Isabelle II de Jérusalem
Isabelle II de Jérusalem, parfois nommée Yolande de Brienne (1212 - † 1228), est reine de Jérusalem de 1212 à 1228 et impératrice du Saint-Empire et reine de Sicile de 1225 à 1228. Elle est la fille de Jean de Brienne et de Marie de Montferrat.
Isabelle II de Jérusalem | |
Isabelle II de Jérusalem. | |
Titre | |
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Reine de Jérusalem | |
– (16 ans) |
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Prédécesseur | Jean Ier |
Successeur | Conrad II |
Impératrice du Saint-Empire et reine de Sicile | |
– (2 ans, 5 mois et 16 jours) |
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Prédécesseur | Constance d'Aragon |
Successeur | Isabelle d'Angleterre |
Biographie | |
Dynastie | Maison de Brienne |
Nom de naissance | Yolande de Brienne |
Date de naissance | |
Date de décès | |
Lieu de décès | Andria (Naples) |
Sépulture | Cathédrale d'Andria |
Père | Jean de Brienne |
Mère | Marie de Montferrat |
Conjoint | Frédéric II du Saint-Empire |
Enfants | Conrad IV du Saint-Empire |
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Biographie
modifierPeu après sa naissance, sa mère contracte une grave maladie, peut-être la fièvre puerpérale, et meurt. Son père, qui n’est que roi à titre de prince consort, devient le bailli et le régent du royaume de Jérusalem au nom de sa fille[1].
De 1218 à 1221, une nouvelle croisade, conduite par le légat Pélage Galvani vient en Orient afin de délivrer Jérusalem. Considérant que les campagnes en Galilée et dans l’arrière pays sont inutiles, et que Jérusalem ne peut être prise d’assaut, car trop bien défendue, Jean de Brienne leur conseille d’envahir l’Égypte, d’y faire quelques conquêtes afin de les échanger contre Jérusalem. C’est ce que font les croisés, mais après avoir pris quelques villes dont Damiette, le légat Pélage refuse les offres d’échanges du sultan Al-Kamel et se met en tête de conquérir la totalité de l'Égypte. Méconnaissant le pays, l’armée croisée est désorganisée par la crue du Nil alors qu’elle cherche à assiéger Le Caire. Cernés par les troupes du sultan, les croisés n’ont pas d’autre choix que céder Damiette en échange de leur liberté[2].
Jean de Brienne et Al-Kamel signent une trêve de huit ans, puis Jean de Brienne se rend en 1222 en Occident pour rencontrer le pape et les souverains européens afin d’organiser une nouvelle croisade. Il rencontre le pape Honorius III en et se plaint des erreurs du légat qui ont entraîné l’échec de la croisade. Auprès du pape se trouve alors Frédéric II, empereur germanique. Le pape et Hermann de Salza, grand-maître de l’ordre Teutonique, propose d’organiser le mariage d’Isabelle, la fille de Jean de Brienne, avec Frédéric. De part et d’autre, les avantages semblent multiples :
- pour Jean de Brienne, ce mariage va inciter les chevaliers du Saint-Empire à se croiser en grand nombre.
- le pape espère que ce mariage l’aidera à convaincre Frédéric II de se croiser.
- Frédéric II y voit l’occasion d’agrandir ses états, de s’implanter en Orient et de donner à son empire une dimension méditerranéenne.
Jean de Brienne se rend ensuite en France. Le roi Philippe Auguste le reçoit honorablement, mais lui reproche d'avoir accepté le projet de mariage sans l'avoir consulté, prévoyant le sort du royaume de Jérusalem[3].
En , une escadre impériale de quatorze navires arrivent à Saint-Jean-d'Acre amenant l'évêque Jacques de Patti, qui célèbre immédiatement le mariage par procuration d'Isabelle et Frédéric, et le couronnement de la nouvelle impératrice. Puis l'escadre repart, emmenant Isabelle, son père et plusieurs membres de la famille en direction de Brindisi, en Italie, où le mariage est célébré le . Le lendemain, Frédéric II exige de Jean de Brienne qui lui cède le royaume de Jérusalem, malgré les promesses qui stipulaient que Jean de Brienne resterait roi jusqu'à sa mort. Frédéric consomme immédiatement le mariage, malgré le jeune âge (14 ans) d'Isabelle, puis la trompe en violant une de ses cousines venue assister au mariage[4].
La jeune impératrice n'est probablement pas heureuse. Frédéric II s'est constitué un harem à la mode orientale, et c'est dans cette ambiance que sa jeune femme passe les trois dernières années de sa vie. Dans le même temps, l'époux volage est le géniteur de trois enfants naturels, Constance de Hohenstaufen, Manfred et Violante. Selon certaines sources, il aurait régularisé leur situation en épousant leur mère, Bianca Lancia, quelques années plus tard.
Isabelle meurt le ou le , après avoir donné à son époux un fils, le futur Conrad IV (1228 - † 1254). C'est seulement après sa mort que Frédéric II, excommunié depuis le [5], se rend en Terre sainte, et s'empare de Jérusalem, non par les combats mais par les négociations, au grand scandale de la chrétienté.
Bilan
modifierBien qu'elle n'ait pratiquement pas participé aux décisions gouvernementales, la vie, le règne et le mariage d'Isabelle II de Jérusalem marquent un tournant dans l'histoire du royaume de Jérusalem. Avant, le roi vivait toujours dans le royaume et ne le quittait que rarement. Après, il n'y aura qu'occasionnellement un roi résident. Quand Frédéric II se décide à venir dans le royaume, après la mort d'Isabelle, il se mettra à dos une partie de la noblesse, et la querelle entre les Guelfes et les Gibelins se déchaînera après son départ. Mise à part quelques périodes (gouvernement de Jean d'Ibelin, présence de saint Louis), le royaume sera soumis à l'anarchie (rivalités entre les partisans et les adversaires de l'empereur, entre les ordres du Temple et de l'Hôpital, entre Vénitiens, Pisans et Génois...) jusqu’à la chute des dernières villes, en 1291.
Ascendance
modifierNotes et références
modifier- Grousset 1936, p. 226
- Grousset 1936, p. 236-71
- Grousset 1936, p. 292-295
- Grousset 1936, p. 295-299
- Grousset 1949, p. 257
Annexes
modifierBibliographie
modifier- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - III. 1188-1291 L'anarchie franque, Paris, Perrin, (réimpr. 2006), 902 p.
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 978-2-228-12530-7)
- Régine Pernoud, La femme au temps des croisades, Paris, Livre de Poche, , 404 p. (ISBN 2-253-06152-2)
Articles connexes
modifierLiens externes
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