Institut du radium
L’Institut du radium était un laboratoire de recherche sur la radioactivité créé en 1909 par la faculté des sciences de Paris et l’institut Pasteur au 1 rue Pierre-Curie, dans le 5e arrondissement de Paris. Des structures à son origine, il a conservé la double orientation, celle de la recherche en physique et en chimie et celle de l’étude biologique et physiologique des effets de la radioactivité.
Fondation | |
---|---|
Dissolution | |
Fusionné dans |
Type | |
---|---|
Domaine d'activité | |
Campus | |
Siège | |
Pays | |
Coordonnées |
Affiliation |
---|
Histoire
modifierOrigines
modifierEn 1906, alors que Pierre Curie vient de mourir, la comtesse Greffulhe suggère à Louis Liard, le vice-recteur que soit alloué à Marie Curie un nouveau laboratoire pleinement consacré à la radioactivité, remplaçant le laboratoire de la rue Cuvier dans lequel, jusque-là avec Pierre, ils menaient leurs expériences[1]. En 1908, les premières ébauches de plan sont fournies à la comtesse Greffulhe par Marie Curie[1]. L’institut Pasteur entend lui aussi construire un laboratoire destiné à l’étude de la radioactivité et de ses applications thérapeutiques et y « attirer » Marie Curie[2].
L’année suivante, afin aussi de concurrencer d’autres pays, tels l’Autriche et les États-Unis qui mettent sur pied les premiers centres destinés à étudier la radioactivité et ses possibles applications, l’idée de la création d’un Institut du radium se précise. Le projet d’une collaboration entre la faculté des Sciences de Paris et l’institut Pasteur est soumis à Émile Roux, directeur de ce dernier. Cette initiative permettrait ainsi un lien étroit entre recherche fondamentale et recherche médicale, le radium ayant déjà montré des résultats dans des applications médicales. La décision de mettre en place, à frais communs, un nouveau laboratoire, l’Institut du radium, est adoptée en par le conseil de l’université de Paris[2] et le conseil d’administration de l’institut Pasteur[3].
Organisation
modifierCette structure, composée de deux entités (le laboratoire Curie pour la recherche en physique et en chimie et le laboratoire Pasteur pour la recherche en biologie) est ainsi définie comme destinée « à la fois aux recherches sur les phénomènes de radioactivité et à l’étude de l’application de ces phénomènes aux maladies[4] » et dirigée de manière bicéphale par le ou la titulaire de la chaire de physique créée pour Pierre Curie à la faculté des sciences et par l’institut Pasteur. Son conseil d’administration sera également représentatif de la double appartenance de ce nouvel Institut : pour la faculté des sciences, Marie Curie devient donc directrice du laboratoire Curie de recherches physico-chimiques et Claudius Regaud est nommé par l’institut Pasteur, directeur du laboratoire Pasteur pour les recherches biologiques.
En 1910, un décret en date du attribue 100 000 francs à l’université à cette fin. L’institut Pasteur peut quant à lui compter sur la fortune de l'ancien financier devenu philanthrope Daniel Iffla (dit « Osiris ») qui lui a en grande partie été léguée, pour financer son projet.
Les travaux débutent en 1911 après une concertation entre Marie Curie, Claudius Regaud et l'architecte Henri-Paul Nénot sur les plans des futurs locaux et sont achevés en , à la veille de la guerre, repoussant leur réelle mise en service à la fin de celle-ci. Durant le conflit, le tout nouveau laboratoire ne reste pas inutilisé et Marie Curie met notamment à profit ses locaux afin de former des infirmières à la pratique de la radiologie médicale[5].
L’Institut du radium et la recherche sur le cancer
modifierDans l’après-guerre, dans un contexte où la question de la lutte contre le cancer devient une préoccupation sanitaire centrale en France, l’orientation des recherches de l’Institut du radium s’en trouve infléchie[6]. La volonté de ses directeurs, Marie Curie et Claudius Regaud est désormais de faire de l’Institut une structure centrale dans l’étude de la radioactivité et ses applications, au premier rang desquelles la radiumthérapie (ou curiethérapie), alors en plein essor[7].
L’institut Pasteur met à disposition dans son hôpital une salle de consultation et des lits en [8]. Mais le nombre de patients toujours croissant fait rapidement apparaître la nécessité de l’allocation de nouveaux locaux au laboratoire de biologie médicale de l’Institut du radium (laboratoire Pasteur) notamment pour permettre des consultations et traitements.
La décision est prise en 1920 de lancer, à cette fin, une campagne de subvention mais cette demande est déboutée car l’Institut du radium ne dispose pas de la personnalité civile l’habilitant à percevoir des fonds[9]. Dans le but de pallier cet inconvénient, est créée fin 1920 la fondation Curie, grâce à une dotation de Henri de Rothschild (industriel du radium). La fondation, reconnue d’utilité publique le , est destinée à « contribuer à l’activité et au développement de l’Institut du radium[10]» et au développement des applications biologiques et médicales des rayonnements. En 1921, un appel aux dons est lancé afin de financer l’achat de bâtiments contigus à l’Institut du radium et d’y créer un hôpital, spécialisé dans le traitement des cancers[11]. Grâce aux fonds réunis, un dispensaire est créé rue d’Ulm en 1922 permettant les traitements en radiumthérapie ainsi qu’en röntgenthérapie (rayons X). Puis dans les années 1930, des laboratoires destinés à la thérapeutique et un hôpital (au 12 rue Lhomond) sont édifiés. Signe d’une importance toujours croissante donnée au traitement du cancer, une nouvelle section hospitalière s’installe rue d’Ulm en 1956 avant la création en 1960 du grand hôpital Claudius-Regaud, sur le terrain de l’ancien dispensaire du 26 rue d’Ulm.
Expansion
modifierDans les années 1940, Irène Joliot-Curie, désormais à la tête du laboratoire Curie, requiert auprès de l'université de Paris une expansion de l'Institut du radium. De nouveaux locaux lui sont alloués, dans un premier temps pour la recherche fondamentale, à Orsay (futur Institut de physique nucléaire), réitérant, après Arcueil en 1928, une extension hors les murs de Paris. Ces locaux répondent en effet à l'exigence d'espace requise par les nouveaux engins et le matériel de pointe (tel un synchrocyclotron) destinés à la poursuite des recherches en physique nucléaire[12]. Ceux-ci sont mis en service en 1958, peu après la mort d'Irène Joliot-Curie. En 1960, une convention entre l'institut Pasteur et l'université de Paris ouvre une subvention destinée à la construction à Orsay de laboratoires de radiobiologie et de cancérologie pour le laboratoire Pasteur[12].
De l'Institut du radium à l'institut Curie
modifierEn 1970, l'Institut du radium et la fondation Curie fusionnent, mais ce n'est que huit ans plus tard, avec la rédaction de nouveaux statuts en 1978 que la structure prend le nom d'institut Curie.
Direction
modifierDirection du laboratoire de physique et de chimie de l'Institut du radium (laboratoire Curie)
modifier- 1914-1934 : Marie Curie
- 1935-1945 : André Debierne
- 1945-1956 : Irène Joliot-Curie
- 1956-1958 : Frédéric Joliot-Curie
- 1959-1970 : Jean Teillac
Direction du département de radiophysiologie de l'Institut du radium (laboratoire Pasteur)
modifier- 1914-1937 : Claudius Regaud
- 1937-1954 : Antoine Lacassagne
- 1954-1977 : Raymond Latarjet
Scientifiques ayant travaillé à l'Institut du radium
modifier- Gaston Berthier
- Marietta Blau
- Paul Bonét-Maury
- Harriet Brooks
- Catherine Chamié
- Sonia Cotelle
- Oscar D'Agostino
- Raymond Daudel
- Georges Destriau
- Moshe Feldenkrais
- René Ferroux
- Marcel Frilley
- Wolfgang Gentner
- Bertrand Goldschmidt
- Raymond Grégoire
- Moïse Haissinsky
- He Zehui
- Fernand Holweck
- Antonia Elisabeth Korvezee
- Éliane Montel
- Pattipati Ramaiah Naidu
- Marguerite Perey
- Alexandru Proca
- Qian Sanqiang
- Eva Ramstedt
- Juan A. del Regato (en)
- Jean-Louis Roux-Berger
- Nicolas Samssonow
- Jean Surugue
- Manuel Marques Teixeira (pt)
- Mário Augusto da Silva (pt)
- Branca Edmée Marques (pt)
- Manuel Valadares (pt)
- Laima Griciūtė
Musée Curie
modifierEn lieu et place de l’ancien Institut du radium, se trouve aujourd’hui le musée Curie, dans le campus Pierre-et-Marie-Curie (Val-de-Grâce).
Notes et références
modifier- Archives Nationales, Archives privées de la comtesse Greffulhe, 101AP/II.
- AIR LC.MC/3, « Compte rendu du conseil de l’Université, séance du », Ressources historiques du musée Curie, Paris.
- « Extrait de la délibération du conseil de l’institut Pasteur du », AIR LC.MC/2, Ressources historiques du musée Curie, Paris.
- « Lettre de L. Liard, vice-recteur, à M. le Dr Roux, . », AIR LC.MC/1, Ressources historiques du musée Curie, Paris.
- Anaïs Massiot, Nathalie Pigeart-Micault, Marie Curie et la grande guerre, Glyphe, 2014, p. 41.
- Vincent 1999.
- « Lettre de M. Curie à C. Regaud, 17 octobre 1917 », Ressources historiques du musée Curie, Paris.
- Bordri et Boudia 1998, « Recherche et thérapie à l’Institut du radium et à la fondation Curie », p. 67.
- Bordri et Boudia 1998, Bénédicte Vincent, « De l’Institut du radium à la fondation Curie », p. 62-63.
- Statuts de la Fondation Curie, 1921, FC A1a3, Ressources historiques du Musée Curie, Paris.
- « Appel aux dons », AIR FC.B2, Ressources historiques du Musée Curie.
- « Note sur l'Institut du radium », Ressources historiques du musée Curie, Paris.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Monique Bordri et Soraya Boudia (dir.), Les rayons de la vie : une histoire des applications médicales des rayons X et de la radioactivité en France (1895-1930), Paris, Institut Curie, .
- Bénédicte Vincent, Naissance et développement de la pratique thérapeutique du radium en France, 1901-1914 : une substance entre médecine, physique et industrie (thèse de doctorat en épistémologie, histoire des sciences et techniques, sous la direction de Ilana Löwy), Paris-VII, .
- Natalie Pigeard-Micault et Anaïs Massiot, Les coulisses des laboratoires d'autrefois : Vies et métiers à l'Institut du radium et à la Fondation Curie, Paris, Glyphe, .
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier