance, il engage comme assistant le jeune lieutenant Jellicoe, qui travaille à sa tâche d'arrache-pied[2].
En 1891, à 31 ans, il est promu commander, et rejoint la Mediterranean Fleet comme second à bord du cuirassé Victoria, navire amiral de l'amiral George Tryon. Par chance, il survit à cette affectation. En effet, l'après-midi du , Tryon commet une erreur qui envoie le Victoria percuter violemment le Camperdown. Jellicoe est alors cloué dans son lit avec 39,5 °C de fièvre, à cause de la dysenterie. Ressentant le choc, il se lève, met des vêtements et monte sur le pont surveiller la mise à l'eau des canots de sauvetage. Le navire coulant rapidement, il bascule par-dessus bord, avant d'être repêché. Il fait ainsi partie des 291 survivants sur 649 hommes[2]. Promu captain, il est renvoyé en Angleterre.
En 1900, il participe aux opérations menées en Chine lors de la révolte des Boxers[n 1]. En 1902, il épouse Florence Gwendoline Cazer avec laquelle il aura six enfants.
En 1911, il est nommé commandant en second de la Grand Fleet par le Premier Lord de l'Amirauté[n 2] de l'époque, Winston Churchill.
Première Guerre mondiale
modifierLe , il est nommé commandant en chef de la Grand Fleet. À ce poste il devient, selon le mot de Winston Churchill, « le seul homme ayant la possibilité de perdre la guerre en un après-midi »[n 3].
En 1916, à bord du HMS Iron Duke, il dirige les opérations lors de la bataille du Jutland. À la fin de cette même année, il quitte ce commandement pour devenir First Sea Lord, avec pour ultime devoir d'assurer le transport de convois. Ce qui implique qu'il mette un terme à la guerre sous-marine livrée par les Allemands. Mais la recrudescence des tonnages coulés par les U-Boote allemands le met en difficulté moralement : il pense que l'Angleterre est en train de perdre la guerre. Les U-Boots coulent en effet 874 000 tonnes de flotte en , quand ils en coulaient 540 000 tonnes en février. Son successeur à la tête de la Grand Fleet sera David Beatty. Il sera opposé à ce dernier dans la controverse qui suivra la bataille du Jutland.
Il démissionne le , sur un désaccord avec le gouvernement concernant le système des convois. Il est remplacé par Eric Geddes, nouveau Premier Lord de l'Amirauté. En 1918, il est titré vicomte de Scapa.
Après la guerre
modifierEn 1919, le grade d'amiral lui est conféré. Nommé gouverneur général de Nouvelle-Zélande en 1920, il administre ce dominion jusqu'en 1924. Il reçoit ses titres de comte Jellicoe et vicomte Brocas en 1925.
Yachtman réputé, il crée la coupe Sanders et participe plusieurs fois à ses épreuves. Il écrit plusieurs ouvrages sur la Royal Navy, tels que The Grand Fleet, 1914-1916 (1919) ou The Crisis of the Naval War (1921).
Lord Jellicoe décède le dans sa maison de Kensington à Londres. À ses obsèques sera présent le grand amiral du Troisième Reich, Erich Raeder, l'un de ses adversaires au Jutland[n 4]. Sa dépouille repose dans la cathédrale Saint-Paul, à Londres.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Il en ramènera un souvenir, une balle dans le poumon, reçue pendant la marche sur Tiajin, balle qui restera en place jusqu'à sa mort.
- L'Amirauté britannique est placée sous la direction d'un politique, membre du Cabinet, et qui porte le titre de Premier Lord de l'Amirauté. Il est assisté de quatre amiraux, dont le premier est appelé First Sea Lord.
- « [Jellicoe was] the only man on either side who could lose the war in an afternoon »[3]
- Il était, à cette époque, sur SMS Lutzow, aide de camp du vice-amiral Franz von Hipper, commandant l'avant-garde (Aufklärungsstreitkräfte) de la flotte allemande.
Références
modifier- Massie 2007, p. 58.
- Massie 2007, p. 59.
- Massie 2007, p. 56.
Voir aussi
modifierSources et bibliographie
modifier- En français
- Pierre Gilles Cézembre, « Lord John Jellicoe : Le vicomte Jellicoe de Scapa Flow », La grande histoire des armées, no 18 « Les grands amiraux combats navals légendaires », , p. 78-79
- En anglais
- (en) John Jellicoe, vicomte de Scapa, The Grand Fleet 1914 - 1916 : Its Creation, Development and Work, Stowmarket, Ad Hoc Publications, (1re éd. 1919), 320 p. (ISBN 9780946958504, OCLC 258062367, lire en ligne)
- (en) Vanity Fair, , MXLVI, (Men of the Day : 'Naval Ordnance', Captain John Rushworth Jellicoe, RN).
- (en) Sir Reginald Bacon (en), The Life of John Rushworth, Earl Jellicoe, G.C.B., O.M., G.C.V.O, L.L.D., D.C.L., Cassell, Londres, Toronto, Melbourne & Sydney, 1936.
- (en) Geoffrey Callender, « John Jellicoe » dans The Dictionarys of National Biography, Oxford University Press, 1949.
- (en) John Winton, Michael Joseph, Jellicoe, Londres, 1981.
- (en) Andrew Lambert « John Jellicoe » dans The Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004-7.
- (en) Malcolm H. Murfett, The First Sea Lords : from Fisher to Mountbatten, Westport. (ISBN 0-275-94231-7)
- (en) Thomas Anthony Heathcote, The British Admirals of the Fleet 1734–1995, Pen & Sword Ltd, (ISBN 0-85052-835-6), (OCLC 237813063)
- (en) Robert K. Massie, Castles of Steel : Britain, Germany and the winning of the Great War at sea, Londres, Vintage Random House, (1re éd. 2003), 865 p. (ISBN 978-0-099-52378-9)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :