Hydrochoerus hydrochaeris

espèce de mammifères

Cabiaï, Capybara, Grand hydrochère, Grand cochon d'eau

Capybara (Hydrochoerus hydrochaeris)
Description de cette image, également commentée ci-après
Famille de capybaras au Brésil.
Classification Catalogue of Life
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Ordre Rodentia
Famille Caviidae
Genre Hydrochoerus

Espèce

Hydrochoerus hydrochaeris
(Linnaeus, 1766)[1]

Synonymes

  • Hydrochaeris hydrochaeris (Linnaeus, 1766)[2] [3] [4]
  • Hydrochoeris capybara (Pallas, 1766)[2] [5]
  • Hydrochoeris cobaya (Buffon, 1802)[5]
  • Hydrochoeris dabbeni Rovereto, 1914[5]
  • Hydrochoeris hydrochaeris (Linnaeus, 1766)[2]
  • Hydrochoeris irroratus F. Ameghino, 1889[5]
  • Hydrochoeris notalis Hollister, 1914[5]
  • Hydrochoeris uruguayensis C. Ameghino & Roverto, 1914[5]
  • Hydrochoerus capybara[2]
  • Hydrochoerus hydrochaeris (Linnaeus, 1766) (préféré par BioLib)[2]
  • Sus hydrochaeris Linnaeus, 1766[2] [3]

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
En vert H. hydrochaeris et en rouge H. isthmius.

Le grand cabiaï ou capybara (Hydrochoerus hydrochaeris) est une espèce de rongeur, un hystricognathe dont la taxonomie et la classification sont encore discutées et varient selon les auteurs.

C'est le plus gros rongeur actuel. L'adulte mesure plus de 1 mètre et pèse plus de 50 kilos (jusqu'à 91 kilos pour 1,2 mètre de long et 60 centimètres de haut). Il vit en Amérique du Sud, où il mène la vie d'un mammifère social et semi-aquatique. Il nage très bien et vit en groupe, les adultes s'organisant pour garder les petits. Le capybara se nourrit surtout de plantes aquatiques (dont la jacinthe d'eau), de feuilles, d'écorce, de fruits, de roseaux et d'herbages qu'il trouve le long des lacs, rivières et marais où il vit.

Dénominations

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Cet animal a de nombreux noms vernaculaires.

 
Capybara au repos.

En français, il est nommé cabiai ou cabiaï (stricto sensu)[6],[7],[8],[9],[10],[11]—  nom provenant du kali'na cabiaïca (« mangeur d'herbe »), formé de cabi (« herbe ») et aïca (« manger »)[12] —, notamment dans le département français de la Guyane et au Canada, ou encore capybara[9],[10],[11],[13],[14], également orthographié capibara[15]—  nom provenant du portugais brésilien capivara, lui-même issu du tupi kapi'wara (« mangeur d'herbe »)[16] — ou carpincho[10],[15], ou hydrochère[9], ou grand cochon d'eau, ou grand hydrochère ou grand cabiaï (à distinguer du Cabiaï de Panama, Hydrochoerus isthmius[14]).

Au sens large, le mot cabiaï désigne tout le genre Hydrochoerus :

Histoire naturaliste

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En 1741, le naturaliste français Pierre Barrère disait de cet animal : « Sus maximus. Porcus fluviatilis, braſilienſis Jonſton. Hiſ. nat. Capybara braſilienſibus Marcg. Cabiai. Le Cabiai, qu'on nomme aussi Cabionara, est un animal amphibie qui habite ordinairement dans les marécages ; il vit de poissons, de fruits, de cannes à sucre ; il a la particularité d'être coprophage. Il est délicieux à manger. »[18].

Description et comportement

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Un cabiaï.

Le cabiaï adulte mesure entre 1,05 et 1,35 m de long et pèse de 35 à 65 kg. C'est le plus grand rongeur du monde. Son corps est couvert de poils durs bruns et sa tête a un large museau. Ses yeux sont petits et situés au-dessus du nez qui est surmonté à son tour par une glande qui sert à marquer les objets avec ses sécrétions. Ses oreilles sont petites et arrondies. Il n'a pas de queue. Ses pattes de devant ont quatre doigts, celles de derrière en ont trois. Il laisse des traces très caractéristiques sur les sols humides.

Le cabiaï est diurne, mais il devient nocturne si la pression de chasse est trop forte[19]. Sa longévité est d'une douzaine d'années. La femelle peut avoir de deux à huit petits par portée avec une moyenne de quatre. La gestation dure approximativement 130 jours. Les nouveau-nés peuvent accompagner leur mère et manger comme elle, mais ils boivent du lait et ne sont pas sevrés avant 16 semaines. Ce sont d'excellents nageurs.

Le cabiaï fonde sa survie sur une étonnante cohésion sociale : il n'est pas rare que, dans un groupe formé d'une vingtaine d'animaux (trois à quatre mâles, six à huit femelles et les jeunes), les jeunes d'âges divers soient confiés à l'un des adultes, mâle ou femelle. Ce « jardin d'enfants » permet aux parents de se baigner, de se nourrir ou de s'enduire de boue sans trop de risques pour leur progéniture. Il est aussi admis qu'une femelle allaitante se laisse téter par tous les petits du même groupe. Le mâle qui marque son territoire dirige le groupe[20],[21].

Un mammifère semi-aquatique

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Une famille cabiaï dans la région de Rurrenabaque en Bolivie.

Il est terrestre mais vit néanmoins toujours près des cours d'eau[19]. Excellent nageur et plongeur, le cabiaï parcourt de longues distances immergé, en piétinant sur le fond. Ils se jettent à l'eau lorsqu'ils se sentent menacés. Parfois, comme des hippopotames, ils remontent respirer au ras de l'eau, à peine visibles : seuls affleurent les yeux, les oreilles et les narines, disposés au sommet de la tête. Ils broutent des végétaux en plongée. Les pattes sont palmées jusqu'à la base des griffes. Ce sont en fait des mammifères semi-aquatiques. Ainsi, leur accouplement se déroule aussi dans l'eau après un cérémonial complexe. Enfin, l'eau leur permet de mieux réguler leur température.

Une étude de 2021 montre qu'ils apprécient les bienfaits des sources chaudes du Japon, pays où ils ont été importés comme animaux d'agrément, à la fois pour leurs vertus dermatologiques et pour leur bien-être général[22].

Prédateurs

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Dans les marigots (bras de rivière dans les pays tropicaux), si les cabiai adultes côtoient sans crainte les caïmans (ils sont assez vifs et malins pour leur échapper la plupart du temps), leurs petits courent plus de risques. De plus, même les cabiai adultes ne peuvent rien faire face à un banc de piranhas. C'est à terre qu'ils rencontrent la plupart de leurs prédateurs : pumas, jaguars, anacondas, vautours pour les petits et humains. L'espèce dispose d'une panoplie très originale pour se défendre : une glande frontale ovoïde, longue de sept centimètres environ, sécrète une substance cireuse et musquée qui sert à marquer d'odeurs le territoire d'un groupe ; deux paires d'incisives, larges chacune de deux centimètres, permettent de couper des branchettes coriaces, mais aussi d'infliger de graves blessures.

Nomenclature et systématique

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Spécimen de taxidermie d’Hydrochoerus hydrochaeris.
 
Squelette d’Hydrochoerus hydrochaeris (musée d'anatomie vétérinaire de l'université de São Paulo.

Selon les auteurs, ce genre est classé dans la famille des Caviidae[23],[24] ou bien celle des Hydrochaeridae[25].

Le genre Hydrochoerus admet de nombreux synonymes[23], dont plusieurs variantes très proches les unes des autres. Les bases taxinomiques divergent encore sur la validation de trois d'entre elles, mais c'est Hydrochoerus qui a été retenu en 1998 par la Commission internationale de nomenclature zoologique[26].

Synonymes :

  • Hydrochoeris hydrochaeris (Linnaeus, 1766) ;
  • Hydrochaeris hydrochaeris (Linnaeus, 1766).

Les analyses génétiques ont confirmé l'existence dans le secteur de Panama d'une population très proche, mais dont le caryotype est différent, ce qui en fait une espèce distincte (Hydrochoerus isthmius Goldman, 1912) et non plus une simple sous-espèce de celle-ci, comme on l'estimait auparavant. Les deux espèces peuvent néanmoins s'hybrider et donner naissance à des petits stériles, ce qui compromet la survie des deux espèces[27].

Le Cabiaï et l'Homme

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Commerce

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La viande de Capybara représente une grande source de protéine de bonne qualité[28].

Depuis plus de 200 ans, en Colombie et au Vénézuela, la viande de capybara est récupérée une fois par an afin d'être vendue salée pour le carême[28].

Domestication

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L'espèce fait au XXe siècle l'objet d'un début de domestication en raison de son aptitude à se reproduire vite et de la quantité importante de viande qu'il peut fournir. Son élevage paraît rentable mais il est trop marginal pour qu'il soit facile de s'en assurer[29].

En 2020, le Japon ouvre son premier café à capybaras, où l'on peut les observer et les caresser en même temps que l'on consomme une boisson. Les capybaras y cohabitent avec des chats sans difficulté[30].

Réglementation

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En Guyane, le cabiaï est autorisé à la chasse à raison d'un quota de deux individus par personne et par sortie[31] et fait partie des quelques espèces de gibier commercialisables[8],[6].

L'élevage de ces animaux est autorisé au Vénézuela et au Brésil mais la chasse n'est pas autorisée au Brésil[28].

Notes et références

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  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 26 mars 2017
  2. a b c d e et f BioLib, consulté le 26 mars 2017
  3. a et b UICN, consulté le 26 mars 2017
  4. NCBI, consulté le 26 mars 2017
  5. a b c d e et f Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 26 mars 2017
  6. a et b (en) G. Simon, « Arrêté du portant réglementation du commerce des espèces non domestiques en Guyane. Version consolidée au  », Journal officiel : textes législatifs et réglementaires,‎ (lire en ligne).
  7. a et b Éric Hansen et Cécile Richard-Hansen, Faune de Guyane. 2e édition, édition Roger Le Guen, (ISBN 978-2-9514396-1-0, lire en ligne).
  8. a et b « seules espèces autorisées au commerce en Guyane » [PDF], Office national de la chasse et de la faune sauvage, (consulté le ).
  9. a b et c Voir définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
  10. a b et c (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770), (ISBN 9780444518774). 857 pages. Rechercher dans le document numérisé.
  11. a b c et d « Hydrochoerus hydrochaeris (Linnaeus, 1766) », Inventaire national du patrimoine naturel, (consulté le ).
  12. « Cabiai », sur Ortolang (consulté le ).
  13. Nom français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at.
  14. a et b Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  15. a et b Voir note 1 en titre de ce document : P. Kagekura et J. Mortelmans, Isolement de Trypanosoma evansis Steel 1885 d'un cabiai*…[PDF] Ann. Soc. Belge Méd. trop. 1971, 51, 6, 709-7016.
  16. (pt) A. B. H. Ferreira, Novo Dicionário da Língua Portuguesa [« Nouveau dictionnaire de la langue portugaise »], Rio de Janeiro, Nova Fronteira, , p. 344.
  17. Marie-France Patte, La langue arawak de Guyane : présentation historique et dictionnaires arawak-français et français-arawak, Marseille, IRD, , 458 p. (ISBN 978-2-7099-1715-5, lire en ligne [PDF]).
  18. Pierre Barrère, Essai sur l'histoire naturelle de la France équinoxiale, ou dénombrement Des Plantes, des Animaux, & des Minéraux, qui ſe trouvent dans l'Iſle de Cayenne, les Iſles de Remire, sur les Côtes de la Mer, & dans le Continent de la Guyane. AVEC Leurs noms differens, Latins, François, & Indiens, & quelques Obſervations ſur leur uſage dans la médecine et dans les arts, Paris, PigetT, (lire en ligne [PDF]).
  19. a et b François Catzeflis, Sébastien Barrioz, Jean-François Szpigel et Benoît de Thoisy (ill. Céline Lecoq), Marsupiaux et rongeurs de Guyane, Cayenne, Institut Pasteur de la Guyane, , 128 p. (lire en ligne).
  20. Aline Merle et Jean-Charles Filleron (Dir.), « Le cabiai à Yiyi - Ecoéthologie d'un rongeur amazonien (Hydrochaeris hydrochaeris) au sein d'un géosystème littoral guyanais », Maîtrise de Géographie mention « Aménagement du territoire », spécialité « environnement » - Université de Toulouse Le Mirail,‎ (lire en ligne [PDF]).
  21. Benoît de Thoisy, « Cabiaï et caïmans : vers une valorisation des marais de Yiyi ? - Rapport premier : Écologie des Espèces, État des lieux de populations. », Office National de la chasse, Conservatoire de l'Espace Littoral et des Rivages lacustres,‎ (lire en ligne [PDF]).
  22. (en) Kengo Inaka et Tohru Kimura, « Comfortable and dermatological effects of hot spring bathing provide demonstrative insight into improvement in the rough skin of Capybaras », Scientific Reports,‎ (lire en ligne)
  23. a et b Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 27 janv. 2013
  24. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 27 janv. 2013
  25. Myers, P., R. Espinosa, C. S. Parr, T. Jones, G. S. Hammond, and T. A. Dewey. The Animal Diversity Web (online). Accessed at https://animaldiversity.org, consulté le 27 janv. 2013
  26. (en)International Commission on Zoological Nomenclature 1998 dans The Paleobiology Database.
  27. (en) J.Aldana-Domínguez, M.I.Vieira-Muñoz, P.Bejarano, Conservation and Use of the Capybara and the Lesser Capybara in Colombia. In Capybara 2013, chapitre 19, p. 321-332.
  28. a b et c (en) « Capybara meat: An extraordinary resource for food security in South America », Meat Science, vol. 145,‎ , p. 329–333 (ISSN 0309-1740, DOI 10.1016/j.meatsci.2018.07.010, lire en ligne, consulté le )
  29. Jean Guillaume, Ils ont domestiqué plantes et animaux : Prélude à la civilisation, Versailles, Éditions Quæ, , 456 p. (ISBN 978-2-7592-0892-0, lire en ligne), chap. 5, p. 222.
  30. « Le Japon ouvre son tout premier café à capybara ! », sur www.nautiljon.com, (consulté le )
  31. (en) « Les quotas de chasse en Guyane » [PDF], Office national de la chasse et de la faune sauvage, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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